Babee ea Ae ett eigenen AKA Pera a ‘i ; E eithe ee errs . RR Fa 8 GENS Fp ee, tices bg se ae oystiar oh 3 mS , onion san 8 2 SBS. = be-b “ : M 2 Finstept = re fe tS ; DE SRE tat Se ros, va irae ‘gig vy ‘ 19 cg eh A ey Be BEN highs we eos ae wee o< LIBRARY. OF THE UNIVERSITY OF ILLIN AT URBANA-CHAMPAIGN 663.2 B63 -“ The person charging this material is re- sponsible for its return to the library from which it was withdrawn on or before the Latest Date stamped below. Theft, mutilation, and underlining of books are reasons for disciplinary action and may result in dismissal from the University. To renew call Telephone Center, 333-8400 UNIVERSITY OF ILLINOIS LIBRARY AT URBANA-CHAMPAIGN L161—O-1096 Digitized by the Internet Archive in 2024 with funding from University of Illinois Uroana-Champaign https://archive.org/details/culturedelavigneOOboir ‘at DOr: Pani CULTURE DE LA VIGNE 383 RAITEMENT PRATIQUE DES VINS: - VINIFICATION — DISTILLATION es « . = % a te 49 ae te Pens Cet ouvrage, étant la propriété de Véditewr, ne pourré étre reproduit ni traduit sans son autorisalion, CULTURE DE LA VIGNE TRAITEMENT PRATIQUE tio. V i Noe VINIFICATION — DISTILLATION PAR RAIMOND BOIREAU CULTURE DE LA VIGNE DANS LES DIVERS VIGNOBLES (GrRONDE — BouRGOGNE — CHAMPAGNE — HERMITAGE — VIGNOBLES ETRANGERS) Vinification, Distillation, Fabrication des Liqueurs Vinaigres et Huiles TROISIEME EDITION ~ illustrée de 180 figures eo 0 BORDEAUX y Vve PAUL CHAUMAS, LIBRAIRE-EDITEUR ’ Cours du Chapeau- Rouge, 34 ET CHEZ L’'AUTEUR, RUE MONSARRAT, 31 1887 ~ 2 4 7 Als), + ee ee o A Te eee SON i 1 aracen ote: fa ¥ . . GORH ao fe, - ee sae , 2 TRAITEMENT PRATIQUE rDES VINS PREMIERE PARTIE CULTURE DE LA VIGNE, VINIFICATION, DISTILLATION FABRICATION DES LIQUEURS, ETC. AVANT-—PROPOS Avant d’entrer en matiere, je crois devoir donner quel- ques explications sur le plan de cet ouvrage et sur les titres que je puis avoir a m’occuper du sujet multiple que jai entrepris de traiter. Comme l’indique l’intitulé de ce livre, mon travail a pour objet : la culture de la vigne dans les divers vignobles, la vinification, le traitement des vins, leur expédition et leur y distillation, et la fabrication des liqueurs. I] est divisé en ¢ deux tomes: le tome premier traite de la culture, de lac Vinification et de la distillation, c’est-a-dire de la produc-\\\\ | tion; le tome second s'occupe du traitement des vins, ou \\\ de la conservation. | Ss 4 weal? VI AVANT=PROPOS 4 Je me suis surtout attaché a exposer dans tous leur; détails les procédés pratiques employés dans les principaus vignobles. Ce sont particulierement les différences de trai- tement qu'il m’a paru utile de mettre sous les yeux de: propriétaires de vignes, car s'il peut étre intéressant pow le viticulteur bordelais, par exemple, de connaitre les pra tiques usitées en Bourgogne, de leur cété les viticulteur: bourguignons ne sont pas moins désireux de savoir ce qu se fait dans la Gironde et ailleurs. Tous doivent étre mis? méme de choisir les procédés qui peuvent le mieux conye- nir a leurs vignobles, selon le climat qu’ils habitent et les cépages qu'ils cultivent, afin d’arriver a perfectionner k plus possible leurs produits. Depuis trente ans, je m’occupe de la manipulation et d Vexpédition des vins; les méthodes de traitement et de vinification que j’ai décrites sont celles qui aident si bier au développement des qualités de tous les vins de France. et qui Jeur ont valu Ja haute réputation dont ils jouissem si légitimement a létranger. Les procédes de conservation et de vieillissement de: vins preconisés par divers auteurs ont été de ma part lob- jet d’un examen attentif (voir t. II, ch. XI); il s’agissai de rechercher quel systeme pouvait offrir des avantage! aux producteurs ou au commerce. Les procédés proposés par M. Pasteur donnent des résul tats tres-differents, selon les genres de vins auxquels il sont appliqués. Il ne m’appartient pas de discuter les theo. ries du savant chimiste; je me bornerai a faire part de: observations que m’a suggeérées l’experimentation de soi systeme. Les principes émis par M. Pasteur ne sont pas e1 désaccord avec les procédeés des praticiens lorsqu’on trait des vins vinés et dépassant 15°, tels que les vins madérés les vins rancio, etc. Pour ces sortes de vins, loxygenatror AVANT=PROPOS Vil nde les vieillit sans qu'il y ait acidification. I] n’en est pas e méme lorsque l’on traite ainsi des vins moelleux n’ayant uune moyenne alcoolique de 10 pour 100; dans ce cas, 2s vins que l’on laisse en vidange s’éventent, et, dans nos limats, leur surface s’acidifie, d’autant plus que lair mbiant est plus chaud. Pour éviter l’acidification de ces ins, M. Pasteur conseille d’avoir préalablement recours u chauffage & 55° avant de les laisser en vidange, et il ffirme que le goit d’évent se dissipe apres un mois de éjour en fits pleins, et qu’alors le vin chauffé parait plus ‘ieux que celui qui a été conservé seulement par l’ouil- age. — Il est vrai que le vin fortement eventé, mais non widifié, perd le gout d’évent apres quelques jours de ‘epos en futs pleins, et qu’il acquiert un certain gott de rieux ; mais a-t-il une valeur commerciale plus grande que e vin soustrait au contact de lair? Non, et dans les grands ams, la partie non éventée a une couleur plus vive, plus le gout de fruit et plus de corps; en un mot, le vin vieilli rtificiellement est amoindri, c’est-a-dire plus sec et plus naigre. C’est pour ce motif que tous les sommeliers prati- jens considerent loxygene comme utile aux vins vinés Jussi bien qu’au vieillissement des spiritueux en fits; mais Is jugent qu'il est nuisible aux vins moelleux, et que outes nos pratiques de soutirages a l’abri le plus possible le son contact, le méchage et jusqu’au bouchage a lai- ruille, tendent a le soustraire & son influence. L’ honorable himiste semble croire que les vins ordinaires vieillis, yant un rancio prononcé et une couleur tuileée, ont une rrande valeur commerciale ; tandis qu’au contraire les vins mt une valeur moindre que les vins de bonne nature et de ouleur vive : il s’agit ici des vins provenant des mémes ‘ignobles. Ce n'est que pour les emplois spéciaux, et en rdinaires qui vieillardent naturellement ou artificiellement (« TD. Le AE EAT ce ek OB eT ee Berns ye Sean wt / r Pike Ve Vo, eee) yates 1% ‘ ‘ ¥ VIII AVANT=PROPOS prenant pour base des vins faibles en couleur et vines, qu peut étre utile de vieillir artificiellement des vins commun: je dirai méme qu’ils ne vieillissent que trop vite, car so vent leur défécation n’est pas plutot effectuée qu’ils con mencent 4 se dépouiller de leur couleur et 4 perdre le gout de fruit. J'ai fait tous mes efforts pour quil ne se glissat p d’erreur dans la partie de cet ouvrage traitant de la ev ture de la vigne dans les divers vignobles, surtout da ceux qui sont éloignés du centre de mes opérations. Da ce but, j'ai; autant que possible, pris avis des viticulteu et des savants qui habitent ces contrées. C’est ainsi que j’ cité M. Garnier, auteur d’un traité dela culturedes vign de la Céte-d’Or; M. de Vergnette-Lamotte, le docte: Guyot, M. Rendu, qui ont donné lanalyse des sols de Bourgogne, de la Champagne, de l’'Hermitage et des vign _ bles étrangers. Pour la partie relative aux vignobles de la Girond dont la culture est trés-variée, selon la nature du terrai M. d’Armailhacg avait déja écrit un excellent traité sur culture des vignes dans le Médoc (1). De mon cdté, j’ai di me rendre compte de visu de ce ¢ se fait dans les graves, les cotes et les palus. Fils d’un yi culteur qui fut un des éléeves les plus assidus de no excellent. professeur d’agriculture, et qui eut lhonne d’obtenir un premier prix, je n'ai eu qua suivre n devanciers et & présenter le tableau des différents modes culture en usage dans le département de la Gironde; + mon but n’est pas de préconiser un systeme exclusif culture ou de taille, mais de faire connaitre les p usités, afin que le viticulteur éclectique ayant un vigno ee — (t) Un vol. in-8°. Bordeaux, Ve P. Chaumas, éditeur. 4 ae a < ia . » AVANT-PROPOS 1X . créer, puisse choisir celui qui lui parattra le plus avan- ageux., | Mathieu de Dombasle, Dubrunfaut, Basset, ont donné Vexcellents conseils aux agriculteurs pour utiliser par alcoolisation une foule de substances; ce sont leurs pro- édés que j’applique dans le chapitre qui traite des petites listillations agricoles. Enfin, ayant eu a diriger une importante distillerie a rapeur, jai pu apprécier les avantages des appareils distil- atoires modernes. Je donne sur leur fonctionnement des lotions qui permettront de faire un choix raisonné du senre Wappareil ainsi que du mode d’opérer, eu égard au ésultat & obtenir. Ces notions, du reste, devaient naturel- ement precéder, tout en lui donnant plus d’utilité, le cha- itre ou je traite en détail de la fabrication des liqueurs. Dans la premiére édition de cet ouvrage, je ne donnais jue la recette des principales liqueurs d’exportation. Les ndications du présent volume portent sur toute la nomen- lature des liqueurs en vogue. On remarquera que je ne ne suis pas borné a Vindication des procédés particuliers lont je me sers, mais que je reproduis aussi les formules isuelles, dont on doit 4 Duplais Ja premiére publication. Kn résumé, l'ensemble, le fond de mon travail, c’est la artie pratique. Je n'ai pas cherché & faire une ceuvre ittéraire, mais simplement a décrire et & grouper avec néthode, de maniére 4 étre compris aisément de tous mes ecteurs, les pratiques et les procedés utiles. J’ai fait tous nes efforis pour atteindre ce but; je m’estimerais heureux ij avais ainsi rendu service a la viticulture et a l’cenologie. RAtmonp BOIREAU. CHAPITRE PREMIER CULTURE DE LA VIGNE. Observations générales. — Conditions climatériques. — Maniére de végéter, — Climats et sols les plus propices. — Plantation de la vigne, — Reproduction par boutures, provignage, couchage, greffage, semis. — Culture. — Tailles diverses systemes Hooybrenck, Duchéne-Toureau, piques, Guyot, Aubry, Trouillet, CONDITIONS CLIMATERIQUES, MANIERE DE VEGETER. La vigne, qui appartient au genre Vitis, renferme un grand nombre d’espéces sauvages dont les principales, Vitis labrusca, Vitis vulpina, cordifolia, estivalis, ete., ont, en Amérique, formé des variétés cultivées: nous ne fous occuperons que des vignes de l’ancien continent, oropres a faire le vin, désignées sous le nom générique le Vites vinifera (Linné, genre de la Pentandrie mono- synie). Cet arbrisseau, dont nous indiquerons plus loin es variétés, végéte et est susceptible de donner du fruit tpartir du 50° degré de latitude et jusque sous les tropi- {ues ; mais les climats extrémes sont peu favorables ala ‘onne fructification de la plante. Ainsi, sous la latitude le 50 degrés, l’hiver est long et froid; or, le bois de la igne gele lorsque la température descend et se main- ext Kd hot ; a ‘vy ’ Ja _ - Y Chere wae = ~ i rueE. .”) tot, Ve by ete hn es SUS ieee PONE Ra Cong Ray, Re 4 et Ta i gee" ., * pee te Se E "FF + Lee . 2 . - CHAPITRE PREMIER. Si 20 rene tient longtemps inférieure a 14 degrés au-dessous de zéro. On est done obligé, dans ces contrées, de protéger les ceps, soit en choisissant les expositions, soit en les cou- vrant de paille et de terre avant les grands froids, pour ne les déchausser et découvrir qu’au printemps, apres les gelées; en outre, les nuits trop fraiches d’automne retardent la maturation; il s’ensuit que les raisins restent souvent a l'état de verjus. Sous les tropiques, la culture de la vigne destinée a faire du vin offre d'autres difficultés : la chaleur entretient une végétation perma- nente et beaucoup trop fougueuse, surtout dans les plai- nes et pendant la saison des pluies. Le meme pied a des raisins miirs, des verjus et des mannes prétes a fleurir ; 1 en résulte que si l’on peut faire plusieurs récoltes par an en revanche les fruits sont échaudés; parfois un grant nombre d’insectes les dévorent, ou les grandes pluies le crevent. Sur les haut plateaux situés sous la Ligne, o1 Valtitude élevée modifie le climat, qui est moins chaud e moins humide, la sécheresse arréte la seve et la végéta tion a lieu d'une maniere plus normale; il faut done a | vigne un temps d’arrét dans la végétation, a la conditio: que l’hiver ne soit pas trop rigoureux ni trop long, con dition qui se rencontre au centre de la zone tempéré¢ Selon la latitude et l’altitude, les produits varient beau coup; ainsi, au-dessus du 46° degre de latitude, on r réussira & produire des vins mis, moelleux, que dans le années exceptionnellement chaudes, et, d'un autre cot: au-dessous de 42° degré, l’exces de maturité donne aux vins un caractere tout différent : ce seront pour plupart des vins de liqueur ou des vins alcooliques di pourvus de moelleux. On sait aussi que, sous la méme latitude, le clim varie selon que les terres sont pres de la mer ou au ce tre des continents; on observe que les climats mare MN Pe re ES Pt | _ CULTURE DE LA VIGNE. a) sont moins froids l’hiver, ont une humidité plus grande et un été moins chaud que les climats continentauc, qui ont des hivers plus rigoureux et un été plus chaud et plus sec; l’altitude influe encore davantage : & mesure que l'on s’éléve au-dessus du niveau de la mer, la tempé- rature s’abaisse. Gay-Lussac, dans son ascension, trouya un abaissement de 1 degré pour 173 metres, et lors de la céleébre ascension du mont Blanc, Saussure remarqua que Ja température était & 28 degrés & Gendve, a 2h degrés au pied de la montagne, & Chamouny, et de 2 degrés 1/2 au-dessous de zéro au sommet, élevé de 4,372 métres au-dessus du lac Léman, ce qui donne 4 degré de dimi- nution par 444 metres d’élévation, et explique l’abais- sement de température observé sur les hauts plateaux. L’état hygrométrique de l’atmosphere influe beaucoup sur la végétation et surtout sur la fructification. Le raisin a besoin, a l’époque des vendanges, d’avoir la peau ra- mollie. On a observé que les vignes plantées sur les coteaux voisins des rivitres avaient une maturation plus facile et que les vins avaient plus de qualité que ceux de terrains de méme nature éloignés des cours d’eau. Quant 4 la maniére de végéter, on sait que la vigne ne développe ses feuilles, ses fleurs et ses fruits, que sur le bos de Pannée précédente; de sorte que lorsqu’elle est livrée a elle-méme, sans taille, elle pousse des tiges tortueuses dont les sarments garnis de feuilles et de vrilles s’accrochent comme les lianes aux plantes qui lentourent; cette surabondance de bois épuise la seve, qui ne peut se porter avec assez de force aux extrémités des sarments; les bourgeons éloignés avortent, quelques- uns poussent, mais ne donnent qu’un fruit tres petit, « dégénéré, qui, dans les climats tempéres, n’atteint pas la | grosseur des mémes variétés cultivées, et qui ne peut | arriver & maturité. Dans les climats chauds, les fruits ve- 4K, CHAPITRE PREMIER. nus ainsi ne donnent également que des produits trés in- férieurs aux variétés cultivées, quoique moins acides. De la, nécessité absolue de tailler la vigne. La vigne cultivée commence a pousser, dans les climats tempérés du Nord, 1 la fin de mars; ses bourgeons ou bourres grossissent alors pour se développer avec activité en avril; ala fin de mai ou au commencement de juin, la floraison a lieu, et le raisin marit en septembre. La température la plus favo- rable a ces diverses périodes de végétation est un prin- temps assez humide avec une augmentation progressive de la température jusqu’a ]’époque de la floraison ; de mi- mai jusqu'aux premiers jours de juin, un temps sec; quelques pluies avec la floraison, puis un été sec rafraichi par quelques ondées, nécessaires surtout a la véraison; apres que le raisin a change, et pendant les vendanges, un temps sec. Les conditions défavorables sont un prin- temps froid, de grandes pluies pendant la floraison, et surtout une alternance de pluie et de soleil vers le milieu du jour, ce qui occasionne la coulure, et plus tard, a la véraison, l’échaudage des raisins; enfin, si les pluies continuent I’été, la steve monte avec trop d’abondance, le fruit ne peut murir, et le bois méme des sarments n'est pas aouté. Avant de faire des plantations, il est indispensable de choisir, selon les climats, les cépages qui murissent bien sur des sols et avec des températures analogues, plutot plus froides que plus chaudes, parce que Yon ne peut réussir a acclimater des variétés de vignes végétant dans le Midi, dans les climats plus froids. Souvent, en effet, la vigne dégénére en se transportant plus au Nord : le raisin ne peut y murir; il vaut mieux, en ce cas, choisir des cépages hatifs plutot que tardifs; et réciproquement les cépages tardifs s’améliorent avec des climats plus chauds. CULTURE DE LA VIGNE. 9) DES SOLS PROPRES A LA CULTURE DE LA VIGNE. Dans les climats favorables, la vigne végete dans tous les genres de sol; généralement elle ne donne des pro- duits distingués que sur des terrains pierreux, graveleux, siliceux, calcaires, montueux ; toutefois, dans la Gironde, on la trouve dans les palus, qui sont des terres d’alluvion alumineuses, dans des terres fortes, argileuses, dans des terrains calcaires, graveleux, sablonneux, etc., c’est-a- dire dans toutes les variétés de sol, et, & part quelques exceptions dues ala composition du sous-sol et au choix des cépages, les coteaux graveleux et siliceux, ainsi que les sous-sols pierreux, donnent les meilleurs vins. Les sols graveleux, siliceux, caillouteux, plerreux, sont, sous le rapport de la culture arable, les plus pau- vres; ils ne pourraient donner de produits avantageux quien y faisant préalablement des frais considérables d’amendement et d’engrais, et dans les terres arides, on nobliendrait méme pas l'intérét du capital dépensé; c'est sur des terres semblables que, dans la Gironde et dans la majorité des vignobles les plus célebres, se récoltent les vins les plus estimés. L’analyse de la terre des vignes du chateau Lafite, prise dans une des meilleures vignes, a donné, d’apres M. d’Armailhacq, sur 4 kilogramme : Cailloux roulés, siliceux, plus ou moins gros. 629 gr. Re ROP eatay CN os sty sh. sb aranrhe stab a ee 43.5) » BGG PUPO ES... cas. Site tay fits eitutrs ah wis aps aaa vel) Total de l’élément siliceux.......... 974 20 Rate ee et ng Sortie ech: 12 80 BRP OUO ere Orne. coe i te eee = 7 o4 WR ae. 2 2a eth Rte Sees » 40 Pee tas Sew he ee Sout aan wae ghee » 86 995 80 Rateear er tarts. th. 2 4), PS RES 27 Te cc eee 4 20 AASTAS foascotny or awaieee 1,000 gr. » «©. es Ht SRE ehh 6 CHAPITRE PREMIER. Dans le Haut-Barsac, 4 Saint-Emilion, &1’Hermitage, c'est la décomposition des roches qui a formé le sol actuel. Les coteaux graveleux du Médoc et des graves des environs de Bordeaux offrent une grande analogie de composition avec cette analyse; on trouve dans les landes un sol de méme genre. A Saint-Emilion, 4 Barsac, et sur nos premieres cotes, le sol est formé en grande partie des débris de la dé- composition de la roche calvaire; le sol rougeatre ren- ferme également des traces d’oxyde de fer, au milieu d'un grand nombre de petits moellons de pierre dure ou de cailloux roulés, siliceux ou calcaires. Il en résulte que la plus grande partie des terres des landes serait susceptible d'étre transformée en vignobles qui donneraient de bons vins si le sous-sol et le sol Gtaient amendés convenablement, et si l’on éyitait le séjour des eaux dans le sous-sol par des travaux conve- nables d’asséchement. | Ll en est de méme des coteaux escarpés encombrés de roches, et ou le peu de terre végétale qui les recouvre provient de leur décomposition. PLANTATION DE LA VIGNE. On peut reproduire la vigne par tous les procédés de multiplication des végétaux ligneux : 1° par les boutures des sarments; 2° par le provignage; 3° par le couchage , h° par le greffage ; 5° par le semis des pepins. De tous ces procédés, le plus employé dans la grande culture est la reproduction par boutures des sarments de Vannée. et . 1° Reproduction par boutures et plants enracinés.— Les boutures sont des morceaux de sarments dé l'année cou- pés le plus pres possible du bois de ’année précédente; ; 4 $ nt | CULTURE DE LA VIGNE. ve | il y enade taillées de deux maniéres. On emploie de pré- férence les crossettes appelées aussi mavl/ots, et dans le Médoc cabots; ce sont des boutures d’une longueur d’en- viron 30 4 50 centimetres, sur lesquelles se trouve, a lextrémité inférieure, un petit morceau de vieux bois; de 1a le nom de crosse. On a cru longtemps que ce genre de bouture était trés supérieur aux simples bouts de sar- ments de l’année coupés de la méme longueur, mais lorsqu’on a le soin de /es couper prés du vieur bois, au- dessous et ras d’un neeud, ils réussissent également; on ‘se sert donc des deux genres de boutures. Les boutures doivent étre coupées sur des ceps en plein ‘rapport, ni trop jeunes ni trop agés, en un mot, des plus fructiferes; on choisit des sarments ayant donné des raisins. Sans ces précautions, on s’expose a planter des | boutures provenant de ceps dégénérés, qui, parfois, ont | une végétation tres belle, mais ne produisent rien. Apres les avoir coupés, ilest tris important de ne pas les laisser sécher. Si ces boutures sont destinées a étre expédiées, on les maintiendra fraiches en les entourant de plusieurs couches de mousse; si on doit les garder quelque temps au vignoble, on les enterre de suite 4 plat dans une terre fraiche qui les recouvre d’environ 40 centimétres, et on tasse fortement; quelquefois on les place en bottes dans la terre, droites, deux yeux dehors, dans un chai frais. _ Boutures enracinées dites « barbeaux ». — On prépare une terre légére, mélangée de bon terreau, pour y for- mer une pépinieére lorsque les boutures ne. doivent pas | semployer dans l’année. On les met ainsi en rang, & 5 centimetres de distance les unes des autres, couchées | en biais, ayant un wil hors de terre; on maintient la | plantation propre par des binages ou sarclages; on taille aun ceil le sarment sorti la premiere année; on rabat a un cil encore la seconde année, époque ou il faudra l e f ‘all "eo. > ee eee) Lot oe ae) 2 eS ea eu meee rg . Fis aa * ‘ nee a . ¥ 8 _ CHAPITRE PREMIER. lever la pépiniére, qui aurait ensuite trop de racines. Les plants enracinés produisent des vignes qui ont géué- ralement moins de durée que celles formées de boutu- res, mais elles sont a fruit plus tot. 2° Provignage. — On appelle provin ou chevelée un long sarment que l’on couche dans la terre, a 40 centi- metres environ de profondeur dans les terres chaudes, a 30 centimetres dans les terres froides, a l’époque de la taille, et dont l’extrémité ressort de terre et sert a rem- placer un cep mort. Cette extrémité de sarment a deux yeux hors du sol et donne du fruit la premiére année; les yeux enterrés s’enracinent dans la terre, et apres la troi- sieme année, on coupe la partie du sarment qui touche au cep qui a fourni le provin. C’est ce qu’on appelle sevrer le provin, parce que, dans la premitre année, avant davoir pris racine, il a été nourri par la seve de l’ancien pied. Si le sarment n’est pas assez long pour atteindre la place qu’il doit avoir, on le couche et on releve deux yeux hors de terre pour le recoucher l’année suivante, afin quil atteigne la place désignée. Dans la Gironde, on nomme ce genre de provignage saute-gric. Généralement on ne se sert de ce mode de multiplication que pour rem- placer les pieds morts. Les saute-grics que l’on recouche deux fois valent mieux que ceux que l’on laisse en place, i demeure. Le provignage se pratique, dans les terres chaudes et seches, a l’époque de la taille, a la fin de l’au- tomne; et dans les terres froides et humides, au moment de la pousse; on doit fumer avec de bon terreau le vieux cep, ainsi que le jeune provin. 3° Couchage. — C'est le provignage de tous les longs sarments. On forme d’un cep plusieurs pieds distincts, en couchant entitremeut en terre l’ancien pied. Ce pro- cédé est employé dans certains pays pour renouveler les vignes. Nous en reparlerons, ainsi que du greffage. CULTURE DE LA VIGNE. 8) h° Greffage. — On se sert du greffage pour changer les mauvais cépages ou les pieds vigoureux, mais improduc- _tifs. La vigne se greffe de plusieurs manitres, en fente, en approche, en navette, a la cuillére, a Vanglaise. — Nous parlerons plus loin des genres de greffage usités dans les vignobles de France. 5° Semis. — Ce mode de reproduction est peu employé, _ pour deux motifs : d’abord parce qu'il faut attendre huit ans environ avant d’avoir du fruit, et ensuite parce que lon ne peut étre certain du résultat sous le rapport de la qualité du fruit, qui, par ce procédé, peut varier, étre plus ou moins hatif, avoir un gout et une forme diffe- rents, étre meilleur ou inférieur. On peut se servir de ce procédé, pour essayer de créer des variétés nou- velles, ou pour rajeunir les cépages cultivés depuis long- temps, en prenant des pepins choisis sur les graines les plus rapprochées de la queue, provenant de raisins et de sujets de choix, et d'une maturité parfaite, que lon se-- me a l’automne sur de bon terreau, dans des endroits abrités. Ces pepins levent l'année suivante. Ils sont alors placés sur une couche de terre mélangée de terreau, et soignés comme les boutures. On peut en avancer la fruc- tification en greffant les plus beaux sarments sur d'autres sujets en plein rapport : plusieurs horticulteurs ont ob- tenu ainsi des variétés meilleures. Plantations. — La préparation du sol differe selon sa nature et le climat. Dans les vignobles situés sous des latitudes ot le raisin éprouve de la difficulté & murir et ou la terre est peu échauffée, ainsi que dans les terres humi- des et froides, les boutures se plantent de 15 a 30 centi- _ metres de profondeur; dans les terres trés chaudes et _seches, et par conséquent tres perméables aux iufluences climatologiques, on plante de £40 a 50 centimetres. Pour Pe | 5S re ae a 8 ORS. | Ne" x oF, wy e 10) CHAPITRE PREMIER. assurer la reprise des plants, on place tout autour des en- grais, des terreaux, et, selon le cas, des mélanges ou bouillies formées de liquides azotés et de terres riches en humus; en résumé, on plante la vigne suivant deux méthodes principales : 1° @ /a barre, apres avoir préala- blement préparé le sol selon sa composition, soit par des labours, soit a la pioche, a la pince, soit enfin par plu- sieurs moyens dont nous aurons occasion de parler en traitant des vignes établies sur des cétes calcaires et gra- nitiques. Le terrain étant préparé, on fait des trous avec une barre de ‘fer, 4 des profondeurs qui doivent varier selon la nature du sol; on agrandit ces trous avec une demorselle ayant un bout ferré et conique; on coule au fond du trou une bouillie épaisse, faite avec un mélange de terreau, de bouse et de crottin, de terres d’alluvion dé- layées dans du purin, et dans laquelle on a déja trempé le plant; on finit de remplir le trou de bon terreau et on tasse la terre en ne laissant que deux yeux dehors. 2° On plante aussi la vigne par défoncement et renversement ; ces deux dernitres méthodes consistent & creuser, jus- qu’a une moyenne de 50 centimetres de profondeur, toute la surface, en mélangeant les engrais et les terres re- muées. Nous aurons occasion de décrire ces diverses pré- parations du sol, en parlant des genres de culture adop- tés dans la Gironde et la Bourgogne. Culture. — La vigne se cultive a la charrue et a bras. Dans les premitres années, quelle que soit la méthode adoptée, on évite que les mauvaises herhes n’étouffent les jeunes plants, qui doivent en étre tenus dégagés par des _ labours fréquents. Ordinairement on donne a la jeune _ vigne six facons dans les vignobles a vins fins. Une fois adulte, la vigne recoit quatre labours, et plusieurs peti- tes facons qne nous indiquerons en parlant de la culture ae ae : ee Be ths yr Re a ee a | CULTURE DE LA VIGNE. 4d adoptée dans les vignobles célebres, des époques choi- sies et de outils employés pour ces diverses opérations. Les facons ont pour but, dans tous les cas, d’aérer le sol et de déduire les plantes parasites. Taille. — Tailles horticoles. — Nous parlerons plus au long des divers modes de taille appliqués @ la grande culture « taille a astes arquées ova long bois, du Médoc, des palus et de la Cote-d’Or, et les tailles a cots ou cour- sons, usitées dans les grands vignobles, quand nous traite- rons de ces cultures dans les diverses contrées vinicoles. Nous voulons parler ici des nouvelles tarlles recom- mandées par les auteurs modernes : Guyot, Hooybrenck, Carriere, Trouillet, etc., et des principes sur lesquels ces tailles reposent. Nous dirons que ces divers genres de taille, & long bois, mixte ou a cots, reposent tous sur le principe du pincage avant la floraison et le développe- ment du bois de remplacement, et sur la nourriture des yeux qui doivent développer des bourgeons l’année sul- vante. Tout le monde sait que la vigne ne donne généralement de fruit que sur le bois de l'année précédente. (Quelques variétés en donnent sur les pousses gourmandes sorties spontanément de la vieille souche : telles sont le verdot, Venrageat, etc.; mais le plus grand nombre de variétés ne donne que du bois non fructifere ala premiere année. ) On sait aussi qu’a la base intérieure d'une feuille se irouvent les yeux, au nombre de quatre ordinairement, dont le principal constitue le bourgeon de l'année sui- yante, et ne pousse la premitre année que lorsque le bourgeon sur lequel il est placé a été cassé trop pres de lui accidentellement: c’est alors un @i/ époussé, sur lequel on ne peut asseoir la taille; ordinairement il ne pousse au-dessus de la feuille qu'un contre-wil appelé aussi SR ST et 42 CHAPITRE PREMIER. entre-fewlle. (Voir au chapitre dela Description des plan ches les figures de la reproduction et de la végétatioi de la vigne). Les botanistes prétendent que la feuille e entre-feuille excitent la végétation et servent de mere. nourrice a l’@il principal qui est au-dessous et qui n« poussera que l’année suivante. M. E.-A. Carriere re- commande de conserver avec soin la feuille qui est a Ie base de l’ceil et de pincer au-dessus de la premitre ou deuxitme feuille l’entre-feuille, afin qu’elle nowrriss: Voeil qui est & sa base, au lieu de l’affamer. Tous les vignerons savent que lorsque le principal bourgeon vient & geler, un des deux sous-bourgeons qui restent pousse, mais qu'il est rarement fructifere; il faul done protéger le plus possible l’wil principal. La seve des végétaux et celle de la vigne en particulier, tendent a s’élever verticalement; les horticulteurs qui ont adopté les tailles & long bois se servent de cette ten- dance de la seve pour obtenir des bois de remplacement. Systeme Hooybrenck. — Les plants de jeunes vigenes ont ordinairement deux yeux hors de terre; on les taille aun ceil a leur deuxibme année; si Ala troisieme on a un sarment long et gros, on régle la hauteur de la souche, et on incline ce sarment de 22 degrés et. demi au-dessous de l’horizontalité. (Ce genre de taille, ainsi que celles qui suivent, sont figurées sur les planches et expliquées au chapitre de Jeur description. ) On doit pincer les bourgeons fructiferes A, a une ou deux feuilles au-dessus du dernier raisin. Les deux branches placées verticalement le long de l’échalas sont destinées a donner du bois pour la taille de l'année suivante B, On ne pince, en épamprant, que les entre-feuilles des branches a bois. Systéme Duchéne-Thoureau, propriétaire-vigneron, a Chatillon-sur-Seine. — On ne laisse qu’un seul sarment: y. CULTURE DE LA VIGNE. 43 on le tord A la hauteur de deux yeux en D, de manieére que les yeux se trouvent des deux cotés du bois et non dessus et dessous; on fait ployer ce sarment apres avoir enlevé ceil du bout, et on l’enfonce dans la terre; les deux bourgeons € donnent des bois de remplacement pour l'année suivante. On pince aussi, & une ou deux feuilles au-dessus des fruits, les bourgeons fructiféres E. Piques. — Un long sarment, dont ona enlevé les yeux, est piqué dans la terre; on conserve un seul ceil en F donnant un beau sarment de remplacement; le sarment, piqué par le bout, n'est pas tordu, il forme un are de ecercle. Comme dans les autres systemes de tailles 4 longs dois, on pince les bourgeons fructiféres G, a deux feuilles au-dessus du raisin. Ce procédé, moins le pingage, est pratiqué depuis longtemps et connu sous le nom de prsse- vin mais on ne l’ayait pas érigé en systeme. Systeme Guyot. — On pince les pampres de la branche 1 fruit J au-dessus de leur deuxiéme feuille ; au-dessus des raisins, la branche a bois, porte deux yeux, dont un donnera une branche a fruit. l’année suivante, et l'autre une branche 2 bois, en laissant deux yeux. Ces deux sar- ments ne se pincent pas. Ce systeme ne differe des au- tres que par la position de la branche a fruit, qui est hori- zontale. Sa longueur se fixe 4.50 centimetres environ pour les vignes espacées d’un metre; on la regle d’ailleurs le long du fil de fer selon la vigueur des sujets. Systéme Aubry, vigneron a Thorigny (Seine-et-Marne). — On laisse deux branches & fruit courbées et attachées au fil de fer, pourvues de quatre yeux pour avoir des branches de remplacement B; les bourgeons fructiferes sont pincés également a deux feuilles au-dessus des rai- sins A. Systéme Trouillet. — C’est une taille ordinaire & cots, avec pincement au-dessus de la deuxieme feuille & partir PE EY Te getiaae fa eesne ene ie Oe a q 4 .-GHAPITRE PREMIER.” © =) du dernier raisin, et des entre-feuilles apres leur deuxie me feuille, au fur et & mesure qu’elles poussent. (Voi explication des planches.) On laisse le cep bas, et on établit quatre cots a ’opposé les uns des autres, de ma niére & former une espece de godet & quatre branche: principales. Ces cots sont taillés a deux yeux; cette vign se cultive sans échalas ni fil de fer. Crest a peu pres la taille des Charentes, plus le pince ment. Toutes les tailles que nous venous de décrire exigen le méme soin quant au pincement des bourgeons fructi feres et des entre-feuilles. C’est pour ce motif que nous le: nommons tavlles horticoles ; cette opération est beaucouy plus longue et minutieuse que l’on ne pense dans un vi- gnoble étendu. Nous n’avons pas encore vu de vignes taillées depuis assez longtemps par ces méthodes pow pouvoir nous prononcer; nous dirons seulement que le; propriétaires qui voudront faire des essais de taille & long bois sur des vignes mazgres, devront ne pas laisser ce: bois trop longs, et bzen exécuter les pincements ; car, sani cela, ils ne pourraient obtenir de hois de remplacement et, d'un autre cdté, avec ces tailles, si ’année était plu vieuse, ni leurs raisins ni leur bois ne mariraient, et il: compromettraient ainsi la récolte de l'année suivante; 1 faut donc user d’une grande prudence. Lorsque le boi de remplacement est trop faible pour se substituer a |: branche & fruit l'année suivante, on est obligé de laisse lancienne en en diminuant la longueur et en taillant cots les bourgeons fructiféres. sy ie Bs, xp a de . >t ~ LN Wieck aia ES PRODUCTION DES VINS VINS. AS CHAPITRE U CONDITIONS INDISPENSABLES A LA PRODUCTION DES VINS FINS. Climats, cépages, natures de sols propices — Cépages fins hatifs rouges ; de matu- rité secondaire; de maturité tardive. — Amélioration des vignobles & vins fins rouges par le choix raisonné des cepages selon la nature du sol. — Cépages blancs hatifs, de maturité moyenne et tardifs. — Tableau récapitulatif des cépages fins et des vins yu’ils produisent. Pour arriver a obtenir des vins de grande qualité, il est indispensable de réunir les trois conditions suivantes : 1. Climat favorable a la végétation et ala maturation des cépages, c’est-a-dire sans changements trop brusques de température, ni exces de froid ou de chaleur, @humi- dité ou de sécheresse. 2. Cépages fins miurissant bien dans les années moyennes. 3. Sol maigre, pierreux, graveleux, calcaire, siliceux, ne conservant pas l’eau a la surface. | Les terres labourables agrandes cultures, les sols riches et profonds des vallées composées dargile, silice et cal- aire, en proportions égales, et de 4 a 6 pour 100 et quelquefois plus de mativres organiques, peuvent, lors- qu’elles sont situées sous des climats tres favorables et qu’elles sont plantées en cépages fins, donner des vins en plus grande abondance, mais de qualité ordinaire et souvent entaché de goit de terroir; rarement ces vins . arrivent au degré de distinclion de ceux des terres mai- 16 CHAPITRE DEUXIRME. = gres. Tous les vins célébres du monde entier viennent sur des terres arides : la Bourgogne a ses meilleures vignes sur des sols qui ont jusqu’a’ 89 pour 100 de résidus insolubles; les graves du Médoc, de Bordeaux, de Sau- ternes, donnent de 85 4 98 pour 100 de cailloux et de sable; la Champagne obtient ses meilleurs produits sur un sous-sol calcaire-crayeux renfermant 80 pour 100 de carbonate de chaux; la légére couche de terre yégétale qui recouvre la craie contient encore 28 pour 100 de carbonate de chaux et 59 pour 100 de résidus insolubles: (Hermitage a ses vignes sur un sol provenant de la décomposition d’une espéce de granit, la surface offre 76 pour 100 de résidus insolubles; les montagnes sur lesquelles la vigne est cultivée & Banyuls ont une couche cultivable provenant également de la décomposition des rochers. Si nous examinons les vignobles célébres de Madere, nous trouvons un sol sablonneux et plerreux volcanique; le vin de Constance provient de vignes plantées sur des terrains pierreux; le meilleur vin de Tokai vient sur des collines dont le col voleanique est formé par la décomposition d’un basalte mélangé de petites pierres. On a objecté que lorsque le climat est tres’ favorable et que l’on plante des cépages de choix sur des’ sols de plaine, on obtient de bons vins; on cite pour exemple les vins de Queyries et des premiéres palus de. la Gironde, qui, venus sur des plaines a sol trés fécond, ont néanmoins une certaine finesse lorsqu’ils sont pro- | duits par des cépages de choix; mais on ne remarque pas, assez que ces plaines sont dans une situation tout excep-| tionnelle, qu’elles ont été recouvertes, par les alluvions | de la Garonne, d'une couche profonde de terre rougeatre, argileuse, renfermant de Yoxyde de fer, ayant une grande analogie avec le sol des cétes et provenant peniseent de Ja décomposition des rochers qui bor- 4 a Sea laa es PRODUCTION DES VINS FINS. AT] dent le cours de la Garonne. Partout od ce sol artificiel est profond et bien séché, on obtiendra de bons produits, mais lorsque la couche d’alluvion est trop faible, que les racines de la vigne atteignent le sol marécageux, tour- hbeux, des plaines, les vins sont tr8s communs. Avec les trois conditions que nous avons indiquées, onfera de bons vins, mais il faut qu’elles soient réunies, Certains viticulteurs croient obtenir constamment des vins distingués en plantant des cépages fins, sans tenir compte des modifications que le climat et le sol appor- leront sux cépages : de la de grands mécomptes; ainsi, tout le monde sait que, dans les années favorables 4 la bonne fructification des raisins, les vins des grands cris du Médoc et de la Bourgogne sont des vins hors ligne, tels par exemple que ceux de l’année 1870; mais si, comme en 1871, la température est moins favorable, les mémes vignes donneront des vins bien inférieurs; done le sol et le cépage ne peuvent faire seuls des vins dis- lingués, si la maturation laisse d désirer; exces méme de maturité dans les années trés sbches et chaudes, telles que 1825, 1865, donnera aux vins des zones tempérées de la dureté; ils seront moins agréables, moins veloutés, plus secs, plus alcooliques, plus longs a se faire. Hafin, il est reconnu que les mémes cépages transportés plus au Nord éprouvent souvent de grandes difficultés pour arriver & maturité et qu’ils ne donnent que des vins verts ordinaires; plus au Sud, les vins auront plus de rudesse, et sils acquitrent un titre alcoolique plus élevé, ils perdront leur moelleux:; or, cest ce gout de fruit que les vins supérieurs des années favorables conservent en Vieillissant qui en fait le principal mérite. Cépages fins. — 1. Hatifs rouges. — Les plus dis- lingués, ceux qui donnent les vins dela Haute-Bourgo- Ae anet rd = i. ee ei Ee “> <** 3 (fo aes . 4 <1 a det meh 2 Oo) a PEs, EL er is my oe ee Py AR CoRR VRE Or caety aS eee FW eee ie a ee ey : Rae Fs 5 18 - CHAPITRE. DEUDXIBME, 2409 ee ene, de la Céte-d’Or, de la Champagne et des vignobles du Centre, sont les pinots,; il en existe plusieurs variétés connues sous le nom de noirien, ou franc-pinol, et en Champagne, de petit plan doré. Les raisins des pinots, sous l’influence de la chaleur, perdent dans les années chaudes une partie de leur eau de végétation; ils se figuent, comme disent les Bourguignons; ils donnent des vins tres moelleux et dont le titre alcoolique a atteint, en 1865, & Pommard, d’apres M, Vergnette-Lamothe, {4 pour 100 d’alcool. La moyenne est de 14 pour 100 dans les années médiocres. Ce cépage donne ses meilleurs produits dans des sols ¢rés calcaires; c'est pour ce motif qu il réussit parfaitement sur lescétes du Lot-et-Garonne, du Rhone, et sur les coteaux calaires de méme nature de la Gironde, et méme dans les terres d’alluvion. Dans les graves siliceuses, les essais que l’on a faits a plasieurs reprises pour l’acclimater n’ont pas donné de hons résultats. Les pinots doivent étre taillés a long bois platét qu’a cots, mais en évilant les trop longues astes; on ne doit pas les laisser vieillir; on doit les provigner en moyenne a vingt ans. Vieux, ils dégénerent. 2. Cépages de maturité moyenne : Le merleau ou merlot, quon appelle vitraille a Blan- quefort, et d¢gney dans les graves. Le cot de la Touraine, appelé malbec dans le Médoc, et qui compte un grand nombre de variétés; le mauzaeé (environs de Bordaux), le now de Pressac (Bas-Médoc), le céte rouge (Dordogne, Tarn), le guercy (Charente), la guille de cocg (Auxerre), le teinturin (cdtes de Bourg), Vauxerrois (Lot), le moustére (Haute-Garonne), le dour- yuignon noir (Meurthe, Sadne-et-Loire), ete. Nous ne mentionnons que quelques-uns des noms du cot ou malbec ; mais, malgré ses nombreuses appellations, ce cépage se reconnait & son pédoncule rouge. Le vrai t 4 7 j Mere ee PRODUCTION DES VINS FINS. 19 malbec a cependant le pédoncule vert; c’est le meilleur: il produit un vin de qualilé supérieure. Les merlots et les malbecs muarissent dla méme époque ; iis sont assez productifs, supportent bien la taille a cots ou aastes droites. Le merlot est plus délicat que le malbec : il lui faut un sol et une exposition de choix; il vient bien sur des graves dont le sous-sol est caillouteux et frais, il coule si le sol est trop humide, et souffre s’il est trop aride, Le vin de merlot a beaucoup d’analogie avec celui de malbec; c'est, sur les graves, un vin fin, délicat, moel- leux, mais peu corsé. Les cols ou malbecs eroissent dans lous les terrains ; ils entrent pour une certaine proportion dans les vignes du Médoc, on les trouve dans tous les eriis de vins rouges de la Gironde; les produits qu ils donnent varient beaucoup selon les terrains ow ils sont plantés : dans les graves, c’est un vin moelleux, léger, mais un peu lrop faible; sur les cétes caleaires, aux environs de Bourg, Canon, etc., le vin a plus de corps et de finesse; dans les riches palus d’alluvion, il est mou et a un gott de terroir tres prononcé. Le merlot et le malbec, mélangés avec les cabernets ot le verdot, donnent d’excellents résultats. Cabernet ou carmenet, au Médoc, connu encore sous le nom du éouchet a Saint-Emilion, grosse vidure dans les eraves de Bordeaux, breton (Vienne et Indre-et-Loire) véronais (Saumur), arrouya (Hautes et Basses--Pyrénées). Cabernet-sauvignon, petit cabernet au Médoc, petite vidure ou vidure sauvignone dans les graves de Bor- deaux, bowchet, sauvignon a Saint-Emilion. Carmenere (Médoc), carbouet (Graves). Ces trois cépages forment le fond des vignes du Médoe. Le plus estimé de tous est le cabernet-sauviynon, ce cé- page réussit surtout sur les graves fortes dont la couche est épaisse et le sous-sol mélé de cailloux et dargile; sa ? ye CHAPITRE DEUXIEME, -2 = oe? nee oe production est ordinaire, mais plus régulitre que celle des autres especes ; les raisins murissent d'une maniére plus uniforme que sur beaucoup d'autres variétés, qui souvent ont des raisins murs et d'autres verts sur le méme | pied. Is donnent un vin d’une couleur vive, ayant beau- coup de seve et de bouquet; c’est le cépage qui forme le. fond des meilleurs cris du Médoc, c’est celui qui domine dans les vignobles célebres de Mouton-Rothschild et Lafite; mais pour quil prospere il lui faut.un sous-sol assez fort. Il produit beaucoup plus taillé 4 astes arquées qua astes droites ou a cots, parce que les premiers bourgeons sont peu fei fares. Cabernet (vidure ou carmenet). — Ce cépage, qui est tres vigoureux, réussit dans des terrains maigres, secs, et dont la grave est moins forte, c’est-a-dire plus mélan=, gée de sable ; il croit aussi dans les plaines et sur les pla- teaux de graves légeres. Dans les terres calcaires des cdtes a sous-sols pierreux telles que Saint-Emilion, ete., il donne d’excellents résultats ; i/ réussit également dans les terres labourables. En Médoc il entre dans de fortes proportions dans les meilleurs vignobles. I] doit étre taillé | comme le cabernet-sauvignon. Le cabernet produit des vins trés délicats, ayant de la seve et du bouquet, mais moins colorés que ceux du cabernet-sauvignon. Carmenere. — Bien des vignerons confondent cette variété avec le gros cabernet, elle réussit dans des terres. légeres; nous en avons vu a Margaux de belles pivces, situées sur le coteau sud du bourg; mais elle exige une | terre oti ’humidité ne soit pas fais forte; dans un sol humide, elle coule et donne peu de produits : c’est ce qui | la fait rejeter de bien des vignobles; le vin qui en provient participe des qualités du cabernet : il est délicat et moel- leux. La conduite de la taille doit étre laméme que pour. ce dernier. | a 4 | PRODUCTION DES VINS FINS. Pal 3. Cépages de maturité tardive. — Petite syrrah. — Crest le cépage qui produit les vins de (Hermitage; on la désigne aussi sous le nom de serine notre (Rhone), candive, sirane franche, marsane notre (Istre), La petite syrrah vient tres bien sur les cétes seches et en pentes, a sous-sol calcaire granitique; elle donne un vin corsé et d’une tres belle couleur, gagnant beaucoup en vieillissant; les raisins sont de grosseur moyenne, les _ grains de forme ovalaire un peu serrés ; la production est ordinaire. On taille ce cépage along bois. La grosse syrrah (Dréme), appelée aussi mondeuse, persagne, salanatse (Rhone), etc., donne des vins alcooliques et colorés, mais moins fins en gotit que le cépage précédent. Petit verdot.— Ce cépage a été cultivé dans les ancien- nes palus d’alluvion de la Garonne situées au bas de la edte de Cypressat, en Queyries, vis-a-vis Bordeaux, for- mée d'une terre tres riche en argile rougeatre et en humus. Ona remarqué que les vins qui en proviennent, apres et durs les premieres année par l’exces de tannin quils renferment, perdent leur Apreté, et ont ensuite une tres longue durée, une couleur admirable, une bonne seve, un bouquet tres agréable, et qu’en vieillissant ils conservent leur gout de fruit. Ces qualités extraordi- naires auraient contribué a propager cet excellent cépage, si deux grandes difficultés ne s’y opposaient : dans les terres seches, telles que les graves siliceuses, il produit des graines de raisin si petites, que la récolte est presque nulie, et d'un autre cété, si |’été est froid, il ne miurit pas; il lui faut des terres fertiles sans étre froides: dans les alluvions de formation récente, il murit diffici- lement; ce n’est que lorsque la terre est asséchée et ameublie qwil réussit. Maleré ces difficultés, le petit verdot est cultivé dans les graves du Médoc; dans les grands crus, on lui attribue ea SRLS Se ee ae Se ae We Ra a Te ra, 22 5 CHAPITRE DEUXIEME. ae les meillears fonds et les expositions méridionales ; ; quel- quefois on y forme un sous-sol artificiel avec des terr es, Vallauvion délitées al’air, ou bien on greffe ce cépage sur des sujets vigoureux onan parfaitement sur ces natures de sols; cette dernitre méthode a rendu de grands ser- vices, I] existe deux autres variétés de verdot : le gros verdot et le verdot colon, qui sont plus productifs que le petit, mais dont les vins n’offrent pas les qualités du premier : ils sont moins alcooliques et moins fins en gout. Le petit verdot se taille « cots; il produit beaucoup de jets sur la vieille souche, dont cuelgaee -uns sont fructi-, feres; il doit étre ipatanean a plusieurs reprises ; lorsqu’on, lui laisse des astes, elles doivent étre droites, et on abat : les yeux supérieurs. En Queyries la céte abrite et protege les terres des vents froids du Nord, et par suite de l'action du temps et de la culture, la terre est plus divisée et plus perméable a lair. Les cépages dont nous venons faire |’ énumération | forment le fond des grands vins rouges de France; il est toujours possible, parla plantation raisonnée de!’un d’eux | ou de plusieurs, selon la nature du sol et ’emploi auquel \ on destine les vins, d’arriver & améliorer un vignoble. | Amélioration des vignobles a vins fins rouges | par le choix raisonné des cepages selon la na- ture du sol. — Un ne peut juger les vins produits par des plants trop jeunes; ce n’est que lorsqu’une vigne a. dépassé une dizaine d’années que l’on peut se prononcer. | Les vins destinés a étre mis en bouteilles doivent avoir de la seve, du bouquet, un gout prononcé de fruit, une. couleur vive avec un corps suffisant ; si, tout en réunissant | a un corps convenable, une belle conten ils manquaient | de houquet, V'introduction de cépages de premier choix PRODUCTION DES VINS FINS. pista planes dont nous allons donner la nomenclature, donnera aux vins plus de vivacité et de finesse; ils peuvent entrer en proportion d’un dixitme 4 un quart, selon les exposi- tions; ils doivent étre cueillis et fermentés en cuve avec les rouges; la fermentation sera plus prompte, et nous savons par expérience que la couleur en sera tres peu di- minuée. Les vins auront plus de spiritueux; le plus diffi- cile 4 obtenir est le goat moelleux. On a remarqué que le malbec etle merlot, introduits dans des vignobles de gra- ves, contribuaient & donner au vin plus de gout de fruit ; sur des coteaux calcaires, les pinots donnent également de bons résultats. Plusieurs propriétaires de vignes situées dans les départements limitrophes a la Gironde, sur des terres calcaires, ont fait des plantations considérables de : 1° cabernet-sauvignon, 2° pinot de Bourgogne, 3° petite syrrah, en pieces séparées, afin de pouvoir mieux compa- ‘ver les différences produites par les variétés de cépages sur la méme nature de sol. Les vins, faits séparément, ont donné de bons résultats quant & la conservation; cha- cun de ces vins présentait un caractére bien tranché. Les -vins de cabernet rappelaient par leur sve les vins de bonnes cotes dela Gironde, mais ils étaient beaucoup plus alcooliques et manquaient de moelleux ; les vins de petite syrrah, tout en ayant de l’analogie avec les vins des cétes du Rhone, avaient moins de velouté. Seuls, les pinots avaient conservé un gott de fruit prononcé. Les trois ‘eépages réunis donnaient un vin meilleur que les vins _provenant d’un seul de ces trois cépages. Cépages blancs hatifs. — Pinot, noirien blane (Bourgogne), Riesling (Alsace), chaudenay (Cdte-d’Or). De maturité moyenne. — Sauvignon, Sémillon, Raisr- notte (Gironde), altesse, vionnier (cotes du Rhone). Parmi les raisins blancs hatifs, les raisins de la haute OO A 4 ae _ CHAPITRE DEUXIEME, Bourgogne, noirien blanc et chaudenay (Cdte-d’Or), sont les plus distingués; ils réussissent parfaitement sur des terres maigres calcaires; ils sont une des variétés des pinots. Le riesling est le cépage qui donne les vins blanes d’Alsace les plus estimés, le Johannisberg, etc. I] mtrit et se conserve bien sans pourrir; les cétes calcaires lui sonviennent. Le sémillon et le sauvignon forment la base des célébres vignobles de Sauternes et des Graves ; la raisinotte ou muscadet doux donne de bons produits, mélangée aux deux premiers, surtout dans le haut Barsac ; mais ce dernier cépage a l’inconvénient de ne pas résister aux, pluies comme les "premiers. | Le sémillon blanc n'est pas le méme sémillon des grands crus dont le fruit est de couleur plus foneée. Le sémillon blanc est principalement cultivé dans les graves. ) Le vonnier est un excellent cépage des cdtes du Rhéne;, on croit qu’il a 6té introduit dans ce vignoble par un prince de Savoie, qui l’avait tiré de Chypre : de la son surnom, Waltesse; on le taille & cots et a astes. | A cété de ces cépages, qui réunissent les qualités les | plus distinguées sous tous les rapports en les mélan- geant avec méthode selon les natures de sol et de climat, on en cultive dans presque tous les vignobles un plus grand nombre d’autres par le seul motif qu’ils produisent davantage; on en jugera par la nomenclature des seuls | cépages que l’on cultive dans les cris communs de la | Gironde, mélangés aux premiers cités : j Massoutet, cruchinet, balouzat. (Vin corsé, mais couleur légere; fertilité moyenne.) a Chalosse, jurancon, penouille, fer, maussein, charge- fort, pignon, mercier, amaroye. (Cépagesabondants. Dans | les graves, vins tres légers en couleur et en corps; plus fermes sur les cOtes; tres mous et communs en palus.) PRODUCTION DES VINS FINS. 25 Mancen, petit et gros mancen, colon. (Maturité tres difficile.) Alicante, teinturter. (Mauvais vin, mais riche en cou- leur.) TABLEAU RECAPITULATIF des cépages fins et des vins qu’ils produisent. a Pinots rouges : Grands vins de Bourgogne et ... ..+°. { blanc. PA RIE A aes f2i6 oon 60-00 Fond des vins de Hermitage. eis 3 Pee LEY CTUOL. «css a> wos 10 Gironde terres fortes. eae Vionnier pinto cope neen | Cotes du Rhone. . Pa” PETOTER rate crt vece's a: Pe 2s ts Fire “i ee ax <7 & z ‘>t : ae to 3 eee Saree ne ig eae ; 3 f ~iy ae a i ea r A ae 30 . - CHAPITRE ‘TROISIEME, 0) eee ~~ a, rencontre des sous-sols ayant des argiles rouges, si elles sont mélangées de grave, de sable et de pierraille, cela fera un bon sous-sol. On trouve dans les graves des environs te Bordeaux des sous-sols de cette nature; mais si l’ona des terres glaises grises, on sera forcé de drainer & unc profondeur de 4 pieds environ. Ce genre de terre retient Uhumidité; elle est froide, trés difficile a travailler, et les vins en sont plus communs; mais ces fonds sont rares dans le Haut-Médoe. On trouve plus souvent des sous-sols de sable; quelquefois, en défoncant, on rencontre l’alios a quelques centimetres du sol, et sous cet alios du sable. La majorité des vignes du Haut-Médoc et de Macau, Lu- don, Blanquefort, ont des sous-sols sableux; les sous-sols calcaires, pierreux, sont excessivement rares en Médoc; les sols crayeux ou marneux ne se rencontrent que dans des localité éloignées des hauts plateaux. Le sous-sol étant sondé, s’il se trouve élevé et que la nature du sous-sol soit perméable & eau, on n’a pas a faire des travaux d’asséchement; mais si le sous-sol est composé de grave argileuse compacte, il est drainé. C’est M. le comte Duchatel, propriétaire du chateau Lagrange (Saint-Julien), qui, le premier, a appliqué le drainage aux vignes. — Les drains sont des tuyaux en terre cuite, longs d’euviron 30 centimetres, ayant un diamétre inté- rieur variable selon la quantité d'eau a absorber : 4 centi- metres en moyenne; ils s’ajustent bout a bout avee un peu de paille et sont placés &4 pieds (1 metre 33 centimetres) de profondeur, espacés de dix en dix réges (environ 10 metres); il doivent avoir assez de pente pour que l’eau n’y séjourne pas; ils se réunissent au bout des reges & un drain collecteur plus gros qui dirige les eaux vers l’en- droit le plus bas et qui est fermé par un grillage. Le drai- nage a produit un bon effet; il est utile non seulement pour sécher le sol, mais il contribue & son aération On k € CULTURE DE LA VIGNE DANS LA GIRONDE. 31 sa a ST ge eae Oe Fe Pa Sos es fe I ee Sree ee wie e if ore, > ake os y "Uy a . ‘ #50 eg x rae 2 reconuu dans la pratique que l’aération des sous-sols était favorable aux cultures. : Le terrain étant nivelé, les débris végétaux arrachés et mis de coté pour étre enfouis, on procede au renver- sement du sol. Soit que l’on plante une nouvelle vigne, soit que l’on re- nouvelle de vieilles vignes, on op?re dela méme manitre, sice n'est que pour replanter des vignobles épuisés on met deux fois plus de fumier et quatre fois plus d’amendement. Lorsque la pente n’est pas trop rapide et qu’elle ne dépasse pas 8 centimétres par métre, on trace la direction des reges de haut en bas; si la pente est plus rapide, on les trace en biais, et enfin en travers si la pente est trop forte. Les vignes se plantent a toutes les expositions; sur des sols presque plats et quand on peut choisir la direction, on trace les reges du levant au couchant, parce qu elles souffrent moins des pluies et des vents d’ouest. La lon- sueur ordinaire des reges était de 100 pas (87 metres) autrefois. Certains propriétaires, pour faciliter la culture, font les rangs moins longs. M. d’Armailhacg conseille de ne Jes faire que de 75 pas ou 62 metres, et méme de 50 me- tres. La largeur des reges est d’un métre; les pieds de Vigne sont plantés en ligne, également a un metre l’un de l'autre. | Pour opérer le renversement du sol, on commence par tendre un cordeau sur un des cotés de la piece a planter, et dun bout & autre du rang ou rége; on creuse ensuite un fossé dun métre de large sur une profondeur de 80 centi- meires si le sous-sol est de bonne grave, de 60 centimetres sil est nécessaire de former un sous-sol artificiel, cette terre, rejetée de coté, est réservée pour combler le der- nier fossé. Avant de mettre en place les plants, on peut jeter au fond de la tranchée les amendements, lorsqu’on a creusé a 60 centimetres. Afin de faire un sous-sol arti- 1 en I ene oe ee - 2 i ie 9 Neg! ye eae CHAPITRE TROISIEME. 5) 4 ficiel, on forme une épaisseur au moins de 15 centimetres sur les sous-sols de sable, et surtout de sables morts, qui, semblables a des filtres, laissent passer l’eau et Javent les engrais comme sion les passait 4 un crible; en sorte que, malgré la dépense, la vigne y durerait peu et resterait chétive. Le meilleur sous-sol artificiel pour les vignes se compose de petits moellons durs de la grosseur moyenne de5a10centimétres, mélés de terre argileuse ou de grosses graves sur une épaisseur de 15 centimetres. Dans la géné- ralité des cas, l’amendement se compose de vases de la Gironde délitées al’air et pulvérisées, d’argile rouge déli- tée a l’air; le fumier se compose de fumier de ferme con- sommé ou mélangé six mois al’avance par couches alter- natives avec des terres grasses provenant de curages de fossé, de tourbe des marais, etc.; ies plants, assujettis a l'aide d’un petit carrasson provisoire, sont placés tou- jours au cordeau et les yeux dans la direction du rang, ja- mais en travers; ils sont droits ou couchés, selon habitude des planteurs. L’engrais qui entoure le plant a de 40 450 centimetres de profondeur; on met ensuite les terres d’amendement, et on finit de couvrir avec la terre que l’on retire du deuxieme rang ou fosse que l’on trace au cordeau a 1 metre du précédent et d’égale pro- fondeur, et on optre de méme successivement pour tous les autres. Pour combler le dernier rang, on va chercher la terre mise de cdté au premier. On emploie ordinairement, selon M. d’Armailhacg, pour planter une vigne sur un sol maigre de grave, une charretée et demie de 1,000 kilog. de fumier par rang de 100 pas et-par 80 pieds de vigne, soit soixante char- retées ou 60,000 kilog. a hectare; plus les amendements _nécessaires selon la nature du sol. Cemode de plantation revient & 6,000 fr. hectare, fumier compris; et, avec les trois ans qu’il faut cultiver avant la mise en rapport, m as CULTURE DE LA VIGNE DANS LA GIRONDE. 33 on compte que l’hectare revient a 10,000 fr. dans le canton le Pauillac. Mais ce renversement de terrain de fond en somble & la profondeur quel’on veut, facilite le mélange lu sous-sol avec le sol dans les proportions les plus favo- ‘ables a amélioration de la pitce de vigne, et par ce procédé on obtient du fruit plus tot que par les autres nodes de plantation usités dans la Gironde. Toutefois, mm croit avoir observé que la vigne avait moins de durée. Plantation, conduite des jeunes vignes; épo- gue des plantations. — On se sert au Médoc soit de jlants enracinés ou darbeaux, soit de simples boutures ; yn plante a toute époque, mais le plus souvent avant la pousse, en mars et avril. Les propriétaires qui n’em- ploient pas la méthode du renversement parce qu’elle serait trop cotiteuse, font défoncer les terres a 50 centi- netres a la pioche et ils plantent a la barre. (Voir Plan- ations.) Dans l'une comme dans l’autre méthode, les ants ont les yeux tournés dans le sens de la rege, et ils ont parfaitement alignés au cordeau. La plantation ter- ninée, on chausse les pieds a la charrue, aprés quoi on léchausse les plants légtrement afin de découvrir les veux qui doivent étre tres ras de terre. Palissage. — Dans les grands criis, on palisse des que a plantation est faite; dans les autres vers la quatritme mnée ; les dattés sont de jeunes pins de dix 4 douze ans jue l'on place horizontalement & une distance de 40 cen- metres du sol, contre des carrassons verlicaux en pin, n chataignier, etc. Ces carrassons ont 66 centimetres de ong; ils sont enfoncés dans la terre d’environ 26 centi- aetres. I] _y a un carrasson a chaque pied et un autre ntre : cela forme un espalier solide de 40 centimetres de auteur. (Voir sur_les planches la disposition des vignes u Médoc et de la taille). tAnetes y . Ne pt et ee Sepa Se ee ee 7 A ee 3 ony " — a + id ‘ 25 a ae 34 : CHAPITRE TROISIEME. == 4 Dans les trois premiéres années on donne six labours aux jeunes vignes, et on a toujours soin de déchausser le: plants apres le chaussage ala charrue, parce que les yeu; sont tres ras de terre. Pendant les trois premieres années on taille & deux yeux; apres la seconde, on peut liet Vaste & la latte, mais en supprimant les yeux de l’extré- mité; & la quatritme année et jusqu’a la huitieme, of continue & tailler 4 astes droites en ménageant toujour: la taille afin de laisser fortifier les racines. L’embranche: ment des bras est tenu tres ras du sol; lorsque la vigne est déchaussée, la fourche, dans les vignes jeunes, arrive habituellement juste au niveau du sol, et ne s’éléve pas: plus de 20 centimetres dans les vignes en rapport; le moyenne de la fourche se trouve & 15 centimetres en viron. Fil de fer. — Depuis quelques années, beaucoup di propriétaires ont supprimé les lattes et les ont remplacée: par des fils de fer soutenus et raidis 4 l’extrémité. Ce sys: tome de palissage tend a se propager de plus en plus pour ne pas géner les labours, on place le raidisseur é l’avant-dernier pied du rang; le dernier pied est palissi avec une latte. Taille de la vigne. — Epoque et systéme de taille — Les cépages qui forment le fond des vignes les plu célebres du Médoc, les cabernets, donnent plus de fruj avec la taille a long bois qu’avec la taille a cots. Les Médo quins ont pris l’habitude de les tailler 4 astes arquées ils cultivent également le merlot, le malbec et le peti verdot, qui se taillent ailleurs le plus souvent a cots € quwils taillent & astes droites, mais inclinées d’enviro 50 degrés. Les vignerons médoquins ont bien soin, pen dant les premiéres années de taille, de ne pas laisser d bras venir en fravers de la rege, parce que la charrue 0 i t Z G | CULTURE DE LA VIGNE DANS LA GIRONDE. 98 cabat qui déchausse les pieds casserait les bourgeons. Une fois la vigne en plein rapport, c’est-a-dire vers la huitiéme année, elle est établie avec astes arquées et liées de chaque coté de la latte ou du fil de fer ; dans les bonnes eraves, on laisse des astes de 40 centimetres de long de chaque cété, ayant six a huit bourgeons chacun; cette longueur est réduite dans les sols maigres, sableux, et selon la vigueur des pieds. La taille est également modi- iée eu égard a la végétation de l’année, car les vignes loivent étre tenues tres basses, et les vignerons sont souvent obligés de rabattre des bras qui s’éleveraient trop haut. Les vignes sont taillées a l’aide d'une serpe. Voir sur les planches les tailles du Médoc. A. Pieds en rapport (taille du cabernet). B. Tiret qui plus tard servira a remplacer un bras. C. Taille des malbec, verdot et merlot. Comme dans toutes les tailles on a de fruit que sur le hois franc, c’est-a-dire de l'année, et que la vigne ne doit lépasser que le moins possible les lattes, on est obligé de souper ou raccourcir souvent des bras devenus trop longs; 90ur ne pas perdre de récolte, les vignerons laissent des sots d’attente, qui, venus plus bas, les remplacent; ils aillent le petit verdot en éventail, avec quatre ou cing yourgeons seulement; le madbec et le merlot se taillent uinsi dans les terres maigres, mais dans les vignes fortes Is sont disposés & astes arquées A cing bourgeons. La taille se fait ala fin de l’automne, apres la chute des fariles: on choisit pour lier les astes ar quées un temps amide, afin d’éviter de les casser, ce qui arrive parfois ar un temps trop sec et trop froid. Le liage se fait avec du time non fendu appelé plion, et apres les gelées d’hiver, a courbure des astes dépasse les lattes ou fil de fer d’en- iron 10 centimetres au centre. Labours, — On donne ila vigne quatre labours a lé éharrue ; le premier labour se fait a la sortie de Vhiyer, avant la pousse, vers le mois de mars, la vigne étant déja liée. Pendant l’hiver, la vigne est chaussée d’enviror 2) centimetres de terre contre les ceps. Le premier labow rage se fait avec une araire attelée d'une paire de boeuf qui passent chacun dans une rege. L’araire, nommeée cabat, passe ras des pieds, les déchausse et rejette le terre au milieu, puis des femmes munies de sarcloirs en: leventles cavaillons, c’est-a-dire la terre qui est reste entre les pieds et que l’araire n’a pu atteindre. En avril une seconde charrue, différente de la premiere et nommée courbe, passe au milieu de la rege et re chausse les pieds de vigne. La charrue vigneronne de M. Bouilly, constructeur de machines agricoles, 50, che: min d’Ares, 2 Bordeaus, sert pour faire les dewx facons. apres avoir déchaussé, on la démonte et on y adapte le courbe. En mai, l’araire cabat déchausse encore les pieds, o1 sort de nouveau les cavaillons; cette facon est la plus déli cate parce que les tiges dela vigne, encore faibles, cassen souvent, étant accrochées par les animaux d’attelage, li 36 : - CHAPITRE TROISIEME. charrue, etc. En jullet on rechausse la vigne 4 la courbe. Apres ces facons on passse dans les vignes avant qui le raisin commence a& tourner et on enléve avec soll les herbes. Ebourgeonnement; épamprage et effeuillage __Des que les bourgeons sont sortis et que les mannes son bien formées, on ébourgeonne. Cette opération se fait ver le 45 mai; elle doit toujours étre terminée une quinzain de jours avant la floraison; elle consiste & enlever tous le jets et jeunes branches inutiles qui épuiseraient le ce} CULTURE DE LA VIGNE DANS LA GIRONDE. Tt sans porter de fruit. Apres la floraison on épampre : cette opération consiste a couper le bout des pousses des sar- ments; elle se fait une premiere fois vers la fin de juin; on la renouvelle dans le mois d’aotit, un peu avant que les raisins viennent & changer; dans les années pluvieuses on épampre plus qu’on ne le fait dans les années de séche- resse. L’effeuillage a pour but, dans les années chaudes, de donner del’air, une huitaine avant les vendanges, aux raisins cachés par les feuilles, sans trop les exposer a action du soleil ; dansles annés pluvieuses, on effeuille i plusieurs reprises et plus complétement. Demi-facons; remplacement des ceps morts; provins; greffe; chasse aux insectes ennemis dela vigne; maladies de la vigne. — Le rempla- cement des ceps morts se fait de deux maniéres : par des provins (voir Culture générale), ou par des barbeaux, c'est-a-dire des plants enracinés. Laculture est tres soignée dans les vignobles produisant les vins supérieurs. Vers|’époque des vendanges, le maitre vigneron failune inspection générale des pieds, 11 marque pour les greffer les pieds qui ont dégénéré, qui sont impro- ductifs, quoique ayant de la vigueur; il marque aussi les pieds morts ou dont la végétation chétive et rabougrie indique la pourriture des racines. Ongreffe en fente : la souche est coupée pres du sol; il yades vignerons qui coupenta 10 centimetres au-dessous, @autres 4 10 centimetres au-dessus et qui chaussent ensuite. La greffe en fente consiste a fendre le cep avec nn ciseau en forme de coin, plus large du cété extérieur, et sans déchirer l’écorce. On taille en coin un bout de sar- ‘ment qui a exactement la méme forme (I’écorce doit étre surtout coupée bien net), on met les deux écorces en con- tact et on ferme la fente pres de la greffe avec un mélange LR a eee Ms eas +i a5 38 CHAPITRE TROISIEME. de bouse de vache et d’argile. On peut encore, avec na grefforr ou gouge a greffer, pratiquer une rainure creuse sur le sujet, y mettre un greffon de méme grosseur, et Yon maintient le tout avec une ligature. Lorsque l’on ne veut pas couper les pieds on les taille comme a! ’ordinaire, et on grefle en approche; cette méthode, indiquée par M. Carriére, consiste & mettre une bouture en terre pres du sujet, auquel on a fait une rainure; on laisse 4 la bouture deux yeux en terre et deux yeux au-dessus de la greffe; la partie intérieure du greffon a l’écorce enlevée. On pince les extrémités des pousses de l’ancien pied afin de faire refouler la seve sur le greffon. En greffant ainsi on ne risque rien : si la greffe prend, on coupe le greffon sous la ligature et on enléve le plant, on rabat ensuite les anciens bras. Il faut une certaine pratique pour bien greffer; des vignerons habiles greffent par toutes Jes mé- thodes connues. Insectes ennemis de la vigne ; maladies. — On fait la chasse aux escargots a plusieurs reprises, au commence- ment dela pousse, en les faisant ramasser par des femmes et des enfants, ou bien encore en les faisant manger par. des troupes de canards que l’on conduit a cet effet dans lesreges. La vigne a aussi d’autres ennemts, tres-dificiles a détruire, notamment les chenilles, et surtout le phyl- loxéra, insecte microscopique, qui a commencé ses ravages dans la Gironde; mais le Médoc n’est pas encore sérieusement atteint; malheureusement jusqu’ici, a pari la submersion, procédé impraticable, on a cheréhé vaine- ment un reméde infailllble; on a conseillé divers insee- licides, des engrais puissants; les sulfo-carbonate, qui ont eu jusqu’a ce jour le plus de succes; la mort de la vigne peut étre ainsi retardée, mais le puceron finit loujours par dévorer les racines nouvelles. On a essayé de planter des vignes américaines, qui sont plus épargnées par l’in- 3 CULTURE DE LA VIGNE DANS LA GIRONDE. “39 secte; mais l'expérience a démontré que parmi ces es- peces il y en avait qui étaient également attaquées ; enoutre ces cépages, quiproviennent des vignes sauvages des especes Vitis labrusca, cordifolia, vulpina, etc., croissant spontanément en Amérique et dont ona obtenu par le choix des sujets, la culture et des semis, des variétés nouvelles de cépages, seraient difficiles & acclimater. Les yignes américaines ne produisent pas d’ailleurs des vins fins de la nature des notres; on peut s’en convaincre en faisant des vins avec le cépage appelé isabelle, introduit déja depuis quelques années et appartenant a l'espece Vitis labrusca : il miuvit difficilement, et le moat donne un liquide sucré dont le gott a beaucoup d’analogie avec le cassis. On a conseillé alors de greffer nos cépages fins sur Jes sujets américains quirésistentle mieux aux ravages de l'insecte. Lavigne d’Amérique ayant une écorce lisse, on avait des doutes sur la réussite. Toutefois les porte- -greffe d’Amérique ont bien pris racine : le greffage des cépages dela Vites vinifera d’ Europe prendsur les diverses variétés de Vitis américaine. Néanmoins, dans les grands eriis, ce ne sera qu’a la dernivre extrémité que l'on em- ploiera ce moyen, et sila Vitts vinifera ne pouvait plus -eroitre en France, l’avenir viticole serait gravement _ compromis. Quant a la maladie de la vigne Voidium, on a trouvé > | pour la combattre un reméde dont le Médoc se sert depuis longtemps : le soufrage, connu de tous les viti- culteurs, et qui consiste & répandre, au moyen dun soufflet spécial, de la poussiére de soufre sublimé sur les feuilles de la vigne. GRAVES. Composition du sol; situation; cépages et pro- duction moyenne. — Les graves des environs de Bor- s i fi Soe Nie 7 40 deaux sont de méme origine géologique que les plateaux du Médoc; leur composition varie sur les divers points, quoique offrant toujours le méme aspect général. Ainsia Pessac, le céleébre plateau connu sous Je nom de Brion, qui s’étend sur une partie de Talence, offre une grave rousse qui a plusieurs metres d’épaisseur sur le Haut- Brion, et qui renferme de la terre argileuse mélangée de petit sablon. Le Brion commence a Arlac, pres du ruis- seau du Peugue. On trouve un second plateau pres du méme ruisseau, apres le bourg, séparé du premier par des graves plus légeres et des sables; il renferme les vignes du Pape-Clément; plus haut, parmi les sables, commence un autre plateau d’une nature toute différente, qui, depuis le méme ruisseau, s’étend dans les landes jusqu’apres. Cestas; il est composé de petits cailloux trés blancs mé= langés de sable siliceux. A Léognan on trouve une terre légere de bruyére, mélangée de petite grave. En resumé, les graves sont des plateaux caillouteux, séparés. entre eux par des plaines de sable, des terres de diverses natures. Les vignes qui donnent les vins les plus distingués sont celles qui se trouvent dans les couches | de graves les plus épaisses et dans les situations les plus élevées, | ‘Les graves s’étendent au sud de Bordeaux, & environ 8 kilometres, et apres Léognan, 415 kilometres. On y cultive des cépages rouges. Dans un périmetre plus. éloigné, il y a encore des plateaux graveleux, mais ils | sont plantés en vigne blanche. , Les graves sont situées sous la latitude moyenne de 44 degrés 25 minutes. | Les cépages qui forment le fond des bonnes vignes — de graves sont les mémes que dansle Médoc; mais dans quelques localités et sous des noms différents, on. cultive : : ese. eee Sn OS TO f ts i - Ly he 2 A Sa oS oi : ' ete he 4 CULTURE DE LA VIGNE DANS LA GIRONDE. MA 41. La petite vidure sauvignone, nommée en Médoc cabernet-sauvignon. 2. La grosse vidure ou carbonet, nommée en Médoc cabernet. 3. Lestrangey ou mauzac, nommé en Médoc maléec. h. Le merlot, le petit verdot (en petite quantité). On trouve dans les vieilles vignes le dalowzat ou hourca, le cruchinet et le massoutet. La production, dans les fortes graves amendées et cultivées ila latte, est & peu pres la méme qu’en Médoc, soit deux tonneaux par hectare. Elle est beaucoup moindre dans celles qui ne recoivent que peu ou pas d@engrais, qui reposent sur des sables, et que ton ne peut tailler qu’a court bois. Les vins des hauts plateaux des graves, Pessac, Ta- lence, Gradignan, Léognan, sont trés estimés ; ils sont vendus au prix des bourgeois du Médoc, et les premiers ers atteignent les prix des premieres catégories; en général, ils ont plus de corps que ceux du Médoc, sont plus vifs; si leur seve et leur bouquet sont moins expan- sibles, en revanche ils durent trés longtemps et gagnent heaucoup en bouteilles. Cultures diverses. — Quelques propriétaires culti- vent leurs vignes comme dans le Médoc, & la latte, et les labourent a l’araire. Autrefois, on ne connaissait que Je crit du Pape-Clément, & Pessac, qui fit cultivé ainsi; les autres vignes de la commune étaient cultivées a bras ; mais depuis quelques années, la difficalté de trouver assez de vignerons pour pouvoir donner les fagons en temps utile, a obligé une partie des propriétaires & employer la charrue. Plusieurs cris distingués ont renouvelé leurs vignes et les cultivent d’aprés la méthode des Médoquins ; nous en avons déja parlé, seulement nous devons ajouter A CHAPITRE TROISIEME, que, pour cultiver ainsi, il faut voir soin d’amender et de fumer convenablement les terres, enfin de les préparer comme en Médoc. Ancienne culture. — A bras. — Apres avoir cultivé sur une terre légére des grains ou fourrages, on y répan- dait une couche de fumier. Toutefois, dans les graves, et surtout dans les propriétés cultivées & bras, ot il fallait acheter tous les engrais, on ne faisait ni fumure ni amen- dement; on défoncait légerement et on plantait a la barre (voir Culture générale), sur des lignes tirées au cordeau, ef a la distance de 1 métre 4 1™33° (4 pieds) entre les reges, et de 1 metre &1™33° entre chaque pied; ensuite on tail- lait la vigne a cots et on lui donnait trois facons : a la howe, ala béche, et sile terrain était trop fort, au puard. Ces facons se donnaient en mars, en mai et en juillet. On plan- tait au pied du cep un échalas sur lequel on liait les sar- ments avant de donner la derniére fagon; lorsque le cep avait plus de force, on lui laissait une aste ou bras; l’année d’ensuite, s'il avait de la vigueur, on soutenait ce bras avec un échalas et on taillait 4 cots. Quelques pieds tres vigou- reux avaient trois bras, mais le plus grand nombre n’en avaient que deux et souvent leurs sarments étaient réunis sur le méme échalas. Ces vignes s’épampraient en liant les sarments; elles étaient fumées tres rarement. Culture a la charrue. — Le terrain étant préparé, on tracait a la charrue les sillons de haut en bas de la pente, le plus profond possible, et ala distance d’environ 1"33°; on plantait a la barre et on entourait les boutures de fu- mier consommé, quel’on recouvrait de terre avec Ja chat- rue. La taille se faisait de méme 4 cots et les pampres étaient également retenues par un ou plusieurs échalas verticaux, mais placés sur la méme ligne & cause du labourage. “a Er eS a ao: ‘ ; ‘ CULTURE DE LA VIGNE DANS LA GIRONDE 43 Cultures nouvelles. — On a réalisé de grands per- fectionnements dans la culture des vignes de graves, mais il n'est pas possible de présenter une méthode unique pouvant étre adoptée uniformément dans les sols trés maigres, qui ne peuvent s’améliorer qu’a l’aide d’amen- dements bien compris et d’engrais soutenus. Dans ces terrains ingrats, on aurait beau gratter la terre et cultiver par les méthodes les plus parfaites, si on n’amendait ni ne fumait le sol, on obtiendrait des bois si chétifs que Yon aurait de la-peine & couvrir les frais de culture. Nous avons déja dit que plusieurs propriétaires culti- vaient ala médoquine. Sans suivre précisément le méme systeme, d’autres, apres avoir préparé le sol selon les divers procédés que nous avons décrits, cultivent leurs vignes a la charrue. Ces vignes sont espacées absolument comme celles du Médoc, a1 mbtre; elles sont maintenues, au lieu d’échalas, par deux rangées de fil de fer; le plus has est placé 4 environ 50 centimbétres de terre ; un second fil sert 4 attacher les pampres, il est fixé 4 la distance de 40 & 50 centimetres au-dessus du premier, ce qui forme ainsi un espalier; les pampres sont espacés le long de Yespalier, pour favoriser la maturation. Quelques proprié- taires font leur contre-espalier avec des pauz (jeunes pins). Quant a la taille, elle se fait le plus souvent a cots, surtout dans les sols maigres; on a essayé aussi la taille a cordon court et a palmettes. Spécimen des diverses tailles des graves (Voir la planche). A. Taille & cots, sarments réunis au méma échalas. B. Taille a cots, 4 deux bras, avec échalas verticaux. C. B. Taille a cots, établie sur fil de fer; pieds 4 deux bras. C. Méme taille avec cots de retour. D. Cordon & cots. E. Cordon 4 court bois. (Voirle chap. de l’explication des planches.) Ah | ‘CHAPITRE TROISIEME. — Ce systeme consiste & laisser le long du fil de fer un sarment de l'année précédente, et & rabattre sur le sar- ment ou branche a bois l’année suivante : c’est, avec le systtme des pincements, un des nouveaux genres de taille. Les attelages de beeufs sont disposés pour passer entre les reges et au-dessus des espaliers, qui ont environ 1 metre de hauteur. COTES. Composition du sol; situation, cépages et pro- duction moyenne. — Le sol des cétes, formé par la décomposition de la roche tertiaire, est constitué, dans le bassin de la Gironde, par des alternances diverses d’ar- giles, de marnes, de calcaires et de sables. II varie beau- coup : généralement les sommets tels que Saint-Emilion, les versants sud des coteaux qui longent la Garonne et la Dordogne, sont calcaires; dans le Blayais, les bords de la Gironde sont pierreux; plus éloignées de la rive, les terres sont sablonneuses ; les hauts plateaux du Bour- geais, calcaires sur le versant sud, sont argilo-calcaires sur le versant opposé; les terres de l’Entre-deux-Mers sont argilo-marneuses; d’autres sont argilo-graveleuses; les sables gras de Saint-Emilion reposent sur un fond (Vargile et de roches. Ces terres sont tres variées, mais nulle part on ne rencontre sur les hauts plateaux de bonnes terres labourables chargées d’humus et propres & la grande culture. Les cétes sont situées sous une lati- tude moyenne de 44 degrés 50 minutes; mais la consti- tution si variée des terres, bien plus que l’altitude, en modifie beaucoup les produits. Les vins supérieurs sont récoltés sur les coteaux exposés au sud et a sous-sol pierreux, comme les sommets de Saint-Emilion, Canon, lg NG pe ES eal eee hed ie eget Ne Les PT fee Lhe cna mead te ai IT ee ’ * pees : pnd fens ues rata: a ES ert, ‘ = = CULTURE DE LA VIGNE DANS LA GIRONDE. AD Bourg, etc., et les vins les plus communs, sur les terres froides des hauts plateaux de |’Entre-deux-Mers, a fond argilo-marneux. Les propriétaires des cétes ne cultivent ou ne plantent plus dans les bons cris que les cépages cultivés dans le Médoc, mais auxquels ils donnent des noms différents : Bouchet-sauvignon, cabernet-sauvignon en Médoc; v1- dure, bouchet, carmenet en Médoc; now de Pressac, teinturin, malbec en Médoc; merleau, prolongeau ou balouzat, petite chalosse noire. | Les ertis supérieurs ont en majorité de bons cépages sur un sol calcaire. Le malbec (teinturin), a Bourg, donne des vins tres fermes et beaucoup plus corsés que sur les graves légeres. La production varie beaucoup sur les cétes, selon les dispositions dusol et les pentes. En moyenne, onn’obtient sur des surfaces non accidentées, qu’environ deux ton- neaux par hectare. CULTURE. - Plantations sur les cétes a pente legere. — Apres avoir défoncé et égalisé la surface 4 une profondeur de 35 2 45 centimetres a bras d’ homme, les boutures sont plantées a la barre (voir Plantation) de 1 metre a 1"30° environ en ligne droite et espacées de 1"15°; on leur donne trois facons a la dbéche. La vigne est taillée a cots et est supportée par des échalas verticaux ; autrefois on les tenait beaucoup plus élevés qu’aujourd’hui. Cétes escarpées, plateaux prerreux. — Lorsquon a une cote tres escarpée ou pierreuse a metre en vigne, on forme, a l'aide des moellons qui encombrent la surface, de petits murs en pierres seches que l’on établit, selon la raideur X de la pente, a des distances plus ou moins grandes; on 46 a CHAPITRE TROISIEME. égalise ensuite les surfaces de ces étages en portant sui ceux qui sont trop nus les terres prises dans les excava- tions ou sur le plateau supérieur; ensuite on fait a la barre des trous de 50 centimetres que l’on élargit, et on coule dans ces trous une bouillie faite avec de la fiente de boeuf, de la vase délitée préalablement a lair, et de l'eau; la bouture est placée ensuite a 40 centimetres de pro- fondeur. Culture nouvelle. — Les cétes qui se cultivaient au- trefois exclusivement a bras, transforment aujourd’hui peu a peu leur culture sur les plateaux, et partout ou des accidents de terrain ne s’y opposent pas, beaucoup de proprictaires cultivent 4 la charrue, soit a rangs isolés, soit 4 joualles. On commence a ¢établir des vignes sur fils de fer dans le genre de celles qui existent dans les graves, ce qui en rendra la culture plus facile, car, en - beaucoup d’endroits, le manque de bras faisait négliger les facons. Les vignes des cétes ne sont pas fumées lors- que les sous-sols sont argilo-calcaires. Les sols calcaires et trop secs exigent les fumures. VIGNES BLANCHES. Genres de vins qu’elles donnent; nature du sol. — Les vignes blanches produisent, dans la Gironde: 1. Les excellents vins moelleux dits de Sauternes, ré- coltés 4 Sauternes, Barsac, Preignac et Bommes. A Sau- ternes et a Bommes, plateau de graves du Ciron, le sous- sol, argilo-calcaire, contient del’alios. A Preignac, et sur les hauts plateaux de Barsac, le sol des vignes est formé par la décomposition a l’air de pierres dures quartzeuses ou granitiques. ik iat . —_ a = 4G >. ? nf) anys 3 . ee eet - - BS 4 ‘ : : => Fates! CULTURE DE LA VIGNE DANS LA GIRONDE. AT 2. Les vins blancs de graves de Cérons a Villenave- ’Ornon et Blanquefort, graves légeres mélées de sables. 3. Les vins blancs de cotes, calcaires a sous-sol argileux. 4. Les Entre-deux-Mers, terres argilo-marneuses. Cépages. — Les grands vins moelleux de la premiere slasse ne sont produits que par trois cépages : le sawvi- gnon, le sémillon et la ravsinotte. Dans les graves on cultive les mémes espéces, mais 1 y a de plus le prueras, le blanc douzx, le rochalain, ete. Les cotes ont les mémes cépages, et la grosse chalosse. L’Entre-deux-Mers cultive l’enrageat et la blanquette. Grands vins; culture. — Les vignes blanches des crus supérieurs sont cultivées ala charrue; elles recot- vent, comme au Médoc, quatre facons, a peu pres de la méme maniere et aux mémes époques; elles sont a joual- les ou & rangs simples. Les bewufs passent ensemble au milieu de la joualle, qui a 2 metres de largeur. Les ceps sont placés 4 1 metre environ de distance en file. Pour planter, on creuse un sillon et on opere ala barre; quel- quefois on plante en fossés ou rowzllons. La taille se fait & cots et & astes, selon les variétés ; les vignes sont tenues avec des échalas verticaux longs de 2 mbtres. Dans les grands cris on ne tolere aucun arbre et les joualles ne sont employées a aucune culture. Cris ordinaires. — On cultive de la méme manitre, mais on utilise les joualles en y semant des céréales, des pommes de terre, etc. On laisse parm: les vignes des arbres fruitiers : péchers, cerisiers, etc. Cris inférieurs.— On forme des joualles ou de simples rangs. Les vignes sont taillées a cots et a cosse (voir les planches des tailles) le plus ras possible du sol; les joual- les sont labourées et utilisées pour d’autres produits; la 48 - CHAPITRE TROT vigne n’a ni échalas ni soutien; on ne s’occupe dell que pour la tailler et vendinuen elle produit abon- damment des vins de chaudiere ou d’opération. C’est ainsi que l’enrageat est traité dans la plupart des terres argilo-marneuses de |’Entre-deux-Mers. a PALUS. Composition du sol; situation; cépages et pro- duction moyenne; genre de vins produits. --- Les palus, ou terres d’alluvion, sont des dépdts de la Ga- ronne et de la Dordogne composés d’alumine et d’hu- mus. Lorsqu’elles ne sont pas mélangées et qu’elles ont été bien séchées et délités & lair, ce sont des terres de premier ordre, qui possedent en exces les éléments fer- tilisateurs qui manquent aux terres de graves. Le centre des palus est situé sous la latitude de 44 de- grés 50 minutes; leur altitude ne dépasse pas le niveau des hautes marées dans les nouvelles alluvions, et a tout au plus 1 métre dans les anciennes. Cépages. — Le cépage par excellence des palus est le petit verdot; mais pour qu'il y réussisse, il faut que les terres soient bien délitées, bien séchées. On ne peut obte- nir ces conditions que dans les anciennes alluvions. Si le sol est de formation trop récente, le bois a trop de séve, et les raisins de ce cépage, qui sont naturellement tardifs, ne peuvent parvenir a maturité. On cultive aussi deux au- tres variétés de verdots : le gros verdot etle verdot colon. Ces deux cépages sont également de maturité tardive; les vins qu’ils donnent sont inférieurs a celui du petit verdot ; ils sont moins fermes et moins fins en goit. — Les autres cépages cultivés sont : la petite et la grosse vrdure, en Médoc cabernet-sauvignon et gros carmenely le merlot et le malbec ou mauzac. $ —_ Sey SS a Ca ‘ou x bad / a CULTURE DE LA VIGNE DANS LA GIRONDE. ~ 49 Dans les bonnes palus, a part les verdots, on ne cultive jue les cépages du Médoc, les cabernets, le merlot et le nalbec; ces deux derniers cépages ne doivent pas do- miner dans les palus, parce que les vins en sont trop nous. Lorsque le terrain ne permet pas d’y planter le jetit verdot, le petit cabernet sauvignon et le gros carmenet le remplacent. Les propriétaires qui ne visent qu’a la quantité plan- ent de gros cépages, gros colon, folle-rouge, ete. La production des palus est trés variable parce qu’elle vest sujette a tous les fléaux : les gelées y sont fréquen- es, la coulure y est occasionnée par les brouillards; les asectes, les chenilles, les escargots, la dévorent; l’oé- um, la pourriture des racines par exces d’humidité et es inondations y sont fréquentes; aujourd’hui le phyl- oxéra les ravage, de sorte que la production, en moyenne, 1e sy éleve guere au-dessus de celle des cétes ; mais dans es bonnes terres, elle donne quatre tonneaux al’hectare. _ La qualité des vins de palus varie beaucoup, selon que ‘alluvion est ancienne ou récente ou & fond tourbeux et 1oyé, et aussi selon le choix des cépages et l’age des ienes. | Les meilleurs vins se récoltent sur les alluvions an- lennes des Queyries (pres de la cote) et de Bassens, dans es vieilles vignes ou le petit verdot domine. Rares et res recherchés dans les années chaudes, ces vins sont orsés, d'une couleur vive, moelleux, sans terroir, apres ans étre durs étant jeunes, et ils acquierent en vieillis- ant beaucoup de séve et un bouquet agréable tout en onservant leur moelleux. Les yins les plus communs se récoltent sur des allu- ions a fond tourbeux, avec des plantes jeunes et de gros épages. Ils sont mous, de couleur bleuatre, ayant un ‘out sauvage, de terroir et de rape; on ne peut les con- A. 4. 50 server, car en vieillissant ils perdent leur couleur e deviennent acres. Culture.— Culture ancienne. Plantation, préparatvoi du terrain. — Avant de planter, on s’assurait si la tern était assez seche a 30 centimetres au moins de profon deur; pour éviter l’exces d’humidité et hausser le sol, 01 creusait des fossés autour de la piece; ces fossés com muniquaient avec des rowilles ou petits fossés d’écoule ment établis dans le sens des reges et communiquan avec les grands; les rangs de vigne étaient espacés d 2 metres, et les pieds avaient entre eux la méme distance les rouilles, d'une largeur pareille dans les terres humi des, avaient au milieu un petit fossé d’écoulement plus 0 moins large et profond, selon la situation des terres deux rangs de vigne étaient plantés entre les rourlles Vespace de terre éleyée, compris entre deux rangs § nommait plantain. Le sol se trouvant ainsi préparé ¢ asséché, on travaillait la surface soit a bras, soit al charrue, et le plus souvent, avant de planter la vigne, 0 récoltait des céréales ou autres produits pour laissé sécher les terres fraichement remuées. Ensuite, apres u labour, on mettait des plants enracinés dits barbeaux,} plus souvent au printemps. Ces plantations se faisaient la barre, et & la profondeur de 30 centimetres seulemen’ on tassait bien la terre contre le pied et on mettait u tuteur a coté; les plants avaient deux yeux hors de tern Jamais on ne fumait les vignes des palus. La premiel année, on tenait la terre propre par des labours a bra, a la houe ou & la charrue; on taillait les plants & cou bois jusqu’a la troisieme année, et alors on commeng¢a a leur donner une forme. De grands et forts échalas ¢ 3 metres de haut étaient enfoncés solidement en tert un contre le pied et deux par cété, ala distance de 80 cel 4 a % sa i att rn Mg 5 ; 7 ce r- ie be : ery 7 ys ? hin : CULTURE DE LA VIGNE DANS LA GIRONDE. 51 . timetres. On commencait ensuite a régler la hauteur de la souche a 30 centimetres environ, et on dirigeait des bras en éventail sur les échalas de cdté; ces bras étaient liés a la hauteur de 1™30¢; un troisiéme bras se levait perpendiculairement et se liait 4 l’échalas central. A la premiere année de disposition, c’est-a-dire d’établisse- ment des trois bras, on avait soin de ne pas charger les branches-méres, et le plus souvent on ne formait que Péventail en supprimant les yeux de l’extrémité, ne lais- sant que deux bourgeons par branche. A cing ans les branches-méres étaient formées, le pied en avait alors trois, sur lesquelles vers le milieu, il y avait un cot, et entre ce cot et le pied une petite portion de faux-bois nommée crochet. Lorsque la vigne était en plein rapport, on laissait huit bourgeons aux branches-meres, six aux cots, et trois aux crochets, ce qui faisait cinquante bour- geons par pied, et si le pied était encore trop fougueux, on le domptait par de longs bois ou astes, des barbeaux ou provins provisoires, plusieurs bois d’un metre recour- bés en anneaux et allant en dehors des échalas. Dans leur vigueur, ces vignes recevaient trois facons ; lébourgeonnage, |’ épamprage, lachasse aux insectes, ete. , se faisaient comme aux vignes des cotes. Par l’ancienne taille et disposition, on ne pouvait ler les sarments que sur trois points, aux trois échalas de chaque pied, et dans les vignes tres fortes il était difficile d’éviter le tassement des raisins qui étaient tres génés et mirissaient diffici- lement. . Nouvelles cultures. — On évite les inconvénients dont nous venons de parler en formant des treillages. M. Laurent Martineau, qui écrivait en 1844 un petit traité de taille de la vigne, disait 4 ce sujet : » Nous recommandons un procédé qui s’accrédite de Daw - CHAPITRE TROISIEME. plus en plus, en raison des excellents effets qu ‘ila produis nous voulons parler des treillages, c’est-&-dire du system qui consiste a faire soutenir les vignes des palus par de échalas sur lesquels reposent des dations qui lient longi tudinalement chaque rang d’un bout al’autre. Ce procédé qui est déja fort répandu, présente des avantages incon testables, et nous avons lieu d’espérer que le temps n’es pas loin ot il sera généralement adopté. » Avec lui, en effet, on obtient environ un tiers de pro duit de plus, une maturité plus prompte, plus uniforme conséquemment une meilleure qualité. | » Ainsi, dans le systeme de taille équilatérale ou @ éventail, qui doit étre adopté de préférence dans les bonne terres végétales comme étant le plus productif, si le pieds sont disposés longitudinalement a 2 métres de dis tance, on devra donner aux branches-méres 80 centi metres d’extension; cela permettra de laisser sur chacun d’elles, indépendamment de celle du premier ordre don la nécessité est rigoureuse, plusieurs autres branche du deuxiéme et du troisiéme ordre arlistement dispo ées, et a des distances a peu pres égales. » | 4On peut, dans les palus, suivre tous les systemes d taille 4 long bois et a cots; aujourd’hui on y trouve le vignes établies de quatre maniéres différentes : 1° e cordons simples ou a deux bras; 2° en éventail; 3° € treillages; 4° a l’ancien systeme avec échalas isolés. Cordons (voir sur les planches les dispositions de ce tailles).— Lorsque le pied est assez vigoureux, on ploi un fort sarment sur le fil de fer, ips yeux dessni dessous (on coupe les yeux de dessatny on taille paru temps humide afin de mieux ployer le sarment dont le yeux seraient mal places; on l’assujettit ensuite sur ] fil de fer en ayant soin de ne pas laisser de bourgeon pres du coude ni sur la tige; aprés la premiére anné (a, = ie CULTURE DE LA VIGNE DANS LA GIRONDE. ~ Ha yn taille sur les cots dont on ébourgeonne les extrémités; ym ménage des crochets de retour pour pouvoir plus ard supprimer les astes trop allongées Eventail. — Modification du systéme ancien dont 10us avons parlé: les crochets ou cots de retour per- nettent de remplacer les branches-méres trop allongées. Nous avons yu dans de fortes palus, chez M. Lali- nan, pres la Souys, cultiver la vigne en cordons sur un imple fil, tres espacée, 4 5 metres, et la suspendre ides fils de fer fixes, établis sur de forts poteaux et des irbres, 4 2 métres de hauteur, De cette maniére le errain de dessous n’est pas engagé, on peut l’employer i nimporte quelle culture : en blé, en vime, etc.; on aille et on vendange, voila tout. C’est une maniére qui le s'est pas propagéc; elle se rattache a la culture en iautains, qui nest pratiquée dans la Gironde pour au- une espece de vigne; mais comme en définitive beau- oup de terres de ce genre sont employées a d’autres ultures, jai cru devoir signaler cette méthode, qui iourrait étre mise a profit dans certains cas, lorsque, iar exemple, les palus sont sujetfes a étre envahies par es eaux, et que l’on ne vise pas a la production de vins Vavenir. _ ‘Treillages. — On les établit dans les palus, avec des attons reliant les échalas verticaux, ou, au lieu de attons, avec des fils de fer. Ce dernier mode est préfé- able et tend a se propager de plus en plus, quel que oit le systéme de taille adopté : soit l’ancien, nommé ar les vignerons des palus taille a crucifix, soit en veniail ou palmettes, soit en cordons. Le fil de fer donne i facilité d’espacer et de lier régulitrement les branches fruit; les raisins, se trouvant ainsi plus aérés, mi- issent plus vite que lorsque les branches a fruit sont roupées contre des échalas verticaux. De plus, a part leur petit accntnades Speele ioe servir ais refuge au escargots, aux chenilles et aux insectes, tres nombret LX dans les palus, qui se logent sous les lattons, ses le ~ partie la plus voisine de 1|’échalas. 2 4% - aa ~ a) riat; aaa z ¥ . ie) Lan “ ‘ ; Me CULTURE DE LA VIGNE DANS LA BOURGOGNE. 5 ae CHAPITRE IV VIGNES DE LA BOURGOGNE ET DE LA COTE-D’OR. Nature de sol. — Situation. — Culture. — Plantations. — Labours. — Travaux divers ; taille; pratiques spéciales. — Vinification ; modes de fermentation employés en Bour- gogne dans le siécle dernier. — Vinification moderne. NATURE DE SOL. — SITUATION. — CEPAGES. Les vignobles de la Géte-d’Or ont une composition va- riable selon leur altitude. Dans un mémoire spécial, M. de Vergnette a donné plusieurs coupes de terrain, faisant connaitre tres nettement la nature géologique des montagnes ot sont situés ls principaux vignobles ; nous empruntons ace savant viticulteur, proprictaire de la contrée, les détails qui suivent : Le dépot tertiaire qui constitue la plaine et qui s’étend du Jura aux montagnes de la Cote-d’Or, est forme par des eailloux roulés, paraissant provenir des calcaires oolithi- ques; au-dessous on trouve des marnes argileuses, des argiles, et quelquefois des sables argileux; ces terrains tertiaires contournent les montagnes de la céte depuis Dijon jusqu’a Beaune, Meursault, etc. Ils s’appuient sur les étages de l’oolithe inférieure qui prennent plus de développement a mesure qu’on s’avance vers le Nord, et qui portent les vignobles de renom sur le versant qui regarde la plaine. Le sous-sol se divise en six classes : CHAPITRE QUATRIEME. 3 4 calcaires oolithiques, calcaires magnésiens, marne blan- che, alluvions al’entrée des vallées, alluvions de la plaine, terres argileuses de la plaine. Dans le tableau résumant les résultats des analyses d’échantillons des sous-sols faites par M. de Vergnette, on trouve que les calcaires oolithiques renferment 88 pour 100 de carbonate de chaux, et que les argiles sablonneuses en renferment au moins 55 pour 100. La plupart des grands certs de la céte reposent sur la formation oolithique; le sol est d’une couleur rouge foneé; il fait pate avec l’eau; ce sont des banes schisteux tres minces, facilement délitables, et dont les débris se mé- langent a la terre végétale. Voici le tableau de l’analyse des terres de la Bourgo- gne, d’aprés M. de Vergnette : LOCALITES. VOLNAY. | POMMARD. | VOLNAY, | POMMARD. | POMMARD. BEAUNE. re pee ae oT Tie Argile at » luvion Caleaire | Calcaire | Marne peers Alluvions| dela sabloune NATUKE DU SOUS-SOL, oolithique. | oolithique. | blanche. sien locales. | plaine. Be SSeS SSS SS ee | eee Gros etmenu dépot] 30.10] 29.15 | 19.81 | 29.07| 31.29 | 9.71] 52.34 Carbonte de chaux.| 12.95 (21S 17.20) 25 4 ie e 70 | 37.20] 9.60 Do de magnésie.| 3.98 eece ee: Oxyde de fer..... 12.72| 10.50 0 - | 3) Ss Adomine.<..... : 5.93 7.17 | 2 1s 34| 13. G5 | 29-15 15a Hoe See 28.93] 32.28 | 29.19 |33. 17) 20.92 | 18.21] 22.24 Matiéres organiq’s} 5.39] 3 » | 4.47] 2.21] 3.04] 5.73] 0.67 100,00}100.00} » » |100.00) 100,00) 100,00 —E Au-dessus des marnes blanches, la terre est d’un brun jaune avec de petits grains aveilene blanchatres ; elle forme également pate avec l’eau. a ; SS ea 2 as Lae A Ae er ee oe Tae Pee eae 5 ™ ~ hoe ¥ ¢; Fs oe SOA LER NS ie i ae : a: CULTURE DE LA VIGNE DANS LA BOURGOGNE. BE Sur les calcaires magnésiens, elle est peu profonde et légere, mais cependant encore grasse. La terre des alluvions de l’entrée des vallées est rouge noiratre, d’aspect ferrugineux; au-dessous se trouve un banc semi-argileux, tres mélangé de pierres. Dans la plaine, c’est une argile tertiaire de 60 centi- metres a 1 métre d’épaisseur; elle a une couleur jaune brun; elle est ocreuse, parsemée de petits grains plus clairs et plus durs. Les dépéts caillouteux sont a 48 centimetres de pro- fondeur; la terre de lasurface est mélangée de galets calcaires. Afin de compléter ces indications sur la nature des terres des vignobles bourguignons, nous trouvons, dans UAmpélographie francaise de M. Rendu, la composition du sol des trois vignobles célebres de Montrachet, Romanée-Conti et Chambertin. Nous les empruntons a cet important ouvrage. MATIERES CUNTENUES DANS LE SOL. MONTRACHET. | ROMANBE-CONTI,| CHAMBERTIN. BMESICALING soe he a bee vie a oles OTS 1.034 0.931 | Carbonate de chaux........... 1.752 7.934 2.127 ESS ae 0.821 0.987 2.298 Miedcidefer..:....¢......-.-| 9.349 | .7.392 | 2.961 mAcide phosphorique........... 0.321 0.257 0.235 i. ce cun| 3.672,| 32476 | 2.063 Weeilice soluble............++0+% 0.567 0.871 0.110 Matiére organique............- 2,034 Crial® 1.973 | Résidus insolubles............ 80.511 | 75.264 | 89.302 100.060 | 100.000 | 100.000 58 _- CHAPITRE p QUATRIBME. La Bourgogne est située entre le 46° et le 47° deene de latitude; éloignée des mers, les hivers y sont plus froids et les étés plus chauds et plus secs que dans les pays maritimes qui, comme les cétes de Bretagne, sont placés sous la méme latitude; en d’autres termes, sa tempéra- ture est celle d’un climat continental. La Bourgogne ne cultive que deux cépages fins : le noirien ou pinot rouge, et le nowrten ou pinot blanc; dans les cris inférieurs on ne plante que des gamets, qui comptent de nombreuses variétés. | Culture. — Les vignes de la Bourgogne ne se renou- vellent que par le provignage : on n’arrache pas les vieilles vignes. Voici & ce sujet ce qu’on vigneron praticien de ce pays, M. C. Garnier, écrit & propos des provins ; « C’est le meilleur ouvrage que l’on puisse faire que de creuser des provins dans les vignes : cela contribue beaucoup & leur réussite; quand on reste plus de deux ans sans en faire, elles sont bientOt abattues. Il faut que les ceps soient renouvelés, sans cela ils deviennent trop gros et sont susceptibles de dégénérer, et, par suite, de périr par la gelée. Il y a des vignes que l’on n’a jamais vu planter, dont on connait a peine l’origine, et qui ont peut-étre plus de mille ans; sion n’y avait pas fait de provins pour les rajeunir, que seraient-elles devenues? les ceps seraient presque tous morts, surtout dans la partie qui est hors de terre, et ils auraient végété dans le pied, sans presque jamais produire de raisins, parce quils dégénéreraient presque toujours, et les raisins qui seraient venus eussent été de peu de valeur: ils seraient devenus de plus en plus inférieurs. Oui, c’est en renou- velant les ceps qu'on les améliore. Les vignes dont on ne connait pas l’origine, celles qui sont bien cultivées, n’ont pas un cep qui ait plus de vingt-cing ans; mais ceei oa the > : 5 ; a Me , - “y CULTURE DELA VIGNE DANS LA BOURGOGNE. 59 lépend beaucoup de la force du terrain. Dans les forts errains, ils résistent plus longtemps que dans un terrain petit; plus le terrain est maigre et plus il est au Nord, plus on doit renouveler les ceps : point de provins, point Je bons cultivateurs vignerons; point de provins, peu de revenus. C’est la régénération des ceps qui est l’Ame de ’amélioration des plants; plus on recouche un cep, plus il est bon; c’est la source de l’abondance des vignes. Outre que les terrains ont besoin que l’on fasse plus de | provins dans les uns que dans les autres, les plants y contribuent aussi. Il y a des plants qui en nécessitent davantage pour bien produire. Dans le noirien rouge ‘ninot), on ne doit pas en faire plus de 35 par owvrée et par an (l’ouvrée contient 1.000 pieds environ); dans le nowzen blanc, 25; dans le gamet, 39. » Dans le nozrien rouge, les provins valent mieux que dans les autres plants. I] est beaucoup plus utile d’en faire davantage, parce que les jewnesses y sont meilleures. Pour qu’une vigne de pinot pousse beaucoup en raisins, il faut qu’elle soit de jeunesses. Les vieux ceps y dégé- nerent aussi plus vite que dans les autres plants, et souvent restent des années en chomage, c’est-a-dire sans rien produire. Aussitot que les pznots sont un peu vieux, les ceps ne donnent plus autant de raisins, et ceux-ci sont plus petits. Cependant, quand les vignes sont bien entretenues, il y a de vieux ceps qui sont également bons ». Ainsi, les Bourguignons ne renouvellent pas leurs vi- gnes de pinots; ils provignent constamment, de maniére an/avoir que des jeunesses, comme ‘disent leurs vi- enerons. Les coteaux les mieux exposés sont garnis de eépages fins dont Ja plantation primitive est tres an- cienne, et l’on ne plante dans les plaines que des cépages communs, des gamets, qui se renouvellent. Du reste, la Sey RS BY SD. aes ee a Pere eo 60 . -- CHAPITRE QUATRIEME. plantation des uns ou des autres plants se fait de la méme maniere. 3 Plantations. — Lorsqu’une vigne de gamets a été arrachée, on cultive a sa place du sainfoin sur les terres maigres, du trefle sur les terres fortes; on continue ainsi ordinairement pendant six ans; ensuite on pose des jalons pour tracer les tranchées ou fosses séparées ou l’on doit mettre les plants. Les tranchées sont tracées perpendi- culairement, selon la plus grande pente du sol, a une largeur de 180° 4 1"60° entre elles; on les creuse d’un bout a l’autre de 30 centimetres de profondeur sur 35 centimetres de largeur dans les terres fortes, et de 35 centimetres de profondeur en terres légéres; on*se sert de plants enracinés, on rafraichit le bout des racines, et on les couche en les coudant de toute la largeur de la fosse, au fond des fossés, distancés de 80 centimetres. On ne plante pas droit, parce que ces plants doivent fournir des provins pour garnir le milieu de l’espace qui sépare un rang de Il’autre, ce qui formera plus tard une plantation en quinconce espacée de 80 centimetres entre chaque pied. On ne provigne ces plants que lorsqu ils sont assez forts, que la végélation en est vigoureuse, de crainte qu’ils ne se déracinent; apres avoir fixé le plant dans la fosse, on y met l’engrais et on finit de garnir les tranchées avec la terre que l’on y rabat; on laisse aux plants deux yeux hors de terre comme partout. Par cette méthode, qui est applicable aux plantations de pinots et de gamets, il faut, apres plusieurs années d’attente, pro- vigner tous les plants pour garnir le rang; quelques viticulteurs préferent garnir de suite; ils operent ainsi < ils creusent une tranchée de 2 pieds (66 centimetres), et ils laissent un ados de terre de méme largeur sans y tou- cher; ils mettent deux rangs de plants dans la tranchée, t . hele et at wl a oe i oe wore, * = OF > -» -~ _”. Lo _—_ = ny . » 32 ¥ se 3 “ : # id p~ * oh "Se : ’ 3 ° = CULTURE DE LA VIGNE DANS LA BOURGOGNE. 61 un d'un cété et l'autre de l'autre; mais pas en face, entre- eroisés, pour que les racines soient moins pres les unes des autres; ils jettent ensuite les engrais dans la tranchée, et ils couvrent; de cette facon, ils ont de suite une vigne garnie de plants espacés de 66 centimetres les uns des autres en tous sens. On ne plante ainsi que les gamets. On plante encore d’une autre manitre : aux /ichets; c'est tout simplement Ja plantation a la darre. On se sert d’un gros morceau de bois pointu et ferré d'un bout, et de la longueur de 4 pieds; on place les plants debout, mais plus profond que lorsqu’on les coude : ils ont 70 centimetres environ en terre, afin que lorsque lon provignera ils ne soient pas: arrachés; les plants sont placés en quinconce, a 80 centimetres de distance. On ne plante ainsi que dans les bonnes terres végétales, jamais sur la marne ou en terres froides. Labours. — Les vignes se travaillent généralement a bras. A la fin de mars on béche. (Les vignerons bour- guignons appellent cette opération borcher ; ils emploient encore d’autres termes locaux que nous écrivons en ca- racteres italiques). On se sert pour cela de divers outils ‘appropriés au terrain : la meigle sert pour les terres lé- seres, la pioche a dents pour les terrains pierreux; dans les gros terrains de terre blanche, on se sert du /fessou. Les labours se font peu profondément: 9 centimetres en moyenne, parce que les terres des vignes sont sillonnées en tous sens par un tissu inextricable de racines prove- nant des provignages fréquents soit simples, soit de vieux pieds couchés en entier, d’un grand nombre de provins provisoires, des chevolées, destinées aformer des provins Tannée suivante, et qui ne sont couchés qua 412 centi- ‘metres environ de profondeur. Les provins, selon que le terrain est léger et chaud, ou fort et froid, se font le plus souvent 4 la profondeur de la plantation, qui varie de 30 440 centimétres; en travaillant, on ménage toutes ce; racines. Le deuxieme labour, refwment, refuer, se donnk du 10 maiau commencement de juin. Une troisiéme facon, retierce, bener, se donne entre juin et juillet. Un secone retiercage se donne dans les vignes ot il pousse beau. coup d’herbe. Vers la fin d’aott, a la fin de Vhiver, ée avant la taille, on déchausse légevrement les pieds. Travaux divers. — Taille. — Les vignes se taillen de deux manitres, selon que l’on cultive les plants fin pinots, ou les gamets. A cause des gelées printaniéres, or taille le plus souvent un peu avant la pousse, du 15 f6 vrier & fin mars. Les pinots blancs ou rouges se tailleni de la méme manitre, & long bois; on se servait de k serpe partout, avant que les sécateurs fussent répandus: on emploie aujourd’huiles deux instruments. Voici ce qui dit 4 ce sujet M. Garnier, vigneron du pays : « Pour bier tailler les bons vins, il faut couper tous les brins de sar. ment qui sont le long du cep,.et les couper bien propre ment, afin qu’ils ne repoussent pas; on doit les coupe jusqu’au cep afin qu’ils ne fassent point de nceuds, mai: sans endommager I’écorce; il faut toujours laisser, pom faire la taille, le brin de sarment qui a le plus de force qui est le plus gros et le plus droit. On doit laisser autan' que possible le premier brin de sarment du cep, car géné ralement c’est toujours celui qui pousse le plus en raisins surtout dans le blanc, et au moins le cep est plus droit. I faut toujours I’étendre le plus que l’on peut sur la terre. pour le faire lier contre le pesseau (échalas), afin que le: raisins murissent mieux. Dans le brin de sarment qui l'on laisse pour faire la taille, on doit aussi laisser deus ou trois neeuds, et trois ou quatre boutons par taille, s’ils ne sont pas trop éloignés; c’est suivant la force qu’ont les t ys wer: « o Pat ely > oe i or a ee ae | i | CULTURE DE LA VIGNE DANS LA BOURGOGNE. — 63— seps. Il convient également de faire attention de ne pas les étendre trop vite. Ils deviendraient trop fluets, fini- raient par ne plus pousser avec force, et produiraient trés peu de raisins; il ne faut pas non plus tailler trop court, parce que les ceps deviendraient trop gros et on ne pour- rait pas les étendre pour les lier aux pesseauz. Quand ils sont par trop gros, ils arrachent les pesseaux auquels ils sont liés, et la taille leve en lair; alors les raisins ne pro- fitent jamais si bien. Enfin on doit tailler a proportion de la force du cep, pour qu’ils ne deviennent ni trop gros ni trop fluets; car ils ne vaudraient pas ce qu’ils devraient valoir. J’en ai fait l’essai : j’ai vu de jeunes ceps qui avaient beaucoup de force; j'ai voulu les étendre trop vite en les taillant un peu grands, alors ils devenaient tout a fait fluets et dépérisgaient; ils s’étaient e/forcés et végétaient des lors comme s‘ils avaient eu le hoquet, parce que la nature des terrains délicats ne peut pas pro- duire plus que sa force ne le permet. Dans les bons vins, s'ils ont assez de force pour qu’on puisse laisser plusieurs tailles sur le méme cep, on doit leur faire prendre nais- sance, autant que possible, pres de la terre; car, sans cela, ils ne réussiraient pas bien. Il faut les éloigner les uns des autres le plus que l’on peut, afin que les tailles ne solent pas si proches les unes des autres, de manibre & pouvoir mettre un pesseau contre chaque taille, car si on les liait ‘contre le méme pesseau, ils se gateraient les uns les autres. » Quand les ceps deviennent trop longs, on les étend les uns sur les autres, en les proportionnant autant que Yon peut, suivant Ja longueur: car il résulte quelquefois de leur inégalité qu’ils se trouvent les uns contre les au- tres; cela produit un mauvais effet; il y en a quelquefois qui tombent sur les jeunesses; il faut avec soin les dé- tourner, parce qu’ils gateraient les autres. On en ren- contre également qui sont tres longs et d’autres tras courts; ce qui fait un mélange ou bien souvent on n’y comprend rien, La longueur ordinaire des ceps de bon vin est de.60 4 80 centimetres, selon la force du terrain. Quand le terrain est faible, les ceps ne peuvent pas réussir; si on les laisse devenir trop longs, la gelée les fait périr; mais quand il est fort, ils deviennent plus ro- bustes, et résistent mieux aux intempéries de lair. _ » La taille des gamets differe; on ne les étend pas sm la terre comme les pinots, ils sont laissés droits ; on maine tient les pieds pres de la terre 4 20 centimetres environ a partir du vieux bois, on leur laisse deux ou trois tailles écartées de 15 centimetres environ, sur lesquelles on taille & cots et dont on réunit les pampres avec le méme échalas. Lorsque ces tailles s’élévent au-dessus de 40 centimetres, a partir du vieux bois, on les rabat sur des gourmands venus sur les pieds; c’est la taille a cots pratiquée dans une foule de vignobles. » Pratiques spéciales. — Les pesseaux ou échalas ne sé laissent pas en place, i’demeure, comme dans les vigno- bles du Midi; on est dons l’habitude de les sortir des vi- gnes apres les vendanges. Ainsi, on dépesséle, et on at guise ensuite les pesseaur pour pesseler avant le deuxieme labour. Les échalas ont une longueur moyenne de 1™60°, et on les enfonce dans la terre de 15 centimetres environ; ensuite on lie les tailles de la vigne contre les pesseaux : on se sert pour cela de chanvre et de glu (paillon tressé expres). Cette facon doit se faire ayant que les pousses soient trop développées. Aujourd’hui on trouve dans la Cote-d’Or des vignes établies sur fil de fer, avec des beauxhommes servant A les soutenir. Les lignes de fil de fer sont placées a di- verses hauteurs, selon le genre de vigne que l’on cultiye; pour la culture des pinots, on établit le premier fil de EM SP ees Be ay) | Oe eS | CULTURE DE LA VIGNE DANS LA BOURGOGNE, 65 Biss de terre, 4 010°; on le laisse & 0™30° pour les jamets. On place a égale distance un ou deux autres fil w-dessus. Cette installation est, comme partout, établie idemeure. Lorsque les vignes sont tres fougueuses on fait, a la néme époque que les provins, a la fin de l’hiver, des hevolées ou provins provisoires. Le vigneron du pays que ious avons déja cité dit a ce sujet : « Ilne faut faire de chevolées que daus les gros terrains u on ne peut pas arréter la force de la vigne; outre les ailles ordinaires, on y laisse des brins de sarment en roportion de la vigueur du pied, pour en arréter la oree, et c'est le vrai moyen pour qu’elle ne se porte pas ans le bois et qu’on ait davantage de fruit, parce que ouvent, dans ces forts terrains, la vigne est si fougueuse welle est sujette ane donner que peu de raisins, ou bien es raisins tout & fait melerards. C’est la vraie maniere e traiter les vignes qui sont par trop vigoureuses. (On emploie dans les riches palus de la Gironde.) _» Mais si le terrain est léger, délicat, si la vigne a beau- oup de force, il ne faut pas laisser de chevolées, lors 1éme qu'elle serait jeune et vigoureuse, parce que cela e dure que quelques années et que la vigne serait bientot battue ; cela ne convient pas partout. Ona vu des vignes e bon grain, tres vigoureuses, plantées dans des terrains’ élicats et traitées dans ce genre, étre bientdt arrétées; my en a pas eu pour longtemps. Il a fallu les traiter oymme les autres vignes qui étaient plantées dans de etits terrains; il a méme fallu beaucoup de temps pour ‘Sramener a im force des autres. » Il arrive quelquefois, quand le terrain a été bien ‘eparé et bien reposé, que les jeunes plantes poussent baucoup en force : ce n’est pas une raison pour les ouiser, de les tailler grandes, de les chevoler, ete. yao 66 GHAPITRE QUATRIEME. » Quand le terrain est léger et que la vigne a beaucoup de force, on doit toujours les entretenir régulizrement sans les faire efforcer, parce qu’elles s’en re essentiraient tres longtemps. » Les vignes s’accolent vers le 15 juin : cette. opératidl consiste & attacher les pampres contre les échalas, et en méme temps on détruit les bourgeons inutiles, surtout sur les pinots. On laisse toujours aux gamets des pousses basses qui sont parfois utiles pour établir une taille plus pres du sol. Au commencement de juillet, on épampre les extré- mités des sarments, et lorsque les raisins tournent on visite les vignes et on fait un deuxieme épamprage avant les vendanges. En résumé, on donne quatre la- hours, on Joiche fin mars, on refwe courant mai, et on fait deux retiercages, le premier fin juin, le deuxieme en aotit; et deux demi-facons : une pour déchausser, avant la taille, et l'autre pour désherber, avant les vendonia en outre, on ébourgeonne et on épampre. Le rene Uecien des vieilles vignes de pnots ne se fait, comme nous l’avons déja dit, que par le provignage. On y est tres sobre d’engrais, surtout d’engrais trop actifs. On soutient Jes vignes maigres par des fumiers ou plutét des composts fermentés a ’avance et composés d’une couche de terre et de fumier, ou par des plantes et produits végétaux enfoncés en verts, des marcs, enfin des amendements. Les vignes de gamets sont beaucoup plus fumées, sur- tout lorsqu’elles sont plantées & deux rangs, dans des terres peu fertiles; on les soutient par des fumures fré- quentes. Vinification. — La Bourgogne emploie, dans la vini- fication de ses vins fins de pinots, des pratiques spéciales; a —— Se. we hd * y a aS eal -~v eee 12 2 PF ty _ >. oe ty y 7 5 r wt A, : . . i ¥. - . . Ss 4 “ ‘ boas ‘ a : ¢ CULTURE DE-LA VIGNE DANS LA BOURGOGNE. 67 on mode de foulage réitéré, fait dans les cuves en fer- nentation par des hommes nus, date de tres longtemps. ‘I parait avoir été adopté a cause de la basse température les vendanges dans les années de maturité tardive, dans e but d’opérer plus promptement la dissolution de la ‘ouleur et afin d’accélérer la fermentation, qui, par un emps froid, serait trop languissante; elle était d’ailleurs ndispensable a une époque ow |’on vidait directement lans la cuve, sans les égrapper, les raisins sortant de la igne. Les pratiques usitées dans le dernier siecle en sourgogne different de celles que l’on emploie aujour- Vhui : autrefois les Bourguignons employaient, pour inifier leurs vins fins de pinots rowges, un procédé mixte : part diverses opérations de foulage, dont nous parle- ons plus loin, ils ne laissaient pas terminer la fermen- ation tumultueuse en cuve; apres avoir fermenté a noiLié, la cuve était tirée, le marc pressé, et le vin de uve et celui de presse (sauf la derniére serre), étaient nélangés et mis en fits, ot se terminait la fermentation. M. de Vergnette-Lamothe, savant viticulteur de la sjourgogne, a trouvé, dans un vieux manuscrit écrit il ya ent cinquante ans, des détails précis sur les deux syste- nes usités dans le siecle dernier pour récolter et faire ermenter la vendange, et surles soins & donner aux vins le fins pinots de Bourgogne. Il les a copiés textuellement t publiés dans son livre, /e Vin. Nous les lui emprun- ons et ferons observer qu’il n’est question que des vignes lantées en pinots rouges, et parmi lesquelles, a cette poque, il y avait d’un huiti#me a un dixiéme de pinots lancs que l'on vendangeait ensemble. Voici le texte du leux manuscrit : « Il est spécialement recommandé aux vendangeurs - Voter du raisin tout ce qui pourrait nuire a la qualité du ‘in : les grains secs, pourris, trop verts, s’il s’en trouve; 68. CHAPITRE Starke les petits insectes sont écartés soigneusement. Le raisin doit étre Foupe court ; le suc amer de la queue ne pourrait produire qu'un mauvais effet dans la fermentation qui se fait dans la cuve... Il n’y a que la pluie qui puisse faire cesser cet ouvrage; les vendangeurs retournent ala vigne dés qu’elle est stche... Rien de st pressé que la récolte des qu elle est commencée. » La vendange finie, le vigneron met de niveau les raisins qui sont dans la cuve, qu'on ne doit jamais rem- plir qu’a un demi pied du bord. C’est tout ce qu'il faut dans ce moment. » Le lendemain de grand matin i] commence 4 fouler le raisin, 4 qui il trouve déja quelque chaleur, plus ou moins considérable, si ona vendangé par un soleil plus ou moins ardent. Pour cette opération de foulée, il entre nu dans la cuve. Il perce avec peine jusqu’au fond. II la par- court; bientét le raisin brisé répand sa liqueur, 1] va plus librement. Sa foulée n’est plus embarrassée. Il faut une ou deux heures de cet exercice si la cuve contient 20 125 pieces (45 a 57 hectolitres, les pitces bourgui- gnonnes étant d’une contenance semblable aux barriques bordelaises, 228 litres. Ces cuves étant plus larges que hautes, le niveau de la vendange ne dépassait pas le cou du fouleur). » Apres cette premitre foulée, la cuve commence a s échauffer; il s’éléve un petit bouillon d’écume qui sur- nage les raisins. La liqueur au-dessous se met en mou- vement; les raisins s’élevent & mesure que la chaleur pe eite et viennent jusqu’au bord de la cuve. Le milieu est souvent plus élevé. Cette chaleur, qui se porte partout, divise les petits vaisseaux du mucilage; il n’a plus de con- sistance. La liqueur, dégagée de ses petites cellules, se méle avec la substance rouge qui était enfermée dans le tissu de l’enveloppe du grain, brisée par la foulée et la a. é ‘ ss hs % z Sree >» CULTURE DE LA VIGNE DANS LA BOURGOGNE. 69 fermentation; elle prend ce brillant vermeil dont les nuances s augmentent de plus en plus 4 mesure du degré de chaleur. | | » On laisse dans cet état la cuvée pendant trois ou qua- tre heures, quelquefois moins, quelquefois plus. Pour connaitre l’effet de la fermentation, on fait une ouver- ture en séparant les raisins qui ont monté. C’est alors, quand on approche de la liqueur, qu’on la voit s’échap- per avec force; elle est surmontée d’une écume qui se présente a gros bouillons. On va chercher au bas de cette écume la liqueur dans une tasse. Sz elle est @un beau rouge portant une odeur vive et pénétrante, cen est assez; on tire les rarsins de la cuve pour étre porté sur le pressoir préparé proprement. On passe sur ces raisins la liqueur qu’on y porte également. » Sile vin n’a pas la couleur et autres qualités susdites, le vigneron foule la cuvée une seconde fois... L’ouver- ture faite, il s’agite comme la premitre fois, il la par- court deux ou trois fois, il se retire; ila soin, au moment oil fait ouverture, de tenir la téte hors de la cuve, car le spiritueux qui s’en exhale dans ces premiers moments tue a linstant le malavisé. » Cette seconde foulée augmente et la chaleur et la couleur. L’écume devient plus abondante; elle surnage partout ; quelquefois elle se répand hors des bords de la cuve; lenveloppe du grain qui a déchargé toute sa cou- leur rouge n’a plus qu’une couleur pale. L’agitation de la cuvée annonce qu’il faut la porter sur le pressoir. _ » J'ai dit ci-devant qu’on y portait aussi la liqueur. I y a des personnes qui la tirent par un gros robinet placé au bas de la cuve; elles prétendent que le vin en a moins de lie; et en effet cette liqueur, en s’écoulant, se filtre a travers les grappes et les enveloppes des grains qui lui servent de rape. Elle dépose sur les unes et les autres les — - Vn ge SO eee eu Vie Pe Pe er an _ 70 . parties les plus grossitres. Aussi est-elle presque aw clair. Mais aussi il est vrai qu’elle prend plus de rouge lorsqu’elle est portée sur le pressoir par la foulée qui s'y fait au fur et & mesure qu’on y apporte les raisins, » Voici une autre méthode de faconner le vin dans la cuve. Ceux qui prétendent que la fermentation du raisin dans la cuve n’est pas nécessaire, disent pour autoriser leur systeme qu'elle cause une trop grande évaporation des parties spiritueuses, que celle du vin dans le tonneau doit lui suffire, et qu'il faut dégager le vin de la grappe qui peut lui donner de l’amertume ou de l’acreté, et de lenveloppe du grain dont il n’a pas besoin pour prendre _de la couleur. Cette méthode donne un vin plus frane, plus moelleux, plus vif et enfin plus odorant. » Voici la méthode des partisans de ce systeme pour faconner leur vin : » Le lendemain de la vendange, ils font entrer dans la cuve un homme fort et vigoureux, et méme deux si la cuve est grande. Ceuz-ci agitent, remuent le raisin; us le foulent partout, en tous sens. Il ne tient pas a eux quils ne puissent écraser chaque grain en particulier. Ce travail dure quatre ow cing heures. Ils ne sortent de la cuve que lorsque tout le raisin est en liqueur. » Lorsque les raisins sont élevés au-dessus de la liqueur, ils font mettre sur le pressoir. » D’autres fois, sila vendange est froide, ils font fouler le raisin & mesure qu’on l’apporte des vignes, et le len- demain de la vendange ils font mettre sur le pressoir. » Cependant il est bon d’observer ici que tout ce que jai dit ci-dessus touchant les deux méthodes de faconner le vin dans la cuve ne doit s’entendre que pour les an- nées chaudes; car si l'année ou le temps de Ja vendange a été pluvieux ou froid, ou méme si une gelée blanche a précédé le temps de la vendange, il arrive que les raisins CULTURE DE LA VIGNE DANS LA BOURGOGNE. TA fermentent peu ou point dans la cuve; au liew de douze a quinze heures qu’on les laisse dans la cuve, on les y laisse plus longtemps; cela ira a ¢rente-six heures ; au lieu de deux foulées il y en aura trois. Les gelées, principa- lement, empéchent la couleur, et quoique belle et bien foncée dans le temps du pressurage, elle sera affaiblie apres la fermentation du vin dans le tonneau. » Le vin est fait en trois bonnes serrées ou pressu- rages. Si on en fait une quatriéme, le vin qu’elle donne nest point mélé a celui des trois premiers; l’action du pressoir lui donne une dureté et un gout d’acreté qui nuiraient au premier vin. » L’article essentiel consiste a faire un mélange exact du vin des trois premitres serrées avant de le mettre au tonneau. C’est dans des cuveaux ou rondeaux placés au- devant du pressoir que se fait le mélange. Il est impor- tant que tout le vin d’une méme cuvée soit d’une méme qualité et d’une méme couleur. Le vin de la seconde serre a quelques nuances de plus que celui de la premiere; la troisieme également plus que les deux premitres. » Il est & remarquer que le moiit qui sort de la cuve et dela premiére serre pourrait suffire pour remplir chaque tonneau aux deux tiers. La deuxieme et la troisitme doivent les remplir. » Si on a vendangé par un temps chaud, le mout, dans le moment qu il est fait, se charge d’une écume X épaisse. Elle s’éleve dans les rondeaux quelquefois a la hauteur de six & huit pouces. C’est pour cette raison quil ne faut pas remplir les tonneaux jusqu’a leur ou- verture; |’écume qui s’y présente avertit qu’il ne faut pas mettre du vin davantage. Souvent méme il ne faut pas attendre cet avertissement. Il y a des années ot les tonneaux remplis aux trois quarts commencent a pousser Técume. IJ] faut attendre que cette premiere fougue soit aw ate. 4 ye ee tbe fee CHAPITRE QUATRIEME. = == = passée pour mettre de nouveau du vin, et toujours ayee la méme précaution; on s’exposerait autrement a en perdre considérablement. * » Les tonneaux étant remplis, il ne reste plus qu’a re- connaitre s’ils coulent ou sur les fonds ou sur les cétés, pour y porter promptement reméde. On ne se sert en Bourgogne que de tonneaux d’un bois neuf de chéne. I] serait dangereux d’employer des tonneaux ou il y aurait eu ci-devant du vin, a cause de l’ancienne lie ou du tartre qui s’attache aux parois des douves. Le vin nou- veau aurait bientét pris le goiit de vieille lie. » On les laisse ainsi pendant douze ou quinze heures, On remplit les tonneaux du méme yin de la cuvée. Ge remplissage se fait deux ou trois fois par jour, et autant de temps qu’il ne discontinue pas de jeter la grosse lie, Cela peut durer trois ou quatre jours. z » Lorsqu’il en est débarrassé, il se trouve chaud suffi- samment pour communiquer au bois du tonneau sa cha- leur. C’est dans cette effervescence que la couleur est mise a l’épreuve ; c'est lor dans la fournaise. Elle semble s éclipser pour quelques jours; elle devient laiteuse; on remplit encore, et, dans ce moment du remplissage, le vin s’éléve & gros bouillons; il jette une lie moins épaisse que la premiere; bientdt il s’abaisse. Il commence alors a donner une odeur vive et pénétrante. » Sil est dans une cave ou dans un cellier trop fermé, des le commencement de la fermentation l’acces en est difficile et méme dangereux. Si l’on y porte une lumiere, elle s’éteint. x » Le sixieme ou huitiéme jour, le vin est tranquille, ou du moins il n’est plus en fureur; il ne parait plus de lie a ouverture du tonneau. On peut sceller le vin en lais- sant au-dessus de la bonde une petite ouverture faite f avec la pointe du foret. On le remplit & Ja hauteur d'un a yng esa Crem te aa con a eae r Fy a, See as, Jana Mow = ali at ree Tie ue al SA = bec = < , < < ; ij A a ‘ - yond TY lage y t- f ; CULTURE DE LA VIGNE DANS LA BOURGOGNE. is: pouce une ou deux fois par semaine, et l’orsqu’on s’aper- eoit enfin qu’!l est dans une tranquillité parfaite, on le scelle exactement pour que l’air n’y puisse pénétrer. » La couleur alors commence 4a revenir au vin; et bientét, dans l’espace de quinze jours environ, elle est venue au point qu'elle doit rester. » Le vin commence a s’éclaircir et a se clarifier; sila bise vient 4 souffler, ou si le froid commence a se faire sentir, il acquiert plus promptement ce brillant vermeil. » C’est ainsi que se conduisent les vins de ceux qui ont suivi l’ancienne méthode ponr faconner le vin dans la euve, et qui admettent les deux fermentations. » Les vins des partisans du second systtme sont un temps infini & se faconner dans le tonneau. Il leur faut trois mois pour se clarifier. Ce n’est qu’au mois de janvier quils commencent a étre bien découverts. Jusqu’a ce temps, ile sont assoupis; ils ne donnent presque point de bouquet. » Apres ce temps, ils sont en état de paraitre, ils por- ient et présentent toutes les qualités qui caractérisent le bon vin; il faut méme convenir quils sont plus fins et plus entrants. Mais finiront-ils comme les premiers? Pourra-t-on les conscrver autant que ceux-ci? » On peut aujourd huirépondre aux questions posées par le yieux manuscrit : les vins faits par le deuxiéme pro- cédé étaient en réalité des vins vinifiés par la méthode employée pour les vins blancs. Le foulage prolongé fait au moment ot la fermentation tumultueuse allait s’ac- -complir avait dissous dans le motit une partie des prin- cipes colorants des pellicules, mais la couleur ainsi obtenne, pour étre solide, doit étre combinée intimement au tannin, qui exige pour étre dissous un contact pro- longé des pellicules avec le mout; il en résultait que ces vins étaient en primeur plus soyeux, plus fins en gout Sep dhe cs AOS a ee Ure pene), ee ME Oe eS a ee ee 2 are Rages ere ree fod ae Beane ee ig 9 me CS ae Th | CHAPITRE QUATRIEME. que les premiers, mais aussi plus délicats, plus difficiles i conserver, moins aptes a supporter les secousses des longs voyages, les grandes variations de température ; les premiers méme étaient des vins mixtes, qui avaient fermenté partie en cuve et partie en tonneau; ils offraient donc, quoique 4 un degré moindre, les mémes défauts. Aujourd’hui la vinification s’opere en Bourgogne d’uue autre maniére, le commerce demandant surtout des vins pleins, moelleux, mais qui, tout en ayant du fruit, né présentent pas a leur premiere année cet exces de déli- catesse; on tient ace quils soient assez fermes pour atteindre le temps ot ils seront bons a étre mis en bou- teilles, et l’expérience a prouvé que les vins trop soyeux étanf nouveaux sont beaucoup plus vite usés, souvent -méme avant que leur défécation soit complete; quwils -solent. assez vieux pour pouvoir étre mis dans le verre, sans qu'il s'y opere un mouvement de fermentation ou de trop grands dépéts. 7 Vinification moderne.— Les raisins portés au cu- vier sont dérapés, puis foulés avant leur mise en cuve. (Généralement ces cuves sont peu profondes, afin de faci- liter le foulage en pleine fermentation). Une fois Ja cuve pleine jusqu’a un pied environ du bord supérieur, on aplanit la vendange qui est découverte au-dessus et on la laisse ainsi jusqu’au lendemain. Le travail de la cuve s’effectue alors tres activement; dés que l’on s’apercoit que la fermentation est moins tumultueuse, on foule fréquemment le chapeau, et l’on renouvelle cette opé- ration pendant quelques jours (cing & huit, selon les années). Avant que la cuve cesse de fermenter, on donne un dernier foulage, un dernier coup de pied, et Von écoule en élan gest les vins de la cuve avec les vins de presse provenant des pellicules. : -. 4 r. Jy? CULTURE DE LA VIGNE DANS LA BOURGOGNE. 15- Les foulages du chapeau des cuves en pleine fermen- lation, par des hommes nus plus ou moins propres, ne sont pas sans danger pour les fouleurs, ni méme pour lavenir des vins de la cuvée; on les réitere tres souvent sans jamais laisser le chapeau s’acidifier : toute négli- gence a cet égard ferait perdre la valeur de la cuvée, sil restait a lair trop longtemps. Nous croyons que les Bourguignons obtiendraient d’aussi bons résultats en faisant bien fouler au pressoir (et non au cylindre, qui ne fait que déchirer sans tri- turer), avec les pieds propres de leurs fouleurs, qui mettraient ensuite en cuve en retenant l’cene par un treillage, et en couvrant ensuite leurs cuves pendant tout le temps de Ja fermentation. — Is objectent qu’en foulant souvent en cuve (méme apres l’avoir fait au pressoir lorsque la vendange est trop froide), la fermen- tation est beaucoup plus active que par de simples cou- vercles et immersions du chapeau, et que le mout infé- rieur s’échauffe plus vite. — Quoi qu'il en soit, leur procédé de foulages réitérés en cuve serait tres dange- reux sil était employé dans les contrées chaudes. 76 ~ CHAPITRE cINQUIEME. CHAPITRE V HERMITAGE ET COTE-ROTIE. NATURE DU SOL, SITUATION, CEPAGES, CULTURE ET VINIFICATION. Les vignobles de |’Hermitage sont situés sur la rive gauche i Rhone, dans le département de la Drome; ils font partie de la Ban bene de la ville de Tain et occupent une superficie qui ne dépasse pas 150 hectares. Les vignes sont plantées sur des coteaux granitiques exposés au Sud- Est et dont les sommets sont élevés & plus de 100 metres au-dessus du niveau du Rhone. La latitude l'Mermitage estla méme que celle du Médoc, 45 degrés seulement. La température est celle d’un climat continental : 1’élé y est plus chaud et plus sec. Ces coteaux sont tellement es- carpés que pour y soutenir le peu de terre végétale qui se trouve a la surface, les propriétaires des mas (on appelle ainsi dans le pays les clos ou vignobles) ont été obligés de construire de petits murs de distance en dis- tance afin d’éviter l’éboulement des terres et de se débar- -rasser des moellons granitiques qui encombraient le sol. Le granite composant le sous-sol du coteau, selon la monographie que M. Rey a publiée sur le coteau de Hermitage, est désigné sous le nom de granite de Tain; il est gris, tres dur, susceptible d’un poli vif, composé de mica noiratre en petites lames, de quartz blane a a - ‘eh OF = Ae See es, 7 el at od Ty” bP ee See te RS gene = ent ph im i Fn er ea : oer ' z ger x c Piva art ~ ' HERMITAGE ET COTE-ROTIE. 7 Ti demi transparent, et de feldspath blanc qui se présente le plus souvent en eros cristaux rhomboidaux. Le feldspath de ce granite contient quelquefois, intérieurement, de petites lames de mica; il est si dur quand il n’est pas altéré, qu’il donne les plus vives étincelles si on le frappe avec l’acier. Il est du nombre des minéraux qui se désa- eregent peu a peu et finissent par se réduire a [état terreux ou en Aaolin impur. C’est ce granite désagrégé, désigné sous le nom d’aréne, qui constitue le sol sur lequel la vigne est cultivée a l’Hermitage. Nous empruntons a l’ouvrage de M. Rendu les résul- tats de l’analyse comparée du sol des trois mas les plus importants : QS MATIERES BESSAS, MIAL. | GREFFIEUX. CONTENUES DANS LE SOL. BUC D UNS och < alces ono oo 8 0 0.363 0.730 1.009 Carbonate de chaux........... 2.604 35.520 5.068 BCBG 5. ldip cece eevee ees 0.122 0.220 0.673 BEG TED og. Vein bins + tig we ¢ 10.161 $7530 4,045 || Acide phosphorique........... 0.268 0.160 0.387 RR aN se pian a ss kee os ee Uoe 1.100 4.622 Beice soluble... 2... .e cece eens 0.612 0.900 0.294 Matiéres organiques........... 3.097 3.240 7.007 Residus insolaubles............ 79.661 54.600 76.399 100.000 | 100.000 | 100.000 Les cétes du Rhone reposent également sur un sol eranitique; quelques parties ont un sous-sol argilo- calcaire, mélangés de galets ou cailloux roulés. — Ces fonds sont trés favorables 4 la vigne, et le climat est tres propice & la bonne maturation du raisin Ve Oe + ee ’ x hh Ce a ‘ seme : a oe * re ys a hy . bo a [nee 78 >< CHAPITRE CINQUIRME. = a Cépages. — L’Hermitage cultive principalement la petite syrrah; on trouve aussi la grosse syrrah ou mon= deuse, mais surtout dans les sabots des cotes du Rhone. Bien exposés et avec un sous-sol fertile, ces deux cépa- ges donnent des vins tris couverts qui ont beaucoup d’alcool et qui gagnent en qualité en vieillissant et en voyageant. La petite syrrah, moins abondante que la grosse, donne un vin plus distingué. En cépages blancs, on cultive, sur les cotes du Rhone, le vionnier ou altesse, mélangé avec la petite syrrah (ils donnent des vins d’avenir); enfin la marsane et la rous- sane. Culture. — Sur les pentes escarpées, les vignes ne peuvent se cultiver qu’a la pioche; la plantation y est plus ou moins couteuse, selon les accidents du terrain & défoncer et a niveler. On ne plante le plus souvent qu’a la barre; on élargit le trou afin d’y placer des terreaux, Les vignes de Hermitage ont besoin d’engrais pour se soulenir; malgré cela, comme la terre végétale s’éboule et que, du reste, elle est tres peu profonde (moins de 40 centimetres sur la partie granitique), on est obligé de renouveler souvent ces vignes, surtout sur le granit, out leur durée ne dépasse pas trente ans. Apres avoir arraché une vieille vigne et bien nettoyé le terrain de ses racines, on attaque au pic les fentes du granite, afin de le déliter le plus tot possible a lair, et on laisse réeposer Je sol en le fumant et en y cultivant du sainfoin pendant quatre ans. Quelquefois on replante immédiatement; mais, en ce cas, il faut défoncer plus profond et employer plus d’engrais. | Les labours et autres facons de la vigne s’operent a des époques plus tardives qu’en Bourgogne, sauf la taille qui s’opere plus tot. 7 Dene wr Oe bee ag SN em ee ane ty ae he a Pd . av ad — : i : 6 ‘ ore, 2 ‘ vey e es ‘ ale y f we. - ci. " > r $ HERMITAGE ET COTE-ROTIE. 79 Quant & la vinification, elle se fait de deux manieres : juelques propriétaires des cotes du Rhéne, apres avoir mis leurs raisins sur un égrappoir et les avoir passés au cylindre, plongent les grains et foulent ces cuves tres fréquemment afin d’accélérer la fermentation qu’ils lais- sent accomplir complir complétement en cuve, car is liennent a avoir des vins tres couverts; malgré cela, comme dans les années chaudes, ces grains sont tres murs, ils fermentent tres lentement; ils restent de vingt 1 trente jours en cuve. A |’ Hermitage, on n’écoule pas ordinairement avant que la fermentation soit terminée. Cependant quelques propriétaires ayant remarque que le cépage blanc, le vionnier (altesse), accélérait la fermen- talion, en mettant en cuve environ un quart avec trois quarts de syrrah; en outre, en maintenant immergées les pellicules, et, couvrant ensuite la cuve, ils se dispen- sent des foulages réitérés ; ils obtiennent ainsi une fer- mentation plus prompte. Les vins obtenus par ce moyen sont plus parfumés et plus précoces que ceux qu'ils font avec la petite syrrah seule; mais ils ne sont pas d'une aussi longue durée. . ‘Les vins de l’Hermitage sont peu connus; on nen ré- colte pas plus de 300 tonneaux. Ceux qui sont faits avec la petite syrrah ont, dans les bonnes annees, une durée étonnante : nous en avons vu qui, & vingt ans, n’avaient rien perdu de leurs qualités. Ils réunisssent @ un bouquet prenoneé une bonne séve et conservent leur gout de fruit en vieillissant; leur couleur est tres vive; ils sont longs Ase faire; on les emploie quelquefois a remonter des vins fins trop faibles pour se conserver en nature. Be gees wee YO? ee eer = WAY eer, Scere Cavern SIXIEME,. CHAPITRE VI CULTURE DE LA VIGNE DANS LA CHAMPAGNE. Culture. — Nature du sol, situation; cépages et. vinification. — Vinificatiun deg vins non mousseux. — Vins blancs mousseux et non mousseux faits avec les raisins rouges et blancs. — Vins mousseux ; ancienne méthode, fabrication moderne. — Fabrication des vius mousseux.-- Vins tannifiés.— Liqueur de tannin.— Collages.— Préparation de la liqueur. — Essai des vins. — Machines & boucher. — Bouchons, ficelage et pose des fils de fer. — Mise en treilles. — Soins A donner aux vins ' mousseux. — Mise sur pointe, dégorgement. — Liqueur d’expédition ; dosage. — Expéditions. — Apercu des frais de fabrication. — Choix des vins convenables. —_ Vins mousseux artificiels ; fabrication. . CULTURE. Nature du sol, situation, cépages et vinifca- tion. Vins mousseux.— La Campagne ne donne des produits distingués que sur les cétes qui longent lariviere la Marne. Le crt le plus connu est Ay, vis-a-vis la céte d’Epernay; il produit des vins trés spiritueux dont Pierry est le type. Un autre cri, tres réputé, est le Sillery, situé sur la montagne de Reims. Ces vignobles appartiennent au Jépartement dela Marne et aux deux arrondissements de Reims et d’ Epernay ; oa ne récolte que des vins ordi- | naires dans les vignes situées dans les départements de _ la Haute-Marne, de l'Aube et des Ardennes, qui dépen- dent également de la Champagne. Nous ne nous oceu- perons que des vins supérieurs récoltés sur les cdtes des deux arrondissements de Reims et d’Epernay. Ces cétes sont formées par un sous-sol caleaire e-crayeux. a | CULTURE DE LA VIGNE DANS LA CHAMPAGNE. 84 4es principales caves des négociants en vins de Champa- sne sont creusées dans cette craie qui est assez solide pour ésister, 6tant en beaucoup d’endroits tres homogeéne. Plusieurs savants se sont occupés de l'étude du sous- sol et du sol des cétes de la Champagne, entre autres M. Rendu, Vergnette, Guyot. « M. Vergnette a touvé que le sous-sol crayeux ov se écoltent les meilleurs vins est composé de Sarvonater de. CHANK .! oc abe ce eka b whe 80 Carbonate de magnésie.......... 2 PbetiesOU SVLIGGs at oth doe eee ee. OG 18 100 De son cété, M. Rendu a fait l’analyse de la Iégere ouche végétale qui recouvre la craic et qui est argilo- alcaire ; il a trouvé la composition suivante : eT ALOO Sette, vai Se Ee ees 0,985 Carpenate de chaur iso TE et es 28,862 MUTE UGEIO tee ets Ser vans fig eo >. 40) Reaeeiies totale, i 5 Lit: (ely Lesa 4,549 ACIS PNOSPROLIQue 0. us ix< soos 2 0; 47 LCG TS, @ date lea eR a ek eG aaa Ka oo 0,849 Silice Soluble. ye is. Wee ee see: 0,095 Meateres OOaniques, .°: ys. eet 3,750 Peosteminsolnblé. oo. a eS, 59,366 100,000 M. le docteur Guyot a habité longtemps le centre e ces vignobles; il a fait, aux environs de Sillery, des lantations et des expériences de culture dont il a donné > détail dans son livre sur la Culture de la vigne et la imification. Voici ce qu’il dit de la nature du sol de ces ignobles : « Les vignes a vins fins de la Marne ne sont pas plan- ses sur le terrain crayeux pur, mais sur un terrain Keo, Sart: CHAPITRE SIXIEME. argilo-calcaire, plus ou moins ferrugineux, rouge, jaune et gris, mélangé a des proportions différentes de terres calcaires, résultant de l'effritement de la craie qui en forme presque partout le sous-sol immeédiat. } » Toutefois, dans une portion des vignobles, le sol cultivable est séparé de la craie par des couches irrégu- liéres de greves, sorte de tuf mort, bien moins favorable ala vigne que le crayon (nom donné dans le pays a la craie). - » Le terrain argilo-siliceux semble étre descendu do plateau des montagnes (qu'il occupe presque exclusi- vement) pour venir recouvrir les calcaires crayeux des rampes sur lesquelles sont cultivées les vignes. » Les terres & meulitres des sommets sont souvent sé- parées des relevements de crate pure, soit par des banes de calcaires lacustres, soit par des caleaires gypseux et grossiers, soit par des sables et des argiles a lignites. » Les sables 4 coquilles et surtont les marnes a lignites sont extraits de ces bancs sous le nom de cendres, et ser- vent a former, avec un tiers oula moitié de fumier d’éfa- ble, des composts qui doiveut amender les vignes a Ia plantation ou au provignage. 4 » Le sous-sol crayeux et son mélange aux terres argilo-siliceuses ont une heureuse influence sur les qualités des raisins, et les amendements tirés des cen- driéres n’y sont pas étrangers. » q Il résulte de ses diverses observations et analyses que le sous-sol des vignobles donnant des raisins destinés : fabriquer les vins mousseux est formé de crale. - La couleur de la terre végétale qui recouvre ce sous-s0 varie; on y rencontre des terres rouges. L’expérience @ prouvé que les raisins rouges y réussissaient mieux ; on réserve les terres jaunes ou grises pour les raisins blanes La Chamgagne est située vers le 49° degré de latitudt ‘ , » » * Z is Mos CULTURE DE LA VIGNE DANS LA CHAMPAGNE. 83 Jans la partie ot se trouvent les vignes 4 vins mousseux, vest-a-dire pres de la limite extréme au nord de laquelle aculture de la vigne ne donne que des fruits dont la ma- uration est arrétée par les automnes trop froids. La méme latitude en France, sur le bord de I’Océan, corres- pond a la Normandie, quin’a pas de vignobles qui puisse donner un vin potable ; la Champagne, étant dans un milieu continental, a, il est vrai, un hiver plus froid, mais l’été y est plus chaud et plus sec, ce qui favorise ia maturation du fruit, quand les bourgeons ont été spargnés par les gelées printanieres. Cépages.— La Champagne cultive des vignes rouges et des vignes blanches ; les vignes donnant les vins desti- nés au commerce des vins mousseux sont composées de variétés de pinots rouges et blancs connues dans le pays sous le nom de petit plant doré, pinots et petits blancs. Culture. — La cultute des vignes a une grande ana- logie avec celle dela Bourgogne; les plantations s’y font également en fossés établis d’un bout al’autre de la piéce at perpendiculaires a la pente, apres un défoncement de 30 centimétres en moyenne, et variant selon l’épaisseur le la couche de terre végétale; mais si on replante une vigne immédiatement apres en avoir arraché une vieille, mn défonee plus profond de 10 a 20 centimetres; on reuse ensuite les fosses soit comme en Bourgogne, soit séparément pour chaque pied, 4 30 centimetres de pro- fondenr sur 40 de long et 20 de large. On se sert, pour engrais et amendement, des cendres les marnes 4 lignite, ou, a défaut, des sables 4 coquilles, lont nous avons déja parlé, mélangés par couche avec e fumier de ferme, et dont on forme un compost que Fon laisse en tas quelque temps avant de le répandre, pour | a 8 4 CHAPITRE SIXIEME. | laisser s’opérer la combinaison, ce qui produit un excel lent effet. La conduite des vignes se modifie ainsi, & cause du climat dont la température, basse et irrégulitre all commencement du printemps, pourrait geler Jes jeunes bourgeons. On retarde la taille jusqu’a l’époque de la pousse, afin de retenir le plus possible la sortie des bour- eeons. La taille est celle du pinot de Bourgogne; les facons sont aussi un peu plus retardées. Quant aux ven- danges, les Champenois ont rarement des années de erande réussite ; ils sont obligés de retarder le plus pos- sible la cueille afin de laisser marir completement, car bien que leurs plants soient des plus hatifs, la pousse du printemps étant retardée par le froid et la taille tardive, si les pluies d’automne arrivent trop tot, ils n’obtiennent qu’une maturité imparfaite. Vinification des vins non mousseux.— Les Champenois font leurs vins rouges de la meme maniere que les Bourguignons; ils égrappent leurs raisins fins, les foulent et les jettent en cuve; le lendemain ils foulent le chapeau, ils lui donnent un premier coup de pied sans entrer completement dans la cuve, et dés que le chapeau est bien formé, ce qui arrive deux ou trois jours apres, selon que la vendange et le cuvier ont une temperature plus élevée, ils rentrent nus dans la cuve et y enfoncent le chapeau complétement par un foulage de plusieurs heures. Lorsque le chapeau vient a se reformer de nou- veau le lendemain, ou selon la température du cuvier et la densité du moat, lorsqu’ils reconnaissent que la cha- leur et le bouillonnement quiavait été interrompu parle foulage et avail ensuite repris, ont diminué, en un mot que la fermentation est moins tumultueuse, ils donnent un dernier coup de pied, c’est-a-dire ils piétinent le mare sans le renyoyer au fond, et le jour suivant ils écoulent. ee *) ole Te Sie yr aee t- ad it de + = ay oF a at, ee Sa act ss eer M7 Ss aS aes ee yi re 5 —— es es . . ~ LE at ae FF nie 2 a Os Lay Saas I, Ft iy ibe ~ x 7 » Lh ~ @ < ~ ! > ¥ « - 7 : f = ; 04 é S CULTURE DE LA VIGNE DANS LA CHAMPAGNE. 85 Que le vin ait terminé ou non sa fermentation, on le tire de la cuve; il finit de fermenter dans les fits. Vins blancs mousseux et non mousseux, faits avec les raisins rouges et blancs. — On trie les raisins, on les égrappe et écrase & la trémie, ou bien on les foule et presse immédiatement; le mott, séparé des pepins et pulpes, est versé dans une cuve provisoire, dite cuve a débourbage. On le laisse dans cette cuve jusqu’a ce qu'il commence a se former ala surface de petites bulles d’acide carbonique qui annoncent que la fermentation va commencer; on le soutire alors par un robinet placé a quelques centimetres au-dessus du fond et on le met en fits. Cette opération a pour but de débourber le motit, cest- i-dire de le dégager des ferments les plus actifs, qui, var le repos, tombent au fond de la cuve. II faut veiller »t saisir le moment ou la fermentation commence pour irer le mout des cuves a débourbage, parce qu'une fois vommencée le mott redeviendrait trouble. Le débourbage est surtout utile aux vins destinés & la abrication des vins mousseux : ce procédé diminuant es ferments qui se déposent en partie sur le fond de la save, ils travaillent moins et conservent plus de sucre. ues vins de Champagne non mousseux, d’une bonne innée, sont des vins agréables, légers, ayant une séve et in bouquet peu expansibles; c’est le grand attrait de eur mousse qui leur a fait faire le tour du monde, et habileté des fabricants champenois a su triompher des iombreux concurrents et les a maintenus a la téte de ette fabrication. Vins mousseux, ancienne méthode. — Ces vins ont le produit des raisins rouges et blancs de petit plant ) doré, et de quelques autres cépages dont la majorité appartient au genre pinot. Les rouges sont supérieurs; beaucoup de propriétaires vendent leurs raisins aux neé- gociants, gui en font la vinification de la maniere que nous avons indiquée plus haut. Une fois débourbés et mis en fits de 2 hectolitres environ, on les laisse fer- menter une quinzaine de jours dans un magasin ati niveau du sol, dont la température est ordinairement de 15 a 18 degrés a cette époque, puis on les descend en cave fraiche afin de ralentir la fermentation, qui, si elle était trop active, leur ferait perdre tout leur sucre. On les soutirait une premiere fois ala fin de lautomne, en décembre; on les collait ensuite avec la colle de pois- son, puis on les soutirait de nouveau. Apres ce second soutirage, on les opérait avec d'autres vins provenant des ctes dela Marne, mais ayant un caractere différent. Les vins alcooliques et secs étaient mélangés avec des vins doux, les vins de pinots rouges avec les blanes. Enfin on tdchait, selon l'année, de former l'ensemble le plus agréable possible. Un nouveau collage avait lieu, on les soutirait dés qu’ils étaient limpides, puis apres huit jours de repos on tirait en bouteilles et on mettait en cave. Comme on n’avait, il y a cinquante ans, aucune régle pour fixer et développer la mousse, il arrivait que lors que les vins étaient trop chargés en sucre, ils cassaient jusqu’a 80, 90 et 95 pour 100 de bouteilles, et s’ils étaient trop fermentés, ils ne moussaient pas du tout. On essayail de mettre ceux-ci & la chaleur; quant aux autres, les casseurs, on les transportait dans des caves plus fraiches, on jetait de l’eau froide sur les tas, etc. : Toutes ces manceuvres et pertes faisaient ressortir les vins bien réussis a des prix tres élevés. A force de taton- ner on a fini par avoir des regles fixes, et par pouvoit . ee <% iy Die he ee ie we ten: De Sie a eae ery => aw oh ae es, Pe re Fe eB: Pi, , ; par 5 ty olin ae < we a eh my Pp re - a. - 7 : a m ¥ rf - fs PAL on st * es aa CULTURE DE LA VIGNE DANS LA CHAMPAGNE. 87 produire la mousse & peu pres & volonté, éviter les pertes jues aux casses folles, donner aux vins une douceur va- riable, empécher les masques, en varier Jes goits selon la commande du client, faire les recoulages sans perte, etc. C’est aujourd’hui une grande industrie; chaque maison champenoise a desvins mousseux qui different de ceux du voisin, et elle en a de plusieurs types: de légers, de secs, de doux, de tres alcooliques, a gout anglais, allemand, etc. Comme c’est une boisson de luxe, il a fallu se con- former aux gouts des consommateurs, Il est certain que le vin de Champagne nature, prove- nant d’une bonne année et vieux, qui, a son expédition, aurait recu une dose de quelques centilitres de liqueur simple, est pour beaucoup de personnes plus agréable et plus sain que celui quia été additionné de cognac, de porto, de madre, etc.; ce n’est plus alors ce vin léger que on connaissait; mais comme il s’en consomme moins en France qu'al’étranger, les négociants-fabricants font tout ee quils peuvent pour contenter leurs clients. Fabrication moderne. — Apres avoir collé leur vin de Champagne une premiere fois, les fabricants le soutirent et en forment une cuvée avec d’autre vin blane de méme provenance, ou avec de petits vins blancs de Cubzac, du Midi, etc.; cela dépend des prix de vente, du plus ou moins de réussite de l’année, etc. La cuvée combinée, on colle a la colle de poisson, apres avoir ajouté de la liqueur de tannin, et quelquefois un peu WValun, pour éviter les masques. Une fois limpide, on examine le vin et on le met en hqueur (nous en parlerons en détail plus loin), puis on le ire des que la mousse est formée; on déguste encore ce vin avant de le dégorger pour juger quelles sont les opé- rations ou coupages avec diverses liqueurs et vans plus ray Al OR ee ie TA 5 eR to teat hence ee ea ss BRS ae CHAPITRE SIXIRME. dgés que l'on a en cave qu'il sera nécessaire de lui faire encore subir en le dégorgeant. Une fois fixé, on dégorge, on retire du vin, que l’on remplace par des liqueurs d ez- pédition faites avec du sucre et du vin blanc, et, selon les ~commandes, du cognac, desvins de liqueur étrangers, etc.; on y recoule des vins plus vieux et on expédie. Le matériel nécessaire 4 toutes ces manipulations est tres compliqué et se perfectionne de plus en plus. Comme on traite en mousseux des vins blancs de toutes contrées (nous en avons tiré en Morée (Grece), 1865), nous allons donner les détails de fabrication. FABRICATION DES VINS MOUSSEUX. Les vins mousseux sont des vins qui ont été mis en bouteilles avant que leur fermentation tumultueuse soit terminée, et qui ont continué leur fermentation dans le verre. Il en est résulté que le sucre qu ils renfermaient lors de leur mise en bouteilles s'est en partie transformeé en alcool et en acide carbonique, et que le gaz, ne pouvant s’échapper hors de la bouteille, remplit le vide laissé par le tireur entre le vin et le bouchon (1). Ise dissout méme dans le vin, car ce liquide, aussi bien que l'eau, ala pro- priété d’en absorber un volume supérieur au sien propre. Ainsi, on a calculé que dans une bouteille de vin mous- seux, ayant une pression de cing atmospheres, il y avait en dissolution plus de 85 centilitres de gaz acide carbo- nique. La pression du gaz va quelquefois jusqu’a six atmospheres dans les grands vins moasseux (2). Hen résulte que lorsqu’on dégage le bouchon de ses lens, le gaz le fait partir avec explosion et le vin sort de la (1) Cet espace vide, destiné a faciliter explosion, se nomme chambre. ; (2) Si Ja pression était plus élevée, la casse serait trés fréquente. res ee ae ey, em Ay 52d YS te 1? mee tee FB. area oo eee 2, aie 4 ae pay " oe 2 PA ae ete Vee ks, ey Eh is CULTURE DE LA VIGNE DANS LA CHAMPAGNE. 89° youteille sous la forme d’une écume produite par d’in- 1ombrables bulles d’acide carbonique. Tel est le vin mousseux. On peut obtenir le méme ‘ésultat sur tous les liquides fermentescibles, en les nettant en bouteilles pendant qu’ils renferment encore lu sucre non décomposé. Ainsi, la biere, le poiré, etc., moussent par les mémes causes. Mais ce n’est pas tout que de produire de la mousse. Les vins mousseux ne sont pas marchands s’ils ne sont pas parfaitement limpides; or, le développement de la | mousse a formé un dépdt dont il faut les séparer en les dégorgeant. De plus, il convient d’y ajouter du sucre, pour les rendre plus agréables au gout. On parvient a débiter la bitre trouble et améere, mais les vins mous- seux louches et Apres se vendraient bien difficilement. On fait des vins mousseux, sans les dégorger, dans plu- sieurs vignobles des départements del’Ardéche, del’Aude ‘blanquet e de Limouz), du Gard, du Jura, du Haut-Rhin, du Tarn, etc.; mais ils se consomment en grande partic sur les lieux de production. On a, du reste, compris que ces anciennes méthodes sans regles fixes, ce travail fait a tatons, ont pour résultat définitif de produire des casses excessives, de faire boire des vins troubles qui contien- nent des ferments, et qui sont laxatifs et insalubres; aussi, les commereants ou les propriétaires qui expé- dientleurs vins suivent-ils, pour leur mise en travail, les méthodes champenoises : ils dégorgent leurs vins et y ajoutent des liqueurs dexpédition. Nous allons donc parler des manipulations usitées en Champagne et dans une foule de vignobles pour fabri- quer des vins mousseux naturels. Les vins mousseux peuvent se faire avec des raisins noirs ou avec des blancs. En Champagne, on mélange les noirs et les blancs. On estimait autrefois les champagnes i pus MS a MaRS Nah a et a Sa MS i ¥ . ; crn aed Pra ee tl satay Si aie a ce iy eee - 90 '-- CHAPITRE SIXIBME, rosés, qui étaient le produit des années chaudes, ot le raisin noir, tres mur, dissolvait sur le pressoir un peu de la couleur de ses pellicules. Aujourd’hui, ef depuis bien longtemps, on obtient cette nuance avec la teinture de sureau, connue sous le nom de ¢einte de Fismes, parce que la majorité des vignes, qui, outre celles de la Cham- pagne, fournissent a cette fabrication, sont plantées de cépages blancs, dont le produit est plus abondant; d’ailleurs on consomme beaucoup de vins mousseux blanes, sans coloration artificielle. La cueillette des raisins destinés & fabriquer des vins mousseux doit étre faite avec soin; les raisins seront effeuillés, choisis bien murs, et les grappes pourries, vertes, etc., mises de cété. On les foule dés leur arrivée au pressoir, et on les presse aussitOt que possible. Le moat est versé dans wne cuve ou dans des pieces défoncées et placées debout, selon la quantité, et on l’y laisse déposer ses grosses lies. Cette opération se nomme le débourbage; elle a pour but de débarrasser les moits de leurs plus gros dépéts. Pour arriver & ce résultat, il faut surveiller le mout et le soutirer des piéces ou des cuves a l’aide d'un robinet planté & plusieurs centimetres au-dessus du fond, dés que l’on s’apercoit que la fermentation va commencer, ce qui se reconnait a l’ascension des premieres bulles d’acide carbonique. Le mott soutiré s’écoule dans des pieces ou des barriques. La fermentation tumultueuse est alors bien moins forte, parce que les ferments sont en grande partie restés avec les dépdts dans le fond de la cuve. I] est quelquefois nécessaire de veiller la nuit pour ne pas laisser échapper le moment favorable au souti- rage, moment qui varie selon le degré de la température, la densité des motts, etc. Nous avons vu (4) la fermen- (1) En Morée, pendant les vendanges de 1865, la tempera moyenne du cuvier était de 22 4 26° centigrades. ! DSR nes ae i ary a en ee AEP Be to te eee a re wt ~~ . 4 we a ph sg lag awe Pah epi mn e. ~- Sy te: % : a = ae € : rs Wie CULTURE DE LA VIGNE DANS LA CHAMPAGNE. Ot ation s’établir aprés quatre ou cing heures de repos, et autres fois il faut plus d’une journée. Apres le débourhage, les fits se maintiennent pleins; ypres une quinzaine de jours, on les descend dans des saves fraiches; on les soutire une premiere fois a la fin Je Vautomne, en décembre. Apres ce soutirage, on ajoute wx vins, soit une dizaine de litres de vin blanc tannifié, soit une certaine quantité de liqueur de tannin, et on les colle. Lorsquils sont devenus limpides, on les soutire de nouveau, et on y ajoute une seconde dose de tannin. Apres les avoir coupés avec d’autres vins, s'il est néces- saire, on les colle, on les laisse au repos, et, apres un dernier soutirage, on procéde & leur mise en liqueur, pour les tirer en bouteilles huit jours apres. Avant.d’aller plus loin, nous allons parler de la com- position de la liqueur de tannin ou du vin tannifié, de la eolle, des coupages, de la préparation de la Liqueur, ainsi que de J’essai des vins destinés a étre tirés en bou- teilles. Vins tannifiés ; liqueur de tannin. — Nous avons parlé de la préparation du vin blane tannifié, en traitant du tannin. (Voir Analyses chimiques.) Lorsqu’on aura pu s’en préparer a l’avance, on fera dissoudre du tannin (1) dans de l’alcool rectifié 4 un trés haut degré et d'une neutralité absolue. Le mélange s’opere comme suit : on prend 220 grammes de tannin traité par Valcool, qui deyra étre choisi de préférence a celui qui est traité par éther, et 4 litre d’alcool extra-fin & 95°; on verse le tout dans une bouteille de 2 litres, et on agite a plusieurs (1) Pour la préparation des vins mousseux, le tannin des noix de galle est supérieur au vin tannifié, parce que le dépdt qu'il forme ’ * . n’adhére pas aux bouteilles. CHAPITRE SIXIEME. Vs aan reprises. Apres un repos de vingt-quatre heures, on fil tre la solution, que l’on emploie dans une proportion moyenne de 6 centilitres par barrique de 225 litres, avant chaque collage. Cette préparation a pour but de donner au vin assez de tannin pour précipiter complétement les colles et obtenir ainsi une limpidité parfaite. Le tannin surabon- dant, en se précipitant pendant le travail en bouteilles, empéche que le dépét n’adhére au verre et ne forme, en se collant contre ses parois, ce que l'on appelle des masques. Collages. — Les vins se collent par les méthodes ordi- naires (voir Collages), soit ala colle de poisson, soit a la gélatine pure. Le premier collage se fait & haute dose, soit 2 tablettes de gélatine par pitce de 225 litres. La colle de poisson est préférable pour le deuxiéme collage. Si l'on craint que les dépdts ne soient difficiles a dégor- ger, on ajoute a la colle, avant de la battre, 2 grammes d’alun préalablement dissous dans un verre de vin blane chaud. Cette préparation ne s’ajoute qu’au dernier col- lage; mais si les dépdts se retirent facilement, il est préférable de s’en abstenir. Nous avons obtenu une lim- pidité parfaite et des dépots non adhérents a l'aide de collages simples, faits avec la colle de poisson bien bat- tue, a la dose de 4 grammes par barrique de 350 hou illest ce qui fait un peu plus de 1 centigramme par Bpaicille: 1 centigramme suffit sila colle est de premier choix. Préparation de la liqueur. — La liqueur destinée a donner aux vins la quantité de sucre qui leur manque pour pouvoir former la mousse, se faisait avec du swcre candi de canne, préparé avec du sucre brut & odeur aro- matique (les Bourbon en donnent d’excellents). Ce sucre candi a une teinte légerement jaunatre. Les beaux I ad NN cs eh ee nN ae ee eee | CULTURE DE LA VIGNE DANS LA CHAMPAGNE. 93 ucres candis revenaient fort cher; on a reconnu aujour- "hui par expérience que le sucre raffiné blanc donnait les liqueurs supérieures au candi; on ne se sert done jue du sucre de canne raffiné en pains. Pour faire la liqueur, on verse dans une barrique épaisseur, ferrée, a large bonde, d’une contenance de 30 litres, 140 litres de vin blanc et 165 kilog. de sucre m pain cassé en morceaux; on bonde la barrique, on a roule et on la secoue a plusieurs reprises dans a journée, jusqu’a ce que le sucre soit bien fondu. On lébonde de temps a autre, pour éviter que la bonde ne e retire. Lorsque le sucre est bien fondu, on y verse 2 litres de cognac-champage a 65°, rassis et n’ayant pas 6 coloré par le caramel, 1 litre de liqueur de tannin a ‘alcool, et 500 grammes d’acide tartrique dissous dans litres de vin blane légerement chauffé. On ne doit, »ependant, employer l’acide que lorsqu’on opere des vins yen miurs; les vins verts en renferment quelquefois déja rop, et alors on le supprime. I] y a des manipulateurs fui ajoutent a la liqueur 50 centilitres de solution com- létement saturée d’alun. On ne doit employer ce moyen jue lorsque le dépdét est difficile 4 extraire; il est inutile lans beaucoup de vins, mais il évite les masques. La liqueur de tirage étant faite (4), on lagite de nou- eau, et on opere la clarification par le procédé de filtra- ion ordinaire, qui se fait avec une chausse de laine et lu papier & filtrer bien délayé. On repasse jusqu’a ce que le brillant ne laisse rien a désirer. Essai des vins. — Autrefois, les Champenois, apres ivoir collé et soutiré les vins, les tiraient tels quels, sans ajouter de sucre lorsquwils n’en avaient pas assez pour ormer la mousse, ou sans les laisser fermenter lorsqu’ils (1) On peut la faire en petit, en conservant les mémes proportions. ‘aa ne ree caida ls std Nea ion ate CHAPITRE SIRE étaient encore trop doux. II en résultait que les premie ne moussaient pas, et quil fallait les remettre en barri- ques, et que les seconds cassaient les bouteilles dans l’énorme proportion de 80 pour 100 et méme davantage; mais depuis 1836, grace aux travaux de M. Francois, habile pharmacien de Chalons-sur-Marne, les négociants et chefs de cave ont été éclairés sur Ja quantité de sucre que devaient renfermer les vins pour mousser convena- blement. M. Francois, dans ses expériences (7raité sup le travail des vins blancs mousseux 1837), a reconnu que les vins, pour mousser sans faire éprouver de fortes casses, doivent contenir 4 gros de sucre par bouteille, ce qui équivaut 4 15 grammes 30 centig. par bouteille de 70 a 75 centilitres. A 6 gros, ajoute-t-il, presque toutes les bouteilles sont cassées, et au-dessous de 4 gros, la mousse est trop faible. Pour se rendre compte de la quantité de sucre que renferme le vin que l’on veut tirer, M. Francois a proposé de faire réduire une bouteille de vin a& 4 onces (122 grammes 30 centigrammes). Pow éviter les erreurs données par les différences de conte- nance des bouteilles, on pese 750 grammes de vin, que lon fait réduire au sixieme, soit 125 grammes. Cette réduction se fait & feu nu ou au bain-marie. II vaul mieux réduire le vin a moins de 125 grammes et rame- ner ensuite le résidu a ce poids, en y ajoutant de leau distillée. On laisse reposer la vinasse 24 heures ; l’aleoo a été volatilisé, et le tartre est cristallisé. On pese e résidu au gleuco-cenométre de Cadet de Vaux. D’aprés les observations de l’auteur que nous citons, les vins dont la fermentation a été complete et qui ne renferment plus de sucre appréciable au goit donnent, apres leur réduction, des réstdus qui pesent au gleuco- cenomeétre, 5° au-dessous de zéro. Cette densité est due a la concentration des sels yégétaux et minéraux que ‘ee ae i ee ee ee ee a Oe at LenS bo ee * ‘ . ‘ pees » ’ = CULTURE DE LA VIGNE DANS LA CHAMPAGNE. 95 enferment les vins, aux ferments, et surtout 4 l’acide artrique; or, pour faire mousser ces vins, il faut y jouter 4 gros de sucre par bouteille. Les vins qui, vaturellement ou artificiellement, en renferment cette juantité, pesent 12° au gleuco-cenométre. M. Francois a, sur ces données, présenté un tableau de a quantité de sucre a ajouter par piéce champenotse de 200 litres tirant 225 bouteilles, selon le degré de densité : yinsi, a 5° on ajoutera 7 livres de sucre (ou 7 bouteilles de iqueur & vin fabriquée en dissolvant dans du vin autant le livres de sucre candi que l’on veut faire de bouteilles de igueur); a 6°, on ajoutera 6 bouteilles ou 6 livres; a T°, ) bouteilles; &8°, 4 bouteilles; a 9°, 3 bouteilles; a 10°, 2 bouteilles; et enfin a 11°, 1 bouteille. A 12°, le vin ren- ferme naturellement assez de sucre. Lorsqu’il dépasse ce titre, on retarde le tirage et on laisse continuer la fermen- lation; mais ce cas est tres rare. Dans la pratique, on ajoute ordinairement nne bouteille de liqueur de plus par piece que ne l’indique M. Francois. Si l’on doit tirer des demi-bouteilles, il faut porter les vins a 4° de plus, cest-a-dire a 13° pour avoir une mousse convenable, parce qu’alors la pression est moindre. Cette méthode a rendu de tres grands services, en Champagne et dans tous les vignobles qui s occupent de la fabrication des vins mousseux, par l’indication de la quantité de sucre nécessaire au développement de la mousse. _ Toutefois, on a trouvé depuis une méthode bien plus simple, plus expéditive et dont les résultats sont encore plus exacts ; l’introduction en Champagne de cette pra- tique est due & un opticien ambulant, marchand de pése- vin. Elle consiste & plonger dans le vin destiné au tirage un gleuco-cenométre, et a y ajouter ensuite de la liqueur avin jusqu’a ce que |’instrument marque zéro. - CHAPITRE ‘SIXHIME. | D’apres ce systeme, on opére avec précision en] pre nant dans une éprouvette graduée une certaine quant du vin que l’on doit tirer, 75 centilitres ou 4 litre. On y verse avec précaution et en agitant constamment, afin que le mélange soit parfait, de la liqueur a vin fabriquée comme pour la méthode précédente, et on constate le nombre de centilitres et de fractions de centilitre de li- queur qu'il a fallu verser pour ramener l’instrument 4 zéro. Si par exemple, en opérant sur 75 centilitres de vin, il a fallu 2 centitilitres 1/2 de liqueur, on sait qu'il en faut 2 litres 1/2 pour 75 litres, soit 7 litres 50 centilitres ne harrique de 225 litres. Le principe quia servi a établir cette méthode repose sur la différence de densité qui existe entre le vin qui a subi une fermentation plus ou moins complete et dont par conséquent le sucre est transformé en alcool (ce qui lui donne un poids spécifique plus léger que l’eau), et celui qui, renfermant naturellement ou artificiellement du sucre, a une densité égale a celle de ]’eaun. st: dans cette méthode, c’est la pesanteur de Peau pure ae distillée & 45°) qui sert de base a lopération. On pourrait, a défaut de pese-vin ou gleuco-cenométre, se servir du densimétre ou de divers aréométres, en ramenant le vin au poids de |’eau pure. On sait que l’cenométre ou pése-vin est un instrument basé sur le plus ou moins de légéreté quacquiert le vin par la quantité d’alcool qu’il renferme; si le vin était un sim- ple mélange d’eau et d’alcool, |’ inate ument donnerait des résultats exacts; mais, comme il renferme toujours plus ou moins de matitres étrangeres, de sels végétaux et mi- néraux, de mucilages, de sucre, etc., il peut, ae certains cas, étre plus lourd que l’eau ‘anal ae la présence de l’al- eook En conséquence, cet instrument, qui, comme pese- vin, ne donne que des résultats inexacts, remplit ici i CULTURE DE LA VIGNE DANS LA CHAMPAGNE, 9 9 aitement sont but malgréou plutdt a cause de ces défauts. Jans les vins blancs, qui n’ont pas cuvé, il existe en {fet beaucoup moins de sels en suspension que dans les ins rouges; de plus, ces vins blancs, au moment du irage, ont déja été collés deux fois, ce quia précipité ine grande quantité de matiéres qui étaient en suspen- jon; de sorte que ce n’est que /e swcre qui peut influer Vune facon sensible sur leur densité ; or on a observé, et ine longue pratique a sanctionné ce fait, qu’en ajoutant wx vins a essayer de la liqueur a vin jusqu’a ce que l’ins- rument marque zéro, on arrive & produire une mousse onvenable, et que les sels et autres matiéres solubles usceptibles de modifier la densité, influent fort peu sur erésultat, lorsque les vins sont bien épurés. Plus les vins sont alcooliques, plus ils sont légers; par onséquent il leur faut une quantité de sucre plus grande our les ramener 4 zéro; mais, d’un autre cdté, plus ils enferment d’alcool et plusils sont suscep*inles d’absorber le gaz acide carbonique; dans les deux cas, le résultat st également juste, car, pour obtenir une pression égale, in vin corsé doit contenir une quantité de sucre supé- ieure & celle que renferment les vins légers. Il est important, avant de mettre les vins en liqueur, e s’assurer de leur titre alcoolique, et de constater s'ils enferment assez d’acides végétaux libres, surtout d’acide artrique. On se rend compte de la quantité d’alcool qu'ils enferment a l’aide d’un alambic d’essai, et on ajoute ux vins trop murs, qui manquent d'acide tartrique, une ertaine quantité de vin un peu vert, ou on ajoute une olution d’acide tartrique & la liqueur, tout comme on oit opérer, avant le dernier collage, les vins verts avec es yins miirs pour former un ensemble ayant wn titre leoolique de 47° au minimum, mais on observera de ne as dépasser 12 pour 100 d’alcool : il est préférable de | Fis tk i ae oom et ee eed rag Ry fi i CHAPITRE SIXIEME. tirer a 17°. La quantité d’acide tartrique surtout in beaucoup sur le développement de la mousse; les vins des contrées chaudes ov le raisin trés doux renferme peu d'acide tartrique exigent, pour obtenir une mousse mar- chande, une quantité plus grande de sucre que les vins un peu verts, et cela a titre alcoolique égal. Pendant notre séjour en Morée, nous avons obseryé que les vins blancs de ces contrées, préparés pour étre tirés en mousseux, ne donnaient pas une mousse mar chande lorsqu’ils étaient tirés 4 zéro. Ces vins, dont la moyenne alcoolique était de 12° a 12° 8/10 d’alcool, provenaient de raisins renfermant un motut presque entizrement privé d’acide tartrique; 1 fallait tirer a 1°, et 2° au-dessous de zero pour obtenir une mousss ordi- naire. Lorsqu’on a des vins semblables a traiter en mousseux on doit, ou les couper avec des vins un peu verts, Ov bien les faire cueillir sans dépaseer la maturité. — Lorsque les vins apres avoir été (sil y a lieu) coupés et ensuite collés pour la deuxitme fois, auront été sou: tirés, en février, on y ajoutela dose de liqueur nécessairt (d’apres le calcul des essais) ; on mélange bien la liquew avec vin 2 aide d’un fouet préalablement lavé, on coms tate bien exactement son titre alcoolique, et on laiss le vin en repos une huitaine de jours avant de procé der au tirage en bouteilles. L’époque la plus favorabl pour ce travail est le mois de mars, parce qu’a ce momen de année la température, augmentant progressivement favorise le développement de la fermentation; si 0 craignait que la mousse ne fut trop lente & se forme! “on ajouterait au vin du tirage, apres avoir mis la liqueu du ferment contenant de la g/utine et préparé en délayan de la farine de froment de premier choix, a 1a dose d { kilogramme, dans 2 litres de trois-six de vin a 85°; 0 7 ya} Ae” gt Fa = Ts" . * ww = ~, a ne =o" of oro ‘a bh ‘Serre, ers “ _: 3S " CULTURE DE LA VIGNE DANS LA CHAMPAGNE. GY filtre ensuite et on verse un litre de cette solution par barrique : lamousse se forme d’une manitre plus prompte. Tirage en bouteilles des vins mousseux. — Les bouteilles champenoises doivent étre choisies une a une, sxemptes de boursouflures, de crasse, d’étoiles, etc., soigneusement lavées 4 grande eau, a la brosse, et bien égouttées; elles doivent étre neuves. Afin d’éviter la casse, outre ces précautions, certaines maisons champenoises font subir aux bouteilles, a l'aide lune machine spéciale, une pression d’essai qui dépasse plus de dix atmospheres. Les bouteilles, étant choisies, lavées et égouttées, sont aortées au tirage. Le tirage peut s’effectuer, soit avecla vannelle champenoise a4 deux becs, soit avec la cannelle sordelaise, soit avec l’appareil a bascule de Jackson. On aisse dans chaque bouteille un vide ae 10 & 15 centi- itres; ce vide, que l’on appelle la chambre, est destiné iservir de réservoir a l’acide carbonique, qui s’accumule Jans cet espace, y comprime l’air et rend ainsi l’explosion slus violente. Les bouteilles sont immédiatement bou- thées a la mécanique. On a abandonné la méthode de youchage &la main, qui consistait & mettre la bouteille ur un billot, et a frapper violemment sur le bouchon a ‘aide dun maillet. Pour former le champignon, on se ert aujourd’hui de machines spéciales. _ Machines a boucher. — Les machines & boucher les ‘ins mousseux différent de celles qui servent au bouchage les vins ordinaires. Dans les machines ordinaires, le tube st fize et le piston enfonce le bouchon complétement dans e goulot, tandis que dans les machines champenoises, e tube est mobile et la tige du piston est réglée de ma- tre an’enfoncer le bouchon que de 002° environ dans Bt ie 100 | GHAPITRE SIXIEME. Je goulot; le reste du bouchon forme le champignon® conséquent, comme la partie supérieure du bouchon reste engagée dans le tube, il faut nécessairement, pour pou- voir retirer la houteile houchée, que ce tube soit mobile, et puisse s’écarter assez pour donner passage au bouchon, qui, en moyenne, a un diamétre de 0™03° Il y a plusieurs modéles de machines champenoises, mais toutes ont le méme but : faire rentrer dans des goulots qui ont 4 peine 2 centimetres de diamétre, des bouchons qui ont 3 centimetres environ; ne faire entrer que 2 centimetres de la longueur du bouchon, afin que Vexcédant du bouchon forme un champignon large et eros, qui facilite par ces dispositions l’explosion du gaz et le ficelage. Si l’on bouchait les vins mousseux comme les yins ordinaires, on aurait de la difficulté a les déboucher et on n’obtiendrait qu’une faible explosion, tandis qu’avec le bouchage spécial, des que les ficelles et le fil de fer sont cassés, on fait tres facilement glisser le bouchon ayee les doigts en appuyant sur le bourrelet, et l’explosion es! beaucoup plus vive. On doit chercher a obtenir une ex- plosion bruyante : c’est une vondition essentielle. Un bouchage bien fait facilite ce résultat. On fabrique aujour d’hui des machines qui sont par- faitement appropriées ace genre de travail. Les premitres machines charapenaian ont, comme les machines & boucher les vins ordinaires, un tube comigue dont la moitié est mobile : pour boucher avec ces machi nes anciennes, on présente un bouchon bien d’aploml dans le haut du tube qui est écarté; ensuite, au moyen d’une pédale, on fait agir un ressort qui raméne la partie mobile du tube contre la partie fixe. En pressant le bou- chon, un talon en fer tombe par son propre poids entre la piece mobile et le montant du tube, qui se trouve ainsi CULTURE DE LA VIGNE DANS LA CHAMPAGNE. 104° serré et consolidé. Pour enfoncer le bouchon, on dégage la pédale, le piston descend sur le bouchon, et on frappe sur l’extrémité supérieure du piston ou mouton avec un maillet, jusqu’a ce que le bouchon descende au niveau inférieur du tube. On metalors la bouteille sur un bloc mo- bile, qu'un ressort puissant souléve en appuyant la bou- teille contre le tube. On frappe un fort coup de maillet sur la téte du bouchon, et le bouchon entre dans la bouteille d’environ 2 centimetres, longueur a laquelle on regle le piston. On ouvre alors le tube en donnant un coup de maillet sur une touche qui dégage la piece mobile, que le ressort écarte, et la bouteille se trouve ainsi libre. Ces machines, que l’on construit non seulement en Champagne, mais 4 l’étranger (nous nous sommes servi d'une machine allemande en Morée), bouchent bien lorsqu’on a le soin de présenter les bouchons d’aplomb dans le tube; mais, si le bouchon est oblique, il entre de travers, et l’explosion n’est plus vive Une machine nouvelle, la machine Maurice, offre une disposition spéciale, quiévite que le bouchon entre de tra- vers: ala place du tube conique le bouchon est serré parun embouchoir cylindrique, formé de plusieurs pieces et dont Uécartement est obtenu par le moyen d’un excentrique. Cette machine offre un grand avantage sur la précé- dente; elle permet de boucher facilement et de mettre le fil de fer en méme temps; au lieu de ficelle, on se sert WVune agrafe en fil de fer préparée pour cette machine at qui se serre autour du goulot. Nous donnons le plan Je la machine Maurice, ainsi que des machines a tube wticulé, aux planches du tome II. Bouchons. — Les bouchons destinés aux vins mous- seux doivent avoir un diamétre de 0"03° en moyenne, et me hauteur de 0™05° 4 07055". On doit les choisir de tp. ee Se 2 De ita oe “ met Mei 1 eas Ac a e » be . -* ey aa a” pas 8) eS. a ve TE 5 i a geen es: ute ~~ Bs") acing oe ae \._ eres Me Ae te eh RPC, baie est - aro are = os un diamétre aussi fort; en les payant le double doa ce que coutent les Haste: bordelais surfins, on n’obtient que des qualités ordinaires. Ces bouchons doivent étre préalablement assouplis; a cet effet, on les fait bouillir dans de |’eau pure ou mieux dans de l’eau saturée de tartre, ou dans du vin blanc. Le meilleur moyen de les assouplir est de les soumettre a la vapeur. (Voir Vin en bouterlles, préparation des bouchons). Ficelage et pose des fils de fer. — Des que la bouteille est bouchée, on la met, pour la ficeler, dans un tube cylindrique en cuir, haut d’environ 0™15°, sur un diamétre intérieur d’environ 0"09°. Ce cylindre est cloué sur un batis triangulaire fixé a un tabouret ordinaire. On humecte ordinairement les ficelles d’huile de lin pour les préserver de l’humidité. Le ficeleur a un ¢réfle et un couteau & double tranchant; 11 déroule la ficelle, y fait un neeud tres simple (le méme nceud se fait a la biére, aux eaux gazeuses, etc.), etil l’assujettit sur le bouchon en y faisant deux tours et en tirant avec force sur les deux bout. I] place ensuite une autre ficelle en travers de la premiere, & laquelle il refait le méme neeud ; mais on ne fait ordinairement qu’un tour sur le bouchon a la deuxitme ficelle. La bouteille est ensuite ficelée au fil de fer. En Champagne, les brins de fil de fer se vendent tout préparés par les ¢ordeurs; on place la bouteille entre les brins que l’on tord 4 l'aide d’une pince d’épin- glier, de mani?re a les serrer sous la bague; on fait passer les deux bouts sur le bouchon, on les tord ensem- ble, on les ploie et on coupe le bout qui dépasse. I] faut avoir une grande pratique pour ficeler avec rapr- dité. Si on n’a pas d’ouvriers exercés, il est préférable de se servir de la machine Maurice avec ses agrafes. On trou- eae pene reer ae eer eS Mn pl or pie, WNL Ney eat, Ne ater agen Sure Rtn ta CULTURE DE LA VIGNE DANS LA CHAMPAGNE. 103 vera, 2 la description des planches du tome II de cet nuvrage, le plan de nouvelles agrafes. Mise en treilles. — Des que les bouteilles sont fice- lées, on les met en fas; elles ne s’arriment pas, comme les bouteilles bordelaises, sur des rangs doubles. Les tas sont simples et faits avec des lattes, comme les massifs Jes caveaux provisoires; on se sert, en Champagne, de lattes en bois de chéne d’environ 0704° a 0"05° de largeur sur (™005™ a 0™008" d’épaisseur. ~ Tl faut que le sol sur lequel on veut faire un tas soit ferme et bien nivelé. En Champagne, les caves sont ci- mentées; il y a des rigoles et des cuvettes pour retirer le vin provenant de la casse; mais on construit rarement ailleurs des caves ainsi disposées. On commence par placer sur le sol, sur toute la longueur du tas, une latte, ef, 4 25 centimetres environ de cette latte, on en super- pose six ou sept autres. Les fonds des bouteilles se placent sur la premiere latte, et les cols reposent sur les lattes superposées; le premier rang surtout doit étre bien d’aplomb ; les bouteilles ne doivent pas se toucher, afin que le col du rang supérieur puisse se loger dans l’inter- valle; on laisse environ 5 centimetres et on cale les bou- teilles du premier rang, surtout aux extrémités, avec de yieux bouchons ou des rognures. On place ensuite une latte sur les fonds des bouteilles du premier rang et on fait un deuxieme rang dont les fonds reposent sur les lattes superposées, et les goulots sur la latte placee sur le premier rang. On continue de la méme manitre, ayant soin de conserver la position horizontale et de caler les extrémités qu’il vaut cependant mieux maintenir au moyen d'une nouvelle latte placée verticalement et en- taillée sur les lattes horizontales. On ne doit jamais superposer plus de vingt rangées. ~ Quant 4 la longueur des rangs, elle varie. Les lattes champenoises sont souvent sciées d’une longueur a placer vingt bouteilles a rang double : onze dans un sens et neuf dans l’autre. Depuis quelque temps on a construit en Champagne, sur l’initiative du docteur Guyot, des tadles- tas sur lesquelles les bouteilles se placent au moment du tirage, sous un angle de 45°, et n’en sortent plus que pour se dégorger. On roule ces tables-tas a la brouette, ce qui précipite le dépét sur le bouchon et évite ainsi la mise sur pointe et le remuage. Cette méthode cons- titue un nouvel entredlage qui supprime également l’ancien systeme de mise en: treilles. Soins a donner aux vins mousseux. — Une fois les bouteilles en tas, lorsque la cave a une température uniforme et qu'il ne se déclare pas trop de casse, le vin n’exige plus aucun soin; mais si la casse devient trop forte, on est forcé de diminuer la température de la cave en jetant de l’eau froide sur les tas, en renouvelant lair, etc. D’autre fois, lorsque la température de la cave est trop froide, les vins ne moussent pas; on est alors obligé de les transporter dans un chai plus chaud. Lors- que le développement de la mousse est régulier et que la casse ne dépasse pas 5 pour 100, les vins n’exigent pas de soin avant que la mousse soit bien formée, ce qui a lieu d'une fagon plus ou moins rapide, selon le degré de tem- perature du local. Généralement, les vins tirés de mars en avrilne peuvent étre expédiés qu’a la fin de l’automne, et encore, apres leur dégorgement, sont-ils sujets a dé- poser. Pour bien faire, il faudrait les garder en tas deux ou trois ans; les bons vins y gagneraient beaucoup. Mise sur pointe. — Lorsque la mousse est bien for- mée, il se produit un dépdt volumineux qu’il faut séparer - , aes eee Pee Cee or A ee et SRS Gal pe ie ie CL ie Ek SP iain ee Phe Red a UES CD kes _ CULTURE DE LA VIGNE DANS LA CHAMPAGNE. 105 du yin. On améne peu 4 peu ce dépdt sur le bouchon en secouant la bouteille et en l’inclinant par degrés dans les trous d’un pupitre a dégorger. Cette opération se nomme la mise sur pointe. Les pupitres champenois sont des tables de 1™60° de hauteur sur 0"90° de largeur, assem- blées par de fortes charniéres. Chaque table a dix ran- eées de six trous chacune; les trous sont ovales : ils ont 0™10° de diametre sur 0"09° a l’intérieur. Au-dessus du trou, qui est percé obliquement, il y aun liteau qui maintient la bouteille. On peut, par conséquent placer les bouteilles sous plusieurs angles; quand le dépot arrive au col, on les laisse reposer quelques jours sur les pupitres, et on les place presque droites avant de procéder a leur dégorgement. On peut, a Ja rigueur, se passer de pzpitres, en main- tenant les bouteilles inclinées, en élevant leur fond a l'aide de plusieurs lattes superposées; mais ce systeme est loin d’étre aussi commode que les pupitres. Les tables-tas dont nous avons déja parlé servent de pupitres et évitent la mise sur pointe. Dégorgement. — Les bouteilles dont le dépot n'a pu étre amené sur le bouchon, ne peuvent étre expe- diées: on est forcé de laisser de cété les bouteilles qui ont des masques, pour les remettre en barriques. C’est pour éyviter cette perte que l’on emploie les solutions de tannin et qu’on ajoute de V’alun a la colle, parce qa alors le dépét ne s’attache pas au verre. Pour dégorger, on prend une bouteille sur le pupitre, ou la table-tas, qui peut se transporter & l'aide d’une brouette, en la maintenant toujours sur pointe, sur Vavant-bras gauche; on coupe avec la main droite le fil de fer et les ficelles & l’aide d’un crochet & champagne; on retient le bouchon avec l’index de la main gauche, 406 ; = ene et, s'il est trop glissant, avec une patte de homa do (pince 4 dégorger). Alors, on dirige le bouchon dans Vintérieur d’un baril dont le heute est ouvert par un large trou ovale et qui est placé sur un trépled, juste a hauteur de la bouteille tenue horizontalement sur le bras. A la suite du bouchon il s’écoule avec force environ 5 centilitres de vin, qui entrainent le dépdt lancé violemment par la mousse dans le baril. Aprés l’explo- sion et le départ du dépot, il peut se faire que le goulot soit sale : pour chasser les impuretés, on passe le bout du doigt dans le goulot en tenant la bouteille vertica- lement et en la faisant tourner entre les mains. Si la mousse ne sort pas assez vite, on frappe la bouteille légerement avec le crochet, en tournant constamment; ensuite, on bouche provisoirement la bouteille avec un vieux bouchon, et on s’occupe de décharger la bouteille de ce que les Champenois «ppellent son ¢rop de vin. Lorsqu’en dégorgeant, les bouchons résistent trop et ne peuvent glisser, on se sert d’une machine spéciale a déboucher, munie d’un tire-bouchon tres fort qui fait mouvoir le bouchon, quelque dur et serré qu/il soit, par le moyen d’une vis sans fin que deux roues dangle mettent en mouvement, La bouteille reste toujours sur pointe; il faut déboucher tres doucement afin d’éviter que les bouteilles n’éclatent. Des que le bouchon @ glissé & peine de 0™01° on retire la bouteille. Liqueur d’expédition. — Une fois le vin dégorgé il est limpide et sans dépdt, mais il n’est ni moelleux, mi agréable au gout, car presque toutle sucre quel’on y avait introduit a été transformé en acide carbonique, lequel, joint a l’acide tartrique qu’il renferme naturellement, lui donne un gotit piquant et une certaine rudesse. Il convient done de fee une nouvelle addition de liqueur de sucre, CULTURE DE LA VIGNE DANS LA CHAMPAGNE. 107 et, pour satisfaire le gout de certains consommateurs, de joindre & cette liqueur des aromates divers, des cognacs, des vins de Porto, de Madere, etc., selon la saveur que Vacheteur demande a trouver dans le vin. C’est ainsi que des vins semblables, mais destinés les uns pour I’An- gleterre et les autres pour |’Allemagne, |’Amérique du Nord ou la France, recoivent, selon leur destination, un genre de liqueur et un dosage spécial. Ainsi, pour l’An- gleterre, on ajoutera dans les liqueurs de fortes doses de cognac ou de porto, pour donner au vin le montant et le spiritueux qui plaisent a la généralité des consom- mateurs anglais, peu habitués aux vins légers; tandis que, pour la consommation francaise, on mettra de fortes doses de liqueur ordinaire aromatisée, afin de composer un vin moins alcoolique,.mais plus moelleux, plus sucré, la consommation francaise demandant surtout des vins délicats et savoureux. Il s’ensuit que les liqueurs d’expédition se font selon la demande du consommateur, selon le genre de vin mousseux qu'il a l’habitude de boire, selon le caprice du fabricant, son aptitude & connaitre le gott du public, et son hahileté a rendre son vin agréable. Avant de doser un vin dégorgé, il faut le gotiter, et, dans un essai préalable, déterminer quelle est la dose de liqueur simple ou aromatisée qui lui convient. La liqueur simple d’expédition doit se faire comme celle de tirage, 4 l'exception qu'il est inutile, selon nous, dy ajouter des solutions de tannin, d’acide tartrique et dalun. Nous ne nous sommes jamais servi, pour les préparer, que de sucre candi ou raffiné de canne et dune douzaine de litres de cognac vieux par barrique de liqueur. _ Cependant, nous avons parfois employé, par barrique de liqueur, un litre d’esprit parfumé de framboise, ou ne rn rae ee Pa rane " ; ‘CHAPITRE : SIXIEME. mieux de la premieére infusion de ce fr uit, accompagnée quelques atomes de parfums secondaires; mais c'était pour des vins qui n’avaient pas de nes. Au fond, la liqueur ordinaire d’expédition se fait comme celle du tirage. Pour ce qui est des doses, elles doivent varier comme nous l’avons dit, selon les cas. On ajoute 10, 15, 20 et méme 25 centilitres de liqueur par bouteille. Pour mettre la liqueur, on verse le trop de vin, c’est-a-dire le dégar- nissage, rpart, et ce vin de dégarnissage se remet en fut. Quant aux liqueurs d’expédition ajoutées aux vins des- tinés pour les colonies anglaises, ou double ordinairement la dose de vieux cognac-champagne qui entre dans leur composition, et on ajoute 15 pour 100 de vin de Porto vieux, ayant gout de rancio, avec 4 pour cent de vin de Madére, également vieux. Toutefois il est bon, avant d’expédier, de s’assurer, par une dégustation attentive et comparée des échantillons des vins mousseux des bonnes marques préférées dans la localité, si ceux de lenvoi ont les qualités et le gout qui les font rechercher dans ces contrées, afin de pouvoir offrir des types simi- laires, parce que, comme nous l’avons dit, ces types varient selon les caprices de l’expéditeur et du public. Ainsi, 4 part le gout, la seve, l’arome particuliers, on se rendra compte du titre alcoolique exact, ainsi que de la quantité de sucre renfermée dans le aide, Apres avoir fait ces essais (voir, pour les détails d’exécution, les analyses des vins et liqueurs), on sera parfaitement fixé sur la dose de liqueur simple @ em- ployer. Lorsque les vins dégorgés n’ont pas trop de rudesse ni de verdeur, on ne doit pas dépasser la dose de 15 centilitres par bouteilles. A plus haute dose, la mousse s’affaiblit; il ne faut pas d’ailleurs que le sucre rende les vins pateux. : t-te *- 4, - ‘ = ges ner = -¥ CULTURE DE LA VIGNE DANS LA CHAMPAGNE. —-109 Dosage. — On doit étre fixé sur le dosage de la jiqueur avant le dégorgement. — La liqueur, soit sim- ple, soit modifiée, est filtrée avec soin, et on la verse dans un vase a large orifice, muni d’un couvercle. Aprés avoir dégarni la bouteilles qui vient d’étre dégorgée de son trop de vin (il vaut mieux la dégarnir trop que pas assez), on y verse la liqueur @ l'aide d’un entonnoir du systeme de M. Mosbach, chef de cave (maitre de chai) de la maison Mumm. Cet entonnoira le bec recourbé con- tre la paroi de la bouteille, et une mesure (on doit en avoir un assortiment) vient s’adapter sur lui 4 aide de deux tiges horizontales dont elle est munie. On y verse la liqueur trés lentement; elle coule de cette fagon contre la paroi du verre, et J’ascension de la mousse n'est pas tres forte. Au contraire, si on vers* la liqueur a l’aide des mesures ordinaires en fer-blanc, usitées encore en Champagne (1), pour peu qu’on n’ait pas Vhabitude de ce travail, la mousse se projette avec tant de violence, qu’on ne peut en une seule fois mettre toute la dose de liqueur et qu'une partie de la mousse se perd. La liqueur étant introduide, on laisse & la bouteille le vide de la chambre, comme au tirage; on la bouche avec un bouchon neuf de premier choix et préalablement assoupli par I’ébullition ou la vapeur; puis on met la ficelle double et le fil de fer. Les bouchons d’expédition sestampent & feu, au nom de Ja maison ou du cru. On estampe le plus souvent a plat, sur la partie inférieure. La bouteille est alors remise en tas pendant une quin- zaine de jours, et, apres ce repos, elle peut étre dégustée. On ne peut apprécier de suite un vin qui vient d’étre dégorgé, car le mélange du vin avec la liqueur n'est pas encore parfait. (1) Ces mesures ont la méme forme que celles dont on se sert a Paris pour mesurer le lait. a ic eae ne —A Vexpedieen quelques mais goudronnent le dessus du bouchon jusqu’a la bague au galipot, soit simple, soit coloré en diverses couleurs. (Voir Mastic, goudronnage des bouteilles.) On choisira de préférence les couleurs non vénéneuses, telles que les ocres pour le rouge et le jaune, le noir de fumée, ete.; elles sont moins brillantes, c’est vrai; mais comme le col de la bouteille est recouvert, soit d’une capsule, soit d'une estagnolle (feuille d’étain), ce détail est insignifiant; beaucoup d’expéditeurs ne goudronnent pas. | Le capsulage peut s’exécuter avec de longues capsules, assujetties a l’aide du capsulotr, comme pour les vins de Bordeaux; mais peu d’expéditeurs se servent de ce sys- teme, qui est trés coliteux; presque tous se servent de feuilles d’étain que l’on encolle comme une étiquette ordinaire, et quis’appliquent sur le col, de facon 4 recou- vrir espace de la chambre, jusqu’au-dessus du bouchon. La bouteille est ensuite essuyée; on colle l’étiquette a toucher le fond, et on enveloppe la bouteille dans un papier portant ordinairement le nom du cra ou la raison sociale de l’expéditeur. I] ne reste plus qu’a emballer. Les vins mousseux s’emballent en caisses ou en paniers. On préfeére les caisses pour les voyages lointains, non seulement parce qu’elles sont plus solides, mais encore parce que les vins -Y €prouvent moins de variations de température. Quelques maisons garnissent les parois intérieures des caisses avec des feuilles de papier tres fort, mettent ensuite une couche de paille, et emballent soigneusement les bouterlles au tortillon, c’est-a-dire en les entourant d’un pailton enroulé en spirale qui les enveloppe depuis le col jusqu’au fond. Les couches sont séparées par un lit de paille; on met au besoin des paillons en travers aux extrémités des couches et entre les cols. L’emballage a 5 -v BPE eter a eg nee | cpa ES ee SS “ me “ “| ee * ‘ i S q : r CULTURE DE LA VIGNE 1 DANS LA CHAMPAGNE. qt terminé, on liane les caisses avec des écorees de cercles en bois blanc, et on les marque. Les caisses se font de plusieurs dimensions ; mais les plus usuelles sont les caisses de 12 bouteilles. Elles se font en bois blanc. Apercu des frais de fabrication. — La fabrica- tion des vins mousseux est, comme on a pu voir par ce qui précede, longue, minutieuse et cotiteuse; mais ce qui explique le prix de vente relativement élevé de ces sor- tes de vins, méme de marque ordinaire, c’est la casse, qui est est inévitable lorsqu’on veut faire des vins grands mousseux, parce qu’alors, pour former cette mousse folle qui les fait rechercher, on est obligé de forcer la dose de sucre, et méme en choissant les bouteilles, la casse sera de 10 4 30 pour 100, et parfois bien davantage. Cette perte stche, non seulement du vin, mais surtout des bou- teilles, des bouchons et des frais de manipulation, aug- mente dans une proportion notable le prix de revient. En moyenne, les prix de revient se raisonnent comme suit pour les frais généraux de fabrication de 100 caisses de 12 bouteilles de vin grand moussaux de qualilé ordi- naire formant un total de 1,200 bouteilles, soit environ 9 hectolitres 12 litres : Achat de 9 hectolitres 12 litres de vin.........F. 200 Préparation préliminaire, soutirage, por dé- SMe AIQMCUL xls ora vie nb eine nite go 02 ye sieeue AK 60 Tirage, bouteilles, bouchons, ficelle, fil de fer, lat- Pee OAMANULCTILION. ..°.%% . 00's 20s 2 PB, Raa 460 Casse (éventualité, 25 p pour! 10Q):.1. 0, POs Fass ys tas RS: Dégorgement, mise en liqueur d’expédition, bou- chons, fil, fagon..... Nees caelen feed e ome pebal ee okeis a eee he Expédition, capsules, étiquettes, papier, caisses, paille, lianes, fagon........-..0060- sbice She beh O DOW AT hg obits els ame ill, 258 La caisse ressortirait 4 12 fr. 55 c., soit un peu moins de 4 an 05 c. la houteille. ‘Conne on hs ‘voit,- co. cotte le moins cher, c’est le vin, quine représente qu ‘?— | valeur de 16 c. par bouteille. a M. Maumené a proposé, dans ces derniers temps, un moyen mixte qui évite les pertes des trop de vin, dans le dégorgement, en employant du gaz acide carbonique artificiel, et qui supprime la casse en faisant produire la mousse dans de grands vases spéciaux qu'il nomme aphrophores ; mais, pour employer ce systeme, on se sert du gaz acide carbonique prodwut par les machines ; les houteilles sont remplies de ce gaz sous la pression de cing atmospheres , et on verse le vin. Sous cette pression on peut y ajouter les liqueurs, etc. C’est un systeme qui unit les moyens naturels aux moyens artificiels, et qui utilise les trop de vin. Choix des vins convenables. — Nous ayons parlé, en traitant des préparations préliminaires, des soins @ apporter ala vendange, et du traitement des vins. Dans la Gironde, les vins les plus propres 4 étre tirés en mous- seux, sont les vins blancs d’une bonne année du Bran- nais et de nos cdtes, le Tourne, Langoiran, etc. Les meilleurs de ces vins ont une moyenne alcoolique de 10° 5 a 44° 5 d’alcool pur, et lorsqu’on a soin de les bien débourber, ils donnent de bons résultats. Les vins blanes supérieurs tels que les Barsac, les Sauternes, etc., ne peuvent remplir le méme but, car ils sont trop aleooli- ques. Les vins légers et francs de gout que nous citons, qui cotitent, dans les années d’abondance, de 150 a 200Ir. le tonneau de 905 litres. sont en tous points préférables. Plusieurs maisons champenoises tirent de vins blanes du Cubzagais dans les années ov la récolte est insuffisante; mais le Brannais est supérieur, lorsque ces vins doiyent étre employés en nature. | CULTURE DE LA VIGNE DANS LA CHAMPAGNE. —- 143. Vins mousseux artificiels.— Les frais énormes, es manipulations nombreuses, longues, les inconvé- ents du dégorgement, les pertes occasionnées par la asse, ont fait rechercher des moyens prompts et faciles le produire des vins mousseux & bas prix. On a essayé lintroduire artificiellement l’acide carbonique dans les outeilles, par les méthodes employées dans la fabri- ation des eaux gazeuses artificielles (4). Les vins fabriqués de la sorte sont inférieurs sous tous es rapports aux mémes vins traités par les méthodes isuelles, cest-a-dire qui ont été dégorgés et mis en iqueur d’expédition, etc., mais leur prix de revient est noindre d’un quart. Ainsi il n’y a pas a faire de frais de légorgement, de liqueur d’expédition, de bouchons, de il, de remise en tas, etc., ce qui constitue une économie le 170 fr. par 100 éaisses. Ce chiffre, joint & celui des ventualités de casse, 175 fr., forme 345 fr; plus du quart ‘u prix de revient. Les vins ne cotitent plus que 75 ¢. la iouteille mis en caisse, au lieu de fr. 05 c. Ils moussent nen lorsqu’ils ont été préparés avec soin, & l’aide de nachines bien organisées; mais ils ne forment pas utour du verre le cordon de mousse des grands mousseux laturels, et ils perdent plus facilement leur mousse. De lus, la fermentation des sirops qu’on y introduit forme es dépdts volumineux qui les louchissent. Toutefois, sur prix de revient, relativement faible, fait quils ont rouve un écoulement facile dans quelques colonies, par i concurrence qu ils faisaient aux vins mousseux natu- els. Mais, aujourd’hui, il s’en expédie beaucoup moins, (1) Le procédé primitif, qui consiste a faire des vins mousseux en troduisant dans chaque bouteille 5 grammes d’acide tartrique et grammes de bicarbonate de soude, ne peut étre employé, car, outre ue la mousse est faible, les vins restent louches et méme malsains, ar suite de la formation du tartrate de soude, qui est purgatif, et Wi reste en suspension. A. 8 ge yy ae *% Were: che fs as ioe Fo aioe - Soe eee FP. Peal Fa EE OO PE OT As ane ae : d 5a ae Ofte Oe a ee asters Cote rere tig CHAPITRE SIXIEME. be les vins dégorgés étant infiniment supérieurs, non seu- lement 4 cause de la tenue de la mousse, mais encore sous celui de l’expédition, les bouchons des vins arti- ficiels ne formant pas bien le champignon, ete. Toute- fois, nous allons indiquer comment on opérait. | Fabrication. — Pour fabriquer des vins mousseux artificiels, il faut prendre des vins blancs qui aient au moins un an. Ces vins seront tannifiés et collés a deux reprises, de préférence avec de la gélatine a haute dose. (Voir Clarification des vins blancs.) Lorsquils seront (une limpidité irréprochable et soutirés de leur colle, on y ajoutera une dose de liqueur a vin d expédition ; ils devront étre opérés de telle sorte gue leur tatre alcoolique et leur densité soient les mémes que ceux des vins traités par les méthodes usuelles, et préts a étre expédiés. Lorsqu’on opere pour la premiere fois, on se procure des types des vins recherchés dans les centres de con- sommation, types qui, comme nous l’avons dit, varien! selon les pays. Le talent de lopérateur consiste a pro- duire des vins semblables, au moins en titre et en den- sité, aux échantillons qu’on lui met sous la main. Lorsque les vins ont été mis en liqueur et agités (le liqueur doit étre parfaitement limpide), il ne reste plus qu’a leur donner la mousse. Dans ce but, on les verse dan: lasphere d’un appareil spécial construit d’apreés les meme: principes que les appareils & fabriquerleau de seltz arti ficielle, etmuni d’un producteur, de plusieurs laveurs, et¢ Tous les genres d’appareils, soit intermittents, $01 continus, ne sont pas également propres & cet usage; I faut, pour que l’opération marche bien : 7 1° Que le gaz acide carbonique soit parfaitement ur exempt @odeur et de govt de marécage que lui laiss parfois la craie traitée par l’acide sulfurique, lorsque le 4 a Peer ony. Se, A ee ee Ae f "PR rly ‘ “e : > i> a & — .” < i . a ~ CULTURE DE LA VIGNE DANS LA CHAMPAGNE. AA5 laveurs sont mal construits ou fonctionnent d’une ma- niere incomplete ; 2° Que la pression soit réguliére et puisse se maintenir 1 cing atmospheres, point le plus favorable; 3° Que l'appareil soit muni de tubes spéciaux qui per- mettent de remplir les bouteilles sows la pression de cing umospheres, sans que ascension de la mousse contrarie e remplissage ; “de boucher les bouteilles sows pression, ila méthode champenoise, en ne laissant que 0™02° au Mus de bouchon dans le goulot et avec des bouchons d’un liamétre de 0"03°, afin que le champignon puisse se ‘ormer comme par le bouchage ordiraire. Pour que ces conditions se trouvent réunies, il faut les appareils spéciaux et construits expres. Depuis longtemps déja, on se sert de l’appareil ordi- aire, avec quelques modifications dans la construction les laveurs et des enveloppes intérieures des spheres, qui loivent étres argentées afin de ne donner aucun mauvais yout et de ne pas étre attaqués par l’acide tartrique. On ifait quelques changements aussi pour obtenir le déga- yement de la mousse en remplissant; mais la plupart le ces appareils ont des tubes qui bouchentles bouteilles le la meme maniére que les machines & tube fixe ordi- daire, en enfoncant le bouchon complétement, ou a peu wes, de sorte qu’ils sont difficiles & extraire et que l’ex- losion est faible et quelquefois nulle. Une machine présentée en 1865 et construite spé- alement pour ce genre de préparation, remplit parfai- ement le but proposé. Quelques-unes des anciennes nachines ont aussi été modifiées. Les bouteilles une fois bouchées, les autres soins ecessoires, goudronnage, étiquetage, emballage, ete., ‘effectuent comme pour les vins fabriqués d’aprés les néthodes usuelles. CHAPITRE SEPTIEME. CHAPITRE Vil VIGNOBLES PRODUISANT LES VINS ORDINAIRES, Observations. — Vignobles limitrophes de la Gironde. — Vins chauds. — Roussillon ; nature du sol, situation, culture et vinifization. — Languedoc et Provence; oature du sol, situation, c.lture et vinification. — Vins froids. — Charentes; culture et vinification. — Vins de la Loire ; variétés des vins des cOtes de la Loire. Observations.— Les vignobles de France dont nous venons de détailler les procédés de culture et de vini- fication produisent les vins de table les plus distingués du monde entier, ceux qui se consomment pendant le repas et que l’on désigne sous le nom de grands vins moelleux. Us n’ont pas de rivaux ; car, s'il existe d’autres vignobles qui produisent des vins fins, soit avee les mémes cépages, soit avec les cépages de quelques loca- lités privilégiées, ils n’offrent pas au meme degré la finesse de bouquet et de sive, et surtout le moellenx des erands vins de Bordeaux, de Bourgogne et de |’ Hermi- tage. Ceux que l’on récolte dans des contrées plus chaudes, sur des sols a des expositions d’ailleurs tres favorables 2 la culture de la vigne et avec des cépages fins, ont um litre alcoolique plus étevé, quelques-uns ont meme du bouquet mais, en vicileant ils se séchent, perdent Te gout de fruit qu’ils avaient étant nouveaux, et beaucoup, i partir de leur deuxiéme année,-déclinent; s’ils prennen! en bouteilles un certain rancio, ils sont acres ou secs al lieu d’étre moelleux. Au contraire, ces mémes contrées sont éminemment favorables a la production des vins d VIGNOBLES PRODUISANT LES VINS ORDINAIRES. 117 liqueur, dont la composition et la vinification sont toutes différentes. Dans les climats plus froids, l’effet opposé se produit : les mémes cépages donnent des vins moins alcooliques, plus chargés d’acide tartrique et par conséquent verts; ils manquent également de moelleux, ceux-ci par défaut de maturité, et les premiers par exces, car, pour obtenir des vins parfaits, il faut un ensemble de conditions climatologiques et météorologiques qui se présentent rarement, méme dans les contrées favorisées ; aussi les consommateurs étrangers s’empresserit-ils de se pour- voir en vins de bonnes années, parce qu’elles sont peu 1ombreuses et qu'il est rare qu’elles se suivent. _ Les vignobles dont nous allons parler ne produisent, ipart quelques crus exceptionnels (il ya, dit un proverbe anicole, des Haut-Brion partout), que de vins ordinaires lont une partie (beaucoup trop faible, eu égard a l’énorme fuantité produite) finit bien, mais la majoriténe peut se ‘anger que dans les vins communs. Nous allons dire juelques mots des vignobles limitrophes a la Gironde, sur Jesquels on trouvera au chapitre traitant des achats, le plus amples détails; puis nous continuerons par les ims chauds ou vins du Midi. VIGNOBLES LIMITROPHES DE LA GIRONDE. _ Dans le voisinage du département de la Gironde, sur 2s cdtes de ee (Dordogne), se trouvent des V1- nobles ou la culture s’effectue comme sur les petites Otes des environs de Bordeaux; les vins de ces deux dealités sont d’une valeur identique. Il en est de méme es cOtes de Buzet, dans le Lot-et-Garonne, ainsi que es premitres cdtes du Quercy et du Lot, qui ont la Ft ee te Se tat oe pe ran ghee Os CA Te ee Se, 2 ’ ges, ae PNG ae Pe a Bes = a uk atte Ue, et ae Pa Ve. CHAPITRE SEPTIEME. 88 118 —— méme vinification et le méme logement. Pour les vins noirs de Cahors, ils subissent un traitement spécial. (Voir le chapitre traitant des achats). Dans la partie voisine de Bayonne, on connait un Vi- enoble étrange, établi pres de l’Océan, sur le revers de dunes de sables mobiles, 4 Cap-Breton et dans les villages des environs du vieux Boucau. Ce sable, examiné par M. Petit-Lafite, est formé de petits sphéroides de quartz hyalin d’une excessive mobililé, trop léger pour résister au vent, mais pas assez pour étre dissipé comme la pous- sire; il est composé de 98 p. 100 de sable siliceux et de 2 p. 100 de débris calcaires, de coquillages; c'est la composition des dunes qui s’étendent de Bayonne au Verdon. Ces vignes donnent un vin agréable, léger, moelleux, que l’on met en bouteilles dans le courant de la deuxibme année qui suit leur récolte; mais leur durée est courte et ils voyagent peu. Ces vignes sont entre- tenues par des sables neufs que l’on répand a la surface du sol, chaque année, sur une épaisseur de 10 centi- metres environ; on prend ce sable a proximité, sur la dune méme. Comme on le pense bien, le produit que donne un tel terrain estinsignifiant (4 peine de quoi cou- vrir les frais d’entretien, quoique tres minimes) ; elles sont cultivées par leurs propriétaires; on assure méme que l'on avait la coutume, 4 Cap-Breton, de considérer les vignes comme objet mobilier. Si le propriétaire avait son vignoble envahi par les sables que le vent y jetait, il arrachait les ceps & la main et allait les planter sur le versant d’une dune plus éloignée, car les dunes étaient autrefois communales. M. Petit-Lafite, qui a visité Cap- Breton, assure qu’on y récoltait du vin des le quinziéme siécle. Aujourd’hui, les vignes sont entourées de palis- sades, nommées ¢ournets, qui les protegent contre len- vahissement des sables; elles ne se transportent plus. — | ext eee ni ae Na De an en Ses ee ey | SE wk 3°95 8 Ae Oh pa ee vy ee HS . a 5. “ < = 4 TRE at ae a. pays eS st Sih aN ‘ + “VIGNOBLES PRODUISANT LES VINS ORDINAIRES. 119 Ona fait aussi, a titre d’essai, des plantations de vigne sur le revers des dunes, pres d’Arcachon; les plants se développent bien, comme du reste dans tous les sables fins, siliceux et profonds, sans mélange de gravier ou de terre végétale; mais, au moment ot ils commencent a devenic fructiféres, ils déclinent et n’ont plus qu’une végétation chétive; ils donnent si peu de fruit (une bar- rique de vin al’hectare environ), que souvent la valeur du vin ne couvre pas les frais d’entretien. Dans les sables accumulés sur les parties basses des dunes, le sous-sol est plus humide et il renferme un peu plus d’humus pro- yvenant de débris végétaux et autres. Dans les bas-fonds, la récolte est plus abondante, mais a moins de qualité, le vin y est plus faible; et si la partie basse est maréca- geuse, ila gotit de terroir. Les dunes donnent un pro- duit moins éventuel et se fixent mieux depuis que Vingénieur Brémontier a propagé la culture du pin mari- lime, qui réussit parfaitement sur les sables mouvants. La vigne, aucontraire, réussit d’autant mieux que, parmi le sable, il se trouve plus de cailloux et de calcaires. Aux environs de Pau, a Jurancon et dans la Bigorre, i Madiran, on récolte des vins d’avenir ; ceux de Madiran et de quelques communes environnantes viennent sur un sol provenant des alluvions des Pyrénées : on y trouve des cailloux, du sable et des argiles mélangées doxyde de fer. Les vins de Madiran sont trés tanniferes ; ils ont une tres belle couleur fort solide; étant nouveaux, ils possedent une Apreté tres forte qui diminue en vieil- lissant, et, apres cing ans au moins de soins en barriques, se mettent en bouteilles. Ils durent tres longtemps, se dépouillent et prennent du bouquet, tout en conservant néanmoins un certain fonds d’apreté, ce qui fait qu’ils sont plus employés a relever des vins faibles qu’ils ne le sont en nature. Po Ha eee 42 . ea ia CHAPITRE SEPTIEME. Les vignobles de Jurancon et de Gan sont sur des sols graveleux et pierreux, également tres chargés d oxyde de fer, et des plus favorables a la bonne qualité du vin; mais, @ part quelques vins blancs distingués, il s’y fait tres peu de vins rouges : il est rare d’en rencontrer hors des environs des Pyrénées. Le département du Gers, qui forme le centre de pro- duction des eaux-de-vie d’Armagnac, pourrait obtenir, indépendamment des vins de chaudiére, des vins meil- leurs que ceux que l’on en retire; car le climat y est tres favorable 4 la complete maturation du fruit, et les bonnes expositions ainsi que les sols convenables y abondent. Aussi, les essais d’amélioration de culture et de vinification, avec les méthodes et les plants adoptés dans la Gironde, que quelques propriétaires intelligents y ont tentés, ont-ils été couronnés de succes. On a éga- lement obtenu de tres bons résultats dans le départe- ment de Lot-et-Garonne; mais il reste beaucoup 4 faire encore, car la plupart des propriétaires-cultivateurs négligent les soins les plus élémentaires de vinification et de conservation des vins. VINS CHAUDS. Roussillon; nature du sol. — Les meilleurs vins du Roussillon se récoltent sur des montagnes voisines de la mer, 4 Collioures, Bauyuls, Cosperon, Port-Vendres. Les vignes sont plantées sur les versants escarpés de roches granitiques, schistoides, dont la décomposition a produit une terre rouge-jaundtre. Pour empécher cette terre de s’ébouler, on la retient par des murs, comme @' ’'Hermitage. Ces vins produisent des raisins qui muris- sent hativement, en aott; on vendange apres que le St > een Sb ew ie eee a Ne es ae ei Ee ly oe P ae oy . we * ef SO OC Os « ‘ - ‘ 7 Ps ; hy ak} i 3 ar es ~ eS VIGNOBLES PRODUISANT LES VINS ORDINAIRES. 421 raisin a perdu une partie de son eau de végétation; les motts sont trés sucrés. On obtient ainsi des vins doux qui, en vieillissant, prennent un gout de rancio tres prononcé, mais ce ne sont pas des vins secs; ces vins rentrent dans la classe des vins de liqueur. Les vins secs du Roussillon, connus sous le nom de vins de la plaine, sont récoltés sur Jes plaines dont Ri- vesaltes est le centre et dont les terres, formées des alluvions des montagnes, renferment 80 pour 100 de résidus insolubles; elles sont argilo-siliceuses et calcai- res sur certaines parties; on y trouve des cailloux; de Yoxyde de fer dans des proportions qui, 4 Rivesaltes, représentent 5 pour 100; ce sont des terres extrémement favorables a la culture de la vigne. Les vins qu'on y récolte ont une tres belle couleur et atteignent 15 pour 100 d’alcool; ils ont beaucoup de fruits et les premieres marques le conservent une couple d’années. Ces vins prennent en vieillissant uu bouquet particulier et du rancio; toutefois, malgré ces qualités, ils ne s’emploient pas comme vins de table, a cause de leur grande quan- lité de spiritueux et de leur pauvreté en matiéres sapi- des, tartre et ses combinés, qui les rend fades et peu séveux lorsqu’ils sont étendus d’eau; leur principal emploi consiste & fortifier les vins faibles, et ils sont surtout utiles lorsque les vins, peu alcooliques, sont en méme temps un peu trop chargés d’acide tartrique, ce qui est le cas le plus ordinaire. Le Roussillon est situé sous le 43° degré de latitude. Les cépages cultivés sont nombreux et varient selon le. genre de vin. (Nous ne nous occuperons pas ici des vins doux dont on fait plusieurs variétés ; nous en parlerons au chapitre des Vins de liqueur.) : Les meilleurs vins d’opération proviennent du piqgue- poule noir, du mataro, de la grignare. On cultive dans . & 6 ae 4 iy at) 6-4 eee ey SOFA Ur Ee ge OPER ee See Sar + . ee Ts arr 1 > CHAPITRE ‘seein les plaines des cépages communs qui donrient abonda ment, tels que le ferret, la blanquette, eic., mais les produits en sont bien inférieurs. | Culture. — Sur les montagnes on ne peut cultiver qu’a bras. On nettoie souvent le sol tres peu épais qui recouvre la roche; on y introduit une pince en fer afin de la faire fendiller davantage, sans défoncer le terrain plus bas, pour conserver de la fraicheur aux racines de la vigne, et on suit la méthode déja indiquée pour les plantations 4 la barre sur les cétes; la culture se borne a tenir la terre débarrassée des herbes parasites. Vinification. — Les raisins sont foulés, ou le plus souvent écrasés, sans déraper et jetés dans de vastes cuves ou foudres en bois, ou de vastes citernes-cuyes en maconnerie cimentée, et on n’y touche plus que lorsque la fermentation est terminée; on surveille le moment propice pour l’écoulage. Languedoc et Provence. — Nature du sol; Situa- dion. — Le Languedoe et la Provence produisent des vins en tres grande quatité; ils sont situés sous la lati- tude la plus favorable 4 la maturation des raisins, entre le 45° et le 42° degré. Le sol de ces vastes vignobles, qui embrasse les départements de VAude, de |’Hérault, partie de celui du Gard, et dans le Haut-Languedoe, le Tarn-et-Garonne, le Tarn et les deux départements pres des Cévennes, l’Ardéche et la Lozere, est tres varié. On y trouve des cétes ayant de l’analogie avee celles du Rhéne, dont nous avons parlé et qui en forment la con- tinuation dans le Gard et le Vivarais, ot les vins de) Cornas et Tavel présentent les mémes caracteres que ceux des cdtes du Rhone. Plus loin, en entrant dans la Provence, on trouve, pres du Rhone, de grandes sut- faces de terres charriées par les anciennes alluyions, ean © ee See ye mk et ee aye FT ee et A pb 5 eS OR AS ees . - ws ee See o> las (is ee ce os ed i F ~ ~—sC-VIGNOBLES PRODUISANT LES VINS ORDINAIRES. 123. telles que la plaine de Crau, et oti dominent les galets roulés, mélangés de pierrailles, de terres alumineuses chargées d’oxyde de fer. Dans le Var, la terre des cdtes provient de la décomposition de granites, de calcaires; et sur ce sol, la vigne donne des produits estimés. Les vins de Provence, dont la Mague et Bandol sont les types les plus connus, ont une grande analogie avec les yins des cOtes du Rhéne sous le rapport de la séve, mais ils sont plus colorés et plus fermes que ces der- niers, ce sont surtout des vins de bonne cargaison. Les Garrigues sont des plateaux et coteaux pierreux dont le sol est formé par une mince couche de terre végé- tale provenant de la décomposition des roches qui sont au- dessous ; quelquefois on trouve sur ces plateaux des gra- viers, des cailloux mélangés aux argiles ferrugineuses ; des alluvions maigres de méme genre se rencontrent dans les plaines désignées sous le nom de ¢errais de grés. Les vins venus sur les cétes se nomment vins de montagne. Culture.— Selon que les vignes sont cultivées sur des edtes ou en plaine, sur des terrains forts ou des terrains légers, les procédés et les outils employés varient; mais généralement, dans ces vignobles, les propriétaires, surtout ceux des plaines, ont pour but d’obtenir la plus grande quantité possible de vin avec des frais tres- minimes. Ils ont en conséquence peuplé leurs vignes des eépages les plus productifs, et chacun modifie la culture en vue de la quantité. S’il survient quelque catastrophe aux vignes produisant les vins fins, les prix venant a -augmenter, le commerce emploie les vins communs de plane mélangés aux vins des terres maigres; c’est ce qui explique pourquoi on rencontre dans le Midi tant de vins communs. Les meilleurs vins de ces contrées sont ceux de Fitou et de Leucate dans le Narbonnais, pres des plaines du eR eS) Kees, see ny aD We ee 5 - Fe Py ie Z 42400 GeEAPITRE SEPTIEME. > ey Roussillon; ceux de Saint-Gilles dans le Gard; de Bando en Provence, etc. Mais quoique les vins choisis de ce: vignobles soient tres moelleux étant nouveaux, le gou de fruit qu’ils ont ne se soutient pas en vieillissant : pass: leur deuxiéme année, ils déclinent. C’est une des cause quiont engagéun grand nombre de propriétaires a ne chet cher a faire que des vins de vente courante, le plus corsé et de la meilleure tenue possible. Comme vins d’opéra tion, on pourrait, sur certaines expositions, avec un bot choix de cépages, tels que la petite syrrah de ’ Hermitage le cabernet-sauvignon du Médoc, le pinot de Bourgogne et sur les sous-sols frais le petit verdot de Bordeaux, fair des vins plus parfumés. Ils auraient, il est vrai, un pet plus de finesse de gout que les vins actuellement récolté: sur les mémes cdtes avec les cépages mélés; mais outre que la production en serait bien moins abondante lonctuosité que l’on recherche dans les grands vins lew ferait défaut. On cultive dans ces vignobles plus de quarante variétés de raisins, depuis le pinot de Bour. gogne, appelé morvegué en Provence, jusqu’ au raisin di pauvre du Gard. Beaueoup de ces variétés portent dur canton 4 l'autre des noms différents, de sorte qu il esi a peu prés inutile de les citer, et les grands vignobles ont d’ailleurs de nombreux cépages dont quelquefois les vins sont faits 4 part pour étre mélangés ensuite en tirant les foudres pour l’expédition. La vinification a lieu comme dans le Roussillon et n’offre rien de parti- culier, — VINS FROIDS. On désigne souvent sous ce nom générique les vins provenant de vignes dont les raisins ne miurissent que dans les années les plus favorables; dans les années VIGNOBLES PRODUISANT LES VINS ORDINAIRES. 125 ¥ ’ pluvieuses ces vins sont en exces de l’acide tartrique et manquent d’alcool. ‘Les plus importants des vignobles qui les produisent sont dans les Charentes, qui donnent les meilleures eaux- de-vie du monde; ce n’est pas a la finesse des plants quest due cette supériorité, car le fond de ces vignes est peuplé par la folle-blanche ou enrageat, folle-verte et jaune, quiappartiennent aux variétés les plus communes et les plus abondantes en cépages blancs, mais aux di- yerses natures de sol, qui different selon les cris. ‘On classe les eaux-de-vie dites de Cognac en : 1° Grande-Champagne, ou Fine-Champagne; 2° Petite- Champagne; 3° Borderie, 1° Bois; 4° 2° Bois, Saintonge. On doit a M. Coquard une étude tres intéressante des sols de ces vignobles. La Grande-Champagne est formée par des coteaux situés entre la rive gauche de la riviére la Charente et la rive droite de la riviere du Né. Cette partie est située dans l’arrondissement de Cognac. Il existe des coteaux sur la rive gauche du Né et dans le département de la Charente-Inférieure, qui ont une nature de sol analogue et qui forment la continua- tion de ces couches campaniennes. Segonzac est au centre de ces coteaux. La couche de terre de ces vignes est un tuf blanchatre argilo-calcaire reposant sur un_ terrain erétacé et friable; le sol est facile 4 travailler et la vigne y enfonce ses racines facilement. — La Petite-Cham- pagne est formée de couches de calcaires inférieurs de Vétage santonien; la pierre y est plus solide, moins erayeuse, mais encore assez friable. Les Bors ont des sols argilo-sableux; les vignes, ainsi que Pindique leur nom, sont plantées sur les défriche- ments d’anciens bois. | s ue $ ] ‘ee Culture. — Dans la Grande-Champagne, oti la terre est tres légere et*par conséquent facile a travailler, on Senge eh RNA So geal Cg 126° 7 | CHAPITRE SEPTIBME, donne quatre facons aux vignes, a la béche : la premier se donne l’hiver; en avril et en mai, on donne les deu fagons de printemps, et a la fin de juin on donne | dernitre, qui consiste 4 mettre le terrain a plat. Dans les terres fortes, argileuses, difficiles, comme ~ sen trouve dans la contrée des Bois, en Saintonge, ete. on donne des fagons moins fréquentes, quelquefois deu au lieu de quatre. Les vignes sont tenues tres basses elles sont taillées & court bois, de maniere a former un cosse aplatie et large qui, se trouvant tres-ras de terre nest pas fatiguée par les vents violents d’Ouest, tre fréquents dans ces contrées, et ils évitent ainsi le frais d’échalas et liage, ete. La vinifieation n’offre rien de particulier; des que | fermentation est terminée, on procede a la distillation soit dans des appareils anciens, en deux chauffes (vol Distillation des vins), soit ’ Vaide d’appareils moderne continus de divers systemes, mais en ne dépassant pa une moyenne de 70° afin de ne pas perdre le bouquet qui s'affaiblirait si la rectification dépassait 75°. fl se fait dans les Charentes quelques vins rouges. Le uns, tels que ceux des cétes des environs d’Angouléme sont tres légers, Apres, assez francs de gotit, mais man quent de tenue. Is vzeil/ardent souvent des leur premier année; d'autres, tels que ceux des envions de Marennes sont tres couverts, mais doivent également étre employé dans l'année qui suit leur récolle parce que leur robe n tient pas. Vins de la Loire. — La Loire est bordée de cétes | pentes rapides offrant des expositions et des natures di sol tres favorables ala culture de la vigne; dans la Loire Inférieure, on trouve des cdtes a base de granite et di micaschiste, qui se prolongent jusque sur le bord di 2.

] SD ) désignées sous les noms de Vitis /abrusca, Vitis vulpina, Vitis cordifolia, ete. La Vitis vinifera ne se rencontre pas a l'état sauvage, et, cultivée, ne prospere pas en Amérique, parce que, sous l’influence du soleil brilant de l’été, elle perd bien- _tdtses feuilles, et peut & peine amener & maturité le peu de fruit qu’elle porte; le bois ne mutrit pas, ce qui compromet la taille de l'année suivante; ensuite l’hiver étant souvent tres froid, les ceps se gélent jusqu’au sol s'il ne sont recouverts avant les fortes gelées. M. Longworth, le créateur de la viticulture des Ktats- Unis, rechercha les meilleures espéces indigenes, et -. BS ae ee te. *,_ 3 37> af Ewen eet deed ee ed ME? ee! Lae eel. ee * ‘y 4 - =< Ot sF, apie € Se aii! os Nee ays SES El (a ONS | a EY ee “, ; os ya a WTS 2 Wed Settee ne Sf Lan aie ae oa eae ee ts b mS ee de ere: fe piety: tA wae Oo, ee ee .! sige iho CHAPITRE HUITIEME. Co a parmi celles-ci les sujets les plus robustes, dont les fruits étaient les plus sains et les plus beaux; il fit des essais de reproduction de tous genres, et enfin des semis; a force de tentatives, de temps et de dépenses, il réussit a obtenir par les semis des cépages dont les fruits étaient bien supérieurs aux variétés sauvages. Des lors la voie était ouverte; prenant pour souche des sujets indigenes, l’acclimatation était faite; on planta de grands vignobles, pres du Mississipi, dans Ohio, le Missouri, la Caroline du sud, la Géorgie, les Florides, la Californie, etc., et l’on continua et lon continue towours i faire de nouveaux semis, des croisements, afin d’obte- nir de nouvelles variétés de cépages, et d’améliorer les vins obtenus par les premiers vignobles créés. Les vins d’Amérique faits avec ces variétés de vignes ont un caractere particulier, et des seves, des nuances de robes tres différentes, selon les cépages dont ils provien- nent, les sols et les climats qui les ont produits. Il est difficile de se prononcer aujourd’hui; sur la qualité de ces vins, qui, dans l’avenir, finiront par avoir des types stables qu’ils sont loin de présenter aujourd’hui; en effet certains cépages ont un goiit qui se rapproche plutot de celui du cassis que de celui du raisin; mais, ainsi que nous le disions, on continue a former de nouveaux cépa- ges, en profitant des résultats acquis : c'est un grand pays vinicole en formation. Depuis l’apparition du phylloxera, qui a déja rayage une partie des vignobles de France, on a fait grand bruit des vignes américaines, qui, disait-on, résistaient a linsecte; aujourd’hui les propriétaires qui avaient employé les premiers des plants américains, soit comme porte-greffe, soit tels quels, disent que toutes les variétés américaines n’ont pas résisté. En vue d’avoir des vignes résistant au phylloxera et Systeme Duchene Thoureau. Lt OPEL EY Taille Aubry aE aT ee - + er ed 4 (ries eee ORE See Su HH NOTICE SUR LES VINS BTRANGERS. AS pouvant fournir des vins exportables sans avoir A les greffer sur les cépages francais, onta planté sur le littoral de la Méditerranée les meilleurs cépages américains, les jacques et autres variétés. Pourront-ils s'acclimater? — Ils le sont déja, disent certains viticulteurs, d’autres en doutent, car nos vignes n’ont pu réussir dans les con- irées ot ils végétaient, et ils craignent quils dégénérent ou ne deviennent improductifs: ensuite ces cépages demandent a prendre une grande expansion en bois, ce dont il faut tenir compte par une taille spéciale si l’on veut les avoir fructiferes : toutes ces questions sont a étude; le temps, qui est un grand maitre, en donnera la solution. 14.6 CHAPITRE NEUVIEME. CHAPITRE IX THEORIE DES AUTEURS ET CHIMISTES MODERNES SUR LA FERMEMTATION ALCOOLIQUE. Transformation des liquides sucrés en liqueurs vineuses; role des ferments, leur com- position chimique et leur mode @’action, selon les théories des divers auteurs. — Compos‘tion des motts. — Vins artificiels : considérations sur l’insuecés de leur fa- brication ; essais. — Vins semi-artificiels, faits & l'aide des rapes, des piquettes ou treuillis et des matiéres sucrées, — ‘entatives d’amélioration artificielle des motts faibies, pauvres en matiéres sucrées (procédés de Macquer, de Chaptal et du docteur Gall). —-Neutralisation des acides tartrique et malique. — Réduction de densité des moitts trop riches; effet de cette opération. Tous les chimistes sont d’accord sur les résultats dela fermentation vineuse; ils reconnaissent quelle nest qu’une simple transformation du sucre de raisin en al- cool et en gaz acide carbonique, et que cette décompo- sition de la mativre sucrée est faite sans perte dans les produits obtenus, puisque le sucre étant composé de car- bone, d’oxygene et d’hydrogeéne, on retrouve dans les pro- duits de la fermentation la méme valeur en poids d’alcool et d’acide carbonique, composés des memes principes. On sait que, dans la fermentation du mout de raisins, cette transformation a lieu par l'influence des ferments que renferme le motit, et que dans la fermentation des mativres sucrées qui ne renferment pas de ferments ne turels, telles que les dissolutions de sucre, de sirops, de mélasses, etc., dans l’eau, on obtient la fermentation er ajoutant & ces matibres des ferments qui transformen! FERMENTATION ALCOOLIQUE. {47 le sucre de canne en glucose (sucre de raisin), par sa combinaison avec l’eau. _ Les ferments sont des matitres azotées ayant subi un commencement de putréfaction. Le ferment le plus actif et le plus employé est lalevure de biere, qui, d’apres l’ana- lyse de plusieurs chimistes, se compose de : carbone, 0,60 ; oxygene, 27,10; azote, 15; hydrogéne, 7,30. Il ya plusieurs substances qui ont. une composition presque identique et qui ont les mémes proprictés, telles que l’albu- mine, la fibrine, la protéine, la glutine, etc. Les matiares animales et méme plusieurs végétaux en putréfaction ou renfermant des matiéres albumineuses, le gluten de fro- ment, la gélatine putréfiée, agissent également comme ferment. Lraction des ferments sur les matiéres sucrées est, Jus- qua ce jour, restée inconnue, non qu'il manque de théo- ries pour |’expliquer, au contraire, on peut méme dire quil y en a trop, car comme chaque chimiste croit & un mode d'action différent, et que, jusqu’a présent, on n’a pu contréler toutes les opinions, il en résulte ‘qu il est preferable d’attendre la complete révélation de ce mys- tere, que d’avancer des données plus ou moins douteuses. Les phénomeénes du développement de la fermentation ont ete étudié avec la plus grande attention et observés au microscope par plusieurs savants et chimistes habiles, entre autres MM. Quévenne et Mitscherlich. Des motits de raisins ont été filtrés jusqu’a ce qu’ils fussent dune limpidité parfaite; on a observé quaprés un espace de temps variable, selon la température, de huit heures 2 un jour au plus, le modt devenait trouble, et qu’en en placant une goutte entre deux plaques de verre tres mince, on apercevait, & l'aide du microscope, des glo- yules; qu’au bout de quelques heures il s’en développait Vautves de méme srosseur, et successivement, en trois \ 7 an : Pan ™ Te PARE « FT a! a “SP eee Pee of VES ele ee ee Sohn A +i +e Sd e. SSRN acre RS crt ih Phe ? ; La eee ute Shae {48 CHAPITRE NEUVIEME. jours, une trentaine, comme une sorte de végétation ra- mifiée, en forme de chapelet. Cette espece d’organisation avait lieu avant le dégagement de l’acide carbonique. Les globules de ferment ont été analysés; on a pu se convaincre ainsi que les principes constituant les glo- bules ne se développaient pas de suite, et quils étaient solubles dans le mout avant qu’il fat troublé, puisquil avait été parfaitement filtré. Ces globules sont composés dune enveloppe que M. Berzélius a nommée amylon, et dont la composition serait celle de la cellulose ou de l’amidon. A l'intérieur, les globules renferment un liquide azoté nommé protéine, dont la composition, d’aprés les analyses de M. Mudler, serait tres analogue au blanc d’cuf. Diverses analyses faites par d autres chimistes, | MM. Régnault, Dumas, Thénard, etc., reconnaissent dans les ferments les mémes principes immédiats. Jusqu’ici tous les observateurs sont a peu pres d’ac- cord; mais il n’en est pas de méme pour l’explication du i mode d’action des ferments servant a développer la fer-. mentation ainsi que la formation des globules, etc. 1° Les uns croient que les globules observés dans les liquides fermentables sont des animalcules infusoires: d’une espece quils nomment mycoderma cerevisie. Ces animalcules s’y développeraient, mangeraient le sucre, le digéreraient et le transformeraient en acide carbo- nique et en alcool. L’existence de ces animalcules serait tres courte, et on calcule qu’ils consommeraient soixante. fois leur poids en sucre. 2° D’autres voient le développement des globules comme une végétation rapide; ils admettent que les glo- bules, en se développant, en végétant, auraient la force de décomposer le sucre en deux parts ; Vacide carboniqué et l’alcool. 7 ‘ A | ee ae? . S & a. » Fawn. ea | Pe a gw Se eer 2 i Pe) Se +g J er ty el tee oe ee, wk fat oe Sc ’ CG ae Sad ar ie i a _ hes = Liem > wu aye > uta mae ea ae Pe ans ‘ ‘ " “ a od - f ah. & | # ~ > ) ’ \ je A ~~ d Sn : ; 4 FERMENTATION ALCOOLIQUE. {49 _ 3° M. Basset pense que le mouvement de la fermen- tation est di a un pouvoir électro-vital; que la ma- titre sucrée en dissolution pénetre dans le globule par imbibition, et quwimmédiatement l’action électro-chi- mique commence par le dégagement de l’acide carbo- nique. | 4° M. Liebig croit que la cause de la fermentation est dans l’attraction; que le ferment, étant dans un état de mouvement chimique, fait passer le sucre au méme état de mouvement. 5° Selon M. Berzélius, le mouvement serait donné par une force catalyptique, par le simple contact du ferment en mouvement avec le sucre. 6° Enfin, selon M. Maumené, le mouvement fermen- latif serait attribué aux attractions capillaires. On voit par ces six théories diverses, dont les défini- lions demanderaient un volume, les efforts faits par les hommes de science pour arriver a expliquer ce phéno- mene de la fermentation vineuse. Comme le dit M. La- voisier dans ses Hléments de chimie, « cette opération » est une des plus frappantes et des plus extraordinaires » de toutes celles que la chimie nous présente. » A part la fermentation alcoolique, la présence des fermenis et de Vair fait subir aux liquides fermentés deux autres transformations : 1° la fermentation acéteuse (qui transforme V’aleool formé par le sucre en acide ‘acétique) ; 2° et sous l’influence des mémes agents, le ferment et Yair, lacide est & son tour détruit; le iiquide se putréfie. (Voyez Observations générales sur le lraitement des vins, influence des ferments. ) Vins artificiels. — On a essayé de faire des vins factices d’une foule de maniéres; nous ne parlerons pas des recettes empiriques, mais bien des tentatives faites \ 7 150 _ CHAPITRE NEUVIEME. par des chercheurs sérieux, qui ont essayé de faire du vin sans employer d’autres principes que ceux que parait renfermer le mout; nous disons que parait renfermer le mowt, parce que sa composition exacte est loin d’étre connue. Ces tentatives ont abouti a faire des boissons assez agréables au gotit, salubres lorsqu’elles étaient bien clarifiées, mais qui n’imitaient pas les vins de bons cris, et qui revenaient a un prix relativement trop élevé. On sait que le motit renferme du sucre de raisin dans des proportions variables, selon la réussite des années, et qui, par exemple, dans les vins rouges de la Gironde d’une bonne année, donnent une moyenne de 10 a 11° de densité & l’ceenometre ou au pese-sirop de Beaumé; qu’il renferme du bitartrate de potassse (tartre) et d’au- tres sels végétaux et minéraux, du tannin, des matiéres mucilagineuses et gommeuses; que, pendant la fermen- tation, la matitre colorante, qui réside dans les pelli- cules, est dissoute, ainsi qu’une partie du tannin, des sels végétaux et des autres éléments constitutifs du vin. Mais les combinés, qui forment l’onctuosité, le moelleux, les différences si nombreuses de seve, de gout et de bouquet, sont encore inconnus. C’est sur des données aussi incompletes que l’on a essayé de fabriquer des vins factices; il n’est done pas étonnant que ces vins s'éloignent des produits de la nature. Lorsque plusieurs années de mauvaise récolte se suc- cedent, et que par suite les vins communs de consom- mation locale atteignent des prix trop élevés, on essalé de les suppléer par des dissolutions de matitres sucrées que l’on aromatise pendant leur fermentation avec des graines de coriandre, de la fleur de sureau, ete.; 0D obtient ainsi des boissons dont le goiit se rapproche plus de celui du cidre que de celui du vin. | FERMENTATION ALCOOLIQUE. | ASA Voici quelle est la composition qui nous parait se rap- procher le plus du type naturel des vins blancs communs : MEME eT, et aee 29 kilog. Beate traite a) fGOOL Se ne Pe2O ae Serstaux détarties). jo. . 6. 8h eens Sa OOmo Es oramearabiques:. 4... 6). ke ws és eee 1 kilog. _ Feuilles de vigne et pampres frais hachés. ... . dD kilog. Eau distillée (de pluie clarifiée ou de riviére filtrée) . 1 hectol. Le sucre est dissous & chaud ow & froid (la densité de ce mout est d’environ 10°); mais le tartre doit étre dissous dans une vingtaine de litres d’eau bouillante. On y jette ensuite la gomme arabique. Les pampres et les feuilles doivent étre bien hachés; ils seryent de ferment. Au moment ou la fermentation est le plus active, ce liquide ade l’analogie avec les vins blancs doux ordinaires; mais il revient beaucoup plus cher que les vins naturels, il coute 36 fr. ’hectolitre, soit 82 fr. la barrique nue; et lorsque la fermentation est terminée, iln’a pas de mau- vais gout, sa composition n’a rien d’insalubre; mais il na pas la seve, en un mot, le gout du vin blanc : comme nous venons de le dire, c’est une boisson qui n’a d’ana- logie avec le vin que tant que dure la fermentation tumul- tueuse. On a essayé de varier cette recette d’une foule de maniéres : les résultats ont toujours été sans importance ; on obtient des boissons fermentées assez agréables, des especes de bieres, mais non du vin. : Vin de rapes ou piquette. — La rape ou marc est ce résidu de la vendange qui reste dans la cuve apres la fermentation des vins rouges, ou sur le pressoir quand on fait des vins blancs. Ce résidu apres avoir été pressé, est généralement employé, dans la Gironde et dans heaucoup de vignobles, a faire des boissons ou piquettes, pour l’usage des vignerons. A cet effet, on utilise com- ‘- | | et ee ee Ce ae eee a, ee ee me Bet, ear SP oa Eh LS ie Pee rou nko dhe ® if . re ii DE Sp vont aml ; t eT Dy ae Regen) aa f ans He 4 EG, pa wl ple 7 ee ~ er 7 452 -CHAPITRE NEUVIEME. pletement tous les principes solubles que renferme encore le marc en le traitant de la maniere suivante : 4° Le mare de raisin blanc ou rouge non fermenté en- titrement, apres avoir été pressé, est émietté, afin de le bien diviser, et introduit dans des fits, que lon remplit ensuite complétement d’eau; ou bien on le fait fermenter dans une cuve, en y ajoutant le double de son poids d'eau, et, brassant bien le mélange, on écoule en futs cette pre- miere piquette. Apres une macération de trois ou quatre jours, et en renouvelant l’eau de trempage plusieurs fois, on enléve complétement au mare les matiéres sucrées et les sels solubles qu’il renferme. Les piquettes fermentent en barriques et se soignent comme les vins blancs nou- veaux. On consomme les plus faibles les premitres. Lorsqu’on ne possede pas assez de futs pour écouler les piquettes, on presse le marc, en |’émiettant le moins possible, dans les barriques; on recouvre la surface de sable et on referme les barriques hermétiquement. On fait les piquettes au fur et & mesure des besoins, en émiettant le mare dans une barrique relevée, et en ver sant de l’eau dessus jusqu’a épuisement complet. 2° Le marc des raisins rouges fermentés se traite de la maniere suivante : apres avoir été pressé, on le porte de suite dans une cuve ou un grand fit. On y ajoute le double de son poids d’eau; on agite, et on :aisse macérer un ou deux jours au plus. On écoule la premiere piquette, et on fait plusieurs trempes jusqu’a épuisement complet des principes solubles.’ 3° Enfin, on peut utiliser le mare pressé, soit a servir de Fananee! mélangé par moitié avec le foin, ete., 0 bien on le distille pour en retirer de l’'alcool. Par la me ration 4 chaud, du marc et des vinasses, lessivées avec de l’eau bouillante aiguisée d’acide chlorhydrique; onen retire du tartre brut. FERMENTATION ALCOOLIQUE. 153 4° On a proposé d’épuiser le mare en opérant dessus une deuxiéme, troisitme ou quatrisme fermentation et plus, avec de l’eau sucrée, de maniere a retirer de ce marc tous les principes solubles dans l’eau et tout l’al- cool qu il renferme. Tous ces procédés sont connus et employés depuis un temps immémorial dans tous les vignobles francais ou etrangers, sauf le dernier, qui n’a été employé que dapres les conseils donnés par les chimistes du siecle dernier et du commencement de celui-ci, en 1818. (Voyez Compte-rendu de la Société royale d’ Agriculture de Lyon, de année 1818; et plus récemment, en 1845, les travaux de Dubief, etc.) Ce procédé est tres simple : il consiste a laisser le mare dans une cuve, apres avoir écoulé le vin, et a y vider une deuxieme cuvée de moit artificiel fait avec de l'eau et du sucre, marquant le méme titre, la méme densité que le mott de raisin d’une bonne année, c’est-a-dire de 10 a 11°, au pese-sirop de Baumé; a écouler, apres fermen- tation ce deuxitme vin et a en faire un troisieme; a presser ensuite le marc et ale faire fermenter de nouveau avec des eaux moins sucrées; enfin, a lui éter comple- tement tous ses principes solubles. Ce vin d’eau sucrée dissout, pendant la fermentation, les restes des principes solubles contenus dans les rapes ; il se colore un peu; mais (quoi qu’en disent certains @nologues) si le premier vin-a été bien fait et qu'il pro- vienne d’une bonne année, le second vin est, sous tous les rapports, inférieur au premier. lly a des contrées ou ’engouement pour les vins d'eau werée et de rape est porté a son comble; en Bourgogne urtout, ce procédé est tout a fait & la mode. Certains pro- wiétaires affirment que leurs troisiemes et quatriemes rins sont aussi fins en gout que leurs premiers ; que la cou- AD4 | CHAPITRE NEUVIEME. leur en est aussi belle; qu’ils ont autant de bouquet, etc que l’absence de sels donne a ces vins un gout plus dé licat que celui des vins naturels parfaitement vinifiés. On voit, non sans surprise, des auteurs avancer qu¢ par ces procédés, on doublerait la richesse vinicole de | France, et encourager ainsi la cupidité des producteur: C’est déplorable pour les viticulteurs qui ont pris c¢ mauvais procédés pour habitude, car si l’on croit ain: progresser, on se trompe : on déprécie, on avilit tous le produits @un vignoble. Les phrases sonores ne sign fient rien : que l’on fasse comparer les vins d’eaw sucre avec les vins dren vinifiés, quand ces deux produits aurot vieilli deux ou trois ans, on pourra juger alors de l’éno me différence qui existe entre eux. En 1852, nous essaydmes ce procédé sur des vins ¢ edtes de la Gironde d’une année bien réussie : le mot avait 10° de densité. La vendange fut foulée, mais no dérapée, parce que la vigne, peuplée de cépages commur et s’étendant partie sur la céte et partie sur la plain donnait des vins un peu mous; la cuve, qui était ¢ 45 hectolitres, fut couverte avee des toiles mouillées 4 des planches jointes; le chapeau fut retenu dans le mot avec un filet; la moyenne de la température était ¢ 18°: la fermentation fut termiriée en neuf jours. Le vi fut écoulé, et la cuve rechargée avec de l’eau sucré a 10° Baumé : la (ccuentanings S ‘accomphit aSSeZ bien! dura moins que la premiere fois; mais ce second vil qui était plus put aanckes que le ‘préckdene était mov coloré; il n’avait qu'une demi-couleur et un gott un pe fade. tl revenait, non compris la valeur de la rape, 398 fr. le tonneau nu. La rape fut sortie de la euye | pressée, puis remise dedans, avec de l’eau sucrée 16 Ce troisieme vin était encore moins coloré que le deuxi! me, il étaitrosé; il revenait au prix de 162 fr. le tonneat arta fale bs » - ‘ae hss wo Retugenc le hae) Ku Laee ae bi Wr me ty Regie e wf rie FERMENTATION ALCOOLIQUE. 155 Ce dernier vin fut soigné a part; il donna un trés mauyais résultat : il devint sec et acre. I] fut ensuite opéré avec les vins naturels, qui étaient tres colorés, et le mélange donna un vin dune couleur ordinaire, qui avait 9° 3/10 d’al- cool. Ce vin était plus coiteux que le vin naturel: il était moins bon, et la rape était sans valeur : on ne pouvait en faire qu'une mauvaise piquette. Tel fut le résultat ob- fenu. Plusieurs grands propriétaires de ertis ordinaires ont aussi fait des essais, en 1856, et ils ont pu se con- vaincre que, bien que les vins fussent & cette époque a un prix trés élevé, le résultat était défectueux sous tous les rapports. Sucrage des moftits. — Depuis bientot un sitcle, divers chimistes et cenologues ont proposé d’améliorer le mout des raisins verts en y ajoutant des matiéres sucrées. La premiére expérience connue du sucrage est due au chimiste Macquer, qui, en 1776 et 1777, cueillit dans un jardin de Paris des raisins de treille tres verts, a peine lournés, et, apres en avoir exprimé le moat, il y mit dela cassonnade, jusqu’a ce que ce moitit eit une saveur sucrée. Cette double expérience est relatée dans le Dic- honnaire de chimie, t. V, p. 200. Depuis Macquer, l’illustre Chaptal, dans!’ Art de faire le vin et Chimie appliquée al Agriculture, t. I, p. 208 1213, précise les regles & suivre pour opérer le sucrage lans de bonnes conditions. Cette méthode, tres simple, sonsiste Aramener le mout pauvre ala densité des motits les années favorables. Ainsi, dans la Gironde, par xemple, les motits d’années favorables a la maturité ont le10 4 11°, en moyenne, au pese-sirop de Baumé, et lans les années ou le raisin ne peut murir, ils varient leza 9°. (On pourrait faire un essai sur un litre de mot, ny faisant dissoudre le sucre avec précaution, et, en 156 CHAPITRE NEUVIEME. pesant de temps en temps le motit, on arriverait 4 con naitre la quantité de sucre qui est nécessaire pour un) cuvée. ) L’addition du sucre dans les mottts est rarement avan tageuse ; les vins sont plus aleooliques qu’ils ne le seraien en nature; mais ils sont verts quand méme, parce qu'il renferment trop d’acide tartrique, et ils reviennent foi chers. Ainsi, en admettant qu’ils eussent 4° de densit de moins que dans les années favorables, ces 4° de suer exigeraient par litre environ 100 grammes de matiere sucrées, qui, au prix du sucre raffiné, au minimur de 130 fr. les 100 kilogrammes, font 117 fr. 65 c. pa tonneau de 905 litres. En sorte que, dans certains cas ils reviendraient plus cher qu’ils ne vaudraient. On dira que l’on peut, par économie, employer de sucres bruts, des sirops de fécule, de radia etc. ; ; mal toutes ces matiéres ont des gouts étrangers au ‘moult qu restent parfois dans les vins. Nous préférons employer les moyens naturels que now indiquons plus loin, quand nous parlons des précaution) a prendre pour opérer les vendanges dans les année froides : les vins en sont meilleurs et ne sont pas aus! couiteux. : Neutralisation des acides tartrique, maliquié — Malgré le:sucrage, les vins de raisins non murs sol trés verts. On a cherché a faire disparaitre en partie e exces de verdeur en saturant les acides des moits aVai¢ de sels alealins, tels que la craie, ou mieux, le marbi en poudre, qui sont des carbonates de chaux, le carb¢ nate de potasse. Ces mativres ont été employées a la dos de 2 & 4 grammes par litre de moat. Les vins ain traités sont moins Hae: ; mais il se forme, par la neutré lisation, des sels, des acétates et des tartrates qui rester a ..- = lle 7 5 > it > jet Aa x ad Ss ' ye, “ i ares. * ai" 7 - wong ” os 4 ey 1 AN A ’ zoe . ed ° par , } s } : ; FERMENTATION ALCOOLIQUE. 57 en suspension, en partie, et qui nuisent a la salubrité du yin, surtout s’il est consommé avant d’avoir été clarifié. Addition de matiéres sucrées et d’eau. — En Allemagne, M. le docteur Gall, de Tréves, ainsi que M. Siémens, proposent de diminuer l’exces d’acide tar- trique avec de l’eau sucrée (au lieu de neutraliser Vacide). Ainsi, le moit d’une mauvaise année renfermant, Waprés le docteur Gall, environ trois fois plus d’acide que celui d’une bonne, il conseille d’ajouter sur ce mott deux fois autant de mott artificiel d’eau sucrée, et il obtient ainsi trois récoltes. Ce procédé peut étre bon & employer en Allemagne, ou les vins sont chers et les raisins tres verts. En France, meme dans le centre, ces vins reviendraient, dans les mauvaises années, a des prix plus élevés que leur valeur commerciale. En employant cette méthode sur des argen- leuils de l’année 1860, par exemple, il eut fallu, pour faire disparaitre leur exces @acidité, dédoubler le moat, on pas deux fois, mais bien six fois, et encore on naurait fait que des vins blancs tachés et verts, qui seraient revenus a 50 fr. la piece de 230 litres. On aurait -u de la peine a les vendre a moitié prix de revient. Dans la Gironde et les vignobles de méme latitude, il era toujours préférable d’employer les moyens naturels jue nous indiquons. _ Mott trop riches en glucose (en sucre de rai- sin). — Plusicurs auteurs, s’instituant cenologues, ont roposé de diminuer la densité des moits trop riches Nn principes sucrés, en les ramenant a un titre moyen ar une addition d’eau, avant que la fermentation se soit tablie. Par cette méthode, disent-ils, on évite de faire les vins doux, lorsque le motit est trop sucré; et, tout | ABB eS CHAPITRE NEUVIEME. | en augmentant la récolte, les vins sont meilleurs, car ils éprouvent une fermentation plus complete, ete. D’ailleurs, selon leur opinion, que l’eau soit ajoutée a la vendange ou que les raisins renferment naturellement de l'eau de végétation, le résultat doit étre le méme. Il est probable que les théoriciens qui raisonnent ainsi n'ont jamais fait de vin avec des mots trops sucrés el de ’eau. Il est vrai que la récolte est augmenteée et que la fermentation est complete. Mais que fait-on? de mau- vais vins de chauditre, qui ne peuvent se conserver, sé piquant et s’acidifiant avec une tres grande facilité. Il y a longtemps que ce mauvais procédé est connu les Grees le pratiquent dans l’Archipel depuis un temp: immémorial, et les vins quils font, et que nous avons gottés sur place en 1865, ont de la peine a se conserve! un an (d’une récolte a l'autre) sans se gater, maler Vaddition d’une forte quantité de résine (galipot d sapin) quils y introduisent pendant la fermentation Cependant, ces vins ne sont pas faibles : ils ont uni moyenne alcoolique de 10 1/2 a 41 p. 100. Il y a peu de raisins qui donnent des motits tro] riches en matieres sucrées, si on si les cueille exactemen au moment au mement ou la maturité est terminée, car méme dans les contrées vinicoles les plus méridionales le sud de.la France, de Espagne, de l'Italie, de |; Gréce, en Afrique, etc., le raisin mer a point denne Wi motit qui ne dépasse 14° que lorsquil a été laissé su pied et qu'une partie de l’eau de végétation s'est évaporée Nous avons remarqué que dans les contrées ou les vin, ordinaires conservent une douccur fade, tels que certain vins communs du midi de la France, de Espagne, ete. cette défectuosité tenait aux mauvais procédés de vim fication, et aurtout au manque de soins dans la récolte plutot qu’a la grande richesse des mouts, puisque la plu | “FERMENTATION ALCOOLIOUE. 159 part de ces vins n’atteignent pas (sans vinage) 14 p. 100 Waleool. En général, les raisins sont vendangés trop tardivement, et lorsqu’il y en a déja une partie de pourris. Dans ces conditions, le mout étant riche en sucre Gla de 12 a 14° de densité) et possédant peu de ferment, la fermentation s’opere lentement, et le vin est écoulé de la cuve avant que le travail chimique soit terminé : il renferme encore du sucre non décomposé et reste long- temps douceatre. Or, & moins de vouloir faire des vins de liqueur, on ne doit pas laisser pourrir les raisins rouges, car alors les vins restent plus ou moins longtemps doux, sans qu’ils aient pour cela atteint le maximum Valcool, les motits ne dépassant pas 14° de densité. ~ Dans les contrées ou les vins sont naturellement dou- eedtres et communs, telles que la Grece, etc., nous nous sommes bien trouvé de vendanger aussitét que la moyenne dela récolte est mitre et sans quily ait encore de raisins pourris, plutot hativement que tardivement; nous wons constaté que les raisins des vendanges tardives et lont quelques-uns étaient pourris, donnaient, il est vrai, les motits qui marquaient 1° de plus au pese-sirop de Baumé (1); qu’ils fermentaient beaucoup plus lentement, ‘estaient longtemps douceatres, et avaient une tendance ts acidifier. Les motits auxquels les indigenes ajoutaient fe eau pour les réduire étaient encore plus inférieurs. Jela s’explique parfaitement. Un mout tres riche, 18° yar exemple, qui est réduit & 11° par une addition d’eau, 'e peut donner que des vins dépourvus de qualité bien fue la quantité d’aleool soit égale a celle du motit natu- el qui pese 11°, parce que le motit naturel renferme, iutre la méme dose de principes sucrés, une foule de ma- ESE ashe. ick poeRR eens Ged is (1) Les raisins sains donnaient 12 4 120 1/2; et les raisins dont une artie étaient pourris, donnaient 12° ] /2 & 13°, a Sale ee a SMa OR oe - Tees yy Pydilees Way <3 a ey Bo alana Ca aida > spit liny. \ 160 CHAPITRE NEUVIEME. tieres aromatiqnes, de combinés de sels végétaux, ete. ; et le mott additionné d@eau en contient une quantité d’autant moindre que leau y a été introduite en plus grande abondance. Ce procédé n’est pas usité par les propriétaires intelli- gents, pour la vinification des vins de bouche; il ne peut convenir que dans la fabrication des vins destinés a la chaudiére et faits avec des vins riches en sucre, qui, réduits de 8 & 10°, fermentent d’une manibere prompte, et que l’on peut distiller sans attendre pendant plusieurs mots que la fermentation insensible soit terminée et sans craindre que le sucre soit encore en dissolution. = PT - Tailles du Medoc. Vf ~ st 16 \ 1 fe Ee, iy wo Cc Serpe du Serpe du Canton de Pauillac . Canton de Lesparre at ‘Se ee eh uae Se oe Ce on ae Y So male ge AS eee ae AR eee ar Fe is). > ‘ “y ¢ ; ye ere k ee tk ; 7 wr, Lave c yA : ‘oie’ ey Ss . , - a ae tte + Mt Nee o - : t ‘ ‘bie 1 ad KK, ~ *y 4 7 ~ -VINIFICATION. | 4164 CHAPITRE X VINIFICATION DES VINS DE LA GIRONDE ET DES VINS ORDINAIRES DE TOUS LES VIGNOBLES. Observations générales. — Eyclusion des mo dela nature du sol.— Choix des cépages ; qualité des vins quw’ils produisent isolément. — Opérations préparatoires.— Pratique de l’effeuillage ; 80n utilité, ses inconvénients. — Vendanges des années favorables, des années froides, pluvieuses, — Triage, fou- lage.— Préparation des vaisseanx vinaires — Fermentation ; disposition des cuveg — Cuves couvertes : diverses maniéres de les couvrir.— Cuves découvertes ; maniére de conduire la fermentation ; msuvais usages a éviter. — Décuvaison. yens artificiels. — Vins rouges. — Etude — Vinification des vins blancs de toutes sortes.— Grands vins blancs de la Gironde : nature du sol, cépages, culture, — Moyen de constater la densité des mouts. — Ven Analyse du titre alcoolique et de] trie (¢éte) @un p danges, — a densité en sucre de raisins des vins de Ja deuxiaéme remier cra classé de Sauternes, seize mois aprés la récolte.— Procé- dés on usage pour augmenter la densité des motts inférieurs; insuffisance des | moyens artificiels, Observations générales, écart des prix entre eS grands vins et les vins ordinaires. — [La fer- nentation influe d’une manibre décisive sur la bonne ou amauvaise qualité du vin, selon quelle s’accomplit dans 'e bonnes ou de mauvaises conditions. Les phénomenes le la fermentation vineuse ont été objet d’études et “observations sérieuses de la plupart des chimistes et hhysiciens dont s’honore la science. Des le commen- ement de ce siécle, un savant illustre, le comte Chaptal, écrit l Art de faire le vin. Son ouvrage indique les ispositions a prendre pour effectuer la vendange, le vulage et le cCuvage, et pour remédier au manque de ‘aturité du fruit. | ; Depuis l’apparition de ce travail, plusieurs traités de: A. ll +, a oy m4 "7 — a ea bam . 2 “5 Pint Ghee ae Fe ay, > 5d 3 , Poe oe , let ties amt 462. ’ ¢ Y ‘ wy Pal ee - vinification et divers ouvrages se rattachant a la cul- ture de la vigne, ont été publiés, entre autres l’ OEno- logie francaise, de M. Cavoleau, les ouvrages de MM. A. Jullien, Dubief, B.-A. Lenoir, Gaubert, Payen, Fauré, Landrey, Basset, Batilliat, le comte Odart, d’Ar- mailhacq, Ferrier, Marchand, D. Guyot, Maumené, ete. Les auteurs des nouveaux traités completent, dévelop- pent les idées émises par le céleébre Chaptal; ils s'occu- pent des phénomenes de la fermentation au double point de vue physique et chimique, et de la fermentation alcoolique des matiéres étrangeres ala vigne, de la trans- formation des fécules et autres matiéres saccharifiables en glucose, etc.; mais leurs ouvrages n’offrent aux viti- culteurs, sous le rapport pratique de la fermentation vineuse, que peu d’idées qui n’aient été indiquées par Villustre auteur de l’Art de faire le vin. | Depuis longues années, méme avant la publication du travail de M. le comte Chaptal, la plupart des proprié- taires des grands cris de la Gironde font appliquer ala fermentation du raisin toutes les améliorations indi- quées par l’cenologie, science qui a pour but la vinifiea- tion et le traitement des vins Les propriétaires des cris inférieurs agissent tout autrement Il est pénible de voir méconnaitre de la sorte les soins qu’exige la vinification. Cependant les conseils n’ont pas manqué... Malgre cela tous les ans, il se fait une grande quantite de vin ayanl déja, au sortir de la cuve, un commencement d’acidite: et plus l'année a été chaude et par conséquent favorable 1 la bonté du produit, plus on rencontre ce vice, quin’é souvent d’autre cause que la négligence des producteur: x éviter acces de l’air sur le chapeau de leur vendang* et 2 décuver en temps opportun. L’écart considérable qui existe entre le prix des pre: miers grands vins de la Gironde et le prix des vins de: Sg ee UII OS SS ARs Wi ol As ot TOG Ie val i Panam = CN fea Mey ee re Pe eas NS SESE, Cage OF a ate at ‘ i MS ae © , a eae . Aah , al x y. u J © a ae * , x b. ae M4, ¢ _VINIFICATION, aoe 163 re ey crus inférieurs du méme département explique, d’une part, la recherche des propriétaires des grands certs a améliorer leurs vins par tous les moyens possibles; tandis que la plupart des propriétaires des cris ordinaires ne recherchent que la quantité du produit. La proportion des prix est, en moyenne, comme | est a 10. Ainsi, les vins ordinaires étant 4300 fr. le tonneau, il n'est pas rare de voir payer 3,000 fr. les grands cris classés, et parfois bien plus cher. Toutefois, il ne peut étre donné a ce sujet d’indication précise, parce que les prix moyens des vins ordinaires varient chaque année, selon l’abondance de la récolte; tandis que souvent le prix des grands. vins varie suivant les qualités qu ils présentent. Il n’est pas rare de voir le prix des vins supérieurs étre dix fois plus élevé que celui des vins ordinaires, dans les années de réussite exceptionnelle, tandis que, dans les mauvaises années, si les vins sont verts et maigres, leur prix ne dépasse qu’a peine le double de celui des vins ordinaires. L'intérét des propriétaires des grands crus est donc de chercher a obtenir desvins parfaits, afin de les vendre plus cher ; tandis que les producteurs des vins inférieurs ne re- cherchent généralement que la quantité. Ceux-ci se di- sent: En peuplant nos vignes de cépages fins, nous au- tions un quart, un cinquitme de moins de récolte qu’avec NOs cépages, qui sont communs, et la plus-value de nos Vis ne nous couvrirait pas du déficit que nous subirions. Sila production n’ett pas diminué par la maladie de la Vigne, et que les vins ordinaires plus abondants se fussent maintenus 4 un plus bas prix, le commerce ne recher- therait que les vins d’avenir, susceptibles d’acquérir de la qualité en. vieillissant. Des lors, les vins communs stant délaissés ou vendus a bas prix, lintérét méme du ropriétaire serait d’améliorer ses produits, afin d’avoir ie Sp gee ek eee: eo wa a 164 CHAPITRA DIXIEME. un écoulement facile et d’obtenir un taux plus élevé, car alors la plus-value de ses vins améliorés équivaudrait a la valeur d’une production plus abondante. Il est des crus inférieurs qui, bien que placés dans de bonnes conditions de nature de sol et d’exposition, ne doivent leur infériorité qu’a de mauvais cépages et au peu de soin apporté a la vinification. Mais quelle peut étre la cause de cette négligence du propriétaire? On ne peut l'attribuer qu’a l’incurie, car sans frais on peut, en perfectionnant ses procédés de vinification, améliorer son vin des la premiére année, et, parle choix intelligent des bons cépages, arriver en peu d’années a obtenir des vins estimés, au lieu des vins inférieurs qu’on récolte actuellement et dont le prix, en temps d’abondance, n’excédera pas celui des vins communs du Midi, parce que de tels vins n’ont pas d’avenir. Nous parlerons en détail, dans les articles suivants, des diverses méthodes de vinification employées dans la Gironde et les départements limitrophes. Ces méthodes peuvent se résumer a deux principales : méthodes de vinification des grands cris, 0 sont mis en pratique les moyens de perfectionnement indiqués par l'cenologie; et les méthodes ordinaires, avec les pratiques vicieuses qui s’y rattachent, et que l’on doit éviter. Nous n’avons & nous occuper ici que de la fabrication pratique du vin avec le raisin, sans addition dans la cuve de matitres étrangeéres au fruit de la vigne. Nous mettons au rang des vins artificiels, et condamnons dans la vini- fication des bons vins, anes que soit d’ailleurs la den- sité du mout, l’usage des additions de sucre, de glucose, de tartre, d’eau, d’acide tartrique, etc., préconisées par plusieurs auteurs, soit pour remédier au manque de matu- rité, soit pour augmenter la matibre sucrée du mout, ou pour la diminuer dans les motts trop riches en glucose. Ue. a | 7 VINIFICATION, 165 _ Préparation a la vinification normale des vins rouges. — Méthodes employées dans les grands cras de la Gironde. — La finesse de gout des grands vins de la Gironde repose sur Vensemble des soins dunnés dla culture, a la vendange, a la vinification et au choix des bons cépages, autant que sur la nature du sol. Le propriétaire d’un grand vignoble peut remédier aux imperfections, aux défauts naturels de son vin, en mélan- geant avec intelligence les cépages. On sait qu’un vin est parfait quand, arrivé & sa maturité, c’est-a-dire lorsquil est dépouillé et prét a étre mis en bouteilles, il joint & une ceuleur vive du corps sans sécheresse, une seve aro- matique agréable, du bouquet, qu'il est moelleux et qu’il a conservé un gout de fruit prononcé, Il laisse & désirer, méme lorsqu’il a de la finesse, s’il est trop faible en couleur et en corps pour se conserver longtemps; s'il manque de seve, de bouquet, ou s’il est sec, acre et sans gout de fruit, etc. La plupart de ces défauts peuvent se corriger, si l’on dispose d’un bon sol, en employant les cépages qui donnent en exceés la qualité dont manquent les vins produits par les mauvais cépages. Cépages cultivés dans les grands crits. —- Les meilleurs cépages rouges cultivés dans la Gironde sont, par ordre de mérite : 1° le carmenet ou petite vidure, appelé dans le Médoc cabernet-sauvignon, petite vidure frisée; 2° le gros cabernet, dont il existe plusieurs varié- tes, confondues souvent avec la carmenére ; beaucoup de Vignerons appellent ces variétés grosse vidure; 3° le yetit verdot; 4° le gros verdot ; 5° le malbec, appelé aussi nausac et noir de Pressac, et le merleau. On met en deuxitme ligne le cruchinet, le massoutet 't le carney, qui donnent de bons produits, mais par eur mélange avec les cépages précédents. Bi sae. et ads 166 , CHAPITRE pISTEME Les carmenets ou petite et grosse vidure, nommés dans le Médoc car benet-sauvignon, gros carbenet, ainsi que la carmenére, paraissent étre, comme Il’indiquent leurs noms, les trois principales variétés de la méme espéece. Les carmenets produisent des raisins de grosseur et de graines moyennes, murissant, en méme vere que la plupart des autres cépages, et donnant un vin fin, plein de seve et de bouquet, peu coloré, et s'altérant moins faci- lement & lair que le vin qui provient des autres cépages. La carmenére ales graines plus grosses et donne un vin onctueux, un peu plus coloré que celui du carmenet et présentant en partie les mémes qualités. Ces excellents cépages forment le fond de la plupart des grands cris; plusieurs propriétaires n’en cultivent pas d'autres, car seuls ils peuvent donner des vins parfaits. Le petit verdot et le gros verdot sont les deux variétés de la méme espéce. Le petit verdot produit un raisin & petites graines et qui murit assez difficilement : c’est le plus tardif des cépages de la Gironde. Dans les années ot: sa maturité est complete, le vin qui en provient joint a une belle couleur beaucoup de corps, de spiritueux, de fermete et de gout de fruit. L’onctuosité, le moelleux que posstde le vin de pur verdot se conserve en vieillissant, qualité rare, difficile & obtenir, et qui place cet excellent cépage au premier rang; il a de l'apreté, occasionnée par la erande quantité de tannin qu'il renferme et dont il se dépouille en vieillissant. Les vins provenant de ce cepage sont lents & se développer, mais ils acquitrent de la seve et du bouquet, et sont ceux qui se conservent le plus longtemps, qui supportent le mieux les longs voyages el s’alttrent le moins au contact de air. Le gros verdot produit un raisin agraines plus grosses, -‘VINIFICATION. | 467 wee a er Ree? ee ewe ee Sct ee lia Re ae ee ee er eR, ae ee, tee oe le eos Me . pr EO eat ONE ¢ Mea is PIPING a ees CRE LPH ge Re | Ie ey eae GE s we ae apis 4 7 Kee ; Do ea . « 7 . F { également tardif a mtrir, et dont le vin, de longue durée, jouit d’une partie des qualités du petit verdot. Le malbec, appelé aussi mauzac, noir de Pressac, est * un raisin noir de maturité précoce, d’une saveur agréa- ble, et qui donne un vin coloré, moelleux, ayant un gout de fruit tres prononcé, mais mou, et par conséquent difficile & conserver, surtout sil est placé dans un local sujet aux variations de la température. Le merlot, le massoutet, le tarney, ne se cultivent pas seuls; ils sont souvent mélangés avec les deux vidures. Le merlot donne, pris séparément, un vin qui a du rap- port avec le vin de malbec. Il a, comme ce dernier, un gout de fruit prononcé. La maturité de ce raisin est par- fois inégale; dans les années pluvieuses, on rencontre fréquemment sur le méme cep des grappes déja mires, a coté d’autres encore vertes. Le vin de ce cépage est agréable, assez délicat, mais mou, peu alcoolique, pré- cose; il s’acidifie promptement si on néglige de le soi- ener et de le garantir du contact de l’air. Ce cépage, pour donner de bons résultats, doit étre mélangé avec dautres cépages donnant des vins fermes, corsés, tels que la vzdure et le verdot. Le massoutet, le cruchinet et le tarney sont peurépan- dus ; ils sont ordinairement mélangés avec les précédents. Ces deux cépages donnent des vins qui présentent en partie les qualités des vins faits avec la vidure. Nature du sol; choix des cépages propres ala production des vins fins. — Notre but n’est pas d’étu- dier les natures de sol convenables & la culture de la vi- gne. D’ailleurs, dans la Gironde, la vigne croit sur des sols de nature tres diverse, depuis les sables arides, les graves, jusqu’aux riches palus d’alluvion de la Garonne. Nous youlons seulement parler ici de l’amélioration du PU GR en rete er he tees Bayes, BE CMPORN Se mas i aa i Dae i gee i ce tae vin par le choix des cépages selon la nature et lexposi- sition du terrain. Cette étude toute pratique doit étre fate par le propriétaire ; nous ne pouvons que /esquisser act, en ne donnant que des généralités. Examinons d’abord quels sont les vices des vins com- muns de la Gironde. Les vins communs ont un, plusieurs et queiquefois la totalité des défauts énumérés ci-apres : titre alcoolique faible, couleur terne, plombée, difficile a clarifier, et se dépouillant par le collage; gout désagréable de terroir, de rape, d’amertume, d’acreté, d’apreté, de verdeur; tendance a se piquer. En veillissant, ces sortes de vins perdent le gotit de fruit ue quelques-uns d’entre eux pouvaient avoir, et au lieu de gagner en qualité, ils deviennent acres, durs, secs, et ils ne peuvent pas se conserver. Nous avons dit que les grands vins étaient dus aux bons soins donnés & la vinification, au choix des bons cépages, a la nature et 4 l’exposition d’un sol favorable ala culture de la vigne. Au contraire, on n’obtient que des vins inférieurs par la réunion des conditions contrai- res, telles que la négligence des soins apportés a la vini- fication, le choix des cépages productifs et la mauvaise nature du sol. Les cépages produisant les vins ordinaires sont le mancin, le teinturier-alicante, la pelouye, la petite et la grosse chalosse notre, le cioutat, le pied de perdriz, le balouzat, le jurancon, etc. Examinons séparément les défauts des vins, et cher- chons a les neutraliser avec les cépapages les mieux appropriés a la nature du terrain. De tous les défauts des vins communs, le plus grand est la faiblesse alcoolique, le manque de corps; ce vice ote aux vins qui en sont atteints la possihilité de se conserver, et si a la faiblesse alcoolique se joint le |. ame oti ee VINIFICATION. = 169 i manque de tannin, on ne doit pas espérer les garder longtemps sans altération, maleré les soins les plus attentifs apportés leur conservation. On doit rechercher la cause de ce vice dans la nature d’un sol trds fertile et les cépages donnant en abondance des raisins trop aqueux, trop chargés d’eau de végétation. Si ces vins | sont réecoltés sur des terres fortes ou des palus, on les améliorera en remplacant une partie des cépages qui lonnent des raisins trop pauvres en matiére sucrée, par leverdot, qui est le raisin par excellence des palus, et qui lonnera au vin, non seulement du corps, de la couleur, le la fermeté, mais aussi le tannin nécessaire a sa con- servation. Si le sol est maigre, composé de sables ou de staves, et surtout si ce sont des coteaux bien exposés, avidure donnera des bons résultats, surtout si l’on a oin de choisir les expositions les meilleures. La couleur terne et plombée dépend souvent du lanque de tannin et d’alcool nécessaires pour préci- iter le mucilage, l’albumine véegétale, la couleur solu- le, etc., en suspension. En donnant au vin plus de orps, on facilitera la clarification et le maintien de la suleur. Souvent les vins éprouvent de la difficulté a se clari- *t par suite de la pratique vicieuse qu’ont beaucoup de ‘opriétaires de faire répandre sur leurs récoltes leur vin > presse (treuzllis) avant que le vin soit débarrassé de 'S grosses lies. Quant au gott du terroir, il dépend ‘sentiellement du sol. Toutefois, on peut chercher ‘le faire disparaitre en partie, car tous les cépages ''donnent pas, sur le méme sol, le gotit de terroir au teme degré. On a remarqué que les vins faits avec le ‘rdot avaient. ce gowt moins prononcé que les vins its avec les cépages communs, bien que récoltés dans ls terrains identiques. Le gout de rape, la tendance a ae he x , bal eS Lee ee, ee ete.) 5 Low ’ ‘ i, we ges ¥ r be * ts oak * a ay Se Ng ad, tp ee” Del IR) eee ee Me hl ND aa Pr a ~~? Sle ed RED ca Maas Cia PROM Cl a tA eis tet lt ir list poe Ls nc le” 6 et ee TE A ie ye Rtn Ae rN Bina ae ea S st 170 | CHAPITRE DIXIEME. s'aigrir, dépendent en grande partie du manque de soil dans la vinification. | Si les vins ont assez de corps, de spiritueux, pour s conserver longtemps, s’ils ont trop de rudesse, d’Apret d’amertume, — certains vins de cétes sont dams ce cas — on peut les rendre moelleux’et leur donner le got de fruit qui leur manque en plantant une partie de vignes en malbec et en merleau. : En un mot, dans la production des vins ordinaire: s'il y a faiblesse alcoolique, on doit chercher, par choix des cépages, & obtenir un corps convenable : pot que ces vins puissent se conserver sans svaltérer, let titre doit étre d’environ 10 p. 100 dans les bonnes années et si les vins ont naturellement un bon titre alcooliqu’ mais s’‘ils sont rudes, on doit chercher & les rend) moelleux : on n’obtiendra ce résultat qu’avec de bonn: vignes et une bonne vinification. | Effeuillage de la vigne. — L’effeuillage consiste dépouiller les pampres de la vigne des feuilles qui peuve priver les raisins de la chaleur des rayons solaires. ( laisse les feuilles situées dans la direction du nord-oue a lest, parce qu’elles protegent les raisins contre 1) vents et les pluies froides, ainsi que celles qui s0: placées au-dessus des raisins, afin d’éviter que le ch: de la pluie ne détériore les graines. | Cette opération ne doit se faire que lorsque les raisi 5 ont entitrement changé de couleur (quand ils sont verre. Le but de l’effeuillage est de favoriser la maturation ds raisins, qui, en recevant directement les rayons du sole, acquitrent un degré de chaleur plus élevé, qui facilite: transformation des principee acides en glucose (sui: de fruit). | L’effeuillage ne doit pas se pratiquer indistinctem« | ; | Py, | | wy wens ‘ 7 ie > Oar ec -VINIFICATION, | ase yk tous les ans, sous tous les climats, sur toutes les natures et dans toutes les expositions de terrain (1). L’effeuillage devant aider 4 la maturation, & moins que l’on ne veuille faire des vins liquoreux, cette opération devient inutile, nuisible méme @ Ja qualité et a la quantité du produit, lorsqu’elle est faite par une température trés élevée dépassant 25 a 30° centigrades) et sur des sols maigres le graves, ott la réverbération des rayons du soleil est res vive, avec la surface polie des cailloux, sur les raisins des vignes basses et des cépages précoces. Dans 2es conditions, la chaleur desséche les grappes, accélére ‘ortement Ja maturation, tout en arrétant on diminuant “ascension de la seve; de sorte que le fruit murit for- ment, sans avoir recu de la seve les éléments de itrition nécessaires A une maturité normale; l’arome st en partie éliminé; les raisins sont échaudés et la vellicule altérée. Si une partie considérable des raisins ‘st pourrie, la couleur est beaucoup plus faible, parce [ue la matiére colorante résidant dans la pellicule se rouve ainsi détruite, et on s’expose, en outre, A faire les vins doux, difficiles & conserver. Leffeuillage devra se faire et se pratique dans la rironde, surtout dans les années froides ou pluvieuses, orsque l’on a a craindre que la maturation ne se fasse wavec peine et incompletement, et que le raisin ne oit vert. Les cépages qui doivent étre le plus aérés sont aturellement ceux qui viennent tardivement, tels que > verdot, etc., cultivés dans des plaines basses, sur des *xrres fortes, alumincuses ou d’alluvion. Toutefois, méme ans les années chaudes, il est bon, deux ou trois jours Eee er RY oh Wai ne coils (1) Les terrains qui facilitent la maturation sont : les graves, les bles, les sols calcaires ; les terrains tardifs sont : les plaines de tres fortes, les palus d’alluvion. Les expositions les plus favorobles la vigne sont celles des coteaux tournés au midi. i bit eae avant de vendanger, de visiter les vignes et d’aére d’effeuiller légerement les cépages mal exposés, af de placer les raisins sous l’influence des rayons s¢ laires. Ces observations se rattachent a la vinification des viz rouges. Pour la vinification des grands vins blanes ¢ la Gironde (Sauternes, Barsac, Bommes, Preignac les Graves), dont les qualités recherchées consiste: dans la finesse du bouquet et de la seve, jointe a bea coup de moelleux et de douceur, on met completeme les pampres 4 nu dés qne le raisin est verré. Cela | pratique non-seulement pour qu il puisse murir, ma afin de le laisser pourrir sur pied, dessécher ensuite € partie par le soleil, qui évapore leau de végétatic surabondante. Par suite, les parties sucrées se CO) centrent; le vin que l’on obtient est d’autant plus moe leux. que la densité du motit est plus grande. Lr een ead MeL aa, eae foe eh ni MEM IES eT pi NT Be iN Pee eipis we ig ie 7 Ne Bae Swaerells>., He SB be tt peat back r. he ‘_ 4 = <1 obs CHAPITRE DIXIEME. — Vendanges.— Les propriétaires désireux de faire di vins fins sans verdeur doivent s’attacher (méme dans |) années chaudes) a ne faire cueillir que des raisins pa faitement murs. Or, on sait que les diverses variétés ( cépages de la Gironde ne mirissent pas toutes a— méme époque, a conditions égales d’exposition et ( nature de sol. Ainsi, le malbec, le merlot, sont pli précoces que les cabernets, (ou vidures), et ceux-ci pht que le verdot, etc. De la la nécessité de vendanger plusieurs reprises. A part les variétés de cépages, lag des vignes, l’exposition et ]a nature du sol, les raisit d'un méme pied n’arrivent pas tous en méme temps un égal degré de maturité ; les raisins les mieux expose ceux qui se trouvent les plus rapprochés de la souchi et qui recoivent les premiers l’influence de la seve 01 une maturité plus précoce et contiennent plus de suci ake Chad ined a pe ait 2a VINIFICATION. | 173 ue les raisins éloignés de la tige, qui sont cachés par es feuilles ou qui ont eu une floraison tardive On voit par la que les mémes cépages doivent étre endangés a plusieurs reprises; au premier triage, on ueille les raisins parfaitement mirs, et on laisse ter- niner sur pied la maturation des autres. Les propriétaires des cris ordinaires objectent que les endanges sont plus cotiteuses lorsqu’on cueille les fruits plusieurs reprises sur les mémes cépages, et c’est le eul motif qui, joint a l’insuffisance des vases vinaires, eur donne l’idée de vendanger en une fois. Is pourraient ependant éviter le surcroit de dépenses qu exigent les riages séparés, et arriver avec les mémes frais a faire des ins meilleurs que ceux qu ils obliennent, en vendangeant eparément chaque variété de cépage a sa complete ma- wilé, et en séparant les raisins verts, échaudés ou ourris, et ceux dont la maturité est incomplete ou vi- euse; ces raisins défectueux seraient mis a fermenter 2 art et formeraient le deuxitme vin. On reconnait aisément la maturité ala couleur foncée, eudtre, des graines, a la coloration de la grappe, au imollissement de la pellicule, et surtout au gout fran- lement sucré du fruit, et plus facilement encore en servant la densité du motit, qui, dans la Gironde, mdant les.années favorables, est d’environ 10 214°. Quand le raisin n’est pas mar, la couleur des graines ‘t plutot rouge que bleue, la pellicule, est encore dure, Te raisin a un gout aigrelet, qui domine la saveur terée. Récolté dans cet état incomplet de maturité, le isin donne un vin qui conserve un gout de verdeur lovenant de l’exces d’acide tartrique qu’il renferme. I] a 6galement diminution de la couleur et de la finesse, irsqu’il y a exces de maturité et que le raisin est pourri; | pellicule se trouve alors détruite en partie; c’est ce ee Ma aD fos eee Ns ec Pee: We, tl eee el Pa}. Me ey VaR Oe Ae whee Re Bae ms See al oe Moe ee ep hy Midi Tee ola ‘ ‘Th CH APITRE DIXIEME. — qui aKa la faiblesse de la couleur, qui, comme 0 sait, réside dans la pellicule méme. En outre, le vinau gotit moins franc; il est douceatre, ne contient que pe ie tannin et se conserve difficilement. Dans les années chaudes, on vendange sans inconyé nient du lever au coucher du soleil. Il est convenable ¢ laisser évaporer la rosée, afin de ne pas affaiblir la det sité du motit, qui serait diminuée par les vapeurs aquel ses condensées sur les raisins, Les raisins coupés, on les place, sans les fouler trop fo tement, dans des vases en bois nommés basées et compo: tes, dont la forme la plus ordinaire est celle d’une coy foncée sur le petit diamétre; les raisins doivent étre port immédiatement au pressoir. Si le pressoir est éloigné ¢ la vigne, on place sur des charrettes les bastes ou compo tes, oubien on vide les bastes dans les gargowilles, sor de petites cuves servant a égoutter le vin du pressoir. Dérapage. — Avant de mettre en cuve, on proce au dérdpage, opération qui consiste a séparer la raj des graines. A cet effet, on verse la ‘vendange sur di claies placées sur le pressoir; on la remue en tous sens l'aide de fourches ou de rateaux. Les graines sont ain détachées de la grappe et tombent dans le fond du pre soir; la rape seule reste sur les claies. Les hommes du pressoir chargés du dérapage font deuxivme triage, et mettent de cdté, avant de dérape les raisins ou parties de raisins qui ne leur paraisse pas sains et qui ont échappe aux coupeurs. _ La question de savoir sile dérapage était utile ou mt are alongtemps divisé les viticulteurs. Il est certa que la rape active la fermentation. Néanmoins, elle dc disparaitre completement dans la vinification des vi fins, lorsque les motts renferment assez de ferment, — i. ae SS Se MMR Cita a Nm TPE, oa Ne: 1 FY ~ 7 fe ih ae j hes ye PEMIEICATION SY ue of oie - La rape est composée de filaments ligneux; elle ren- ferme des ferments, des sucs tenant en dissolution une partie des principes contenus dans le raisin, du tartre, du tannin, une matitre extractive amere et diverses huiles essentielles a odeur et saveur désagréables. Si la tape ne renfermait que du tartre, du tannin et les aro- mes que contient le raisin, elle serait utile & la vinifica- lion, parce qu’elle activerait la fermentation et contri- querait 4 la conservation des vins en augmentant la Juantité de tannin; la dissolution dans le moat de son rincipe amer et des gotts et aromes désagréables quelle renferme, la fait exclure completement dans la anification des vins fins. Ces vins, dans les années médiocres, par leur mode le fermentation close, avec l’cene (les pellicules et les jraines) reslant immergée dans le modt, renferment issez de tannin pour se conserver et faciliter leur défé- ation. On ne doit faire fermenter le raisin avec la rape, m totalité ou en partie, que lorsque le moat est pauvre mM malitres sucrées, ou que la pellicule tendre est en varlie détruite par l’exces de maturité. Dans ce cas, le annin étant indispensable & la conservation des vins, m doit chercher & en augmenter la quantité dans tous ®$ Vins mous. Dans les fermentations libres ordinaires, les proprié- aires jettent dans leurs cuves les graines avec les grappes wils ont préalablement foulées. Or, on sait que, pendant 2 fermentation, une partie des grappes, pellicules et epins, monte et s’éleve au-dessus de la surface du lout et forme le chapeau; ces matiéres, w’étant plus lumergées, ne peuvent plus, par conséquent, contribuer ‘donner au mowit de la couleur et du tannin; tandis ‘Yen les tenant constamment dans le mout par le moyen ‘un treillage, on obtient, avec une couleur plus intense Sb cet Locke Bee ly Vaal Pais, 176 : beaucoup plus de tannin et quelquefois trop. En adop tant ce procédé, on peut dérdper en partie, et obteni ainsi des vins plus moelleux et ayant une quantité di tannin suffisante a leur conservation. Souvent le gout de rape ne provient pas de ce que les raisins n’ont pas été dérapés, mais bien de ce que le vir est resté trop longtemps dans la cuve. Plusieurs expé riences que nous avons faites sur des vins corsés di midi de la France, et en Grece, nous ont prouvé qu’e1 ne dérapant pas des raisins tres doux, dont le mou marquait de 12 443°, la fermentation était plus active Nous avons remarqué aussi que, dans ces conditions lorsque lon traite des motts ayant peu'de ferments, \ vin fait avec du raisin dérapé a moins de couleur et di tannin que celui qui a fermenté avec la rape. Vendanges des années froides et pluvieuses precautions a prendre en cueillant le raisin. — Lorsque le raisin n’a pas muri, le propriétaire doit cher cher par tous les moyens possibles 4 atténuer, au moin: en partie, ce manque de maturité. Ces moyens son nombreux, sinon infaillibles : le premier et le plu important est de ne pas se hater de vendanger. I faut dans les années pluvieuses, apres avoir aéré les raisins savoir attendre le moment de la récolte; car, dans no} contrées, le temps pluvieux, en maintenant le ciel cou vert, abaisse la température, entretient une humidit trop grande et active la végétation des pampres, at détriment de la maturation des fruits. Cet abaissement de température causé par la pluie es beaucoup plus nuisible que le tempe sec; mais que li pluie cesse et que les vents d’est viennent & régner, kt soleil reparaissant, la température s’éléve et donne asse: de chaleur pour que le raisin atteigne une maturité qui Sees hc Pegi “VINIFICATION. | ~ couee | AIT bien qu’inégale et incomplete, permettra cependant de faire des vins marchands. Ainsi, apres avoir attendu le plus longtemps possible, le proprictaire devra commencer ses vendanges. Il ne laissera mettre les vendangeurs au travail quaprés la disparition de la rosée. Il fera surveiller attentivement les coupeurs, auxquels il recommandera de mettre 4 part les raisins ou les graines trop vertes ou pourries. ll fera suspendre la coupe s’il vient a pleuvoir, ou bien si la température est inférieure a 15° centigrades. ll veillera & ce qu’on laisse la vendange en tas (sur le pressoir ou ailleurs) vingt-quatre heures avant de la mettre en cuve et de la fouler, afin que les raisins commencent a s’échauffer (1). Si les nuits sont froides, i faudra fermer hermétiquement le cuvier et méme le shauffer. Si, malgré ces précautions, la densité du mout était nférieure 49°, on obtiendrait de bons résultats en faisant thauffer quelques chauditres de mott (le sixitme de la uve) & environ 45°. On devra éviter de dépasser cette empérature, et prendre garde a 1’ébullition, qui est oujours nuisible. Sice moyen était impraticable, onintro- luirait au fond des cuves, avant d’y verserla vendange, m érasero au charbon de bois sans fumée; dans ce cas, pres avoir lavé et épongé les cuves, on ne les imbiberait as Walcool, de crainte d’incendie et & cause de la volati- sation due 4 la chaleur, mais on verserait cet alcool sur *mout déja mis dans les cuves. La fermentation se ferait osuite comme & l’ordinaire. Ces moyens ne sont em- loyés que lorsque la température descend au-dessous de 0° centigrades. (1) Procédé indiqué par Samayo. A 12 yt i * Tea. 8 Oem ee > Sls Py eae eee ans OE a ce aR ee eM Ua tien Sei er Mae ee ae Ra yn RE a Mee yi i ge Se Ee Phe ee eer, SOE | Mae ok eet Bee, See ee ’ __ -. 2-2 oe fe ER ac Bee Nigar Oe ee “as hg” ene sete ee veg Ps \ [ 178 | CHAPITRE DIXIEME. ee Effet du sucrage des moats et de la neutra is sation des acides végétaux. — Un grand nombre d’cenologues ont proposé le sucrage des motts trop pau- vres en matiere sucrée (1). Cette pratique, bonne pour les pays froids, ot la maturité des raisins n’est jamais complete, et dont les vins, quelle que soit année, sont toujours faibles en alcool, verts et communs, ne nous parait pas applicable et nest pas appliquée aux bons crtis de la Gironde, par les motifs que nous avons indi- qués au chapitre des vins artificiels. La composition et la densité des mouts varient chaque année dans le méme cri. Ainsi, le mout des raisins rouges d’une année favorable a la maturité donne, dans le Bordelais, une densité de 11° environ, tandis que le motit d’une année froide donnera de 8 a 9°. Pour obte- nir le méme résultat au moyen du sucrage, il suffirait de ramener, i l'aide d’une mativre sucrée quelconque, le moi des années froides a la densité de celui des année: chaudes. , } La pratique donne, il est vrai, pour résultat le mém« degré alcoolique aux motts de densité égale, naturels 01 sucrés artificiellement; mais entre le gout, la couleur, I seve, le bouquet d’un vin d'une année favorable, et le qualités du vin du méme vignoble traité par le sucrage la différence est et ne peut étre que tres grande ; le vil sucré artificiellement a peu ou moins de seve, de bou quet. Il conserve toujours sa verdeur, son acidité, ce qu s’explique par la différence des deux mouts. Le mout pre venant d’une bonne année, outre le sucre naturel qu’ possede, contient des aromes qui, comme on sait, ne § développent que lorsque la maturité est complete. Hl (1) C'est la le conseil du chimiste Macquer, qui en fit le premi l’expérience, en 1776. = Se oe TE . | Pa TOMBE Tt pees Ee Se ee eS Ne Bene ee ae eat _ ee einarica ton: ak Reg de plus des mativres mucilagineuses (pectine, ete.) qui _ donnent au vin l’onctuosité et le moelleux ; la _pellicule colore le mott en se dissolvant avec l’aleool. I] contient, du reste, peu d’acide tartrique. Le mout provenant d’une année froide et pluvieuse conlient une grande quantité d’acide tartrique et d’acide malique, et la pellicule posstde peu de couleur. Ce mott a tres peu d’arome et de moelleux, parce que la maturité n'a pas été complete ; car ces qualités ne peuvent exister que dans les vins faits avec des raisins parfaitement murs. En outre, le ferment est surabondant; le sucre introduit donne bien son équivalent d’alcool, mais il ne détruit pas les acides excédants, ni la maigreur et la sécheresse du fond. Le but n’est done pas atteint. On a cherché a détruire vette surabondance d’acide en saturant avec des alealis le mout avant sa fermentation, ou le vin, soit avec de la raie ou du marbre en poudre (carbonate de chaux), avec le la magnésie calcinée (carbonate de magnésie), avec € tartrate neutre de potasse, la soude, etc., ou en ajou- ant au mout du sucre et de leau, de maniére a utiliser acide tartrique surabondant. C'est le procédé employé n Allemagne par le docteur Gall, et dont nous avons \éja parlé au chapitre des Vins artificiels. Quant a la saturation du mout, on ne doit l’appliquer ue lorsque l’acidité est trop grande, et alors ce n’est pas umoiut, mais bien du verjus que l’on a traiter; ilne wut pas espérer dans ce cas faire de bons vins propres a equérir du bouquet en vieillissant ; car, bien que l’acide nt détruit au moyen des alecalis et du sucre que ona ‘introduire dans la cuve, il sera nécessaire, dans la -upart des cas, que les détenteurs de ces vins aident ‘ur conservation en élevant leur titre alcoolique, en leur \nnant de la couleur et dela fermeté, par leur mélange oe . ve CHAPITRE DIXTME. avec des vins étoffés provenant dune année et | climat plus favorables 4 la maturite. : Les propriétaires de nos contrées ne gagnent done rien A employer le sucrage artificiel pour augmenter la densité du motit; car, comme nous le démontrions en parlant des vins artificiels, les vins ainsi traités revien- draient plus cher que les vins ordinaires d'une année favorable a la maturité ; leur valeur commerciale ne cou- vrirait pas les frais de fabrication. | Foulage. — Le foulage consiste a écraser les graines des raisins et a briser les cellules qui contiennent la ma- titre sucrée, la levure et les autres principes renfermés dans la pulpe du fruit. ¥ Cette opSralion, tres facile, s’effectue au pressoir par des hommes ayandlés pieds nus ou chaussés de sahbots (1). Pour que le foulage soit parfait, on laisse égoutter le moit, au fur et & mesure qu'il se forme, dans une petite cuve (gargouille) placée sous le pressoir, et on foule de nouveau la vendange jusqu’a ce qu’ilne reste plus dans le pressoir que les pellicules completement écraseées et les pepins. Ilya plusieurs appareils destinés a fouler mécamique- ment le raisin; peu de propriétaires s’en servent, parece que le foulage, surtout lorsqu’on opere sur des raisins dérapés et mitrs, est un travail fort simple ; d’ailleurs ces machines, formées de cylindres, déchirent les graimes, mais ne les foulent pas. Le motit, ainsi que les pellicules et les pepins, doit — al _ (1) ll est préférable que le foulage se fasse 4 pieds nus pour Jes raisins dérapés, car ainsi on n’écrase par les pepins, qui renfermen! un principe amer, et la trituration des pellicules est bie complete qué si on foulait avec des sabots. } a ’»" . econ a 2 -, a eae “ At yi mes Poe - ~ | Tune, at are fo hb Py. tt Senlieieiee aos a ee Sah ae 9 ‘nee ay as “eu ae he “= A! es \ a Een’ J ' 2 * =e ‘ +e : : hk . My Y A. “oe ; ; a ~ 4 ¢ al t 181 ‘ -VINIFICATION, étre versé immédiatement dans la cuve. Quand on charge une cuve, on doit, autant que possible, la charger com- plétement dans la méme journée, afin de ne pas troubler a fermentation commencée. La fermentation tumul- lueuse Commence environ huit a douze heures apres que é mott est en repos, selon la température du local. On aremarqué que des vins du Médoe, faits sans qu’on ut foulé les graines, avaient moins de couleur que les ins de la méme provenance foulés, mais qu’ils étaient ensiblement plus fins en gout: de sorte que, dans les an- iées favorables a la maturité, beaucoup de propriétaires le grands cris du Médoc ne font pas fouler; ils ne font ette opération que dans les années médiocres ov le raisin “a pas acquis un degré suffisant de maturité, et quand ils ntacraindre que le vin n’ait pas une couleur convenable. Si les raisins dérapés sont mis en cuve sans étre foulés, yaune plus grande quantilé de dreuillis (vin de presse), » Souvent ce vin a un gout douceatre; on doit bien se arder de le répandre sur la récolte : il provoquerait es fermentations secondaires qui détruiraient le moel- ux des vins. Cuvage des grands vins; différentes disposi- Ons des cuves, cuves foncées, doubles-fonds itérieurs ou réseaux; appareils divers. — La mstruction des cuves et la maniere de les disposer ont mné lieu a bien des discussions de la part des inven- urs, qui ont découvert ce que les gens pratiques con_ ussent depuis longtemps; ils ont présenté divers syste- es de fermeture des cuves bien plus avantageux, suivant x, que celui des cuves ordinaires. La plupart de ces stemes sont aujourd’hui abandonnés : les viticulteurs aticiens savent par expérience que les fermentations en ves découvertes vu en cuves couvertes, closes avec ou ip te & “in ¥: nee, DR Se ber trasten ty aL 7 TE eR eT ee Oe nin =o Sy pee : a6, a é 482. =—s—i“‘i«*‘«‘~*CS APR TITEL sans compression des gaz, peuvent spaledient donner de bons résultats, lorsque la fermentation est conduite avec intelligence et que la décuvaison est faite en temps oppor- tun. Toutefois, le mode de fermentation qui réunit les avantages les plus nombreux, celui qu’ont sanctionné une longue pratique et les essais des cenologues, c est la fermentation dans les cuves couvertes, & couvercles lutés et rafraichis, & réseau intérieur et a compres- sion des gaz. Les avantages offerts par ce genre de fermentation sur celle qui se fait dans les cuves décou- vertes consistent dans une plus grande spirituosité, dans la supériorité de la finesse et du velouté, et dans Paug- mentation du titre alcoolique provenant de la non- déperdition des vapeurs, qui, dans les cuves couvertes, sont condensées contre les fonds supérieurs de la cuve ou refoulées en partie dans la masse liquide. - L’augmentation de la couleur provient de l’immersion complete et constante des pellicules, qui produisent beaucoup plus de matitres colorantes que lorsqu’elles sont rejetées au-dessus de la surface du mot, comme il arrive dans les fermentations ordinaires en cuves décou- vertes, par suite de la formation du chapeau. La supériorité dans la finesse du gott et le surcroit de velouté sont dus principalement a la compression des gaz et ala dissolution compléte des matieres mucilagineuses. La plupart des grands vins rouges du Médoe, les pre- miers Saint-Emilion et les premieres Graves fermentent en cuves couvertes; nous disons la plupart, car un Cer- tain nombre de viticulteurs suivent encore les anciens usages, en faisant leur vin dans des couvertes. Quoi qu’il en soit, nous allons indiquer les dispesitions @ prendre pour obtenir une bonne fermentation dans 4 et l’autre cas. : 1° Cuves foncées. — La foncure des cuves peut séta- . oe _VINIFICATION, = 4183 blir de plusieurs maniéres: voici celle qui nous parait préférable : on cloue solidement, a environ 6 centime- tres de orifice intérieur et supérieur de Ja cuve, un liteau en chéne ou en chataignier, préalablement re- courbé et formant une saillie d’environ 3 centimetres ; on dresse ensuite des planches en bois de chatai- sner ou de peuplier que l’on bouvette (on évite de se servir de bois résineux); on trace la circonférence dans la cuve, et on met les chanteaux en place; on peut méme les laisser & demeure; le maitre-fond reste mobile, et, wu lieu d’étre bouveté, il porte des couvre-joints. On a le soin ensuite de faire un double-fond a claire- yoie, destiné a étre placé aux trois quarts environ de la iauteur totale de la cuve. Ce double-fond a la forme de leux chanteaux appuyés sur un fort liteau de chatai- smier, ayant en longueur le diamétre intérieur, aux trois juarts de Ja hauteur de la cuve; on y rattache, par des ‘lous, de petits liteaux ou méme des cercles pelés et platis ; l'autre extrémité est clouée sur un liteau cintré; m forme ainsi un treillage semi-circulaire, qui, al'aide de itons, peut facilement se fixer ala hauteur que l’on désire. On peut encore poser la foncure sur l’extrémité des Ouves de la cuve, apres les avoir dressés; mais cette armeture offre moins de précision que celle qu’on Dtient a l'aide du liteau intérieur, elle se déplace plus wilement. Au centre de ces foncures, on pratique un ‘ou de bonde que l’on ferme hermétiquement. Quant ux foncures qui sont garnies de tuyaux plongeant dans eau, etc., on reconnait que ces précautions sont inu- les et génantes, et qu’une foncure non enjablée, mais itée hermétiquement, est préférable et que la compres- on est plus sensible. Nous donnons ci-dessous le tableau des dimensions & cuves a fermentation et leur contenance totale brute et) ae i Pods Pi pea _ PS reat x eg et res Sire tee ey ae a ee mre Bs, ier: Fe a Se ed Re - A =F } , a ee) eee pat - CHAPIRRE : DIXIEME, de vendange de bord a bord. I faut, dans eth construc tion, tenir compte de la partie supérieure, qui doit res- ter vide, ainsi que du volume du mare, ce qui équivaut x environ un tiers de contenance en plus. La forme de ces cuves est celle qui offre le plus de facilité pour reti- rer le marc ainsi que pour leur remplissage; mais lorsque la vendange est hissée directement sur un grenier établi au-dessus des cuves, comme dans les cuveries modernes, il vaut leur donner wne hauteur égale a leur diametre de foncure. Dimensions des cuves a fermentation de 6 a 100 hectolitres de contenance de vendange. Hauteur | pjametre Diametre Hauteur | Diamétre Diamétre Contenance |oq longueur intérieur | intérieur RASIEE RCS ou longueur| intérieur | intereur aera depuis a en bas 1 depuis a en bas S-| le jable. | Ja Téte. Jau jable.| |“°% “UY*| le jable | la Téte. jau jable- Hect. |Mét. Cent.|Met. Mill. |Met. Mill. Hect. |Mét. Cent.|Mét. Mill.|Mét. Mill. 6 0 76 | 0 950} 1 070 o2 1 54 | 1 957] 2 203) r 079 | 1 007] 1 1383 D4 1 55 | 1 986] 2 2345 8 0 82 | 1 055} 1 185}| 956 1 58 | 2 004] 2 2 9 0 8 | 1 102} °1 238 58 1 59 | 2 033) 2 aa 10 0 89 | 1 140} 1 280 60 1 62 | 2 052; 2 308) 12 0 95 | 1 205} 1 355 62 1 63 | 2 080] 2 340 14 1 00 | 1 270] 1 430 64 1 65 | 2 098] 2 362 16 1 04 | 1 327{ 1 493 66 1 67 | 2 117] 2 383) 18 1 08 | 1 384} 1 556 68 1 68 | 2 146| 2 414 20) 112] 1 430} 1 610 710 1 69°| 2 165] 2 480/f 22 1 15 | 1 478] 1 662 72 1 71 | 2 184] 2 456 24 i 190) 1 ola.) 70a 74 1 73 | 2 202] 2 478} 26 1 23 | Ll 552] 1 748 75 1 74 | 2 222) 2 408) 28 1 26 | 1 590| 1 790 78 1 76 | 2 240] 2 520 30 1 29 | 1 627] 1 833 80 1 78 | 2 258] 2 542) 32 1 31 | 1 665) 1 875 82 1 79 | 2 277] 2 563) 34 1 33 | 1 704} 1 916 84 1 80 | 2 296} 2 534 36 1 35 | 1 742] 1 958 86 1 82 | 2 315] z 605), 38 essere PFI 290 88 1 83 | 2 334! 2 626] 40 1 41 | 1 798} 2 022 90 1 84 | 2 353} 2 647) 42 1 43 | 1 826] 2 054 92 1 86 | 2 362] 2 658) 44 1 45 | 1 854} 2 086 94 1 88 | 2 380] 2 680) 46 1 47°} 1 882} 2 118 96 1 89 | 2 400} 2 700) 48 149 | 1 912] 2 148 98 1 90 | 2 418} 2 722) 50 1 52 | 1 930) 2 170}) 100 1 91 | 2 438) 2 742) Oe ON regen, is, ES ee ae aS ea Na am es tg a ee a F oe CwNinicapion oe pgs _ Préparation des Vases. — Lorsque les vaisseaux vi- naires (les cuves) auront été lavés & plusieurs eaux et bien épongés, on les imbibera, au moment d'y introduire la vendange, avec quelques litres d’eau-de-vie vieille d Armagnac. On doit éviter de se servir de trois-six, ear, aun titre élevé, |’évaporation est tellement rapide, que les parois des vases sont seches au moment ou la vendange y est mise. En outre, la seve particulivre de rarmagnac doit le faire préférer. / Mise en cuwe. — Tous les genres de vins ne peuvent pas subir avec avantage les méthodes de vinification smployées dans une partie des grands cris : ainsi, les yins mous et de peu de durée, et les vins provenant de ‘aisins sucrés, mais peu chargés de tannin, donnent des ésultats supérieurs lorsqu’on les fait fermenter sans tre dérapés et entiérement foulés..Le premier procédé jue nous indiquons ci-apres est celui qui est adopté dans lusieurs cris classés du Médoc, pour les années de ma- wué parfaite ; le deuxieme procédé est employé dans es mémes vignobles, pour les années*ordinaires. 1° Les vases vinaires étant imbibés de vieil armagnac n dérape entieremcnt les graines apres avoir fait un ernier triage, et on jette les graines choisies dans la uve, sans les fouler. La cuve a été préalablement garnie ‘un jau (cannelle en bois), ou d’une bonde attachée a ne corde fixée au haut de la cuve et descendant a l’inté- leur, et qui sert a la refouler facilement; & l’ouverture n fixe un griffon destiné & empécher que la rape arréte l’écoulement du vin; on fabrique cet ustensile » plusieurs manivres, avec deux morceaux de bois courbés, se fixant aux parois de la cuve, pres de Vori- se du trou de bonde, ayant de 30 a 45 centimetres de. witeur sur 25 de largeur. On cloue, sur ces bois recour- is, des liteaux au milieu desquels on entrelace des a , 2 NEN ie Fs ey Ware Ps eon ae CHAPITRE DIXIEME. 186 lattes flexibles, des sarments ou de l’osier pelé, ou mieux encore une toile métallique en fer galvanisé. | La cuve doit se remplir le plus promptement possible, mais on laisse 4 la partie supérieure un vide d’environ 30 centimetres dans les grandes cuves (afin que la dila- tation ne force pas le couvercle), entre la surface de la vendange et le liteau supérieur ou lextrémité des dou- yes. On ne place pas le réseau intérieur, et la cuve reste découverte jusqu’au moment de la fermentation ; le lendemain, lorsque le chapeau commence a se former, on couvre la cuve de son couvercle, oa lute tout le pour- tour et les joints avec de la terre glaise, ou mieux avec du platre. On recouvre ensuite les planches d’une forte couche de paille ou mieux de joncs, que l’on arrose, et chaque jour on continue a rafraichir le dessus du cou- vercle. Au moyen d’un petit robinet a déguster, ou petit jau en bois, on peut voir chaque jour le progres de la fermentation, et, afin de conserver la compression jus- qu’au dernier moment, on ne découvre la cuve que lors- que le vin est prét a écouler. 2° Dans les années ordinaires, on opere d’une maniere différente : les raisins sont triés et les vases préparés comme dans les bonnes années, mais on foule les graines 4 plusieurs reprises, les pieds nus, afin de ne pas écraser les pepins et de pouvoir diviser et pétrir plus facilement les pellicules; puis, avant que la cuve soit remplie, on v assujettit, au niveau de la vendange, le réseau inté- rieur qui est destiné & retenir le chapeau constamment immergé. On vide le reste du moit, et on opere ensuite comme dans le premier procédé. . Les vins faits par le premier procédé (nous parlons de vins d’une méme année,provenant d’un méme vignoble, et qui sont aussi le produit de raisins triés) ont un gout plus délicat et sont plus légers que ceux qui ont été : | -VINIFICATION. 187 traités par le deuxitme procédé; mais en revanche ceux- ci sont plus fermes, plus colorés. C'est pour ces motifs que les propriétaires qui recherchent tous les moyens possibles de perfectionner leur vinification emploient le premier procédé dans les années ow la maturité est par- faite ; ils font ainsi des vins qui ont beaucoup de finesse et qui vieillissent plus vite que les vins foulés, et ils mettent en usage le deuxitme procédé dans les années médiocres ; ils ont alors des vins plus fermes. Par le premier procédé, il y a environ un tiers de plus de ¢reuillis (vin de presse). Ce vin, qui renferme toujours quelque peu de sucre de raisin en dissolution, doit tou- jours étre mélangé avec le premier vin, qu’il pourrait aire entrer en fermentation, A cause des mucilages qu’il renferme. De la décuvaison. — La fermentation ne s’effectue yas toutes les années dans le méme temps ; elle est plus ‘apide dans les années chaudes que dans les années roides, a part Vinfluence du degré de température du mout au sortir du pressoir, température qui augmente pendant la fermentation. La méthode des cuves décou- rertes ou closes, la densité du mot, sa composition, ‘immersion intermitente ou constante du chapeau ou son ibre séjour a la surface, le dérapage partiel, complet, ou ‘introduction des rapes, influent sur la durée de la ermentation. La fermentation est généralement plus rapide, avec &@meme mout et dans les mémes conditions atmosphé- iques, lorsque l’on fait fermenter le mott en cuves écouvertes avec les rapes et que le chapeau est immergé ue lorsque les raisins sont dérapés, et que la cuve est lose, avec le chapeau laissé librement 4 la surface du 10ut. i ‘ 2 a i) a Sa ee Cee ee oe cg a ves 188 ks on > CHAPITRE, DIXIEME. On reconnait que la fermentation est terminée : par le gout, lorsqu’on a une grande pratique; par l’épreuve de la densité du mott; par la température du liquide et sa limpidité, lorsque le gleuco-cenoméetre de Cadet de Vaux ou l’aréometre pese-sirop de Baumé ne marquent plus que de 0 a 1°, et que le liquide est a peu pres froid et limpide. La fermentation est incomplete, lorsque le gleuco-enometre marque encore plusieurs degrés de densité, et que le liquide est chaud, douceatre et trouble. Les propriétaires doivent veiller avec le plus grand soin & ce que Ja fermentation tumultueuse soit entitre- ment achevée dans la cuve. On ne doit pas mettre en barriques des vins en fermentation et encore douceatres, ni les laisser en cuve apres que la fermentation est ter- minée. Dans le premier cas, les vins restent longtemps doux en barriques, et, leur fermentation alcoolique ter- minée, il reste souvent en suspension des ferments qui les rendent difficiles 4 clarifier, & conserver sans fer- mentation secondaire, et susceptibles de s’acidifier. Dans le deuxieme cas, si les cuves sont découvertes et le chapeau non retenu, celui-ci s’affaisse, et, en tombant dans le vin, ’imprégne d’acidité et lui donne un gout désagréable de rape. : Vinification des cris inférieurs. — La plupart des propriétaires des cris ordinaires de la Gironde et du midi de la France négligent les soins a donner a l’acte si important de la fermentation, Il font vendanger en une seule fois leurs vignes, qui sont presque partout plantées de cépages de maturité inégale; il en résulte que Jes raisins des cépages précoces sont murs et meme en partie pourris, lorsque ceux des cépages tardifs sont encore verts. Le mout provenant d’une vendange cueillie ~~ -. ey th. £4 vs “eae” .- oe e. . ~~ ee - J > ™ . = > ae ae 5 = + poo . - | ae eT Cae ie r ~ 7% Sant Ss y Es =, - t \ eet a Mod Rs fae PI cn ee Page ene pve Pal ge ee ze : a ae i= ie) = ae ’ ae Sy er Soli A eo : a : ay" 5 Bx: e > i tH : fi = = ~.-WINIFICATION, nee 189 dans ces conditions n’est jamais parfait : les raisins verts introduisent dans le moat un exces d’acide tartrique, qui donne aux vins de la verdeur; et les raisins pourris, dont la pellicule est en partie détruite, ne donnent que peu de matiére colorante. Les raisins ainsi cueillis sont foulés non dérapés et jetés dans une cuve découverte, ot ils fermentent plus ou moins rapidement, selon que la température de lair ambiant est plus ou moins élevée. Lorsque la fermentation tumultueuse est bien établie (cest-a-dire de huit 4 douze heures apres la mise en cuve), les grappes et pellicules sont rendues plus légeres par les bulles d’acide carbonique qui les enveloppent et les Gleévent & la surface du liquide, ow elles forment une croute que l’on appelle chapeau. Quand la cuve est remplie, le chapeau se trouve en contact immédiat avec lair atmosphérique, dont l’oxy- sene l’acidifie et l’aigrit, et, lorsque la fermentation se rolonge, la surface du chapeau passe de l’acidité a la yutridité, le gaz acide carbonique se dégage librement tse répand dans le cuvier. Si la cuve n’est pas remplie, le gaz se dégage libre- nent; mais comme sa pensanteur spécifique est plus rande que celle de l’air, il en résulte naturellement dans a cuve une couche qui protige en partie le chapeau ontre l’'action de l’air. Lorsque la fermentation est terminée, le chapeau, rétant plus maintenu a la surface par le dégagement e lacide carbonique, s’affaisse dans le liquide, et ‘thoins.qu’on ne décuve aussitét (voyez Décuvaison), a communique l’acidité, le mauyais gout et méme la utridité dont il est imprégné. Cet accident arrive surtout dans les années ot les ven- anges se font par un temps chaud. La fermentation est ? t ope yee Beh i ta ia 4 Ona is CHAPITRE DIXIEME. alors tres rapide, et il peut se faire qu ‘elle soit termi dans une période de temps moitié moindre que dans les années ordinaires, Malgré cela, des propriétaires peu soigneux laissent cuver tout aussi longtemps, Les propriétaires qui font fermenter en cuyes décou- vertes doivent, pour éviter ces accidents, survedller attentivement lenstand du décuvage, ne rapubles les cunes que jusqw a 50 centimetres de Vorifice dans les grandes cuves, et 30 centimetres dans les petites, et le lendemain de Ja mise en cuve recouvrir le chapeau qui commence a se former, non avec des rapes qui sacidifient trop faei- lement, mais avec de la paille, dont on fait wne couche de 20 centimétres environ. Certains propriétaires, dans le but de donner a leur vin une couleur plus intense, refoulent-chaque jour dans la cuve le chapeau. Les pellicules abandonnent ainsi toute leur matiere colorante. Mais cette immersion inter- mittente ne se fait pas sans danger lorsque la tempé- rature est élevée, car la surface du chapeau peut éprou- ver, par vingt-quatre heures de contact avec lair, un commencement d’altération susceptible de se communi- quer au vin. On ne doit toucher au chapeau qu’au mo- ment de décuver. Il y a des propriétaires qui ont la mauyaise habi- tude de charger leur cuve 4 plusieurs reprises et 4 plusieurs jours d’intervalle : la premiere portion de vendange est en pleine fermentation lorsqwils y déver- sent du mott pour finir de la charger. Ils s’exposen ‘ainsi, en refoulant le chapeau, a faire aigrir leur yin a troubler la fermentation, et a faire des vins dow ceatres ou qui prennent un gout de rape par leur - séjour en cuyve. Lorsque le vin est écoulé, le marc reste dans la cuve On exprime le vin que contient ce marc en le soumetian ” SS oa ~ - J 4 Tee Pos > - te Mia? = ot Sa Wee, - Bs on ee) ees ne te, wee Ae ah Sedge ae Nr Lee BER eet ea Re a Se ee CIP Sp SE ase Peete Wey. PR Ree “as a ot See aol — . ‘ — . - a a = nN - os * f ~ 9 é » nal = ‘ oS c > ~ > a VINIFICATION, — {94 alaction du pressoir jusqu’a siccité, apres avoir eu soin toutefois d’enlever les crotites supérieures du chapeau qui se sont acidifiées. Le vin ainsi obtenu, nommé vin de treuzllis, est tres trouble, tres apre, et quelquefois acide, surtout quand le dessus du chapeau n’a pas été bien enlevé. La plupart des propriétaires des cris ordinaires ont Ja déplorable habitude de répandre, sans le clarifier, leur vin de treuillis sur la partie limpide extraite de la cuve. X Ils devraient mettre ce vin a part, car, en agissant au- trement, ils rendent le meilleur de leur vin louche et difficile a clarifier. Dans la fermentation & cuves closes, outre la supério- rité des produits, on ne risque pas de voir des vins altérés par l’acidité du chapeau, quand méme la fermentation ne serait pas rigoureusement surveillée; car sil’cene est retenue par un treillage, la formation du chapeau n’a pas lieu. . Ces remarques ont une importance trop majeure pour nétre pas prises en considération par les propriétaires. ll faudrait étre ennemi de ses intéréts pour les né- cliger. Pressoirs. — II existe un grand nombre de modeles de pressoirs, depuis le pressoir a levier, dont la cons- Tuction fort simple peut s’exécuter sans frais dans les petits vignobles et dont nous indiquerons les détails de onstruction au chapitre de la description des planches, usqu’aux pressoirs perfectionnés des systemes Delau- lay, Troyen, Guillory, etc. Nous avons donné la figure lu pressoir Mabille par le motif que ce systeme peut ‘appliquer sur les anciennes vis et maies, qu'il est sim- le, facile 4 manceuvrer, d’une grande puissance et d'un ix relativement peu élevé. ee Fah Le Sie IS Pe el leet Dal ty Tare he pat My Sia IS wy at ees agi ent fue 7 ee. wi = oe, vies ae 192 ee ‘CHAPITRE pixiPane. - VINIFICATION DES VINS ie Cbservations générales.— Les raisins blancs sont foulés et pressés des leur entrée au pressoir. (Nous par- lerons plus loin des précautions a prendre avant de les cueillir). Le motit obtenu par le foulage et la pression est réuni dans une petite cuve placée sous le pressoir et versé, sans autre préparation, dans les barriques neuves destinées a le loger ou dans les foudres. La vinification des vins blancs differe de la vinification des vins rouges, en ce qu'elle s’opere sans le concours des pellicules et pepins dont le moit est entitrement dégage. La fermentation s’établit dans les fits, plus ou moins rapidement, selon la température du moit et du local, et la richesse du liquide en mativre suerée. En général, les vins blancs sont en pleine fermentation vingt-quatre heures apres leur mise en barriques. La fermentation commence, comme dans les vins rouges en cuves, par le dégagement de nombreuses bulles d’acide carbonique, qui s’élévent a la surface du liquide, le dilatent et entrai- nent avec elles les matitres légeres (telles que débris de pellicules, matiéres ligneuses, etc.), qu’elles rencontrent. Ces matiéres diverses qui, dans la fermentation des vins rouges, forment le chapeau, produisent dans celle des vins blancs une écume qui, s’élevant sur le liquide, est rejetée hors de la barrique par la bonde, au fur et. a me sure qu’elle arrive a la surface, si téuiefor on a eu soin de maintenir les barriques nites en les ouillant tous les jours. Par cette défécation, les vins se dépouillent d’une partie de leur lie et des ferments surabondants, Lorsque les fits ne sont pas pleins, lécume retombe dans le vin, la fermentation est plus active, et le vin 4 moins de ioellons que lorsqu’on a aidé sa défécation ep maintenant les fits pleins.. . — de me CHAPITRE PREMIER bservations générales, — Conditions Climatériques. — Maniére de végéter, Clima 8 et sols les plus bropices. — Plantation de ] boutures, provignage, couchage, greffage, semi systémes Hooybrenck, Duchéne-Toureau — a vigne. — Reproduction par 8s. — Culture. — Tailles diverses : » piques, Guyot, Aubry, Trouillet, CONDITIONS CLIMATERIQUES, MANIERE DE VEGETER. La vigne, qui appartient au genre Vitis, renferme un ‘and nombre d’especes sauvages dont les principales, itis labrusca, Vitis vulpina, cordifolia, estiwalis, ete, 1t, en Amérique, formé des variétés cultivées: nous ne us OCcUperons que des vignes de l’ancien continent, Opres a faire le vin, désignées sous le nom générique Vitis vinifera (Linné, genre de la Pentandrie mono- nie). Cet arbrisseau, dont nous indiquerons plus loin variétés, véedte et est susceptible de donner du fruit artir du 50° degré de latitude et jusque sous les tropi- es; mais les climats extrémes sont peu favorables ala ane fructification de la plante. Ainsi, sous la latitude 30 degrés, V’hiver est, long et froid; or, le bois de la ne gele lorsque la température descend et se main- ieee 7 “ } fan Sa -* WAT ‘yal : Mee tee one ; pr ae ee Adee ie _ tal & ; ‘ee G % » “ aya CULTURE DE LA VIGNE. 5 DES SOLS PROPRES A LA CULTURE DE LA VIGNE. Dans les climats favorables, la vigne végete dans tous les genres de sol; généralement elle ne donne des pro- duits distingués que sur des terrains pierreux, eraveleux, siliceux, calcaires, montueux ; toutefois, dans la Gironde, on la trouve dans les palus, qui sont des terres d’alluvion alumineuses, dans des terres fortes, argileuses, dans des terrains calcaires, graveleux, sablonneux, etc., c’est-a- dire dans toutes les variétés de sol, et, a part quelques exceptions dues 4la composition du sous-sol et au choix des cépages, les coteaux graveleux et siliceux, ainsi que les sous-sols pierreux, donnent les meilleurs vins. Les sols graveleux, siliceux, caillouteux, pierreux, sont, sous le rapport de la culture arable, les plus pau- vres; ils ne pourraient donner de produits avantageux quen y faisant préalablement des frais considérables Vamendement et d’engrais, et dans les terres arides, on n obliendrait méme pas l’intérét du capital dépensé; c’est sur des terres semblables que, dans la Gironde et dans la majorité des vignobles les plus célébres, se récoltent les vins les plus estimés. L’analyse de la terre des vignes lu chateau Lafite, prise dans une des meilleures vignes, a donné, d’apres M. d’Armailhacq, sur 1 kilogramme : Cailloux roulés, siliceux, plus ou moins gros. 620 pre iwc, Me ee Loe » Silice pure........ Peete oe kt heise eaghit eb en 62 20 Total de l’élément BMICeUx e203 (toe oe 9745 "Sopa Me ee OS. SER oad 80 mlamine........ LE or ae eae Bei ee oe 7 o4 a A in Ne oe ie eA » 40 a ery Awa bie Se soeine A » 86 995 80 Peter ety at reer ee wears 4 20 ROAD eee Patiiee 4.05 1,000 gr. » «. ————— ace Sanh oe arc® Baie Me at ial, salt eet ne OMS ae. Kis CURE LN Ped Shi eR Bae Sy ce SEIN TROL? oe alegre OM Neg can pO ee > a es A ee Sete ee wae Faye pe tM BNE Ia, hg i gat a! + * y 6 CHAPITRE PREMIER. Dans le Haut-Barsac, a Saint-Emilion, a l’Hermitage, c'est la décomposition des roches qui a formé le sol actuel. Les coteaux graveleux du Médoc et des graves des environs de Bordeaux offrent une grande analogie de composition avec cette analyse ; on trouve dans les landes un sol de méme genre. A Saint-Emilion, a Barsac, et sur nos premieres cotes, le sol est formé en grande partie des débris de la dé- composition de la roche calvaire; le sol rougeatre ren- ferme également des traces d’oxyde de fer, au milieu d'un grand nombre de petits moellons de pierre dure ou de cailloux roulés, siliceux ou calcaires. Tl en résulte que la plus grande partie des terres des landes serait susceptible d’étre transformée en vignobles qui donneraient de bons vins si le sous-sol et le sol étaient amendés convenablement, et si l’on évitait le séjour des eaux dans le sous-sol par des travaux conve: nables d’asséchement. Il en est de méme des coteaux escarpés encombrés de roches, et ou. le peu de terre végétale qui les recouyrt provient de leur décomposition. PLANTATION DE LA VIGNE. On peut reproduire la vigne par tous les procédés de multiplication des végétaux ligneux : 4° par les bouture: des sarments; 2° par le provignage; 3° par le couchage 4° par le greffage; 5° par le semis des pepins. De tous ces procédés, le plus employé dans la erand: culture est la reproduction par boutures des sarments d l'année. bi 3 3 1° Reproduction par boutures et plants enracinés.— Le boutures sont des morceaux de sarments de l'année cou pés le plus pres possible du bois de l'année précédente a gn? CURTURE DELA VIGNE) 6) sve ily ena de taillées de deux manitres. On emploie de pré- férence les crossettes appelées aussi marl/ots, et dans le Médoc cabots; ce sont des boutures d’une longueur d’en- viron 30 a 50 centimetres, sur lesquelles se trouve, a Yextrémité inférieure, un petit morceau de vieux bois; de la le nom de crosse. On a cru longtemps que ce genre de bouture était tres supérieur aux simples bouts de sar- ments de l'année coupés de la méme longueur, mais lorsqu’on a le soin de les couper prés du vieux bois, au- dessous et ras d’un neeud, ils réussissent également; on se sert donc des deux genres de boutures. Les boutures doivent étre coupées sur des ceps en plein rapport, ni trop jeunes ni trop agés, en un mot, les plus fructiferes; on choisit des sarments ayant donné des raisins. Sans ces précautions, on s’expose & planter des boutures provenant de ceps dégénérés, qui, parfois, ont une végétation trés belle, mais ne produisent rien. Apres les avoir coupés, ilest tres important de ne pas les laisser sécher. Si ces boutures sont destinées a étre expédiées, on les maintiendra fraiches en les entourant de plusieurs couches de mousse; si on doit les garder quelque temps au vignoble, on les enterre de suite & plat dans une terre fraiche qui les recouvre d’environ 40 centimetres, et on tasse fortement; quelquefois on les place en bottes dans la terre, droites, deux yeux dehors, dans un chai frais. Boutures enracinées dites « barbeaux ». — On prépare une terre légere, mélangée de bon terreau, pour y for- mer une pépiniére lorsque les boutures ne doivent pa s‘employer dans l'année. On les met ainsi en rang, a& 9 centimetres de distance les unes des autres, couchées en biais, ayant un ceil hors de terre; on maintient la plantation propre par des binages ou sarclages; on taille aun ceil le sarment sorti la premiere année; on rabat a un ceil encore la seconde année, époque ov il faudra a Tee PS Ea WU ea sh staat Wald < " = - CHAPITRE PREMIER. lever la pépiniere, ga aurait ensuite trop de racines. Les plants enracinés produisent des vignes qui ont géué- ralement moins de durée que celles formées de boutu- res, mais elles sont a fruit plus tot. 2° Provignage. — On appelle provin ou chevelée un long sarment que l’on couche dans la terre, 4 40 centi- métres environ de profondeur dans les terres chaudes, 4 30 centimetres dans les terres froides, & l’époque de la taille, et dont l’extrémité ressort de terre et sert & rem- placer un cep mort. Cette extrémité de sarment a deux yeux hors du sol et donne du fruit la premitre année; les yeux enterrés s’enracinent dans la terre, et aprés la troi- siéme année, on coupe la partie du sarment qui touche au cep qui a fourni le provin. C’est ce qu’on appelle sevrer le provin, parce que, dans la premitre année, avant d’avoir pris racine, il a été nourri par la séve de l’ancien pied. Si le sarment n’est pas assez long pour atteindre la place qu'il doit avoir, on le couche et on reléve deux yeux hors de terre pour le recoucher l’année suivante, afin quil atteigne la place désignée. Dans la Gironde, on nomme ce genre de provignage saute-gric. Généralement on ne se sert de ce mode de multiplication que pour rem- placer les pieds morts. Les sawte-grics que l’on recouche deux fois valent mieux que ceux que l’on laisse en place, i demeure. Le provignage se pratique, dans les terres chaudes et seches, a l’époque de la taille, & la fin de V’au- tomne; et dans les terres froides et humides, au moment de la pousse; on doit fumer avec de bon terreau le vieux cep, ainsi que le jeune provin. 3° Couchage. — C'est le provignage de tous les longs sarments. On forme d’un cep plusieurs pieds distinets, en couchant entitrement en terre l’ancien pied. Ce pro- cédé est employé dans certains pays pour renouveler les vignes. Nous en reparlerons, ainsi que du greffage. r Ree es Coo DE TA VIGNE. on _ 4° Greffage. — On se sert du greffage pour changer les mauvais cépages ou les pieds vigoureux, mais improduc- tifs. La vigne se greffe de plusieurs manibres, en /ente, en approche, en navette, a la cuillére, a lV'anglaise. — Nous parlerons plus loin des genres de greffage usités dans les vignobles de France. 5° Semis. — Ce mode de reproduction est peu employé, pour deux motifs : d’abord parce qu'il faut attendre huit ans environ avant d’avoir du fruit, et ensuite parce que on ne peut étre certain du résultat sous le rapport de la qualité du fruit, qui, par ce procédé, peut varier, étre plus ou moins hatif, avoir un gott et une forme diffé- rents, étre meilleur ou inférieur. On peut se servir de ce procédé, pour essayer de créer des variétés nou- velles, ou pour rajeunir les cépages cultivés depuis long- temps, en prenant des pepins choisis sur les graines les plus rapprochées de la queue, provenant de raisins et de sujets de choix, et d’une maturité parfaite, que l’on sb- me a l’automne sur de bon terreau, dans des endroits abrités. Ces pepins levent l’année suivante. Ils sont alors placés sur une couche de terre mélangée de terreau, et soignés comme les boutures. On peut en avancer la fruc- tification en greffant les plus beaux sarments sur d’autres sujets en plein rapport : plusieurs horticulteurs ont ob- tenu ainsi des variétés meilleures. Plantations. — La préparation du sol différe selon sa nature et le climat. Dans les vignobles situés sous des latitudes ot le raisin éprouve de la difficulté & murir et ot la terre est peu échauffée, ainsi que dans les terres humi- les et froides, les boutures se plantent de 15 a 30 centi- metres de profondeur; dans les terres tres chaudes et seches, et par conséquent tres perméables aux iufluences timatologiques, on plante de 40 a 50 centimetres. Pour | ee y p Bee ae ee 410 - CHAPITRE PREMIER. “eed SA We ee) ee ee Pee RO pee ae De RN Ee OW Sah Phy Cah aL ra aN hb 2 awl eg Red aay Cel a REL REE Ge ae TURD I ae a : \ . " 4 ) ae Rain Ane ee STN ul Afi ei ate Sa Rice ae we inet hy on ae tai BNE Te eS Pe ede a ey 7 A wt assurer la reprise des plants, on place tout autour des en- erais, des terreaux, et, selon le cas, des mélanges ou bouillies formées de liquides azotés et de terres riches en humus; en résumé, on plante la vigne suivant deux méthodes principales : 1° @ da barre, apres avoir préala- blement préparé le sol selon sa composition, soit par des labours, soit a la pioche, & la pince, soit enfin par plu- sieurs moyens dont nous aurons occasion de parler en traitant des vignes établies sur des cétes calcaires et gra- nitiques. Le terrain étant préparé, on fait des trous avec une barre de fer, & des profondeurs qui doivent varier selon la nature du sol; on agrandit ces trous avec une demoiselle ayant un bout ferré et conique; on coule au fond du trou une bouillie épaisse, faite avec un mélange de terreau, de bouse et de crottin, de terres d’alluvion dé- layées dans du purin, et dans laquelle on a déja trempé le plant; on finit de remplir le trou de bon terreau et on tasse la terre en ne laissant que deux yeux dehors. 2° On plante aussi la vigne par défoncement et renversement , ces deux dernitres méthodes consistent a creuser, Jus qu’a une moyenne de 50 centimétres de profondeur, toute la surface, en mélangeant les engrais et les terres re muées. Nous aurons occasion de décrire ces diverses pre parations du sol, en parlant des genres de culture adop tés dans la Gironde et la Bourgogne. Culture. — La vigne se cultive 4 la charrue et & bras Dans les premitres années, quelle que soit la méthod: adoptée, on évite que les mauvaises herhes n’étouffent le jeunes plants, qui doivent en étre tenus dégages par de labours fréquents. Ordinairement on donne a la jeun vigne six facons dans les vignobles a vins fins. Une fol adulte, la vigne recoit quatre labours, et plusieurs peti tes facons gne nous indiquerons en parlant de la cultur rs i Vemacs | » fof ey Aas Pe, i x 4 ae CULTURE DE LA VIGNE. adoptée dans les vignobles célebres, des époques choi- sies et de outils employés pour ces diverses opérations. Les facons ont pour but, dans tous les cas, d’aérer le sol et de déduire les plantes parasites. Taille. — Tailles horticoles. — Nous parlerons plus au long des divers modes de taille appliqués d la grande culture : taille a astes arquées oud long bois, du Médoc, des palus et de la Céte-d’Or, et les tailles & cots ou cour- sons, usitées dans les grands vignobles, quand nous traite- rons de ces cultures dans les diverses contrées vinicoles. Nous voulons parler ici des nouvelles tailles recom- mandées par les auteurs modernes : Guyot, Hooybrenck, Carritre, Trouillet, etc., et des principes sur lesquels ces tailles reposent. Nous dirons que ces divers genres de taille, 4 long bois, mixte ou & cots, reposent tous sur le principe du pineage avant la floraison et le développe- ment du bois de remplacement, et sur la nourriture des yeux qui doivent développer des bourgeons l’année sui- vante. Tout le monde sait que la vigne ne donne généralement de fruit que sur le bois de l'année précédente. (Quelques variétés en donnent sur les pousses gowrmandes sorties spontanément de la vieille souche : telles sont le verdot, Venrageat, etc.; mais le plus grand nombre’ de variétés ne donne que du bois non fructifére ala premiére année.) On sait aussi qu’ la base intérieure d'une feuille se ‘rouvent les yeux, au nombre de quatre ordinairement, dont Je principal constitue le bourgeon de l’année sui- vante, et ne pousse la premitre année que lorsque le bourgeon sur lequel il est placé a été cassé trop pres de lui accidentellement; c’est alors un @wi/ époussé, sur lequel on ne peut asseoir la taille; ordinairement il ne pousse au-dessus de la feuille qu’un contre-wil appelé aussi ps4 Le Ze eh UE Hy ES, TRC ce elas et la ook ee ay! MPP Bet TO eam A Laue eek a ie 2S LEA RA is 9 ae es Pd ae nt eeanae a ee owe - a. KS re 5 12 aNvabha rar at CHAPITRE PREMIER. entre-feuille, (Voir au chapitre de la Description des plan- ches les figures de la reproduction et de la végétation de la vigne). Les botanistes prétendent que la feuille et Ventre-feuille excitent la végétation et servent de mére- nourrice a1’ceil principal qui est au-dessous et qui ne poussera que l’année suivante. M. E.-A. Carriere re- commande de conserver avec soin la feuille qui est & la base de l’ceil et de pincer au-dessus de la premiere ou ~deuxitme feuille l’entre-feuille, afin quelle nowrrasse l’ceil qui est 4 sa base, au lieu de l’affamer. Tous les vignerons savent que lorsque le principal bourgeon vient & geler, un des deux sous-bowrgeons qui restent pousse, mais qu'il est rarement fructifere; il faut donc protéger le plus possible |’ceil principal. La sive des végétaux et celle de la vigne en particulier, tendent a s’élever verticalement; les horticulteurs qui ont adopté les tailles a long bois se servent de cette ten- dance de la seve pour obtenir des bois de remplacement. Systéme Hooybrenck. — Les plants de jeunes vignes ont ordinairement deux yeux hors de terre; on les taille ai un ceil & leur deuxiéme année; si ala troisieme on a un sarment long et gros, on régle la hauteur de la souche, et on incline ce sarment de 22 degrés et demi au-dessous de l’horizontalité. (Ce genre de taille, ainsi que celles qui suivent, sont figurées sur les planches et expliquées au chapitre de leur description.) _ On doit pincer les bourgeons fructiferes A, & une ou deux feuilles au-dessus du dernier raisin. Les deux branches placées verticalement le long de ’échalas sont destinées a donner du bois pour la taille de l’année suivante B. On ne pince, en épamprant, que les entre-feuilles des branches a bois. Systéme Duchéne-Thoureau, propriétaire-vigneron, @ Chatillon-sur-Seime. — On ne laisse qu'un seul sarment; ry “5 ,“an7 1s" ee, ee ay & “ "Sd eel 7 6 NGA SS “as fa a Wena zane Pa ae Ot) Beg) Mee eT ore bt bd ee Wee Se ew i pe 4 . Paki se CULTURE DE LA VIGNE. — 13 on le tord & la hauteur de deux yeux en D, de manizre que les yeux se trouvent des deux cétés du bois et non dessus et dessous; on fait. ployer ce sarment apres avoir enlevé l’ceil du bout, et on lenfonce dans la terre; les deux bourgeons C donnent des bois de remplacement pour l’année suivante. On pince aussi, & une ou deux feuilles au-dessus des fruits, les bourgeons fructiféres E. Piques. — Un long sarment, dont ona enlevé les yeux, est piqué dans la terre; on conserve un seul wil en F donnant un beau sarment de remplacement; le sarment, piqué par le bout, n’est pas tordu, il forme un are de cercle. Comme dans les autres systemes de tailles & longs bois, on pince les bourgeons fructiféres G, a deux feuilles au-dessus du raisin. Ce procédé, moins le pincage, est pratiqué depuis longtemps et connu sous le nom de pisse- vim mais on ne l’avait pas érigé en systeme. Systéme Guyot. — On pince les pampres de la branche a fruit J au-dessus de leur deuxitme feuille; au-dessus des raisins, la branche a bois, porte deux yeux, dont un donnera une branche a fruit l’année suivante, et l’autre une branche a bois, en laissant deux yeux. Ces deux sar- ments ne se pincent pas. Ce systeme ne differe des au- tres que par la position de la branche a fruit, qui est hori- zontale. Sa longueur se fixe a 50 centimetres environ pour les vignes espacées d’un metre; on laregle d’ailleurs le long du fil de fer selon la vigueur des sujets. _ Systeme Aubry, vigneron a Thorigny (Seine-et-Marne). — On laisse deux branches a freit courbées et attachées w fil de fer, pourvues de quatre yeux pour avoir des wanches de remplacement B; les bourgeons fructiferes ‘ont pincés également a deux feuilles au-dessus des rai- ins A. Systeme Trouillet. — C'est une taille ordinaire a cots, ‘vee pincement au-dessus de la deuxitme feuille a partir idee ety heen AA ie du dernier raisin, et des entre- fouilel are Tene deuxi me feuille, au fi et 2 mesure qu’elles poussent. (Voir explication des planches.) On laisse le cep bas, et on établit quatre cots & l’opposé les uns des autres, de ma- niére & former une espece de godet a quatre branches principales. Ces cots sont taillés deux yeux; cette vigne se cultive sans échalas ni fil de fer. C’est & peu pres la taille des Charentes, plus le pince- ment. Toutes les tailles que nous venous de décrire exigent le méme soin quant au pincement des bourgeons fructi- feres et des entre-feuilles. C’est pour ce motif que nous les nommons ¢ailles horticoles ; cette opération est beaucoup plus longue et minutieuse que l’on ne pense dans un Vi- enoble étendu. Nous n’avons pas encore vu de vignes taillées depuis assez longtemps par ces méthodes pout pouvoir nous prononcer; nous dirons seulement que les propriétaires qui voudront faire des essais de taille a long bois sur des vignes maigres, devront ne pas laisser ces hois trop longs, et bien exécuter les pincements ; car, Sams cela, ils ne pourraient obtenir de bois de remplacement, et, d’un autre cété, avec ces tailles, si année était plu vieuse, ni leurs raisins ni leur bois ne mariraient, et il: - compromettraient ainsi la récolte de année suivante;1 faut done user d’une grande prudence. Lorsque le bow de remplacement est trop faible pour se substituer al branche & fruit l’année suivante, on est obligé de laisse Vancienne en en diminuant la longueur et en taillant cots les bourgeons fructiféres. , ‘ Tey el er ae ‘ Mad * io ri wr x he HY Wi OME tematic) yee ae de Non ue eh. « vi = yy tet Ae POS aa pat Fe eet Se ES ci Te aN he a Jian x 3 Bf, 4 , 1 5 > - rs X ti * a P ‘ . ; 211 ‘HUILES ET VINAIGRES. que, etc.; mais le plus souvent les négociants n’ont recours qu’a la dégustation comparative des échantillons présentés. Dans la pratique, ce moyen suffit pour éviter de se charger de marchandises suspectes. Expédition des huiles. — Les huiles s’expédient en fits et en caisses; l’expédition en fits n’offre rien de particu- lier, si ce n’est le rebattage, qui est parfois assez difficile a exécuter, parce que l’huile a rendu les parois des dou- ves trés glissantes. On remédie a cet inconvénient en essuyant l’huile avec du sable bien sec. Les bouteilles d’exportation varient beaucoup de forme et de capacité; les expéditions les plus fréquentes se font en bouteilles de verre blanc, de forme bordelaise (petits frontignans con- tenant de 65 470 centilitres). Pour certains pays, on de- mande des demi-bouteilles de 35 centilitres et quelquefois d'une contenance moindre. Les expéditeurs doivent con- former leurs envois aux habitudes et aux usages des pays de consommation. Nous avons expédié des huiles dans des flacons carrés, des bouteilles allongées, ete. Tirage en bouteilles. — L’huile doit étre d’abord par- faitement épurée; on perce la piéce avec une tariere, et on y adapte deux robinets, afin de donner assez de bou- teilles au boucheur, car l’huile coule tres lentement, sur- tout sila température est basse. Pour accélérer le tirage, on adapte un soufflet a la piece, et, par la pression, on force le liquide a sortir plus vite. On gardera l’huile, en hiver surtout, dans des caves, et si elle était figée, on remplirait un peu moins les bouteilles. Les bouchons doivent étre de bonne qualité et bien souples. On choi- sira les bouchons surfins et courts. Presque toujours les bouteilles d’huile sont capsulées. On emploie deux genres de capsules: les capsules en feuil- les d’étain (dites estagnoles)},etles capsules ala mécanique. Les capsules en feuilles se découpent selon la grandeur 4 - CHAPITRE ‘ONZIEME.. des flacons, et se collent a l'aide d’un pinceau, comme 1e pour les Houlteilles champenoises, autour du col de la bouteille et en recouvrant le bouchon. Les capsules ala mécanique se placent de la méme maniere que les capsules @ vin or- dinaire. Il en est de méme des étiquettes, du papier, de l'emballage ct des caisses. Toutefois, pour certains pays, on demande des paniers de douze bouteilles; mais, @ moins de commande spéciale, la caisse bien emballée offre plus de garantie, de solidité que le panier. Huile de pepins de raisins. — On peut retirer des pepins de raisins de l’huile comestible et de l’huile excel- lente pour la lampe, car elle brile sans odeur désagréa- ble. Apres avoir extrait des mares, par la pression, le la- vage, la distillation, ou par un moyen quelconque, tout l'alcool qu’ils renferment, au lieu de jeter ces résidus sur le fumier, on les réunit dans une petite cuve plate conte- nant déja un quart de sa contenance d’eau et que lon remplit de marc jusqu’a moitié; on brasse ensuite for- tement le résidu avec un rable, ats de séparer les pepins des pellicules, puis on finit de les faire tomber au fond de la cuve, en les brassant sur une claie en fils métal- liques-ou un panier en osier dont les mailles ont un ecar- tement de 5 millimetres environ, afin de laisser passer les pepins et de retenir les pellicules. Les pepins étant triés et lavés, on les fait sécher en les étendant, par cou- ches tres légéres, dans des greniers aérés, ou mieux au soleil, sur des toiles; on les remue tres souvent; lors- quils sont secs, on les vanne et on les passe a la meule, en ayant soin fe les humecter d’eau chaude, afin d’évi- ter lempatement de la meule; on les réduid ainsi en farine aussi fine que possible; car, plus la farine es! divisée, plus grand en est le rendement en huile. Husile comestible.— On délaie la farine de pepins ae a ah] St, + ae Se ie! N = ws pe » | ey. ein we 4 gue “te viel a. oF “i ee 4 rent i ie ty as py as, . AL Ts 5 . ana e ~ PE UEY Wet rene mame nS BES de l'eau froide, en petite quantité, de maniére a en forme! une pate de moyenne consistance; on soumet ensuite cette pate a la presse, en l’ensachant au préalable, dans de petits sacs en crin. L’huile qui s’écoule est mélangée d'eau; on sépare ces deux liquides par décantation. Le produit de cette premiere pression a froid, que l’on pour- rait appeler huile vierge de pepins, est tres bon pour la table. | Huile a bruler. — On retire la pate des sacs et on la délaie dans une chaudivre avec de |’eau préalablement chauffée & 50° environ (on y délaie directement la farine de pepins lorsque l’on n’a pas retiré I’hu‘le comes- tible 4 froid); on en forme ainsi une sorte de pate de consistance molle et bien homogéne; on doit éviter, en remuant constamment, qu’il ne se forme des grumeaux; puis on allume le feu sous la chaudivre. La chaleur doit étre modérée (environ 75° au centre de la pate), et, pendant son action, on remue constamment avec une Spatule, jusqu’a ce que l’on s’apercoive, a son brillant, de la présence de I’huile & la surface. On presse la pate sans retard, avant qu’elle se refroidisse; on reprend ensuite ce marc, que l’on déblaie et presse de nouveau alin d’en retirer I’huile le plus complétement possible. Les tourteaux servent & plusieurs usages : pour la nourriture du bétail, comme combustible, etc. Ona obtenu un rendement de 10 p. 100 d’huile sur 4100 parties en poids brut de pepins, ce qui est consi- dérable pour des matitres premiéres & peu pres sans valeur commerciale. - HUILES ET VINAIGRES. — - Vinaigres.— Méthodes diverses de fabrication. — Les vinaigres peuvent se fabriquer avec tous les jus fermen- tables et les alcools; c’est ainsi que, dans certains pays, on en fabrique avec de la bitre, du cidre, du poiré, du ies ; ORs - si Bir lat eee ea Rel a a Te Shae eae gee eb ace Tae es RN Sh Ore Me Oe a ne pe aes : CHAPITRE ONZIEME. bois (acide pyroligneux), des mélasses, des sucres, de acide acétique étendu d’eau, des alcools, etc. — On sait que la base du vinaigre est l’acide acétique; nous n’avons & nous occuper ici que de la fabrication des vinaigres de vin, dont les meilleurs, les plus recherchés pour la table, se font avec des vins blancs drozts de gout. Dans la préparation du vinaigre de vin, l’alcool que renferme celui-ci se transforme, par Yatition de l’oxygene de l’air, en acide acétique. Cet effet a lieu par une sorte d’oxydation. Le vinaigre fait avec des vins blancs corsés et francs de goit est recherché a cause de l’aréme agréable qwil exhale, et qui est dd a des principes éthérés. Il doit étre acide sans étre acre. Ce sont ces qualités qui le font apprécier par les connaisseurs. A Bordeaux, on fabrique les vinaigres par deux métho- des principales, que l’on emploie quelquefois simultané- ment. La premiere est la méthode dite orléanaise, qui consiste a installer un chai de maniere a ce qu'il soit bien clos, et qu’au besoin on puisse y renouveler lair 4 volonté et y maintenir une température constante d’environ 25 a 30° centigrades. Pour ce faire, le chai doit étre plafonné, et le sol bien affermi ou plutét dallé; on y établit un calo- yiftre se chauffant a l’extérieur, et des ventilateurs se fermant et s’ouvrant a volonté. On y place, a différents endroits, des thermométres pour s’assurer de |inyaria- bilité de la température. Cela fait, on pose des chan- tiers assez élevés pour pouvoir soutirer facilement; on garnit ces chantiers de barriques fortes a cercles de fer de forte épaisseur et peints a cause de l’oxydation; elles ont une large bonde et sont percées sur le maitre-fond, aux trois-quarts environ de sa hauteur, d’une ouverture semblable a celle dela bonde. Ces barriques sont d’abord remplies de vinaigre de premier choix; on les dégarnit d’un demi-quart de leur contenance, puis on met dams TS pot NS eal as i et eae eh Mae Ae Rs oe vine By i 215 chacune 10 litres de vin blanc; on laisse les deux ouver- tures de la barrique ouvertes, on chauffe l’atelier, et tous les huitjours on retire 10 litres de vinaigre des méres, que Yon remplace par 10 litres de vin blanc, ainsi de suite. Lorsque l’on n’emploie que des vins blancs corsés et francs de gout, les méres de vinaigre deviennent tres acides et acquierent une odeur pénétrante. Quelquefois on ajoute des fermenls sur les méres, afin d’activer l’acétification. Cette méthode est facile et donne des vinaigres excel- lents, mais elle a l’inconvénient d’étre longue et beau- coup plus cotteuse qu'on ne le pense généralement, a cause du capital nécessaire au premier achat du matériel et a l’établissement de locaux spéciaux, capital dont on perd l’intérét, sans compter le cotit de la chauffe. La seconde méthode est, & quelques modifications pres, celle de Boerhaave. Ce procédé n’exige pas de locaux particuliers ; l'appareil se compose de trois cuves et d’une pompe; l’ensemble de ces cuves se nomme, en termes du métier, carreau. On fait des carreaux de diverses dimen- sions, mais l’expérience a démontré que les carreaux qui dépassent la contenance de 20 a 40 hectolitres sont trés longs a acidifier les vins. On construit et on installe un carreau de 30 hectolitres de la manieére suivante : on fait faire une cuve réservoir qui peut se recouvrir a volonté, dela contenance de 30 hec- tolitres; cette cuve, pour la commodité du service, est placée en contre-bas du sol, et on y verse ainsi tres faci- lement les vins destinés a faire du vinaigre. Prés de cette premieére cuve, on en établit deux autres contenant cha- cune un peu plus de la moitié du réservoir, soit 18 hec- tolitres. Ces cuves ont une disposition spéciale: elles ont ‘un ou plusieurs doubles fonds criblés de trous; il est bon aussi d’y pratiquer le plus grand nombre psssible d’ou- vertures communiquant d’un cété a l’autre de la cuve par " HUILES ET VINAIGRES. Pee ey ee Ne Bees nes le moyen de tubes en bois et cannelés ajour, afin defaire eirculer l’air avec facilité. Les cuves, qui se cerclent généralement en bois, se garnissent en partie avec des rapes aigres, bien vannées (ou que l’on a fait trempe pendant plusieurs jours dans de bon vinaigre) ; les rapes doivent étre placées sans trop les tasser. Les deux cuves étant garnies (1), l'appareil est prét a a fonctionner. Pour cela, on remplit la cuve réservoir et on pompe; le vin monte dans les cuves qui communiquent ensemble. On laisse séjourner le vin un jour sur les rapes, et chaque soir on le remet dans le réservoir en lachant les robinets; ce sont de gros jaux en buis pour éviter l’oxydation dan- gereuse du cuivre; on ouvre toutes les ouvertures, afin que l’oxygéne de I’air agisse rapidement sur les rapes humides, et, le matin, on pompe les carreaux. En moyenne, il faut de vingt 4 quarante jours pour acidifier complétement un carreau, selon la température, la dis- position des appareils et le titre alcoolique des vins. Ce systeme donne d’excellents résultats pratiques. Souvent on le combine avec le procédé d’Orléans, c’est-a-dire que l’on passe d’abord les vins & acidifier sur un carreau garni de rapes aigres avant de le vider dans les meres, et qu'un _ carreau spécial regoit les vinaigres faits; celui-ci se main- tient garni de rapes imprégnées de vinaigre trés fort, ce qui finit de ]’acidifier. La pompe servant a élever le vin a la surface des carreauzx est en bois. On accéleére l’acidification en ajoutant 4 certains vins des ferments, tels que lalevure de biére, le levain, ete., et en multipliant les surfaces en contact avec l’air. Nous avons obtenu de bons résultats de l'emploi auxiliaire des ferments, surtout dans les contrées chaudes et sur des CHAPY ENE ONZIEME. (1) Elles doivent contenir, une fois installées, 15 hectolitres de vin chacune, | -—-HUILES ET VINAIGRES. 217 _vins tres spiritueux. C’est par le systeme de multipli- cation des surfaces que l’on parvient a fabriquer le vinaigre trés rapidement, et, pour ainsi dire, d'un jour a l'autre, mais en petite quantité, & moins d’employer des appareils tres yastes. Ainsi, en ajoutant au vin des ferments et en le forcant & parcourir lentement des sur- faces ventilées, et chargées de matiéres avides d’oxygéne, Vacidification s’accomplit avec une rapidité extréme. Beaucoup de gens considtrent comme des produits analogues tous les vinaigres dont l’acide acétique forme la base. Il est certain que la base est la méme; toutefois le bon vinaigre de vin renferme autre chose que Vacide acétique. Ilrenferme un peu d’alcool, des acétates divers, des acides tartrique, malique, etc., des huiles essentielles et des éthers qui lui donnent une odeur et un gout plus agréables. Manipulations, soins. — Le vinaigre doit se conser- ver dans des ftits bien pleins, a l’abri du contact de l’air et se clarifier complétement. Ce dernier résultat est tres difficile & obtenir sur certains vinaigres; on y arrive cependant en y ajoutant, avant de les coller, 20 a 30 grammes de tannin par barrique. On peut préparer, pour le méme usage, du vinaigre fortement tannifié avec du tan de chéne et en mettre quelques litres par barrique a clarifier. On les colle ensuite &la gélatine ou a la colle de poisson. La clarification s’opere aussi 4 l’aide de la filtration a la chausse; mais ce procédé est beaucoup plus cotiteux que le collage et affaiblit les vinaigres. Leur décolora- tion s’obtient en les traitant par le noir animal lavé, comme les eaux-de-vie. Beaucoup de vinaigres renferment des animalcules visibles a l’ceil nu : ce sont des anguillules tres vivaces. M. Pasteur conseille de faire chauffer les vinaigres & 35°, mpl THEY ke eee PPL AGA Ma ein =e D180 eS SCHAPITRE ONZIEME 2 = oo afin de détruire ces germes et d’aider ainsi 4 leur con- servation. z Les vinaigres faibles doivent, lorsqu’ils ne renferment plus d’alcool, étre mélangés ou plutot repassés sur des meres tres acides. Quelques fabricants les remontent avec le vinaigre radical ou l’acide acétique étendu; mais ce procéde les rend plus acres et moins odorants que le premier. Lorsque les vinaigres faibles renferment encore plusieurs centiemes d’alcool, on les remet en travail; dans ce cas, ce ne sont pas réellement des vinaigres faibles, mais bien des vins non entierement acidifiés. Le bon vinaigre de table doit peser 2° 1/2 couverts a Vacétométre ordinaire. Les expéditions de vinaigres se font en fits et en bouteilles, selon les pays. Dans le premier cas on les exporte le plus souvent en barils ferrés, qui varient de contenance selon les pays, les commandes des destina- taires ou Jes tarifs des douanes. Dans le second ils recoi- vent les mémes soins que les vins; ils sont capsulés, étiquetés, enveloppés et emballés de la méme maniére, en bouteilles bordelaises, en demi-bouteilles, quelquefois en flacons, selon les demandes. ere, tee Se ET) ye TE > & te ’ my, ahh rE a a Vy <>. } aged % ee Le ‘ 7. ied as ‘ _-———sSDISTILLATION ; HISTORIQUE DE CET ART. 219 CHAPITRE XII DISTILLATION; HISTORIQUE DE CET ART. Appareils simples. — Chauffe-vin d@’Argand. — Rectificateur d’Adam, de Bérard. — Appareil continu de Cellier-Blumenthal. — Appareil continu rectificateur de Derosne, etc. DISTILLATION. En quoi consiste cette opération. — La distilla- tion consiste 4 recueillir les principes volatils d’un liquide en ébullition et & condenser ces vapeurs; le liquide qui est formé par leur condensation est le produit distillé. On obtient par cette opération des résultats tres diffé- rents, selon Jes liquides ou matiéres fluides soumises a Pébullition, le degré de chaleur donné, etc. Tout le monde ‘sait que l’eau de mer distillée produit de l’eau douce; le vin, de leau-de-vie; certains produits résineux, des essences, etc. Les sels minéraux et végétaux ne se vola- lilisent pas, ils restent dans Ja cucurbite ainsi que les combinés qui exigent une haute température pour se vo- latiliser; dans le commencement de l’opération, les va- peurs les plus subtiles se dégagent, et ensuite, sile degré de chaleur est augmenté, le résultat offre une grande différence avec les premiers produits obtenus. Nous nous oceuperons surtout de la distillation des matiéres fer- ‘mentées dans le but d’en retirer de |’alcool, et des prépa- rations avec l’alcool des liqueurs de table. Toute matiére a distiller dans le but d’en retirer de sphts ada pe Sis * Eg oe ‘ 220 ene xe CHAPITRE DOwZLEME. Valcool, doit étre préalablement fermentée et exige pour sa préparation préliminaire des procédés qui, tout en conduisant au méme résultat, different selon les matiéres premitres employées. Nous indiquerons les divers pro- cédés pratiques en usage pour chacune. Origine, historique de la distillation. On ne connait pas celui qui, le premier, a eu l’idée de recueillir Jes vapeurs dans un appareil fermé, ni l’époque de l’appa- rition de cet appareil. Les ouvrages de chimie et de dis- tillation de MM. Lavoisier, Chaptal, Liebig, Lenormand, Girardin, Gay-Lussac, etc., s’accordent a dire que lori- gine de la distillation se perd dans Ja nuit des temps. Afin de suivre pas a pas les progres obtenus dans cet art, nous allons, aidé par les auteurs cités plus haut, Bites les époques et les inventeurs & qui l’on doit les diverses améliorations et les perfectionnements des appareils modernes. Les premiers écrits sur la distillation 4 l'aide d’appa- reils fermés datent du I siécle de l’tre chrétienne; Dios- coride, qui vivait dans la premiére moitié de ce sitecle, sous Tibére, parle d’appareils distillatoires qu’il désigne sous le nom d’ambic. Morewood a également décrit les appareils a distillation. , On croit que ce sont les Arabes qui ont les premiers perfectionné les appareils primitifs, nommés par eux al- hambie, expression formée de la réunion de deux mots. Dans les temps anciens, les procédés employés étaient tres imparfaits; ainsi on raconte que les anciens Grees, les premiers navigateurs de]’Archipel, employaient, pour se procurer de l’eau douce, le procédé qui suit : ils rem- plissaient des vases d’eau de mer, mettaient cette eau en ébullition et en recevaient les vapeurs avec des épon- ges ou de la laine placée au-dessus des vases. Rhazes, "DISTILLATION; : HISTORIQUE 1 DE CET ART. 294 Bidecin de Carthage, et Albucasis, médecin arabe, ont, dans leurs écrits, parlé des procédés employés ie Teer temps pour extraire les principes aromatiques des plan- tes. Les vapeurs qui s’élevaient de la cucurbite se ren- daient dans des chapiteaux, ou la condensation s’opérait a Vaide de linges mouillés. Selon Albucasis, on distillait de son temps de trois maniéres différentes : 1. Per aseensum, c’est-a-dire par en haut (c’est ainsi que les appareils modernes a col de cygne operent) ; 2. Per latus, ou de cdté, comme on opere avec les cornues ou les tétes de more; 3. Per descensum, par en bas. On n’emploi plus cette méthode, qui consiste & mettre des aromates sous une plaque chauffée et, sous cette plaque, un vase qui ferme exactement et recoit dans le fond le produit. _Avicenne, médecin-chimiste et philosophe arabe, qui naquit pres de Bokara, vers 980 de l’ére chrétienne, et dont on a plusieurs écrits, compare le rhume de cerveaua une distillation : « L’estomac, dit-il, est la cucurbhite, la téte est le chapiteau, et le nez est le réfrigérant par lequel sécoule goutte a goutte le produit de la distillation ». Ce récit établit qu’a cette époque, l’alambic, composé de ses trois principales pitces, était connu; mais ce n’était encore que dans les laboratoires des alchimistes qu’il était employé. L’eau-de-vie, & cette époque, était regardée comme un reméde possédant des qualités extraordinaires et dont la fabrication était, en outre, un grand secret. _ Le premier auteur qui indiqua d’une manire précise la maniere de distiller le vin fut Arnault de Villeneuve, né a Villeneuve, en Provence, en 1240, professeur & ’Uni- versité de médecine de Montpellier, lequel appliqua Veau-de-vie et divers composés de vins 4 Ja médecine et aux préparations pharmaceutiques. « Qui le croirait, dit-il, que du vin on put tirer, par Sia Rea aoa a tas ie ae tet ga aes oe 2 Rae eH a ~ ¥ bane pit EY UAE ep aN “@ ei Rye ri “ 4 sy Coe CHAPITRE DoumiME, des procédés chimiques, une liqueur quin’a nila coulens du vin ni ses effets ordinaires? Cette eau de vin, ajoute- t-il plus bas, est appelée par quelques-uns eau-de-vie, et ce nom lui convient puisque c’est une véritable eau d’zm- mortahité. Déja on commence a connaitre ses vertus : elle prolonge les jours, dissipe les humeurs peccantes ou superflues, ranime le cceur et entretient la jeunesse; seule ou jointe a quelque autre remede, elle guérit la colique, l’hydropisie, la paralysie, fond la pierre, etc. (Arnaldi Villanovani Praxis, Tractatus de vino, cap. de potibus, etc. Edit. Lugdini, 1586. ) Arnault de Villeneuve mourut en 1313; un de ses éleves, Raymond Lulle, né a a Majorque, en 1235, a éomm Pepicoup sur leantdeanie, et il enseigne les moyens a employer pour la rectifier et en retirer de l’alcool ou esprit ardent. M. Girardin, professeur de chimie a Rouen, a écrit (Chunie élémentaire, p. 188) : « L’histoire de Raymond Lulle, un des plus célébres alchimistes du moyen age, est assez curieuse. Né d’une famille noble et riche, il passa les années de sa jeunesse dans les fétes et les plai- sirs; l’amour le fit moine, chimiste et médecin. Kper- dument amoureux d’une jeune fille de Majorque, la si- gnora Ambrosia de Castalla, qui refusait obstinément de céder & ses veux, il la pressa tellement qu’elle lui découvrit son sein que ravageait un affreux cancer. Raymond Lulle, fr appé d’horreur, renonga au monde et rentra dans un olottvese a l’age de trente ans. La, il se livra il’étude de la théologie et a celle des sciences physiques avec l’ardeur qu’il avait mise dans ses folies de jeune homme. Bientét apres, ayant concu l’idée d’une croisade, il entreprit d’immenses voyages en France, en Angle- terre, en Allemagne, en Italie et en Afrique, ov il fut la- pidé, préchant le christianisme. Tout en voyageant sams a oe oe” ee ee — yi a ee pa —“ a *" Na ath NA ee y ef iad 5 -—sCDISTILLATION; HISTORIQUE DE CET ART. 223 eesse, il trouva le moyen d’écrire dans presque tous les pays, et souvent simultanément, sur la vhimie, la physi- que, la médecine et la théologie. C’est sous Arnault de Villeneuve, professeur de médecine et alchimiste non moins célebre, qu'il apprit la médecine et la chimie. Ses contemporains l’avaient surnommé le docteur illuminé ». Aprés eux, du XIII° au XVIII’ siécle, un grand nom- bre d’auteurs ont parlé de la distillation. Michel Savo- narole, de Padoue, au commencement du XV° sitcle; Joseph Rubee, qui parle des serpentins plongés dans eau froide, et annonce avoir trouvé ce procédé dans les ouvrages des anciens, et Matthiole, ont aussi traité ce sujet; Nicolas Lefévre, Je docteur Arnaud de Lya, en parlent dans l’Jntroduction a la chimie ou a la vraie physique (Lyon 1655). A Amsterdam, en 1658, se publiait Descriptio artis distillatorie nove, ou J. Rodolphe Glau- ber indique plusieurs procédés trés ingénieux. Philippe-Jacques Sachs, en 1661, publiait a Leipsick un traité complet de la culture des vignes, vinification et distillation de vins, Vitis vinifere ejusque partium consideratio, etc. Athanase Kircher, savant jésuite, parle de la distilla- tion dans son traité de chimie publié en 1663; en 1690, J.-B. Pota, chimiste napolitain, a imprimé un traité sur Ja distillation, qui, a l’époque (fin du X VII° siecle), fut en grande renommée. En 1676, C. Lefevre fit connaitre un appareil qui don- -hait un titre plus élevé que les autres; Moise Charas en parle dans sa Pharmacopée publiée dans la méme année. Berchusen, en 1718, Boerhaave, en 1733, indiquent dans les Eléments de chimie plusieurs procédés d’apres lesquels on pouvait obtenir, par une seule chauffe, un litre plus élevé que par les procédés ordinaires. Toutefois, jusque vers la fin du XVIII° siécle, on ne j NE NRO pero Wek Pe peg RCN er eee ia J’ Dia ES Yeais A US ae re ~ CHAPITRE DOUZIEME. connaissait et ne se servait dans la pratique que de l’ap- pareil simple, composé d’une cucurbite plus ou moins grande, surmontée d’un chapiteau simple ou A réfrigé- rant, et d’un serpentin faisant cing a six tours, plongé dans une cuve d’eau froide. C’est ce que nous appelons _lapparei! simple, ou appareil ancien. En pharmacie la distillation au bain-marie était connue, et la distillation a la vapeur indiquée par plusieurs auteurs. | Argand, en 1780, commenca la série des amélio- rations en inventant le chauffe-vin, qui permettait d’ac- célérer beaucoup les distillations, en les rendant presque continues par l’introduction du vin bouillant dans la chauditre. Edouard Adam, en 1800, imagina d’appliquer l’appa- reil de Woulf a Ja distillation des vins, et il obtint ainsi d'une seule chauffe des trois-six, et & volonté des eaux- de-vie a tous les degrés commerciaux. M. Lenormand écrit & ce propos, dans son Traité sur la distillation : « Ce fut un Francais qui donna naissance ‘Ja distillation des vins; ce fut encore un Francais qui perfectionna cet art, ou, pour m’exprimer avec plus d’exactitude, qui renversa tout le systéme pratiqué jus- qu’a lui et lui en subtitua un nouveau. Le chimiste le plus distingué du XIII° siécle créa l’art de la distillation. Des la premitre année du XIX° siécle, Edouard Adam, homme obscur, étranger a la science, ne connaissant point lart qu'il a entrepris de réformer, se fraie une route nouvelle, établit un nouveau systéme et arrive a pas de géant au but que les génies les plus exercés et les plus profonds n’avaient pu atteindre par des travaux soutenus pendant plusieurs siécles. Que les Arnault de Villeneuve, les Raymond Lulle, les Porta, les Lavoisier, les Meusnier, les Fourcroy, eussent fait une pareille découverte, on aurait admiré leur génie sans étre sur # Pine ss a4 a. =) BE tay: Meee, Ne yw tees § a." SW “= RS A ee eee OD - cars uy "DISTILLATION ; HISTORIQUE DE CET ART. : 225 pris” que leur science et l’habitude qu’ils avaient de manipuler, les eussent conduits a des résultats aussi avantageux. Mais qu'un homme qui n’avait pas méme les premieres notions de l’art sur lequel il s’exercait, qui n’avait jamais encore mis la main a lceuvre pour faire la plus simple distillation, qu’un homme qu’on avait vu peu d’années auparavant Speke de la toile et de la mousseline, qu’un homme enfin tel que je viens de le dépeindre s’éléve, par son coup d’essai, avec la rapidité de l’aigle, au Ain haut degré de la science, en pénetre les replis les plus cachés, et fasse en un instant ce que les génies les plus pr sfonds n'ont pu faire en six sieles, voila ce qui parait invraisemblable, et nos vooux auront de la peine a croire un pareil prodige. I ne cache pas la source dans laquelle ila puisé ses nouveaux procédés. « Jassiste par hasard, dit-il, 4 une lecon de chimie, je » yois fonctionner un appareil de Woulf, et de suite je » concois la possibilité d’en faire l’application a la dis- » tillation des vins. » Les premiers appareils d’Adam se composaient d’une cucurbite de contenance variable (pour nous fixer sur ces dimensions, prenons une contenance de 100 veltes, en- Viron 750 litres), surmontée d’un chapiteau d’environ 30 pouces de haut, sur 18 de diametre, renfermant huit calottes en cuivre, Son quatre sont concaves et persillées, cest-a-dire percées de trous, et quatre convexes et pleines, mais ayant de petits passages de vapeur par un diametre moindre d’un pouce, et une petite pince de 5/8 de pouce pour retenir les vapeurs, Deux cylindres de 30 pouces dé haut sur 11 & 12 pouces de diametre, garnis d’une double enveloppe que l’on remplit d’eau, r ett douze calottes chacun, dont six persillées et six pleines. Ces eylindres sont munis d’un tuyau de rétrogradation qui renyoie les phlegmes sur la premiere Hine supérieure yan ts) | Pe a y° = : ~ ce yi carers > BT ae + ee ras hat rie eg Me Rk ee. : ‘ svi! . $35 eo a a ba 3 ra se, ict ‘ aos : Drea Set) a s 296 NOS pba svee DOCETEME: 6 er du chapiteau, et de deux serpentins, dont un, le pre- mier, sert de chauffe-vin et alimente la chauditre, et le deuxitme, plein d’eau, termine la condensation. Il est facile de se rendre compte de la marche de cet appareil. Les vapeurs, s’élevant de la chaudiere, se ren- dent sous les calottes, ot elles se condensent; les parties les plus spiritueuses passent seules dans le premier cy- lindre et se liquéfient aussi en opérant leur rétrogra- dation } jusqu’ ace qu’elles aient assez échauffé les calottes pour arriver rectifiées dans le deuxieme cylindre, au gre du distillateur. Selon le refroidissement de l’eau qui entoure le cylindre et le degré qu'il désire obtenir, il laisse parcourir aux vapeurs un ou deux cylindres; le vin que renferme le serpentin supérieur s échauffe et sert a recharger la chaudiere. Adam modifia ensuite cet appareil et il prit un brevet, le 2 juillet 1801; mais, bientét, il se monta de tous cotés des appareils qui donnaicnt les mémes résultats que le sien. Une suite de proces s’engagea entre Adam et ses contrefacteurs; ceux-ci gagnérent, et homme qui avait tant mérité de l’industrie vinicole du Midi mourut de misere et de chagrin, en 1807. C’est, hélas! la fin de presque tous les inventeurs; rarement ils profitent de leurs idées. En 1805, Isaac Bérard construisit un appareil plus simple que celui d’Adam, moins cotiteux et qui rectifiait également & tous les degrés désirables. Voici ce que M. Lenormand dit a ce sujet : « Quatre ans apres la découverte d’ Adam, Isaac Bérard, cultivateur au grand-Callargues, homme simple et mo- deste, ayant tout l’extérieur d’un paysan, mais cachant sous son habit grossier un génie extraordinaire pour son état, Bérard construisit un appareil d’une grande simpli- cité, qui donne abondamment des produits d’une excel- ae = EEN ON sre as fT) OP seh eee tear ag: iy | DISTILLATION ; HISTORIQUE DE CET ART. 227 lente qualité. Par une seule chauffe, il extrait du vin, comme Adam, non seulement de l'eau-de-vie, du trois- cing, du trois-six, du trois-sept, mais méme du trois-huit, et a volonté, de maniére qu’en tournant plus ou moins un robinet, il obtient par des moyens différents de ceux quavait employés Adam, le degré d’alcool qu’on Jui demande. » _ Bérard prit un brevet le 16 aout 1805 et, le 25 avril 1816, un brevet de perfectionnement de dix ans. Son Systeme consistait a faire passer la vapeur sortant de la chaudieére dans un réservoir, puis, de Ja, dans des eylin- dres placés sur le réservoir et ayant au-dessus un dernier condensateur entouré d’eau, garni de platines obliques, percé de trous. Les phlegmes, retournent dans le réservoir par des tuyaux recourbés a leur hase et sont volatilisées de nouveau. par les vapeurs qui s’élévent de la chaudiére. Un grand nombre d’appareils rectificateurs ont été établis sur le systeme de condensation, rétrogradation et redistillation. Nous parlerons plus loin des rectifica- leurs modernes, qui sont beaucoup plus simples que les appareils primitifs. Mais, des 1801, deux grands perfec- lionnements étaient acquis déja : 1. Liemploi du chauffe-vin Argand, 1780; 2. L’appareil rectificateur Adam, 1804. Le 24 octobre 1813, Cellier-Blumenthal prit un brevet de quinze ans, et, le 12 janvier 1818, un brevet de per- fectionnement pour un appareil d marche continue. Avant Ini, Baglioni, de Bordeaux, avait pris, le 24 aot 1813, également un brevet pour le méme objet; mais de tous les appareils brevetés a cette époque, celui de Blumenth al, qui le céda laméme année (janvicr 1818) & M. Derosne, est le plus satisfaisant. Le cessionnaire prit plusieurs brevets d’additions et perfectionnements successifs , Fe ee ee pe oe ee CL OAT ot aan > eae A eC I =e 7% be OY 4 Si fae rd es? ee 2 : a > a as 228 ae CHAPITRE DOUZIEME. — _ 28 aot 1818, 19 juin 1821, 30 mars 1822, qui en ont fait un appareil continu rectificateur donnant d’excellents résultats, en ce sens qu'il rectifie et épuise en méme temps les vinasses completement, lorsqu’il est conduit avec intelligence. Cellier-Blumenthal eut l’'idée d’augmenter considé- rablement la surface du vin en ébullition en le faisant arriver, sortant d’un chauffe-vin et par conséquent pres- que bouillant, sur une série de douze plateaux formant, dans l'appareil primitif de linventeur, une colonne, et placés les uns sous les autres. Des tuyaux de trop-plein maintenaient sur les plateaux une épaisseur d’an pouce de vin (27 millimetres); les plateaux étaient en outre - garnis de cing tubulures, qui dépassaient de quelques lignes la hauteur du tuyau de trop plein et qui étaient recouvertes par des capsules de forme demi-sphériques, supportées par le plateau sur lequel elles étaient assu- jetties par des bandes soudées ou rivées, et dont les bords descendaient un peu au-dessous du niveau du tuyau de trop-plein, afin que les vapeurs ne pussent pénetrer dans le plateau que par barbottage. Dans la marche de cet appareil continu, le vin suit une route rétrograde et inverse de celle des vapeurs : il sort presque bouillant du chauffe-vin et est introduit au-dessus du plateau le plus élevé, sur lequel il se répand a une hauteur ne dépassant pas 27 millimetres; les vapeurs arrivant sur les plateaux en barbottant autour des calottes immergées, mettent bientot le vin en ébullition, le divi- sent et en entrainent les vapeurs alcooliques, qui, comme on sait, sont plus légeres que les vapeurs aqueuses. Le vin en ébullition et de plus en plus affaibli descend par les tuyaux de trop plein d’un plateau sur l'autre; ces tuyaux sont disposés & contre-sens,.c’est-a-dire que si le trop-plein du plateau supérieur est placé du cété droit, a > he se — & “7, ad - unt tin et ke a tte ft y + < mH DISTILLATION ; HISTORIQUE DE CET ART. 2I9 celui de plateau au-dessous est placé & gauche, et ainsi de suite, afin que le liquide soit foreé de parcourir la plus grande surface du plateau avant de descendre plus bas. Or, en descendant, il est dépouillé par les vapeurs de tout l’alcool quil renferme et arrive épuisé sur les derniers plateaux, c’est-a-dire a l’état de vinasse. D’un autre coté, les vapeurs qui sont aqueuses en sortant de la chaudiére, deviennent de plus en plus alcooliques en montant sur les plateaux et s’enrichissent pendant leur ascension, tandis qu’en descendant le vin s'appauvrit. Cet appareil continu (dont nous donnons le dessin sur les planches) s’emploie encore dans la grande fabrication des alcools. Il est d’une conduite tres simple et n’a pas de tuyau de rétrogradation. Lorsqu’il est alimenté par la vapeur d’un générateur, cette vapeur est introduite par le bas de la colonne, qui, au lieu de douze, a dans ce cas dix-huit troncons formant 5 metres de haut sur un diamétre de 1"25°. On peut y distiller, en vingt-juatre heures, la quantité de 1,000 hectolitres de liquide fer- menté. L’alcool obtenu marque 50° environ lorsque l’on distille des jus fermentés ne dépassant pas 5 p. 100 @alcool pur. _ Cet appareil offre l'avantage, al’aide d’une modifica- tion tres simple que nous indiquerons sur les planches, de pouvoir distiller d’une maniére continue les motts épais tels que ceux provenant de la fermentation des farines, etc., qui n’ont pas subi de filtration et dont les matibres restent en suspension dans le jus. Derosne a, ainsi que nous le disions, acquis cet appa- reil, qu'il a successivement perfectionné et qui est aujourd’hui construit par la maison Cail de Paris. L’appareil Derosne est depuis longtemps connu de tous les distillateurs qui s’intéressent au progres de leur art, etil aservi de type a la plupart des constructeurs mo- | ite “ \ ay . ee : 2 Retire hw i A 230 epee e ‘CHAPITRE c DOUZIEME. | | m _dernes, qui se sont surtout attachés ¢ ou a le aimpheen (appareils continu Egrot et rectificateur, du méme cons- tructeur) ou a régulariser la chaleur (apparel Savalle). Il offre ’avantage de distiller d’une maniére continue, soit & feu nu pour les petits appareils, soit & la vapeur pour les grands, et quelle que soit la faiblesse des jus fermentés soumis a la distillation, seraient-ils au-dessous de 5° d’alcool pur, on peut du premier jet en obtenir a volonté des eaux-de-vie ou des esprits au-dessus de 90°. De plus on peut faire servir cet appareil a la rectification des phlegmes; cette opération, qui n’exige qu’un chan- gement de troncon de colonne, peut s’effectuer, soit d’une maniere intermittente, soit méme d’une maniére continue. On reproche & l’appareil Derosne d’étre d'un prix élevé et d’exiger, pour le faire fonctionner, un contre- maitre habitué 4 s’en servir, 4 cause de sa complication; c’est ce qui en borne l'emploi. Indépendamment du des- sin, nous donnerons, au chapitre des appareils modernes marchant 4 la vapeur, des détails sur son fonctionne- ment, ainsi que sur ceux d’Egrot, de Coffey (anglais) et de Savalle. L’historique de la distillation s’arréte a ces appareils, qui d’ailleurs ne sont que des modifications plus ou moins heureuses de celui de Cellier-Blumenthal. a a ee = ~ altel a ae ae eae Sa r ‘ iy Paige Se Be eae 65 o> - 7 ¥ eee see re re Le é ea)” : a eS PETITES DISTILLATIONS AGRICOLES. 234 CHAPITRE XIII PETITES DISTILLATIONS AGRICOLES SANS APPAREILS COUTEUX. _ Observations préliminaires. — Construction des fourneaux, chaudiéres; petit fourneau, “ fourneau de moyenne grandeur.— Alambics simples, chauffe-vin.— Maniare pratique ‘de distiller; tableau des températures d’ébullition des mélanges d’eau et d’alevol. — Rectificateurs. — Différences d'emploi des appareils simples ou perfectionnés. — Accidents de distillation & éviter, incendies, coups de feu, fuite de vapeur ; luts divers. — Emplois des résidus. — Fruits et jus sucrés. — Fermentations vicieuses, visqueu- ses, lactiques, acides; moyen de les éviter. — Marche normale de la fermentation, — ‘Eau-de-vie de vin, poires et pommes ; baies d’abrisseaux et séves d’arbres.— Fruits a noyau; variétés de kirsch; kirsch de la Franche-Comté. —- Jus sucrés, sucre de canne et mélasses; fermentation ; rhums et tafias; fabrication. — Esprit de mélasses indigénes, — Sorg ho, miel, racines de régtisse et chiendent; betteraves, alcoolisation de la pulpe ; macération & chaud et a froid ; carottes et racines diverses. — Substan_ - ¢es saccharifiables, — Grains, orge, préparation du malt ou orge germée; mouillage; germination, séchage et touraillage; blutage et mouture —Fermentation des grains; mout épais, modt clair. — Fécules; matiéres féculentes; procédés divers de mise en fermentation. — Extraction et traitement des fécules ; leur alcoolisation. — Cellulose, Son alcoolisation; résultats obtenus. Observations préliminaires. — Un grand nom- de propriétaires des pays vinicoles perdent une partie de leurs revenus en négligeant d’utiliser les fruits et les plantes fournissant des matieres saccharifiables, qui eroissent autour de leurs vignobles. Dans les contrées ou l'on cultive la vigne plus spécialement dans le but d’en retirer de l’eau-de-vie, beaucoup de propriétaires ont des alambics; mais ceux qui récoltent des vins destinés 4 étre vendus en nature ou qui se livrent 4 des cultures liverses n’ont généralement pas d’appareil, et cependant an alambic leur serait tres utile dans une foule de circons- eT ee YP Wet ae 0 ES ae eg ee os f Pass on > - , 2 4 5 ee pete. yy a - CHAPITRE TREIZIEME. tances, pour utiliser les bas-vins, les mares des fruits fermentés, etc. Les appareils modernes continus et rec- tificateurs dont nous avons deja parlé cottent fort cher, et comme ils n’en auraient qu'un emploi momentané, ce serait sacrifier en pure perte le capital employéa leur achat. D'autres plus nombreux n’ont pas de fonds dispo- nibles. Mais dans toutes les maisons de campagne, aussi bien dans le chateau que dans la ferme, une chaudiére simple est utile, elle sert 4 des usages multiples : cuissor de la nourriture des bestiaux, buanderie, bains, etc. On ’établit de la grandeur que l’on veut et pour lusage dont on al’emploi le plus fréquent. Partant de ce prin- cipe d’établissement d’une chaudiere destinée aux usages domestiques, nous allons parler de sa construction et de celle du fourneau. Souvent, dans les eampagnes, on ne trouve que difficilement des ouvriers spéciaux, et il nous est arrivé d’étre forcé d’en diriger la construction. Lé bonne disposition du fourneau influe beaucoup sur l’éco- nomie du combustible, la régularité des opérations, ete On ne saurait done prendre trop de soin ale bien établir Apres avoir décrit les formes et les accessoires de: appareils simples, leur conduite et modification écono- mique, nous traiterons de l’alcoolisation de toutes Ie: substances et de l’emploi des résidus par les procédés les plus simples, c’est-’-dire ceux qui exigent le matérie! le moins cotiteux, afin qu’ils puissent étre employés pai le plus grand nombre des cultivateurs. | Les matiéres utilisables sont tres nombreuses; on les divise en deux classes : la premiere comprend les fruits contenant la glucose, dont le sucre de raisin donne lé type le plus pur, c’est-a-dire les raisins, les poires, les pommes, les figues, les arbouses, les carouheM les baies d’arbrisseau, a sureau, d hivble, etc.; la groseille, les fraises, les framboises; les seves a6 divers arbres, ae ; ae oe ijt Rom be. + he ete So ON le - o o PETITES DISTILLATIONS. AGRICOLES. , ee ERS a Brable. de noyer, -d’acacia, de bouleau, de fréne; les Bparpeons et feuilles de tilleul, etc., qui, bien hae peuvent donner des eaux-de-vie de bouche; puis viennent les fruits 4 noyau, cerises ou merises, prunes, abricots, péches et mires, qui produisent les diverses variétés de kirsch. On acrid a cette classe les jus de plantes renfermant du sucre de canne, dont la canne a sucre et ses mélasses offrent le meilleur type, et dont le produit distillé est connu sous le nom de rhum et de tafia ; viennent ensuite la betterave, le sucre et les mélasses de betterave, le jus de perso le miel, les racines de- réglisse et de chiendent, les carottes, potirons, melons, citrouilles ; les tiges de mais, de millet; les topinambours, navets, rutabagas, panais, asphodéle, garance, dahlia; ces trois dernieres substances renferment surtout de la pectosine. La deuxiéme classe comprend les substances qui ne renferment pas assez de glucose pour fermenter sans préparations préalables, mais qui contiennent de l’ami- don, de la dextrine, de la fécule, etc., en grande quan- tité; de sorte que, par la saccharification, on transforme ces matieres en glucose. De ce nombre sont les grains dorge, seigle, blé, riz, avoine, mais, les fécules, les pommes de terre, le sarrasin, les légumes, feves, féve- rolles, pois, haricots, lentilles, vesces, les chataignes, -marrons d’Inde, glands, cassaves, igname de Chine, et | enfin la cellulose, c’est-a-dire le ligneux pur qui consti- tue la charpente des végétaux, tel qu’on le trouve dans les chiffons, le papier, la paille, les feuilles, le foin, les bois de toute espéce. Ces matiéres si nombreuses qui embrassent en un mot tout le regne végétal exigent pour leur alcoolisation des procédés différents. Nous les indiquerons en signalant les matiéres les plus avantageuses 4 traiter et les procé- mas id - Po < re 7 r PO a a eye a = a yO ras Te tS iP a hn or a anal SFP eet ana - 5 arate Si a Ss | CHAPITRE TREIZIEME. ee Fr dés aes plus simples; car il ne suffit pas de areniaee de Valcool, il faut surtout que le prix de revient n 'atteigne pas le cours commercial. Construction des fourneaux. — Les fourneaux se construisent avec des briques réfractaires, c’est-a-dire fabriquées avec des terres qui ont la propriété de durcir 4 la chaleur sans prendre de retrait; ces briques ont le plus souvent les dimensions suivantes : longueur 225 mil- limétres, largeur 115 millimetres, épaisseur 55 millime- tres. Toute la partie du fourneau en contact avec la flamme ou les fours a feu, appelés aussi carnaux de chauffe, doit se construire avec ces briques qui se ma- connent avec une pate réfractaire faite avec la méme nature de terre qui a servi 4 la fabrication des briques. On pétrit ou malaxe cette terre en y ajoutant de l'eau froide peu & peu jusqu’a consistance convenable. Les parties extérieures du fourneau, ne recevant pas diree- tement la chaleur, se relient avec le mortier ordinaire, composé de chaux mélangée de sable et d’eau. Pour établir le plan d’un fourneau il faut connaitre ; 1° Le diamétre du fond de la chaudivre; 2° la hauteur de la chaudiére ; 3° fixer la hauteur que doit atteindre le liquide vers la oh d'une opération. On n’oubliera pas non plus que les fourneaux de ce genre doivent pouvoir briler toute espece de combustibles bois gros ou menu, charbons et tourbes. Connaissant les trois conditions ci-dessus et le com- bustible employé, on base ordinairement la construction des fourneaux sur les données suivantes : On donne a la grille une longueur ne dépassant pas le tiers du diametre de la chaudiére; a partir de som devant, les barreaux ne doivent pas occuper plus des: deux tiers ou des trois quarts de la surface totale de la a ise x = _--—s PETITES DISTILLATIONS AGRICOLES. 235 grille, afin de ne pas empécher I’air de pénétrer au cen- tre de la combustion. L’ouverture du foyer, c’est-a-dire le cadre de la portiére, doit se rapprocher le plus possi- ble de la dimension cubique des carnaux de chauffe et du cube intérieur de la cheminée. En suivant ces don- nées on économisera du combustible, en utilisant le plus possible la chaleur produite, et on obtiendra un bon tirage; il est utile aussi de ménager une ouverture a coulisse au centre de la portitre; elle sert & régulariser Je tirage. : Chaudiéres.— Les chauditres se font ordinairement en euivre rouge. Pour construire celles de petites dimensions dont le diamétre de fond ne dépasse pas 70 centimetres, on emploie des feuilles de cuivre d’une épaisseur de 1 mil- limétre et demi & 2 millimetres et les fonds sont brasés; pour les chaudiéres de plus grand diamétre, on se sert de feuilles de 3 millimetres d’épaisseur et le fond est en outre rivé sur les flancs. Nous allons donner le plan de deux genres de four- neaux : soit une chaudibre de forme cylindrique, & fond brasé et tres légerement convexe; le bord supérieur est garni d’un cerele formé par un fer d’angle dont la partie verticale est rivée aux flancs de la chaudibre et la partie horizontale se trouve a plat sur le fourneau; de sorte qu en présentant dessus un autre cercle également a plat etrivé 4 un chapiteau ou couvercle, on peut a l'aide de pinces, le fixer sur la chauditre; il suffit de le Zuter et de Je mettre en communication avec un serpentin réfrigé- vant pour former un alambic. Cette chauditre a un tuyau de vidange. Nous en donnons le plan sur les planches; elle a 1 millimetre et demi d’épaisseur, 70 centimetres de diametre, sur 78 centimetres de hauteur totale. Passons maintenant a la construction du fourneau destiné a la recevoir : Er Rede ke WVE g Tt See an nae oe ede so fae iA ' ESR) core Pe PR a | CHAPITRE TREIZIEME. centre d’une surface carrée ayant 1 metre 17 fires en tous sens. On établit des fondations en moellons reliés avec de bon mortier, & une profondeur moyenne de 30 cen- timétres; selon que le terrain est ferme ou mouvant, on diminue ou augmente cette profondeur. Arrivé au niveau du sol, on pose des briques a plat sur cette surface en ménageant sur le devant du fourneau et au centre un espace de 33 centimetres de largeur sur 45 de longueur, pour établir le cendrier; on monte ainsi jusqua la hauteur de 20 centimetres, hauteur ot doit étre établie la grille (on trouve des barreaux de grilles en fonte ainsi que des emboitures et des portitres pour fourneaux de cette dimension chez les industriels qui s’occupent de la vente des fontes moulées ou les fondeurs). La grille a 35 cen- timétres de long sur 33 de large, et la portitre a une emboiture ou cadre de 21 centimetres carrés. On pose les barreaux de la grille sur deux sommers en fer ou en fonte de 4 centimetres au moins en carré qui la soutien- nent 4 chaque extrémité; on continue & monter sur ce plau jusqu’a la hauteur de 19 centimetres au-dessus de la grille; c’est & ce niveau que doit étre établi l'autel; on nomme ainsi la partie du foyer qui se trouve vers le fond de la chaudiére et qui, dans le fourneau que nous décrivons, embrasse les deux tiers de son diambtre. Cette disposition a pour but d’économiser le combustible. On arrondit les angles des brique du devant de l’autel qui touche la grille; il y a une égale distance entre la sur- face de la grille et celle de l’autel, et la surface de Vau- tel et celle du fond de la ahaudinves On présente alors la chaudiére sur le milieu du fourneau, on la cale, al’aide de briques, & 19 centimetres aucd areas de titel c'est la hauteur ot elle doit étre établie, et elle doit avoir la surface entitre de son fond en contact avec la flamme du | a P prance “PETITES DISTILLATIONS AGRICOLES. 237 foyer. On trace alors sur les briques déja en place la circonférence exacte, on place l’emboiture de la portiere et, apres avoir retiré la chauditre, on continue a monter en évasantles briques du foyer que ]’on taille avec langle de la truelle de maniére & arriver insensiblement a la largeur du diamétre établi, sur lequel on ménage une retraite de 1 centimétre au plus afin de maintenir la chau- diére bien d’aplomb. Au-dessus de l’emboiture de la portiere et 4 son niveau, il est nécessaire de soutenir le briquetage par deux bandes de fer mi-plat; sur le derriere de l’autel, & 15 centimetres du centre vers la droite, on a ménagé une ouverture de 20 centimetres pour servir de départ aux carnaux de chauffe. Arrivé au niveau supérieur de la chauditre, on la met en place, a demeure, bien nivelée, son tuyau de décharge ealé et garni de terre réfractaire. Il ne reste plus qua dresser les tours & feu : on commence par niveler la pente de louverture du premier tour dont le point de départ est sur l’autel; arrivé A la hauteur du fond de la chaudiere, on établit le tour & feu de 12 centimetres de large sur 22 centimetres de hauteur, on laisse ainsi un espace de 22 centimétres entre la chaudiere et le brique- lage qui sera léché par l’excédant de flammes sortant de Vautel. Arrivé au centre, sur le derritre, on commence tétablir la pente qui doit conduire au deuxitme tour, fui n’est séparé du premier que par une simple épaisseur le brique; i) est urgent de ménager sur les cétés des ours a feu, au moins sur le devant et un des cdtés, ou nieux, si l’on peut, sur les trois, des regards ayant en arré l’épaisseur de deux briques et que l’on ferme avec les bouts de briques et de la terre réfractaire, afin de amoner les tours a feu lorsque l’on reconnait au tirage (wils sont obstrués de suie ou de cendres; le deuxieme our a feu a la méme hauteur et largeur que le premier ; e. i. ee oe. oe i ee ES SP eS ie 2 ee ae oe tae eh CE ew eT! OB ee eR a ¥ ~~ . i. *,. ae ~ tf > > a “hat * . ie te ae a ot te > Anal Shee * Ap a 4% z i x AE eee tr - is i . . Bees = r og et cS . ‘ < apes ce S > 998 «SS CHAPITRE TREWZIEME, as on ménage une pente qui le dirige vers le tuyau de la cheminée, qui est en fonte et dont le diaméetre est de 47 centimetres. Sur le premier bout de tuyau, ily a une clef qui permet de régler le trage du foyer; la portiere ferme exactement, et on peut en outre fermer le cendrier avec une plaque en tole, a poignée. Ces fourneaux ont un tirage régulier. | | Voici la récapitulation des diverses dimensions : Surfaeé carrée du*fourneaty .02 ends, oes eee a 1"174 Hauteur totale du fourneau........... is dia. EE Oe 2 « sae Cendrier....... 0. 22 Hauteur du sol a Ja chaudiére ( Foyer......... O21 }..¢6 ee | Chambre a feu.. 0 17 Hauteur totale de la chaudiére. . ic. .....ceccces deceit a) poe Longueur du bord du fourneau a l’autel.......... ovtiae Jae — du bord 4 lextrémité de l’autel........ forat ee oa.» O90 Diamétre;-de-la chaudiéred. si. 5.1cn.cn nis «0s » 4.05 Onn Hauteur du liquide (contenance, 250 litres)......... 2S oy sag Hauteur au-dessus du 2° tour a feu (contenance, 180 litres).. 0 ol Chambre a feu ou foyer eee us hd Canter : . 0 38 Largeur du bord du fourneau contre la chaudiére. ....... > Deas Diamétre du tuyau de cheminée............ ws selaye a eee -« oe Tour a feu: hauteur, 22; largeur, 12; grille : longueur, 35; largeur, 33; portiére, 21° carrés. On sait que les chaudiéres évaporent d’autant plus ra- pidement les liquides qu’elles sont plus larges; on a cal- culé que 1 métre de surface de chauffe volatilise 1 litre par minute. Une petite chauditre, dans les dimensions que nous venons de donner, a été établie dans un but économique; plus large, il eat fallu employer pour son fond du cuivre plus épais, et le fourneau aurait néces- sité beaucoup plus de matériaux. Lorsque on n’a qu'un emploi éventuel de ces appareils, qui, organisés comme nous l’indiquerons plus loin, peuvent distiller 1,000 litres: | ah _ ees _ PETITES DISTILLATIONS AGRICOLES. 239 par jour, ils peuvent rendre de grands services, eu égard a leur faible prix de revient. Fourneau de moyenne grandeur. — [La chau- diere & y établir a un diamétre intérieur de 4 metre 52 centimetres; sa hauteur totale est de 62 centimetres. Elle dépote 10 hectolitres et peut en distiller facilement 8 48,50. Son fond, en cuivre de 3 millimetres d’épaisseur, est légerement convexe; elle est munie d’un tuyau et robinet de décharge, avec un tube indicateur en verre, et son orifice supérieur est, comme a la petite, garni dun fer d’angle posé a plat qui permet de l'utiliser pour tous les usages domestiques, industriels ou agricoles, auxquels l’eau chaude est nécessaire. Nous ne reviendrons pas sur la nature et la pose dés matériaux, qui sont les mémes que celles que nous avons précédemment décrites. La construction de ce fourneau differe du précédent par le nombre des tours & feu, qui, pour cette chaudiére qui est plus large et plus plate que la précédente, est réduit & un tour unique. Les principales dimensions sont les suivantes : -Portiére, encadrement intérieur, carré de...... 6 21m «ore OMe memeaueu, nauteur, 30; largeur..........esstee0ss 0 20 memmueur de la prille ooo. ce eee ke i FANS aot role Hauteur de l’autel..... ODA LA ge ea ane Le ne ete Oe ee Hauteur de la grille au fond de la chaudiére......... 0 50 Diamétre intérieur de la cheminée. .........0..+.02- O 25 Alambics simples. — La transformation en alam- bies des deux chauditres que nous venons de décrire s’effectue ainsi: on rive sur un fer d’ angle dont le plata le méme diamétre et la méme largeur que celui de la chaulitre qui est enchassée dans le fourneau, un couver- ele hombé ayant au centre une grosse tubulure servant de base & un tuyau en forme de siphon et servant de col POSS ee Ea OE Ree ee aE On Bec nal ih Ra tan As ath ey, PA i Eee. hy : é aE DG ae CHAPITRE TREIZIEME. de cygne; on assujettit ce couvercle- -chapitean ? a 2s ohana dire en le lutant, c’est-a-dire en étendant de la pate de farine de blé délayée a froid avec de l’eau sur le cercle de la chaudiétre; on entoure ensuite ce cercle de bande- lettes de papier chargées de colle dessous et dessous, et l'on y présente le couvercle que l’on serre avec de petites pinces en fer placées tout autour de la circonférence et que l’on laisse en place. Pour plus de sécurité on peut, lorsqu’il s’agit installer ainsi des chaudiéres de grandes dimensions, recouvrir les joints des cercles, jusqu’au- dessus de celui du couvercle, de briques liées avec de la terre réfractaire, ou remplacer les pinces par des boulons. On peut aussi remplacer les bandes de papier par des car- tons frits dans de l’huile. Le col de cygne s’adapte a lori- fice supérieur du serpentin, dont Jes dimensions inté- rieures doivent étre en rapport avec la grandeur de l'appareil : avec la petite chaudiére, un serpentin ayant un diamétre intérieur de 3 centimétres dans le haut, qui serait muni d’une Jen¢ille, et de 12 millimetres dans la partie inférieure, et dont les six tours se développeraient sur une hauteur de 80 centimetres et une largeur de 55 centimetres, suffirait a la condensation des vapeurs, s'il était immergé dans un fit ou une cuve contenant 3 hectolitres d’eau froide maintenue fraiche par un filet d’eau; avec la chaudiére de grandeur moyenne dont nous avons parlé, il faudrait un serpentin et un réfrigérant dont la puissance de réfrigération serait double puisque la volatilisation serait également doublée. La marche de la distillation avec les appareils simples est la méme qu’avec les appareils munis du chauffe-vin, dont nous allons indiquer ci-apres le fonctionnement; seulement elle est beaucoup plus longue, plus cotteuse en combustible et plus fatigante, surtout lorsque l’on a une série d’opérations a faire, parce qu'il faut a chaque 7 th wile > Se se Die ON SS ee es eee 4 * PI * 5 / : = fe Ph = ag eae ths oe. g 5 ee yk... ek oes : <= = Oe peices Vignes des graves ’ kg or ae ” rs Jae ye ery gy Fo eee Par, SF Lec? Ces Asia at se oe ee. Se ee ok ov are ie oe! A re rox Sas yer it pe Ny ae ny Pats: es ea q ng aie Cpa OAR Bs Ai ee Sel ARNE es ia ee ae ese beg Sia tides beast i ioe B14 x , + - ’ us BS, may sa¥e ‘ . t a. e 0 <5 _- - PETITES. DISTILLATIONS AGRICOLES. Qh _chauffe recharger la chaudiere avec du vin froid, et renou- veler constamment l'eau duréfrigérant, qui s’échaufferait trop; tandis qu’avec l’emploi du chauffe-vin c’est le liqui- de qui doit se distiller & la suite de celui qui est dans la chaudibre qui sert de réfrigérant; il ne faut que tres peu d'eau, et de plus le vin tombe presque bouillant dans la chaadiére. On sait que cette innovation est due a Argand. Chauffe-vin. — Nous donnons sur les planches le plan d'un chauffe-vin, desservant la petite chauditre dont nous avons décrit en détail l’installation : c’est une cuve ou chaudiere de méme diamétre et de méme hauteur que celle qui est placée dans le fourneau; elle est herméti- quement fermée, traversée par le serpentin, et peut con- tenir facilement la charge de Ja chauditre; un tuyau y conduit le vin par le bas; un second tuyau s’éléve au- dessus en se coudant, et conduit les vapeurs qui se déga- gent vers la fin d’une opération dans le serpentin réfri- gerant placé en contre-bas; ce tuyau est muni d’un robinet qui doit rester ouvert lorsque l'appareil est chargé de vin, car sans cette précaution on risquerait de les faire éclater. Le niveau inférieur du chauffe-vin étant établi a la hauteur de la chauditre, il suffit d’ouvrir un robinet pour que son contenu s’écoule dans cette derniére; un robinet indicateur, soudé vers la partie supérieure du ehauffe-vin, indique le niveau de la charge lorsqu’on le remplit de nouveau. L’extrémité inférieure du serpentin est coudée et rentre dans un réfrigérant alimenté d’eau froide, de méme diamétre que le chauffe-vin, mais n’ayant que le tiers de sa hauteur; le serpentin y fait quatre tours avant que son bec ressorte par la partie la plus basse. II est facile de comprendre |’économie de combustible et de temps que procure cette disposition: lorsque l’on a une sé- tie d’opérations a faire, le chauffe-vin alimentant la ies A. 16 a ba a bei We 8 a ae a eh ot) a ws cy yh Tay Nae eGR Ree hinba Cee TAs Mr Oe es ga en eS TE eee Oh ir) hire Cama One | ae AR ee a x ws : by Oa , ~ or’ ant on \ 242 - CHAPITRE TREIZIEME. chauditre de vin chaud, la distillation est presque continue. Maniére pratique de distiller. — La premiere précaution a prendre, c'est de bien nettoyer Vappareil. Sil y a longtemps qu'on ne sen est servi, il est bon d’y dis- tiller d’abord de l’eau clarifiée; on vide ensuite eau en- core chaude, on éponge et on verse le vin dans la cucur- bite jusqu’é environ 6 pouces (15 centimetres) de son col; on met ensuite le chapiteau, on lute la jointure avec une sorte de colle faite a froid et composée de farine et d'eau, et on recouvre les joints de bandes de toile imbibées des deux cotés avec laméme pate. A défaut de pate, on peut luter avec de l’argile, des blancs d’ceufs, etc. Sil’on a une série d’opérations & faire, on introduit le vin par une tubu- lure, ce qui évite de démonter l'appareil & chaque chauffe. On remplit le réfrigérant d’eau fraiche (de pluie ou de rivitre), et, dans un bassin supérieur muni d’un robinet, on verse d’autre eau destinée & renouveler constamment celle du réfrigérant, lorsqu’elle se chauffe dans le cours de lopération ; l’eau froide coule au fond du réfrigérant a Vaide d'un tuyau, et l’eau chauflée s’écoule par une ouverture pratiquée dans le haut du réfrigérant. On place ensuite un vase sous le bec inférieur du serpentin, pour servir de récipient. Tout étant ainsi disposé, on allume le feu sous la cu- curbite, apres avoir ouvert la claie du tirage de la che- minée. Les sarments sont excellents pour commencer une chauffe; on entretient un feu vif jusqu’a ce que la distil- lation commence; mais, dés que l’opération arrive a point, on ferme la portitre du fourneau, qui est alors garni de gros bois, et, au moyen de la soupape, on regle le tirage de maniere a avoir un filet régulier. La portiere (et c'est un point essentiel) doit fermer exactement; car, Ne Oe, Ot, ie Pe eS oes ie, oes en eed r 2 et ’ Atenas oh y ‘ - iy Ae ae aa be N ‘ PNG Beka J ~ Bae : : fee aby oe ea Nes ea sent a v bg ic a ee ere es "PETITES erieA TIONS | AGRICOLES.. 243 avec un fourneau mal construit, ot l’air peut pénétrer, il est tres difficile de conduire le feu et de s’en rendre maitre. Si, malgré la fermeture du fourneau, le filet d’écoulement de l’eau-de-vie est trop fort, on mouille, avec un linge, le dessus du chapiteau. On doit apporter un grand soin a maintenir fraiche l’eau du réfri- gérant. A la sortie du serpentin, on pése l’eau-de-vie; on met a part les premiers litres. L’eau-de-vie qui s’écoule lors- que la distillation est bien réglée est la meilleure : c’est Yeau-de-vie premiere. Lorsque le titre est descendu au- dessous de 45° d’alcool pur, on retire @ part le deuxieme produit, jusqu’a ce que l’alcoométre ne marque plus que 5 a 6°. Apres plusieurs chauffes, on réunit les phlegmes, c’est- a-dire les eaux-de-vie faibles, et on les rectifie selon les degrés commerciaux de vente de chaque vignoble. Lorsque les vins sont trés pauvres en esprit, on retire tout l'alcool, sans mettre a part l’eau-de-vie premiere, et l’on rectifie 4 la fois le produit de plusieurs chauffes. On obtient ainsi le degré marchand de vente, parce que les phlegmes sont encore mises a part, si le titre exigé est élevé. La conduite de la distillation est la méme avec les appareils simples pour toutes les sortes d’eaux-de-vie, qui, du reste, ne different que par leur séve, les huiles -essentielles et les divers éthers qui se forment en vieil- fissant. Mais chaque genre d’appareil a un fonctionne- ment spécial que nous expliquerons plus loin. La distillation des vins ou jus fermentés est fondée Sur la propriété que posséde l’alcool de se volatiliser a la température de 78°40 centigrades, tandis que l’eau exige une températnre de 100°, sous la pression baro- métrique de 0™76° de mercure. | a we vins et ‘abe Teo d’eau et d’alcool pouillegl Fs des températures d’autant plus basses qu’ils renferment plus d’alcool; ainsi si nous distillons des vins dont le titre en alcool pur soit de 9°, |’ébullition aura lieu a la température de 89°90; si ces vins renferment 16°6 d’al- cool pur, ils bouilliront & une température plus basse, i 86°20, tandis que les queues qui ne renferment plus que 41°63 d’alcool, ne bouillent qu’a 97°20. Cest ainsi que M. Ure a trouvé les chiffres suivants : | Température d'ébulition sous la pression baromeétrique de 0™76. Poids de l'eau pour 4 d’alcool pur Pac coun Rls jr oooh ance ae 78°40 C. (alcool pur). AiG a -te'sle as eeeimnene aetes 82035 Dia'pih a'h leo wtate Meta lengtaretenaetate 84°05 Serre ee GA en ep 86°20 (16°60 alcool pur). Suhel tails \geotptte 87025 1G ot ote eis ose ct arene ee eae 89°90 (9909 alcool pur). CU oie Pinte s ait’e kde cle eee 93020 BON sachs wires ke awe 94045 OO Sh. eae ere Moen tates 7°20 (1°63 alcool pur). Bau pure .i'.\s20 oy aera 100°00 . On voit qu'un mélange de 1 d’alcool et 60 d'eau dont le titre est de 1°63 alcool pur, bout & une température plus basse que 100, & 97°20, tandis qu’un mélange de 1 d’alcool et 5 d’eau, qui représente un titre de 16°60 dalcool pur, bout a 80°20. Voici quelle est la marche de la distillation avec un appareil simple, c’est-a-dire sans rectificateur ni pla- teaux : aussitét que l’ébullition s’établit, il s’éleve de la chauditre des vapeurs dont le degré aleoolique est en rapport avec la richesse du vin, et dont nous indiquons les titres dans le tableau qui suit ces observations. Ces vapeurs se condensent, d’abord, contre le couvercle ou chapiteau et retombent dans la chauditre; ce mouve- 0. Pee we ¥ ae ae rr ae he te SPRL Se mM NE _ “PETITES DISTILLATIONS AGRICOLES. 245 ment rétrograde s’arréte quand le chapiteau et le col de eygne deviennent plus chauds; alors les vapeurs se ren- dent dans le serpentin, lequel étant plongé dans l'eau froide, les condense. Avant que l’eau-de-vie vienne a couler par le bec du serpentin, il s’en dégage des éthers dont l’odeur est tres forte; les premiers litres qui s’écou- lent renferment des produits éthérés, des crasses: on les met a part. On observe ensuite qu’au fur et 4 mesure que la distillation s’opere, le degré s’affaiblit de plus en plus; ainsi, si nous distillons des vins ayant 10 p. 100 d’alcool, nous obtiendrons au commencement de la distillation des eaux-de-vie qui auront 55° d’alcool pur; mais peu a peu ce degré descendra a 50°40, et enfin la queue de Vopération se terminera par des phlegmes qui ne pese- ront plus que 6°. Quand on distille des vins avec l’appa- reil simple, on a l’habitude de mettre de cdté les eaux- de-vie de téte, c’est-i-dire qui ont un titre marchand et qui s’écoule lorsque la distillation est bien établie; leur titre varie selon les contrées : ainsi, il est de 60 a 70° dans les Charentes, et de 52° dans l’Armagnac et le pays. Lorsque les vins sont faibles, on ne fait pas d’eau-_ de-vie de téte a la premiére chauffe, on en retire simple- ment les petites eaux ou phlegmes que l’on réunit et dont le degré moyen est de 25°; ensuite, par une seconde chauffe ou rectification, on obtient des eaux-de-vie 4 70°. Si, vers la fin d’une rectification, le niveau du liquide descend dans la chauditre au-dessous des carnaux de chauffe, au lieu de continuer & distiller les queues, ce qui risquerait de briler les parois de la chauditre, on la remplit avec des vins destinés a étre distillés; on nomme cette opération, en terme de chimie, cohoder. Dans la distillation des vins, on ne cohobe que pour ne pas briler la chaudiere. On peut se rendre compte des degrés moyens que l’on Phy ee Fai BS RE ees rf CHAPITRE TREE. obtiendra au commencement d’une opération loraqué! lon connait déja la quantité d’alcool pur que renferment les vins destinés a étre distillés. Nous reproduisons ici un tableau d’expériences qu’on doit & Groening, et qui indique la température d’ébullition,. le titre aleoolique — du liquide bouillant et de la vapeur qui se dégage. ES TEMPERATURE TITRE ALCOOLIQUE TEMPERATURE TITRE ALCOOLIQUE nee re ee — ——— le l’ébulliti de l’ébulliti Renken ee du liquide | de la vapeur tet oe ayes du liquide | dela vapeur en degrés | on ébullition |qui se dégage|}| °% “esrés | en ébullition |qui se dégage centigrades. |en centiémes.|en centiémes.|| centigrades. jen eentiémes.|en centi¢mes. 77 6 92 93 87 7 20 71 77 90 92 88 9 18 68 77 8 85 9] 90 0 15 66 oper aba BO 951] 913 12 61 79 0 70 90 92 5 10 55 79 3 70 89 93 9 7 50 80 0 65 87 95 0 5 42 813] 50 85 96 3 See 82.7 40 82 97 6 2 28 83 9 35 80 98 9 l 13 85 0 30 78 100 0 0 0 BGPS sib) 25 76 Nous avons contrdélé les expériences ci-dessus qui se rapportent ala marche d’un appareil simple; aussi les jus fermentés ou piquettes qui avaient donné, par uD essai a l’appareil Salleron, 4°5 d’alcool pur, ont émis des vapeurs qui, par la condensation, ont produit des petites eaux & 40° d’alcool pur; la réunion des petites eaux ou phlegmes qui pesaient 20° a donné a la rectifi- cation 70° et méme un peu plus au début. Bien entendu, ces chiffres se rapportent au début de la distillation, ear on sait que la température de |’ébullition augmente au fur et & mesure que l’alcool est évaporé, et que, par W jog B es rrr hier Lrions AGRICOLES: = OTe contre, les vapeurs qui se dégagent s’affaiblissent de plus en plus. | On utilise dans les appareils continus rectificateurs cette différence des points d’ébullition et de condensation entre l’eau qui bout a 100° et l’alcool qui bout a 78; on peut également l’utiliser en femployant des appareils simples munis d’un rectificateur. Rectificateur. — On peut appliquer, sans frais con- sidérables, & un appareil simple fonctionnant déja avec une cuve de vitesse ou chauffe-moitt, un rectificateur qui doublera la richesse des produits et permettra de retirer des alcools & 90° par la permitre rectification des phlegmes provenant des bouillées faites a l’aide du chauffe-vin; cet appareil ainsi modifié est surtout utile lorsqu’on traite des jus fermentés qui ont des huiles essentielles désagréables, de mauvais gout, et que l’ona en vue de fabriquer des alcools trés rectifiés. Nous en donnons le dessin sur les planches : il consiste en un vase intermédiaire en cuivre étamé, placé au-dessus du chapiteau ; il renferme trois plateaux divisés par une cloi- son en deux parties ayant un niveau différent, ce qui forme six compartiments; des tuyaux de trop plein font descendre le liquide del’un al’autre, et des capsules bar- botant dans ce liquide y introduisent les vapeurs yenant de la chaudiére. Un tuyau siphon, partant du troisitme tour du serpentin, a peu prés vers le milieu du chaufle- vin, fait rétrograder sur le plateau supérieur les petites eaux déja condensées et encore assez chaudes pour ne pas interrompre la distillation. Ces petites eaux, en par- courant les plateaux bouillants, se volatilisent de nouveau et enrichissent ainsi le produit distillé;; mais, pour fonc? tionner ainsi, il faut que le chauffe-vin soit rempli d’eau, tout comme le réfrigérant. Le distillateur doit veiller sur- , FTAA OUR he Ps 7a ang f ¥ ¥ LAs O18. aapitRe Tarts, tout 4 conserver une chaleur régulitre ala partie cor- respondante au tuyau de rétrogradation. La conduite de la rectification s’opére ainsi : apres avoir luté la petite colonne a plateaux sur la tubulure du couvercle de la chauditre, ala base du col de cygne, on remplit Ja chau- diere de phlegmes a rectifier, puis on remplit également d’eau le chauffe-vin et le réfrigérant inférieur, ensuite on lute le tuyau de rétrogradation, on ouvre son robinet et on allume le feu; lorsque les plateaux et le col de cygne sont assez chauds, ils commencent a distiller; mais, tant que la partie du chauffe-vin et l’eau qui l’entoure ne se- ront pas assez échauffées, la distillation s’opérera par voie de rétrogradation sur les plateaux; il ne s écoulera pas de liquide par le bec du serpentin. Lorsque le courant ou filet de liquide sera établi, si l’on traite des phlegmes ayant des gouts défectueux, on mettra a part les produits éthérés de ¢é¢e pour ne recueillir que les centres, et des que le degré s’affaiblira, on surveillera avec attention afin de couper encore l’opération, c’est-a-dire de recueillir & part les queues, car ce n’est qu’en fractionnant avec soin que l’on peut espérer obtenir des produits marchands. Différences d’emploi des appareils simples ou perfectionnés. — Les alambics simples que nous ve- nons de décrire offrent l’avantage de conserver aux eaux- de-vie de vin ainsi qu’aux kirschs, aux rhums et en gé- néral a tous les produits qui ont un arome ou une seve particuliére, le gotit qui les caractérise et par conséquent les fait rechercher par le commerce et les consomma- teurs; mais, par contre, si l’on distille des jus ayant mauvais gout, on en retirera des alcools ayant une saveur d’origine plus prononcée que si on les eit extrait avec les appareils rectificateurs dont nous parlerons au chapitre” suivant. Les brileurs expérimentés atténuent ces incon~ ax es he Ye a BE NG EE ee ees ts BF PRP Si aeeo Le Rae lee! pln et aes LA OR be eee 5s ho PB ee 58 ig a oie SSA ll RAR i La ig Melati lige 2 Povey sir "hu ; us 1 eS hie vine es x is : * $ j bee Sie , ne _ —s~PETITES DISTILLATIONS AGRICOLES. =A) vénients, soit en faisant plusieurs rectifications et en fractionnant les produits, soit en adaptant aux appareils simples un rectificateur, lorsqu’ils ont a distiller et & rec- tifier des phlegmes de mauvais gott, lequel est bien moins sensible a un fort degré que dans les eaux-de-vie faibles; et s'ils ont des vins a distiller dans le but d’en faire des eaux-de-vie fines et qu’ils aient & se servir d’appareils continus rectificateurs, ils ont soin de ne pas dépasser le titre de vente, parce qu’ils savent qu’au- dessus de 75°, on obtient des produits bien moins moel- leux et surtout ayant moins de seve et de bouquet. Ainsi, distillez avec l'appareil Derosne des vins blancs nouveaux des Charentes, et recueillez-en le produit 4 90°, qu’ob- tiendrez-vous? de l’alcool neutre; fermez les robinets de rétrogradation, le degré diminuant, yous obtiendrez une eau-de-vie beaucoup plus séveuse. En résumé, les appa- reils simples doivent étre préférés pour la distillation des eaux-de-vie fines directes, des kirschs et des rhums, parce qu’ils conservent mieux les seves et bouquets qui ecaractérisent ces spiritueux; tandis que pour la distil- lation des alcools & mauvais gout, les appareils continus- rectificateurs sont plus aptes a en éliminer les défauts d'origine, en un mot a les neutraliser. Accidents de distillation a éviter.— 1. Incendies. — On doit s’attacher 4 éviter que le filet d’eau-de-vie qui s’écoule du bec du serpentin subisse trop longtemps le contact de l’air, surtout si l’on rectifie a un fort degré, parce que lorsqu’on commence ce genre d’opérations, il séchappe, par le bec du serpentin, des vapeurs éthérées tres inflammables; on devra ne rectifier autant que pos- sible que le jour, éviter d’approcher des lumiéres pres du bec du serpentin et le séparer ou l’éloigner le plus possible du foyer, ne pénétrer dans la distillerie la nuit for RES SEE ey ee SPRL Saige ey aan seers Ae, 5 2 ALTE s ie cy ee ne el ERIE RS Ny MEY LS OE NA Sethe DLT gt Ee te rr 250 SS GHAPTTRE TREVZIEMD So) 1 ohana e qu’avec une lanterne et surtout ne pas y garder d’alcool rectifié A un fort degré; lorsque l’air est trop chargé d’esprit, il est prudent de ne faire des manipulations qu’avec des lampes de streté comme celles des mineurs; les bassins qui alimentent les réfrigérants doivent étre constamment pourvus d’eau, surtout lorsqu’on rectifie, et les alcools doivent étre recueillis froids, car le défaut de condensation, outre la perte, peut occasionner un in- cendie en répandant dans l’air des vapeurs alcooliques inflammables. . 2. Coups de feu. — Il arrive parfois que la surchauffe est tellement forte, par suite de l’ardeur du foyer, que l'appareil vinasse : on appelle ainsi le passage du vin par le bec du serpentin, son mélange avec les vapeurs con- densées. On doit en ce cas fermer hermétiquement la portiére du fourneau, le cendrier et la clef de la cheminée. Si le foyer était trop chargé de combustible, il faudrait en sortir. Cet accident est di aussi quelquefois a la nature des jus fermentés, de certains vins muqueux, qui, étant visqueux, se boursouflent et forment au debut de l’ébullition de grandes quantités de bulles qui mon- tent dans le col du cygne. On obvie a cet inconvénient en ne remplissant pas autant les chauditres que si lon traitait des vins parfaitement vinifiés. 3° Fuite de vapeurs ; luts divers.— Le meilleur lut pour éviter les fuites aux appareils se fait avec de la céruse en pite mélangée avec du minium. On prépare en outre, pour recouvrir les jointures, des luts ordinaires avec plusieurs matiéres; la plus communément employée est la farine de froment, mélangée avec de l’eau froide en consistance de pate; on en enduit des bandelettes de papier ou mieux de toile fine. On peut employer au meme usage la farine de graine de lin bien délayée avec une colle d’amidon, ou le blanc d’ceuf délayé avec de l'eau de a ee ve % et ; ieee "PETITES DISTILLATIONS AGRICOLES. “ 254 chaux Bleints. Ce méme Int est plus adhéreut lorsqu’on délaie préalablement |’albumine ou blanc d’ceuf avec de Peau en battant vivement le mélange, que l’on épaissit ensuite en le saupoudrant de chaux vive pulvérisée. Il est bon, en outre, de ficeler les tubulures et tuyautages au- dessus et vis-a-vis les bandes lutées, et de les imprégner de lut ordinaire, a la farine ou & l’albumiue. La farine de seigle mélangée avec de la cendre bien tamisée, et que l'on délaie a froidavec del’eau, donne également un lut ou farinail qu’a défaut d’autre on peut employer. 4. Défaut de condensation et d’ épuisement.— L’ eau-de- vie qui s’écoule par le bec du serpentin doit étre froide; on obtiendra ce résultat en renouvelant constamment Yeau du réfrigérant, car si la température du liquide distillé était supérieure & 30°, la condensation serait incomplete, on perdrait par conséquent une partie du produit. Quant a |’épuisement des vinasses, on peut s’en assurer en appréciant les derniéres vapeurs qui s’élévent de la chaudiére. Pour cela on les dirige, par un robinet placé sur le couvercle-chapiteau, dans le serpentin réfri- gérant d’un petit alambic d’essai, et l’on pese le titre du liquide obtenu, en tenant compte de sa température, a Paide d’un alcoométre a peser les vins, tel que celui de Salleron, dont les degrés sont tres appréciables. Lorsque ces derniers produits n’ont pas plus de 5° d’alcool pur, le bois que l’on brilerait et le temps employé vaudraient souvent davantage que les traces d’alcool que l’on recueillerait. Emploi des résidus. — Les vinasses doivent étre utilisées, elles constituent un engrais liquide tres actif : dans les exploitations agricoles bien tenues, on les dirige dans une fosse &compost qui doit étre revétue de ciment et couverte par un hangar. On remplit la fosse de débris ~--. Ne Mat | wen. 4a ey a ie a ee) FES Die tO TR, en a Bg Ale ae hk lw ? Sef vib EY, Pris na Pere ‘ee i \é eee 4) 5 BPs 6a ata ah ate 1 hen eee CHAPITRE TREIZIEME. "ieee ane 252 ligneux de toute espece, feuilles, joncs, ete., on les” arrose avec les vinasses. Cette opération s’exécute a l'aide d'une pompe ayant un tuyau en bois. Ces débris entrent bientdt en fermentation et augmententles engrais qui souvent font défaut et coutent fort cher, surtout sur les hauts plateaux. Ces observations s’appliquent aux vinasses liquides; quant aux résidus épais, nous avons déja dit qu'il valait mieux les presser a l’aide de l’appareil décrit et employé pour les lies; toutefois, comme il y a des marcs de fruits et certaines matitres végétales qu'il serait difficile de passer a la presse comme les lies, on devra, si on en a a alcooliser, placer un treillage dans la chaudiére et le disposer de telle facon que ces matiéres ne puissent bri- ler en s’attachant contre le fond ou les parois latérales. Le vinasses épaisses qui renferment les marcs de fruits, de céréales, etc., servent a la nourriture des bestiaux; il arrive souvent méme que certains produits dont nous allons parler ci-apres ne se ramassent que dans le but de les donner crus au bétail, quin’en digere qu'une partie, tandis que, fermentés et cuits, plusieurs des éléments qu’ils renferment seraient plus assimilables; de sorte qu’il y a dans leur alcoolisation double bénéfice, car si, par la fermentation, le sucre est déja utilisé, d’un autre coté certains principes se digerent plus facilement, leur division étant plus parfaite. FRUITS ET JUS SUCRES. Fermentations vicieuses : visqueuses, lacti- ques, acides; moyen de les éviter.— La fermen- tation des fruits, jus sucrés, matiéres saccharifiables, na pas toujours lieu d’une maniére normale; il peut arriver que les motits en fermentation éprouvent une dégéné- a. as * 4 Wheat | trad arly \ 2 : Payee x PETITES DISTILLATIONS AGRICOLES. == ——-.283 rescence et qu’au lieu d’un liquide franchement vineux, on n obtienne qu'un liquide glaireux, dans lequel le sucre a déja subi une transformation qui nuit au rendement alcoolique et qui, en outre, rend ces jus tres disposés & former des mousses, a se boursoufler pendant la distil- lation. On évitera cet inconvénient grave : 1° en tenant les cuves tres propres par des lavages faits avec de l’eau de chaux et renouvelés 4 chaque opération; 2° en ajou- tant, par hectolitre de mout, un litre de décoction de tan, que l’on obtiendra en faisant bouillir de l’écorce pilée, du bois de chéne ou des noix de galle dans les propor- tions de 1 kilog. de tan pour 5 litres d’eau que l’on réduit, par l’ébullition, 4 environ 3 litres et que l’on conserve pour servir au besoin. 3° L’acide sulfurique dé- layé dans six fois son poids d’eau, versé et bien mélangé dans les moutts avant leur fermentation, remplit le méme but. Quant a la fermentation acétique, on l’évite en cou- yrant les cuves, en surveillant avec attention la fermen- tation alcoolique qui précéde toujours la fermentation acide ; en soutirant les vins des cuves des que la fermen- tation tumultueuse a cessé et en ayant soin de ne se servir que de fiits bien propres et tenus constamment pleins dans des locaux clos. Lorsque, par négligence, on laisse au contact de l’air des jus fermentés dont le titre alcoolique est faible, ils s’acidifient tres prompte- ment, et comme ils renferment encore des ferments non décomposés, qu’ayant peu d’alcool ils n’ont pu produire ‘que peu d’acide, cet acide est a son tour détruit, et le liquide passe a la fermentation putride, c’est-a-dire qu’il se décompose et ne forme plus qu’un liquide infect. Marche normale de la fermentation.— Une fois Je mout mis en cuve, avec ou sans marcs selon les ma- titres, on ne devra ajouter de la leviire de biére qu’aux | Se: ye ar Mit Ail )/" rma Ie ee, Se etme) oN SL ed eee err Or ae OY 254 | CHAPITRE TREIZIEME. jus sucrés qui manquent de ferments naturels, ¢ "este dire qui ne pourraient pas subir de fermentation sans étre excités, parce que la leviire introduite dans un motit qui renferme déja des ferments (la plupart des fruits sont dans ce cas) ou qui est employée en trop grande quan- tité, le prédispose a la fermentation acide. En effet, la levire, apres avoir excité la fermentation alcoolique, n’a pu étre utilisée entigrement et il en reste encore beaucoup d’active en suspension. Ce ferment attaque Valcool formé et le transforme rapidement en acide acé- tique. Dans les fermentations normales, le mout versé dans la cuve ne fait aucun mouvement immédiat : n’est qu’au bout de quelques heures (4) que le liquide commence a se troubler. Il s’y forme une grande quan- tité de bulles qui montent a la surface en méme temps que le volume augmente et que la chaleur du mout s’éleve; on sent une odeur piquante due au gaz acide carbonique qui commence a se dégager : c’est le moment de couvrir les cuves. Bientét il se forme a la surface une écume, et si le motit renferme des matiéres solides, une crotte de mare se maintient a la surface, gonfle; le mouvement tumultueux augmente, et continue plus ou moins selon la richesse du motit en sucre, l’activité des ferments, la température ambiante. On ne peut préciser le temps que dure cette fermentation bruyante, qui est sujette a une foule de variations. On doit surveiller activement cette période; sion gotite le mott, on le trouve chaud, trouble et ayant encore une saveur sucrée, mais sensiblement diminuée; enfin, on constate que le volume a diminue, ee —_—_—_-— (1) Cet état transitoire ne peut se fixer; on sait que plus la tempera- ture du cuvier se rapprochera de 22° centigrades, plus il y aura d’activité et de régularité dans la fermentation; tandis qu’au-dessous de 15°, elle sera beaucoup plus lente a s’établir et moins active. .: f ‘ ag a wie ye 4 iP We Rp ee PETES TP ICTITTATIONS LERICOLES , 255 que la chaleur du liquide s’abaisse et que le motit a perdu son gout sucré, qu'il a acquis une odeur et un gout vineux. On décuve lorsque le liquide est froid et que sa densité se rapproche celle de l'eau, ce que l’on reconnait a l'aide d’un gleucometre ; mais, dans la pratique, on ne trouvera pas constamment ces conditions aux décuvages, parce que la plupart des vins ou jus fermentés renferment, au sortir de la cuve, une foule de matiéres qui influent sur leur densité; de sorte que souvent on seraient induit en erreur sur le sucre qui reste encore a décomposer. Les praticiens reconnaissent a la dégustation, bien que le pese-sirop indique plusieurs degrés au-dessous de zéro, la fin de la fermentation tumultueuse. Il est imprudent de laisser en cuve, surtout pendant l’été, le jus d’un fruit quelconque s'il a terminé sa fermentation bruyante, car il se piquerait rapidement; on doit donc saisir le moment ou le mouvement a cessé pour soutirer sans retard. Eau-de-vie de vin. — Nous avons déja parlé dans le cours de cet ouvrage de la vinification de chaque genre de vin. Ceux que l’on destine a briler ne subissent aucune préparation spéciale; nous dirons seulement que pour -obtenir des eaux-de-vie moelleuses, il faut les distiller des que la fermentation tumultueuse est terminée. Ona observé dans les Charentes et Armagnac que les eaux- - de-vie faites avec des vins nouveaux étaient plus douces que celles que l’on distillait plus tar davec les vins de la méme année; cela tient au mucilage que ces vins ren- ferment encore lorsqu’ils sont récemment vinifiés. La distillation s’opere ainsi que nous l’avons déja dit plus haut et quel que soit le jus fermenté, elle n’offre rien de particulier, si ce n’est que l’on doit éviter, lorsque lon va employer des résidus de vins, de vider dans la chau- inks: a, ties rt Nee ee Re el Pr Re ae Se MET Na Meet yt 2, Ree Cater Fes ye of if- . A ‘ t ; fy) , NS; ie ; > at ; , Mss esha BaD 3 CHAPITRE TREIZIEME. >) * | ae dibre des bourres é6paisses, des lies, des mares, parce que ces matiéres briilent au fond de la cucurbite et donnent des gotits dempyreume détestables, et que de plus on détériore les appareils. Lorsqu’on aura des mares a traiter, on procédera par leur lavage, c’est-a-dire qu’on émiettera dans une cuve, on y versera de l’eau dessus, on les brassera bien avec un rable; apres les avoir laissés tremper un jour, on écoulera cette eau dans des fits soufrés; on aura eu soin de garnir le robinet de la cuve d’un griffon, afin qu’il ne puisse s’obstruer ; on continuera d’épuiser le marc par des trempes successives, et on le pressera ensuite jusqu’a siccité. Quant aux lies, on les pressera, et les vins et les piquettes ainsi obtenus seront mis au repos et soutirés avant de les passer @ la chau- divre. Nous savons, par expérience, que les produits qu’on en retirera seront bien meilleurs que lorsque ces résidus sont distillés en nature, 4 ]’état plus ou moins épais. Poires et pommes. — Ces fruits se traitent de la maniére suivante : apres les avoir cueillis (1), on les rassemble dans un cuvier, on les met en tas sur un plan- cher de treuil ou pressoir, ou dans les greniers. On a soin de diviser les tas selon les espvces et le degré de maturité : cela est essentiel pour obtenir de bon cidre et en retirer une plus grande quantité. Les fruits mis en tas se flétrissent, jaunissent et commencent a se pourrir; bientét on reconnait a l’odeur qu’ils répandent, que Ja fermentation a commencé dans le tas; c’est le moment de les écraser. Cette opération se fait, soit dans une auge circulaire dans laquelle tourne une meule mue ea (1) On ne doit Jes cueillir que lorsqu’ils sont en pleine maturité et que déja une partie est tombée de l’arbre, alors on secoue vivement les branches qu’on évite de briser en se servant de gaules pour abatire les fruits qui restent. | oe ey aay. Be 1 eae Vi Tailles des Vignes des Palus ! a a 3 PETITES DISTILLATIONS AGRICOLES. = 37 par un manége, soit a l'aide d’un petit moulin composé de cylindres cannelés et surmonté d’une trémie. Dans les pays a cidre, ces appareils font partie du matériel d’ex- ploitation d’une propriété rurale; mais dans les contrées ou les pommes et les poires ne se cultivent que pour étre vendues en nature, on ne traite pour l’alcoolisation ou pour la boisson (le procédé est le méme dans les deux cas) que les fruits inférieurs, ou l'excédant que l’on ne peut vendre avec avantage, et généralement on ne posstde pas d’appareils spéciaux pour les écraser. En ce cas on jette une couche de fruits bien mirs dans le fond d’un dowil ou petite cuve solidement foncée que Yon enchasse de 15 centimetres dans le sol afin qu'elle ne remue pas, et on pile et écrase les fruits en les remuant en tous sens, afin de les diviser le plus possible. Cette operation se fait au moyen d’une demoiselle ou pilon & deux manches, qui peut n’étre qu’un simple morceau de bois dur dont le bout scié carrément de manibre & former une grosse téte plate. Unjtrou de tariére est pratiqué au milieu pour y faire passer le manche. La pulpe du fruit étant complétement écrasée, on la porte sur le pressoir, prealablement garni d’une couche de paille de seigle (ou d’une étoffe de crin); on y dispose une premiére couche de pulpe de 2 pouces d’épaisseur, puis une couche de paille, et ainsi de suite jusqu’a ce que la cage du pressoir soit pleine. On met au-dessus une derniére couche de paille et on presse comme a Vordinaire. Lorsqu’il ne s’écoule plus de jus on démonte la presse et on retire le marc, qui se reporte dans le douil, l'auge ou la trémie, ou on le délaie en y ajoutant Te leau peu & peu, on l’écrase une seconde fois et on € soumet a la presse; puis on reprend le marc.de nou- veau, on le délaie, on !’écrase encore, et enfin on le presse Ime troisieme fois. Lorsque le cidre ou le poiré doit se , A. 1 ares ra aw » ae ae) SG i os = a + i ae ae -_ je are” +a 7 SS ~ Oy oF Pee a ed iv Tua ; = a 2, oy ‘ y : 7 at ee pe fli it ieee ‘CHAPITRE TREWZIEME, 3 vendre en nature, le jus de la premitre pression, qui produit le gros cidre, est mis a part dans des fits, ot il fermente, comme le vin blanc, et on réunit ordinaire- ment le produit des deux premieres pressées, que l’on met en fermentation en les coupant ensemble, et qui donnent le petit cidre, c’est-a-dire la piquette du gros cidre, puisqu’il a été obtenu par le lavage du premier marc. Lorsqu’on ne veut pas faire de gros cidre ou poiré, on réunit les trois presseées. En sortant du pressoir, le mout de cidre passe a tra- vers un tissus de crin ou un tamis, ou bien on met un panier garni de paille a l’orifice de la presse, afin de ne pas introduire de débris de pulpe dans les barriques. La fermentation du cidre ou poiré se fait comme celle des vins blancs, sans addition de ferment; mais générale- ment elle est tres longue, elle dure de deux a trois mois, Figues, dattes, arbouses, caroubes. — On écraseé ces fruits au pilon lorsqu’on les traite a | état frais; s’ils sont secs, on les humecte d’abord avec une petite quan. tité d’eau tiede, afin de les ramollir; on les remue bien on les laisse tremper cing & six heures dans cette eau puis on les écrase et les divise le plus possible; enfin o1 les met en fermentation en les jetant en cuve et en le recouvrant d’eau de manivre que la pulpe soit entiere ment recouverte. Ils fermentent naturellement. On sur veille alors la fermentation, et lorsqu’elle est terminée on écoule la cuve et on presse le marc, comme on rt fait pour le mare de raisins. Si l'on veut retirer l’alcoo qu’ils renferment encore apres leur pression, on l’obtien par le lavage ou par la distillation directe. Baies d’arbrisseau et séves d’arbre. — Groseulle fraises, framboises, baies de sureau, hieble, séves a érabl >» Vt te} PETITES DISTILLATIONS AGRICOLES. . 289 Cae es a yo et ag oy eee sete Ney hs ho ye ills Say fi rat hl wes fae ee ). Wi eet: a ae de noyer, acacia, de bouleau, de fréne, pacity et feuilles de tilleul. — Les baies des arbrisseaux devront étre en parfaite maturité; toutes celles qui pourront étre foulées et bien triturées, de préférence sans employer le pilon, seront ainsi traitées avant d’étres jetées dans la cuve a fermentation, et on ne devra pas mettre d’eau dans la cuve. La seve des arbres s’obtient de deux ma- nieres : 4° en faisant dans le trone, a l'aide d’une tariére, un trou d’un diamétre de 1 centimetre et demi a 2 centi- metres et ayant une profondeur de 5 a 10 centimetres selon le diamétre du tronc. On met a lorifice du trou une cannelle de roseau ou de sureau ayant un diamétre un peu plus fort que celui de la tarivre, afin qu'elle fer- me exactement le trou et qu’elle puisse se maintenir sans qu’il soit nécessaire de l’enfoncer profondément. On en dirige l’écoulement dans une tourie dont on en- toure le goulot, afin d’éviter que la pluie ou les insectes ne s’y introduisent. Cette opération se fait a la fin de Vhiver, et la seve découle pendant tout le printemps; certains arbres en donnent plus de 200 litres par an. 2° Quelquefois, au lieu de trou, on fait une incision ou saignée, et on établit Ala partie inférieure une sorte de dalle qui recueille la seve et la conduit dans un vase placé au-dessous; mais il est plus difficile en ce cas W@empécher l’eau de pluie de pénétrer dans ce vase. La fermentation de ces sbves se fait de la manieére suivante : on les verse dans une cuve ou cuveau approprié aux quantités que l’on a 8 traiter, et on y délaie, pour cha- que hectolitre de seve, 20 centilitres de levtre fraiche ou 100 grammes de levure stche préalablement délayée dans un sceau de moitt. On brasse bien le liquide, afin de mélanger intimément la levtire et la masse fermen- table, et on couvre ensuite la cuve. Pour que la fermen- tation s’accomplisse rapidement, il convient que la tem- ie WS hy. ee Bg, eT ad AG tA Stitt 260 — GHAPTTRE TREIZIEME. pérature du cuvier soit en moyenne de 20° centigrades. Fruits a noyau. — Cerises ou merises, prunes, abri- cots, péches et mitres cultivées ou mitres sauvages gut produisent les diverses variétés de kirsch. Alcoolisation de ces fruits a Pétat frais. — On les cueille lorsqwils sont parfaitement mirs, on les écrase avec un pilon de la maniere que nous avons déja indiquée en parlant des poires, et on les jette dans une cuve ou l’on brasse bien ensemble le jus et le marc. On constate la densité du mott : si elle est supérieure & 8° au gleucombtre, on la réduit; afin que la fermentation soit plus rapide, on a soin d’opérer & la température de 20°, qui est la plus favorable. On couvre la cuve dés que la fermentation est bien établie. Enfin on écoule le vin et on le garde une quinzaine de jours en fits, afin de laisser terminer la fermentation insensible, qui, le plus souvent, reprend dans les tonneaux, qu’on doit maintenir pleins. On dis- tille en employant un grillage afin d’éviter le contact du marc avec le fond de ik change e, et on divise le mare selon le nombre de chauffes et Ja quantité de jus dont on dispose, ou bien on le presse jusqu’a siccité, et par plusieurs lavages, on l’épuise, absolument comme le ‘marc de raisins; mais alors le goit de noyau est moins prononcé. On peut utiliser le mare pour la nourriture des animaux en en dtant les noyaux. Le kirsch donnant lieu 4 un certain commerce, nous croyons utile de reproduire ici la notice de MM. Boré et V. Rendu sur la culture du cerisier et la fabrication du kirsch dans les départements formés de l’ancienne Fran- che-Comté : ; « Kirsch. — De grandes superficies sont consacrées, dans les aboeciraehee du Doubs et de la Haute-Sadne, & i. - ; % yy eve * Dat Cary yd a Ay sa e bea “PETITES DISTILLATIONS AGRICOLES. 264 la culture du cerisier pour la fabrication du kirsch. Quoi- que cette industrie, pratiquée sur une grande échelle, soit limitée a certaines localités, il est cependant un grand nombre de propriétaires, dans le département du Doubs surtout, qui posstedent des cerisiers; ainsi, dans les envi- rons de Besancon, dans les arrondissements de Baume et de Montbéliard, la plupart des cultivateurs ont dans leurs champs quelques cerisiers dont ils distillent le fruit. Mais cette distillation, insignifiante et méme nulle depuis quelques années, n’est l’objet d’aucun commerce : les propriétaires en consomment exclusivement le pro- duit. » Dans le département du Doubs, la fabrication en grand est pour ainsi dire circonscrite & la vallée de la Loue; les communes de Mouthier, Loos, Vuillafans, situées sur la Loue, rivitre non navigable, en sont les principaux centres. La Loue prend sa source a5 ou 6 kilo- metres au dela de Mouthier, coule jusqu’a la ville d’Or- mans dans un étroit vallon, qui tantot s'élargit assez pour former de petites vallées ou sont groupées quelques usines métallurgiques, tantot se resserre et s'‘élargit de nouveau, jusqu’au moment ou, arrivée a la petite ville de Quingey, elle coule dans une assez large plaine. C’est sur tout ce parcours de Mouthier 4 Quingey, c’est-a-dire sur in trajet de 50 & 60 kilometres environ, que l’on rencontre le plus de cerisiers cultivés pour la fabrication du kirsch. _» Crest donc dans la partie nord de la Haute-Sadne, ur la limite des Vosges, gue le cerisier se cultive spé- jalementen grand pour la fabrication du kirsch: Luxeuil, ‘ougerolles, et Valdajot doivent leur renom a cette idustrie lucrative. Toutes les communes situées entre uxeuil et Valdajot sy livrent avec activité; a l’ouest, le s’étend jusqu’aux communes d’Aillevillers et de lerjus (Vosges). Fougerolles, située & mi-chemin entre Shoe ee ee a Ba GA "Po ey Nes 4 Shoe. - CHAPITRE TREIZIEME. Luxeuil et Valdajot, est le centre le plus important de cette fabrication. » Espéces cultivées spécialement pour le kirsch.— Dans le département du Doubs, le merisier (prunus avium) est seul cultivé en vue de la fabrication du kirsch. Le fruit, de grosseur moyenne, peu charnu, est assez doux. A la saveur seule du fruit, il est facile de reconnaitre le leu de provenance : les cerises qui proviennent des coteaux élevés sont noires, peu charnues et ont un gout de merise tres prononcé; les cerises des bas-fonds sont moins noires, mais plus charnues et d'une saveur plus douce. Il y a une dizaine d’années, lorsque les récoltes étaient toujours abondantes, les cerises venues dans les bas-fonds se vendaient toutes & Pontarlier. Aujourd’hui que les récoltes sont faibles, on les distille comme les autres, mais le kirsch est bien inférieur ; aussi sont-elles toujours rejetées ou distillées a part par ceux qui neé veulent avoir que du kirsch de premiere qualité. A Mou: thier, on connait surtout deux variétés de cerises : les pavillardes et les marcottes. Les pavillardes sont les plu: ge énéralement cultivées ; les marcottes offrent l’avantagt de résister beaucoup mieux a la coulure, mais lew produit, plus abondant que celui des pavillardes, es inférieur’ en qualité. A Lods, commune distante di Mouthier de & kilometres, on préfere la variété dit catelle. | » Chaque commune a, pour ainsi dire, sa variété qui en somme, differe tres peu des autres; le mode de eref fage, l’époque de la mise en place, la nature du terrain exposition, paraissent étre la cause des différente variétés qu’on observe. : » Dans la Haute-Sadne, les cerises rouges sont pre férées; doit-on les ranger parmi les griottes? Je ne sau rais me prononcer & cet égard. Le fruit est rond, charn) oe Sp Oo ge ee oO) © lS er re es * 4 ahs = aT fe < és é a ‘> PETITES DISTILLATIONS AGRICOLES. 263, et bon & manger. Les principales variétés cultivées a Fougerolles et aux environs portent les dénominations suivantes : les /onques queues (cerises rouges); les tinettes (cerise rouges); les chdfeawzx (cerises noires); les car- riéres (cerises rouges). » Les tinettes et les longues queues, tres bonnes a manger, sont considérées comme les meilleures. » Sol. — Dans toute la vallée de la Loue, le calcaire domine; les coteaux sont calcaires et la vallée argilo- calcaire. Depuis Mouthier jusqu’a Vuillafans, la forma- tion géologique est la méme. » A partir de Vuillafans, la formation géologique est différente. » Puis, apres Ornans, le lias jurassique inférieur re- parait. -» Partout ot le terrain est calcaire, friable, peu pro- fond, le cerisier réussit parfaitement. Dans les terrains secs et marneux, comme les coteaux de Mouthier, on a toujours de beaux produits. L’humidité est trés préjudi- ciable aux cerisiers. Depuis plusieurs années, dans la vallée de la Loue, ainsi que du cété de Fougerolles, on en a perdu un grand nombre. Le voyageur qui parcourt la vallée de la Loue est étonné de la quantité de ceri- siers morts qu’il rencontre sur son chemin: de tous cétés ce sont des arbres dépouillés de feuilles et tellement noirs, qu’on les croirait bralés. Cette grande mortalité, qui peut étre d’un cinquiéme, est attribuée dans le pays, a l’humi- aité et aux gelées tardives. La maladie des cerisiers a fait éprouver plus de pertes dans le Doubs que dans la Haute-Sadne; cela tient au trop grand rapprochement des arbres; il est des endroits ow les cerisiers sont tellement voisins les uns des autres, qu’on est obligé de transporter ailleurs l’herbe fauchée au-dessous, pour que le soleil puisse la sécher. Ce rapprochement excessif, [aie tient au moroelienent du sol, tout héritier vonlant’ avoir, apres le partage, son champ bordé de cerisiers. » Du cdoté de Fougerolles, les terrains formés par la décomposition des grées sont assez argileux. Il est a remar- quer aussi que la ou se trouve de la marne, les cerisiers sont beaucoup plus beaux. Le dépérissement général que lon observe chez les cerisiers doit encore étre attribué & un certain effritement du sol, fatigué sans doute de porter ces arbres; car, dans la Haute-Saéne, les com- munes quijusqu alors n’avaient point eu de cerisiers, les ont vus prospérer et donner des récoltes abondantes dés qu’elles en ont tenté la culture. » Exposition. — L’expérience a prouvé depuis long- temps que c’est sur le versant des coteaux, dans les en- droits en pente, bien aérés et exposés au midi, que le cerisier réussit le mieux. Dans la vallée de la Loue, les cerisiers occupent surtout les penchants qui sont tou- jours gazonnés. Dans la Haute-Saéne, aux environs de Fougerolles, pays plutét montueux que montagneux, les cerisiers, quoique toujours placés de préférence sur les coteaux et sur leurs versants, existent en grand nombre dans la plaine qui traverse cette partie, a tel point qu’en tirant vers Luxeuil, ces arbres donnent au pays l’aspect d’une véritable forét; seulement, au lieu d’étre dispersés au hasard sur les coteaux et dans les champs, comme du coté de Mouthier, les cerisiers ici sont presque toujours en ligne, espacés entre eux de 10 en 10 métres; |’inter- valle qui les sépare est livré a la charrue. » Altitude. — L’altitude n’est pas indifférente pour la culture du cerisier; elle influe beaucoup sur la qualité. Mouthier est a 500 métres au-dessus du niveau de la mer. Les cerisiers qui servent a faire le bon kirsch de Mouthier, le plus réputé du département dans le Doubs, mirissent sur les versants, 8 7a 800 métres; on en rencontre aux Te ey ee N R eee NS UN A eee ig Bentours 850 métres. A 900 metres, point o& commence la région des sapins, on ne voit ne de cerisiers. L’alti- tude de 700 4 850 métres est done le point le plus favo- rable pour la production du bon kirsch, et partant, plus Yon descend, plus le kirsch perd en qualité; a Lods (400 m.), la diforence est déja tres sensible, et a Vuil- lafans (300 m.), on’est obligé, pour avoir du bon kirsch, de méler les cerises du pays avec celles achetées a Mouthier. Jignore qu'elle est l’aititude de Fougerolles, mais on peut ene cette hauteur, d’abord pour Valdajot, tout pres de Plombiéres, puis Dec rinecanent pour Fougerolles, plus bas que Valdajot, d’aprés la hauteur de Plombiéres, ou le cerisier ne vient plus. 3 » Chor des sujets.— Les cerisiers ne sont jamais pris dans les pépinitres. A Mouthier, celui qui veut planter des cerisiers se rend dans les bois, y cherche des sujets de l'age de quatre a cing ans, les arrache et les replante dans sa vigne ou dans un autre endroit pres de son habitation; la ils restent encore quatre et cing ans, puis ils sont mis définitivement en place. Quand on trouve dans les bois des sujets de 10 & 12 ans, on les met immédiatement en place. Quelquefois, mais rarement, on seme des noyaux dans les vignes. Ce n’est que lorsqu’on taille lavigne, en février, qu’on donne des soins aux cerisiers; ils n’occupent jamais cette place que lemporairement. Afin que le sujet soit bien dressé, on coupe les branches inférieures et on ne laisse qu’une sent lige On greffe tantot dans la vigne, tantot lorsque le cerisier est déja mis en place. Quelques-uns prétendent que, greffé dans le premier cas, il réussit beaucoup mieux. A Fougerolles, les sujets sont toujours pris dans les bois 4 l’Age de cing ou six ans et placés immédia- tement dans les champs. » Greffe-traitement.— C'est toujours la greffe en sifents _ PETITES DISTILLATIONS AGRICOLES, pes oil. oe Le ae B66 202 SS CN OAPTERE THEIZIEME.” {307 nee qui est pratiquée. La greffe est entourée avec de la marne et de la mousse; le tout est retenu a l'aide d’un brin d’osier. A Fougerolles, on greffe deux ou plusieurs années aprés que les sujets ont été pris dans la forét, presque toujours & deux tétes, rarement & quatre. A Mouthier, les arbres sont dressés tres haut, a 2 metres du sol, afin d’éviter le maraudage. A Fougerolles, on les dresse de facon 4 ce qu’un homme, en labourant, puisse facilementse mouvoir autour. Les cerisiers sont de temps en temps élagués, surtout pendant les années qui suivent la greffe; on a soin qu’aucune branche sauvage ne pousse au-dessous de la greffe. Lorsque les cerisiers sont vieux, on les rajeunit au moyen de |’ébranchage. L’espece dite pavillarde (Mouthier) a plus spécialement besoin d’étre régénérée quand elle commence & décliner. Quelquefois le pied des arbres est marné; a Mouthier, ils sont rare- ment labourés. D’aufres fois, on dépose au pied des cerisiers le marc de distillation; cette pratique s’observe plutét du cété de Fougerolles qu’a Mouthier. » Floraison et cueillette.— La floraison des cerisiers a lieu dans les premiers jours de mai; la cueillette com- mence avant la fin de juin ou dans Ja premiere quinzaine de juillet La fioraison redoute les printemps humides, les gelées et la trop grande chaleur; elle ne peut se passer de quelques petites pluies. Quand celles-ci font défaut, la récolte est moins abondante. Les pluies de juin sont redoutées : elles font tomber le fruit. Le cerisier est attaqué par la méme chenille que le pommier, mais son feuillage seul souffre de ses atteintes. Lors de la cueillette, les cerises doivent étre bien mires, et leur maturité doit s’étre faite naturellement, et surtout uniformément. Les orages souvent exercent une influence facheuse sur le fruit, ils ’empéchent de se conserver aussi bien. » La cueillette nécessite l’emploi d’échelles de 7 a 4 iy “4 & 1 . £ pag ie PETITES | DISTIELATIONS AGRICOLES | 967 10 metres. La personne chargée de ce soin est toujours munie d’un baton dont chaque extrémité est garnie d’un erochet. L’un des crochets est en bois et sert & amener la branche a portée de celui qui cueille; l’autre est en fer et est accroché a l’un des barreaux de |’échelle, afin de maintenir la branche. Les cerises sont déposées dans un seau fabriqué avec l’écorce du tilleul; on l’appelle ruche. Ce seau, qui peut contenir 10 litres, se fixe, au moyen d’un crochet, & proximité de celui qui cueille. Le seaurempli est vidé dans une douve qui porte le nom de bowille. Rentrées a la maison, les cerises sont mises dans des tonneaux, ou elles commencent a fermenter au bout de trois 4 quatre jours. » Rendement. — Le cerisier donne quelques fruits dés la seconde année qui suit la greffe, mais son pro- duit ne prend une certaine valeur que vers quinze ou vingt ans; entre quarante et cinquante ans, il est & son maximum de production. Le cerisier vit tres longtemps ; on en connait qui ont trois ou quatre cents ans. Un cerisier séculaire donne encore beaucoup de fruits. Depuis 1849, époque a laquelle a commencé la maladie des cerisiers, beaucoup de ces arbres, dgés seulement de quarante & cinquante ans, ont péri. » Avant la maladie, un cerisier rapportait a Mouthier 25 kilogr. de cerises; aujourd’hui, seulement 10 et 15 kilogr. A Fougerolles, le rendement, apres avoir été de 3a 400 kilogr., n’est plus que de 40 450 kilogr. _-» A Fougerolles, les 50 kilogr. de cerises cotitent 10 4 12 fr. En 1855, ils ont éouté jusqu’a 30 et 33 fr. En 1856, 20 fr. » Les cerises de Mouthier se sont vendues, pendant ces dernitres années, de 15 a 16 fr. les 50 kilogr. » Distillation. — Les cerises ne peuvent étre distillées qu’apres avoir subi une fermentation préalable qui se ro rears. Baty id ACHE NN ie 335 Oia Sar kai ae eee Bo) iis Oe Se a : ef t a : ‘ \ Sel fb Ret josie Lia sl rl ‘CHAPITRE PRIN, produit plus ou moins vite, selon la tempeérdture: Par un temps chaud, elle commence presque aussitét la mise en tonneaux, tandis que par un temps ordinaire, elle ne se déclare qu’au bout de quatre ou cing jours. La durée de Ja fermentation est aussi tres variable ; toutefois, apres un mois de séjour en tonneaux, les cerises peuvent étre desséchées, c’est méme alors qu’elles rendent le plus en quantité et en qualité. On sait qu’elles se conservent indéfiniment quand elles sont mises dans des fats ou des tonneaux de couche et que ceux-ci ont été herméti- quement clos apres la fermentation; des fabricants de Fougerolles, qui distillent toute année, en conservent ordinairement d’une année a l’autre. A Mouthier, on distille avant les vendanges, de maniere que les ton- neaux soient libres pour recevoir la vendange. D’apres les vignerons, le vin mis dans ces tonneaux s’y bonifie, cela se comprend aisément. » La distillation des cerises destinées a étre converties en kirsch peut se faire au moyen d’alambic a serpentin ou d’alambic a tube droit. | » A Mouthier, Lods, Vuillafans, on se sert eénérale- ment de l’alambic a serpentin; & Fougerolles, au con- traire, l’alambic & tube droit est le plus employé. Le premier, plus expéditif, est considéré par les distilla- teurs, méme par ceux de la vallée de la Loue, comme donnant un kirsch un peu inférieur. » A part la forme des réfrigérants, les alambics de Mouthier et de Fougerolles sont les mémes. Sur un foyer élevé de 40 4 50 centimetres est placée une cucur- bite mobile en cuivre avec chapiteau, un tonneau placé a coté est traversé par le tube. » Dans les autres alambics, le serpentin ne décrit que deux tours dans l’intérieur dle la cuve. 3 | » Les alambics varient de contenance suivant l’impor- "PETITES DISTILLATIONS AGRICOLES) 269 tance de la distillation; il y en a de 20, 30, 40 et 50 litres et plus. A Fougerolles on fait grand usage Walambics pouvant contenir 50 litres, c’est la capacité qu on préfere pour une bonne distillation. Les alambics de 20, 30, 40 et 50 litres peuvent en réalité, contenir le double de cette quantité; aussi on ne doit jamais les emplir qu’a moitié. On donne le nom de charge a la quantité que peut contenir un alambic a chaque distilla- tion, de la le nom de charger, qui, dans le pays, signifie remplir; par le mot cwzte, on entend la durée de distil- lation d’une charge. » Pour qu’une distillation se fasse dans de bonnes conditions, il faut qu’elle marche nuit et jour, c’est ce quia lieu 4 Fougerolles, dans les grandes distilleries. Un homme surveille deux alambics, chacun de 50 litres, et apres chaque cuite (la cuite dure environ six heures), i} est remplacé par un autre ouvrier. A Mouthier, comme chaque propriétaire distille, et comme depuis quelques années on n’a que de faibles quantités de cerises, on arréte chaque soir la distillation. Cette Manitre de procéder est défectueuse et influe désavan- tageusement sur la qualité du kirsch. Chaque matin on est obligé de faire passer dans le serpentin de l’huile de vitriol ou acide sulfurique pour le nettoyer et enlever les Seis qui ont pu se former pendant la nuit; de cette manitre, le kirsch tend a prendre un goitit de cuivre plus ou moins prononcé, qu'il conserve longtemps. -» A quel degré doit-on chauffer? C'est ce qu il est difficile de dire, d’autant plus que le degré de chaleur varie selon les alambics employés. Ainsi, avec les alambics & serpentin, on peut faire un feu plus fort qu’avec les autres. Dans tous les cas, le distillateur est guidé par le filet de kirsch qui tombe dans le récipient. Lorsqu’il commence, il fait un feu assez fort. jusqu’a ce a ie re ee cee mr. ES a ee A Be Pere Tee ae eo eee, PIR A. Tie alah © ot) Shem ee ee Le OF WY a a PAVE Uae MAE at CR pel ras irre aah cree hoy pA EIN ti aD a PL aet Ne My pe HY Meg eee Pate Sigs ‘ A ata RR di he CURB s See ge on CTEM Rr ES ecw od a ah S2 thes ‘ ‘ wae ) >) ie rer P La ie Fae ID ere: sp re - CHAPITRE TREIZIEME. ey que le contenu de la cucurbite soit en abinlition’ alors. SPE Cs Ties gion se y's rs aa antag » heh 5) a ees ta eh Bd ea er ene rie: il modere son feu, de facgon que le filet qui coule java le récipient soit extrémement mince, car plus il est mince, mieux on opére. Si, par une cause quelconque, la vapeur vient a s’échapper par l’extrémité du serpentin, il faut reverser le tout dans la cucurbite, sous peine de donner au kirsch le gotit de ¢ru/e (terme local). La distillation avec les alambics a tube droit demande plus de soins et de précautions, car le moindre coup de feu fait franchir au jus le col de l’alambic. » La durée de la fabrication varie suivant lalambie qu’on emploie; on opere ainsi qu’il suit : lorsque l’alam- bic est pres détre chargé, deux hommes vont chercher la charge au tonneau. Si les cerises sont dans des ton- neaux droits, ils plongent le seau dans lintérieur; mais si c’est un fit ou tonneau de couche, ils en usent autrement : ils soutirent d’abord tout le jus, auquel on donne le nom de c/azr, et ils le mettent a part; puis le tonneau, placé sur des poulains, est renversé de telle sorte que les cerises puissent sortir par la bonde et tomber dans le seau placé au-dessous ; mais on ne le rem- plit qua moitié. Ainsi, si le seau a une contenance de 20 litres, on met 10 litres de cerises ou d’épais et 40 litres de jus ou de clair; l’expérience, en effet, a prouvé que, pour une bonne distillation, il faut moitié de l’un et moitié de l'autre. » L’alambic chargé, le chapiteau placé, ’homme rani- me le feu et procede, ainsi qu’il vient d’étre dit, en se fixant d’aprés le filet de kirsch qui coule dans le récipient. La distillation du bon kirsch, c’est-a-dire de celui qui marque 4 l’aréométre Cartier de 18 a 21°, dure enyiron denx heures. Le distillateur a pour guide l’état apparent de la liqueur, qui reste incolore tant qu’elle marque au moins 18° mais qui blanchit immédiatement dés qu’elle est recueilli a part, car il doit étre reversé daus la cucur- bite a la cuite suivante pour servir de ferment, comme disent les distillateurs. La distillation pour ce second produit dure également deux heures environ, jusqu’a complet épuisement del’alcool; ons’en assure en en jetant quelque peu dans le foyer; si le feu ne claire plus, la distillation est terminée. Cette espece de ferment est indis- pensable; sanslui, on obtiendrait un produit bien moin- dre. C’est ce qui s’observe au commencement de la dis- tillation : la premiere cuite, toujours moindre de moitié, est reversée dans la cucurbite pour servir de ferment 4 la suivante ; on fait de méme a l’égard de la troisieme et souvent encore pour la quatrieme cuite. Plusieurs distillateurs gardent le ferment de la derniére distil- lation pour l’année suivante. Des qu'une cuite est ter- minée, on procede au nettoyage de l’alambic. Le cha- piteau mis de cdté, la cucurbite est enlevée de dessus le foyer et jetée au dehors pour étre vidée et nettoyée. Pour cela faire, on se sert de ]’eau chaude prise de la cuve et on frotte l’intéreur de la cucurbite avec un bouchon de paille. Le fond est ensuite garni avec dela paille, que l’on maintient au moyen de deux morceaux de bois mis en - eroix. La paille de seigle est ordinairement préférée, parce qu'elle est souple, quelle résite plus longtemps et peut par conséquent servir pour plusieurs cuites. Ce lit de - paille a pour but d’empécher que les cerises ne brilent, ee qui aurait lieu infailliblement si elle étaient en contact _ immeédiat avec le cuivre. La cucurbite bien lavée, garnie de paille dans le fond, est replacée sur le foyer et char- gée avec les cerises; avant de poser le chapiteau, on _yerse le produit de la seconde distillation, cette liqueur blanche qui marque moins de 18° Cartier, et que les distillateurs considérent comme un ferment. Des que 4 oy a: | ie tombe au-dessous. Ce second produit, la liqueur blanche, a, 3 272 : : seria ey ES) cert l’alambic est prét, on remplace l’eau chaude de la cuye par de l’eau froide. Pour une cuite complete, c’est-a-dire pour tout préparer et distiller, il faut environ six heures avec les alambics a tube droit, et quatre heures seulement avec les autres, ce qui fait un tiers de temps en plus que pour les premieres. A Mouthier, le kirsch qui vient d’étre distillé est mis dans des bouteilles en verre, espece de petites dames-jeannes, qu’on laisse débouchées pendant plusieurs jours pour vezdiir le kirsch et lui faire perdre le gout de cuivre. A Fougerolles, chez les grands fabrcants on le met immédiatement en fits. Les cerises épuisées n’ont aucun emploi a Mouthier; a Fougerolles, plusieurs personnes s’en servent pour fumer le pied des cerisiers; d’autres les étendent sur les prairies. Il est a remarquer quapres la distillation, les noyaux de cerises n’ont plus le moindre gout. » Le kirsch de Fougerolles est un peu plus riche en alcool que celui de Mouithions mais il contient moins d’huile essentielle; la nature dela cerise explique cette différence. Moins charnue, plus amére, la cerise de Mouthier contient une huile essentielle qui lui commu- nique un gout d’acide prussique tres prononcé; la cerise de Fougerolles, plus douce, plus charnue, plus rouge, en différe notablement au gotit et est moins riche en huile essentielle. [I] est impossible de s’y méprendre en dégustant le kirsch extrait réecemment de lune et de Yautre : le kirsch de Mouthier a un noyau trés accusé, quelquefois méme le gout du cuivre; celui de Fougerolles, plus doux, prend moins 4a la gorge et rappelle davantage le gout dela cerise. L’aspect des deux liqueurs est aussi tres différent : le kirsch de Fougerolles a l’air plus one- ‘tueux, plus gras, et forme parfaitement chapelet dans le vase; celui de Mouthier ressemble 4 del’eau distillée. » Le produit de la distillation varie beaucoup avec les ETITES DISTILLATIONS AGRICOLES. 273 années; il y a quinze et vingt ans, lorsque les cerises étaient abondantes et quelles étaient venues dans des conditions favorables, on obtenait un sixiéme, quelquefois un cinquitme, tandis que maintenant on n’obtient plus qu'un septiéme, rarement encore, et le plus souvent un huitieme, ou 12 a 13 pour 100. En 1852, sur 40 litres, on a obtenu en moyenne 8 litres ou 20 pour 100. » Le prix a naturellement subi les mémes variations que les produits. Ona vu le bon et véritable kirsch descen- dre jusqu’a 90 centimes le litre. En 1847, il s’est vendu Bete 25 c. 44 fr. 50 c. le litre. En 1854, année assez abondante, la chowe (mesure de 2 lit. et 1/2) s’est vendue a Mouthier, 3 fr. Mais, depuis cette epoque, son prix a toujours été en augmentant: cette année, le kirsch qui vient d’étre distillé n’est pas vendu moins de 8 fr. 50 c. a4 fr. le litre. Le vieux kirsch de dix, quinze et vingt ans se vend 7, 8 et 10 fr. le litre. J’insiste sur le mot de vrai kirsch, parce que tout &l’heure il sera question du kirsch de fabrication, ou plutét de falsification, _ » Le prix de revient, au taux ov sont les cerises, peut etre évalué actuellement a 2 fr. par litre. -» Les hommes chargés de la distillation recoivent par jour de 1 fr. 2544 fr. 50 c.a Fougerolles; & Mouthier, cest un autre mode de paiement: homme qui distille Se charge de la cueillette, garde le fruit chez lui apres verification des quantités, et lorsqw’il a distillé, le pro- duit est partagé par moitié entre lui et le propriétaire. __» Principaux débouchés. — Avant de parler des débou- chés, disons un mot de la sophistication, car la presque totalité du kirsch mis en vente est altérée. » Dans la partie qui traite de la distillation du kirsch, ai donné comme prix de revient, pour le litre, le chiffre de 2 fr., et, comme valeur commerciale, celui de 8 fr, 30 c. a5 fr.; si maintenant on ajoute le droit percu, on si A. 18 ae x — = ol PE ROE Se Ee RT SAE A 27h MAPITRE TREIZIEME. fe ; pee a, comme prix du litre, 4 fr. a 4 fr. 50. Ainsi, en comp-. tant le bénéfice que tout commercant a le droit de pré- lever, le litre de kirsch ne peut guere se vendre, en dehors des centres de fabrication, moins de 4 fr. 50a 8 fr. le litre, et cependant on en rencontre dans le com- merce depuis 1 fr. 25 c. jusqua 5 et 6 fr. le litre. A Mouthier, oi chaque propriétaire est producteur et tient 1 honneur de ne livrer que du bon kirsch, les sophisti- cateurs restent inconnus. A Vuillafans, plusieurs pro- priétaires, dit-on, rougissent a peine d’augmenter par ce moyen leur récolte. » A Fougerolles, la fabrication du kirsch & bas prix se fait ouvertement et est soumise aux mémes droits que le véritable kirsch, pourvu qu'il ait le méme titre, c’est- x-dire 30°. Faire du kirsch & bas prix, a Fougerolles, n’est point considéré comme une fraude, on obéit seu- lement aux besoins du commerce : l’alcool du kirsch est rare, celui de la betterave est assez commun, Treml- placer l'un par l'autre passe done pour étre tres naturel, permettant & tout le monde de boire du kirsch, ce qui autrement serait réservé aux seuls riches. » La sophistication est faite soit par le fabricant, soit par le commergant. Dans le premier cas, lors de la dis- tillation, on met dans l’alambic une quantité d’alcool qui varie selon la valeur commerciale que l’on veut donner au kirsch. ; : » Veut-on produire du kirsch au plus bas prix? On met beaucoup d’alcool et assez de cerises pour lui don- ner le gott; la distillation terminée, comme la liqueul manque d’onctueux, on ajoute un peu d’essence d’aman- des, et on a du hirsch du meilleur gout. » Si c’est le commercant lui-méme qui se charge du soin de Ja sophistication, il achete & Mouthier ou a Fou. gerolles du kirsch pur, et, une fois dans ses magasins. rene eee SR Er eee ae Apacs Ve ee a | gh iel, ) a atcha nie ht iy Se eens She ag : ~oh "PETITES DISTILLATIONS AGRICOLES, O15 “il lui fait subir la méme altération que dans son pays Kirsch, au contraire, doit-il aller dans le Midi ; dorigine. » Les deux modes de sophistication varient avec les débouchés. Le kirsch doit-il étre expédié dans |’Est, ou du coté de Paris? le fabricant achete du 3/6 du Nord; il fait son kirsch et l’expédie prét & étre consommé. Le on lenvoie pur a Montpellier; la, mélé a des esprits du Midi, il donne un ¢rés bon kirsch. Lyon a aussi sa prétendue fabrication de kirsch. Dans le Doubs et dans la Haute. Sadne, pays de véritable fabrication, on ne vend dans les cafés et chez les débitants que du kirsch de Lyon. Avis aux consommateurs? » Les principaux débouchés du kirsch fabriqué dans Vancienne Franche-Comté sont Paris, Marseille, Bor- deaux et la Belgique. Le kirsch dit de la Forét Noire ne surpasse pas, si méme il égale le véritable kirsch fabri- qué loyalement 4 Mouthier et & Fougerolles ainsi que dans quelques vallées des Vosges. — Boru et V. Renov. » Jus sucrés. — Sucre de canne. — Pour mettre en fermentation le sucre raffiné de canne ou de betterave, il faut le faire fondre dans de l'eau et lui donner une densité de 10° au pese-sirop de Baumé. Le sucre est Sujet 4 éprouver une fermentation visqueuse; pour éviter cet inconvénient, M. Basset conseille de verser, par 4100 kilog., un litre de dissolution saturée de tartrate de chaux et 2 millitmes d’acide sulfurique préalablement étendu de quatre fois son volume d’eau; on brasse le mélange et on le met en levire avec 250 grammes de levire fraiche par hectolitre; on agite et on laisse en ‘ | repos. La fermentation doit étre établie a la température de 20 a 25°. Elle dure environ huit jours, pendant les- quels on couvre la cuve. II est assez rare que le sucre | 216 — CHAPITRE TREIZIEMES de canne, raffiné ou brat, soit employé pour la distilia tion, & cause de sa cherté; mais ses résidus, c’est-a-dire les mélasses, font l’objet d'une grande industrie. | Mélasses. — On trouve dans le commerce deux genres de mélasses : 1° les mélasses des sucreries de canne, qui arrivent des colonies et qui sont des plus estimées ; elles s’emploient pour la fabrication des rhums et tafias. On met au second rang celles des raffineries de sucre de canne, dont le goat de canne, c’est-a-dire d’origine, est moins prononcé que dans les mélasses exotiques. 2° Les mélasses des sucreries de betteraves; ce sont les plus inférieures; clles ont un mauvais gott dorigine qui décvle leur provenance; de plus, elles sont acres, salées et renferment des sels de potasse; on ne peut les utiliser pour l’alcoolisatiou que dans le but d’en faire des trois- six du Nord qui devront étre rectifiés avec soin. Les mélasses de raffineries de sucre de betterave sont moins chargées de sels de potasse et ont un gott d’origine ‘moins prononcé; la mise en fermentation des mélasses ne différant, quelle que soit leur provenance, que par le plus ou le moins d’acide sulfurique & employer pour neutraliser les.sels alcalins, nous allons parler de la mise en fermentation des mélasses exotiques propres & faire les tafias. Rhums et tafias. — Les rhumeries d’habitation emploient, outre les mélasses de sucre brut, les eaux de lavage des bacs, les marcs de cannes; nous ne nous -occuperons ici que de la fermentation de la mélasse pure. On trouvera & la deuxitme partie de cet ouvrage (cha- pitre des spiritueux) les divers procédés d’améhioration et de vicillissement des rhums. 100 kilog. de mélasse & 40° Baumé étant vidés dans le fond d’une cuve, on y verse 4 hectolitre d’eau chauflée "PETITES DISTILLATIONS ! AGRICOLES. is 277 a 50° environ et on brasse vivement avec un rable; frsuite on y ajoute 2 hectolitres d’eau froide et on con- tinue a brasser pour bien mélanger la matiere sucrée. On pese le mout, qui doit marquer de 8 a 9° au pese- sirop; il est indispensable d’acidifier ce mout, qui, sur- tout lorsqu’on emploie des mélasses indigénes, est trds alealin; a cet effet, on étend dans dix fois son volume deau froide de l’acide sulfurique a 66°, et on verse peu a peu cette solution dans la cuve, en remuant constam- ment. La quantité & employer varie selon le plus ou le moins d’alcalinité des mélasses. Il est nécessaire qu'il y ait une légere réaction acide; on doit la surveiller en trempant dans le mofit, apres chaque mélange d’acide dilué, le papier bleu de tournesol, qui, comme on sait, rougit instantanément au contact d’un acide et sert de réactif.. Dans la pratique, on a observé que la quantité moyenne d’acide & employer sur les mélasses indigenes étaient de 1 kilog. 500 gr. par 100 kilog. de mélasse. Cette moyenne est moindre lorsque l’on traite les mélas- ses exotiques. Ines‘agit plus alors que de mettre le moat en levire ; sa température doit étre de 23° en moyenne; on y ajoute de bonne levire pressée dans la proportion de 1 kilog. par 100 kilog. de mélasse ; on asoin de Ja délayer d’avance dans un seau de moit, et de rebrasser ensuite avec le rable ; enfin, on couvre ie cuve. | On Bait eae aux cuves 4 fermentation un espace Lihue aire le bord supérieur et le niveau du liquide, afin de pouvoir brasser avec facilité; cet espace doit étre propor- tionné a la contenance, il est de 30 centimétres environ pour les grandes cu ves; car, outre la dilatation causée par la chaleur et les bulles d’acide carbonique, il se pro- duit beaucoup d’écume qui se déverserait au dehors. Malgré cette précaution, on est quelquefois forcé de la 2 5 © Sea t » : ae le 213 ---s CHAPITRE TREIZIEME. faire diminuer : pour cela, il suffit d’y projeter avec un balai du savon noir ou vert dissous dans de l’eau bouil- lante. La fermentation est rapide, surtout lorsque le mout est fortement étendu d’eau; elle est alors terminée en deux jours; il faut la surveiller, parce que, si elle trainait en longueur et qu’elle durat plus de quatre jours, elle pourrait devenir visqueuse, et, de plus, le vin de mélasse se piquerait tres rapidement. C’est donc une bonne pratique que de neutraliser, avant l’écoulage, l’acide sulfurique et les autres acides que renferme le jus fermenté. A cet effet, on répand sur ce jus, en remuant avec le rable, de l’eau de chaux, et ons’arréte lorsque le réactif (le papier bleu de tournesol) ne vire plus au rouge; on couvre la cuve et on la laisse en repos jusqu’au len- demain pour la soutirer en laissant au fond le dépdt d’acétate de chaux, que l’on retire ensuite pour laver la cuve & grande eau avec de nouvelle eau de chaux. Les vins de mélasses et de lavages des mares de cannes se distillent immédiatement apres leur écoulage; on se sert dans les colonies de l’appareil simple, qui conserve mieux le gout d'origine. Apres avoir extrait les phlegmes, on rectifie afin de donner le degré marchand, qui est de 54 a 70°, suivant les types. En recueillant les vinasses dans des fits méchés, les mettant au repos dans des fits pleins et les tirant au clair, on sen sert pour délayer d’autres mélasses; le produit alcoolique est ainsi aug- menté, car il reste encore des traces de sucres que l’on utilise dans de nouvelles fermentations. Esprits de mélasses. — Les mélasses indigenes, ayant un gotit de betterave prononcé, ne se distillent que dans le but d’en retirer de l’esprit. A cet effet, une fois la fermentation terminée, on distille pour obtenir des phlegmes qui sont rectifiées avec soin en fractionnant les produits afin de retirer des esprits dits surfins du Nord. a Pe x . | ell . oe Pee ee ere tort te te Re =. | PETITES DISTILLATIONS AGRICOLES. oe OG es Les vinasses mises au repos et soutirées au clair, son employées, au lieu d’eau, a étendre d’autres mélasses, et apres avoir servi plusieurs fois a cet emploi, on retire la potasse brute qu’elles contiennent et dont la densité a été augmentée par leur passage réitéré a l’alambic. Sorgho; tiges de mais et millet. — Les tiges de ces cannes renferment du sucre et possedent des ferments naturels; pour en établir la fermentation, il suffit de les eouper en morceaux, de les écraser et de les mettre a fermenter dans des cuves ou grands futs défoncés que Yon recouvre ensuite et dont on surveille la fermentation, qui, pour s’accomplir régulitrement, exige une tempé- rature de 20 a 25°. Miel. — Le miel offre quelque difficulté pour son alcoolisation, parce que la dégénérescence visqueuse du mout se produit souvent dans la pratique. Selon M Basset, on évite cet inconvénient en faisant bouillir le miel dans une partie de l’eau destinée a l’étendre, et cela pendant cing & six minutes, apres ayoir ajouté un litre d’eau de chaux par 100 kil. demiel. On écume ensuite, on laisse reposer et on décante. On doit répandre de !’eau sur le miel en le remuant bien jusqu’’ ce qu'il atteigne 9° de densité; on y ajoute alors, sur 100 kil. de miel a traiter, 1/2 p. 100 d’acide sulfurique préalablement dilué avec six fois son poids d’eau; on remue bien le mélange et on le met en leviire avec 1 kil. de bonne levure pressée. La température doit étre de 20°. Racines de réglisse et de chiendent. — Ces ra- cines renferment des matiéres sucrées qu'il serait pos- sible d’utiliser, mais les frais de manipulation seraient souvent trop considérables pour la valeur du produit. } ea oa ‘. Te ‘7 is. obtenu: - car il faudrait ee fees ces racines, les Solna ‘a les uve bouillir pendant deux heures avec te Peau aci-. dulée de 1/2 p. 100 d’acide sulfurique, neutraliser ensuite acide par l’eau de chaux, et mettre en levire pour obtenir en moyenne de 3 a 5 litres d’eau-de-vie a 50° par 100 kil. de matiére traitée. On croit que le chiendent renferme du sucre cristalli- sable, de la glucose, de la mannite et de la fécule; si on le lave a froid, écrasé et simplement infusé al’eau froide, on nobtient la dissolution que d'une partie de ses prin- cipes, mais il y a moins de manipulation. Le résidu pressé sert ensuite de nourriture au bétail. Betteraves.— [I existe un grand nombre de procédés pour alcooliser la betterave, mais la plupart exigent Vemploi d’un générateur. Natie n’avons & nous occuper ici que des procédés agricoles les plus simples; dans le chapitre suivant, nous Bar TERS des appareils perfec- tionnés. Les racines de betteraves faucet se traiter a froid et a chaud; mais quel que soit le traitement adopté, il faut préalablement les laver, ensuite les découper ou les raper. Traitement par le rdpage a froid.— Les racines étant lavées on les rape; la pulpe obtenue est pressée immé- diatement (lorsqu’on a peu de racines & traiter on opere comme pour la pnipe des pommes et avec un pressoir a vendange). Le jus sucré est porté immédiatement dans une cuve, on examine le degré qu'il donne au pese-sirop, et s'il dépasse 9° on le réduit & ce titre avec de leau chaude; car, pour que la fermentation s’établisse promp- tement, il est nécessaire que la température du mout soit a 25°; ensuite il convient de l’aciduler, afin d’éviter la fermentation visqueuse. On y jette a cet effet 250 gram- mes d’acide sulfurique a 66° préalablement dilué dans» "PETITES 1 DISTILLATIONS MeChEESS cing fois son poids d’eau, on mélange et ajoute un peu de levire, 100 grammes de levire séche par hectolitre de mout; car la betterave ayant un ferment naturel, il en faut moins qu’ Ba Ae sucrés quin’en contiennent pas: il ne reste plus qu’a couvrir la cuve. On doit se munir A Yavance de savon noir pour asperger la surface des cuves d’ou la mousse déborde parfois; un peu de dissolution de savon dans l’eau bouillante la fait affaisser. La pulpe pressée est bien émiettée et vidée au fond d'un cuveau avec le double de son volume d’eau froide; on larepresse et lui fait subir un deuxiéme lavage, apres quoi on la jette dans une cuve et on la recouvre d’eau pendant un jour. On presse la pulpe épuisée, toutes les eaux des lavages sont mises en tonneaux pour étre fer- mentées lorsqu’elles marquent 6 a 8° au pese-sirop, ou bien on les réunit au jus vierge de pulpe. Ce traitement des betteraves a froid produit des alcools qui ont mois de mauvais gotit que par la macération a chaud, dont nous allons parler, mais il exige des mani- M@ations plus longues. Macération a chaud et a froid.— Les betteraves sont lavées dans un débourbeur et découpées ensuite, al’aide @un coupe-racine, en lanitres minces de 2 millimetres et larges de 1 centimetre. On jette la pulpe dans des cuves ayant un double fond criblé de trous et placé a quelques centimétres du fond inférieur. On dispose ordi- iairement pour cet usage trois cuveaux que l’on remplit le pulpe non tassée; on y verse. lorsqu’on procede a roid, de l'eau non chauffée, acidulée dans la proportion le 2 kilog. d’acide sur 1,000 kilog. de pulpe & traiter. jne fois le cuveau plein, on laisse macérer deux heures, iis On soutire le liquide, que l’on verse sur le deuxiéme uveau ou macérateur, ot ilreste deux heures, pour étre nsuite reversé sur le troisibme macérateur, également ql Lae. 282 a garni de pulpe, ot il reste encore deux heures. Enfin on le soutire et on le vide dans la cuve a fermentation. On repasse une deuxitme, puis une troisieme charge d’eau acidulée sur les mémes pulpes afin de les épuiser com- plétement; lorsque |’on a beaucoup de racines a traiter, on évacue les pulpes épuisées au fur et & mesure et on les remplace par des pulpes fraiches; on forme ainsi un roulement continu; l'eau du macérateur épuisé est ver- sée sur le macérateur voisin, quia déja recu une charge et qui sera par conséquent épuisé avec une troisieme charge d’eau acidulée, ainsi de suite. On procéde de eette maniere a froid ou achaux; a froid, Valcool, comme nous avons déja dit, est meilleur ; mais il faut chauffer le mott 4 23° environ avant de le mettre en fermentation et d’y mélanger la levire dans la pro- portion de 150 grammes par hectolitre. En opérant a chaud, on obtient une quantité d’alcool un peu plus forte, mais il est plus infecté de mauvais gout; néanmoins le résidu est préférable pour la nour- riture des bestiaux, ce qui-est un grand avantage. On verse une charge d’eau bouillante sur le premier macé- rateur, qui reste garni une heure; on soutire dans le deuxiéme, puis dans le troisieme, en laissant macérer une heure chaque fois. En sortant du troisitme macé- rateur, le mout est encors assez chaud pour étre versé dans la cuve a fermentation sans étre chauffé de nouveau. On emploie aussi a cet effet les vinasses bouillantes, ce qui économise le temps employé a faire chauffer l’eau et améliore les pulpes; c’esl le systeme employé par M. Champonnois. Carottes, potirons, melons, citrouilles, topi- nambours, navets, rutabagas, panais, aspho- déle, garance, dahlia. — Toutes ces plantes sont * he ea”! PETITES | DISTIELATIONS AGRICOLES. oH 3. ORS shel of Bee continlies d’alcoolisation, et: on peut leur appliquer les deux méthodes de traitement a froid et & chaud que nous avons décrites pour la betterave, en acidulant les jus dans la proportion de 200 grammes d’acide a 100 kilog. de matiére a traiter. Il est & remarquer qu’en opérant a froid l’alcool obtenu sera meilleur. SUBSTANCES SACCHARIFLABLES. Grains; orge. — Nous avons déja dit que toutes les substances qui renferment de la fécule, de l’amidon, de la dextrine, en un mot presque toutes les plantes, ne eontiendraient-elles que du ligneux pur, comme le bois, la paille, les broussailles, pouvaient servir a la pro- duction de l’alcool, puisque la cellulose peut se saccha- rifier. La saccharification est une opération chimique qui consiste a transformer la /écule en glucose ; cette réaction a lieu par l’orge germée ou malt, ou par lacide sulfuri- que. I] ne nous appartient pas de parler de la théorie de ces transformations, dont on doit la premitre découverte au chimiste Kirchhoff; nous engageons les viticulteurs désireux de s’instruire a les étudier dans les livres et les traités de chimie moderne; nous ne parlerons que des résultats pratiques obtenus par l’emploi des procédés connus. La préparation du malt ou orge germée doit étre préférée a l’acide sulfurique pour deux motifs : le premier, parce que les résidus de la fabrication ont une valeur nutritive bien supérieure pour la nourriture du bétail & ceux que l’on traite par l’acide, et ensuite parce quils sont d'une manipulation plus simple. Préparation du malt. — Pour préparer l’orge ger- Mée qui sert de base aux diverses sortes de bitres ou i Ps rh Gan ie ae Sea” r pai Be ye: mate - CHAPITRE TREIZIEME. vins de grains, on lui fait subir une série de manipula- tions qui consistent dans le mouwzllage des grains, leur germination, leur séchage et touradllage, le blutage et enfin la mouture; la trempe et la macération, qui préce- dent la fermentation. Ces opérations se font dans les brasseries; les plus compliquées sont celles qui ont trait a la préparation du malt, car avec un cinquiéme de farine ou de malt concassé, on met en fermentation quatre fois autant de farines ou de matieres féculentes. Si l’on n’a qu'une faible quantité de ces matiéres a trai- ter, on pourra se procurer du malt dans les brasseries; il se prépare de la maniére suivante : Mouillage. — On place l’orge, préalablement bien net- toyée et vannée, dans une cuve en bois tres propre et garnie d’un robinet muni d’un griffon intérieur afin de pouvoir vider l’eau sans entrainer le grain. Cette cuve doit étre plutét plate que trop profonde; on ne la remplit de grains qu’aux trois quarts, on y verse de l’eau froide tres limpide et douce, telle que l’eau de riviére filtrée ou l’eau de fontaine; cette eau doit recouvrir le grain de 10 420 centimetres. On remue le grain a la pelle, afin de séparer les grains avortés, cassés, etc., qui viennent sur l’eau et qu’on enleve de la surface parce qu ils sont impropres ala germination, ainsi que les matiéres étran- geres. L’orge, en contact avec l’eau, ne tarde pas a gon- fler, surtout lorsque la température est élevée ; il convient de renouveler cette eau, l’été, toutes les quatre heures, en l’écoulant par le robinet et la remplagant par de leau fraiche, afin que la fermentation ne puisse commencer as’ établir; il faut surtout éviter de remuer le grain. Le trempage dure environ un jour, en été; en automne, trente heures, et plusieurs jours en hiver; on reconnait que le grain est & point lorsqu’il est bien gonfler et quil s'écrase aisément entre les doigts. Il ne faut pas prolon- — ~ Loewe “Poe ae eee Spat ce a i ORS Page _ PETITES DISTILLATIONS AGRICOLES. 285 ger cette opération, parce qu’elle ferait perdre au grain une partie de sa matiére sucrée. Aprés avoir écoulé l’eau de la cuve sans remuer l’orge, on laisse égoutter, le ro- binet étant ouvert, deux heures en été, et quatre heures quand Ja température est moins élevée, puis on porte le grain au germoir. Germination.— Le germoir doit étre dallé ou carrelé, et ilimporte d’y conserver une température uniforme (celle de 15° est la plus convenable), et qu’il puisse au besoin se ventiler. On y répand l’orge par couches de 10 centimetres, et on le laisse ainsi jusqu’’ ce que le grain commence a s’échauffer et que le germe paraisse; alors on retourne les tas a la pelle; ce pelletage doit se faire tres fréquemment, toutes les trois heures, et vers Ja fin de la germination, toutes les heures. On reconnait quelle est terminée a la longueur de la plumure et des radicelles; le germe a ordinairement une longueur d’un peu plus de la moitié du grain; la germination dure un temps plus ou moins long, selon la température, de huit 4 vingt jours dans les climats froids. Séchage et touraillage. — Kn sortant du germoir, les grains sont portés dans un grenier aéré et répandus en couche tres mince que l’on retourne 4 la pelle souvent; lorsqu’ils sont bien essuyés, on les porte dans une touw- ralle : cest une sorte d’étuve a air chaud qui peut sétablir d’une foule de manitres; pour commencer on regle la chaleur de la touraille 4 30° centigrades, les grains sont répandus sur des planchers ou toiles métal- liques que l’on dispose quelquefois en étages, et on les remue a la pelle de temps a autre; ensuite on augmente progressivement la chaleur jusqu’a 50° degrés environ; on la maintient a ce point jusqu’a ce que la dessiccation soit fort avancée, enfin on peut alors chauffer & 63° pour la terminer. 986 - OHAPITRE TEIZIEME. | Blutage et mouture. — On nettoie les radicelles en passant au blutoir l’orge sortant de la touraille; puis on la conserve dans des greniers aérés en la pelletant sou- vent; on ne la moud qu’au moment de s’en servir. La mouture du malt se fait tres grossierement avec des cylindres; les grains sont simplement concassés, écrasés. Le malt récemment touraillé est meilleur et plus avan- tageux que celui que l’on conserve déja depuis plusieurs mois dans les greniers. Fermentation des grains. — La méthode qui nous parait la plus difficile est celle que M. Dubruntiaut a indiquée dans son Traité complet de Vart de la disial- lation, ou il s’exprime ainsi : « 4° Supposons que l’on veuille opérer sur 100 kil. de grains. Ce grain étant mélangé dans la proportion de 80 kilog. de seigle et de 20 kilog. de malt, on le réduit en grosse farine, puis on le dépose, avec 2 ou 3 kilog. de courte paille (1), dans une cuve de fermentation contenant 12 hectolitres; on le trempe avec 3 hectolitres d’eau a 35° Réaumur environ, puis on le fait macérer en y ajoutant 4 hectolitres d’eau bouillante et d'eau froide, mélangées de manivre que la masse mise en repos porte une température de 50 a 55°. On recouvre la cuve et on l’abandonne & elle-méme pendant trois ou quatre heures. A cette époque on acheéve de l’emplir jusqu’a six ou huit pouces du bord, avec de l'eau froide et de l'eau chaude, mélangées dans une proportion telle que toute la masse porte 20° de température environ; on met en leviire avec un litre de bonne levire de biere liquide. | pe (1) C'est l’enveloppe du grain que l’on recueille aprés le battage du froment ; cette enveloppe facilite la saccharification. — . Ve *¢° ° "PETITES DISTIELATIONS AGRICOLES. «O87 » Quelques heures apres, la fermentation commence, et parcourt toutes ses périodes dans l’espace de trente heures environ: alorsil est temps de mettre en chaudiere. » Sil’on a bien opéré et que la qualité du grain soit bonne, on doit retirer d’un semblable travail 45 a 50 Lli- tres d’eau-de-vie a 19° (50° degrés centésimaux). » Beaucoup de distillateurs sont loin d’en retirer autant, et il en est méme qui n’obtiennent pas plus de 30 a 35 litres. » Plusieurs causes peuvent concourir a cette exiguité de produits; mais une des plus influentes est la propor- tion d’eau employée, c’est-a-dire qu’au lieu d’employer 11 hectolitres environ d’eau par 100 kilog. de grains, ils nen emploient que 6. , _» Dans un travail continu, les vinasses qui sortent de la chaudieére doivent étre déposées dans des tonneaux ou bf ‘dans une citerne construite a cet effet : 1a les matitres solides gagnent le fond, et le liquide surnage. Ce liquide peut étre employé avec succes dans d’autres travaux ultérieurs pour étendre le grain apres la macération. On trouve dans cette pratique l’avantage de ramener 4 la fermentation une liqueur qui contient encore des matiéres fermentables échappées & un premier travail. On peut suivre cette marche pendant plusieurs opérations succes- _Sives, c’est-a-dire pendant trois, quatre et méme cing; et on retire ainsi du grain jusqu’a 60 litres d’eau-de-vie a 19° par quintal métrique, produit considérable, que Yon ne peut pas obtenir autrement. On cesse d’employer les clairs de vinasse lorsque apres plusieurs opérations ils sont devenus tellement acides qu'il nuiraient a la fermentation vineuse, au lieu de lui fournir des aliments. » Si l'on opérait avec une moindre proportion d eau on ne pourrait pas suivre la méme marche, ou du moins on ne pourrait pas lui donner Ja méme extension, parce er er a we i eT ee Bes re Te Pose. Se PA Ba ee eg ee Oe eee NT eh << oey (Oe po a eps Ses Ne t ie : ? z = Pons Re ie eee al Pe NO ee ee eee Ce bir all) bore SR niet. btee A A het Gone We Sear cs hee Ara MAA tench We. Bees ay od ee eee 288 = © ~~—sGHAPITRE TREIZIEME. qu’alors la fermentation, exigeant trois ou quatre jours au lieu de. trente heures, donne des vinasses fortement acides. » Cette méthode qui, comme nous disions, et la plus simple, celle qui exige le moins de matériel, puisqu’une seule cuve suffit, a ’inconvénient de produire des moztés épais que l’on est obligé de distiller avec les mares; de sorte qu il faut prendre des précautions en distillant, afin d’éviter que la matiére pdteuse ne brile au fond de Valambic. En opérant a mozt clair, c’est-a-dire par les procédés employés dans les brasseries, les dépéts restent dans la cuve qui a servi a faire la trempe; mais pour cela il faut avoir une cuve spéciale, ayant un double fond séparé du fond inférieur de quelques centimetres. Ce double fond se fait de plusieurs maniéres : anciennement on le faisait en bois, et percé d’une infinité de trous en forme d’entonnoir dont le petit diamétre était tourné vers le fond. On vidait sur ce fond quelques kilog. de courte paille afin de garnir les entonnoirs et pour que les grains grossiérement concassés ne puissent s’y engager et em- pécher la filtration. Aujourd’hui on fait les faux fonds en fonte. Voici la maniére d’opérer avec la cuve & double fond : 2° On délaie 100 kilog. de farine (80 kilog. de seigle et 20 kilog. d’orge germée) dans 200 litres d’eau a la température de 40° Réaumur, en brassant énergiquemen! pendant dix minutes; on laisse ensuite la matiere en repos une demi-heure, et on y fait arriver 400 litres d’eau bouillante. Pendant que l’eau coule, on brasse avec les rébles et J’on continue environ un quart d’heure. On laisse la cuve en repos pendant deux heures, puis on soutire le mout par le robinet placé entre les deux fonds, et on le porte dans la cuve a fermentation. Ensuite on fait une deuxiéme trempe avec 300 litres d’eau bouillante; | _ PETITES DISTIBLATIONS" AGRICOLES. see), 3 on brasse pendant un quart d’ heure, on laisse reposer une heure, et on soutire le moiit de cette deuxitme trempe, que l’ou porte dans la cuve qui a déja recu le premier mout. On finit d’épuiser le marc par une troisibme trempe ; mais souvent ce mott faible est mis en réserve pour étre employé 4 une autre opération. Les marcs sont retirés de la cuve; ils servent a la nourriture des bestiaux, soit 4 |’état frais, soit apres avoir été pressés et a l'état de tourteaux. Les procédés & moiits clairs par trempes successives comportent une installation bien plus considérable que ceux a mouts épais, et parfois ils exigent un appareil spécial a filtrer ; ensuite, pour bien opérer par ce systeme, il faut une grande quantité d’eau bouillante et un bras- sage plus énergique et plus continu; nous en reparlerons au chapitre suivant. Tous les grains peuvent se traiter par ces procédés : Tes riz, les variétés de froment, l’avoine, le mais, le sar- razin, etc., ils doivent étre adits en oan Fécules ; matiéres féculentes.— Pommes de terre, féves, pors, haricots, lentilles, vesces, chdtaignes, marrons @Inde, glands, cassaves, ignames, etc. — Les procédés agricoles d’alcoolisation de ces matiéres ne different des procédés employés pour les grains que par les détails qui Suivent : 1° On fait cuire ces légumes & la vapeur; dans ce but, on installe au-dessus de la chaudiare une grosse Mreique ayant une portiere pres dujable, et dont le fond est percé de fentes d’une largeur de 15 millimetres. Cette barrique est maconnée sur des briques fermant l’issue de la vapeur qui s’éléve de la chauditre. C’est ainsi que sont installés en Amérique, selon Mathieu de Dombasle, les appareils @ cuire les pommes de terre. On peut opérer A. 19 7 ~ ; dans le fond d’une petite cuve, par son trou d’esquive ; cette cuve a un faux fond criblé d’ouvertures et se rem- plit des matitres & cuire que l'on place sans les tasser au-dessus du faux fond; il suffit de couvrir cette cuve d’une couverture de laine en chauffant ensuite la cucur- bite aux trois quarts pleine d’eau; les vapeurs se rendent dans la cuve quia pres du jable un robinet de streté qui sert aussi a évacuer l’eau produite par la condensation des yapeurs. Lorsque les légumineuses ou autres matiéres féculentes sont cuites, on les écrase a l’aide de cylindres placés sous une trémie; puis on délaie cette bouillie ou pulpe dans une cuve. On répand, sar 100 kilog. de pulpe brute, 8 kilog. de malt concassé avec 4 hectolitre d’eau chaude et d’eau froide; le mélange fait, la chaleur doit étre d’environ 40°. On brasse énergiquement la pate au fur et 4 mesure que l’eau arrive, puis on couvre la cuve et la laisse en repos une demi-heure; apres quoi on fait arriver sur la pate de l’eau bouillante jusqu’a ce quelle ait acquis la température de 65°, on brasse de nouveau et on laisse la macération s’accomplir pendant quatre heures, en couvrant la cuve; enfin on finit d’étendre le mélange avec de ]’eau froide, de maniére que le volume égale 350 litres et que la cuvée soit & 25°, température la plus favorable pour mettre en fermentation. On met alors en leviire en délayant 250 grammes de levure séche ou 30 centilitres de bonne levire fraiche. La fermentation s’établit et marche a peu pres comme celle des grains don! nous avons déja parlé. Le mot obtenu ainsi est épais el l eau-de-vie retient un gout prononcé de fuse/. On attenut cemauvais gout, soit parle rapage a froid et lamacératior dans une cuve a double fond (dont nous parlerons au chapi tre suivant), soit en traitant séparément la fécule obtenue | wD | ne BE get Se ing AE, Oo . ear Lege Ps ee Ee eer: Se << PETITES DISTILATIONS AGRICOLES. °° 994 - 2° Extraction et traitement des fécules. — C’est prin- cipalement des pommes de terre et des marrons d’Inde, qui n’ont aucune valeur commerciale, que s’extrait la fécule. Les procédés sont les mémes, si ce n’est que le marron renfermant une résine exrémement amere, on en débarrasse la fécule en mélangeant 1 pour 100 de carbo- nate de soude al’eau de lavage, ot on la laisse macérer en remuant fréquemment; on renouvelle le traitement a chaque lavage. Pour obtenir la fécule, on commence par laver les pommes de terre; si on traite des marrons, on les fera préalablement tremper dans l’eau froide; on les réduit ensuite en pulpe fine, a l’aide d’une rape, puis on porte cette pulpe sur des tamis ou toiles métalliques; au-dessus des toiles garnies de pulpe, on fait couler un filet d’eau tout en malaxant la pulpe, en la froissant rapi- dement entre les mains : par ce mouvement, la fécule qui est renfermée dans le tissu fibreux est mise en liberté par le déchirement du tissu et tombe entrainée par l’eau dans le vase placé sous les toiles. On continue |’opéra- tion jusqu’a ce que la pulpe soit épuisée, et on la rem- place par une nouvelle couche de pulpe, et ainsi de suite. La fécule ainsi obtenue ne reste pas en suspension dans l’eau, elle se dépose au fond du vase; on décante, on met de l’eau propre dans le vase et on remue, apres quoi on laisse reposer encore, puis on renouvelle ]’eau. On fait ainsi trois lavages; ensuite on met la fécule —obtenue a égoutter sur des toiles. Si on veut la conserver longtemps, on la fait sécher complétement avant de Vensacher. Dans les féculeries, ces diverses opérations se font automatiquement, par les machines, et le séchage seffectue a l'aide d’une étuve; c’est le procédé agricole que nous avons décrit. Mise en fermentation. — Pour traiter 100 kilogs de ; ry a oe ae Se A ee BP a ae een 0 ee ee en 2 a ee 2 nati: tne Soa ws A Hy, 1 | i as = ; Ser het ta, re ae ove 2 ae PH Mats - CHAPITRE TREIZIEME. ¥ fécule seche, on commence par vider dans une cuve 200 litres d’eau froide ; ensuite, peu a peu et en brassant continuellement, on y videra la fécule qui doit resfer en suspension, et, sans lui laisser le temps de se déposer au fond, on vide dans la cuve, en remuant continuel- lement, et par un jet continu, 350 litres d’eau bouillante. Cette eau fait d’abord épaissir le mélange, qui se con- vertit en empois; mais en continuant le brassage et l’eau ne cessant pas d’arriver, la masse devient moins laiteuse. On y vide alors 20 kilog. de malt réduit en farine; on continue & agiter une dizaine de minutes, apres avoir versé l’eau chaude et le malt, et on couvre la cuve pour Ja laisser en repos quatre heures. Apres la macération, on ajoute de l’eau dans des proportions telles que le mout marque 7° au pese-sirop, et que sa température soit a 23°; on ajoute au liquide 60 grammes de levire seche par hectolitre de mott; on mélange et on couvre ensuite la cuve; la fermentation s’établit d’une maniere plus régulitre qu’avec les pulpes brutes, et le produit distillé donne un alcool supérieur & celui que l’on obtient par les premiers procédés. Cellulose.— On nomme ainsi la partie celluleuse des éléments ligneux des végétaux; ainsi le bois et la paille pulvérisés, le linge, le chiffon, le papier, le coton, les feuilles, le foin, etc., en un mot la charpente des végé- taux, renferme la cellulose, qui est presque pure dans les chiffons, le papier, le coton, On doit a Braconnot la découverte du procédé de transformation de la cellulose en sucre par l’action de acide sulfurique; la premiére expérience fut faite, en 1819, sur des chiffons. Orfila décrit ainsi ce procédé : Sucres de chiffons.— On prépare cette variété de glu- cose en ajoutant, par petites portions, 17 parties d’acide _. > ,. aso ee a fe ee Le) ae oats we ae OF ld FL Se een ee Bree 2 Se ES IPR oy, > ‘ meaty pie 5 lie pf bel oat _sulfurique concentré sur 12 parties de chiffons en petits -morceaux; le mélange ayant été abandonné a lui-méme pendant deux juurs, on le traite par une grande quantité d'eau, puis on fait bouillir pendant huit ou dix heures, on sature par du carbonate de chaux; on évapore jusqu’a consistance sirupeuse, et on laisse cristal- liser. Depuis que ce procédé est connu, on a cherché a le ren- dre pratique. Ainsi, un chimiste distingué, M. Pelouze, communiqua, dans la séance du 23 octobre 1854, al’ Aca- démie des sciences, les résultats des recherches d’un de ses éleves, M. Arnould, sur la production de I’alcool de bois, et en présenta méme un échantillon. Dans la communication lue & l’Académie, M. Arnould S’exprime ainsi : « Je vais vous indiquer sommairement la préparation de l’alcool avec le bois blanc. » Le bois est réduit en sciure grossivre; dans cet état, il est desséché jusqu’a 100°, de maniére a lui faire perdre eau qu’il contient, car cette eau entre souvent pour la ‘moitié de son poids. On laisse refroidir le bois, puis on verse avec beaucoup de soin, et par tres petites quan- tités & la fois, de l’acide sulfurique concentré; cet acide est versé tres lentement pour empécher la matiére de séchauffer. On méle l’acide avec le bois au fur et & ‘Mesure qu'on le verse, puis pendant douze heures, on abandonne le mélange; ensuite, on le broie avec beau- coup de soin jusqu’a ce que cette masse, d’abord presque seche, devienne assez liquide pour couler. Ce liquide, étendu d’eau, est porté a l’ébullition; l’acide est saturé par lacraie, et la liqueur, aprés une filtration, est soumise ala fermentation, ensuite l’alcool est distillé par les pro- eédés ordinaires. _» Dans cette expérience, la quantité d’acide sulfurique eee Bh) 7 mae a a a Me 7 KS BE, hs Magee WA He ae ae PETITES DISTILLATIONS AGRICOLES. 293 Ge “CHAPITRE TREIEME, = Peres: employé peut étre égale, mais ne peut pas étre moindre de 110 pour 100 du poids du bois sec. » ; | M. Arnould terminait sa communication en disant que le bois devenait une nouvelle source alimentaire presque inépuisable, puisqu’on pourrait en faire d’une maniére trés Economique de la dextrine, du sucre et de Valcool. Mais il parlait d’apres des expériences de laboratoire ; lorsqu’on a yvoulu pratiquer un peu plus en grand et controler les résultats obtenus, on a reconnu que /e prix de revient del alcool serait trop élevé. C’est Yopinion gui a d’abord été émise par le savant chimiste Regnault et qui a été confirmée ensuite par les hommes pratiques. En effet, il ne suffit pas de trouver, d’avoir sous la main, en tous lieux, une matiere premiere a bas prix ou méme sans aucune valeur commerciale. Si, pour la transformer, les manipulations et les substances nécessaires équivalent ou dépassent la valeur du produit fabriqué, il n’y a que de la perte a exploiter : tel est le cas de la cellulose. Jusqu’a ce que quelque chercheur trouve un procédé plus pratique et surtout plus écononomique, ces matiéres si variées ne pourront s’alcooliser par les agriculteurs. pea as ‘“ ag = _ APPAREILS DISTILLATOIRES PERFECTIONNES. 295 CHAPITRE XIV APPAREILS DISTILLATOIRES PERFECTIONNES. APPLICATION DE LA VAPEUR. Observations préliminaires. — Appareil continu rectificateur Derosne; distillation continue des vins. — Rectification ; observations sur la conduite de cette opération et la yréparation préalable des phlegmes; rectification inlermittente continue. — Appareil continu Egrot ; rectificateur du méme constructeur — Emploi de la vapeur d’eau dans la distillation et les diverses manipulations préparatoires. — Générateurs, -_ ferme et fonstionnement; diverses applications de la vapeur. — Chauffage 4 contact indirect; appareils distillatoires simples, continus et rectificateurs ; cuite des sirops.— *Barbotage ; chauffage des cuves & macération; armoires 4 conserves, etc. — Fonction- nement des appareils marchant par barbotage ou injection. — Chaleur de la vapeur _ selon la pression observée au manométre.— Appareil Savalle continu et rectificateur - du méme constructeur. — Appareil continu anglais de Coffey. —-- Appareil continu a mott épais de Cellier-Blumenthal. — Appareils divers actionnés par la vapeur. —~ Monte-jus.— Laveurs.— Cuves mécaniques anglaises (mash-ton).— Saccharification des grains par les acides. — Saccharification de la fécule par les acides.— Poimpes, transmissions. — Rapes et presses. Observations préliminaires. — Les grands appa- reils modernes appliqués a la distillation ont pour moteur la vapeur d’eau fournie par un générateur, leur fonction- nement en est ainsi singulitrement régularisé et sim- plifié, car il suffit d’entr’ouvrir plus ou moins ou de fermer entierement un robinet pour suspendre ou accélérer a son gré une opération. Il en résulte que les appareils étant indépendants du fourneau générateur, on peut a volonté en faire fonctionner plusieurs avec le méme foyer. De plus, ce générateur peut servir & des emplois mul- tuples; indépendant des chauffes simples, il peut actionner des monte-jus, des pompes, et par transmission servir a exécuter tous les gros travaux lorsqu’on y annexe des ; De MPN ST sh eh aw kar es ON (Yh y, ET C6 a ree Soe oe + Rg aa ec Bh oe : ro le 296 - _" €HAPITRE QUATORZIEME. ~~ - machines dont la disposition et l’agencement ont été combinés selon la distribution des locaux et les travaux a exécuter. La facilité et l'économie de temps et de combustible qu’offre l’emploi de la vapeur sont indiscutables, mais pour en profiter, il faut pouvoir l’utiliser d’une maniere constante; car l’établissement d’un générateur entraine a des dépenses considérables, et un emploi momentané ou éventuel de la vapeur ne couvrirait méme pas l'intérét du capital de premiere installation. Il ne faut pas, en agriculture surtout, se laisser éblouir par les prix exa- gérés qu’atteignent les alcools a la suite des mauvaises récoltes de vins; il convient de prendre pour base des calculs d’établissement de distilleries agricoles, les cours moyens des alcools dans les années d’abondance. Cet écart est tres grand; ainsi, dans les années de grandes récoltes, les cours des trois-six de vin ne dépassent pas, sur les marchés de l’Hérault, 45 a 50 fr. Vheetolitre, logé, au titre de 86°, et dans ces années, les trois-six sont supérieurs a ceux que l’on fabrique dans les années de disette, parce que, dans les années d’abondance, on brile de grandes quantités de petits vins, francs de gout, qui produisent des alcools plus moelleux que ceux que l'on obtient dans les années stériles, o& on ne livre a la chaudiére que des vins tout a fait impropres a la con- sommation, Or, pour lutter avec les trois-six Languedoc, il faut, ou obtenir des eaux-de-vie directes, fines de seve, qui soient fabriquées avec des vins droits de gout, dis- tillés, peu aprés leur fermentation et d'une valeur com- merciale plus grande que celle des alcools, ou rectifier des eaux-de-vie de matiéres diverses 4 un titre dépassant 90°. Ces alcools, dits d’industrie, ont une valeur moindre d'un cinquieme (soit 10 fr. l’hectolitre) sur les cours du trois-six Languedoe, lorsqu’ils ont un certain gowt dort REE Er Gera na Ee i ee he ae SD ae Spe . Wrevenrits DISTILLATOIRES PERFECFIONNES. SOF gine, et ils n’obtiennent un prix égal que s‘ils sont plus ou moins neuwéres : on ne peut en conséquence employer dans leur fabrication que des matitres premieres dont la valeur commerciale soit extrémement faible. _ Nous faisons ces observations aux agriculteurs, parce que nous avons été appelé a diriger une distillerie annexée aun établissement vinicole placé dans les con- ditions dont nous venons de parler : le cout des appa- reils distillatoires, générateurs, machines et accessoires, avait absorbé plus de 200,000 fr., de sorte que l’intérét de la somme employée a l’achat, joint 4 la dépréciation du matériel, représentait plus de 30,000 fr. par an; et cela pour travailler en moyenne un mois sur douze. Mieux ett valu, dans ce cas, installer des appareils pou- vant fonctionner a feu nu, dont l’achat et lVinstallation nauraient pas méme exigé lintérét d’une année du capital engagé; il y aurait eu de la sorte bénéfice au lieu de la perte qu’occasionnait le ch6mage des grands appa- reils. Avant de parler de l’emploi de la vapeur dans les opérations qui précedent la fermentation, nous allons décrire le fonctionnement a few nw des appareils conti- nus et des rectificateurs. Appareil continu rectificateur Derosne. — Cet appareil, dont nous donnons le plan, le détail des diverses parties et de leurs fonctions, au plan de la descrip- _ tion des planches, peut s ele er a la distillation con- tinue des eaux-de-vie ou esprits, et peut d’un seul jet produire, soit des eaux-de-vie, soit des alcools aux litres commerciaux que l'on désire, jusqu’au-dessous de 90°, ou servir 4 la rectiflcation des phlegmes; et cette rectification peut étre a volonté, soit intermittente lors- que les phlegmes ont un godt d’origine prononcé, soit continue. Cet appareil étant compliqué, nous renvoyons TE CNRS ha ne a ne ay we a Yt ay eA ca ag 998 | _— CHAPITRE QUATORZIEME. = a ws au chapitre de la description des planches pour le détail de ses organes; nous ne parlerons ici que de ses fonc- tions diverses. Distillation continue des vins et eaux-de-vie. — On remplit de vin le réfrigérant et le chauffe-vin; lorsque ces deux piéces sont pleines, le robinet continuant a rester entr’ouvert, le trop-plein se déverse sur les pla- teaux de la colonne de distillation, puis de 1a descend dans la deuxiéme chaudiére. On ouvre le robinet de décharge de cette chaudiére, afin de remplir aux trois quarts la premiere; on ferme alors le robinet de commu- nication entre les deux chaudieres, et par le moyen de tubes ou niveaux placés a ]’extérieur des chaudiéres, on regle la hauteur du vin également aux trois quarts dans la deuxitme, on ferme alors completement le robinet d’écoulement du vin et on allume le fourneau. Les va- peurs qui s’éleévent de la premiere chaudiére se rendent par un tuyau plongeur au milieu du liquide de la deuxieme chaudiere et ne tardent pas a la mettre également en ébullition ; les vapeurs s’élevent dans la colonne de distil- lation, puis dans la colonne de rectification. Les premieres vapeurs se condensent sur les plateaux mais peu a peu ces plateaux s’échauffent en condensant les nouvelles vapeurs qui s’élevent de la chaudiere; de sorte que lorsque la chaleur de la colonne dépasse 60°, les vapeurs alcooli- ques pénetrent dans le serpentin enfermé dans Je chauffe- vin, qui est plein de vin froid, elles s’y condensent et se rendent dans le réfrigérant, et de la dans l’éprouvette. Si l’on se sert de l’appareil pour la premiere fois, ou sil n’a pas servi depuis longtemps, on ouvrira les robinets des tuyaux de rétrogradation afin de rectifier les pre- mitres parties condensées, qui ont toujours un gout empyreumatique tres prononcé; ensuite si l’on distille des vins et que les eaux-de-vie ne doivent pas avoir un ; *. an > ee = . _ APPAREILS DISTILLATOIRES PERFECTIONNES. 299 ‘titre alcoolique de plus de 60°, on fermera les robinets de rétrogradation et on continuera a recueillir |’eau-de- vie sans vider de vin froid dans le réfrigérant jusqu’a ce que le vin qui entoure le réfrigérant du chauffe-vin ait acquis une température de plus de 60°, ce que l’on re- connaitra lorsqu’on ne pourra plus appuyer la main a la partie supérieure sans se briler : on pourra alors entr’ouvrir le robinet régulateur, qui devra étre réglé de maniétre que le contenu d’une chaudiére s’écoule pendant le temps qu’elle met a finir de s’épuiser d’alcool. Une fois la distillation en train, il est tres important de veiller ace qu'il ne se déverse que du vin presque Houillant dans la colonne de distillation, car le liquide froid introduit sur Jes plateaux bouillants porterait la perturbation dans la marche réguliére de l’opération et de plus pourrait comprometre la solidité des appareils. Lorsque les appareils encore chauds se remplissent de liquide froid, il faut avoir soin d’ouvrir les reniflards des chaudiéres qui, sans cela, pourraient étre écrasées par ja pression de l’atmosphére. _ L’appareil Derosne fonctionne sans eau de réfrigéra- tion lorsqu’on y distille des vins pour en retirer de l’eau- de-vie ne dépassant pas 70° ou des jus fermentés pour en obtenir des phlegmes; mais si l’on veut obtenir de premier jet des trois-six ou alcools a un titre de 90°, et surtout si l’on traite des vins riches en degré, il est né- eessaire d’annexer & l'appareil une piece supplémentaire dite évaporateur ; elle est composée de deux cylindres concentriques placés verticalement et laissant entre eux un espace annulaire. Sur les surfaces de ces cylindres exposés al’air, on fait arriver un léger filet d’eau froide : Cette eau, en s’évaporant, refroidit les cylindres; de cette facon, les produits alcooliques qui s’écoulent du dernier _ tour du serpentin du chauffe-vin sont rafraichis avant de +i ToT Pe Soto Oe ee) © Pe ee: Sa ee oye 300 -- CHAPITRE QUATORZIBME. pénétrer dans le réfringérant, qui est alimenté dans cet appareil par du vin froid; on laisse écouler, par une gouttitre placée dans le bas, l’eau échauffée qui a par- couru l’espace annulaire ménagé entre les deux cylindres et qui est divisé par de petites cloisons qui forcent le liquide & le parcourir lentement. Nous avons observé dans la pratique que Ja marche de la distillation continue se trouve parfois génée lors- qu’on emploie exclusivement les vins ou les jus fermen- tés pour réfrigérants et qu’ils ne sont versés qu’au fur et a mesure de l’épuisement des vinasses; il arrive un moment ot, de proche en proche, les enveloppes des chauffe-vin et réfrigérant, s’échauffant de plus en plus, communiquent la chaleur aux jus fermentés ou vins quils renferment, lesquels n’operent plus que d’une ma- niére imparfaite la condensation des vapeurs, ce qui cons- titue une perte dans le produit. On obvie a cet inconvénient dans les appareils qui n'ont pas d’évaporateur en placant un réfrigérant supplé- mentaire sous le bee du serpentin, qui est dirigé par un coude dans un réfrigérant inférieur alimenté par de Peau froide et dans lequel il fait trois ou quatre tours : cette installation rend au distillateur la faculté de diriger ison grél’opération et lui permet de l’accélérer ; car, dans une longue marche continue, il serait forcé sans cela, pour rafraichir le réfrigérant, d’ouvrir outre mesure le robinet d’alimentation du vin; il en résulterait un affai- blissement du degré et une perte par défaut d’épui- sement des vinasses; de plus, si le vin arrivait sans étre assez échauffé sur les plateaux supérieurs, il y aurait un arrét dans la marche de l’opération. Dans tous les appareils munis de chauffe-vin, on verse vers la fin d’une série d’opérations le vin ou jus fermenté qu'il renferme sur les plateaux et dans les chaudieéres; Fens W's a ae rea WE be ae o on ferme les Borat et mabclares qui ont servi al’intro- duire, et on termine l’opération en le garnissant d’eau froide, comme si on opérait avec un appareil simple. Rectification.— Observations générales sur cette opé- ration et la préparation préalable des phlegmes.— Lors- que l’on distille des vins droits de gout, la rectification na pour but que d’en augmenter le degré; mais si on a des jus fermentés ou des phlegmes acides A traiter, il convient de les désaciduler avec des matibres alcalines, chaux, soude, magnésie, etc., avant de les rectifier; A cet effet, on y répand une bouillie faite avec de la chaux vive (cest l’alcali le moins cofiteux) que l’on étend ou délaie préalablement dans del’eau froide. Laquantitéa employer varie selon l’acidité des phlegmes et est d’autant moindre que la fermentation des jus a été opérée d’une maniere plus normale; on commencera par répandre 50 grammes de chaux par hectolitre a traiter, et on se servira du papier de tournesol pour réactif, apres avoir brassé énergiquement le liquide. I] n’est pas absolument néces- saire de décanter les phlegmes désacidulées. Rectification intermittente, appareil Derosne. — On remplit les deux chaudiéres aux trois quarts de phlegme a rectifier; on remplit d’eau froide le réfrigérant et le chauffe-vin dont le tuyau d’écoulement est déluté et dévié, et l’ouverture qui communique avec la colonne distil- Tatoire bouchée; cette colonne & calottes mobiles est remplacée par une colonne i’ plateaux fixes semblables a ceux de la colonne de rectification. Cela fait, on allume le feu sous la chauditre inférieure dont les vapeurs ne tardent pas 4 mettre en ébullition la chauditre supé- rieure ; les vapeurs se rendent dans les colonnes, sous les plateaux, s’y condensent, et les petites eaux restent sur les plateaux. Ce mouvement a lieu tant que l’ap- ae eh a a vi ‘s eng ee He SAT Ae ee cP nies Ae eel? e af , z be r = ey. : ; ith 4 * €- 40m bee” ‘“ 4 SS 0S Oe CHAPITRE? QUATORZINME. 2 ore a pareil n’a pas été assez échauffé; mais peu a peu les plateaux recevant de nouvelles vapeurs, leur température s’éleve au point de volatiliser les vapeurs déja condensées, lesquelles finissent par se rendre dans le serpentin du chauffe-vin qui a été garni d’eau froide ; la, elles se con- densent de nouveau et retournent sur les plateaux de la colonne de rectification par les tuyaux de rétrogradation qui doivent étre ouverts; tant que l’eau que renferme le chauffe-vin est assez froide pour opérer la condensation des vapeurs, il ne passe pas de liquide dans le réfrigérant, ot l’on ne doit faire couler d’eau froide que lorsque la distillation est établie et qu’un filet régulier d’écoulement a lieu. Quand le liquide baisse dans la chaudiére infé- rieure, on l’alimente en ouvrant le robinet de communi. cation avec la chaudiere supérieure. Fractionnement des produits.— Les premiers produits obtenus dans |’éprouvette sont tres éthérés; ils doivent étre recueillis & part lorsque l'on traite des phlegmes ayant un mauvais goat d’origine; on surveille l’écou- lement en dégustant le produit, et des qwil est bon gout et que le titre est au-dessus de 90° (entre 92 et 96°), on met apart les centres qui donnent les meilleurs produits ; le feu doit étre régulier et doux. Dans la distillation 4 la vapeur, la pression ne doit pas dépasser une atmo- sphére au manometre. Enfin on met encore a part les queues de Vopération qui doivent étre constamment sur- veillées, et le filet d’écoulement dégusté, étendu d'eau. On remarquera que lorsque le degré descend au-dessou: de 90°, le gout d’origine est plus prononcé et le devien davantage & mesure que le degré s’affaiblit. A partir dé ce moment le titre s’abaisse de plus en plus et finit pat ne marquer que quelques degrés 4l’alcoometre. On arrete l’opération lorsque le titre des petites eaux est descend a 5°, car ce qui reste de traces d’alcool est fortemen! “5 os os yee ae ak, ‘sae ey Sa a, ee xg r “| ah Se. , APPAREIES DISTILLATOIRES. PERFECTIONNES. ae 303 imprégné @huiles essentielles et ne vaudrait pas le temps employé a le recueillir. _ Pour terminer une opération et nettoyer les appareils, on ouvre les boites a vis des chauditres, on ferme le registre du fourneau et, par les robinets de décharge, on évacue les vinasses; ensuite on nettoie les plateaux en y injectant de l’eau chaude par le haut de la colonne et laissant les robinets de décharge des chauditres ou- verts. Ce lavage, qui entraine les huiles essentielles, doit se faire avant que l'appareil se refroidisse et en laissant les reniflards ouverts afin d’éviter l’écrasement des chaudiéres par Ja pression de l’air. Une fois la chauditre inférieure égouttée, on est prét a recommencer une seconde opération. La rectification est une opération délicate, qui doit étre faite avec tact et qui exige beaucoup de soins, sur- tout lorsque l’on opere a feu nu, a cause de la régularité de la chauffe et du fonctionnement convenable des pro- duits; elle est toujours beaucoup plus longue qu’une distillation ordinaire. - Rectification continue. — En étendant d’eau les phleg- _ mes, de maniére que le titre n’en soit pas plus élevé que celui du vin, soit de 12 & 15°, on pourrait rectifier avec Yappareil Derosne d’une maniere continue, car les huiles essentielles resteraient en grande partie dans les vinasses ; mais, outre qu'il y a peu d’ économie de temps en operant _ de la sorte, on obtient des produits moins neutres que _ par le fractionnement. Appareil continu Egrot. — Cet appareil, dont nous donnons le plan ainsi que les détails de construction au chapitre de la description des planches, peut également fonctionner a feu nu pour les petits modéles; il est d’une construction plus simple que l'appareil précédent mais il ‘ a gale oe BV a CHAPITRE QUATORZIEME. bie ne s’emploie généralement que pour les poutllees conti- nues, c’est-a-dire la distillation des jus fermentés ou des vins. Pour en obtenir Je premier jet des alcools a 90° il convient de l’établir avec cing plateaux et d’y annexer un chapiteau rectificateur que l’on rafraichit avec un filet d’eau. A feu nu, l’appareil fonctionne ainsi : on remplit aux trois quarts d’eau la chaudiére, puis on remplit de jus fermenté ou de vin le réfrigérant et le chauffe-vin; le tuyau de trop plean du chauffe-vin le déserve sur les plateaux, au nombre de trois a cinq, qui sont établis au- dessus de la chaudiére. On arréte l’écoulement du liquide lorsque le platean inférieur est garni de vin. Le robinet d’écoulement du vin étant fermé, on allume le feu : l’eau de la chaudiére entre bientdt en ébullition, et les vapeurs quelle fournit passant au travers de chacun des plateaux de distillation, échauffent ces plateaux, mettent le vin en ébullition. Ces vapeurs, mélangées d’eau et d’alcool, montent dans une colonne & rectifier garnie également de plateaux, s’y condensent jusqu’a ce que la chaleur soit assez forte pour que la condensation ne puisse s’y effectuer. A partir de l’extrémité de la colonne, un col de cygne conduit les vapeurs dans le serpentin du chauffe- vin, ot la condensation a également lieu tant que le vin est froid; un tuyau de rétrogradation raméne, a la vo- lonté du distillateur, sur les plateaux de la colonne a rectifier, les premiers produits des trois premiers tours du serpentin; de sorte que ce n’est que lorsque la partie supérieure du chauffe-vin est assez échauffée.pour ne pas condenser les vapeurs, que l’on recueille le produit dans léprouvette (& moins cependant que l’on n’ait tenu fer- més les robinets de rétrogradation). Dans tous les cas, on ne doit commencer & vider du vin froid dans je réfri- gérant que lorsque la partie supérieure du chauffe-vin ae aa >. a“ i ae _- or YS ae -* Wer es ae corey Tay BT A ee p Pee tr awd Ge er ee ee ts pe ryt Phe he aS Vet ra creed item moe ss APPAREILS DISTILLATOIRES PERFECTIONNES. 305 est assez échauffée, ce que l’on reconnait lorsque l’on ne peut plus y tenir Ja main sans se briler. On établit alors un filet d’écoulement que l’on regle selon Ja puissance de lappareil, et l’on entretient un feu régulier. Nous avons observé, dans la pratique, que lorsqu’on garnit de vin le réfrigérant et le chauffe-vin, l’opération marche régulitrement au début, mais que, au bout de quelques heures, la condensation est imparfaite, le filet écoulement devient de plus en plus chaud. Il convient done d’opérer la réfrigération par un filet constant d’eau fraiche; sans cette précaution, on risque de perdre une partie du produit. _ Le vin chaud, en sortant du trop plein du chauffe-vin , tombe sur le plateau supérieur. Ces plateaux sont divisés en trois galeries concentriques dont le niveau s’abaisse de l'une al’autre. Ces galeries renferment sur le parcours du liquide de nombreux bouilleurs qui introduisent les vapeurs du plateau inférieur et agitent le vin en ébul- lition. Aprés avoir parcouru les galeries du plateau supé- rieur, le vin se déverse sur le plateau qui est au-dessous, et il se dépouille dans sa marche rétrograde de l’aleool quil renferme, c’est-a-dire qu’il arrive & la chaudiere a Pétat de vinasse. La chauditre a un tuyau de décharge en forme de siphon qui en expulse le trop plein; il est bon de s’assurer, a l'aide d’un petit serpentin d’essai, par l’analyse des Yapeurs qui s’éventent de Ja chaudiére, s'il ne reste plus @alcool dans les vinasses & éyacuer. C’est en réglant dune part le robinet d’écoulement du vin d’alimentation, et en surveillant le fourneau avec soin, qu’on obtiendra une distillation régulitre. Il arrive parfois que certains jus un peu visqueux obstruent le robinetrégulateur, qu'il est alors nécessaire d’entr’ouvrir plus que ne le compor- terait la puissance évaporatoire de l’appareil. Il faut | : A. 20 “Po 306 rane " CHAPITRE QUATORZIEME. e controler cet écoulement par le dépotage det fs cuve d’alimentation, qui doit étre marqué a l’extérieur par un tube gradué piqué sur son robinet de décharge : de cette maniere on obtiendra un controle exact d'alimen- tation, ce qui est tres important a observer dans le fone- tionnement des appareils continus. Rectificateur Egrot. —- Cet appareil se compose d'une chaudieére garnie d’un robinet de décharge avec tube a niveau et tubulure surmontée d’une colonne divisée en trois troncons garnis chacun de huit plateaux, ce qui forme vingt-quatre plateaux. Il y a deux réfrigérants : un horizontal, qui, 2l’aide de tuyaux de rétrogradation, renvoie les petites eaux sur les plateaux du trongon supeé- rieur de la colonne, et un réfrigérant vertical, qui ter- mine la condensation des vapeurs. La marche de cet appareil rectificateur est la méme que celle que nous avons indiquée en parlant de la ree- tification intermittente a l'aide de l’appareil Derosne. La disposition des réfrigérants, des tuyaux de rétrogra- dation, la forme des Plaga: sont les mémes que dans i are déja décrit; il n’y a de différence notable, que dans l’emploi d’une ae chauditre, la division de la colonne en trois troncons au lieu de deux, et dans la spécialité, cet appareil ne s’employant qu’a la rectifica- tion intermittente, tandis que l'autre peut en changeant une colonne servir 4 deux fins. EMPLOL DE LA VAPEUR DANS LA DISTILLATION ET LES DIVERSES MANIPULATIONS PREPARATOIRES. Générateurs, forme et fonctionnement. — Les générateurs sont des chaudiéres construites en tole de fer; les parties en sont assemblées a l'aide de rivets tres rapprochés de manivre & pouvoir résister & une pression zt "APPAREILS: DISTILLATOIRES. PERFECTIONNES. 307 Fires forte. On construit des générateurs de plusieurs formes; ainsi il y a de simples bouilleurs horizontaux, Be caus: les chaudiéres & deux bouilleurs qui sont les plus Brievces. les chaudiéres tubulaires, ete. Quel que soit le systeme, la forme ihe chaudieres a houilleur est un cylindre rivé ayant a ses deux extrémités des fonds convexes également rivés sur ses flanes. Cette forme simple est celle qui résiste le mieux a la pression et qui se déforme le moins; c’est aussi celle qui facilite le plus le netioyage meat iv extérieur. L’économie du combustible résultant du choix et de la forme des générateurs est tres importante; car avec certains bouilleurs, qui ne comportent pas de retour de flamme, on consomme plus du double de combustible qu avec ceux qui ulilisent le mieux la chaleur du foyer. Les conditions de fonctionnement complémentaires se composent des accessoires suivants : 1° Un tuyau @alimentation d’eau débouchant pres du fond de la chaudiére, afin de l’alimenter sans condenser la vapeur déja “nea 2° Un tube indicateur en verre communiquant par son _extrémité inférieure avec l’eau et dont la partie supé- rieure débouche dans la chambre & vapeur; les deux extrémités de ce tube possédent un robinet en cas de rupture. On contréle en outre le niveau exact, qui est oscillant dans le tube & cause du mouvement de 1’ébul- litton, par deux indicateurs que I’on établit sur les grands générateurs 4 bouilleurs. Un flotteur indicateur formé par une boule creuse en métal, qui a a sa partie supé- Tieure une tige en fil métallique qui traverse une boite a étoupe fixée dans la paroi supéricure de la chauditre ; ce fil se rattache 4 un lien qui passe dans une poulie supérieure ayant un contre-poids indiquant le niveau au chauffeur. Un flotteur d’alarme est en outre disposé de Saf “i a =. ee «Se ee Nee an a - oa, ee, 624 oa Pua Some, oe, Pine § we ae rs viene: ges 4 Lei od er ay, a é Pa fe manivre & ouvrir une soupape communiquant avec un -sifflet des que le niveau d’eau descend trop bas; 3° Un manomeétre indiquant la pression exercée par la vapeur ; 4° Une soupape de stireté -qui se souléve lorsque la pression est trop élevée et dont on regle 4 Vavance léchappenent par un contre-poids; 5° Un trou d’homme servant au netloyage intérieur de la chaudiére ainsi qu’aux réparations; la fermeture en est maintenue avec des boulons a écrou. Avant de faire fonctionner un générateur, on doit s’as- surer par un nettoyage intérieur, s'il n’a pas d’incrus- tation; on évite ces incrustations par un nettoyage mensuel et par le mélange a ]’eau d’alimentation, soit de pommes de terre a la dose de 1 kilog. par force de cheval, soit par largile délayée, soit du carbonate de soude dans les proportions de 100 & 150 grammes par force de cheval; cela suffit pour un mois de travail lors- ‘que les eaux ne sont pas trop chargées de carbonate et surtout de sulfate de chaux, auquel cas on augmenterait Ja dose de carbonate de soude. | Le générateur étant rempli d’eau jusqu’a Ja limite indi- quée pour l’espace réservé a la chambre a vapeur (cette chambre ou espace varie sclon la forme et les disposi- tions; avec les chaudiéres a deux bouilleurs elle occupe le tiers du diamétre de la chauditre), on doit s’assurer si le tube a niveau n’est pas obstrué, et si le manombtre, la soupape de sureté et les indicateurs fonctionnent bien; on ferme le robinet d’alimentation d’eau ainsi que celui de prise de vapeur, et apres avoir ouvert le registre du fourneau on allume le feu. Dans Ja distillation et pour la chauffe des chaudibéres a sirop, etc., il suffit d’atteindre une pression d’une atmosphtre & une atmosphere et demie pour pouvoir “4p —. "s Ie y ™ e ef “APPAREILS DISTILLATOIRES PERFECTIONNES, 309 employer la vapeur a ces divers emplois; il serait inutile et meme préjudiciable d’augmenter cette pression parce que le degré de chaleur serait’ trop Glevé, ainsi qu’on Yobservera par le tableau que nous donnons plus loin. Il suffit d’ouvrir le robinet de prise de vapeur et de le mettre en communication avec les appareils pour que la chauffe commence; le chauffeur doit veiller 4 alimenter sa chaudiére et 4 maintenir sa pression réguliere. Diverses applications de la vapeur. — On em- ploie la vapeur de plusieurs manitres : 1° par ehauflage indirect, c’est-’-dire en faisant circuler la vapeur dans des tuyaux ou des doubles enveloppes ou fonds et en mettant les liquides 4 chauffer en contact avec ces tuyaux ou doubles fonds; 2° par barbotage ou injection : c’est un tuyau percé de trous, par lequel on injecte la vapeur au milieu des liquides ou matiéres & chauffer; chacun de ces modes a un emploi spécial. Chauffage a contact indirect. — Appareils distil- latoires simples, continus et rectificateurs. — On fait -arriver un tuyau dans le fond des appareils; il peut étre disposé soit en spirale pres du fond, ou, & cause des difficultés de nettoyage, comme un serpentin, pres des parois latérales. Lorsque ces tuyaux sont éloignés du générateur, on doit avoir Je soin de les entourer de lisiére de laine dans tout le parcours entre la prise de vapeur et entrée dans les appareils; il est bon aussi ‘@avoir des robinets aux extrémités des tuyaux, afin | @évacuer l’eau de condensation. Dans la mise en marche des appareils, on doit, au début d’une opération, n’entr’ouvrir que tres légerement le tuyau de prise de vapeur, afin de faire chauffer les luyaux progressivement; car, si on ouvrait brusquement. f ‘ ml 4 ee il se produirait une condensation Hho qui détenniiaem rait des craquements, des secousses, et méme pourrait crever les tuyaux de conduite. Ce genre de chauffage d’alambic convient dans la rec- Ahealibn et pour la cients des appareils simples, soit pour la confection des liqueurs, soit pour la distillation des alcools. On peut aussi l’employer pour chauffer les petits appareils continus, mais les grands appareils con- tinus se chauffent par darbotage. Cuite des sirops, etc. — Ce méme genre de chauffage s’applique & la chauffe des chaudiéres servant a la ela- rification des sirops, 4 la concentration des jus sucrés. La disposition des chauditres varie selon l’emploi : ce sont ou des chauditres plates munies d’un tuyau de décharge ot le chauffage s’effectue a Vaide d’un serpen- tin, ou des chauditres convexes ayant un double fond et établies de manitre a pouvoir basculer a volonté. Chauffage par barbotage ou injection de va- peur. — On emploie ce genre de chauffage, qui consiste ’ introduire dans les appareils un tuyau percé de petits trous par lequel la vapeur, dans un grand nombre d’opé- rations, est injectée dans les vases ou barbote dans le vide, Cuves a macération. — On installe au-dessus du dou- dle fond des macérateurs un tuyau courbé, percé de trous d’un petit diametre et répartis sur toute la lon- gueur et en tous sens; il suffit d’entr’ouvrir le robinet pour porter le liquide au degré de chaleur que l’on désire. Armoires a conserves. — “Cet appareil, dont nous don- nons le dessin sur les planches, consiste en une armoire en chéne doublée a l’intérieur de plaques de cuivre ou de zinc clouées sur les parois, se fermant exactement par couvre-joiuts faciles & luter, et ayant dans son inté- ~ , ail wet : . ae Fa: Ped Cea Sa oe aa te td ‘ ‘ eps Ata Se ae n> We 5 mG APPAREILS DISTILLATOIRES PERFECTIONNES. 3 311 -rieur des thermombtres cenligrades & mercure qui per- mettent d’en observer la température. Les flacons, boites ou bouteilles sont placés sur des étageres en fer mi-plat 4 claire-voie : les vases fragiles sont entourés, en cas de casse, d’un petit sac en toile peu serrée, ou entortillés de paille. La vapeur est introduite an bas de l’armoire par un tuyau percé de trous. On doit ouvrir le robinet de transmission tres lentement et on observe l’augmen- tation de la chaleur en consultant le thermométre. Cette armoire s’emploie dans la préparation des conserves, fruits au jus, etc. Fonctionnement des appareils marchant par barbotage ou injection. — L’emploi de la vapeur par barbotage est heaucoup plus actif, c’est-a-dire transmet dans un temps donné une plus grande quantité de chaleur que par le simple contact des tuyaux; mais ila l’inconvénient d’in- troduire de !’eau dans les liquides par la condensation des vapeurs qui ont servi Ales échauffer, de sorte que Yon ne peut employer ce systeme 4 la rectification. Les grands appareils distillatoires continus marchent tous par voie rétrograde, c’est-a-dire que le vin y est introduit par le haut des plateaux, s’épuise en des- cendani et s’écoule de la chaudiére a l'état de vinasse. On peut donc sans inconvénient injecter la vapeur ou la faire barboter dans la vinasse épuisée : c’est la méthode employée dans le fonctionnement des appareils continus Savalle, Coffey et Cellier-Blumenthal, dont nous allons parler ci-apres. Chaleur de la vapeur selon la pression obser- vée au manométre. — Dans |’application de la vapeur ala distillation, il convient d’obtenir une temperature régulivre et de ne pas dépasser sensiblement la pression d'une atmosphere a une atmosphere et demie, parce que <# S oat SM a ee et ee 4 | i ns at oe FP oo ae es See eee ek (BES ie Be ON Nea I ia as cio Bah = ee it we gl Rd a Ee el esha, SPE i tas ca) Dee) ee Wa , eS A oa Se hog t ” we iy ee ‘ Ge SA “312° > o°=) > CHAPITRE OUATORZIEMES eee plus la pression est forte et plus le degré de chaleur nN. s’éleve. On trouvera dans les traités de mécanique et des applications de la vapeur des tables trés completes sur les forces élastiques de la vapeur d’eau et les tem- pératures qui correspondent aux divers degrés de pres- sion. Voici quel est l’écart de température que nous avons relevé de une a dix atmospheres, d’apres les indi- cations du manometre. Tableau des degrés de chaleur correspondant aux p essions observées au manométre. MANOMETRE DEGRES “4 centigrades indication du thermométre en atmosphéres au mercure. SG ESS 100 112, 121. 128. 131. nwo — eel — (Y) 140. 145. 149. 153. 160.% 166. 172, Lyi COMO ON DOB FR WWW eat PRESSION sur un centimétre - carré en kilogrammes. Appareil continu Savalle et rectificateur du méme constructeur. — L’appareil continu de MM. Sa- valle et C’ marche par la vapeur barbotante; il est une modification de celui de Cellier-Blumenthal avec lequel Savalle pere a travaillé longtemps. Il offre comme or-— a4 . an: Aaa é _ eAS pus tage teen ts ot Eile Peed aaa x CTs eh ’ APPAREILS DISTILLATOIRES PERFECTIONNES. 313 gane nouveau un régulateur de vapeur qui regle et ré- gularise la pression & une almosp?re, quelle que soit la pression observée au manometre du générateur. Le _rectificateur du méme constructeur est pourvu du méme organe el a de plus une éprowvette-jauge qui permet de controler la production d’alcool par heure. Quant a Ja marche de l'appareil, elle ne differe pas sensiblement de celle que nous avons indiquée en parlant des appareils rectificateurs Derosne et Egrot. Appareil continu anglais d’4ineas Coffey. — Cet appareil a été inventé en 1832; il marche par la va- peur barbotante fournie par un générateur. [se distingue surtout par les proportions colossales qu'il présente dans les grandes distilleries de grains d’Angleterre, et dont on. peut se faire une idée en apprenant que la distillerie de Leith ena un de ce genre qui permet de distiller plus de 435 hectolitres de mout par heure. L’appareil Coffey ressemble & une armoire énorme formée par des madriers reliés entre eux par des croi- Sillons. Il est composé de plaques de cuivre soutenues par les madriers dont nous venons de parler, et il se divise en trois grandes parties : la partie inférieure, formant en quelque sorte le socle de l’armoire, a une forme rectan- gulaire et senomme le collecteur de mout fermenté; c'est la quil arrive épuisé. Au-dessus du collecteur, il y a deux colonnes : celle de gauche est l’analysateur, celle de droite est le rectificateur; cette derniere se divise en deux parties : la partie inférieure ow est le rectificateur, et la partie supérieure, qui contient le condenseur. Le collecteur de moiit recoit & sa base la vapeur du générateur, il est divisé en deux compartiments par une forte plaque en cuivre percée d’un grand nombre de trous et de soupapes, qui, sous l’influence d'une pression i ; i > + St piensa: bee Gy Soe ete. on yee rie ae se amy eis ee trop forte de la vapeur, s’ouvrent de bas en haut. Ce col- lecteur a deux tubes indicateurs en verre qui permettent de voir le niveau du liquide dans les deux compartiments ; lorsque le tube indique un trop plein dans le compar- iment inférieur, celui qui recoit le premier la vapeur, on évacue la vinasse dont l’écoulement est ainsi intermittent; et au moyen d’un tuyau formant soupape au-dessus du compartiment supérieur et placé a son centre, on fait descendre le motit du compartiment supérieur qui tombe dans une capsule placée au centre de la partie la plus basse. La.colonne de gauche (ou analysateur) est divisée en douze compartiments par des plaques de cuivre percées de petits trous dont les rebords retiennent de 25 a 30 millimétres de liquide sur ces mémes plaques. Ces com- partiments sont également pourvus de soupapes en forme de T qui se soulévent pour laisser passer la vapeur lors- que la pression est trop forte; il y aa chaque compartiment un tuyau de trop plein qui céverse le liquide sur le plateau inférieur ot il tombe dans le fond d’une capsule, ce qui forme une fermeture hydraulique; les tubes plongeurs sont disposés alternativement comme dans l'appareil de Cellier-Blumenthal. Le rectificateur (ou colonne placée a droite de l'appareil vu de face) se ompose a sa partie inférieure de cing chambres séparées par des plaques en cuiyre, percées de trous, munies de soupapes en T et de tuyaux de trop plein. La partie supérieure ou condenseur est composée également de cing chambres séparées par une plaque spéciale des chambres du rectificateur; elle n’est pas percée de trous, il y a une ouverture plus grande qui permet le passage des vapeurs, et cette plaque commu- nique avec le réfrigérant par une ouverture latérale qui permet d’y diriger l’eau-de-vie condensée. Les cing chambres du condenseur n’ont pas le fond percé; les a3 ae fs AL t mw ouvertures ou passages des vapeurs sont placés alterna- tivement sur les deux cétés. La colonne de rectification et condensation a toutes ses chambres traversées par un tuyau en zig-zag plein de mout froid; cependant tout en condensant les vapeurs alcooliques, il commence a s’échauffer; arrivé au bas de la colonne, il est déja chaud. Ce tuyau monte ensuite et se déverse sur le compartiment le plus élevé de la colonne de gauche ou analysateur. Voici quelle est la marche de l'appareil : on pompe le jus fermenté et on remplit le tuyau en zig-zag de la colonne de droite; ce jus s’écoule dans la colonne de gauche. Cette colonne étant chargée, on injecte de vapeur le collecteur; la vapeur, en traversant le jus fermenté, le dépouille de alcool qu'il renferme. Ces vapeurs s’enrichissent de plus en plus en s’élevant dans la colonne, et le mott qui descend par les tuyaux de trop plein devient de plus en plus aqueux, de sorte qu’arrivé dansle deuxieme compartiment du collecteur il est 6puisé. On ne met l’appareil en pleine marche con- tinue que lorsque le tuyau qui conduit le jus fermenté est assez chaud pour ne pas interrompre la distillation. On regle alors le robinet d’alimentation et on fait mouvoir la pompe. Les vapeurs alcooliques arrivées dans le haut de la premitre colonne sont dirigées dans le bas de la colonne de rectification, oti une partie se condense par le contact du ttiyau plein de vin qui sert de réfrigérant. Ces petites eaux sont dirigées par un tuyau dans le petit réservoir d’alimentation de l’appareil pour étre de nouveau pompées et versées sur la colonno de gauche. Arrivées a la plaque qui sépare le rectificateur du con- denseur, on peut recueillir l’alcool qui s’est condensé sur les cing plaques supérieures en le dirigeant dans le réfri- gérant par un tuyau latéral. > oh Da NO Fe be © Aare ~ SE ern = ee LL ee “~- Veet ile Ms en ye CP Se iia eae ee ROS eT ee ss eee Piteee eee Daler Te : APPAREILS DISTILLATOIRES PERFECTIONNES. | 315. 316 " CHAPITRE QUATORZIEME. On obtient d’un seul jet par cet appareil de Valeool ont gin, au titre overproof de 65°. Appareil continu a mott épais de Cellier-Blu- menthal.— Cet appareil, qui est employé depuis long- temps non seulement en France, mais en Angleterre, en Belgique, Hollande, etc., dans la grande fabrication des alcools, est tres simple et facile 4 conduire. Nous en donnons le plan sur les planches; voici quel est son fonctionnement : on pompe les jus fermentés épais dans la cuve de vitesse ou chauffe-vin de l’appareil. On agite la matitre tout en remplissant cette cuve puisque la manivelle fait corps avec la pompe. La cuve étant pleine, le trop plein se déverse sur les plateaux et passe par les tuyaux plongeurs jusqu’au fond de la colonne. On y dirige alors un jet de vapeur en entr’ouvrant le robinet communiquant avec le générateur. La vapeur se con- dense contre le fond des plateaux, les échauffe et finit par les mettre en ébullition. Les mollécules les plus légeres s'éleévent bientdt et passent par le col de cygne dans le serpentin de la cuve de vitesse dont elles échauf- fent la matiere en se condensant. On ne met la pompe d’alimentation en marche que lorsque la surface de la cuve de vitesse est assez échauffée pour ne pas interrompre la distillation, ce qui arrive bientét : tout en alimentant la colonne de matitres a distiller, on agite le contenu de la cuve de vitesse qui sert de chauffe-vin. Les jus épais, en descendant de plateau en plateau, se dépouillent de plus en plus et finissent par arriver dans l'état de vinasses épuisées et se déyersent au dehors d'une mantvre continue par un tuyau de sdreté. Cet appareil n’a pas de tuyau de rétrogradation. Les plateaux sont tous de construction et de disposition oo : * : waipe gee ee Nj Sass ; EGNOS) MANORS ee. eens _ APPAREILS DISTILLATOIRES PEREECTIONNES.. gees 2S" identiques. Il suffit de placer les tayaux de trop plein en contre-sens, c’est-a-dire alternativement a droite et a gauche, pour obtenir une circulation normale a leur inté- rieur. Quelques constructeurs établissent une cloison entre la lentille centrale et la circonférence: il suffit alors @obliquer légerement les tuyaux de trop plein d’une maniére alterne pour qu’ils écoulent le liquide au dela de la cloison. La colonne peut étre faite en cuivre ouméme en fonte, ce qui offre une grande économie d’installation. On établit quelquefois les tuyaux de trop plein de fagon & pouvoir au besoin augmenter ou diminuer épaisseur de la couche de liquide ou de matiéres A traiter; cette disposition mobile du niveau du liquide sur les plateaux permet au distillateur de réeler a sa volonté et selon les liquides ou les matitres qu'il traite la marche régulivre de l’appareil dont la conduite est, du reste, tres simple, et, selon la puissance de l'appareil, on sait ce qu'il peut distiller par heure. On donne en consequence un écoulement régulier 4 la pompe alimen- taire afin de pouvoir y verser as matieres d’ une maniere continue et régulitre; d’un autre cdté, on maintient la pression du générateur entre une Nias ef une atmosphére et demie dans les appareils de grande dimension. Quant aux vapeurs elles se réunissent au- dessus du dernier plateau, dans un brise-mousse, puis se rendent dans Ja cuve de vitesse oti elles commencent ase condenser. En sortant de la cuve de vitesse le ser- pentin plonge dans un vaste réfrigérant plein d’eau froide quil suffit d’alimenter par un filet d’eau pour obtenir Valeool froid en sortant de I’éprouvette. APPAREILS DIVERS ACTIONNES PAR LA VAPEUR. Monte-jus. — Cet appareil tres simple remplace les ‘pompes avec avantage; il est établi d’apres le méme 318 une chaudiére en tole week la méme épaisseur at pou- vant résister & une pression égale a celle du générateur qui l’actionne; elle est de forme cylindrique, bombée a ses deux extrémités et placée verticalement au-dessous du niveau du sol. Au centre du couvercle supérieur se trouve un tuyau qui descend jusqu’a la partie inférieure, mais qui ne touche pas tout a fait le fond; il doit étre établi de maniére & pouvoir aspirer tout ie liquide sans que l’écoulement en soit géné, et il faut qu'il soit place tres solidement. Ce tuyau a dans le haut de l’appareil un robinet a trois eaux, ou bien un embranchement de tubes qui permettent de diriger les liquides aux étages supérieurs selon leur nature. Au-dessus du monte-jus i y a un robinet de prise de vapeur, un robinet 4 air et un trou d’homme pour le nettoyer. On le remplit en ouvrant un robinet qui communique avec un bassin d’alimeniation que l’on place a a son coté et au méme niveau. Comme 1 est nécessaire, pour qu’il fonctionne bien, qu’il y ait unt chambre a vapeur, c’est-a-dire un peu d’espace entre le liquide et les parois supérieures ot la vapeur vien' presser le liquide, on établit sur un des cétés un robinel de trop plein qui prévient lorsque le niveau le plus con venable a été atteint, car sion remplissait trop le monte- jus ilne pourrait fonctionner d’une maniére convenable Losqu’on a négligé d’ouvrir le robinet de trop plein, ox entr’ouvre le robinet de communication afin de dégorge Vappareil dans le vase intermédiaire. Voici quelle est la marche de l'appareil : on vide dans le bassin d’alimentation les jus ou liquides destinés : remplir le monte-jus. Le bassin ou vase intermédiairé peut ¢tre construit en divers matériaux : téle, fonte cuiyre, ciment, bois, etc., selon les liquides que l'on ai élever; on ouvre le Paice de prise d’air placé sur i =, ll Ry Pl am eo = hs "APPAREILS. See thaee PERFECTIONNES 819 Bess. puis le robinet de communication du bassin dalimentation, ensuite on place un petit vase sous le robinet de trop plein, on l’entr’ouvre, et on ferme le robinet de communication entre le bassin d’alimentation et le monte-jus dés que le robinet de trop plein com- mence a couler, ce qui indique que le niveau a été atteint ; on ferme le robinet de trop plein et celui de prise d’air, ensuite on ouvre le robinet & trois-eaux ou le robinet dembranchement, sil y en a plusieurs, de maniere a diriger le liquide ot l’on veut; il suffit alors d’entr’ ouvrir le robinet de prise de vapeur pour que la pression fasse remonter le liquide avec rapidité par le tuyau central; lascension est tres rapide, surtout si le tuyau est assez gros. Lorsqu’il ue reste plus de liquide dans le monte-j Jus, la vapeur remplace dans le cuyau de sortie le liquide qui est monté, ce que l’on reconnait lorsqu’il s’est échauffé au point de ne pouvoir plus y tenir la main. Lorsqu’on a des jus visqueux ou épais, tels que des sirops, etc., & monter a l’aide du monte-jus, on accélere Técoulement entre le vase intermédiaire et le monte-jus, en faisant le vide dans le monte-jus, de sorte que la pression atmosphérique active le mouvement en agis- Sant a la surface du vase intermédiaire. On chasse l’air que renferme le monte-jus en fermant tous les robinets et en ouyrant ensuite un des robinets de conduite du centre, puis on ouvre le robinet de prise de vapeur qui, ens ees niehnt dans l'appareil en chasse l’air; on ferme Je robinet d’écoulement des que l’on reconnait a la main qu il est échauffé, et l’on ferme simultanément le robinet de vapeur au bout de quelques minutes, cette vapeur se ‘condense et fait le vide; il suffit d’ouvrir cing minutes apres le robinet de communication pour que le liquide : soit rapidement aspiré par le vide qui existe dans l’inté- rleur. eS te SS ee a Fo EE ae “of Qc Se ae te Ye acne bn Veet ee aS Feta tha oar So was é< pee ie pa pies ee icine i Bic ate ee, ,* sa > 2, SN ae ag oP ie: yo RR re ee ‘a ~ a L) ~ xy 01) tiers seal ‘CHAPITRE- QUATORZIEME. Les monte-jus agissent d’une manigre tres Tapia et leur simplicité de fonctioddemene fait quils sont peu sujets aux réparations lorsqu’ils ont été établis dans les mémes conditions que les générateurs. Laveurs. — [| existe de nombreux modeles de laveurs ou débourbeurs. Cet appareil est indispensable lorsque Yon traite des racines ou des tubercules. Il existe des modéles qui peuvent se mouvoir a bras; dans les sucre- ries de betteraves et les féculeries de pommes de terre, on se sert de débourbeur dont le mouvement rotatif est donné au moyen d'une poulie, qu’une transmission ou courroie raccorde avec un moteur 4 vapeur. C’est un cylin- dre formé par des tringles en bois dur écartées entre elles de trois centimetres environ (l’écartement est augmenté ou diminué selon la nature des matiéres a laver). Ce cylin- dre a un axe en fer qui est supporté & ses extémités par des coussinets en cuivre fixés sur une tres forte caisse en bois de chéne; les tringles sont fixées de distance en distance sur des cercles en fer que deux rayons relient a l’axe. Le lavage des racines se fait de la maniére sui- vante : on incline la table qui porte le cylindre selon les matiéres que l’on a a traiter; les tubercules ronds ou presque ronds, tels que les pommes de terre, ete., en exigent moins que les racines longues, telles que les betteraves, etc.; cette pente est d’environ 3 a 6 centi- metres par métre, afin que, par le mouvement de rotation, les racines puissent traverser le cylindre qui doit plonger d'un tiers dans l’eau; on jette dans une trémie, placée a l’extrémité du cylindre et ayant un fond incliné, les racines destinées a étre lavées, et on met Je cylindre en mouvement; il faut qu’il fasse une vingtaine de tours par minute pour pouvoir laver d’une maniere convenable; les racines, tout en tournant dans le cylindre immergé, pe iE a =) a © : Y Y =e = j iY YU jj "oD 1 OF ay, f UYU YY Wy Ly) Y, fy} z et a ) Ga = & on 7 y Yell > 7 iS om = Kp i) Ub YY © ee = Peta Aap 4 Doe Nie nye Apa as Pe. pee eae Ge eth op sc atk me,.- : "APPAREILS DISTILLATOIRES SECRETION ES. 324 ‘se Potten! les unes contre les autres et avancent peua peu vers l’extrémité opposé du cylindre ot une grille & hélice en facilite la sortie. ~ L’eau de lavage doit se renouveler des qu'elle est trop chargée ; la caisse doit étre assez profonde pour que la terre et les graviers tombent au fond de ]’eau et ne soient plus repris ou entrainés par le mouvement rotatif du eylindre. Cuve mécanique anglaise (mash-ton). — Pour préparer la fermentation des grains destinés a la fabri- cation de la biére ou a la disiillation, on installe, en Angleterre et sur le continent, des cuves de macération ou le brassage s’opere par un moulinet intérieur. Ces cuves ont un double fond percé de trous coniques dont lévasement se trouve dans la partie supérieure; au- dessus du double fond, un tuyau communiquant avec le générateur y injecte de la vapeur, ce qui permet de porter rapidement leliquide au degré que!’on désire; un robinet et une portitre placés au niveau du faux fond permettent Pécoulement du dépét et le nettoyage, et un second robi- net avec portitre sert 4 l’ccoulement du liquide clair et facilite le nettoyage de cette partie. Dans I’alcoolisation des grains par l’orge germée ou malt, on opere de la Maniére quisuit: on délaie a l’aide d’un moulinet méca- nique actionné par une poulie reliée au moteur a vapeur, 4,000 kilogr. de farine de céréales avec 4,000 litres d’eau; ensuite on ouvre le robinet de prise de vapeur placé sur Te faux fond et on continue a laisser le moulinet en mou- vement; on ferme alors ce robinet jusqu’a ce que le mélange ait atteint 80° centigrades, on verse (en conti- nuant de laisser le moulinet en action) 150 kilogr. de farine d’orge germée ou malt; on laisse le moulinet en mouvement pendant quatre heures en suspendant l’in- yas 7 lie a" ¥ Serre OC. ghee Pe ee a Sree ak ee, La eee Ae 2 Re ee AS a ee Tee Bt geal ae a ve e~ 322 — GHAPITRE QUATORZIBME, Ba jection de vapeur et maintenant le liquide a la tempé- rature de 70° centigrades. Apres ce temps on laisse reposer, et en ouvrant le robinet placé entre le faux fond, le liquide se rend dans un monte-jus, qui le ren- voie soit dans la cuve a fermentation, soit au-dessus de cette cuve dans un appareil a filtrer. On fait ensuite une seconde trempe avec 2,000 litres d’eau que, par injection de vapeur, on chauffe a 90°, tout en mettant le moulinet en mouvement; on laisse macérer deux heures seulement et on soutire le liquide pour le réunir au pre- mier et le mettre en fermentation. Apres avoir été cla- rifiée, l'eau du lavage du résidu qui reste sur la cuve sert a la macération qui suit. Saccharification des grains par les acides. — Nous avons déja dit que les grains pouvait se saccharifier par les acides, mais que ce procédé n était pas agricole, parce que l'acide doit étre saturé et que le résidu ne eonvient pas ala nourriture du bétail; de plus, ce procédé exige l'emploi du barbotage de vapeur prolonge. On opere ainsi qu'il suit : le grain enticr est mis a tremper dans deux fois son poids d’eau contenant 2 cen- tiemes d’acide sulfurique 4 66°, le trempage dure vingt- quatre heures; au bout de ce temps, les grains ramollis sont jetés dans une trémie au bas de laquelle ils passent entre deux cylindres qui les broient, ensuite on jette le tout dans une cuve ou, par le moyen d'un barbotage de vapeur prolongé pendant quinze heures environ, on en obtient la saccharification. On's’assure qu'elle est com- plete au moyen de la teinture d’iode. On laisse refroidit l’échantillon dumélange : lasaccharification est complete jorsqu’il ne se produit plus de coloration violette pat |'iode. Ensuite on sature l’acide par la craie, et on laisse le liquide déposer pendant douze heures, en ’écoulant datis ‘des -bacs-plats placés ‘au bas:dela‘cuve ot le refroi- ne = ae Stl se ici ee a a Pays Dente eae Pal ieee ie Se Sa il Bae as ct ig ik oe ot Sales tae < b % — a r , , APPARBILS DISTIELATOIRES ; PERFECTIONNES. 323 dissement s’ opere plus facilement on soutire alors le liquide clair que l’on étend d’eau froide, de maniére que le mélange ait une température moyenne de 23° et une densité de 8 a 9’, et on le met en levain. Le dépét qui reste sur les bacs est lavé & plusieurs reprises avec de l’eau et filtré : il sert & étendre de nouvelles fermentations. Saccharification de la fécule par l’acide. — La cuve doit étre en bois de pays de10 centimetres d’épais- seur ou doublée en plomb a cause de l'action de l’acide sulfurique; elle a, 4 sa partie inférieure, un tuyau de harbotage en plomb qui sert a y injecter la vapeur, et sur son fond supérieur un entonnoir qui sert a y vider ta fécule, car il est utile de diriger dans un tuyau les émanations qui se produisent. On opere de la maniére suivante : on vide dans la cuve de l’eau acidulée d’acide sulfurique a 66° dans les proportions de 2 pour 100 de -fécule séche. La quantité d’eau & employer correspond, fe par 1,000 kilog. de fécule, a 4,000 litres, dont 3,000 L- tres sont versés dans la cuve avec 20 lee a’ ade (On regle cette quantité selon la contenance de la cuve, qui doit étre aux deux tiers remplie.) On réserve, par 1,000 kilog. de fécule, 1,000 litres d’eau sur la quantité totale & employer; elle sert & dé- layer la fécule que l’on vide dans la cuve peu a peu par Yentonnoir disposé a cet effet. On commence |’opération en envoyant dans la cuve eau froide acidulée; puis on ouvre le robinet de prise de vapeur qui doit mettre cette eau en ébullition. Plus ‘Pébullition sera tumultueuse et mieux s’effectuera l’opé- ration; en conséquence, on augmentera la pression, que lon portera a trois atmospheres. Lorsque l’eau acidulée sera en ébullition, on versera dans ]’entonnoir (en main- tenant sans cesse un barbotage énereique A Focute? ac j Jayée dans le double de son pods d’eau et par 20 litres — environ a la fois. | Toute la fécule étant versée, on laisse la macération s’accomplir environ une heure et, au moyen de J’iode, on s’assure qu’elle est terminée. On ferme alors le robi- net de vapeur et on procede a la désacidification avec de la craie que l’on a délayée dans un peu d’eau et que lon projette par une portiere pratiquée sur le fond de la cuve; on remue entre temps et on s’assure de la désaci- dification au moyen du papier bleu de tournesol, dont nous avons déja indiqué l’emploi (page 278). Il ne reste plus qu’a laisser la cuve en repos et a Ja soutirer douze heures apres pour mettre le mout en fermentation. Pompes, transmissions. — Tous les systemes de pompes peuvent étre actionnés par la vapeur; a l'aide _ d’excentriques, on peut faire fonctionner plusieurs pom- pes ala fois. Les pompes Japy et les pompes rotatives sont les plus usitées; on doit d’ailleurs n’employer que les plus simples possible. Les transmissions servent, a Vaide de poulies et de courroies, a faire fonctionner les — diverses machines agricoles dont on a dans une ferme des emplois multiples, Rapes et presses. — Les bonnes rapes a racines - exigent une force motrice considérable, car pour que le travail soit parfait, il faut que le cylindre fasse au moins mille tours par minute : la division de Ja pulpe doit étre complete, parce que, dans le traitement a froid, plus la pulpe est divisée, plus grand en est le rendement en jus sucrés. Avec une bonne rape, on obtient jusqu’a 20 pour 100 de plus qu’avee un rapage imparfait. La rape est un cylindre creux en fonte, tournant sur son axe; des lames ; x ee Pe TE Seen ae ge ee Cae. APPAREILS DISTILLATOIRES PERFECTIONNES. 325 _ “dentées entrent a coulisse dans une rainure et sont fixées — _par des traverses en bois qui en maintiennent l’écarte- ment; on presse les racines contre la surface du cylin- dre a l’aide d’un sadot ou pressoir en bois, et la pulpe tombe dans une caisse doublée en cuivre placée sous Yappareil. Les pressoirs agricoles suffisent d’ordinaire dans le traitement des fruits et des pulpes macérées. Une presse plus puissante est la presse hydraulique, dont on se sert pour l’extraction de lhuile des graines oléagineuses, et dans la dessiccation de diverses pulpes a état frais ; mais, dans l’alcoolisation des fruits, les mares étant utilisés, on peut se passer de son emploi. L’installation _ de la presse hydraulique est d’ailleurs fort cotiteuse; on ne ]’établit que lorsqu’on doit s’en servir fréquemment. CHAPITRE XV FABRICATION DES LIQUEURS DE TABLE. Observations préliminaires, — Classification des liqueurs. — Analyse commerciale des liqueurs. — Evaluation de l’alcool et des matiéres sucrées qu’elles renferment. — La- boratoire, dispositions générales; alambics divers : simples, & col de cygne, a téte de more, & plateaux rectificateurs, — Bains-marie simples, percés, grillages, conges, filtres divers; chauffage 4 feu nu, au bain-marie, 4 la vapeur; chaudiéres et bassines & sirops et conserves; armoire & conserves; accessoires divers, presse, mortier, etc. — Préparation et conservation des eaux aromatiques distillées; eau distillée simple. — Observations préliminaires sur la distillation des eaux aromatiques; fleurs d@’ oranger, roses, plantes, fruits, graines et bois aromatiyues. — Extraction des huiles essen- tielles ; observations préliminaires.— Essences obtenues par expression, par distilla - tion; autres procédés employés, — Infusions et teintures aromatiques. — Esprits parfumés obienus par distillation. — Sucre; diverses variétés de sucre, sucre raftiné de canne et de betterave; sucre brut; glucoses diverses; glycérine. — Clarification du sucre, sirop vierge, sirops rafraichissants.— Confection des liqueurs non sucrées. — Observations. — Absinthe, bitter, kirsch. — Fabrication des liqueurs de table par tous les procédés connus. — Confection. — Clarification. — Conservation, vieillisse- ment. — Coloration des liqueurs. — Anisettes, curacao, cacao & la vanille, menthe, moka, noyau, vanille, rose, fleurs d’oranger, angélique, élixir Raspail, Garus, char- treuse, liqueurs similaires 4 la chartreuse. — Séves de pin et sapin; créme de thé, @illet, eau-de-vie de Dantzig, kummels, cassis, fraises, framboises, marasquins, eau de noix, rosolio, alkermés, huile de rhum, kirsch, absinthe, cognac, armagnac; punch au rhom, @ l’armagnac, au cognac, au kirsch; parfait-amour, vespetro, liqueur dor, scubac, china-china, liqueur des files; crémes, huiles et baumes de divers noms. — Fruits @ l’eau-de-vie et fruits au sucre. Observations préliminaires. — Les liqueurs de table peuvent se préparer par six procédés différents : 1° Par la distillation directe des aromates avec !’alcool apres avoir préalablement laissé infuser les aromates plus ou moins longtemps dans l’alcool simple : i Set at 2 ep = Las Arh Pera = é FABRICATION DES Horns DE TABLE. pa? Par ta distillation séparée de chaque variété d’aro- mate avec l’alcool, et le mélange de ces divers esprits au moment de la confection des liqueurs ; 3° Par la distillation séparée des aromates avec de Yeau, et le mélange de ces eaux aromatiques distillées avec l’alcool et le sucre; 4° Par les infusions alcooliques ou teintures des subs- tances aromatiques dans I’alcool; 5° Par l'emploi des sucs de fruits en infusions pes liques ou fermentées ; 6° Par la dissolution des huiles essentielles ou essen- ces dans l’alcool simple. La plupart des liqueurs surfines sont fabriquées par Vemploi combiné de plusieurs des procédés énumérés plus haut : ainsi le cacao a la vanille est le produit de la distillation directe du cacao joint & une infusion de vanille; l’anisette surfine est le produit de la distillation alcoolique de divers aromates auxquels on ajoute de Yeau de fleurs d’oranger et des infusions; le cwracao se fabrique par distillation directe et on y ajoute une infu- sion, etc. Dans la premiere édition de cet ouvrage, nous ne dé- crivions que la fabrication des principales liqueurs dexportation. Les renseignements qui nous ont été demandés depuis nous obligent a parler de la fabrication de toutes les liqueurs de tables par les divers procédés connus. On choisira le mode le plus approprié a /owszl- lage que l'on possede, selon que !’on aura sous la main les matitres premiéres destinées 4 fournir les parfums ou que l’on se trouvera forcé de les acheter toutes pré- parées. On sait que sous des noms tres différents il y a un grand nombre de liqueurs qui ont les mémes bases aromatiques; nous nous attacherons a décrire surtout les modes de préparation de la liqueur la plus connue a : ~~ ar phy SAU: - CHAPITRE QUINZIEME. | du groupe, en écartant celles a noms par trop fantai- sistes, ou dont les aromes sont peu demandés. Classification des liqueurs. — Malgré leurs diffé- rents genres de fabrication, la composition générale des liqueurs est toujours la méme, et de quelque nom bizarre ou pompeux qu’elles soient décorées, ce sont constamment des mélanges d’alcool, d'eau, de sucre et d aromates en diverses proportions. Leur qualité dépend principalement de la base qui a servi a leur fabrication, cest-a-dire de la qualité et de la quantité d’alcool pur quelles renferment, jointe aux proportions et a la qua- lité des matitres sucrées, au choix des aromates em- ployés, & leur mode de préparation et a leur vieillesse. La classification de la qualité commerciale des liqueurs repose sur les proportions d’alcool pur et de sucre quelles renferment; ce classement est tout arbitraire, car une liqueur peut avoir un titre alcoolique moins élevé et une densité moins forte qu’une autre et étre néanmoins infiniment supérieure. Ainsi, prenez d’une part des eaux-de-vie rassises d’Armagnac de bonne nature, faites-y infuser les aromates pendant une hui- taine, et distillez ensuite lentement au bain-marie a aide d’un alambic rectificateur; ajoutez-y du sirop vierge de canne et faites votre liqueur de maniere quelle renferme 28 pour 100 d’alcool pur et 375 gram- mes de sucre. D’autre part, prenez du trois-six de bette- rave, faites-y dissoudre les essences qui donnent le 7a que vous rechercherez, et ajoutez-y du sucre et de la glucose de maniére que la liqueur renferme 35 pour 100 d’alcool pur et que sa densité soit de 23°, ce qui représente 560 grammes de sucre par litre. Comparez ensuite les deux produits, surtout lorsqu’ils auront quel- ques mois de repos, vous trouverez alors la liqueur dont — = i aes Bae ie: P-, tQHy 3 _. FABRICAT ae iin er AEF ye 2 ION DES LIQUEURS DE TABLE. sage PA as ani " baer Yeau-de-vie directe d’Armagnac forme la base et dont les aromates ont été combinés par la distillation infini- ment supérieure a celle faite avec le trois-six du Nord et dont le mode de préparation a été la dissolution des essences. Les meilleures liqueurs sont faites par la distillation directe des aromates dans |’alcool ou l'eau, ce qui forme des esprits ou des eaux aromatiques; et les plus infé- rieurs, par infusion et dissolution d’essences. Dans les premiéres, les aromes se combinent intimement pendant la distillation; tandis qu’en procédant par infusion, on introduit souvent dans le liquide, outre les principes aromatiques, des éléments amers, acres, qui nuisent a la délicatesse du gout. Préparés par dissolution d’essen- ces, ces liqueurs ont, en outre, l'inconvénient de perdre de leur parfum en vieillissant, d’avoir une certaine dcreté, et, si les huiles essentielles sont vieilles, de con- tracter un gout de rance. _ Pour pouvoir se conserver longtemps et subir, sans se détériorer, l’influence de températures irréguliéres, sup- porter les longs voyages d’exportation et acquérir de la qualité en vieillissant, il faut que les liqueurs aient wn titre minimum de 95 pour 100 d alcool pur ; on verra que certaines liqueurs destinées a ¢tre consommees a Yintérieur ont une moyenne moindre. Quant au maxi- ‘mum, il n’yaacet égard aucune regle fixe; ainsi cer- _taines liqueurs ou élixir renferment jusqu 4 60 pour 100 alcool pur (la chartreuse verte du couvent atteint ce titre et ne renferme que 125 grammes de sucre); toute- ois, 4 part quelques élixirs spéciaux qui sont plutdt des édicaments que des boissons de table et qui renferment usqu’a 72° d’alcool pur, la généralité des liqueurs a un~ tre moyen qui dépasse rarement 35 pour 100 d’alcool 330. | - CHAPITRE sien Beaucoup de fabricants abusent des titres de qualité supérieure, ou de surfin, extra-fin, superfin, ete., qu’ils appliquent a des produits bien inférieurs. (Nous ne par- lons pas des liqueurs dites dowd/es que certains débitants dédoublent avec de l’eau pour en faire des liqueurs ordi- naires & cause de l'infériorité de ce procédé). On ne peut se rendre un compte exact de la quantité d’alcool pur et de matitre sucrée qu’une liqueur -renferme qu’en Vanalysant; nous parlerons ci-apres de cette opéra- tion. La désignation des liqueurs, ainsi que leur titre alcoo- lique, la quantité et la qualité des matitres sucrées qu’elles renferment, varient chez chaque fabricant. On les divise en liqueurs ordinaires, dont il y a trois variétés : ordinaire, ters-fine et ma-fine, et en liqueurs fines, dont il existe également pour le dosage trois variétés : fine, surfine et extra-fine. Toutefois la plupart des désignations adoptées se rapportent au tableau suivant pour les doses de sucre et d’alcool pur. : DESIGNATION DEG RE aes aE : i= SUCRE. apres. cea A ; DE LA QUALITE. Pése-sirop Baumé (4). : en Ordinaire....| Mi-fine....... 20 125 er. 6 Tiers-finb. ck. iaF ef ak 22 200 Mi-fine. ss) ok | AUPE G2. cae 24 250 ll PAN Aone ....| Extra-fine.... 28 375 15 Surfine......| Superfine.... 30 500 21 Extra-fine....| Qualité supéte} 35 560 23 (1) On observera que le pése-sirop introduit dans la liqueur avant la distillation marque un degré moindre, ce qui est di a la présence de l’alcool, qui rend la liqueur moins dense. * mee 5 wa ad ~ 4 + " PGT ion DES LIQUEURS DE TABLE. SF Pr NN Loe et Nace SAR Ty: TEN | ag ed . . far, , A part les désignations de qualité, on applique le nom d’eau et de créme aux liqueurs blanches, d’hatle aux liquears blondes ou rousses; d’élizir aux liqueurs ires aromatisées; de ratafia a alles ou il entre plus spécialement des infusions ou des sucs de fruits. Analyse commerciale des liqueurs, évaluation de l’alcool et des matiéres sucrées qu’elles ren- ferment. — Le prix des liqueurs surfines dépend, non seulement de leur bonne confection, de la qualité de Valcool qui a servi de base a leur fabrication, mais encore et surtout de leur vieillesse. Le temps donne aux liqueurs bien confectionnées, apres plusieurs années, une unifor- mité de saveur, un rancio, un gott de vieux, qui font les délices des amateurs. Les liqueurs les plus renommées, les chartreuses, les anisettes surfines, les liqueurs des iles, etc., doivent sur- tout leur supériorité 4 ce que leurs fabricants ne les livrent a la consommation que lorsqu’elles sont vieilles. A cet effet, aw leu de fabriquer au fur et a mesure des besoins ou des commandes, comme beaucoup de liquoris- tes sont obligés de le faire, faute d’avances suffisantes ou de place, ils ont en réserve une rangée de foudres pleins de liqueurs confectionnées qui ont vieilli, et des qu’un foudre est vide, on le remplit immédiatement de liqueur nouvelle. De cette maniére, on peut faire face méme 4 de fortes commandes, sans étre obligé de livrer des produits récents et de autier® a la hate. Les li- queurs qui ont vieilli dans les foudres ont été filtrées et parfaitement clarifiées avant d’y étre introduites; elles déposent un peu dans les foudres sans perdre leur limpi- dité, et, mises ensuite en bouteilles, elles ne forment plus, en cours de voyage, dépét sensible. Au contraire, les liqueurs récemment faibles et filtrées peu avant l’ex- 1 le aie - an Fe 20) ppd ncaa aT Te gee te Bie aag ok, ines ob eta rs ae CHAPITRE OUINZIEME. Ratton: sont susceptibles de déposer dans les bouteities D’ailleurs, la différence de gout entre les liqueurs nou- velles et les liqueurs vieilles est trés grande. En 1852, on vendit, par voie judiciaire, dans un ma- gasin de Bordeaux, de fortes parties de liqueurs, que nous goutames avant la vente. Il y avait un lot considé- rable d’anisette dite surfine. Cette anisette, dont nous primes un échantillon, était tres chargée de sucre, puis- quelle en renfermait 560 grammes par litre et avait 27 pour 100 d’alcool pur; mais elle laissait & désirer sous le rapport de la saveur : bien que trés aromatique, elle avait un gout prononcé de feu, qui la rendait commune et qui provenait du manque de soin dans la distilla- tion. Nous avions ordre d’acheter, pour le compte d’une mai- son qul s occupait de l’exportation des liqueurs, si tou- tefois les prix d’encheres ne dépassaient pas les prix de revient. | Ces anisettes nous resterent & peu pres au prix de fabrication des anisettes communes. Transportées en magasin (elles étaient en caisses), on les placa dans un colin et on ne s’en occupa plus. Prés de dix-huit mois apres, ayant ordre d’expédier des anisettes assorties, ordinaires et surfines, on songea & Jes déguster, afin de les classer dans ]’expédition, et nous fames bien étonné du changement qui s’était opéré en elles : elles avaient perdu leur gotit de feu et possédaient ce moelleux, ce rancio tant recherchés des amateurs; elles avaient, en un mot, la finesse de gout des anisettes surfines vieilles; elles ne laissaient 4 désirer que sous le rapport de la limpidité : le dépét était considérable au fond des bou- teilles; nous fames obligé de les filtrer. Alcool. — On se rend un compte exact de l’aleool que renferme une liqueur en la distillant 4 l’aide d’un petit F >; oa a iambic die essal. Lorine la maniere rere: est exacte- ment la méme que celle que nous indiquons p. 2332, t. II, il est inutile d’y revenir; disons seulement que la plupart des petits alambics d’essai n’ont pas d’alcoombtre mar- quant au-dessus de 25°: dans ce cas, on devra diviser le liquide, en diminuer le titre de moitié, il suffit pour cela de n’en mettre dans l’éprouvette que la moitié de sa contenance, de finir de laremplir avec de l’eau et de dis- tiller ensuite : le titre accusé par ce mélange sera la moitié seulement de l’alcool pur que renferme la liqueur a analyser. Matiére sucrée . — Apres la distillation, il ne restera dans la cucurbite que de la vinasse. On la laissera refroi- dir et on en mettra dans l’éprouvette qui a déja servi a mesurer la liqueur avant sa distillation; on rincera la cucurbite avec de l’eau distillée afin d’enlever le peu de matiere sucrée qui aurait pu rester contre ses parois, puis on remplira jusqu’au trait qui a déja servi 4 mesurer la liqueur avant de faire la distillation d’essai; on agitera Je liquide et on constatera sa densité a l’aide du peése- sirop de Baumé. Si l’éprouvette n’avait été remplie qu’a moitié avec la liqueur, la densité serait double de celle qu indiquerait le pese-sirop. Evaluation de la quantité de sucre que renferment les solutions sucrées. — On reconnait, a l'aide du pese-sirop de Baumé, la densité des sirops et des solutions sucrées, selon le degré marqué a l’aréométre; on se rend ainsi approximativement compte de la quantité de matiére sucrée qu’ils renferment, mais non de la qualité de cette matiére, qui peut avoir été augmentée par des glucoses, de la dextrine, de la glycérine. Ce mode d’analyse ne peut donner que des résultats peu rigoureux, parce que la pesanteur spécifique des sirops et des autres liquides venfermant des matiéres sucrées peut étre augmentée To Uy ie, Fe id Be EAT va Dae Ge ee ma pega ieee She he.” ¥ ae - CHAPITRE QUINZIEME. — par la qualité de l'eau qui a servi 4 dissoudre le sucre, par la présence de sels calcaires et d’autres matitres en dissolution dans l’eau, par la dextrine que renferment les sirops de fécule, etc. Ainsi, nous avons fait souvent la remarque que l'eau distillée donnait, sur les eaux po- tables les plus limpides et les moins chargées de sels cal- caires, une différence en moins de 0°25 a 1° a l’aréo- metre. | La meilleure maniére pratique d’opérer serait de cons- tater la quantité de sucre au moyen du saccharimétre optique; mais, dans le commerce des liqueurs, on ne peut pas toujours avoir cet instrument sous la main. Néanmoins, on se rendra un compte assez exact (pour des données commerciales) des quantités de sucre que renferment les-solutions sucrées, les liqueurs, les vins oules sirops, en faisant évaporer leur alcool, en laissant précipiter et cristalliser les sels végétaux par le refroi- dissement, et en constatant ensuite la densité du liquide a l'aide du pese-sirop. D’autre part on prend de l’eau distillée, en quantité déterminée, on y fait dissoudre du sucre en poudre préalablement séché et pesé; on s’assure dela densité en pesant de temps en temps la solution, et on ajoute, avec précaution, du sucre pesé, jusqu’a ce que la densité des deux liquides soit égale. Connaissant la quantité de sucre qui a été nécessaire pour donner a l’eau la méme densité qu’a la liqueur essayée, on en déduit naturellement que celle-ci renferme une dose de sucre égale. Par des solutions de sucre en poudre dans de l'eau distillée, nous avons constaté les degrés suivants au pese- sirop. Nous ferons observer que l'état hygrométrique du sucre peut influer sur le résultat. Voici la quantité approximative de sucre contenu dans leliquide, selon le degré trouvé a l’aréométre, pese-sirop “a Se ae Cn a el , Rae = FABRICATION DES LIQUEURS DE TABLE. 335 __ wee eo: de Baumé, a la température moyenne de 18° centi- grades (1) : DEGRE DEGRE DEGRE bu SUCRE. DU SUCRE. bu SUCRE. PESE-SINOP. PESE-SIROP, PESE-SIRUP. Jo 208r 15° 3098T 280 692er Qo 40 16° 385 290 720 3° 60 17° 4)1 300 745 40 80 ]80 436 31° Wits) 5e 100 19° 462 320 800 6° 125 200° 488 33° 825 eater 5] 21° 512 340 850 80 177 229 538 35° 875 BoP 63 230 5d4 36° 900 109 229. 24° 590 370 925 lI° 255 25° 615 38° 950 Be or, 281 260 640 390 975 270 LABORATOIRE. Dispositions générales.— L’installation d’un labo- ratoire dépend des travaux que l’on se propose d’y exé- cuter, de Ja grandeur des appareils, de leur mode de chauffage, de Vimportance de la fabrication autant que de son mode d’exécution ; mais, quel que soit le genre d’exploitation, il doit étre parfaitement éclairé et aéré, et comme il doit étre souvent lavé 4 grande eau, il faut gu’il soit cimenté, carrelé ou dallé en pierres dures reliées avec du ciment, ce qui est préférable dans les (1) Les fractions de degré'se ‘calculent jpar la différence:en poids d'un degré alautre. te Oe ee ee oe hee A OR eat TP Ca, 336 ==———s CHAPITRE QUINZIEME. SN yak eh Raden We et ACTS | ee Are Ao ai 5 Ne és ee ein grands établissements & cause des chocs violents que recoit le sol. La confection des liqueurs s’exécute de plusieurs maniéres quant ala préparation préalable des aromates ; mais le mélange de l’alcool, des aromates et des matiéres sucrées se fait presque toujours a la température de atmosphere ; il suffit pour l’effectuer de vider dans un vase l’alcool parfumé, puis les eaux aromatiques, et ensuite la matiére sucrée, et de remuer le tout ensemble; il ne reste plus ensuite qu’a clarifier la liqueur; cela peut se faire dans un vase queleonque; mais pour faci- liter le dosage, on se sert de conges et de filtres fermés qui accélérent la clarification. Les conges et filtres for- ment le laboratoire mobile des liquoristes qui travaillent a froid, c’est-a-dire sans appareil distillatoire. - Laboratoire; travail 4 froid. — On comprend que pour ce genre d’installation le choix du local importe peu; pour accélérer la besogne, il suffit d’avoir un conge, un filtre fermé et des décalitres. Conge. — Le conge est un vase parfaitement cylin- drique, en cuivre, étamé al’intérieur, ayant un diamétre de 50 centimetres sur 75 centimetres de hauteur; il dépote environ 150 litres, et le mélange d’un hectolitre de liquide s’y fait avec facilité. Son orifice supérieur est muni d’un couvercle mobile ; & son extrémité inférieure, rasant la surface du fond, est soudé un gros robinet sur lequel est piqué un second robinet vertical qui supporte un tube de verre fixé prés d’une échelle graduée litre par litre : il suffit d’ouvrir le petit robinet vertical pour mettre le tube en communication avec l’intérieur du conge; la contenance étant accusée par 1’échelle, les mélanges se font ainsi avec beaucoup de régularité et de facilité ; les conges servent aussi pour dépoter les fits, etc. Pour ces ple =e wm | a + pond Call =a : ah Bar Ree ia 2S ease peers eee NET eS -planche 12, soit par un tuyau extérieur, ce qui est pré- férable, car alors le filet d’eau introduit, ne traversant pas les couches chaudes du haut du réfrigérant, n’a pas le temps de s’échauffer. Cette disposition est indiquée figure 43, planche 42. Le réciprent est un vase quelconque que |’on place sous le bec a corbin de l’alambic; il y en a de spéciaux, dont nous parlerons plus loin. Pour éviter |’évaporation et la volatilisation des aromes, il y a avantage a se ‘servir de récipients en cuivre, étamés a l’intérieur et munis d’un couvercle; ils sont garnis de deux anses. Nous en donnons un spécimen a la figure 46, planche 12. L’alambic complet 4 ¢éte de more se compose : 4° dune cucurbite, 2° d'un bain-marie, 3° d'un chapi- teau, 4° d'un serpentin, et enfin, comme pices complé- mentaires, 5° d'un réfrigérant et 6° d'un récipient. On raccorde les diverses pieces avec des cercles a collet et des manchons, et on Jes enduit de lut. Alambic a colonne a plateaux rectificateurs. — Cet alambic est a col de cygne; la cucurbite et le bain-marie sont de méme forme que ceux de l’apparcil a téte de more; il n’en differe que par la forme du chapiteau qui surmonte le bain-marie et dont nous donnons le dessin, planche 12, figure 43. Ce chapiteau s’éleve en forme de colonne au-dessus dn bain-marie; il renferme 4 l’inté- vrieur deux plateaux qui ne laissent pénétrer la vapeur que par un tube central qui est recouvert d’une capsule ou godet maintenu par deux brides prés de leur surface. Il s’établit sur les plateaux un commencement de recti- fication par la condensation des premiéres vapeurs qui retombent liquides sur ces plateaux. Ensuite, vers la fin de l’opération, les vapeurs finissent par barboter entre les godets qui baignent dans les petites eaux et sont encore rectifiée. Dans bien des cas, ces appareils peuvent FABRICATION DES LIQUEURS DE TABLE. = 343. ae EP ee PN ee Oe a ak Oe ee Co te egy a i SM Oe oe ae _” Say »” _\ Pee el oY es Le sanere PS ge eR ge SS ae Oe ety “4 344 = GHAPITRE QUINZIEME. ~~ Ss OR ea % dispenser de la rectification; ils sont en outre plus. faciles & conduire, ont une marche plus régulitre que ceux a col de cygne, sans colonne, ni plateaux; ce qui s’explique par les dimensions de la colonne qui, offrant plus d’espace a l’expansion de la vapeur, rendent moins sensibles les coups de feu et empéchent que l’appareil ne vinasse (1). Les plateaux ont un robinet établi au niveau de leur surface et qui permet de vider a la fin d'une opération les petites eaux qu’ils contiennent ; cer- tains appareils ont un robinet vertical soudé sur le cha- piteau afin de pouvoir, apr’s une opération, laver a grande eau les deux plateaux, en y injectant de l’eau chaude. La tubulure de cohobation est placée sous les plateaux. Au-dessus des plateaux est soudé le chapiteau, qui a la forme d’un entonnoir renversé se raccordant avec le col de cygne, sorte de tube courbe qui s’éléve au-dessus du chapiteau et conduit les vapeurs dans le serpentin. Bain-marie percé. — Ce bain-marie, dont le cercle- collet a le méme diamétre que celui du bain-marie ordi- naire, est moins profond que ce dernier, et son fond, de forme de convexe, est percé d'une infinité de petits trous ainsi que ses parois; on doit en établir la profondeur de manitre que la cucurbite étant aux trois quarts pleine d'eau, le fond du bain-marie percé n’y baigne pas. On emploie le bain-marie percé dans la distillation des eaux aromatipues ; nous en parlerons plus loin. Cet accident arrive quelquefois avec les alambies & col de cygne ordinaire ou a téte de more. Lorsque le feu est trop violent, les va- peurs entrainent dans le serpentin le liquide qui est en ébullition : on dit alors que l'appareil vinasse, on se hate dans ce eas de rafraichir le chapiteau et de fermer le registre du fourneau; puis, lorsque écou-_ lement anormal a cessé, on reverse le produit dans la chaudiére par la tubulure, afin de le cohober. FABRICATION DES. LIQUEURS DE TABLE. at Aaa Gpillage. — Pour distiller i feu nu et éviter que les substances ne s’attachent au fond de la chaudiére, on y place un grillage supporté par des pieds qui |’écartent de 5 4410 centimétres du fond de la cucurbite; ce gril- lage est divisé en deux parties ou chanteauz, un anneau en falicite la mise en place et la sortie. Il y a des grilla- ges de plusieurs formes : les uns sont des plaques de cuivre perforées, d'autres sont des treillages en cuivre ayant des rebords qui s’élévent le long des parois de la cucurbite, ce qui permet de les charger de mares, de fruits, etc., sans que les matitres puissent s‘attacher contre les parois de la chauditre Conges et filtres. — Nous avons déja indiqué, a la des- cription des laboratoires travaillant a froid, les formes et installations de divers genres de ces deux ustensiles. Pour les grandes opérations, on remplace les conges par une vaste cuve ayant a |’extérieur un indicateur en verre qui permet de contréler exactement les quantités de li- quides au fur et & mesure quils y sont introduits. Quant aux filtres, nous en avons indiqué trois modéles qui sont dun emploi fréquent dans les opérations usuelles. Le filtre fermé dont nous donnons le dessin, pl. II, fig. 130, au tome II de cet ouvrage, est d’un usage tres commode et permet de filtrer de grandes quantités de liquide; on peut établir un réservoir au-dessus de son bassin et, par ‘un robinet flotteur, régulariser l’écoulement du liquide d'une manitre automatique. | Chauffages divers. — On emploie, dans les diverses Manipulations des liqueurs, le chauffage a few nu, au bain-marie et a la vapeur; Vapplication de chacun de ces modes dépend des matiéres a traiter et des Aqua dans lesquels les aromates sont dissous. Chauffage a feu nu. — Ce genre de chauffage s’appli_ | i" + AR eo Re? CO MB ope ee a es Si ey ms at ae 346 ~ CHAPITRE © Ona hia if que & la distillation des liquides aqueux, ala clacigcaGun des sucres, etc. Il offre l’'avantage d'une plus grande rapidité d’exécution, mais, par contre, la conduite de lopération est plus difficile & cause de Vhabitude quwil faut en avoir pour obtenir une chaleur régulitre, empé- cher que les matiéres ne s’attachent contre les parois ou le fond de Ja chaudiére; on évite cet inconvénient en placant un grillage au fond de la cucurbite, et dans les opérations ot l’ona a faire chauffer des matiéres épaisses, en remuant constamment ces matiéres avec une spatule. Il faut surtout éviter les coups de feu en ne mettant pas trop de combustible a la fois lorsque l’opération est déja en marche, et avoir un fourneau dont le tirage puisse se régulariser, car, sans cela, si l’action du foyer est trop forte, on est forcé de retirer le combustible de dessus la grille; avec un fourneau bien construit, il suffit de fer- mer la portiére, le cendrier et le registre de la cheminée, pour modérer le tirage. Chauffage au bain-marie. — Pour ce genre de chauf- fage, on met le bain-marie, apres l’avoir rempli aux trois quarts environ de liquide a distiller, dans la cucurbite, qu’on remplit ensuite d’eau aux trois quarts de sa hau- teur et de maniére que le niveau de !’eau arrive de 5 a 10 centimétres environ au-dessous de la tubulure, selon la grandeur des appareils; on doit observer de daisser la lubulure ouverte, afin que la vapeur praise se dégager librement; sans cette précaution, on s’exposerait a des accidents, produits par la pression de la vapeur. Le cha- piteau étant luté au-dessus du bain-marie ainsi que les manchons de raccord du col de cygne, ou dans les appa- reils & ¢é¢e de more le manchon du serpentin, on allume le feu; eau en ébullition communique la chaleur au bain-marie qui y est immergé; on obtient ainsi une transmission de chaleur plus uniforme. L’eau bouillant y a “FADRIGATION p DES eer DE EE UGGS Saas 2 100° , pour que Vopération puisse marcher d’une ma- niere réguliére, il faut que le liquide que renferme le hain-marie puisse bouillir 4 une température moindre; on sait que l’alcool pur bout a 78°2, et qu’un mélange de 1 d’alcool et 5 d’eau, qui représente 16°60 d’alcool pur, bout 4 86°20; conséquemment, les infusions alcoo- liques, par suite de la présence de l’alcool, peuvent bouillr facilement dans un bain-marie immergé dans Veau bouillante; mais si le bain-marie renfermait de Yeau, la transmission de la chaleur serait trop lente. On obtient par l’emploi du bain-marie une chaleur ré- gulitre, et lorsqu’on opere lentement, & l’aide d’alambics a Be canx rectificateurs, les produits sont tres agréables a l’odorat. Il y a méme ain de régularité dans ce genre de chauffage que dans celui a Ja vapeur, car sila pression du générateur augmente, la chaleur augmente aussi. Il est vrai qu’on éviterait cet inconvénient par un régulateur dont l’échappement serait réglé 4 une atmosphere. Chauffage ala vapeur. — La vapeur d'eau peut étre produite de plusieurs manieres. Lorsqu’on remplit d’eau aux trois quarts la cucurbite, que l’on place dessus un bain-marie percé dans lequel on a mis sans les tasser soit des fleurs, soit des plantes aromatiques, on optre une distillation 4 la vapeur, car la vapeur d’eau en pénétrant ces plantes leur enleve |’arome. ~ On doit 4 M. Soubeiran un systeme de distillation a vapeur applicable aux appareils simples. Il se pratique de Ja maniere suivante : on place un grillage criblé de trous et supporté par trois pieds au fond du bain-marie, on établit ensuite un tu yau recourbé sous le grillage, qui remonte le long des parois intérieures du bain-marie et -aboutit & la tubulure du chapiteau. Cette tubulure est Mise en communication avec la tubulure de la cucurbite par un tuyau recourbé en forme d’anse et ayant un ro- 348 CHAPITRE QUINZIEME. * binet. La vapeur de l’eau en ébullition dans la eucurbite passe par le tuyau recourbé jusqu’au fond du bain-marie, et par son ascension enléve l’arome des plantes. L’emploi de ce systeme exige une chauffe beaucoup plus longue qu’avec le bain-marie percé. Lorsque l’on distille des plantes fraiches tres volumineuses, on les place dans une colonne ayant plusieurs diaphragmes criblés de trous qui en empéchent le tassement : la vapeur les traverse ainsi plus facilement. La vapeur d’un générateur peut, par barbotage, étre introduite dans le bas d’un appareil a colonne chargé de plantes ; en ce cas il faut avoir une certaine pratique pour bien opérer, car le robinet de prise de vapeur doit étre réglé de maniére & ne fournir que la vapeur nécessaire a Heniretien d'un filet régulier d’écoulement et sous une pression uniforme; il convient aussi de ménager un écou- lement hors de l'appareil des eaux condensées que Von recoit par un tuyau placé en contre-bas de l’alambic. La chauffe des alambies a distiller les esprits aroma- tisés s’opere le plus souvent au moyen d’un double fond, ce qui dispense de l'emploi du bain-marie. Ce double fond peut étre établi de plusieurs maniéres; ainsi il peut envelopper entitrement la cucurbite, qu'un tuyau de décharge et une grosse tubulure permettent de vider et de remplir sans démonter le chapiteau, si un trou d’homme facilite introduction et la sortie des plantes ainsi que Je nettoyage intérieur, ce qui économise beau- coup de temps, surtout avec 66 grands appareils. Chaudiéres et bassines a sirops et conserves. — Lorsque ces chauditres sont chauffées par la vapeur, les opéra- tions se font d’une maniére bien plus facile; les chau- divres & sirop peuvent étre chauffées par un double fond, ou bien, quelle que soit leur forme, par un serpentin cir- culant pres de leurs parois et communiquant ayec le = 349 - eénérateur, elles ont un tuyau de décharge ou sont bas- culantes sur pivots; la vapeur s’introduit dans le double fond par une des poignées qui est renforcée et dont l’in- térieur est creux. Cette installation est beaucoup plus couteuse que celle des chauditres qui ont un tuyau de décharge dans le bas; mais en certains cas, lorsqu’on a des liquides a décanter, elle peut étre tres utile. Pour la préparation des conserves et le blanchiment des fruits a x feu nu, les chaudieres sont plates. Dans le traitement a la vapeur, on emploie l’appareil suivant, déja mentionné page 310: | Armoire a vapeur. — C’est une caisse oblongue en forme d’armoire; on |’établit & demeure contre un mur; elle doit éltre construite solidement en bois de chéne, d’ormeau ou autres bois dessence dure, n’éprouvant pas beaucoup de retrait & la chaleur ni de dilatation a Phumidité. L’intérieur est tapissé de plaques de cuivre clouées contre les parois; le fond doit former bassin, afin que les eaux condensées puissent s’écouler facile- ment par le robinet établi a la partie inférieure. Cette armoire est maintenue d’aplomb par des pattes. Les -portiéres doivent avoir de fortes charniéres et des cou- vre-joints métalliques intérieurs et extérieurs. On ménage vers le centre de l'appareil un regard fermé par une glace épaisse afin de voir les degrés de chaleur ‘Marqués par les thermoméetres 4 mercure placés en dedans. Des étageres en fer mi-plat divisent l’intérieur et servent a placer les bocaux ou bouteilles que l’on a préalablement enveloppés de sacs; cette armoire se ferme avec deux barres de fer formant verroux. (Voir planche 12, figure 47.) Pour cuire les conserves on garnit d’abord les étage- res de bocaux ou bouteilles enveloppés dans des sacs a tissus pas trop serrés, puis on ferme les portitres ou “FABRICATION. DES “LIQUEURS 1 DE TABLE. ‘ik ay es Ne 350 Se eee Rep ETE QUINZIEME, R la portiere selon les’ dimensions de armoire: ensuite on place les verroux, on lute les jointures avec des bandes de toile ou de papier collées, apres quoi on entr’ouvre tres lentement le robinet de prise de vapeur, qui s’injecte par le bas, et on observe le thermométre. On n’ouvre le robinet en grand que lorsque le thermo- metre accuse 50°, a cause de la casse qu'une augmenta- tion trop brusque de température pourrait provoquer. Accessoires divers. — Un laboratoire doit étre pourvu des divers ustensiles indispensables dans la grande fabrication pour mieux utiliser les résidus ou préparer les matitres premiéres. Les instruments les plus employés sont les suivants : Presses. — On se sert de presses pour exprimer le suc que renferment les marcs des fruits: cassis, gro- seilles, framboises, les plantes infusées, ete. Dans les petits stahliduenients on emploie les petites presses a vis; dans les grandes fabriques on se sert de pressoirs a cages rondes, avec maies, et construits d’aprés les memes principes et avec les mémes accessoires que les pressoirs & vendanges. Les petits modéles de pressoir Mabille peuvent tres bien remplir cet emploi. Mortiers. — On emploie, pour pulvériser les substan- ces dures, des mortiers en fonte, ou mieux en fer, avec pilon de méme métal. Les grands mortiers sont recou- verts d’une poche en peau qui empéche que les matieres pilées.ne soient projetées au dehors. On doit avoir des mortiers en marbre, en bois et en verre, que l'on utilise selon la nature des substances a pulvériser. Moulins et sébiles. — Le café, le cacao et les amandes peuvent étre moulus a l’aide ie moulins spéciaux dont il y a un grand nombre de modéles. Les amandes se réduisent en pulpe a l’aide d’un moulin a moutarde, ou es +s °°). 24. Sant Ct, nm. no ee! - ae 7 tn PE te yO as Tae ea pl = NE et i Pa Pa - oe? pp hme te ¥ reso reste wis Te ae ee > sat ew py . Ds et ‘i - ii Nd ae Vy - FABRICATION DES LIQUEURS DE TABLE. — 351 d'une sébile suspendue en l’air par quatre cordes et dans laquelle un boulet du poids de 24% livres environ les écrase en faisant tourner la sébile entre les mains. Briloirs a café, cacao, amandes améres, etc. — lly a des cylindres de toutes grandeurs; ils operent tous de Ja méme maniere : on y vide les substances et on place ensuite le briloir sur un feu doux en imprimant un mouvement continuel de rotation au cylindre fermé jusqu’a ce que les matitres alent acquis la teinte brune désirable, ce que l’on reconnait en les examinant de temps en temps. Appareils de pesage et de mesurage. — On doit avoir sous la main des bascules et des balances de labora- toire tres sensibles, trébuchant 4 un centigramme. Un assortiment d’alcoométres et de pese-sirops est indis- pensable, ainsi que des doubles décalitres, des décalitres, litres et leurs subdivisions. Appareils de transvasage. — Indépendamment des ustensiles de chai nécessaires pour les grandes opéra- tions, on doit avoir pour les dégarnissages et travaux -achaud et pour alimenter les filtres un pochon ou put- sard a sirops, avec plateau, ainsi que des poélons a bec, des brocs et terrines de plusieurs dimensions. Ustensiles complémentaires. — On doit avoir sous la main des écumoires assorties et emmanchées selon la ‘profondeur des chaudiéres, des spatules plates, des famis en crin et en sole, des couteaux a zester, a tran- cher et ordinaires; des rdpes de plusieurs grandeurs et modéles, des étamines ou poches en laine servant a passer les sirops. L’assortiment de manches afiltrer doit étre composé de tissus de laine de plusieurs formes, de manches en coton; on doit avoir des pompes & main (voir pl. 3, fig. 44, t. IL), et les outils de transvasage, de dégustation et d’analyse commerciale utilisés dans 352. ou les chais. Mais a part les ustensiles, ce equ ‘il importe le plus d'avoir ce sont des vases de toutes sortes, tels que préces, fits, jarres, barils, terrines, dames-jeannes, bou- teilles, entonnoirs de toute forme et grandeur, munis de leurs bondes, bouchons ou couvercles. On ne garde dans le laboratoire a chaud que les prépa- rations en cours de travail; les infusions et macérations qui ne doivent pas s’employer de suite sont placées dans des magasins annexes, afin que rien ne vienne encombrer ni embarrasser les travaux courants. Des lavages fréquents sont indispensables, l’été sur- tout. On doit prendre l’habitude de nettoyer les chau- ditres a sucre tant qu’elles sont encore chaudes; le tra- vail se fait ainsi plus vite et mieux. Tous les vases quine servent pas seront nettoyés, bien essuyés, et mis en place a égoutter ainsi que les ustensiles; car, outre que les opé- rations faites dans des vases sales sont moins bonnes et parfois insalubres, elles sont bien plus difficiles a clarifier. PREPARATION ET CONSERVATION DES EAUX AROMATIQUES DISTILLEES. Eau distillée simple. tions du liquoriste, telles que confection de liqueurs, cuite des sirops, etc., on emploie de l’eau simple. Cette eau doit étre trés ee Quelle que soit la limpidité appa- rente des eaux de source, elles renferment toujours en plus ou moins grande quantité des sels calcaires qui déposent apres le mélange, ce qui en trouble la limpi- dité; les eaux de puits sont encore plus chargées de iatibres nuisibles a la qualité des liqueurs. ! Nous avons observé dans la pratique, que l’on peut éviter cet inconvénient en employant I’eau distillée pour toutes les opérations qui ne comportent pas de distil- lation. Pour distiller l’eau, il suffit, apres avoir rincé Ja lL, Sea! ee ae 6a FOP ‘io ie & SSeS) sO eo Se Ee ee SC ete Nw Ph eb Aer eM, £0 ue 2) me © af FABRICATION DES LIQUEURS DE TABLE, 353 cueurbite d’un alambic, de luter le chapiteau et de mettre l'eau en ébullition. On jette les premiers litres obtenus qui entrainent toujours des crasses métalliques, et on recueille le reste. On peut cohober lorsque le niveau de l’eau baisse dans la cucurbite, en employant eau chaude qui s’écoule par le haut du réfrigérant. Les futs dans lesquels on loge l’eau distillée doivent dtre tres propres, afin qu’ils ne colorent pas l’eau; ils doivent avoir servi a loger des eaux-de-vie blanches, car l’eau distillée conservée dans des fits neufs, en chéne, se colore rapi- dement et devient roussatre par la dissolution du tannin et des matiéres solubles que renferment les merrains: ce nest qu’aprés avoir servi plusieurs fois & cet emploi que cet inconvénient disparait. L’eau distilée peut se conserver en fits quelques mois sans altération, surtout s’ils sont pleins; mais on remarque qu’a la longue il se forme, comme du reste dans toutes les eaux distillées aromatiques simples, des flocons mucilagineux que l’on peut en séparer par la fil- tration; toutefois, si on la garde trop longtemps en vidange, elle finit par se gater; il convient de ne pas laisser trop longtemps cette eau en fats. Observations préliminaires sur la distillation des eaux aromatiques. — Les eaux aromatiques distillées sont le produit de la distillation des plantes, fleurs, graines et principes odorants des végétaux, que Ton a extraits au moyen de la vapeur d’eau. Cette opé- ration se pratique de deux manitres : 1° en placant les plantes sur un bain-marie percé ne baignant pas dans eau, ou dans un bain-marie installé a la Soubeiran, ou sur les diaphragmes d’une colonne; dans ces trois sortes Valambics, l’opération se fait & la vapeur, qui traverse es plantes et leur enléve l’arome; 2° en mélangeant les A. 23. SPR tnCn id a Ud RUIN Moe sales ed beg WAT GRD ha ; ! eS py al ee af 2s Soe a a 354 | CHAPITRE QUINZIEME, matitres aromatiques avec l’eau de la cucurbite ‘et dis+ tillant le tout ensemble : ce mode est employé dans cer- tains cas que nous indiquerons. , - On se sert, pour distiller les eaux aromatiques, d’un alambic a téte de more. Pour récipient, on emploie un vase spécial dit récipient florentin ; c’est une sorte dé carafe en verre dont le col est conique et qui a un bee qui part de la base et forme coude a une hauteur moin- dre que le col. Par cette disposition, si leau renferme des huiles essentielles, lesquelles sont généralement plus légeres que l’eau, elles se réunissent au haut du colet, a l'aide d’une pipette, on enléve celles qui ont pu étre entrainées dans la distillation. Toutefois, il ya des essences, telles que celles de cannelle, de girofle, de sassafras, qui sont plus lourdes que l'eau. a _ Plusieurs chimistes se sont occupés de la distillation des eaux aromatiques. MM. Chevalier et Idt ont indiqueé les regles suivantes : | ; 4° Sila substance a une texture serrée, ou si elle ren- ferme peu d’eau de végétation, il convient de la con- casser, de la raper ou de la diviser en morceaux et de la laisser quelque temps en contact avec leau, pour qu’elle pénetre la fibre végétale et facilite la sortie des principes volatils; | 2° Si la plante est un. peu odorante, il faut cohober souvent, c’est-a-dire redistiller & plusieurs reprises le produit de la premiere distillation sur une quantité de -plantes nouvelles ; , ‘. 3° Si la plante est odorante, en mettre de suite dans Valambic une quantité suffisante pour la saturation de Peau; ) ; a. ke Avoir soin qu’ily ait dans l’alambic assez d'eau pou) que les plantes en soient baignées jusqu’a la fin de la dis: tillation : plus elles‘sont succulentes, moins il faut d’eaw, al ye | - | ¥ : Maske Tea eee ee Set ae ee ie ee ' ~ rm eee Fe. - ’‘ fi ¢ FABRICATION DES LIQUEURS DE TABLE. 355 3° Eviter que rien ne Ree de la cucurbite dans le eripisnt: ree ee 6° Si l’on craint que, ‘par ‘leur coction, les plantes se ramollissent au point deformer une pate au fond de la cucurbite, les soutenir & l'aide d’un panier d’osier ou dun diaphragme métallique ; 7 Porter Peau rapidement a l’ébullition et l’y main- tenir jusqu’a la fin; | 8° Rafraichir le fereiih le plus souvent possible; 9° Employer les plantes fraiches de préférence aux plantes seches, excepté la mélisse qui, par la dessication, acquiert de l’odeur; 10° Filtrer les eaux aromatiques apres leur distillation, pour en séparer quelques gouttes d’huile volatile, qui souvent peuvent y étre en suspension et qui les rendraient méme dangereuses, Les exceptions a ces régles seront indiquées en par- lant des plantes. Conservation des eaux aromatiques distillées. — Les eaux aromatiques distillées doivent étre conser- vées dans des locaux 4 température invariable, tels qu’un bon chai, clos et obscur; elles seront Top'éas dans des vases non transparents, bouchés avec du parchemin ou mieux a l’émeri, Il peut se faire qu’elles présentent au bout de quelques jours, comme |’eau distillée simple, des flocons mucilagineux, surtout si elles ont été distillées 4 trop grand feu; car, en ce cas, une partie des muci- Jages sont entrainés avec la vapeur d’eau. Pour remédier 4 cet inconvénient et avoir des eaux de qualité supérieure et susceptibles de se conserver plusieurs années, il faudrait, aprés avoir obtenu des eaux simples,c’est-a-dire avec les quantités de plantes ordinairement employées dans une opération, réunir le produit de plusieurs distil- he 4 tet hg iy age ag pete ts. Tr. 336 ee - CHAPITRE QUINZIEME. lations et le rectifier, ce qui donnerait une eau double ou triple. Cette rectification doit se faire en opérant lente- ment la distillation et en fractionnant les produits, dont les premiers, qui sonttres odorants, sont mis a part et se conservent dans des vases bouchés a |’émeri. Eaux aromatiques non distillées. — On trouve dans le commerce, des eaux vendues comme eaux distil- lées et qui proviennent de la dissolution des essences dans l’eau; elles sont inférieures sous tous les rapports aux eaux aromatiques distillées; quelques-unes, telles que l’eau de menthe factice, sont le produit de la dis- solution simple de l’essence dans |’eau. Les essences qui ne sont pas solubles dans ]’eau y sont cependant dissoutes a aide du sucre en poudre trituré avec l’essence et mélangé peu a peu avec la totalité de l’eau 4 aromatiser; on laisse reposer et l’on filtre. D’autres versent l’essence sur du carbonate de magnésie, et ils triturent le tout ensemble; puis ils lavent ce mélange avec l’eau qu’ils veulent aromatiser en la versant peu a peu, et passent le tout au filtre apres une heure de repos. Plusieurs chimistes ont indiqué les moyens de se ren- dre compte de ces fraudes. Ainsi, si l’on évapore |’eau préparée a l’aide du sucre, il restera dans la capsule une matitre sucrée a la plabe du mucilage et des substances extractives que renferme l’eau qui provient de la distil- Jation. Les eaux préparées avec le carbonate de magnésie sont plus difficiles & reconnaitre; on conseille de les faire bouillir et d’y ajouter ensuite une petite quantité de dissolution concentrée d’hydrochlorate d’alumine : il se formera un précépité de carbonate d’alumine. Le moyen pratique le plus employé par le commerce pour éviter de se charger de marchandises douteuses, est la comparaison par dégustation avec des eaux aromatiques 4 * 2 * 4 > ae Ee ere i Fe Re ee ee er, RS ot Ne Ne “I. Paya Hes oo Si ae el ad 72 PX A ‘ FABRICATION DES LIQUEURS DE TABLE. 357 distillées pures, qui sont bien plus suaves que celles qui proviennent de la décomposition des essences. Eau de fleur d’orangers.— L’eau de fleurs d’oran- ger fait l'objet d’un grand commerce; elle entre dans la composition d’un grand nombre de liqueurs fines et sur- fines; ses propriétés médicinales la rendent d’un emploi tres fréquent dans les préparations pharmaceutiques. Dans le commerce, on en rencontre de trois qualités, que lon peut distinguer a la dégustation en les comparant avec des échantillons types : 4° L’eau de fleur d’oranger, provenant de la distillation des pétales de fleurs, mondées de leur calice; , 2° L’eau de fleurs non mondées, distillées avec le calice et des feuilles d’oranger; 3° L’eau de fleurs d’oranger provenant de la dissolution du néroli ou essence de fleurs d’oranger. Ces trois variétés d’eau, qui sont souvent désignées sous les noms de doudle ou triple, offrent au gott des: nuances tres distinctes : l’eau distillée provenant des pétales est tres suave, tandis que celle ow il entre des’ feuilles de l’arbre a de l’amertume; enfin celle qui pro- vient de la dissolution de l’essence de néroli n’a ni le méme parfum ni le méme gout. - Plusieurs praticiens ont observé que plus l’eau de fleurs” @oranger est concentrée, c’est-a-dire renferme d’huile essentielle, plus elle prend de coloration rose en y mé- langeant une certaine quantité d'acide nitrique ou sulfu-_ rique. En conséquence ils proposent d’essayer les eaux de fleurs d’oranger en versant au préalable, dans des verres bien essuyés, une petite quantité d’acide nitrique, égale dans tous les verres, et d’ajouter dans chacun d’eux un volume égal d’une des eaux a essayer. L’eau la plus concentrée, celle qui renferne le plus d’huile i. i OT aD oe! et P =, Lene? aAly a ee hy Ue, VEE, ve Cray oie? nA pes | ee LAPS! ee ae 358 _. GHAPITRE QUINZIEME, essentielle, sera Gale qui prendra la nuance rose la plus intense apres quelques minutes de mélange. Certaines eaux de fleurs d’oranger qui ant séjourné trop longtemps dans’ des estagnons en culyvre, prennent un goiit métallique qui est di ace que ces eaux con- tiennent toujours un peu d’acide acétique. libre, qui, en contact avec le cuivre, forme un acétage dangereux pour la santé. On doit rejeter ces eaux; on les reconnait a l'aide de l'ammoniaque, qui forme avec l’acétate une coloration bleue. Certains chimistes ont constaté dans les eaux de fleurs d’oranger communes la présence de lV'acétate de plomb, qui y avait été introduit dans le but — de masquer la saveur amere de celles dans la distillation desquelles il entre des feuilles de l’arbre. Il est facile de découvrir l’acétate de plomb en le précipitant avec une dissolution d’acide tartrique, qu’on obtient en faisant dissoudre 10 grammes d’acide dans 30 grammes. d'eau; quelques. gouttes suffisent pour former un‘ précipité abondant. L’acétate de plomb est employé dans Ja clarification de certaines substances, entre autres de la glycérine, dont nous aurons occasion de parler. Apres la clarification, reste toujours dans ces liquides des sels de plomb qui les rendent tres insalubres. On les reconnait au moyen de plusieurs réactifs : la dissolution alcoolique de picromel, la dissolution aqueuse de sulfate de soude, ou la dis- solution d’acide tartrique. Ce dernier réactif peut en outre étre employé pour précipiter l’acétate et débarras- ser ainsi le liquide des sels de plomb qu’il renferme. L’eau de fleurs d’oranger s’obtient de deux ma-. niéres, selon’ que l’on PeRne avec des fleurs fraiches ou salées. . Fleurs salées.— Ces fleurs sont expédiées a’ Repasii di Portugal, etc. On doitles employer peu apres la récolte. fe aD pre ~ FABRICATION DES saguEURs DE TABLE. ~3k9 CC Fleurs salées (poids net). SR ae 5 kilog. PA PURC. gis. 0 te ee iera vi 6 Save Sr ee 20 litres. _Carbonate de magnésie..,....... 120 grammes. On opere la distillation dans un alambic a téte. de more; les fleurs salées sont divisées le plus possible, apres avoir constaté leur poids; ensuite on met !’eau dans dans la cucurbite de l’alambic, on remplit le réfrigérant d'eau fraiche, et on chauffe l’eau. Lorsqu’elle a atteint. BO: de, ear environ, c’est-a-dire qu’elle est pres d’ entrer en ébullition, on y jette les fleurs etla magnésie; on remue vivement avec une spatule et l’on couyre la cucurbite de son chapiteau. On lute et on entretient un feu vif, car l’opération doit marcher promptement. On place le récipient florentin sous le bec du serpentin, et on. active le feu. On retire 10 litres d’eau de fleurs d’oranger. : ' . Fleurs fraiches, — On opére la distillation 4 la vapeur en placant le bain-marie percé sur la cucurbite du méme’ alambic.. § Fleurs fraiches (pétales mondées du calice).. 2 kil. 500 gr. eg eae cup cclecncecess 20 litres. mecarbonate demidgnésie. 62 ve eee 30 grammes. Pei eeheeeuisiNeyy. Ve. ee ee 230 — - On fait chauffer l’eau de la cucurbite, on y ajoute le sel, puis le carbonate de magnésie, et l’on place le bain- marie percé lorsque l’on reconnait que l’eau va entrer en 6bullition. On installe le chapiteau, on le lute et on garnit le réfrigérant d’eau, que l’on rafraichira pendant le cours de la distillation par un filet régulier d’eau froide. Le récipient florentin est placé sous le bec du serpentin’ ét on entretient un feu vif. On retire 10 litres d’eau de fleurs d’oranger simple. Les premiers litres qui — a 1 Oe a ee i Saree he eh ea ek) Oe A eae ey a Ce IU BPN od ad 7, Ae r" a ry an Se Pe ok Were I bs @ * ig : . Pere ee” ee * a rs MOT ieee eae one Oa ete ee a ay Ae es i 360 oop S GHAPYERE, QUINZIEME On Bt. proviennent de la distillation sont beaucoup plus aro- matiques que les derniers-;: ainsi, si on a le soin de fractionner les produits, de mettre a part le premier litre qui entraine toujours quelque crasse métallique, et de recueillir ensemble les 5 litres qui suivront, on aura une eau beaucoup plus suave que les 4 derniers obtenus, que l’on mélangera au premier litre. Les eaux de pétales d’qillets se distillent ala vapeur de la méme manieére, ainsi que la plupart des fleurs et tigées de plantes dont nous parlerons plus bas; seule- ment, pour avoir des eaux tres aromatiques, on doit doubler la dose indiquée & la formule de l’eau de fleurs d’oranger. Eau de roses. — Pour obtenir une eau trés suave, il faut n’employer, comme du reste ‘pour toutes les fleurs, que les pétales effeuillées, parce que le calice, le pistil, le pollen, sont nuisibles & la pureté de l’odeur et imprégnent l'eau distillée d’un gotit herbacé. Depuis quelques années on expédie de l’Orient et des bords de la Méditerranée des eaux de roses en estagnons, comme leau de fleurs d’oranger; nous croyons qu’il est préfé- rable de la conserver dans des bonbonnes de verre noir, bouchées a ]’émeri et placées dans un chai obscur, a température invariable. Les fleurs salées expédiées peu apres la récolte donnent une eau de bonne qualité. Lorsqu’on a des fleurs 4 conserver dans le sel et qu’elles ne sont pas destinées a étre expédiées, on fait dissoudre du sel gris dans de l’eau bouillante, dans les proportions de 500 grammes de sel par litre d’eau, et apres refroi- dissement on y plonge les roses que l’on tasse et con- serve dans des vases bouchés. Pour expédier, on écrasé le sel bien fin et on le mélange en pilant avec son double — de poids de pétales de roses fraichement cueillies. _—— = ~~. "p> ies =n = —_ OS! lt ee TT << ie + ee oa ¥ CL th lane « Vy «=< “~*~? et Se) 5 amie Cr Tee meee Rage pay ra FABRICATION DES LIQUEURS DE TABLE, _ 361. Fleurs salées. — On les divise le plus possible avant . de les jeter dans la cucurbite de l’alambic. Fleurs salées, poids brut.......... 10 kilog. 500 gr. Eau pure.......... cae a hai ae eee. RO litres, On porte l’eau de la cucurbite & un degré voisin de lébullition, on y jette alors vivement les fleurs divisées et l'on remue fortement avec la spatule, puis on couvre la cucurbite avec le chapiteau que I’on lute. L’opération se conduit comme la distillation de l’eau de fleurs d’oran- ger. On recueille 10 litres de produit, Fleurs fraiches : Pétales de roses récentes........... 10 kilog. Haw PUP ss aoe es Ll Pe eareey. 20 litres. PRUNES. GaP ae Fl coke RE bys 500 grammes, On fait chauffer l’eau dans la cucurbite, on y jette le sel et l’on place au-dessus le bain-marie percé, lorsque leau est pres de l’ébullition; on jette les roses dans le hain-marie, on couvre et lute le chapiteau. On retire de cette distillation 10 litres d’eau de roses. a -Plusieurs auteurs anciens et modernes conseillent de faire subir aux feuilles de roses un commencement de fermentation avant de les distiller. Ce procédé se trouve décrit dans l’Antidotarium Bononiense (édit de Venise, +1766), en ces termes: Macera per aliquot dies, donec rose odorem feré vinosum acquirant. Plus récemment M. J. Cenodella l’a indiqué en ces termes : « Ayant a distiller beaucoup de roses, j’en cueillis, un matin, une quantité suffisante, que je mondais de leurs calices; J introduisis les pétales et les étamines dans un alambic a large ouverture dans lequel je versai l’eau nécessaire, et je le couvris de son chapiteau; je laissai le tout en” Macération pendant quelques jours, jusqu’a ce qu'il se a 362 “ “CHAPITRE QUINZIEME. Bid a -_développat une odeur vineuse, en ayant soin de remuer — de temps en temps le mélange; je distillai ensuite et jobtins une eau de roses trés odorante; le lendemain, jenlevai avec une petite spatule. une hulle essential qui nageait & sa surface sous forme d’écailles transpa- rentes, luisantes et un peu jaundtres, d’une odeur tres suave, ayant enfin tous les caracteres de l’huile de roses. de l’Orient. Une pareille quantité de roses distillées par le procédé ordinaire a donné une eau moins odorante, et pas la moindre trace de cette essence. » Eaux de fleurs se distillant par le méme procédé : tilleul, lis, acacia, muguet, giroflée. aN Les tiges des plantes odorantes, ainsi que les graines seches, Aoieent étre divisées, milseat puis mises a ma- cérer pendant ving t-quatre odes avant. de procéder & leur distillation; ainsi les tiges fraiches d’absinthe, d’origan, de ‘citronelle, de Fir sOLaanee seront macérées ving t- quatre heures avant de procéder a leur distillation qui doit se faire rapidement et dans les proportions indiquées pour |’eau de roses; le sel est utile pourausy menter le degré-d’ébullition ab eau. , — Eaux distilléés danis vert, badiane, fenouil, carvi, aneth, geniévre. — Ces semences et baies doivent etre préalablement pilées et macérées dans l'eau, en été, pendant vingt-quatre heures, et quarante-huit heures en hiver. Les proportions a a employer par opération sont les suivantes : ; | . Graines pilées. .éi5 691.6 (692, 6088 2 kilog. 500 gr... Eat, pureiws.. >. mse oa pigs sepiey > it oor ee pad ; SNe pre acer oe epic cccies bev pes . QUUinantmeaEm On place le bain-marie percé dans la cucurbite, on y jette les graines pilées avec l'eau de macération, qui’ s’écoule dans la cucurbite et sert-& la distillation. 0S ahet _ = ~~ gr? 26 ae el. al, wt > PT See Pe tes OP ul) ___ ce F- aa a" gaat et H FABRICATION DES LIQUEURS DE TABLE. 363 - Contrairement a 6e qui se pratique dans la cénéralité des distillations, ot l’eau du réfrigérant doit étre main- tenue froide, il faut, pour la distillation de ces semences, que cette derniére soit toujours tide, c’est-a-dire main- tenue a la température de 25 & 30 degrés, parce que les huiles essentielles d’anis, de badiane, etc., se figent a: quelques degrés au-dessus de zéro, et qu’en maintenant Peau trop froide, ces huiles pourraient se concréter dans les derniers tours du serpentin, ce qui obstruerait Je conduit et interromperait la distillation. Il ne faudrait pas cependant laisser l’eau du. réfrigérant s’échauffer au-dessus de 40 degrés, car si le serpentin n’est pas assez refroidi pour ‘condenser la vapeur, ‘on perd une grande partie du produit. Eaux distillées de sommités fleuries de plantes. — Les tiges fraiches de menthe, dhysope, de serpolet, de sauge, de thym, de mélisse, de romarin, de lavande, se traitent de la manibre suivante : On les coupe en petits morceaux et on les fait macé- rer pendant vingt-quatre heures dans !’eau qui doit ser- vir a leur distillation : Tiges fraiches de plantes..,... ae sis oer, Eto ge MGR UT OS erst Fes c ucls'o so « Le ea Spires. niacU titres SCL 2, eagle an a ene e ereie Was 200 grammes, On distille & la vapeur avec le bain-marie percé, on retire 10 litres d’eau aromatique. Le serpentin doit étre suffisamment rafraichi. ; q Sc mew ees £8 lante, on ferme hermétiquement en. lutant Je chapiteau, b- 36h Ae CHAPITRE QuINZIEME. | anti et on laisse infuser quelques heures; ensuite on distille rapidement pour recueillir 10 litres d’eau de thé. On peut aussi mélanger les diverses variétés de thé pékao, impérial, vert, etc. 3 Eaux de semences, né se figeant pas a basse tempéra- ture : chervi, daucus de Crete, angélique, coriandre. — Ces semences sont pilées, et on les fait macérer dans l'eau pendant un jour; on en obtient ensuite les eaux aromatiques en les distillant 4 la vapeur al’aide du bain- marie percé. Semences pilées.......cee.e0e: a onee 5 kilog. au, puress ova sinus ove sin’e'e' od eg Sah b hel + RD ORR sO ee Ree eajeh 60.0.0 bore» 4 cae ees Le serpentin doit étre rafraichi. Qn retire 10 litres d’eau distillée. Eau de café et de cacao. — On doit choisir les sortes aromatiques de cafés du Levant, tels que les moka, les bourbon, et dans les cacaos, les caraque. Ils sont torré- fiés légerement et ils doivent étre concassés et infusés immédiatement sans leur laisser le temps de refroidir; ils restent un jour en infusion. Café ou cacao (poids net avant torréfaction). 1k? 500g. Eau pure..... » CaP Ase ae ee ee . 20 litres. On retire 10 litres d’eau aromatisée. Eaux de substances & huiles essentielles lourdes. — De ce genre sont les eaux de girofle, cannelle, muscades, macis, et les bois de sassafras, de cascarille, de Rhodes. Ces substances se pulvérisent ou se rapent, puis on les fait tremper un jour dans la cucurbite, et on les distille a feu nu en augmentant la température d’ébullition de eau par une plus forte dose de sel. . y * Substances pulvérisées........... 1 kilog. 500 gr. Bail pure ei heSaees ele doeaess | See Sok sive ven cise wes Mid sees) BOGt Raa ae a _ FABRICATION DES LIQUEURS DE TABLE, 368 On fait bouillir sans précipiter l’action du foyer et en maintenant tide l’eau du réfrigérant. C’est surtout pour obtenir les principes aromatiques de ces substances que le chapiteau a téte de more est avantageux. Eaux de noyaux et d’amandes ameéres, feuilles de pe- cher, etc. — Toutes ces eaux renferment de l’acide hydro- cyanique. On devra étre tres circonspect dans leur em- ploi; on évitera méme d’employer les noyaux de prunes, qui sont les plus chargés d’acide. Les noyauz d’abricots, de cerises, péches, sont écrasés et divisés le plus possible; on les jette ensuite dans l’eau de la cucurbite, qui doit étre bouillante; on remue vive- ment et on distille & feu nu, la matitre étant au milieu de l'eau. Les amandes améres auront da étre préalable- ment pulvérisées et passées a la presse, pour en extraire Vhuile fixe qu’elles contiennent; ensuite le tourteau est de nouveau réduit en poudre. Quand on opere avec des feuilles, on les jette simplement dans |’eau bouillante de la cucurbite. Amandes améres ou noyaux....... 2 kilog. 500 er. 12S ORNL Let eters Oi Sieh Saale foess SO eO litres: pel... “Ae Aare ree chesesss 200 grammes, On retire 10 litres d’eau distillée. Eaux de racines d'angélique, de calamus aromaticus, daunée et de cardamone. — Ces matitres, coupées et divisées le plus possible, seront mises & macérer un jour dans de l’eau. Matiéres divisées..... epceiiee's ate 1 kilog. 500 er, ete Nati 54 sins) claviocs see cores 20) litres, Re hoe ss vs ib eve. 200. grammes, On distille ensuite pour retirer 10 litres d’eau aroma- tique. Eaux distillées de fruits, prunes, merises, abricots, rq roe 366 =e Re CHAPITRE ouitettine framboises, now vertes, coings, etc. On éerase les fruits et on les divise le plus possible. Froita éeraséacs sf 2) dei Eo es kilog. Eau ws. o cgbihebm alan els wae en@eee eee 20 litres, On place un grillage au fond de Ja cucurbite et on distille lentement a feu nu, pour retirer 10° litres d’eau de fruits. EXTRACTION DES HUILES ESSENTIELLES, Observations préliminaires.— Les essences sont des aromes concentrés, extraits par plusieurs procédés des parties des plantes les plus odorantes, ou obtenus par des combinaisons chimiques dont les éléments isolés ne développent pas l’arome que l’on obtient par leur combinaison. Depuis quelques années on est parvenu a imiter arti- ficiellement les aromes des fruits. La premiere prépa- ration de ce genre, l’essence d’amandes amberes artifi- ticle, ou essence de cee ou nO eed a été d’hui dans le commerce , des essences ae groseille, melon, poire, fraise, framboise, ananas, raisin, pomme, orange, citron, cerise, péche, et de tous les fruits & noyau, qui ne sont que des mélanges de sels d’oxyde d’éthyle ou de méthyle; ces sels sont tres nombreux : butyrate, valéria- nate, benzoate, acétate, cenanthate, sebate, etc., combinés ding des proportions diner ses et.en dissplttinn dans de l’alcool trés rectifié dans lequel-on ajoute du chloroforme, des acides végétaux, de l’éther azotique et un principe onctueux extrait des huiles, la glycérine, qui sert a fon- dre les mélanges, a cornu les diverses odeurs, entre elles. Ces préparations chimiques trés habiles servent “phe hte =. oe ae: Hn Sas principalement pour la parfumerie; elles aromatisent les savons de toilette, les pommades, ete. _ Ces diverses préparations sont peu employées dans la fabrication des liqueurs, surtout dans celle des liqueurs fines, parce que les fabricants qui tiennent a livrer des produits irréprochables ont pour principe de préparer euxr- mémes leurs aromes avec des plantes choisies avec soin; us sont ainsi plus stirs de la qualité des produits quils livrent, car il n’est pas de marchandise aussi falsifiée que les essences, surtout celles qui sont rares et d’un prix élevé, et malgré lesmoyens nombreux de découvrir les fraudes, on ne peut jamais obtenir des produits unifor- Mes, ayant le méme type. Il faut donc préparer soi-méme, avec des matiéres premieres de choix, les parfums dont on a l'emploi. | _ Falsification des essences. — Les essences fines sont fal- sifiées par leur mélange avec des huiles volatiles com- munes a bas prix, telles que celles de lavande, de téré- benthine rectifiée. La glycérine ou principe doux des huiles, qui est soluble dans I’eau et dans I'alcool, les hui- les fixes, l’alcool rectifié, servent aussi aces falsifications. Il est facile de reconnaitre dans les huiles essentielles la présence de l’alcool ou des huiles fixes; mais il est tres difficile de constater si elles ont été allongées avec des hui- les essentielles communes et dont l’odeur n'est pas pro- noncée, ou avec de la glycérine. Les huiles essentielles obtenues par expression renferment presque toujours de * Vhuile fixe ; on le reconnait en les mélangeant avec del’al- cool : ’essence se dissout, et l’huile reste au fond du vase. On peut faire la méme expérience pour s’assurer si les huiles essentielles distillées-renferment des huiles fixes. i La présence de l’alcool se réveéle si l’on met dans une éprouvette cylindrique graduée, et en quantité égale en volume, de l’huile volatile suspecte et de l'eau; on agite 7% Ss WE ‘ oh aad - ae i ae a if ‘a ans a Se Ci? av tke oh giao, Ses _ FABRICATION DES LIQUEURS DE TABLE. 367 “ 368 - CHAPITRE a alors le liquide, apres avoir bien bouché ‘Tepronvelte et on laisse reposer. Si l’huile ne renferme pas dalcool, — les deux volumes d’huile et d’eau resteront les mémes, tandis que si elle renferme de l’alcool, cet alcool se sera uni al’eau dont le volume aura augmenté, et celui de Vhuile sera diminué d’autant. Les essences qui ont été gardées trop longtemps en magasin perdent en vieillissant une partie de leur par- fum, et méme finissent par acquérir une odeur rance, qu’elles aient ou non été falsifiées. L’achat des essences est une affaire de confiance; on doit s’adresser & des maisons sérieuses, les recevant de premiere main des pays de production. On ne doit d’ail- leurs employer sous cette forme que les aromes dont on ne peut se procurer les matitres premiéres en nature. Conservation des essences. — On doit loger les essen- ces dans des flacons en verre. Ces flacons doivent étre bien pleins et bouchés a l’émeri, c’est-a-dire avec un bouchon en verre rodé, formant une fermeture hermé- tique; ils seront placés dans un local clos et dans des placards, & l’abri de la lumitre. On devra de temps a autre s’assurer si les essences ne louchissent pas par l’effet du mucilage que quelques-unes renferment, et dont on devra les séparer, car c’est le mucilage qui, ala longue, finit par les faire rancir. Des divers procédés d’extraction des huiles volatiles. — On obtient les essences par trois pro- cédés différents : 1° par expression, 2° par distillation, 3° par macération. Il est rare que le liquoriste se prépare les essences- pures, parce qu’elles lui cotiteraient beaucoup plus que s'il les demandait au commerce. Toutefois, comme il peut se trouver dans des centres de production des ma- "~~ FABRICATION DES LIQUEURS DE TABLE. ~ 369 litres premieres, nous allons tracer les principes géné- raux quil convient de suivre dans l'emploi des trois procédés de fabrication cités plus haut. Essences par expression. — On retire par expression Vessence des oranges, citrons, cédrats, bergamote. et autres fruits de méme nature. On rape l’écorce au zeste de ces fruits jusqu’au blanc, c’est-d-dire qu'on enléve toute la partie jaune ou verdatre qui les recouvre. On met ensuite cette rapure dans un petit sac de crin, que l'on place entre deux plaques épaisses d’étain, au-dessous d'une forte presse. Par la pression on obtient de l’huile essentielle, de I’huile fixe, du mucilage et de l’eau - on laisse reposer le liquide et l’on décante, L’essence produite par ce procédé renferme presque toujours de l’huile fixe; elle a une odeur plus suave et plus agréable que l’essence de méme nature obtenue par distillation, mais elle se conserve moins long- temps. Essences par distillation. — On obtient les essences par la distillation des plantes avec de l’eau. A cet effet, on choisit l’époque ott les végétaux sont en pleine flo- raison, on les cueille par un temps sec, et on laisse parvenir les fruits & leur entitre maturité. Il arrive sou- vent que l’on n’obtient pas assez d’essence a la premiére distillation, surtout lorsque les plantes sont trés aqueuses; dans ce cas on doit cohober les premitres eaux distillées sur des plantes fraiches, jusqu’a ce que l’on puisse re- cueillir l’essence dans le récipient florentin. Les obser- servations relatives ala chaleur de l’eau du réfrigérant, a l’'augmentation de la température d’ébullition de l'eau par une addition de sel, observations que nous avons déja indiquées pour la distillation des eaux aromatiques, doivent étre appliquées d’une maniere plus rigoureuse dans l’extraction des essences; il en est de méme de la As 24 fe AT ST AT ae aR eee ey ei - is as os < 3 2 3 Sts eS) 370 abt CHAPITRE QUINZIEME 7 em rs division et de la macération prolongee des mativres dures, qui ne doivent sortir de ’alambic qu’apres qu’on a extrait tous les principes aromatiques. Essences par macération. — On n’emploie ce procédé que pour extraire Varome des fleurs dont l’odeur est tires fugace, telle que le lis, le jasmin, le géranium, le chovrefeuille, l’aubépine, le cassis, l’héliotrope, le réséda, la jonquille, l’hyacinthe, etc. Ces fleurs ne donnent pas d’huile volatile par la distillation. Pour obtenir l’arome des fleurs dont nous venons de parler, on en met une certaine quantité, bien mondées de leurs calices, dans une cruche de grés vernie; on les tasse légerement et on les recouvre d’huile de pied de beuf; on referme la cruche et on laisse macérer quatre jours. On retire alors les fleurs, que l’on exprime fortement, et on met de nouvelles fleurs dans l’huile. Au bout de deux jours, on passe ces fleurs 4 la presse et on laisse reposer l’huile, qui est séparée par décantation de l’eau de végétation qu’elle renferme, et enfin filtrée. | Quelques praticiens opere d'une autre maniere : apres avoir extrait l’arome au moyen de l’huile fixe, soit de pied de bauf, de ben, d’amandes douces, d’olive, ou méme de saindoux (qui, lorsqu’il est exempt de ranci- dité, peut aussi étre employé), ils mélangent cette huile avec du trois-six, et ils agitent le mélange; au bout de huit jours ils décantent V’alcool qui s'est emparé de Varome et ils le filtrent. Une méthode tres ancienne consiste 4 mettre les fleurs par couches dans des terrines et a séparer ces couches par des morceaux de laine blanche imprégnés d’huile fixe, soit d’olive ou mieux de ben ou d’amandes douces, ou des couches de coton en rame imprégné de ces huiles. Apres quatre jours de contact, on renouvelait les fleurs, jusqu’a ce que le coton ou les morceaux de laine fussent is eal FABRICATION DES LIQUEURS DE TABLE, 371 bien chargés d’odeur. On les mettait alors a digérer dans de l’aleool rectifié. | Procédé Millon. — Un chimiste éminent, M. Millon, directeur de la pharmacie militaire centrale a Alger, substitue a l’expression, la distillation ou la macération | (méthodes qui avaient été employées jusqu’ici pour extraire les essences), la dissolution et l’évaporation. A cet effet, il dissout le principe odorant dans le sulfure de carbone ou dans I’éther ; ensuite il évapore la disso- lution sur un feu doux; il obtient ainsi une substance butyreuse, assez semblable a l’essence de roses d’Orient, et cette substance reproduit dans toute sa pureté, son intensité et sa suavité l’odeur primitive de la fleur ou de la plante; le produit ainsi obtenu est inaltérable A lair. L’auteur n’a pas indiqué les détails pratiques de ce procédé, il dit que les parfums ainsi obtenus peuvent se conserver des années entitres dans des tubes ouverts sans perdre de leur propriété. Nous n’avons pas trouvé dans le commerce de parfums preparés par ce procédé. INFUSIONS ET TEINTURES AROMATIQUES. On nomme ¢einture l’infusion d’une substance dans Valcool a l’aide d’une douce chaleur, et infusion la ma- cération d’une substance a froid dans l’alcool ; on emploie la macération et les teintures alcooliques pour extraire les principes aromatiques de certaines mativres qui n’en donneraient pas par la distillation, telles que liris, le musc, l’ambre, etc. Le plus grand nombre des infusions a froid se fait avec des fruits : framboises, fraises, cassis, noix, etc. On pourrait également extraire les principes aromatiques des plantes par linfusion alcooli- que; mais par l’infusion directe dans l’alcool il se dissout, avec le principe odorant, d’autres matiéres qui nuisent a \e 4 7 me “~ — ten 372 CHAPITRE Corian la délicatesse du gott; c’est pour cela que, dans la fare cation des liqueurs fines, Vinfusion est soumise a une distillation. Nous donnons les détails de fabrication de welnal teintures alcooliques plus spécialement employées dans les manipulations des vins et spiritueux aux chapi- tres VII, XIII et XIV du tome IJ; nous y renverrons le lecteur. Teintures aromatiques. — Ces préparations se font mieux a l’aide d’une chaleur tiede, d'une moyenne de 30°, que l’on peut obtenir de plusieurs maniéres : en placant les vases sur un fourneau chauffé; en les laissant V’été dans des greniers exposés au midi; ou par l’inso- lation. Dans tous les cas, les substances doivent étre divisées le plus possible et les vases parfaitement bou- chés, et on doit agiter de temps en temps afin de facili- ter la dissolution. Teinture diris. — Voir sa wedeeneee p, 489, £. TE Teinture de benjoin : Benjoin 16 choix en larmeS......+.+.eseees 1 kilog. Aleool rassis.& 86°. ..3 Js3. + <5.» oneal 10 litres. Teinture d ambre Ambre gris....... ok ats veies oe ks alee 1 kilog. Aleool & 86%. 2... 35 ow 1. as Sa 10 litres. Teinture de cachou: | Cacho, east sos Calne eae o . rae _ FABRICATION DES LIQUEURS DE TABLE. = 375 oe oP ae > ~ plus tét que quatre mois aprés la mise en macération. Cette infusion a une couleur plus foncée que la pre- mitre, mais elle a moins de finesse de goit. Apres le soutirage, on reverse sur le marc la méme quantité d’eau-de-vie a 40°. Infusion de cassis. Infusion de cassis vierge : On choisit les fruits bien murs, on les jette dans un fut sans les écraser et on les couvre avec des eaux-de-vie de vin a 60°. Aprés quinze jours d’infusion, on soutire le liquide clair que l’on met a part et qui forme L’infuston vierge. On retire le mare du fit, on le foule et l’écrase comple- tement, puis on le remet dans la futaille et l’on y verse de l’eau-de-vie & 50°, une quantité égale a la premiere infusion. Apres avoir bien remué, on laisse en repos quinze jours et on soutire : on obtient ainsi l’7n/fusion deuxiéme; on verse alors dans le fat une quantité tou- jours égale d’eau-de-vie a 45°, et on agite le marc comple- tement et a plusieurs reprises ; on laisse macérer encore un mois, en remuant de temps en temps, et on soutire de nouveau. On achéve enfin d’épuiser le mare en le soumettant a la presse et en distillant les marcs ou leurs eaux de lavage. Infusion de feuilles de cassis : Feuilles récentes de cassis. ...... 20kilog. PecweiCeVin’ 2. G0! 5. . ...'. .. « 100 htres. On laisse infuser un mois, on écoule et on passe a la presse les feuilles égouttées; on remarquera que l’emploi de cette infusion, dans laquelle la chlorophylle des feuilles est dissoute, rendra les liqueurs sujettes a déposer, quel que soit le soin que l’on prenne dans leur clarification, parce que la couleur verte des plantes ne se maintient pas dans les liquides alcooliques qui ont moins de 70°. Infusion de curacao.— On en fait de deux sortes, soit Nee NTR NAME z ly atl = rt dae CHAPITRE QUINZIEME. avec les écorces de curacao véritables ou dites carton, — soit avec les rubans de bigarades qui sont zestés du blanc qui se trouve sous lécoree ; cette partie blanche donne de l’amertume. Ecorce de curacao enrubans........ Skilog. Aleool & 869, 3... yo. je Ge) ia |e in a On laisse infuser quinze jours. Lorsque l’on emploie les écorces de curagao non zestées, on augmente de 2 kilog. le poids des écorces et on diminue de cing jours la durée de Vinfusion. On finit d’épuiser le mare en y versant 10 litres d’alcoo] 450°, et apres une macération de huit jours on distille, ou on y reverse des petites eaux qui en operent le lavage. | Infusion de vanille.— On ne peut extraire l’arome de la vanille par la distillation; on obtiendra un bon résultat en opérant par les deux méthodes qui suivent : 4° on prend 200 grammes de vanille de bonne qualité, on la coupe en morceaux aussi petits que possible, ensuite on la met a infuser pendant un mois dans 40 litres d’alcool de vin a 86°; 2° la méme quantité de vanille bien divi- sée est triturée avec 4 kilog. de sucre raffiné et préala- blement réduit en poudre tres fine; on laisse la vanille en contact avec le sucre pendant quinze jours en mettant le tout dans un vase bien bouché, ensuite on vide sur le sucre vanillé 6 litres d’eau tiéde (& 30°) par petites por- tions, de maniere a faire fondre le sucre lentement, on décante au fur et & mesure de la dissolution, puis on fait égoutter la vanille dont on finit d’obtenir l'arome en la mettant & infuser dans l’alcool dans les proportions déja indiquées; |’emploi combiné de ces deux méthodes donne d’excellents résultats. Infusion de coques d'amandes améres torréfiées ou 4 froid.— On concasse et pulvérise le plus completement possible les coques d’amandes, puis on Jes fait torréfier an is. > ae Bs wn: sic See ee tee eae ee rSonctes oe - = % Mees hele we Reraticr en DES: LIQUEURS 1 DE TABLE. $i ira ens un braloir a café; et dés qu’elles ont acquis une couleur brune (comme % café), on les jette encore chaudes dans un fit dans la proportion de 20 kilog. d’amandes torréfiées pour 1 hectolitre d’eau-de-vie 4 60°, on bonde et laisse en repos deux mois. Cette infusion prend avec le temps un certain gotit de vieux; elle est d’autant meilleure que l’eau-de-vie qu’on a employée est de meilleure qualité. L’infusion de coques d’amandes ameres a froid, c’est-a-dire non torréfiées, se fait en faisant infuser les amandes pulvérisées dans la propor- tion de 1 kilog. d’amandes sur 2 litres d’alcool a 86°. Infusions de trges séches de plantes aromatiques. — Les sommités séches et fleuries de mélisse, angélique, menthe, hysope, etc., ainsi que la plupart des graines et bois aromatiques, anis, cumin, fenouil, cannelle, mus- cade, macis, cascarille, etc., peuvent dissoudre leurs. principes odorants dans ]’alcool. On devra avoir soin de les trier, monder, concasser, et enfin de les bien diviser avant de les mettre a infuser. On emploiera 1 kilog. de plantes sur 4 litres d’alcool de vin rassis et moelleux pour la premiere infusion, qui devra rester quinze jours en macération. Infusions de frambotses, fraises, merises, etc. — Voir p. 198. t. II, la préparation de infusion alcoolique de framboises. On peut employer le méme procédé pour. les fraises, merises, etc. ESPRITS PARFUMES QBTENUS PAR DISTILLATION; RECTIFICATION. Observations préliminaires. — est principale- ment avec des alcools aromatisés par la distillation que se fabriquent les liqueurs fines et surfines. Cette opéra- lion se pratique au bain-marie ou a feu nu, selon la nature des substances qui infusent dans l’alcool, leur | a “ry ioe Re ye Oe OA Ls ey pt Wo ee + oy Be gs ow eet a - My Viasat key S 348 ——S*sSCHAPITRE ouinzriwe. ene wie: degré de volatilité, etc. On distille des esprits ou Hes O- lats simples, c’est-a-dire ow il n’entre qu'une espece de plante ou substance aromatique, et des esprits composes, dans lesquels on a mis plusieurs plantes ou aromates divers; mais quel que soit le genre d’esprit a distiller, on doit prendre pour base de ses opérations des alcools de vin 4 86°, moelleux et rassis; les regles a observer sont les suivantes : 4° Diviser les plantes, concasser les graines, bien les choisir, les nettoyer et monder, afin qu’elles soient plus facilement pénétrées par l’alcool; | 2° Faire macérer ces substances d’un jour a huit jours dans l’alcool 4 86° avant de procéder & leur distillation; 3° Au moment de distiller, ajouter un tiers d'eau a lesprit en macération, ce qui réduira Vinfusion de 86° a 56°; 4° Fractionner les produits, c’est-a-dire ne pas mélan- ger les queues des opérations avec les premiers produits obtenus. On met de cété les petites eaux qui s’écoulent vers la fin d'une opération et qui forment environ 2 pour 400 du produit obtenu. Lorsque l’on distille les esprits avec l'appareil simple, il est important de rectifier le produit obtenu; cette opération consiste & remettre l’esprit dans l'appareil avec la méme quantité d’eau, et a redistiller lentement en laissant 2 pour 100 de queues que l’on met de cdté pour étre repassées dans une autre opération; mais lorsqu’on se sert d’un apparel a colonnes a plateaux rectificateurs, et que l’on a soin de mettre de cété les derniers produits, on obtient d’un seul jet, en opérant lentement au bain-marie, des produits beaucoup plus suaves que l’on pourra employer aprés un repos de quelque temps en magasin. . Conservation des esprits distillés. — Apres leur distil- ee Vreeee gO Seren. Se he Ue le Oe TONGA ye PASE we gre fa, Sy ae I a * - = 4 . - , ABRICATION DES LIQUEURS DE TABLE. = = 379 lation, les esprits sont conservés dans des chais clos et a température uniforme, dans des vases bouchés hermé- tiquement. Ils sont meilleurs au bout de quelques mois de fabrication. Plusieurs auteurs conseillent de les frapper de glace pour les faire vieillir, c’est-a-dire d’en- tourer les bouteilles de glace pilée et de sel, et assurent qu’en moins de six heures ils ont perdu le gout de feu; ce procédé n’est pas appliqué dans la pratique. Esprits simples, — Fleurs et sommités fleuries : Mé- lisse, menthe, fleurs d’oranger, hysope, absinthe, cillet, coriandre. ; Fleurs, feuilles, sommités fleuries........ 3D kilog. Pee OURAN OMG SIS ales oon ik oie Sip wleiate ave oe 20 litres. Les fleurs d’oranger et d’ceillet mondées de leur calice semploient fraiches; les sommités fleuries de mélisse, menthe, hysope et absinthe devront étre seches (1). On laisse macérer les plantes pendant un jour dans l’alcool, ensuite on y aajoute, au moment de distiller, 10 litres deau, et on place le tout dans le bain-marie d’un alambic 4 colonne a plateaux rectificateurs. On garnit d’eau la cucurbite, on distille avec un feu régulier, et on retire 18 litres d’alcool parfumé que l’on met a part; on continue ensuite la distillation des phlegmes, jusqu’a ce que l’alcool soit totalement épuisé. Lorsqu’on se sert de l’appareil 4 col de cygne sans plateaux, on retire 19 litres d’alcool aromatisé, puis on ’ (1) La dessication des plantes doit s’effectuer dans des greniers aérés ou des magasins couverts et exempts d’humidité; on doit éviter de les exposer A l’action du soleil, surtout dans les contrées chaudes. Pour accélérer la dessication, on divise les sommités en petits paquets reliés entre eux par le méme lien et suspendus par le bas des tiges a des cordes tendues et supportées de distance en distance par des Piquets; ces cordes sont étagées selon Ja hauteur des locaux. 4 380 esa PE, (CHAPITRE QUINZIEME. : ajoute 10 litres d’eau ct on rectifie pour obtenir 18 Lite En prenant la précaution de mettre a part les queues, on obtiendra des esprits tres fins en gout; on utilise en- suite les phlegmes, qui, le plus souvent, sont troubles et blanchatres, en les rectifiant et les versant sur les distillations d’extraits tres chargés d’huiles essentielles, tels que l’absinthe, etc., avec lesquels ils se combinent tres bien. Esprits de framboises, fraises, roses.— Nous parlerons des diverses préparations de framboises, p. 190, tome Il. Les framboises, fraises et roses récentes se distillent de la méme maniere que les fleurs et sommités fleuries citées plus haut, quant a la disposition de |’alambic; mais pour avoir des esprits bien aromatisés, on deyra doubler les doses des substances et les porter 210 kilog. par distillation. | Esprits de semences aromatiques, racines, sommatés fleuries, écorces et bares diverses. — Les dispositions de lalambic sont les mémes qu’aux recettes précédentes; les semences seront préalablement bien écrasées, et on divisera le plus possible les diverses plantes, qui devront macérer un ou deux jours dans l’alcool. Semences, racines ou écorces, etc...... 2 kilog. 500 gr. Alcoul & 860. c a cane ea ones seg ne ee ee On traite de cette maniére les semence séches d’anis, fenouil, cumin, angélique, aneth, badiane, chervi, carvi, carotte, ambrette; les racines seches d’angélique, cala- mus aromaticus, gingembre, galanga mineur, les som- mités fleuries et seches de serpolet, thym, sauge, gé- népi, lavande et autres plantes a texture seche du meme genre, les baies seches de genievre et autres bien desséchées, les écorces de bois de cascarille. Esprits d’ extrait secs, bows et diverses substances dures. — On devra bien diviser ces matiéres et les laisser ma- 3 li LF es xy FABRICATION DES. ‘LIQUEURS 1 DE TABLE. —-3384 cérer halt jours dans l’alcool avant de les distiller. On obtiendra en opérant ainsi des esprits plus aromatisés qu’en ne les faisant tremper qu’un jour. Bois, fruits ou extraits secS........... 1 kilog. 250 gr. RE OREM CMO ey rN a icla'e 4 olein Case o's» -. 20 litres. On traite de cette maniére le cardamome majeur et mineur, la myrrhe, le baume de Tolu, le cachou, le benjoin, l’aloés, les bois de sandal citrin, de Rhodes, daloes. Esprits a essences lourdes. — Les huiles essen- tielles dont le poids spécifique est plus lourd que l’eau se distillent avec beaucoup de difficulté au bain-marie, surtout avec les alambics a col de cygne a plateaux rec- tificateurs. Pour retirer les principes aromatiques de ces substances, il convient de les distiller a few nu avec un chapiteau d’alambic a@ ¢éte de more ou a col de cygne sans plateaux. Kn opérant au bain-marie avec chapiteau a plateaux, on perd une partie de I’huile essentielle qui reste dans la vinasse. Il y a peu de substances aromatiques a essences lour- des; de ce nombre sont les clous de girofle, la cannelle, les noix muscades et le macis; les semences de céleri, le bois de sassafras, qui donne l’essence la plus lourde de toutes; les semences de persil, stigmates secs de safran, les racines seches de zédoaire (ces trois substan- ces sont peu employées); et enfin les amandes améres et les noyaux d’abricots, de cerises et de péches. Esprits de girofle, ali muscades, macts, sassa- fras. — On divise ces substances le plus possible, et on les fait macérer huit jours dans de l’alcool a 86° et dans les proportions suivantes : Substances concassées.......... 1 kilog. 250 gr. BOGE ISOC i ida wale oie ee nev 220 hires: sl ereer Me RE Lay Ge eee eee Re cenit WK haps es i 5 es nigh PE TONE RN Somme Ae On met la grille au fond de la cucurbite et on distille a feu nu avec le chapiteau a téte de more, aprés avoir ajouté 10 litres d’eau a l’alcool. On rafraichit le réfrigé- rant.et on retire la tolalité des phleqmes, car il est a re- marquer que les queues des distillations des substances & essences lourdes sont tres chargées d’huiles essentielles. On ne séparera pas les produits de téte et les queues. On retirera au moins 20 litres et on rectifiera a few nu avec le méme chapiteau; apres avoir vidé et lavé la eu- curbite, sorti le grillage et avoir ajouté 10 litres d’eau au premier produit, on retirera 20 litres. Les semences de céleri se distillent a la dose de 2 kilog. 500 gr., apres avoir été concassées et macérées deux jours dans la méme quantité d’alcool, et en suivant la méthode précédente. Esprits damandes ameres et noyauz. — Les amandes ameres devront avoir été moulues tres menu ou passées au pilon ou a la sébile. Les noyaux de cerises, abricots ou péches seront concassés le plus finement possible. On les délaie dans les proportions de 5 kilog. sur 20 li- tres d’alcool & 86°, et on les laisse en macération un jour. La distillation se conduit comme pour l’esprit de girofle déja cité. ; Esprits ccmposés. — On nomme esprits composés ou complexes les alcoolats ot il entre plusieurs subs- tances distillées ensemble; on s’en sert dans la fabri- cation d’un grand nombre de liqueurs fines; toutefois cette méthode n’est pas exempte d’inconvénients & cause de la différence du degré auquel a lieu la volatilisation des divers aromates dont les huiles volatiles sont ou plus légeres ou plus lourdes que l’eau; il en résulte que si l'on se sert de lalambic rectificateur, qui est le plus avantageux pour ces sortes d’opérations, et que l’on ait . ‘FABRICATION DES LIQUEURS DE TABLE. 383 a distiller au bain-marie des infusions alcooliques dont les aromes soient formés de substances ayant des huiles volatiles légeres et d’autres lourdes, on ne recueillera que les essences légéres, les essences lourdes resteront en grande partie dans le bain-marie, ce qui constitue une perte de produit, et ne donne pas comme goit et comme arome le résultat que l’on aurait obtenu si l’on eut mélangé des esprits simples dont la distillation se serait opérée différemment, selon que l’essence est plus légere ou plus lourde que l'eau. _ Nous croyons que cette méthode, qui consiste a piler, diviser et mélanger ensemble tous les éléments destinés a aromatiser une liqueur, sans se rendre compte de la nolatilité des aromes, n’est pas la plus avantageuse pour retirer les parfums, et qu’on obtiendrait un meilleur résultat si on distillait ensemble les aromates a essences légéres avec l'appareil a plateaux et au bain-marie, et si lon traitait les essences lourdes & part, d’aprés les prin- cipes que nous avons décrits; partant de la, un mélange desprits parfumés simples bien combinés donnera un ensemble plus aromatique que la distillation en bloc des quantités équivalentes de substance qui ont servi a for- mer les esprits simples. Nous donnerons, aux recettes des liqueurs, les for- mules diverses des esprits composés qui servent dans certaines fabrications; on ne prépare généralement a Yavance que les esprits composés d’anitsette, de curacao et fruits & zeste; ces divers esprits ne s’emploient que pour les liqueurs ordinaires, sauf les esprits de fruits a zeste, tels que les esprits: de citrons, oranges, cédrats, qui se distillent de la méme maniére que l’esprit de cu- racao; ce sont des esprits simples qui s’utilisent pour un grand nombre d’ emplois, a part les liqueurs ordinaires, les punchs, les sirops, etc. a a a4. cS ey o GY ROVE CN Ae = OE SY 2 ie SE ASL a ae tn 384. mipigge dk fv see onieenaee Ns Esprit d’anisette ordinaire : Aleool <'SG? (0s sayin end waren 20 litres. Anis étoilé (badiane).........6. 1 kilog. 100 gr. ANIS:NOPE. unc wbiwibrs am sare gheeiy hs “eee 100 Graines, d’ambrette., .:.% .e26gue 0 100 Wenoull. :se'y «cts «tae eee 0 400 Coriaidre . see ee ee eee 0 500 On pile ces grains, on les fait macérer un ou deux jours dans l’alcool, on ajoute 10 litres d’eau au moment de distiller au bain-marie avec l’alambic rectificateur, on tient l’eau du réfrigérant tide (a 25°), et on retire 18 li- tres de bon produit; si l’on opérait avec un alambic or- dinaire, on retirerait 19 litres a la premiére distillation; on remettrait 10 litres d’eau et l’on rectifierait pour obtenir 18 litres de bon produit. Dans l’un comme dans autre cas, les queues restent a part. Fsprit de curacao ordinaire : Alcool &S6er ol snk oh ete .. 20 litres. Rubans de bigarades secs...... 1 kilog. 500 gr. Rubans d’oranges douces secs.. 0 500 Opérer comme a la recette précédente au bain-marie, mais en retirant seulement 16 litres de bon produit; lorsque l’on doit rectifier, on retire 4 la premiére distil- lation 18 litres, et 16 a la rectification. Quelques liquoristes ajoutent a l’esprit de curacao ordinaire des zestes de citron en remplacement d’une par tie de rubans d’oranges améres dans les proporaaay qui suivent : Rubans de bigarades........ Secnante ie eose. 1 kilog, Rubans d’oranges douces......... esses, 800 pr, Lestes’ de Giron iss 2% ss pace pee.) Les zestes des oranges ambres et des oranges douces, ainsi que les citrons et autres fruits du méme genre, se traitent de méme; ils donnent ala distillation de grandes Pi ‘ — ~ az Appareil Continu Cellier Blumenthal aM r a) en Ce ee a oe eee 4 i a Te ft ee OA 8 gy er ETO at ee Se, te — ox, a ott <5 7s * CA sate a ete = ; oat n= : - ¥ “ FABRICATION. DES LIQUEURS. DE TABLE. e "385 . quantités de phlegmes. On obtiendra de meilleurs pro- duits avec l’appareil & plateaux qu’avec les appareils ordinaires, et moins de déchet. SUCRES. Variétés diverses de sucres. — On distingue plusieurs variétés de sucres : 1° les sucres bruts exoti- ques provenant des cannes a sucre, les sucres bruts indigenes provenant des betteraves : ces deux sortes forment les sucres commerciaux que la raffinerie livre en pains coniques; 2° les diverses variétés de la glucose ou sucre de fruits; 3° le miel, la mannite et Ja chulariose; 4° le sucre de réglisse et la glycérine. 4° Sucre en pains ou raffiné. — Le sucre ordi- naire en pains coniques est connu de tous : c’est un corps solide, sans odeur, tres blanc lorsque le raffinage est parfait, d’une saveur douce et agréable, formé de cristaux légerement transparents, et dont la forme pri- mitive est un prisme rhomboidal terminé par un biseau; cette variété de sucre commercial est extraite des sucres brute de la canne 4 sucre (sucre exotique) ou de la bet- terave (sucre indigene). Un grand nombre de végétaux, comme les carottes, le sorgho, les tiges de mais, etc, pourraient produire des sucres de méme variété; mais, dans la majorité des cas, la faiblesse du rendement, jointe au prix de revient de la matiére premiere. devient un obstacle a leur extraction. _La composition chimique du sucre est connue depuis longtemps. C’est M. Lavoisier qui le premier en déter- mina les principes, puis MM. Gay-Lussac et Thénard, Berzélius ensuite, et aprés eux un grand nombre de ‘chimistes modernes ont constaté les méme principes A. 20 eG Ee - CHAPITRE ‘quinziEae. constitutifs. Voici les proportions, d’aprés les wala 2S les plus récentes, du sucre cristallisé : carbone (en poids), 42,105; oxygene, 51,181; hydrogene, 6,633. Lorsque les sucres exotiques ou indigenes, c’est-a- dire de canne ou de betteraves, ont subi un raffinage complet, ils ont un gout et une composition identiques ; il n’en est pas de méme lorsqu’ils offrent quelque im- perfection dans leur raffinage, car, en ce cas, le gout du sucre de canne en pains tachés est bien supérieur aux pains de méme nuance de sucre de betterave : cela provient de ce que les basses matiétres ou mélasses des sucres oxotiques et celles des sucres indigénes offrent des différences de gout tres tranchées : la mélasse de sucre exotique n’a pas de mauvais gout et est employée pour la bouche, tandis que les mélasses de sucre indi- gene ont un mauvais gout d’origine trés prononcé, qui ne permet pas de les employer aux mémes usages. C’est pour ce motif que le sucre de canne est préféré. Le sucre raffiné est tres soluble dans l'eau froide, qui en dissout un poids égal au sien; il peut se dissoudre en toute proportion, achaud et surtout dans l’eau bouillante. Les sucres bruts, c’est-a-dire non raffinés, sont bien moins employés aujourd’hui qu’autrefois par les liquo- ristes et les confiseurs, & cause du peu d’écart qui existe entre leur prix et celui du sucre raffiné, 4 cause aussi du travail et des frais qu’exigerait leur clarification. 2° Glucose. — La glucose est le sucre des fruits; on en connait de nombreuses variétés dont le sucre de raisin est le type; on peut l’obtenir avec du ligneux pur, tel que les chiffons, la gomme, la fécule, Famine lurine des dabeianess les grains, etc. — Nous indiquons, page 329 du tome II, la maniére da faire les sirops de raisin pour la préparation des calabres a . ) ] FABRICAT é : - 2, chaud, et page 330 du méme volume, la fabrication des sirops de raisin désacidulés. Pour en faire du sucre de raisin, il suffit de continuer l’ébullition, qui a déja porté le sirop & 32°, et de concentrer jusqu’a 35° bouil- lant au pése-sirop de Baumé; on laisse ensuite refroidir. Ce sirop concentré se prend au bout de quelques jours en masses cristallines que l’on met & égoutter sur des claies; on nettoie les surfaces par un léger lavage avec de l'eau trés froide, et on presse les mamelons. II est trés rare que l'on suive ce procédé a cause de la colora- tion que la cuisson prolongée fait subir aux sirops de raisins; le plus souvent, aprés les avoir concentrés a 32°, on les met en fits. Dans le commerce on trouve la glucose, qui, généra- lement, provient de la saccharification de la fécule, sous forme de sirops ordinaires pesant 36° Baumé, et pour les expéditions au loin du centre de fabrication, en sirops dits massés, impondérables, qui ont une densité de 40 a 42° Baumé, qui correspond a la densité des mélasses des sucres de canne; ces sirops sont plus ou moins blancs, les premieres qualités sont cristallisées. Quoique tres blancs, ils ont une saveur légerement sucrée, et beau- coup renferment encore dela dextrine non décomposée, ce que l’on reconnait tres facilement par une goutte de teinture d’iode versée sur 5 centilitres de sirop mis dans un verre, et en remuant ensuite : il se produit alors une coloration violette. On expédie aussi des glucoses en masse et méme en grains. Ces deux yariétés proviennent de la concentration des sirops ordinaires, mais la forme sous laquelle se ren- contre le plus souvent la glucose est celle de sirop épais 3 40°. Ces sirops servent de base aujourd’hui a la fabri- cation des sirops rafraichissants de qualité ordinaire, et a graisser les liqueurs communes. Comme ils sont plus s 388 ; . CHAPITRE QUINZIEME. lents a se dissoudre dans l'eau, qu’ils paraissent, a den- — sité égale, plus épats, plus gras que les sirops de sucre pur, certains consommateurs accordent la préférence aux sirops glucosés sur les sirops de sucre pur, bien qu’en réalité ils soient tres inférieurs comme pouvoir sucrant. 3° Miel, mannite, chulariose. — Ces trois variétés de matiéres sucrées sont rarement employées dans la fa- brication des liqueurs. Le miel, a part son prix de revient plus élevé que celui du sucre, est d’ailleurs trés sujet a fermenter, et en outre du sucre cristallisable et incristal- lisable qu’il renferme, il contient des principes aroma- tiques qui different selon les contrées de provenance. La chulariose ou sucre liquide se rencontre dans les mélas- ses de canne et de betterave; elle n’est utilisable que lors- que la clarification de ces basses matitres est parfaite. 4° Sucre de réglisse, glycérine. — Le sucre de — réglisse ou glycirrhizine ne se rencontre pas pur dans le commerce; il forme la base du jus de réglisse que la con- centration a caramélisé. Il serait possible d’obtenir le sucre de réglisse d’une couleur jaune et transparent, mais incristallisable. Quant 4 la glycérine, c’est une matiére sirupeuse que l’on nommait autrefois principe dowx des huiles ; on la sépare des huiles. On en connait dans le commerce deux sortes : la brute et la clarifiée. La glycé- rine brute a une couleur jaunatre, une saveur sucrée et chaude en méme temps qui participe du sucre et de Val- cool; clarifiée, elle est incolore et n’a pas de gout pro- noncé. Cette matiére a été rencontrée dans plusieurs vins et elle a beaucoup d’analogie avec les mucilages observés par plusieurs chimistes et sous différents noms dans les vins moelleux. M. V. Kletzinsky, professeur de chimie a Vienne, a fait des expériences qui ont démontré que - eh vel mae Ne or ls at >, - 5 - ‘ vt ay x ot 3 la glycérine parfaitement pure, prise 4 l’intérieur en assez grande quantité, déterminait une sensation tres manifeste de chaleur, mais ne provoquait jamais le moindre symptome dangereux. Il serait donc possible de Vutiliser en certains cas, & cause de ses qualités onc- tueuses, surtout si, étant diluée, elle n’est pas sujette a entrer en fermentation. La clarification de cette matiére a lieu par des prépa- rations ot il entre du plomb; on doit dans son emploi vérifier si elle est chimiquement pure et totalement débarrassée de l’oxyde de plomb qui a servi a sa puri- fication; mais d’ailleurs sa valeur commerciale étant beaucoup plus élevée que celle des sucres raffinés, il ny a aucun avantage a l’employer. Clarification du sucre brut. — Dans la fabrication des liqueurs fines on emploie généralement le sucre raf- finé blanc; le sucre brut n’est employé que dans les l- queurs communes et les sirops, a cause de sa coloration, qui, quelquefois, est trop prononcée. On diminue cet in- convénient en le clarifiant et en le décolorant en méme temps par l’emploi du noir animal et du noir végétal (charbon d’os et de bois en poudre), que l’on mélange dans la dissolution du sucre brut. On doit choisir ce sucre d’un beau blond, a grain sec, éviter les sucres vis- queux, & grains rougeatres, qui, ainsi que les sucres avariés, sont trés difficiles a clarifier, et donnent aux sirops un gotit de mélasse. La bonne quatriéme est la sorte quis’emploie le plus. Le noir végétal est du charbon de bois tres pulvérisé en poudre impalpable; le charbon d’os doit, s’il est impur, étre lavé et purifié avec l’acide hydrochlorique employé a la dose d’un kilogramme sur deux kilogrammes de noir, mélangé en quatre layages “successifs. On commence par verser sur le noir de l'eau, | SGA ee DES. LIQUEURS DE TABLE. ~— 389 se a+ ree oS ee eee A A eee ee ee KS Cree Poe ee! 7) beter AG 390 ro “Catbirne Rie? et par en former une bouillie que l’on malaxe bien; on verse cette pate dans une terrine de greés, et on y meé- lange une demi-livre d’acide en agitant completement et Jaissant l’acide une heure en contact avec le noir. On verse alors une pleine terrine d’eau bouillante et on laisse déposer le noir; on décante cette eau et on verse sur le noir une houvelle quantité d’acide. On opere les autres lavages de la méme maniere; apres la derniere décantation, on fait égoutter le noir animal dans une poche. (On trouve dans le commerce du noir animal pu- rifié, ce qui évite cette manipulation.) On opere ainsi qu'il suit: on prend cing blancs d’ceuf que l’on met dans un baquet a large ouverture avec un litre d’eau, et avec un balai on les fouette vivement pour en déchirer les cel- lules; une fois bien battus, on verse peu a peu 8 litres *deau, ce qui forme 9 ihefes d’eau albumineuse destinée a la clarification. Sucre brut (bien sec, poids net)........... 00 kilog. Noir animal pulvérisé et lavé......... RAR a Charbon de bois en poudre......... vo cee eae. Blanes depuis’. 5, 2.4 ecg ee (nombre) 5 Kausalbumineuse, .). 24 -sicd. yee ee ict 9 litres. Haw puress sccm.

rn Si « * FABRICATION DES LIQUEURS DE TABLE. 395 fabricant fait varier selon les exigences de sa clienttle et selon le prix de vente; ainsi certains sirops renferment un quart, d’autres une moitié, d’autres enfin trois quarts de glucose. M. Barreswil a indiqué un moyen de recon- naitre dans un sirop la présence de la glucose; on opere ainsi qu’il suit : On fait dissoudre 40 grammes de soude cristallisée, 5 grammes de tartrate acidulé de potasse et 40 gram- mes de potasse caustique, dans 400 grammes d’eau; dun autre cété, on fait aussi dissoudre 30 grammes de sulfate de cuivre dans 100 grammes d’eau, on mélange ces deux dissolutions, et on les filtre. On met dans une éprouvette le sirop 4 examiner et on y verse de cette dissolution: s'il est composé de sucre cristallisable, 1 n’y aura aucun changement de couleur, soit 4 froid, soit 4 chaud; mais si le sirop renferme de la glucose ou du sucre incristallisable, il se produit aussitét un protoxyde de cuivre. Disons toutefois que les sirops qui ont bouilli longtemps, ayant une partie de leur sucre cristallisable transformée en sucre incristallisable, ces réactifs ne peuvent donner que des résultats incertains - Les consommateurs peuvent essayer les sirops par un procédé plus simple : ils n’ont qu’a vider dans un verre 2 centilitres de sirop de sucre pur et de méme nature que celui qu’ils veulent éprouver; ils vident également 2 centilitres de sirop suspect, ils ajoutent dans chaque verre 10 centilitres d’eau et remuent bien les mélanges. En comparant ensuite les deux résultats, ils reconnai- tront le sirop’glucosé, dont la saveur sucrée est beau- coup plus faible, bien qu'il paraisse & Vceil beaucoup plus épais et plus gras que le sirop de sucre pur. Sirop de gomme. — Formule du Codez : Gomme arabique blanche......-+.....+++- 500 gr. TE 6 a NG Ca a ee ee nat 396 CHAPITRE QUINZIEME. | Remuer de temps en temps pour dissoudre, passer au blanchet, et méler avec : | Sirop simple bouillant....... Se aes Ge a Eilog: Telle est la formule du Codex. On aromatise ordinai- rement ce sirop avec demi a 4 pour 100 d’eau de fleurs d’oranger que l’on mélange a froid. Sirop d orgeat.— Formule de MM. Henry et Guibour : Amandes. CONCES 4 ou.ns sie ow ada ee 0 kilog. 500 gr. Amandes Am¢eres..).. 5. ssa Peewee 0 125 Sircre see. (ta Svcd Rk ee 3 00 Gomme adragante (ou arabique),... 0 31 Eau de fleurs d’oranger double..... 0 250 Fla MLC iw aan se ot ote dene buss ein eas ] 625 On monde les amandes de leur peau; pour cela, on les jette dans une bassine d’eau bouillante, on les remue, et lorsque la peau s’enléve facilement, on les met dans une terrine d’eau froide, on les monde et les remet dans de l’eau fraiche; puis on les pile dans un mortier de marbre avec 625 grammes de sucre, on partage cette pate en huit parties, que l’on pile séparément jusqu’a ce qu’elle soit tres fine; on la délaie alors dans 4 kil. 500 gr. d’eau, on exprime a la presse et on ajoute le sucre etla gomme, que l’on fait dissoudre 4 une douce chaleur; on passe a travers une toile -et l’on verse sur celle-ci l’eau de fleurs d’oranger; on exprime la toile sur le sirop et l’on remue avec une spatule a plusieurs re- prises, jusqu’& ce qu'il soit tiede, afin d’empécher la pellicule huileuse. Autre méthode : on monde les amandes et on les moud dans un moulin spécial, ou on les broie dans une grande sébile suspendue par quatre cordes au plancher et dans laquelle tourne un boulet; pour faciliter le broie- ment, quel que soit le mode employé, on ajoute un peu d’eau a la pate. Lorsqu’elle est broyée bien finement, on fi aie ee = ae we ee eee em ne ee Pea” Gee a Pete A! Cee Tr ge Pere he foe | | FABRICATION DES LIQUEURS DE TABLE. 397 fa passe & la presse et on délaie de nouveau le tourteau dans une terrine contenant de l’eau; on le presse de nouveau, on passe le lait d’amandes dans un tamis, on le verse dans la bassine ot est le sucre concassé, on remue, et al’aide d’une douce chaleur on le fait fondre. Pendant ce temps on a fait dissoudre la gomme dans un peu d'eau qu'on a ménagée pour cet usage, on la passe et on vide la dissolution de gomme et l’eau de fleurs d’oranger. On arréte le feu et l’on continue a remuer de temps en temps jusqu’a ce que le sirop soit tiede; on le met alors dans des bouteilles bien séches, on bouche et on met 8 la cave. Sirop de groseille. — Ce sirop se fait, soit avec des egroseilles et des cerises aigres, dans la saison des fruits; soit avec des conserves de groseille; ces conserves ne sont autre chose que des jus fermentés de groseille additionnés de 10 pour 100 de cerises aigres, pour éviter la gelée ou coagulation, et quelquefois de fram- hoises, et qui ont été traitées par les procédés Appert. Fruits récents : Groseilles rouges mondées.. 9 kilog. ae Cerises aigres. i. 42... ewe. ] On écrase les fruits dans une terrine ou jarre que l’on laisse ensuite dans un chai ou une cave pendant vingt- quatre heures, puis on passe le jus sans ]’exprimer et on y fait dissoudre & une douce chaleur 935 grammes de sucre par 500 grammes de jus. | Conserves : Conserve de groseille....... ere CO SEileg! _ Sucre raffiné blanc......... eA On verse la conserve sur le sucre préalablement concassé a petits morceaux dans une bassine placée sur le feu ; on chauffe en agitant constamment pour faciliter la fonte du sucre, et dés les premiers bouillons, on retire la bassine de dessus le feu, on enléve les écumes et on passe dans une chausse. ik ieee * » Ss et. ras - Ps Fs PRs gee ee en y F 7 7 aes nae > yl be ee Oa lh ate Lorsque la conserve de Bee a une couleur. D le on la reléve avec des vins droits de gout et tres colorés. Quelques fabricants ajoutent a ce sirop de l’acide tar- trique et du vinaigre framboisé, surtout lorsquils dimi- nuent la quantité de conserve & employer. Sirop de menthe potvrée ou glaciale. — Ce sirop se fait de deux maniéres : en faisant dissoudre a une douce chaleur deux parties de sucre sur une partie d’eau dis- tillée de menthe, ou en aromatisant le sirop simple de sucre avec 4 grammes d’essence de menthe par litre de sirop. Il se vend de couleur blanche ou verte et sa colo- ration est due & la méme substance que celle qui est employée pour les liqueurs. Sirop de capillaire : Capillaire de Canada mondé..... oo d¥ee” MEZOE RE. Eau. bowllanté. 7 Via y iw Luckie, siee ene 2 litres. Sirop simple bouillant.........erseeses wie 8 kilog. Eau de fleurs d’oranger...... je sive ein? Leer L On met le capillaire au fond dune terrine vernie, on y jette un demi-litre d’eau bouillante, on couvre, et cing minutes apres, on y vide le reste de l’eau et on laisse infuser trois heures. Ensuite on mélange infusion avec le sirop que l’on porte par la cuison a 31°. On passe le tout a la chausse, et lorsque ce sirop est tiede, on y ajoute l'eau de fleurs d’oranger. — Certains auteurs conseillent de remplacer l’eau de fleurs d’oranger par 5 grammes de thé noir kyswin ou pékao, afin de rendre le mélange plus odorant. Cependant le plus grand nom- bre des consommateurs préfere la fleur d’oranger. Sirop de vinaigre framboisé. —- Formules diyerses : 4° On mélange une partie de SIrOp cuit a la plume ou boulé, avec partie égale de vinaigre simple ou fram- boisé. 2° On mélange 30 parties en poids de sucre pulvérisé “sur 16 parties is vinaigre, et on fait dissoudre & une -douce chaleur. Sirop de grenadine, limon, etc. : Buc ce STenaAde CPure:..........ceeeees 1 kilog. MOO MMENG CASEO lo. eee eee eee v dee OOD On fait dissoudre le sucre & une douce chaleur. Sirop de café. — On fait une infusion concentrée de café moka, on la filtre, et on mélange a chaud une par- tie de café concentré sur deux parties en poids de sucre. blanc. Toutes les infusions de plantes peuvent étre pré- parées dans ces proportions pour former des sirops. Sirops de punchs. — Les sirops de punchs ne sont pas des sirops, mais bien des liqueurs, puisqu’ils renferment de Valcool. On les nomme szrops, parce qu ils sont mé- langés ordinairement a chaud avec le double de leur volume de thé ou d’eau bouillante; ils peuvent se pré- parer de plusieurs manieres. A froid : sirop de punch au cognac, au rhum, a l’ar- magnac ou au kirsch (on remonte les rhums ou arma- enacs au méme degré que les cognacs) : Sirop de sucre raffiné 4 36°....... Gaigice - set COMES Cognac Champagne rassis 4 60°....... fra Tae ey CO RENTIOUG oh. og Cy inis'v o 6 ols ese ae MRA AT eae ste ts Esprit de citron..... BP Seducoca bin > aa fated 7 centilitres. On mélange le cognac avec l’esprit de citron, puis avec le sirop; ensuite on ajoute l’acide préalablement ‘dissous dans un peu d'eau, et, s'il est nécessaire, on fonce un peu la couleur avec du caramel préalablement dilué avec de l’eau-de-vie. A chaud : on fait un sirop cuit a 32° et on y ajoute bouillant le cognac, le rhum ou le kirsch; mais ce mé- lange chaud fait perdre une partie de l’arome; on doit l’éviter lorsqu’on emploie des eaux-de-vie de bonne nature et vieilles. hd REP UN oe cia eae et eae aR ie cae 400 ) GHAPITRE ‘QUINZTEME,- havi CONFECTION DES LIQUEURS NON SUCREES. Observations préliminaires.— Les liqueurs non sucrées sont des alcools provenant soit de la distillation dun liquide fermenté tel que les eaux-de-vie diverses de vin, les rhums provenant des jus fermentés des cannes a sucre et de leurs mélasses et les kirschs provenant de la distillation des vins de merises ou cerises. Nous avons — parlé dans le cours de cet ouvrage de ces trois produits; il nous reste a décrire la fabrication des extraits d’ab-— sinthe et des bitters, qui sont des esprits composés obtenus par divers procédés. _ Absinthes. — Les extraits d’absinthe sont lobjet d’un commerce d’exportation considérable dans toutes les parties du monde; il s’en expédie surtout de grandes quantités pour l’Amérique du Sud, |’ Afrique et les con- trées intertropicales, ot cette boisson, mélangée d'eau, est employée comme excitant et apéritif. Dans la fabrication des extraits d’absinthe de bonne qualité, il ne rentre rien d’insalubre, et la coloration en est obtenue par la dissolution, dans l'extrait distillé, de la chlorophylle des feuilles et sommités fleuries de la mélisses et autres plantes. L’abus de l’absinthe produit, il est vrai, une grande surexcitation cérébrale et nerveuse, ce qui est tout naturel, car c’est de tous les extraits alcooliques, pris en boisson, le plus élevé en alcool pur en méme temps que le plus chargé d’huiles essentielles ; c’est pour cela que quelques personnes ont cru qu’il entrait des substances toxiques dans sa composition. Pour fabriquer l’absinthe avec avantage, il faut opé- ‘ PL .10 nu et icateur fi 40 A 81 Nie \ Bt STR TASFS ET PEhU SESS keetavat era s.4 INCA AQAA {im Ki i ‘ —— cpg Hy i. oe Con Rect NY edhe hah vel edibastbey Mona fine Daal Appareil Derosne Lf { iy in tl slg ari =~ ©. | ~, Nal ngs ie A TH Fe Be EY: id a “itt Hae Aten: =" : aoe #)) DEO PABLE CO a IN Os ON Stal I ee i SS San rs cared ae: Sie tT oC FABRICATION DES LIQUEURS | ‘rer en grand et acheter les plantes par lots considérables, pris sur les lieux mémes de production ou sur les mar- chés de premiére main. On peut ainsi produire bon et 4 bon marché; tandis qu’en ne faisant que de petites dis- tillations, en achetant les plantes de seconde main, les frais de manutention et de fournitures sont tels, que le produit revient 4 un prix élevé, quine laisse de bénéfice qu’aux seules maisons spéciales. Les plantes nécessaires a la fabrication de l’absinthe sont : la grande et la petite absinthe, l'anis vert, le fenouil, la mélisse, l’hysope ; dans certaines fabrications, on ajoute de la menthe, des racines et semences d’angé- lique, et des feuilles de dictame de Crete. Les deux absinthes sont originaires des parties monta- gneuses de la Suisse ou des contrées voisines. En fabriguant pour exportation, on se servira d’un vaste alambic contenant aisément 7 hectolitres, en plus des plantes. Cet alambic sera muni d’un double fond et chauffé par la vapeur. Le chapiteau devra étre a téte de more. Les plantes s’achétent, de premitre main, dans nos © villes voisines de la Suisse, & Pontarlier, etc. Les grai- nes ont cours sur tous les marchés du Midi. Absinthe suisse. — Détails de fabrication.— Voici Jes recettes pour la fabrication de 5 hectolitres d’absin- the suisse : : Grande absinthe suisse, mondée...... 12 kilog, 500 er, BE ELS Ws Ssoce whe b ja be % i Seer . dso — » TMLee ence dceip’-+. 0-0-8 PS vein Oye 20 — » eR ee Ae oon 5 dew o s70 0: obs a9 0 A75 litres. On laisse infuser les plantes dans le bain-marie, pen- dant vingt-quatre heures; on ajoute une barrique d’eau {225 litres); on lute et on distille pour retirer 475 litres A. 26 402 cHAPIERE quiNerane. © — d’aleool parfumé, que l’on met a part. On contri a distiller complétement les phlegmes, dont le produit est versé sur une autre distillation. On vide alors l’alambic entierement, on l’éponge et on prépare les plantes servant a la coloration. Ces plantes seront choisies avec soin; on devra les monder, rejeter les feuilles noires, détériorées, etc., et choisir la mélisse, surtout avant sa floraison, parce qu’elle renferme alors plus de chlorophylle : Petite absinthe séche, choisieet mondée. 5kilog. » gr. Mélisse citronnée, choisie et mondée.... 5 -— » Hysope fleurie.......... vis deh séeilew sto! ae. OO Ces plantes sont réduites en tres petits morceaux a l'aide d’un pilon; on les verse ensuite dans le bain- marie de l’alambic, avec 190 litres d’alcool parfumé; on remue le mélange, on lute l’appareil et on chauffe lente- ment, comme pour pratiquer un tranchage (voyez Con- servation des liqueurs), c’est-a-dire a 60°. Avec un colorateur chauffé par la vapeur, et muni d'un thermo- metre intérieur, l’opération est plus facile. Lorsque la chaleur est arrivée au degré voulu, ce que, a défaut de thermometre intérieur, l’on reconnait approximative- ment lorsqu’on ne peut plus laisser les mains sur le chapiteau sans se briler, on éteint le feu et on laisse refroidir lentement le liquide dans le bain-marie. I s’écoule de huit a dix heures avant qu'il soit refroidi. On soutire alors l’alcool coloré, on le passe a travers un tamis, pour le séparer des parties de feuilles qu'il a pu entrainer, et on le mélange avec l’absinthe blanche. Cela fait, on constate le degré alcoolique. Les feuilles se mettent & égoutter; elles ne sont pas encore completement épuisées, et elles peuvent servira colorer une faible partie d’absinthe blanche; mais il faut, alors, maintenir la chaleur plus longtemps. a : = 13 ; - L’absinthe de premiere qualité s’expédie a 72°; c’est Je titre commercial. On ne doit l’expédier qu’apres quel- ques mois de repos, afin de lui laisser perdre le gout herbacé et empyreumatique qu’elle possede étant nou- vellement fabriquée. On la réduit, en conséquence, 473° couverts, avant de la mettre au repos. Elle se clarifie parfaitement sans filtration. Qualité supérieure d’absinthe. — On obtient une qualité supérieure en employant, avec des alcools de vin bien moelleux et rassis, les proportions suivantes : Grande absinthe suisse mondée...... 12 kilog. 500 gr. PRUE MOTL Sts ely idisle ccc kees ae ne eget, OU — » BOCHOUM Gt thie eck ese Riga dean 20 — » Racines d’angélique............0. 1 — 500 Mamie poiwrhe. SieisueX soba e deloes 1 — » Génép des Alpes...) eee es cbe haves » — 500 PACOO MOO Seis bag Va sj spew wih «0 2 Hes 475 litres. Pour la coloration, on optre comme nous avons dit dans la recette précédente. Ul est inutile de répéter que les doses sont fixées pour fabriquer 5 hectolitres d’absinthe & 72°. Il faudra natu- rellement ou les diminuer ou les augmenter, selon la dimension des appareils dont on se sert. Nous avons obtenu, dans le Levant, de bons résultats par l’emploi de ces deux recettes. On demande quelquefois, pour certaines contrées, des absinthes qui blanchissent beaucoup I’eau. On est obligé, dans ce cas, de forcer la dose d’anis vert de 1 kilogr. par hectolitre, ou d’y introduire 50 gr. d’essence d’anis vert ou d’anis étoilé (badiane). On emploiera le méme procédé pour faire blanchir l’absinthe trop vieille. La couleur verte de l’absinthe devient jaunatre, _ feuille morte en vieillissant. On pourrait conserver la ST 1 eet EGU alsa aan Midis i Ss 2h a eos a I Lo er ae) a Te ae ph tangle 1g A ee st Cer? E vs Ee Le, Meee! OW ‘ PM A pat ; © ; ag Ot ili ~ a . 4 f ie FABRICATION DES LIQUEURS DE TABLE. 403 Po ale) AOL mi a a CHAPITRE Ep qUINaME. . nuance “gy en ajoutant a l’alcool coloré 18 praniae dalun par hectolitre; mais il vaut mieux la laisser changer naturellement de couleur. Tout ce que l’on doit observer, c’est de ne pas laisser affaiblir le degré, parce que si le titre descend au-dessous de 70° la chloro- phylle, matiére colorante des feuilles vertes, se précipite. Ainsi, lorsque les absinthes tombent au-dessous de 72°, on devra les remonter jusqu’a ce titre. Les procédés que nous venons de décrire sont ceux que lon emploie dans la fabrication des absinthes dites swisses. Depuis quelque temps on expédie des absinthes colo- rées par les plantes au titre de 60°. Nous avons constaté que ces absinthes arrivaient a destination louches, par suite de la précipitation de la chlorophylle qui ne peut se maintenir soluble dans l’alcool au-dessous de 70° On rencontre, dans le commerce, des absinthes fabri- quées a froid, c’est-a-dire sans distillation. Quelques- unes sont colorées par les plantes que nous avons nommeées, et de la méme maniére. On les aromatise avec les essences suivantes : Asinthe a froid : Essence de grande absinthe.......... 30 gr. par hectol. — d'anis verts.'s. 2. eee 100 ~ — de, badiane.£34 00522. Re hele eS) — — de fenouil doux..... ea 20 grammes. Aleéoul &:060.1,..e's scent we cleioe ele 85 litres. Elles ont le méme titre alcoolique, 72° centigrades. On opere ainsi qu'il suit pour obtenir la coloration : Dans 33 litres d’alcool 4 86° on fait infuser (en ayant soin préalablement de les bien monder, piler et sécher) les plantes dans les proportions suivantes : Mélisse citronnée s/t 4s o).5 ea ok sae REE! kilog. Petite absinthe mondée.............. de 1 — Hysope fleurie:......... > Reet be cate . 750 gr. ers estoy UB nvr tan oy he ype Sa eS ia FABRICATION DES LIQUEURS DE TABLES, 8°) 405 On mélange et laisse infuser trois jours: ensuite on fait dissoudre les essences dans les 52 litres d’alcool qui restent sur les 85 litres & employer; on y ajoute Vinfu- sion colorée ainsi que les 45 litres d’eau, qui réduisent Vabsinthe a 72° 1/2 environ. Cette aegis qui est employé par les personnes n’ayant pas d’ aonien distilla- toire, produit des absinthes inférieures aux deux pre- micres recettes. On a enfin essayé ite les colorer avec des feuilles épinard, d’ortie, etc.; mais la qualité est encore plus inférieure. Les absinthes au-dessous de 72° sont colorées, comme les liqueurs vertes. avec le bleu en liqueur (dissolution @indigo dans l’acide sulfurique) et le caramel; mais généralement, on expédie peu. au dehors ces qualités inférieures, qui sont presque toutes fabriquées, soit au moyen de la dissolution des essences, soit comme suit: Essence de grande absinthe......:.......000. 30 er. — Go-petite absinther .\.1..°.'. 5 a's ve o's 2's SEER — Cais Vertss 06335003 ates Ba Ss Rey spel — SIC) [UC TEIE Tk SO A nS Cela a poirot, _ Gelenoube os s8sis psi ees siete: Hes ae i bs von de mélisse....... Paik the uk at ce seat tes 3 — WAESODC, v<:42 5 «> Bie thectie. are aie clea adigs De Le tout en dissolution dans 56 litres d’alcool a 90°. On mélange et on colore ensuite, apres avoir ajouté ‘4 litres d’eau distillée, ce qui forme 1 hectolitre a 50° ou bien on opere par distillation, ce qui donne un pro- duit meilleur. On a proposé d’adoucir l’absinthe nouvelle avec du sirop et du sucre. Ce procédé est bon a employer par les débitants ou les fabricants avant leur prise en charge; mais le commerce doit s’en abstenir, parce que l’absin- the étant vendue au degré, un seul litre de sirop sur or Dee Ne WAP 8 A ae eS eee Ye a ee a % 3 Pe Ce eta ged ns a hac bh Sut x hee eta es * RE sg ety aie P : Y. a "tee 406 z CHAPITRE. urna 4 hectolitre la fait tomber de 2° d’alcool, et on serait. forcé de la remonter en pure perte, car absinthe est prise en charge par la régie sur un compte particulier et paie un droit excessif de consommation. Absinthe ordinaire par distillation. — Il est nécessaire d’employer un chapiteau a téte de more, car lorsqu’on distille avec ]’alambic a colonne a plateaux, on obtient, il est vrai, un extrait plus fin en goat, qui est méme supérieur a |’extrait obtenu avec la téte de more pour fabriquer les creémes d’absinthes, mais qui est moins riche en huiles essentielles, de sorte que l’ab- sinthe ne blanchit pas assez. "Grande absinthe,. elzissust sie. c. eee 2 kilog. 500 gr. Petite absinthe sso Via Pere de eee 1 — 500 Mélisse citronnée. i liscw ss vas ce seme > — > Hysope fleurie.:. 4% weleateses¢ = » — 500 Menthe: 685 0. s\lo ais Sie ee = ale ee » — -100 Racines ‘d’angélique, 2) ie. « cc be oa eee Ee Calamus aromaticous....f0)64.) cos. os cee Racines d’angéliquesa ied vice. iies. 1 ee oa St he, Se ee me aes Or i ee Va net eae eel ane ee oe Sid tat ; ud a oe ers yt FABRICATION DES LIQUEURS DE T te ABLE. eT AM Oty ae oA. We af's.5's 040° 9 o's Sid'y aiaiseisle nin), SPATOMES: MPMI Ge Ree Me tes asia ee’ x Wels ab alee 20 seems Rae Er TOU ale staie'e a Wie disislsre g's dura LU teen te PPEIMUMTOE TACECACHOU ss cc cat we eackeg cle cas 1 litre. Eau-de-vie d’Armagnac rassise 4 52°...... . 9 — RIEL a cis shs's'e. 0's 6.0 «6 wie earetredid os ALOR Il est important que l’eau-de-vie soit en nature et rassise; on divise bien toutes ces substances, on les pile et on les met a infuser dans l’eau-de-vie & 52°. _ Vinfusion peut étre faite a chaud ou 4 froid. Lorsqu’on opere a chaud, elle est plus prompte ; on verse les subs- tances dans un bain-marie et on chauffe le liquide a 50° environ, en remuant et tenant le bain-marie couvert. On laisse refroidir tres lentement, et aprés un jour de macé- ration on ajoute la teinture de cachou, puis l’eau dis- tillée, et on met au repos pour filtrer. A froid, on laisse infuser les substances, moins la gentiane, dans l’eau-de-vie, pendant quinze jours (1); elles doivent étre divisées le plus possible; on fouette le liquide de temps 4 autre, et apres quinze jours d’infusion on ajoute la teinture de cachou faite dans les conditions que nous avons indiquées; puis l'eau distillée, dans laquelle on a fait bouillir la gentiane pendant deux heu- ; 4 4 | f res, est versée tiéde dans le fut & macération. Le bitter est ensuite filtré et mis au repos pendant quelques jours, et enfin filtré de nouveau s’il laissait & désirer comme limpidité. Ce deuxitme filtrage évite les dépdts considé- rables qui se forment souvent dans les bitters de fabri- cation récente. La consommation demande des bitters de couleur tres foneée; primitivement cette liqueur se colorait au bois a ee en aa an nee a SER Se ELSIE ESS 5 ATG (1) La macération se fait mieux dans un erenier que dans un chai, & cause du degré toujours plus élevé de la température. LAO ae - CHAPITRE iviitennne de Fernambouc; on préfere aujourd hui les hitters dang 4 couleur brune trés accusée, de sorte qu’étendus d’eau ils ont encore une. teinte jaune foneé bien prononcée. On obtient cette couleur avec le caramel bien cuit unia une couleur rouge. Variétés diverses de bitters.— On trouve dans le com- merce, des bitters de toute nuance, depuis le black-bitter ou bitter noir jusqu’au bitter blanc. Chaque liquoriste les fabrique & sa maniere et par des procédés tres diffé- rents. Les uns font l’infusion 4 chaud, d’autres a froid. Il en est qui font un bitter tres aromatique en y ajoutant des esprits distillés d’oranges ameres; d’autres y mettent de fortes doses d’aloes succotrin pour le rendre trés amer, colorent avec beaucoup de caramel, se servent de trois- six de qualité inférieure et aromatisent avec quelques gouttes d’huiles essentielles de bigarades et de citron, de sorte qu’il existe presque autant de variétés de bitters que de fabricants. ) | La recette que nous avons indiquée pour la fabrication du bitter étant fort simple 4 exécuter, puisqu’elle peut se faire sans appareil spécial, il est inutile de s’étendre d’avantage sur ce sujet. FABRICATION DES LIQUEURS DE TABLE PAR LES DIVERS PROCEDES CONNUS. Observations préliminaires.— Nous avons déja indiqué quels étaient les divers procédés employés dans la fabrication des liqueurs de table. En donnant les détails de confection de chaque liqueur en particulier, nous indi- querons les méthodes de fabrication par distillation, infu- sion, dissolution, etc., etnous donnerons l’analyse com- merciale du. produit fabriqué, c’est-a-dire la quantité — ye da OS 4 4 A Laat” i a t+ > A lah. Sofa op 2 ~~ ee a slat FABRICATION DES LIQUEURS DE TABLE. = & 3 ae d’alcool pur et de sucre qu’il renferme. Nous ne parle- rons pas de l’emploi des sucres ou sirops autres que ceux de sucre pur, qui doivent étre préférés pour la fabri- cation des liqueurs, parce que les sirops de glucose ne servent qua ¢romper (ail en faisant paraitre les liqueurs communes plus onctueuses et plus sucrées qu’elles ne le sont réellement; mais les liqueurs ainsi édulcorées ont Vinconvénient d’étre pateuses et fades au gout, et sont, a densité égale, beaucoup plus communes que celles qui ont été sucrées avec le sucre pur. Confection.— En traitant de linstallation d’un labo- ratoire a froid (article Conge et filtres), nous avons déja parlé de la confection. En général, les regles pratiques a sulvre pour opérer les mélanges sont les suivantes : 1° Clarifier @ part avant le mélange des liquides trou- bles, qui sans cela louchiraient l’opération et la ren- draient parfois tres difficile 4 clarifier; on emploiera de préférence l'eau distillée, plutét que les eaux potables ordinaires; . 2° Vider d’abord les esprits aromatiques dans le conge ou vase quelconque ou doit s’opérer le mélange; si l’on a des essences 4 dissoudre, on les transvasera dans une bouteille et l’on y ajoutera de l’alcool trés rectifié, en agitant & plusieurs reprises jusqu’a ce que la bouteille soit aux trois-quarts pleine; on agitera de nouveau et l’on videra le contenu de la bouteille sur |’alcool simple, et l’on agitera encore. 3° Les eaux aromatiques seront versées sur l’alcool simple ou aromatisé, ensuite on videra l’eau et le sirop. En employant des sirops de sucre blanc de premier choix préparés & l’avance, l’opération sera plus rapide et les_ liqueurs récentes auront plus de moelleux que si elles sont faites avec du sucre fondu a froid dans l’eau. La coloration des liqueurs ne doit se faire que lors- " CHAPITRE Sci “a | qu’elles sont entitrement terminées, qu'il n’y a rien’ a : y ajouter. | Clarification. — Apres le mnélanee les liqueurs, sur- tout celles ou il entre des infusions, sont plus ou moins troubles; avant de les filtrer, on les colle; on peut employer pour cet usage les mémes clarifiants albumi- neux et gélatineux que ceux qu’on emploie pour coller les vins, et dont on trouvera les diverses préparations au chapitre II, tome Hl, page 47. Les doses devront étre moins fortes que celles qui sont indiquées pour les barriques bordelaises ; ainsi, pour le collage aux cufs, on ne dépassera pas une moyenne de deux a quatre blancs d’ceufs par hectolitre; pour le collage a la gélatine 15 a 30 grammes suffiront, et 5 a 10 grammes de colle de poisson. Il y a des liqueurs qui se troublent et deviennent lai- teuses lorsqu’on y ajoute l’eau qui doit entrer dans leur confection; cela tient & la grande quantité d’huile essen- tielle qu’elles renferment, en égard a leur faiblesse alecoolique; ainsi les anisettes faibles en alcool font quelquefois cet effet ; on peut l’éviter de deux manibres : en diminuant la dose d’esprit distillé ou d’aromates qui entrent dans leur confection, ou en augmentant la dose d’alcool simple, c’est-a-dire non aromatisé; mais si l’on ne voulait ou ne pouvait changer les proportions des aromates, on pourrait faire disparaitre cette teinte blan- chatre en les collant avec un litre de lait bien frais et pur par hectoliire. Si, apres le collage, cette nuance persistait, on ajouterait 100 grammes de noir animal en poudre tres fine, lavé et purifié, que l’on mélangerait a plusieurs reprises, jusqu’a ce que la nuance ait dis- paru. Filtration.— Apres le collage, les liqueurs sont filtrées; nous avons indiqué plnsieurs genres de filtres en parlant a FABRICATION DES LIQUEURS DE TABLE. — a des ustensiles de laboratoire et de leur emploi. Malgré Jeur limpidité, les liqueurs qui viennent d’étre filtrées sont encore sujettes 4 déposer en bouteilles, surtout celles ot: i] entre des infusions de fruits, des aromates ou des couleurs foncées, etc. Afin d’éviter ce désagrément, ul est préférable de les mettre au repos, aprés leur filtra- lion, pour ne les tirer définitivement en bouteilles que lorsqu elles seront bien fondues et reposées. Conservation. — Apres la filtration, les liqueurs doivent étre mises au repos dans des locaux 4 tempéra- ture réguliere et hors de l’influence de la lumieére; dans les grands établissements, les vases les plus employés a leur conservation sont les foudres; on a soin d’éviter lévaporation par plusieurs couches de peinture; dans les petits établissements, les liqueurs sont mises en fits dans des vases de gres ou des dames-jeannes ou bouteilles; mais elles vieillissent ainsi beaucoup moins vite qu’en foudre. Viewllissement. — Le vieillissement des liqueurs est dii & l’action du temps; c’est un effet de la combinaison plus intime de leurs principes aromatiques avec l’alcool et la matiétre sucrée; elles perdent leur gout de feu, elles acquitrent ce fondu et cette finesse d’arome qui sont masqués en sortant de l’alambic. En outre, il se forme dans les liqueurs qui ont pour base de bonnes eaux-de-vie directes de vin, des éthers qui se combinent avec les principes aromatiques et qui forment avec le temps un ensemble d’une suavité inimitable; mais pour obtenir ce résultat, il faut, non seulement pouvoir attendre l’action du temps, mais encore que les liqueurs soient bien faites, c’est-a-dire qu’elles aient pour base des alcools de choix et qu’elles soient le produit de bonnes méthodes, car si elles sont trop faibles en alcool ou si l’alcool a mauvais gotit, ou bien encore si elles s Rgl ar ee ey CF ada BG GPT ky eS at ee an terre elie eer a % By reat PEAY a} 4 E - Opry re if = % Sa Ak CHAPITRE QuINzrME. oh sont faites par la dissolution des essences, elles gagne- ront peu de qualité a vieillir. Pour remplacer autant que faire se peut le vieillisse- ment naturel, on donne un peu de moelleux aux liqueurs destinées a étre consommées de suite, en les ¢ranchant. (Lorsqu’on leur fait subir cette opération) on a soin de ne les colorer qu’apres. ) Tranchage. — Les liquoristes qui ne peuvent garder leurs produits et les laisser vieillir, operent une sorte de vieillissement artificiel par le moyen du ¢tranchage. Cette opération consiste 4 remettre la liqueur dans le bain-marie comme pour la distillation, a luter l’appareil, et a chauffer l’eau de la cucurbite de maniére que la liqueur éprouve une chaleur de 60° environ, mais sans distiller; on reconnait que la liqueur est arrivée a ce degré lorsqu’on ne peut plus, sans se briler, tenir la main sur le chapiteau. On éteint alors le feu et on laisse refroidir la liqueur dans le bain-marie; ce refroidisse- ment est tres lent, il dure environ une demi-journée. Quand la liqueur est froide, on la retire, et elle se trouve alors plus moelleuse, surtout quand, au lieu de sucre fondu a froid, on s’est servi de sirop vierge, et si lon n’a employé que des produits de choix (eaux distil lée et eaux-de-vie directes rassises). On obtient ainsi beaucoup plus de fondu que par les méthodes ordi- naires. Si l’on doit garder les liqueurs longtemps, on peut les mettre au repos apres leur filtration et les laisser vieillir en foudre, sans les ¢trancher, car dans ce cas le ¢tranchage serait inutile. COLORATION DES LIQUEURS. La coloration artificielle des liqueurs, principalement des liqueurs fines, nuit 4 la délicatesse de leur gout, ,. - ee ss FABRICATION DES LIQUEURS DE TABLE. AAS surtout lorsque. les nuances sont foncées, et les rend moins salubres; car, a part les couleurs jaune et rouge, la plupart d’entre elles, notamment les teintes bleues et vertes artificielles, s’obtiennent a l’aide de la dissolution de principes colorants dont quelques-uns sont nuisibles a la santé; il faut donc les choisir avec soin et ne colo- rer que le moins possible, parce que les nuances char- gées, a part l’altération de l’arome, ne peuvent se main- tenir fixes qu’a l’aide d’une addition d’alun et ont en outre l’inconyénient de déposer. Couleurs jaunes. — C’est la couleur la plus usuelle; elle est inoffensive lorsqu’on évite d’employer les cur- cuma, carthame, etc., qui sont purgatifs. On connait deux principales nuances jaunes: le jaune clair ou jaune paille, que l’on obtient par les infusions aqueuses ou alcooliques du safran, qui est tres employé pour colorer les élixirs et le jaune brun, obtenu par le caramel. Jaune clair: REM AUIUBIS. oo deco csc levee eee He wosceee 100 grammes, POEs. 6's ¢ ss os sso odalvecalns cee 2 litres. On met le safran dans un vase muni d’un couvercle; on y jette dessus un litre d’eau bouillante, on couvre le vase et on laisse refroidir completement l’infusion ; ensuite on passe can colorée et on exprime le safran, sur lequel on verse 4 deux reprises le second litre d’eau qui doit étre bien bouillante et qu’on laisse refroidir chaque fois sur le safran; on réunit les infusions, que l’on conserve en y ajoutant un litre d’alcool a 86°; finit d’épuiser le marc en le rechargeant avec 50 centi- litres d’alcool & 86° dans lequel on le laisse infuser. Le safran dissout sa couleur dans l’alcool a froid; on peut en faire une teinture alcoolique. AAG -CHAPITRE OVINE Safran.dw Gatinaig. oui ca wee oat ee DO” grammes. Alcool a 86° ceceeveeoee ereoeceerecoc oe see eee ee 2 litres. Be Apres quinze jours d’infusion, on filtre et on exprime — le marc, que l’on recharge avec une nouvelle dose d’alcool jusqu’a épuisement de la couleur. Jaune brun. — Cette nuance s’obtient avec le cara- mel, dont nous indiquons la fabrication page 368, cha- pitre XIV du tome II de cet ouvrage. C’est la couleur ordinairement employée pour colorer les eaux-de-vie; elle donne des nuances plus ou moins claires ou fon- cées, selon la quantité employée, mais a ttle dose son gout se reconnait. Couleur rouge. — [I existe un tres grand nombre de couleurs rouges naturelles, telles que les infusions de fruits de cette couleur : merises, cerises, framboises, groseille, cassis. Les vins rouges de bonnes cédtes, vieux, d’un an au moins et bien étoffés, peuvent s’em- ployer avec avantage pour soutenir ou augmenter la couleur des infusions alcooliques des fruits, qui se pré- cipite assez rapidement. Rouge fin: Cochenille noire en poudre.......i+«ssceeees ee WOTEES Créme de tartre pulvérisé... .:. \:s t-. »esw ante eleennel ae Alun de Rome en poudre....... 0:0 4 ofa ae Pau pure, sir. ae wate On fait bouillir ’eau et on y jette la cochenille en remuant constamment; apres deux minutes d’ébullition, on ajoute la créme de tartre; on remue et enfin on jette l’alun; lorsqu’il est dissous, on retire le vase du feu, on laisse refroidir et on conserve la couleur en ajoutant un tiers de son volume d’alcool & 86° et mettant en bouteille. | cl Ce meee tol ‘~— eee See 4 2’ a A. eee eS eh ey ep Se et we ah rar ae e 4 i a are ‘ ; a _-—s—— FABRICATION DES LIQUEURS DE TABLE. = AAT ‘Rouge brun. — On obtient cette couleur avec le cachou en teinture alcoolique, ala dose de 100 grammes par litre d’alcool & 86°, infusé A une douce chaleur pendant quinze jours au moins. Le cachou est un tres bon stomachique, c’est de toutes les couleurs la seule qui soit hygiénique; il peut sans inconvénient étre constamment infusé dans l'alcool; mais il ne se dissout que partiellement; on l’emploie dans les liqueurs qui exigent une teinte brune prononcée et qui ont un titre alcoolique élevé. Rouge orange. — On peut former cette couleur par le mélange du rouge fin avec les jaunes; on l’obtient avec les bois du Brésil et de Fernambouc, et avec l’hématine, qui est le principe colorant extrait de ces bois et que Yon trouve aujourd’hui dans le commerce. Les couleurs extraites des bois de campéche du Brésil et de Fernambouc sont rouge orange lorsqu’elles sont dissoutes dans un liquide neutre, c’est-a-dire ni acide, ni alcalin; mais si l’on ajoute a ce liquide une trés petite quantité d’acide tartrique ou acétique, la couleur vire au jaune d’or, tandis que les alcalis font virer cette couleur au rouge pourpre. Cette propriété de changer de nuance est utilisée dans la coloration des curacaos, qui sont co- lorés en rouge orange foncé par les couleurs provenant de ces bois; ensuite ony introduit quelques gouttes seu- . lement de dissolution d’acide tartrique dans l’eau et on remue le mélange en examinant la couleur, qui ne tarde pas a virer au jaune d’or. Sion ajoute de l'eau a la liqueur ‘ainsi colorée, la nuance jaune deviendra rose; mais pour que cet effet puisse se produire, il ne faut employer que ta quantité d’acide nécessaire & faire virer la couleur, ‘Sans quoi elle resterait fixe et on serait obligé de l’al- caliser avec de la soude pour que la couleur rose re- parut. A. 27 SEEM Renee TS Domes SAR uiti uo yal yt 418. s—i(‘“‘;S”*S*S™” CAP ITRE QUINZIEME. Rouge orange fin : Hématine en poudre. ek ae Rear gy eve 2 100 gre Alcool & 86°. ......esseeeceee Mees) Nie sly 1 litre. On laisse infuser vingt-quatre heures en agitant. On décante et on recharge |’infusion avec la méme quantité d’alcool. On peut aussi en obtenir la dissolution par l'eau bouillante, 4 laquelle on ajoute ensuite de l’alcool pour conserver la couleur. On obtient la méme couleur par l’infusion alcoolique du bois de Fernambouc rapé. Bois de Fernambouc rapé.........-. bien 5 batons 1 kilog. Alcool 8 860.7). yaivatehe caer one: « bea egee fcc) O LEres, A digérer dix jours dans l’alcool. , Quelques praticiens font dissoudre le bois rapé dans 10 litres d’eau alcalisée avec 10 grammes de cendre eravelée (carbonate de potasse) ; ils jettent le kilogramme de bois rapé dans |’eau en pleine ébullition et font ré- duire de moitié; puis ils ajoutent 40 grammes de creme de tartre pour faire virer la couleur, qui est violatre, et ils fixent cette nuance avec 50 grammes d’alun. Enfin, apres refroidissement, ils mélangent cette couleur avec 2 litres d’alcool a 86°. La couleur obtenue par les deux méthodes précé- dentes est préférable. Rouge ordinaire et commun. — On emploie le plus sou- vent l’orseille en pate, ou mieux la matiére colorante extraite de l’orseille, le cwdbear, qui n’a pas, a beaucoup prés, l’odeur ammoniacale de lorseille, dont la couleur est violatre. On la raméne a un rouge franc par une ad- dition de jaune brun, cachou ou caramel; cette couleur est moins solide que la cochenille, elle se prépare ainsi : Cudbear ou orseille en pate.......4 ., si aisinunen da. d kilogwe Alcool’a SON en die ek eetes ae ee csies ..LtreS. Remuer le mélange; apres huit jours d’infusion, filtrer i ae A o's ie RRS ork aimee ed i ¥ : FABRICATION DES LIQUEURS DE TABLE. —AAY etrecharger le marc avec la méme quantité d’alcool. Couleur bleue. — La couleur bleue n’est guére uti- lisée que pour faire la couleur verte en la mélangeant avec les jaunes; elle est le produit de la dissolution de Yindigo dans l’acide sulfurique, ce qui forme le bleu en liqueur; pour l’employer il doit étre désacidulé avec la craie, ce dont on doit s’assurer si on achéte, tout pré- paré, le bleu en liqueur. Il se prépare ainsi : Indigo en poudre trés fine.............. bas heres AU Oe Prermeeurlgue a O6% 1). 12 os, pjcles oe» adenlawe 400 On le fait dissoudre dans une terrine de grés en re- muant constamment jusqu’a ce que leffervescence ait cessé et sans couvrir la terrine. Cette dissolution est le bleu ordinaire en liqueur; pour lemployer, il convient de saturer l’acide sulfurique; a cet effet, on ajoute a la dissolution 3 litres d'eau, puis on y répand peu a peu, et en remuant constamment, 500 grammes de craie blanche en poudre tres fine. Lors- que l’effervescence est terminée, on laisse reposer, on décante, et, pour conserver la liqueur, on y ajoute 25 pour 100 d’alcool a 86°. Plusieurs praticiens emploient, pour préparer le bleu, une autre méthode dite au drap de laine : ils font dissoudre l’indigo dans l’acide sulfurique, puis, sans le désaciduler, ils ajoutent, pour 40 grammes d indigo, 40 litres d’eau, et, pendant vingt-minutes, ils font bouil- lir ce mélange avec un morceau de drap de laine ou molleton blanc & long poil et neuf. Ils lavent a l’eau froide, pour le débarrasser de l’acide sulfurique, ce mol- leton, qui s’est emparé de la matiére colorante, et ils le font bouillir de nouveau dans 8 litres d’eau oti ils ont fait dissoudre 10 grammes de carbonate de soude en cristaux, ou 10 grammes de cendres gravelées. Sous Bae S| Ly, oe zi mee a lig AP Nb ima AnD eT TS roe he ea 2 Lh RRS OPS - MAY os ‘ CHAPITRE QUINZIEME. | l'influence de l’alcali, la couleur se sépare du drap et se — divise dans l’eau bouillante. ae Le drap, bien rincé, peut servir plusieurs fois, et la liqueur, apres refroidissement, se conserve en y ajoutant 20 pour 100 d’alcool pur. Nous nous sommes servi de bleu désacidulé et préparé par la méthode précédente ; nous avons constaté que cette couleur, mélangée avec des caramels pour en faire des nuances vertes, déposait et virait peu & peu au jaune; mais n’ayant pas expéri- menté ce procédé, que l’on dit supérieur et donnant une couleur sans dépdét et plus fixe, nous ne pouvons nous prononcer sur son mérite. Couleur violette. — Cette nuance est tres peu em- ployée; elle s’obtient par la cochenille ammoniacale, ou par un mélange de rouge de cudbear et de bleu. Couleur verte. — La coloration en vert s’obtient de deux maniéres, soit par le mélange du bleu avec le jaune en diverses proportions, ce qui produit des nuances va- riées selon que l’on emploie le caramel ou le jaune sa- fran, soit par la dissolution de la chlorophylle des plantes dans l’alcool concentré, ce qui donne une couleur verte naturelle tres belle; mais cette couleur ne peut se soute- nir que dans l’alcool au-dessus de 70°; ainsi, dans les ab- sinthes 460° colorées de cette maniere, on remarque que la chlorophylle se précipite et que le liquide se décolore promptement. On ne peut donc colorer ainsi que quelques élixirs ayant un titre d’alcool pur au-dessus de 60°. Les plantes les plus employées a la coloration sont : la mélisse citronnée séche, infusée pendant huit jours a la dose de 100 grammes par litre d’alcool a 86°. On ne peut employer cette plante que dans les liqueurs ou extraits ot le gotit de mélisse ne peut nuire. Lorsqu’on EE EE er ae et Se Ty RRR ee FABRICATION DES LIQUEURS DE TABLE. 424. veut obtenir une couleur verte naturelle, sans gott pro- noncé, on emploie l’ortie séche. 3 On trouve dans le commerce de nouvelles prépa- rations de couleur verte et de toutes nuances pouvant se dissoudre dans l’eau et I’alcool; nous engageons nos confréres a ne rien employer avant de s’étre assurés de leur composition exacte, car plusieurs renferment des principes toxiques. RECETTES DES LIQUEURS. Anisettes. — L’anisette est la liqueur la plus ré- pandue; cest une de celles qui offrent les variétés les plus diverses de fabrication, car on en obtient par dis- tillation directe, par les esprits distillés, par infusion et par dissolution des essences. Parmi les qualités surfines, on en distingue de quatre genres : 4° L’anisette de Bordeaux, dont l’arome est tres suave; elle renferme une moyenne de 30 pour 100 d’alcool pur sur 500 grammes de sucre par litre; 2° L’anisette genre Lyon, quiremplace chez quelques consommateurs |’absinthe; elle est tres chargée d’huile essentielle, afin de blanchir fortement en y versant de eau; elle renferme 35 pour 100 d’alcool pur et 509 grammes de sucre par litre; 3° L’anisette de Hollande, qui contient une moyenne de 34 pour 100 d’alcool pur sur 500 grammes de sucre par litre; 3 k° Les huiles d’anis dites des tiles, qui renferment 35 pour 100 d’alcool pur et qui sont les plus sucrées, ayant 562 grammes (18 onces) de sucre par litre. A part ces quatre genres, qui sont les plus demandés, on connait les anisettes dites de Paris, qui ont une fabri- cation mixte participant de la fabrication lyonnaise et i.) an hk Tek. Ae, eee | is ee EG A eee oe a ee eee eR Ri ie ees Bont ai Py avn bis Lec boos 8°! 7 Se Ot hy i 4.22 CHAPITRE QUINZIEME. a de la fabrication hollandaise. Ce qui fait la supériorité — des anisettes ainsi que de toutes les liqueurs, c’est, comme nous l’avons déja dit, le choix rigoureux des alcools qui en forment la base, joint aux soins apportés a la distil- lation, qui doit étre faite avec des alambics rectificateurs ou bien rectifiée, et l’opération conduite a petit feu et régulitrement. [1 convient en outre de laisser vieillir le plus possible la liqueur avant de mettre en bouteilles, ou d’opérer le vieillissement artificiel par le tranchage, ce qui ne vaut pas a coup str le vieillissement naturel. Dans la fabrication de |’ anisette, ainsi que de toutes les liqueurs chargées d’huiles essentielles faites par les divers procédés que nous allons décrire, il arrive parfois que, lors de la confection, la liqueur est laiteuse : cela tient ala trop grande quantité d’huile essentielle qu elles renferment eu égard a la faiblesse du titre alcoolique. On remédie 4 cet inconvénient en ajoutant a la liqueur trop aromatique une certaine quantité de liqueur simple, ou en augmentant la dose d’alcool. 1° Anisette surfine de Bordeaux : Anis étoilés (badiane)........-..eeeee. 1 kilog. 750 gr. ANIS VOrtSsut sce so een seks en ec een » — 450 Benoui vis. hiss tole « cies Wetec wee eee » — 440 Ambrettes: oecis ees bab Wet Soo 'ers te » — 200 Coriandre, soe Js span Gwe ea ead oe ee » — 430 DE DELO... iecaiste say sterede ars ietaia ot cual een » — 200 Hsprit de bois de sassafras...........6. 7 litres. Armagnac rassis nature, 52°,.......... 350 — Infusion (iris. ti Cenai alee Ae ree 30 centilitres. Eau de fleurs d’oranger..........-.000% 2 litres. Kau ‘distillées 095) 6. Piss ob » oh eee ene 5 litres 70 centil. Sirop de sucre de canne trés blanc, 4 36°. 56 litres. On met les graines pilées et le thé & infurer dans larmagnac pendant huit jours, on distille ensuite au bain-marie, avec l’alambic rectificateur (nous ayons eg (UR a a Al Ai a RS sea ml a ~ FABRICATION DES LIQUEURS DE TABLE. 423 déja indiqué les diverses manitres de distiller en par- lant des esprits aromatiques); on opére lentement, a petit filet, et l’on retire 29 litres desprit aromatique ; les queues sont mises 4 part et ne s’emploient pas dans Vanisette surfine; on mélange l’esprit distillé avec l’es- prit de sassafras et l’infusion alcoolique d’iris; on remue, et on verse l’eau de fleurs d’oranger, l’eau distillée et le sirop de sucre blanc, ce qui forme un hectolitre de liqueur ayant 30 pour 100 d’alcool pur, et 500 grammes de sucre par litre; on met la liqueur au repos dans des vases ne la colorant pas, on la clarifie par les diverses méthodes déja indiquées, et on la laisse vieillir. Nous pouvons assurer que cette recette donne des résultats excellents. Anisette surfine bordelaise (deuxieme procédé) : AMisyetores.(badiane). io... ste ce ees 1 kilog. 750 gr. PUISIOMN LUG le iesstd cd so bic sates dhe s'vlc o's ee » — 450 PuCTOML ET Maher avai cei ios Nie, etHS Ate we Rep oa.9 8 » — 440 Perr EOUES Mt tiie orca ieee ctelelawidlesiias eo 6 Si Ee COU Ne Bie 2a i sso o oats steigisyertiee 6 sa: » — 430 Bois de sassafras rapé......2+0+--+2 020s » — 450 IDCs ida ildicceccsiosecvsesons yes » — 200 PIC OOIMIRS SIS) B) OO0 sco sss bc dv oe « wlbicjetelele 38 litres. On pile les graines et on les laisse macérer dans l’alcool pendant vingt-quatre heures au moins ; ensuite on ajoute 20 litres d’eau et on verse le tout dans le bain-marie d’un alambic & col de cygne & plateaux rectificateurs, ou bien Yon rectifie; on retire 36 litres d’esprit parfumé. La liqueur se termine comme suit : Alcool parfumé........+e.cceeerercees 36 lit. » cent. Sucre raffiné fondu 4 chaux, 50 kilog., ou sirop blanc de sucre de canne a 35°... 56 » Eau de fleurs d’oranger......sseseeeees 3 » Infusion d'iris......ceeecceeccsccceees » 50 Eau distillée......... Wietslelohe alovoteiere e's ph 4 50 TOTAL CL oe eee ete LOD AIG.” nicente a Kh even CHAPITRE ounenan | 2° Anisette de Lyon surfine. — Lorsque cette anisette i est.demandée pour étre consommée avec de l’eau, elle — doit blanchir beaucoup. On distillera dans ce cas avec le chapiteau a téte de more sans rectifier. Badiane ss csv os aatele's ae Va ene ovens), 1 MOR 7 OUiEs ANTS VECUS's sons 2 hse sles 6 em nal iene ee 1 — » Pepoullit, i. 0 slevste om 6 vivitn swale gn gene » — 150 : Corian dee, sores sikis sldp cab.0le bam la slg eateeee ~ » — 300 Zestes de citrons frais....,.... (nombre) 30 » Racines d’angélique........ o sions id Meee » — 40 Alcool & 86°...) iwsace'se mu giee «scent 39 litres. Esprit dé sassairag.. kes cue ote os eee 2 — Infusion alcoolique d’iris....... wees + 050 centilitres Eau de fleurs d’oranger..... ES SE 2 litres. Bau:de ‘cannelle . 2.2 cetsabin «sie viele « ... 00 centilitres, Sirop de sucre blanc & 36°..........0e- 56 litres. On fait macérer les graines et les zestes et racines dans l’alcool, auquel on ajoute 19 litres d’eau : on retire 38 litres d’esprit aromatique, que l’on mélange avec lesprit de sassafras de linfusion, puis les eaux et le sirop, pour former un hectolitre d’anisette ayant 35 pour 100 d’alcool pur et 500 grammes de sucre par litre. 3° Anvsette surfine facon Hollande : Anis* verte Sic ha A 8 a oo eee » kilog. 800 er. Badinnesis 6% Geek ke sie Gee eee at 1 — » FBeenoanib 05 4. 50h 4ig oats wveceus ha cline » — 150 COPTAMCRG: josie dig) a sata asec oe ates eee » — 300 Ambrette...... vplalls ‘ei'e asjen' «ote el he die dee » -— 100 Thé Kyswin. .\.s sc0s 5 sg sean all eo » — 200 Esprit d’amandes améres..........000- 4 litres. Esprit de Toluss. sci adie -& aisle eee 1 — Fan de roges. 0.4 scab uum ssivibactael 2 — Ean de cannelle.)) vn. st oes pele eee 50 centilitres. Alcool:2),860.% be eel” ae oan er ee 36 litres. Sirop de sucre blanc 4 36°............. 56 -— On pile et divise les plantes; on les fait macérer dans : i FABRICATION DES LIQUEURS DE TABLE, _ 425 Yalcool un jour, on ajoute 18 litres d’eau au moment de distiller et l’on opére avec l’appareil rectificateur pour retirer 34 litres de bon produit que l’on mélange avec les esprits et les eaux pour former un hectolitre d’ani- sette renfermant 34 pour 100 d’alcool pur et 500 gram- mes de sucre. 4° Anisette surfine dite huile danis des iles : Baatapetamis Clouds)... ....sccs+cecee 1 kilog. 750 gr. RUE Gs gw lacas cdeiccescsevce » — 700 Alcool de vin rassis & 86°.......00:0e0. 30 litres. SRT COMAEC AIT AR. ode geen ennnnge hss 4 — De demois dé. Rhodes... 5 | On commence par ajouter 4 l’alcool l'eau distillée et le sirop, et lon mélange bien; on ajoute ensuite l’infu- sion et la couleur, et l’on mélange encore. La couleur naturelle de la liqueur est alors rougeatre. On introduit, en remuant, quelques gouttes de solution d’acide tar- trique, et, des que de rouge la couleur a viré au jaune, , = a ie a a lal Mar I ok ae re eee a ed eo FABRICATION DES LIQUEURS DE TABLE. | ASL on s’arréte; on met la liqueur au repos, on la colle et on la filtre. i Cette liqueur renferme, ainsi fabriquée, 40 pour 100 dalcool pur et 376 grammes de sucre par litre; elle gagne beaucoup si on la laisse vieillir aprés l’avoir filtrée. Dans les colonies, elle se boit avec de l'eau, a laquelle elle donne une teinte rosée. Curacao ordinaire d exportation. — Il se fabrique de plusieurs manieres : 4° En employant la méme méthode qu’a la recette précédente, mais en se servant des écorces d’oranges améres du bigaradier d’ Europe. On trouve dans le com- merce des zestes de bigaradier sous deux formes diffé- rentes : les écorces dites cartons, qui sont des quartiers de bigarades dont on a enlevé la pulpe et que I’on a fait sécher avec le blanc, comme les zestes de curacao, et des écorces de bigarades en partie zestées sur le fruit, en coupant le zeste en spirale comme un ruban. Ces -rubans, qui sont en partie zestés de blanc, offrent, poids pour poids, beaucoup plus de substances aromatiques que les écorces cartons, et, lorsqu’ils sont bien zestés, ils obligent & moins de travail ; - 2°En employant des esprits concentrés de bigarades et d’oranges douces, fabriqués comme suit : Rubans secs de bigarades.........+0+- 4 kilog, 500 gr. Do d’oranges doucesS.......e.eeee- 1 — 6500 POOP Cl winclea sc ase cies ser ecacces cs 58 litres. On laisse macérer vingt-quatre heures et lon ajoute 94, litres d’eau; on distille au bain-marie, on retire 53 litres. Puis on rectifie en ajoutant la méme quantité deau, pour retirer 48 litres de bon produit. Les phlegmes se reversent sur une autre opération. On se sert de cel esprit pour aromatiser des curacaos ordi- naires, composés comme suit : e +. : . P a i | Sr * ah hel eo abe SP WE gy Oe a eee 432—(“:*:*~*:~™”:SCAPITRE QUINZIEME. © ” a r Esprit aromatique concentré........... 16 lit. » cent. _ | Couleur de Fernambouca l’alcoo! ordinaire 3 » Alcool a) 809) .. cies sis gurney ais PD pe ' (on 17 » Infusion de curacad......cereee PY Fath: » 50 Sirop blane'& 33°. ..7 0.50% Wausau ete oo oe » Faw .distilée7s : S40 os cio a'a he whe tera een 33 50 TOTALS. os 69 enwen ~« 1OO0]it. » cent. On opere comme pour la premiere recette, et, une fois terminée, cette liqueur renferme 30 pour 100 d’al- cool et 250 grammes de sucre par litre. 3° Par essences : Essences d’oranges améres (dites de curagao).. 75 gr. De do douces (dites de Portugal).. 20 Infusion alcoolique de curagad........eseeees 50 On mélange ces essences dans 33 litres d’alcool a 85°; on y ajoute 30 litres de sirop, 3 litres de couleur ordinaire et l’on termine comme pour la liqueur précé- dente. Le titre et la densité sont les mémes. 4° Par infusions (ratafia de curacao) : Zestes d’oranges améres, bien mondés et secs. 4 kilogr. Do. do douces, do 1 — Alcool f° 30% «54 ¢s sh. sos ays op sige ... 0 litres. On laisse infuser huit jours, on décante et on filtre. Il reste environ 36 litres d’infusion claire. On opeére sur les bases suivantes : Infusion d’oranges améres et douces.......+. 36 litres. Dirop Dlang ArSS0n ven afrtassiere BRET er 30 — Couleur faite a alcool ordinaire........2eses 3 — Hau distillée. vic ii. «4 +6010 0,000 5.¢'s,sose arse oad pees TOTAL a +4 ons eae on etae - 100 litres. Cette liqueur posséde un titre alcoolique et une den- sité qui approchent des deux recettes précédentes ; mais — elle a de l’amertume. On n’emploie pas dans le com- merce ce procédé, qui est défectueux. | me FABRICATION DES LIQUEURS DE TABLE. 433°" On Bouitait colorer le curacao avec du bois de Brésil Binaire mais ce bois est inférieur au fernambouc de choix. On peut aussi se servir d’une couleur extraite du bois de campéche, l’hématine, qui se dissout tres bien dans l’alcool; les résultats en sont les mémes. Expéditions.— Les curacaos d’exportation s’expédient en cruchons en grés, de 75 centilitres ou d’un litre. On demande quelquefois des marteaux ou bouteilles de forme hollandaise; mais les cruchons doivent étre pré- férés. On les emballe céte a céte, swr un seul rang, dans des caisses de toutes grandeurs, selon les commandes. Cacao a lavanille. — Cette liqueur appartient plus spécialement au genre dit liqueurs des iles. Elles est le produit de la distillation du cacao jointe & une infusion de vanille. ; Cacao caraque....... Roo Ske 5 kilog. Infusion alcoolique de vanille............. 2 litres. EMER ee hea 0/e san shale «Stile eres +00’ i 40 — Le cacao est torréfié, décortiqué et réduit en poudre; ‘on le fait infuser huit jours dans l’alcool; on met alors 20 litres d’eau et on distille au bain-marie a l'aide d’un alambic rectificateur pour retirer 38 litres d’alcool par- fumé; on y ajoute la teinture de vanille et 56 kilog. de sucre blanc fondu a chaud dans une trés petite quantité deau distillée (la dissolution doit étre froide lorsqu’on © Yemploie). On a ainsi 1 hectolitre de liqueur ayant 35 pour 100 d’alcool et 562 grammes de sucre par litre. . Créme de cacao. — Autre procédé : Eau distillée de cacao.........66. Pe wr AO litres. MeO ARERR S00: 5% e254) 40 V8 p bio'e op inl oe 35 — Infusion alcoolique de vanille.........+.... 5 — | ees Wiriein hv ie 0-0 8a a8's) #4 vege w o's : 06 kilog. : On fait fondre le sucre dans le bain- -marie aune douce A. 28 pt Ba Ce or shy ates “ ae ‘owen We ee aP we aya *“s) ooe Meas et a thes had Si A ae piel Sine 6 re * ona arta *. ‘ = 4 vt aye ¥ ci de . KA 3h . i. CHAPITRE oe oa chaleur, avec l’eau distillée, et en remuant avec une spatule; on ajoute ensuite, apres refroidissement, dang le bain marie couvert, l’alcool et l’infusion de vanille et ‘Yon complete 1 hectolitre de liqueur. | Ces deux recettes donnent des liqueurs surfines; pour les liqueurs fines ou mi-fines, on remplace la moitié de : l’infusion de vanille par un litre d’eau distillée de can- nelle: mais on n’obtient alors qu'une liqueur bien moins suave qu’avec les recettes précédentes. Créme de moka: Café moka.s « ic Sparta aie erat vr = a _~ -Huile de roses. — Cette liqueur s’aromatise, soit avec l’eau distillée des roses, soit avec l’esprit de roses. Les proportions de bonne eau distillée de roses 4 em- ployer sont de 10 pour 100 pour les liqueurs demi-fines, d’un tiers pour les liqueurs surfines. Cette dose est augmentée ou diminuée selon la densité de la liqueur et son titre alcoolique, qui, pour l’huile de roses, ne doit pas dépasser 30 pour 100 d’alcool pur. A défaut d’eau distillée de roses, on emploie l’essence, a la dose de 1 gramme par 10 litres en moyenne. La couleur rose s’obtient avec la cochenille. Cré ne de fleurs d’oranger. — On peut fabriquer cette liqueur : 1° par les esprits distillés de fleurs d’oran- ger; 2° par les eaux distillées de ces fleurs; 3° par l’In- fusion de leurs pétales; 4° parla dissolution de l’essence de néroli. Les esprits renferment une quantité d’arome équivalente 4 la bonne eau distillée de fleurs doranger ; mais comme on ne peut les obtenir que par la distilla- tion des fleurs, ils sont assez rarement employés. Créme de fleurs d@’oranger. — Surfine : Eau de fleurs d’oranger.......-seeseeeeeres 20 litres. Alcool de vin & 86°. ........ cece e ccc e ence 40 — Sucre blane fondu a chaud.......+-.+eeeee- 56 kilog. On mélange et l’on compléte Whectolitre. Cette liqueur renferme 34 pour 100 d’alcool, et 560 grammes de sucre par litre. -Créme de fleurs d oranger. — Mi-fine : Eau de fleurs d’oranger......+eseeee- eo eeeeee 10 litres. Alcool rassis de vin & 86°.......-0++eeerees 29 — Sirop de sucre blanc 4 36°... «+-+.+-eeeees 28 — Eau distillée.......+.-+2+e8- Sete. iis « sia o Aint 330 — TOTALS as eet tees as 100 litres. Titre alcoolique, 25 pour 100; sucre 250 grammes. pr Ered As a eae 7s ~ CHAPITRE QUINZIEME. - Dans les liqueurs ordinaires on n’emploie que 7 litres. d'eau aromatique. | 3 Liqueurs de fleurs doranger par infusion. — On fait infuser dans un litre de bonne eau-de-vie A 50°, 25 gram- mes de fleurs d’oranger fraichement cueillies et mon- dées de leur calice. On bouche le vase que I’on place au grenier ou on le laisse macérer quinze jours. On fait fondre alors du sucre blanc & chaud avec de l’eau et dans les proportions d'une livre de sucre (500 gr.) par litre de sirop, une fois fondu (c’est-a-dire qu’on mettra moins d’un litre d’eau pour faire fondre le sucre). En- suite, on mélangera un litre de ce sirop avec un litre d'infusion, ce qui formera une liqueur demi-fine ayant 25 pour 100 d’alcool et 250 grammes de sucre. Fleur @oranger par essence. — L’essence de néroli s‘emploie & la dose de 1 & 2 grammes par 10 litres de liqueur, selon la densité et le titre, mais le produit obtenu est inférieur aux liqueurs faites avec l’eau dis- — lillée de fleurs d’oranger. Créme d’angélique.— L’angélique a un arome tres prononcé; les racines ont une odeur plus forte que les tiges et les semences. On emploie, pour les liqueurs les racines et les semences, dont on peut extraire le parfum par l’eau ou l’alcool en faisant des eaux et esprits dis- tillés, ou bien par infusions alcooliques, ou enfin par dissolution des essences. | Créme d’angélique. — Surfine : Esprit de semences d’angélique.......... lit. » cent. D° -de racines +066 $e. coeul sv vee eee meal » “Dede fenouil: ois y45253288232 008 bee 10 Do..de coriandre.is. oi... 2e5 es case eee 5 Aleool de vin A. 86°. ; 15. ...ieeosvue ns ae -Okilog. sucre blane, ou sirop de sucrea369 5 60 a —— Pa Pelee Pe MY aad sated 7 FABRICATION DES LIQUEURS 1 DE TABLE, | 443 “Cette liqueur renferme 30 pour 100 d’ alcool pur et 500 grammes de sucre par litre. Dans la qualité demi-fine il suffira de supprimer le quart des esprits distillés portés dans cette recette. Les esprits d’angélique, racines et semences, rentrent dans la composition d’un grand nombre d’élixirs et de liqueurs stomachiques; ils forment la base des liqueurs de Raspail; ils sont un des aromes dominants, dans les cchartreuses du couvent et leurs nombreuses imitations. La liqueur d’angélique, par simple infusion, se fait en mettant a digérer 20 grammes de racine d’ angélique par litre d’eau-de-vie 4 50°, laissant macérer quinze jours et terminant ensuite la liqueur comme celle de fleurs d’oranger par infusion. Liqueurs @angélique par les essences. — On emploie en moyenne 10 grammes d’essences pour les liqueurs dites fines, un tiers de plus pour les surfines et un tiers de moins pour les communes. Elixir Raspail. — Nous donnons textuellement la recette de cette liqueur telle que l’indique |’ Annuaire de la Santé F.-V. Raspail, pour 1875, page 44. « Formule de la liqueur de table et de dessert, ou hqueur hygquénique sucrée : | ENE MOATEICT.., £14 oa 8 od ance so oid vine bie 1 litre. Racines d’angélique........ Raieh yeh etacee fas 15 grammes, MTT EO TVALICUS 4 ccci5 a 5 00-0 0 oie! chase + 00 Z —= Myrrhe., ..+. Braet dye s.0 se ST pickebay peta s) as Sonny bier enna oescees) O00) Graminags Angélique (semences).......... ote seen een eee es . Do (TACAMES )"s' ors wlietw vise oy mae evele'e ea _ Mélisse citronnée. ..........0.- 3 SER 60 — Moentites.'o. i ba. Bpndevleon Sateen reels Lt — GeMeniy fiat: spies ish Gaeta sie: sebbe 30 a Hysope flourien.. 2 s << +s 2 cases oe mene — Angélique (semences)....... PPS Do (racines)-4....3 sods oa teks ee Fleurs didrnitas, siAisvin sees tere se «nia: $a oo Cannelle de Chine........... <9 op a eee 3 po Cardamome mineur...:, 7) «ec sca 6 — Coriandre...... non cto 0's s arian ¢ Sing si 2 — Giroiles oA ee ea Pl a a ee ee 3 7 Sommités fleuries d’hysope...-......e00008 30 — > FABRICATION DES LIQUEURS DE TABLE. aoe 3 Ah grammes. PIB PETUPOEICO.N . « Gocts woe is ocx s wu ee x ne oe 50 —- EMT e ee Le tack Secs dv ere eles’ svlacatas 8 lit. 50 cent. REVO Cicrgrdcl «in aka to's ove soc dels os arses 5 kilog. On fait macérer un ou deux jours les substances aro- matiques; on ajoute un tiers d’eau avant de distiller; on retire 8 litres 50 desprit parfumé; on ajoute 4 litres d’eau: on rectifie pour obtenir 8 litres de bon produit, sur lequel on mélange le sucre fondu a chaud et re- froidi. On complete les 20 litres avec de l’eau ordinaire ; on tranche, on colore en jaune avec le safran, on colle et on filtre. Cette liqueur a 34 pour 100 d’alcool pur et 250 grammes de sucre par litre. - Liqueur blanche (wmitation des chartreuses) : Absinthe des Alpes (génépi)...........000.. 25 grammes. Angélique PREGGO box eign ste Se, s's 0 «Eh to, LO — D: (ICS ae adiete a pit dig ea 'p a es i8 e 6 — A AIO ROMA RTITU EY dui. OS wislels Sale o/4 0's le oe 6 ~~ Tg ats yl OT Us ee ee eee 20 — Cardamome mineur..... dane Sag AP a ee eae 6 cos Ae EME ak phase 'o o's sco e,6 css oss tele te 2 os Pyros np eee he 2g et aa OE Sear 6 — Hysope (sommités fleuries)..........+.0000- 20 — Te ES 5 Se OE i ; 6 — 1 ORIG Cie a Reeds cachenaei bkikets 3 _ Mélisse citronnée..... a aan Soe Salis att cate sie —~ UTE G75. gs scakc sip 0 cio tie. sle'e p's ete 10 lit. 50 cent, ROO Sete esc as boc ke bs ce dale es ewe ws 7 kil, 50 gr. _Opérez comme 8 la recette précédente; Ja liqueur reste incolore. Elle renfermera 42° 1/2 d’alcool pur et 375 grammes de sucre par litre. Liqueur verte (imitation des chartreuses) : Absinthe des Alpes (génépi)........- .-ec. , 00 grammes, Angélique (semences).........- melee He + eae ee _ pe (VACINES) se ee eee eee TR ws = Fleurs darnica> /0ii.06.seuseveseseee ese La 4.48 é CHAPITRE QUINZIEME. ret) PERS a a Grand t baume (balsamite)... ce. ccses ede 30 varies Cannelle de Chine........ : RES ve ee seul nee Hysope (sommités fleuries)............46. _ 60 _ Macis:i-.. AS ek Pe oes es os 4 — Bourgeons de peupliers baumier....... er 4 = Mélisse citronnée........ @ ohk fe: eta ae eas: 11," os Menthe poivrée....... + 06 bidinle! store ieee i278 — PMI sis:3 ie erty er eT 6 — Alcool & 85°........ vaoteey oe 12 lit. 50 cent, STHIGPO icy. 5% USi0.5.3 oe bat «ack Se prepa 5 kilog. Opérez comme a la recette précédente. Cette liqueur renferme 51 pour 100 d’alcool pur et 250 grammes de ~ sucre par litre; elle se colore en vert par la couleur bleue aelneee de jaune. La liqueur verte, distillée au méme titre que celle du couvent (a 61°), renferme assez d’alcool pour supporter la coloration par les plantes, qui, toutefois, forment un dépét considérable et se pré- cipitent en partie; en ce cas on choisira la mélisse bien seche et mondée; pour faire la coloration, on fera dis- soudre la chlorophille dans une partie de Vesprit aro-— matique (1/4 du produit ‘de la distillation) que l'on chauffera légerement dans le bain-marie comme pour faire un faci iees et apres coloration et filtration on— mettra la liqueur au repos pour en extraire le dépot. Imitation des chartreuses par les essences. — On n’ob- tient ainsi que des copies tres inférieures aux modeéles, ~ et qui, au lieu de gagner en qualité en vieillissant, per- dent une partie de leur parfum et ont un certain pi- quant, une acreté qui, au bout de quelque temps, se change en odeur rance, surtout lorsqu’on'a employé des essences déja vieilles. Voici les aed empl faute d’appareils distillatoires : _ Essence dangélique... en BOE way wseee ©6°2 Brammes. Mélisse citronnée. -...sseccccescestowes | of COCIEE: Tysons s-c ee eee ee > + ie ee oe OU b 6 Oe © -@.4 Oe See aes) go ae im, i i= ( 5 *us a ae __ eee Appareil egrot 4 pS} , \ - «i Set? > ee ee pla oper ee eo oY 7 pe tri: S z ; ay: a at FABRICATION ‘DES LIQUEURS DE TABLE. AY Menthe BREVRISC cee rect se. 4 décigr, ORMC Oe etere 59S ion one bcarne hie kei oN 4 ,— UO phere Fe. vide a ote «Pe s. aioaie Oe oe 4.— RO eer When Ceiss bce pee rs ie MOIS REO Vote © se'g. «WAS a 'P ad 0 Ooave oe ate 44> PUPAE ART Min eid hen eae nae o o'a ee bce 8 litres. BCE Be TONCUTMACHAUC x. o 5a s ok fa seo 0's 8.00 dD kilog. Mélanger les essences avec l’alcool, colorer au besoin en jaune ou en vert. Titre : 34 pour 100 d’alcool pur et 250 grammes de sucre. Liqueur de séve de pin. — Cette liqueur est le produit de la distillation de la stve de l’arbre, infusée dans de l’alcool (on opere de méme avec les jeunes bourgeons de plusieurs arbres); on obtient ainsi un pro- duit térébenthiné, a odeur légtrement camphrée, que l’on aromatise avec l’eau distillée de serpolet. Esprit distillé de séve de pin..........0. 10 litres. Kau _distillée de serpolet..............0. 10 — PR OES Tain, 2! Ge e cvefiseelgiine's 0% sce 0 25 — PRUNE R Cs COE IA CO ULC gi «a: 0's tals 0,0 010 0's wi wave 50 kilog. On mélange le tout. La liqueur renferme 30 pour 100 _ d’alcool pur et 500 grammes de sucre. Creme de thé. — Surfine ‘ MMR ReE LCE OS ENG. ecole os e'v.s.e nies 60.000 30 litres. Alcool de vin rassis.& 869.......2.cee06 35 — BOE CPAHING DIAC. wa. ci /c ve ecco oo vie'e 50 kilog. On fait fondre le sucre dans |’eau distillée de thé en mélangeant et a l’aide d’une douce chaleur. La liqueur renferme 30 pour 100 d’alcool pur et 500 grammes de - sucre par litre. Créme de thé par esprits. — Surfine : Esprit distillé de thé.......ccececcseecs 35 litres. Esprit de racines d’angélique........... » l— Sirop. blane de .sucre, .62 litres 4 36°, ou sucreiraffing.. oe seoses Hy datdceot eoey SOO -Kil0g, A. 29 ita Buh TR 2st el 450 CHAPITRE -QUINZIEME.. 7 La liqueur renferme 30 pour 100 d’alcool et 560 grammes de sucre par litre. | Créme de thé. — Fine : Esprit de. thé, sia ok voienmteg Metebennen ose Oi ERess Esprit de racines d’angélique..........0. 10 centilitres. AICOOUA.|SG0e odie wintole stale altp aepten ee oo. 5 1 ity 90 comin suere fondu & chad; + .'s sc s+ne's eee 8 kilog. Produit, 20 litres, contenant 30 pour 100 d’alcool et 400 grammes de sucre par litre. Creme d cerllet. — Fine: Hau Aistillée d'cilletscss, & v.70 upeeene 10 litres. Espritde girofleyy.% ues ee ae Loca Sherine 1 — ALCOOI A "“BO*: [7s es vee nee ead seb ee ete ee Sucrewaffine::. anbyn. cee eeon anys. Soman 40 kilog. On fait fondre le sucre 4 chaud pour compléter un hectolitre et l’on mélange l’eau distillée avec l’alcool. La liqueur renferme 28 pour 100 d’alcool pur et 400 grammes de sucre par litre. Créme d ceillet. — Surfine : Esprit d’ceillets:.. 0:27.50 «secs se 5 lit. » centil. De..de girofle, . «ca «veces ew ee 1 A ae Alcool a 86°...... apr reir "2 60 — Sirop blanc de sucre 4 36°.......... ae (4 4 Sp a TOTAL, ea ecpee 20 lit. » centil. Mélanger. Titre alcoolique : 30 pour 100 d’alcool; sucre, 540 grammes par litre. | _ Bau-de-vie de Dantzig. — Cette eau-de-vie est sucrée et il entre dans sa composition des aromates qui different selon les fabricants. Nous donnons trois for- mules. | Euu-de-vie de Dantzig (formule allemande selon Male- peyre): Semence de cumin......... 5 ba gt gli alt 180 grammes. De Ge céleyi 2a ae ansnne o ipo. OQ IRE a FABRICATION DES LIQUEURS DE TABLE. 451 PERS VERO et ce lee wis Satie tes Sek wole ee 300 grammes, pURCAde i... os pag ee ES Os Ba eee 6 60 ~— Ecorces ROPER CS iapch's esa Rahs Soe eet 120 -— TR Ac Ag sce es Oe a8 adv eke 10 litres. SCR eats Se cldare’s rns vs Rie a SESS STARS SG 4 kil, 50 gr. oN Sy tet a OA le er ae SP In 8 litres. On fait digérer pendant huit jours, on distille apres avoir ajouté a l’alcool 5 litres d’eau et l’on retire 8 litres. Au produit distillé on ajoute le sirop de sucre, puis Yeau pour ramener a 36°. La liqueur renferme 36° d’al- cool pur et 225 grammes de sucre par litre. Eau-de-vie de Dantzig surfine (formule francaise) : Esprit de cannelle de Ceylan............ » lit. 70 centil. Do de Pe Chive. 454 3% it 50 — Py Se OVIATIONR. 4 ic dey sis an 024s sos 1 20 — Do de cardamome mineur............ » lo — Do — TATU toa savas 94 0: » Ino = PERM UD OULE. Ys cnerd 9 90 C oor giere wells as » 10 — UC IS le, ike a ed Oe ne ROOTS wae os 3 60 — BH CrerOnaue GiCHANGs. «6s oct e keke ee 2's 10 kilog. On mélange, avec l’eau nécessaire pour former 20 li- tres, les esprits distillés et le sucre fondu a chaud. Cette liqueur renferme 36 pour 100 d’alcool pur et 500 gram- mes de sucre par litre. On broie une feuille d’or ou d’argent dans un peu d’alcool, et on verse dans les bouteilles. -Kummels. — Les kummels sont des liqueurs dont la base aromatique est la semence de cumin, plante ori- ginaire d’Egypte, et cultivée aujourd’hui en Europe. Cette semence, qui a une odeur excessivement forte et une saveur acre et chaude, est trés stimulante ; ses pro- priétés paraissent étre les mémes que celles de l’anis et du fenouil, mais plus prononcées et moins douces. C'est une liqueur russe et. allemande. Fe ES ere ee = : z sash 2 o'er 24 452 CHAPITRE QUINZIEME. Kummel, liqueur (formule allemande de Malepeyre) : Semence de'cumin. 5.5440 ssp ts eee 900 grammes. Alcool a 80° centésimaux..........0-- 11 lit. 90 cent. Sucre. ....33% ss tudsgiys isan phen 4 kil. 50 er. Faites digérer ; distillez, retirez 10 litres 60 centilitres de bon produit, ajoutez le sirop de sucre et l'eau néces- saire pour former 20 litres et ramener le mélange a 40° dalcool pur. La liqueur renferme 225 grammes de sucre. Kummel de Breslau (29 litres a 40° d’aleool pur) : Semence de -CUmin’ cis aie ance ae 900 grammes. Fenouil. 02 aa entae © iene eee 60 — Cannelle de Chine............- Sake +. sane —~ Alcool a°80°° V2 eae eee ee 11 lit. 30 cent. SUCIC. Vi), aces 6 ug eee eee ee 4 kil. 50 er. Opérez comme a la premitre recette. Kummel de Dantzig (méme titre) : memence de Cumin, . «4. aas nee ee 900 grammes. Coriandre.. .s«s.02so.0 ome ome ee eee aces ae — Kicorces d’orangess.ciesv ca eas sume 30 a Alcool’a S08, Ae vane Seat ae eee 11 lit. 30 centil. DOGEO6S ov cndele ne Uihlbh dt eae 4 kil. 50 gr. Méme manipulation qu’a la premitre recette. Kummel de Magdebourg (20 litres a 40° d’alcool) : Samence de cumin... 2. ese ss ic oe ee ee 900 grammes. SDI, win vie ue Seige etl sine em eee eee 60 _~ PONOUUS vcs ip a ce ae es a ee 30 — Alcoal[s BUCCSi Jo5 tii ws eek ekakle eae 11 lit. 30 centil. NUGEOd. 5 alan as dia ='s Pecan eee Sem 4 kil, 50 gr. Le titre alcoolique et la densité de ces trois kummels sont les mémes. Kummel par les essences : Essence de! Cumings So. see ens wee 15 grammes. Alcool 4 90°....... RS EA a Sind alas 9 litres. DHCLE . b oegie anaes 09 b.sieg Siew ce 2 45 Ri OOO 2: — =x i Ta cael ie ‘J , a. on FABRICATION DES LIQUEURS DE TABLE. — — 4B3 Titre alcoolique, 40 pour 100 d’alcool pur; sucre, 225 grammes par litre. Cassis. — La liqueur de cassis est le produit de V’in- fusion alcoolique du fruit, a laquelle on ajoute quelques litres d’infusion alcoolique de framboises afin de lui donner un parfum plus prononcé. Nous avons parlé en détail des infusions diverses des fruits. Certains liquo- ristes, dans le but d’employer une moindre quantité d’infusion premiere, y ajoutent des infusions de feuilles de cassis, de girofle, de la cannelle, des couleurs rouges artificielles. On ne peut obtenir ainsi qu’un ratafia com- mun; on ne devrait employer que l’eau distillée des feuilles de cassis pour augmenter l’arome des cassis communs, parce que l’infusion directe des feuilles avec le fruit donne une saveur peu agréable. Créme de cassis. — Surfine : Infusion vierge de CaSSiS.....+.2-eee0- 5 litres. Infusion alcoolique de framboises....... ae, Sucre raffiné 5 kilog., ou sirop concentré. 4 — TOPAL tie ees. fae LUC litres: Produit, 10 litres; alcool, 30 pour 100 en moyenne ; sucre, 500 grammes. Ratafia de cassis, fin.— Uarrive souvent que infusion alcoolique de cassis, bien qu’ayant un gout de fruit tres prononcé, est peu colorée, surtout lorsque les grains n ont pas été préalablement écrasés. On remédie a cet inconvé- nient en ajoutant a la liqueur 10 4 20 pour 100 de bon vin rouge de cétes, vieux d’une annee, ayant une belle couleur et un bon gout de fruit. On opére ainsi qu'il suit: Pnfusion d@ CASSIS. ...-.cccceewnerce & 85 litres. po MerIPAIDDOISES. oie onc eos oe%ss8 @ 5 — Vin rouge, vieux, franc de gotit........- 15 — See fondivd CHAU. , soe 5 es2 oe csp o> OU KILOR. “Oe ee hl xa aa | ae REP Paid 5 conn eS a 2x 2) 2 yee ee ; ’ Ad < ABA Ue". GHAPITRE QUINZIEME. © on eee Ce cassis a une moyenne de 25 pour 100 d’alcool et — de 300 grammes de sucre. Les ratafias de cassis communs ne sont qu’un mélange des derniéres infusions du fruit, auxquelles on a ajouté de l'alcool, des aromates et de la couleur. On n’y re- trouve pas la finesse de gotit des infusions vierges. Fraises, framboises. — Ces deux fruits, ainsi que les certses, les merises, peuvent se conserver par infu- sions alcooliques, et entrer en diverses proportions dans la composition des ratafias et des marasquins. Les frai- ses et les framboises donnent aux liqueurs de fruits un arome trés délicat; la framboise a des emplois multiples; elle entre sous forme d’esprit, ou méme de simple infu- sion, dans un grand nombre de liqueurs de table, a part les ratafias; infusée avec le double de son poids de bon vinaigre, elle sert & la préparation des sirops de gro- - seille, framboise, etc. Marasquins (Maraschino). — Le marasquin est une liqueur qui se fabriquait en Dalmatie, a Zara, et dont la base était la distillation des fruits, des feuilles et des noyaux du merisier (cerisier sauvage), mélés avec des framboises Aujourd’hui, on fabrique dans le midi de la France des eaux distillées dites de marasques, dans les endroits ou les merises et les framboises sont abondantes. Ces eaux servent aux liquoristes pour préparer les maras- quins dits de Zara. Les eaux dites de marasques se préparent de la maniére sulvante : Mérises écrasées...........+.++.00. 30 kil, » gr, Feuillas da merisier:y,<.. < eT - - te — a Bata = Shy « yh he " 4 e —< 4 ; ’ i FARRICATION DES LIQUEURS DE TUTGRS ray Coca Oo es BR Oe CE ee 4 kil. 500 Noyaux de péche, 22. J60 ese os rick ee. 300 Pee tera go wthinainin oe Hak doen 60 litres. On fait macérer ces substances dans l’eau pendant vingt-quatre heures, et l’on distille lentement dans une cucurbite munie d’un grillage qui empéche le mélange de briler. On retire 30 litres d’eau parfumée. On trouve dans le commerce des eaux de marasques qui ont été préparées par la distillation de noyaux ou d’amandes ameres, de myrrhe, d’infusion de vanille. Ces préparations sont loin de valoir celles qui sont faites: avec les fruits que nous citons. Lorsqu’on peut se procurer, ou mieux fabriquer l’eau distillée de marasque, on opere de la maniere qui suit : RESO. Pe sie elie texte Walesa e 4s 44 lit. » cent. Teinture d’iris de Florence............ » 50 Paude tears d oranger.,.. 256... 2.0.6. 1 50 WEI EMECISCS Girls cc dis ts oca.# eee s 8 oo l » Fest ORCA BhABQUG vn. cic ds oan sins pices 20 » SPOR: VICES & FID... eevee sec ccsvees 33 » TODS ote nc Ate 500» 100 lit. » cent. On verse les eaux distillées dans l’alcool, on agite et on ajoute le sirop; on agite de nouveau et on laisse la liqueur incolore. Le marasquin ainsi fabriqué a un titre alcoolique de 40 pour 100 et 250 grammes de sucre par litre. A défaut d’eau de marasque, on fait un bon maras- quin comme suit : WIT BC AOU. wag ond ne cc aene meus ane 30 litres. aide eure C OFan ger. st. esc eee aee 2 — __Esprit de framboises......cccsccennrvess 20 — Alcool & 85°..... by ORE Oe eee 3 — Sirop vierge & 3395. .... cess cere wees AY TGF AIna at anes pe rey Fe 100 litres. oP Tp Os Be Ss ics i ee bs ee “CHAPITRE | quinaine. L’esprit de framboise se fait en distillant 30 katad de framboises écrasées dans 105 litres. d’alcool & 85°. On — laisse infuser vingt-quatre heures, on ajoute ensuite 50 litres d’eau et on distille au haine -marie, pour retirer 102 litres; on ajoute encore 50 litres d’eau, et on retifie, pour obtenit 100 litres d’esprit. On met les phlegmes a part. Ce marasquin a une moyenne de 35 pour 100 d’alcool et 376 grammes de sucre par litre. Marasquins ordinaires, par essence ou par distilla- tion : Essence de noyaux(l)....... 30 grammes. Teinture de ‘vanille.y cif) yeasts oa 5 eae 6 litres. Eau de fleurs d’oranger..4..+..00s.+.00hs 2 — AlCObL a 8D)... 4 han ee ee ee be bes eee 3l — SirOp 8/330. ey ceuutw od dees e ode 30 — Eaurdistiliée,. is. ts Bede ees ees tees eee 31 — TOT is vs etn ge 100 litres. La teinture de vanille se fait en laissant macérer, pendant vingt jours au moins 100 grammes de vanille de belle qualité, coupée a petits morceaux, dans 6 litres de trois-six & 85°. Cette liqueur contient 30 pour 100 d’alcool pur et 250 grammes de sucre par litre. On ne la colore pas et on optre comme aux premieres recettes. Expédition. — Les marasquins s’expédient en bou- teilles blanches de forme spéciale, et entourés de jones pressés. Cet entourage de roseaux leur donne une forme’ carrée, qui facilite |’emballage. a ee (1) En opérant par distillation, on remplace l’essence par 20 litres d'eau distillée de noyaux d’abricots ou l’esprit de noyaux d’abricots ou de cerises. > a if e _————s FABRICATION DES LIQUEURS DE TABLE. 487 - Rosolio. — Dans les iles Ioniennes, au sud de la Dalmatie et en Italie, on fait une liqueur connue sous le nom de rosolio; elle differe de gout et de composi- tion dans chaque fabrique. On fait de bon rosolio, en distillant & feunu, 4 l'aide d’un appareil muni d’un erillage, dans 42 litres d’alcool & 86°, 2 kilog. 500 gr. d’écorce et de bois rapés de sassafras, qu’on a préala- blement laissés infuser pendant vingt-quatre heures; on ajoute 25 litres d’eau au moment de distiller; on retire 42 litres d’esprit, auxquels on ajoute 21 litres d’eau et on retire en rectifiant a feu nu, 40 litres d’es- prit aromatique. On continue l’opération de la maniére suivante : on coupe a tres petits morceaux 150 grammes de vanille de premier choix; on les pile et les mélange avec 4 kilog. de sucre en poudre. Apres avoir laissé la vanille plu- sieurs jours en contact avec le sucre, on mélange : Esprit distillé de sassafras 4 85°.......... 12 litres. PCOMIAERSHICA*CO". Wo cee s ec cevegesscees 20 — SHH EROIVADMEGS cal ks o's oe sca d tlw e's 4 kilog. PARRA et erga. 0 d's a's. oic 0 oe 4 ot nleie.s «nue 50 — DAMIAN CO gore cs 4s ois 0! re 2b oie'e is tie oe ote 18 — STAG Wad ote Vas Weis cie’s 100 litres. Le sucre vanillé se mélange en chauffant légérement, sans cesser de remuer. Cette liqueur renferme 25 pour 100 d’alcool pur et 500 grammes de sucre par litre. — ‘On la colore en rose avec de l'infusion de cochenille. Cette infusion s’obtient en mettant dans 2 litres d’eau distillée 125 grammes de cochenille noire, 30 grammes dalun, la méme quantité de tartre; le tout bien pulvé- risé. On fait d’'abord bouillir leau, lorsquielle est en ébullition, on y met la cochenille, et ce n’est que lors- que celle-ci est dissoute que l’on ajoute le tartre et i ae eed Py ad i nibs i EF ep ~ 2 P Myre ig ee Nte ea ead ell Oe Pl ee aes L358 | CHAPITRE QUINZIEME. lalun. On remue bien le mélange avec un morceau de bois. Enfin on laisse refroidir cette dissolution, on la verse dans une terrine de grés et on y ajoute 4 litre d’al- cool. On peut se dispenser d’employer |’alun et le tartre, mais alors la couleur est moins solide et moins vive. Eau de noix. — Nous avons dit, en parlant des infu- sions, qu’on ne doit ajouter aucun arome a l’eau de noix, parce qu'elle est destinée souvent a donner le gout de vieux aux vins de liqueur et aux spiritueux, et que les aromes employés ordinairement, girofle, canelle, macis, muscades, pourraient, en certains cas, étre nui- sibles, il faut aussi que l’infusion ait au moins quatre mois pour avoir perdu |’apreté qu’elle a dans les pre- miers jours et pour qu'elle possede le gout de vieux qui. la caractérise. Pour la mettre en liqueur, il suffit d’y ajouter du sirop de sucre dans des proportions variables selon le titre alcoolique de l’infusion; lorsque l’infusion premitre a été faite avec des eaux-de-vie a 52°, on opere ainsi : - Infusion de brou denoix........... eos ee ae Sirop de sucre’ raffiné & 36°......56.25.¢: ; 40 — TOTAG...S. S. saa ee La liqueur aura environ 28 pour 100 d’alcool pur et 360 grammes de sucre par litre. Lorsque l’infusionest vieille, elle a un godt prononcé de vieux. Girofle ou muscades sont alors inutiles : on ne les emploie que dans Ja préparation des eaux de noix ow l’infusion a été rem- placée en grande partie par de l’alcool simple et des teintures golbrasiiel Alker més. — Cette fquews se fabrique de fagons tres diverses; les recettes qu’on en donne n ont souvent — entre elles aucune analogie. a, is de Nias 50 — Eau de fleurs d’oranger......... . eee » 20 — AlGool. a: 859.2 5 350 ists ole ae ¢ enna st Reon 2 > — Sucre TATING J. bs 60 ew ee Niele er 11 kil. 20 gr, Mélanger et opérer comme pour le vespétro; colorer en jaune dor, filtrer et introduire des feuilles d’or. Al- cool pur, 30 pour 100; sucre 560 grammes. Liqueur stomachique dorée (ratafia) : Ecorces zestées de curagao des Antilles.. 20 grammes. Quinguina Kalyssaya..........--.+e8- 30. — Caititelle...<..6a'et gs pater ents orm 1s — BILAN. 25s sy soi Velo ewibiie S ese es ene lL — Infusion alcoolique de vanille.......... 60 centil. Alcool a 86°, france de gott............ 3 litres. Sucre ra ffine... et suse ateies . 434 aeons 3 kilog. Eau distillée,..... ou tenes ca seen Seem Quantité suffist®. Diviser les substances, zester le curacao et faire ma- cérer dix jours dans !’alcool, ajouter Vinfusion de cannelle et le sucre fondu a chaud avec l’eau nécessaire pour former 10 litres, coller et filtrer, mettre des feuilles d’or brisées dans chaque bouteille. Titre alcoolique, 30 pour 100; sucre 300 grammes. Scubac. — Le scubac est une ancienne liqueur qui a di se faire autrefois par infusion, car il entre dans sa composition des fruits secs pectoraux dont les principes ne passent pas ala distillation. Le scubac distillé a une tres grande analogie avec le garus; par infusion au con- traire, il donne un produit plus onctueux, a dose de sucre égale ; | o ae te J Hee a ~~ YY ae Ss rey Se | iti ia 5 eee Ua a | E> - YP ‘ ’ > ” ‘FABRICATION DES LIQUEURS DE TABLE. AGT. DYER PeUAIS 262k sgn gore ss byes 5 grammes. Raisins secs, bonne qualité muscat..... 100. — Red ea ie de sst'c cornice ry ators 100. — PPM ee ea Ce cereale Tals cole sure xithe 300. — Anis, cannelle, coriandre (de chaque)... 8 -— Macis et girofle (de chaque)............ 4 — PIMA TUNA CIA IS ON 6 osha 9 oie! sigyhd win hed bie 6 lit. 50 centil. SPORE AEM ily saci is «tex 6 68 0b oe 3 kilog. Eau : quantité suffisante pour former 10 litres. On sort les noyaux et pepins des fruits, que l’on divise le plus possible, et l’on fait infuser le tout quinze jours dans l’eau-de-vie; on fait fondre ensuite le sucre a chaud, on passe avec expression, on filtre et met au repos. Cette liqueur renferme 30 pour 100 d’alcool pur et 300 grammes de sucre par litre. Scubac par distillation : bree RPURECAAIYIEIO srarsc't ue y cay vn vic oa ¢ o-e.0 » 10 grammes. De Lie ba phe WI a RTE x oss» 60 — RPO eRe iy wap sha keoe BALI Oe eee bee a 50 — NEDEUAGQEEL: bits i Bie vt.e wriaeee ese eles vs 2 so We POUR oats ns es e's btn cn Nine o4,8,0 8 lit. 50 centil. . Eau de fleurs d’oranger.........sce008 » 20 — OMe Ma ELILG fino hi dled arp & dag ait Pale ks ose. 10 kilog. On fait macérer les substances dans l’alcool pendant un jour, on ajoute 4 litres, on distille au bain-marie avec le chapiteau a téte de more pour retirer 8 litres, puis on prépare le sucre fondu a chaud, on verse |’eau de fleurs doranger, et on compléte 20 litres de liqueur que l’on colore en jaune avec la couleur au safran et un peu de caramel. Alcool pur, 34 pour 100; sucre, 500 grammes par litre. China-china. — Cette liqueur doit avoir pour base — une infusion alcoolique de quinquina, a laquelle on ajoute les esprits de cannelle, girofle, muscade et cura- 468 — CHAPITRE QUINZIEME. cao; elle a beaucoup d’analogie avee la rich he mais il est des liquoristes qui l’aromatisent avec des amandes ameres, les semences d’angélique, l'eau de fleurs d’oranger et l’esprit ou l’essence de cannelle, ce qui donne une liqueur d’un gout tout différent. Voici une des formules employées : Infusion alcoolique de quinquina (20 gr.).. Llit. » centil. Do decuracao (30gr.).. 1 » Esprit'de cannelle... .. Si wiceeae a eee » 50. -- De de girofle et macis (25 cent. de chaq.). » 50 — Alcool 8: 860...) sid icicGis «bas ae eee D >» — Eau de fleurs d’oranger........... epitmee » 30 — Sucre raffiné fondu dans 10 litres d’eau.... 10 kilog. Mélanger et colorer en jaune par le safran et le cara- mel. Cette liqueur renferme 35 pour 100 d’alcool pur et 500 grammes de sucre. Liqueurs dites des iles. — Les liqueurs dites des iles proviennent de la Martinique et autres files, ou de Puerto-Cabello, etc., ou sont fabriquées sur le continent. Les principaux aromates qui en forment la base sont : le cacao a la vanille, la creme de moka, la créme sapo-— tihe, de noyauxr, d’ananas, de cachou, des barbades, de cédrat, les baumes humain, divin, les huiles d’anis, de cannelle, de muscade ou créoles, de girofle, de rhum, d’avocat, etc. Ces liqueurs sont trés chargées de sucre (560 gram- mes par litre); leur titre alcoolique est en moyenne de 34 4 35 pour 100; elles sont logées dans des bouteil- les dites marteaur. Nous avons déja donné les détails de fabrication du cacao a la vanille ainsi que de I’huile ~-de vanille, de la creme de moka, de noyaux, des huiles d’anis. La densité de ces liqueurs ‘étant laméme, nous allons présenter ‘les recettes qui servent en Europe on lee A | as at, ar ays es ge, oO ee ee eK Oe Via Pe) AE big Fe ee ee Ce be ot 2 fay Be Pag! A 7 ri ad — A Gis : ? Le et Sa ge (a PM &% he Tprvel gna * be : ~ Pu A : hee | Pad Fr. ~ 4 FABRICATION DES LIQUEURS DE TABLE. 469 - a aromatiser celles dont le gout est bien défini et dont il est possible dans le commerce de se procurer les ma- tieres premitres. Les esprits qui entrent dans la com- position de ces recettes sont dosés comme ayant été distillés d’aprés les proportions d’aromates indiquées a leur distillation spéciale, en choisissant les matieres premitres de bonne qualité et opérant avec méthode, selon que les essences de ces aromates sont lourdes ou légeres. Créme sapotilie : Esprit de storax calamite (l)............ » lit. 40 cent. D° de bois de sandal........ hedive css » 40 Oey OORe dO TO GES. < 6 ccc wv 0'c vss, eet D 20 POPS RINTOULE Cre side eee 5 eins Bes « » 5 Dem de cascarillen: tein. cela ed PaSy es 53 D GOO U UBER BRI OO |g tira e/o'c al sl olelaie sw Biv 's 5 kil. 600 er. Kau de fleurs d’oranger............0000- 10 centilitres. Eau distillée : quantité suffisante pour compléter 10 litres. Mélanger et opérer selon les méthodes connues. Produit : 10 litres de liqueur ayant 35 pour 100 d’al- cool pur et 560 grammes de sucre. Créme d’ananas. —— L’ananas est un fruit qui nous vient des contrées intertr opicales. Le prix en était autre- fois tres élevé, mais depuis la rapidité et la facilité des transports transatlantiques, il a beaucoup diminué de valeur. Le parfum de l’ananas est beaucoup plus abon- (1) Dans la préparation des liqueurs ow il entre des baumes, des résines ou des substances aromatiques renfermant de grandes quan- fités d’huiles essentielles, il faut, avant de faire le ee lanes des esprits avec le sirop et l'eau, Ape un essai en petit pour s’assurer que la Tiqueur nest pas trop Berges d’huile essentielle, ce que l’on reconnait ‘a son aspect qui, dans ce cas, est blanchatre. On rétablit la limpidité en diminuant la dose d’esprit aromatique que l’on remplace par de Yaleool simple. : Mi 4.70 . CHAPITRE QUINZIEME. dant 4 la partie extérieure du fruit, pres de l’épiderme, qu’a l’intérieur. Cette particularité s’observe d’ailleurs dans la généralité des fruits odorants. L’arome de |’ana- nas parfaitement mir est ires suave; il a quelque rapport avec les fruits mars d’Europe dont les noms suivent : péche, melon, poire, orange, et cependant aucun de ces fruits, pris isolément, ne peut le reproduire. Malgré la suavité du parfum de I’ananas, les infusions alcooliques et alcoolats d’ananas n’ont pas un arome bien prononcé, et nous avons été constamment obligé d’ajouter une infusion de vanille pour relever la fugacité de leur par- fum, méme en employant la partie la plus aromatisée des fruits. : Pour préparer la creme d’ananas, on coupe en trés petits morceaux 2 kilog. d’ananas bien murs, que |’on met a infuser dans 13 litres d’eau-de-vie d’armagnac rassise 452°; on laisse macérer l’infusion pendant quinze jours, puis on distille au bain-marie pour retirer 8 litres de bon produit; la liqueur se termine ainsi : Aleoolat Wanahas,.. 185 — Bailes de geniévres.. sess wba

FABRICATION DES LIQUEURS DE TABLE. 45 l'on verse le reste de l’alcool sur le résidu; apres quinze autres jours, on réunit la deuxieéme macération a la premiere, on ajoute |’eau et on filtre. Cet élixir est un purgatif léger quand il se prend a la dose de 10 gouttes par jour dans une boisson quelconque. Alcool camphré. — Formule de Raspail : Alcool a 40° Cartier (98° centésimaux)...... 500 grammes. Camphre......... Bate areal vias tk We eh Nets aM 150 — Eau-de-vie camphrée. — « Préparation. — L’eau- de-vie camphrée s’obtient en déposant le camphre par grumeaux dans le vase qui renferme |’eau-de-vie ordi- naire du commerce et que l’on tient bien bouché: on Vagite de temps 4 autre; l’eau-de-vie est saturée de camphre quand, au bout d’un quart d’heure, on voit qu'il reste encore en grumeaux au fond du vase. La dissolution sera d’autant plus rapidement effectuée que la température sera plus élevée. On décante alors |’eau- de-vie dans un autre vase. » L’eau-de-vie camphrée nous sert tout aussi bien que Yalcool camphré, la quantité de camphre que peut dissoudre le troix-six étant plus que suffisante pour déterminer |’effet que nous cherchons a produire a l’ex- térieur. Cependant nous préférons l’alcool a 44° B.; d’abord parce qu’il n'imprégne pas les linges de cette odeur de cabaret qui répugne 4 certaines personnes; ensuite parce qu'il s’évapore plus vite, ne mouille pas les linges, et dépose sur les surfaces une plus grande quantité de camphre en poudre. Mais quant aux effets curatifs, l’eau-de-vie camphrée agit tout aussi puissam- ment, dans le plus grand nombre de eas, que l’alcool camphré. » Nous avons fait suivre la formule Raspail des obser- £06 Me Ty BA Beg AE OND iy nn eee Po eae a # 4.716 CHAPITRE QUINZIEME. vations qu'il a consignées dans l’Annuaire de la santé pour 1875, & cause de la difficulté de se procurer de alcool a 98°. Dans le commerce, le titre le plus élevé. des trois-six rectifiés étant de 90° , tres rares sont ceux qui atteignent 95°. Liqueur hygiénique et anticholérique de Ras- pail (sans sucre) : Alcool 4 21° Cartier....... ‘ward aide act ane 1 litre. Racines d'angélique, ays. oes» os eee 30 grammes. Calamus: aromaticuswi..: io jane ieee 2 — Myrrbee fi) soi.ie septs. see ean 9 ieee Cannelle,, .. aves iyi eben ates ole eck 2 — ALORS sas cele ne eer cae eet sraletarwigtes bates 201) — Clous'de girofle. 27, 2.5 it gise ssulcan te cane 1 — VeAMihles 250.5455 088 o'Veqet tee e ee 50 centigr. COONS ini: dole cohen Neen eee On ‘see 2) eh BRON. Noix'museades. \y'. 53 ae sets oi kee 25 centigr. SAIPAN... «c's sce ecw esas ce teen 5 — « On laisse digérer le tout quelques jours au soleil, en ayant soin de ficeler le bouchon de la bouteille; on transvase ensuite rapidement la portion liquide dans une autre bouteille, ou {bien, si la liqueur est trouble, on passe a travers un linge, et on ajoute ensuite au liquide un petit verre d’eau-de-vie, on bouche la bou- teille et on la garde dans un endroit réservé, pour n’en- faire usage que dans le cas d’invasion cholérique ou d’épreintes vermineuses. » Eau des Jacobins de Rouen. — Cette eau est employée a petites doses, apres le repas, contre les digestions laborieuses. (1) On rendrait cette liqueur encore plus efficace contre les grandes crises, en portant a 4 grammes la dose d’aloés, FABRICATION DES LIQUEURS DE TABLE. LTT RomdeMeerOhinen see eee i ek 60 grammes. Bors de-sandalcitrin..”. lei. cscs cae cle. 60 _— Do EMM LOUR Grea tir on Ae Sick ak 30 _ PUBMED oar atte. bl ose to nn 6+ d'c'a0's a mlSa he 40 — Mie eMuOUICVEO., o's a's'g wu acs cuceds'eoe 40 pemeneesid angelique... 0... secs ce cus 20 o— AN eT ey vic iecs <,cfo7 ld ee k sce cae 15 — ey IOS: se 8 BP gee go 15 a Stl Meee eile fils NSS Lhe a Peace ables 15 — CURL 6 005 5/ Abeg hell 15 _ Presale vio ou, oo cia's 02s w'suie kas 29 — Alcool a 85° centésimaux............... 10 litres. Pulvériser les substances et les faire infuser un mois: filtrer ensuite et mettre en bouteilles. Vulnéraire suisse. — On fait infuser deux jours, dans 6 litres d’alcool 4 86°, 100 grammes de feuilles et sommités des plantes dont les noms suivent : Absinthe, angélique, basilic, calament, fenouil, hyso- pe, lavande, marjolaine, melinot, mélisse, menthe, origan, romarin, rue, sarriette, sauge, serpolet et thym. On ajoute au macéré 8 litres d’eau, on distille & feu nu et l’on rectifie pour retirer 6 litres d’esprit aromatique auquel on ajoute 4 litres d’eau, ce qui forme 10 litres de vulnéraire. Cet alcoolat est snidbew contre les coups, contusions, etc. Teinture ‘d’arnica. — La teinture d’arnica s’em- ploie surtout contre les contusions; l’infusion peut en étre faite en vase clos exposé au soleil. Plours Marnicas..33 00665. eit eo iattenst 100 grammes, BNO CRI ALG 0s Frey 0 aie ele o's o''e- = « 3 Rare 500 ~_— Laisser macérer a une douce chaleur dix jours, passer ensuite avec expression et filtrer. ae <3 it ‘ esis mt Re es ey ae 4718 -. CHAPITRE QUINZIEME. a die tai toe AG Eau balsamique de Botot: ANTS Vertis ' Gowers sin'als etale edn aes eeese.- 300 grammes Cannelle de: Chine, “:.:./s.s'.' sis'0 e's 9's 8 we 100 — Girofle on. oo ONS ee he ee ee 100 — Essence de -menthe........ ses cen cals Peas 63 — Cochenille ws crise ivsieele «ele siehpia otaitieee 30 -- Créme de tartres. oc cece es a5 sees ae 30 — Alra 3. s2 YP eT eae ie es > 5 — Alcool a'85¢@. (odie c sk chi eee late 10 litres Humecter avec un peu d’eau la cochenille et la tritu- rer avec la creme de tartre et l’alun; faire infuser les aromates dans l’alcool, y ajouter l’essence de menthe, et apres dix jours d’infusion filtrer. L’eau de Botot est employée comme dentifrice. Eau de Cologne. — Formule du Codez : Essence de bergamote......... iixt doh See 62 grammes. Do | de Clérons . ya... = pin se freee eee 62 — Do ~ de‘sarriette, . 13.55 scum eee Baba 9 — De 5 Sd Orange. oesewa sae Ap ater bey 5 62 — Do .> de petit grain... ...0..sseunsesd 62 — D0, phe edie. 5/10). sldeue'- tae ates Rn ott eam -~ D0 do. FOMALIN. 6, 6.0 rj. 90-2 ovis ese w 31 _ Do', de lavande, .: 2". «5s bse ee eee 15 — Do de fleurs d’oranger. ......-2ee- 15 — Do; de cannelle,. .......% seein. sis eotae A — Esprit de romarin, ....c...se00s ‘ clge Ue — Eau de mélisse composée,......seeeee: 1 kilog. 500 gr. AlCOO1 A 80%. opiacsce ees hina a Sia is ee 6 kilog. Distiller au bain-marie, . pres a siccité, et ajouter eau de bouquet. L’alcool rectifié qui sert de base a l’eau de Cologne doit étre d’une neutralité absolue. mA o Bis z eh FABRICATION DES LIQUEURS DE TABLE. = 479 Eau de Cologne de Jean-Marie Farina : Sommités séches de mélisse,....... eee. eee 3l grammes. De de marjolaine..........s0. 31 _ Do BO TYING 6 sd «oper: as coanaster es 31 a Do GP LOUATH «ans: lonchor slehel Chen cte al — Do BE NRODG 'u-2.5 « sCovole sarerdtats sect 31 D° de grande absinthe........ 31 — MPEMNPOOUE VANCE. sox 's sis sito bite 3.00 0 tisaivieie ee 62 — PUMEMEES CAN PCNGUC, .. 6 i is ewccey wowcace 31 _- Semences de cardamome..........0.eeeec0. 62 — Baies séches de geni@vre...........eeeeees 31 — TERE AIAG giclee die one din.s < an « sles eb van «ets 31 — Do CUI Gal so sR AEM bis wii sv ethrs) SOM 31 — D? SAMA OLIOUI LE... £6 dablcieiae lel +e & cobs 31 — Do MORN Da ood ose atisatsirie Cictaie.n # obs 31 a Cannelle de Ceylan....... efirts axel isi pidiche alas 31 — Noix de muscades concassée8.......+.s000- 62 — Re Re EG Pelee an. i euctinsnlitla Wistadiale siudlehe dd 41-0 31 — Ecorce de citrons (récente)......... A 31 _ Huile essentielle de bergamote..,........... 31 — PRCOOL A O00 wale ce ss Pye PENAL pepe nic eieiene 10 litres. Laisser digérer huit jours et distiller au bain-marie _ jusqu’a siccité. Eau de Cologne ordinaire : Essence de Portugal........sccceecececess 60 grammes. DS AO CHPODN Fie ct o's we Gok cates 6 aa oe ane) — PO PCOTIAVANUG. o 6 5 0 ccc e asc te ce swoas 30 —- DPF GOPOMAPI, ie acc’ 0 sa scace s s-rivine vee e 30 —_ PIMC GGIP VOU Go ois.0cis'e cs cd erccvcsnt poe 8 — Teinture de benjoin.........ececeecscecces 60 oo AGES O's siclWiele b's 6 ood oc oe 4 esse aes 's 8 litres. PERE Sie gal wile) ateie' ol d-w elo vle'd.e 860d Rhea tas 2— On fait dissoudre les essences dans l’alcool, on agite puis on ajoute la teinture de benjoin, et apres nouvelle agitation de l’eau, on laisse reposer vingt-quatre heu- res et on filtre. : | Peg é eI SE) Sed ea ce 4.80 it CHAPITRE QUINZIEME. ae hs : Vinaigre de Bully. — Copie de la recette déposée pour obtenir le brevet : Essence de citron au-zesté. .....cceecenass 30 grammes. Do. =, de' bergamote:. . 5 0's. %/ac ees eee 300 — Dede Portugal 53555 di 2.5 «ee ses eee 12 _- Do: ide romarin,. v5.0 Sie Sick ee e+) oe Do's delavande... < ee sie ak Sea eee 2 litres. Laisser reposer douze heures, filtrer et ajouter : Vinaigre radical (acide acétique).........-. 90 grammes. Ce vinaigre est tres employé pour la toilette. Vinaigre antiseptique des quatre voleurs : Sommités de grande menthe..........+00- 30 grammes. Do de petite absinthe..... pais hen 30 — Do de TOMALIN..» s.s+'0s 0+ 00a 30 _ Do Ge SAULC + sixie sc» Hore nee Rr — Do de menthe....... WET Ori sy _ Do GO .TUC sas 0 ow cals oun oo denne — Fleurs de lavande,’.'. .'...'0s +s «+.0% Mere oe _- Calamus. arcmaticus. vcs vee o0 wees oes see — Cannella incskwe s i auth So a siete +3 éen ee 15 — FABRICATION DES LIQUEURS DE TABLE. ABA POMOM Ge Ramieee a hoch ela Se whe A oe de 1D PraAmMmMes. ee riece IMCS 51's tel a ce, Ue a ie Se PRAG 3 Nom A Gousses d’ail récentes coupées par tranches 15 — SENS DoS once a a a eR ereey oes aah ou —— ese eee ses ae as ek ate” OO KOR S On fait dissoudre le camphre dans 125 grammes d’al- cool. Les plantes sont infusées pendant quinze jours dans le vinaigre; on expose le vase bien bouché & une douce chaleur ou au soleil, on passe au filtre et l’on ajoute le camphre dissous dans I’alcool. . FRUITS A L’EAU-DE-VIE ET FRUITS AU SUCRE. Observations préliminaires. — Les fruits sont consommeés en nature ou conservés de trois manieres : 4° dans l’eau-de-vie; 2° au sucre; 3° au jus, en les sou- mettant aux manipulations employées pour les conserves alimentaires et dont on doit 4 Appert la premiere appli- cation industrielle. Les procédés de conservation s’ap- pliquent a tous les fruits & noyaux, ainsi qu’a certaines variétés de poires, pommes, coings, jeunes citrons ou chinois, noix nouvelles ou morveuses, raisins, tiges d’an- gélique, cétes de melons, écorces de cédrats, mar- rons, etc., et aux marmelades, ou jus plus ou moins épais de ces fruits. Ce serait sortir de notre sujet que de _ décrire ici les préparations particulieres a chaque espece de conserve, d’autant plus que les liquoristes n’emploient qu’une quantité assez restreinte de fruits, car, 4 part les prunes, abricots, cerises, raisins, poires et jeunes biga- rades ou citrons (chinois), qui constituent la plus grande partie de la consommation, ce n’est que bien rarement ~ quiils emploient d’autres fruits, qui d’ailleurs sont peu demandés ou d’un prix trop élevé 4 !’état frais; cr, c’est Wee! CES he Seo ah os See t 482 CHAPITRE QUINZIBME, =~ la le point capital, car le logement en bocaux, le bou- chage spécial, qui est @autant plus coiteux que lembou- chure est plus grande, enfin les frais de manipulation, feraient ressortir le prix & un taux commercial trop élevé. Nous allons indiquer les diverses manieres de procéder, non sans faire observer que dans toutes les méthodes, les fruits doivent étre préalablemeut préparés et blanchis. Chorx et préparation préalable. — Les fruits doivent étre bien sains; il importe qu/ils n’aient pas atteint lentier développement de leur maturité, parce quiils seraient trop mous. I] ne faut pas non plus quils soient trop verts. Il faut aussi rejeter ceux qui sont meurtris, piqués par les insectes, en un mot, tous ceux qui seront défectueux ; ils ne devront pas étre ridés, flétris, c’est- a-dire qu’ils auront dé étre cueillis récemment. Les fruits seront choisis un a un, essuyés avec un linge ou une brosse, piqués profondément avec une épingle, en plusieurs endroits selon Jeur grosseur, et jetés ensuite dans de l’eau de puits tres froide. Lorsqu’on n’a que des eaux tiédes a sa disposition, telles que celles des rivieres ou de distribution dans les villes, on y fera fondre de la glace pour la rafraichir. Les fruits restent dans l’eau froide plus ou moins : en moyenne une immersion de deux & quatre heures suffit pour les raf- fermir. Il ne faut pas les laisser trop longtemps, ce qui rendrait le blanchiment plus long. Pendant ce temps on se prépare a les blanchir. Blanchiment.— Le blanchiment s’opere dans une bas- sine en cuivre, non étamée, mi-plate, c’est-a-dire plus large que profonde; on y verse de l'eau jusqu’aux deux tiers de sa hauteur et on chauffe jusqu’a ébullition. Au moment d’y verser les fruits, qui doivent y étre jetes tous ensemble a l’aide d’un tamis, on a eu soin de laisser ; a t. e % ow oP BS a ole Bi ee Se ee > a oS ie ea a Mean Se tee FAL eye SF OF Seo Se FABRICATION DES LIQUEURS DE TABLE. 483 tomber le bouil, c’est-a-dire qu’on a suspendu I'ébullition en fermant la portitre du fourneau et en modérant le feu, parce qu'il faut que les fruifs soient saisis, sans cepen- dant que la chaleur soit trop forte. (Il est nécessaire d’avoir pratiqué cette opération pour saisir ces nuances et bien blanchir.) | Des que les fruits sont dans la bassine, on ranime le feu; les fruits palissent et tombent au fond; on met alors sur la grille du foyer une plaque pour suspendre l’action de la chaleur, on ferme la portiére et le registre de la cheminée, ou l’on éteint le feu, et on couvre Ja chau- diere. Une demi-heure apres on ranime le feu et on chauffe progressivement, ce qui force les fruits a ‘remonter; on les souleve avec l’écumoire pour accélérer ce mouvement, et des quils viennent a la surface, on. les jette, au fur et & mesure de leur ascension, dans un baquet d’eau de puits tres froide, que l’on renouvelle souvent afin que les fruits refroidissent complétement et le plus vite possible. Il arrive que vers la fin d’une opé- ration certains fruits sont tres longs a remonter : il vaut mieux dans ce cas les enlever de la bassine. Ce qui importe le plus dans le blanchiment, c'est d’avoir de l'eau bien froide pour les deux immersions, avant et apres le passage a la bassine, d’y jeter les fruits a la fois, et d’opérer vivement. L’eau de refroidissement surtout devra étre maintenue froide et crue, et pour cela étre additionnée de 10 grammes d’alun par seau, afin de _conserver la nuance des fruits & peau délicate. 4° Fruits a l’eau-de-vie. — On suit, dans leur pré- paration, deux méthodes principales : apres le blanchi- ment, on les fait infuser quelques semaines dans l’eau- -de-vie & 55° en moyenne, et on ne les met en bocaux avec des jus ou eaux-de-vie sucrées et qu’au fur et & mesure “Lay ao ee whe ae = ae - — i ae r, é ae oe cess, i CHAPITRE QUINZIEME. pas des livraisons. Cette méthode donne des fruits fermes et de jolie couleur, mais peu agréables au gott, parce quils sont trop imbibés d’eau-de-vie; l’autre méthode consiste 4 leur donner plusieurs facons aw sucre (opé- ration dont nous parlerons plus loin) avant de les mettre en bocaux; les fruits sont ainsi bien meilleurs au gout et plus vite faits, mais cela exige une manipulation beaucoup plus longue. Prunes reines-claudes.— Les prunes sont les fruits que l’on conserve en plus grande quantité: on les choisit bien fraiches, vertes et sans étre completement mires. On les pique avec une épingle jusqu’au noyau, on coupe les queues et on les jette dans de l’eau tres froide, ainsi que nous l’avons déja dit au Blanchiment. La prune reine-claude a une couleur tres délicate; pour la vente, on l’estime d’autant plus qu’elle a une nuance verte plus belle; pour la Jui donner, ou maintenir cette nuance fixe, certains confiseurs ne craignent pas d’employer le sulfate de cuivre a la dose de 15 a 20 gram- mes par hectolitre d’eau chaude et salée destinée a les blanchir. Cette substance est, comme on sait, un poison violent. Il est vrai qu’aprés le blanchiment, l’eau de refroidissemcnt en enleve une partie, mais il en reste encore dans les pores du fruit, puisque c’est & sa pré- sence quest due la fixité et la beauté du vert. On doit éviter de se servir de cette matiére toxique d’autant plus qu il est possible de conserver une nuance verte aux fruits sans employer et que l’on doit avoir pour principe, dans les manipulations des substances alimentaires, de n’in- troduire aucune matiére insalubre. On dit : 7] y¥ en a si peu, que cela ne peut nuire a la santé des consom- mateurs. Tel n’est pas l’avis des comités de salubrité, qui défendent l'emploi des colorants toxiques. Ceux qui - FABRICATION DES LIQUEURS DE TABLE 485 emploient ce moyen s’exposent, pour leur beau vert, a étre poursuivis en police correctionnelle. Pour faire reverdir les prunes, on emploie plusieurs procédés donnant des nuances différentes, qui varient du vert jaune au vert foncé, selon le choix des matiéres employées. | En faisant bouillir dans l'eau qui doit servir au blan- chiment des feuilles fraichement cueillies d’ortie, de fou- gere, etc., et en salant cette eau dans les proportions de 400 grammes de sel par hectolitre, et l’acidulant de 1 pour 100 de jus de citron, on obtient une nuance verte de couleur claire. Kn ajoutant a l’eau de la bassine 2 pour 100 de jus des prunes triées, et qui ont été rebutées, avec 600 grammes de sel, on obtient une nuance d’un vert jaunatre. Si on remplace le jus de prune par du vinaigre, on obtient un vert plus foneé; l’emploi, avec le jus de prune, du sel et du sulfate de magnésie, donne égale- ment un vert foncé. Quel que soit le systeme adopté, les prunes étant blanchies, on les met a rafraichir en renouvelant l'eau; puis a égoutter. On les place ensuite, soit dans des terrines ou des jarres, soit dans-des futs ayant des. doubles fonds a claire-voie, de distance en distance, pour éviter l’écrasement, et on les couvre avec de l’eau- _ de-vie & 55° en moyenne. La mise en bocaux ne se fera qu’apres six semaines au moins d’infusion. On les y range alors et on les couvre avec un jus qui renferme 25 pour 100 d’alcool pur et une moyenne de 200 grammes de sucre par litre. Les prunes séches ou pruneanz se traitent comme les raisins secs. Procédé rustique. — Lorsqu’on ne veut pas se donner la peine de blanchir les fruits, on les laisse murir davantage; ils conservent une peau ferme, sans étre oe a Phe SE AS ews he eS we a a ae - baat eb jl Bites Ser eee PD Gas ‘4, a A486 CHAPITRE QUINZIEME. ’ machés ou écrasés, etc. Ils sont enfin choisis; on les essuie avec un linge, on les pique avec une épingle, on coupe les queues et on les range immédiatement dans des bocaux gui ne doivent pas étre pleins. On couvre les fruits avec de bonne eau-de-vie a 52° dans laquelle on a fait dissoudre, par litre, 400 4 250 grammes de sucre, selon que l’on aime les jus plus ou moins sucrés. Ou peut aussi faire fondre le sucre dans le jus des fruits trop murs, et, en opérant a chaud, ajouter des aromates préalablement infusés dans lalcool, tels que la corzandre, la cannelle pour les cerises, du - sucre vanillé pour la plupart, etc. Mais beaucoup de connaisseurs qui emploient des eaux-de-vie de vin en nature, n’ajoutent rien a l’arome naturel des fruits. Il ne faut pas perdre de vue que si le titre de l’eau-de-vie sucrée destinée a couvrir les fruits descendait au-dessous de 40° d’alcool pur. le suc aqueux gue renferment ces derniers affaiblirait trop le liquide, qui finirait par entrer en fermentation. Les fruits étant couverts d’eau-de-vie sucrée, on bou che les flacons avec soin et on les expose en plein soleil — pendant un mois, en tournant les flacons sur toutes les faces. Cette opération a pour but de suppléer au blanchi-— ment par la chateur solaire; on les ouille ensuite, s’il est nécessaire, et on les serre a l’obscurité, bien bouchés. Les fruits ainsi traités ont moins bonne miue que ceux qui ont été blanchis, leur couleur est pale; mais ils offrent l’avantage de pouvoir se préparer sans ustensiles, ce qui, & la campagne et pour des provisions de famille, a son avantage. Abricots.— Choisir, essuyer, piquer en plusieurs endroits les abricots, afin qu’ils se pénétrent mieux et — que le noyau ne soit pas adhérent. On observe dans leur a FABRICATION DES LIQUEURS DE TABLE. 487 blanchiment les prescriptions déja indiquées; l’eau dela hassine doit étre pure. On augmente la nuance jaune orange qu’ils possédent en ajoutant a la premiere eau qui sert ales rafraichir en sortant de la bassine, une petite quantité de cendres gravelées (moitié moins que d’alun); leur rafraichissement s’achéve dans |’eau alunée. On les met ensuite a égoutter sur des tamis, puis on les couvre avec des eaux- ee -vie blanches a 55°. Péches. — Les péches se préparent de la méme maniere. Cerises.— Ce sont les fruits les plus faciles & con- fire, on ne les blanchit pas. Les cerises sont essuyées, piquées d’un coup d’épingle, la queue coupée, rafrai- chies dans l'eau froide et mises 4 égoutter. On les couvre avec de l’eau-de-vie blanche 4 55°. Pour la vente, on les aromatise avec 3 pour 100 d’esprit de coriandre, 1 de cannelle, et on augmente la couleur des jus, qui doivent étre rouges, avec des vins d’un an ou avec les diverses couleurs employées pour les liqueurs. La densité du jus en liqueur est la méme que celle des prunes. Raisins. — Les raisins mirs se traitent par le procédé rustique déja décrit. Les raisins secs ou verjus, de méme que les prunes séches ou pruneaux, se préparent ainsi : On met les raisins égrappés ou les prunes séches dans une casserole; onles couvre d’eau tiéde, on remue et on laisse tremper une heure, ensuite on chauffe légerement en ajoutant un peu d’eau si le liquide ne couvre pas assez, et on remue les fruits en les soulevant avec une écumoire. On ne doit pas chauffer l’eau jusqu’a ébul- lition : il suffit de ne pouvoir supporter le doigt dans le liquide. Les fruits étant gonflés, on couvre la casserole, a) MEY het FE Be ae Oe tet a oe a Boneh i oy pi ngs gaat ar Am ae. Ys Gn 3 SF Page Ws fe - 488 CHAPITRE QUINZIEME. on les y laisse refroidir; enfin on les met en flacons en les couvrant avec un jus sucré a 200 grammes par litre et ayant 25 pour 100 d’alcool pur. Ce procédé est employé lorsqu’on n’a pas de labora- toire spécial a sa disposition. On peut aussi faire gonfler les fruits secs en les jetant dans une cucurbite ou un bain-marie avec de l’alcool réduit 4 25°, qui est le titre que le jus devra avoir aprés avoir été sucré. On chauffe en remuant constamment, et des que la chaleur est arrivée & 60°, on place le chapiteau et on force le feu Jusqu’a ce que le liquide soit prét & passer en distillation; on éteint alors le feu et on laisse refroidir entitrement sur le fourneau. Poires. — Les poires ne doivent pas avoir atteint leur maturité. (La variété la plus employée est le poire rous- selet.) Elles sont assez longues a préparer a cause du pelage, qui doit étre fait, si on ne veut pas qu’elles noircissent, avec un couteau a lame d’ argent. On choisit les poires, on les pique, et sans les mettre a rafraichir, on les jette dans la bassine; on les retire dés qu’elles fléchissent, c’est-a-dire au premier coup de feu, et on les jette dans un baquet d’eau tres froide. Une fois froides, on les pele délicatement et le plus prompte- ment possible; on leur laisse l’extrémité de la queue et on les jette de suite, pour éviter qu’elles ne noircissent, dans un baquet d’eau trés froide, aiguisée de jus de citron, ou, a défaut, de vinaigre. En sortant du baquet on les couvre d’eau-de-vie Blangies 55°. Chinois.— On nomme ainsi les petits citrons et oran- ges bigarades cueillis avant leur maturité. Pour les confire i eau-de-vie, il faut leur faire perdre leur amertume. _ ; 2 FABRICATION DES LIQUEURS DE TABLE _ 489° < On les fait d’abord bouillir, et lorsqu’ils sont assez ramollis on les fait tremper dans l'eau froide pendant quatre jours, en renouvelant l’eau. Dans les pays de production, les petits citrons sont le plus souvent confits au sucre, de la maniére dont nous allons parler. 2° Fruits au sucre.— La conservation des fruits par le sucre s’opere généralement de la manitre suivante : apres avoir blanchi et égoutté les fruits, ils sont placés dans des terrines; on les recouvre pour la premiere fois d’un sirop tres léger marquant 12° au pese-sirop de Baumé; ce sirop est versé bouillant. On couvre ensuite la terrine et on laisse en repos vingt-quatre heures. On appelle cette manipulation une facon. Le lendemain on décante ce sirop de dessus les fruits, on le jette dans la bassine, on le fait cuire de 4° de plus, c’est-a-dire & 16°, et on le verse sur les fruits comme la premiere fois : c’est la deuxieme facon au sucre. Chaque jour on fait une nouvelle facon en augmentant de 4° la densité du sirop, qui atteint ainsi 20, 24, 28, 32 et enfin 36° 4 la septiéme et derniere facon. Le sucre ace degré reste attaché contre les fruits ; ils sont confits, ou, en termes de métier, glacés. 3° Fruits au jus. — Ce procédé peut s’appliquer a la conservation des fruits de toute espece, quel que soit le degré de concentration du sucre, puisque ce n'est pas autre chose que le procédé d’Appert, employé a@ la fabri-- cation de toute sorte de conserves alimentaires. On trouvera, dans les ouvrages traitant spécialement de la conservation des substances alimentaires, de plus grands développements a ce sujet, car pour fabriquer les conserves, les degrés de chaleur a4 appliquer a chaque genre de substance et le temps de la cursson sont indis- pensables & connaitre pour bien faire. ae hs hy Apt Me Sie AY Se >> a = SSP See 4 4.90. > CHAPITRE QUINZIEME, - — ? Le procédé Appert consiste a mettre les substances dans des boites ou des bouteilles que lon place soit au bain-marie, dans une chaudiere garnie d'un treillage qui empéche qu’elles ne touchent le fond et les bords, et immergées jusqu’au-dessous de la bague, soit dans l'armoire & conserves dont nous avons parlé au chapitre des apparcils & vapeur, soit enfin, pour certaines fabri- cations, dans l’autoclave. Le plus souvent les fruits, apres avoir été blanchis, sont rangés dans des bocaux et recouverts avec un sirop 1 26° Baumé froid, de maniére a entrer dans la consom- mation tels quels. On traite ainsi les prunes, abricots et péches, qui forment la presque totalité de ce genre de conserves. On bouche hermétiquement les bocaux, on les ficelle, on les agrafe et on les porte 4 la chauditre ou a l’'armoire; on allume le feu apres les avoir enveloppés de sacs noués par le haut et l’on porte la chaleur jusqu’au degré de l’ébullition, la chauditre étant pleine d’eau, ou 4 100° si on opere &la vapeur. L’ébullition ne doit durer que cing miuutes pour les prunes et trois minutes seule- ment pour les abricots. On éteint alors le feu ou l'on ferme le robinet de vapeur, et on laisse refroidir les vases avant de les sortir du bain-marie ou de l’armoire. On passe les bocaux ou bouteilles @ inspection avant de les mastiquer et de les porter a la cave, au frais. Les sucs de fruits que l’on conserve en bouteilles pour confectionner les sirops, tels que groseilles, cerises, merises, framboises, fraises, doivent avoir été préala- blement bien épurés par la fermentation et la filtration. Il est inutile et méme nuisible de les faire bouillir: une chaleur portée jusqu’a 90° est suffisante pour les con- server. Le bouchage des conserves est tres important et revient 4 un prix trés élevé, surtout pour les goulots de - af qj aa a ie 4 a® aa . + a Mi ee - _ ji - . , me * ere ye ee cee Pe tee OUR eB tage Oe FABRICATION DES LIQUEURS DE TABLE. 494 grand diamétre, car jusqu’’ présent on n’a rien trouvé de mieux pour les gros goulots que le bouchage émerillé, c’est-a-dire avec du verre, ce qui fait revenir le logement aussi cher et parfois plus cher que le contenu. Pour les petits goulots, le bouchage avec des bouchons de liege enfoncés dans le sens horizontal des pertuis, et formés de plusieurs morceaux collés, donne de bons résultats et n’est pas aussi cotiteux que le systeme précédent. 7 hd _ Ae ' fel ™ ta a - 492 DESCRIPTION DES PLANCHES. _ CHAPITRE XVI DESCRIPTION DES PLANCHES PLANCHE 1, PAGE 8. Boutures et greffages. Figures. 1. Bouture crossette. (Voir sa description page 6.) 2. Bouture simple. 3. Provignage. (Voir, page 8, les diverses méthodes de proyi- gnage et de couchage.) — a, vase enfoncé dans la terre et garni de terreau dans lequel une des chevelées doit prendre racine. 4, Greffe en approche. — Ce systéme de greffage, qui peut s’ef- fectuer de plusieurs manieéres, consiste a faire, 4 l’aided’un grefow, une rainure creuse sur le sujet a greffer, en ayant soin de couper l’écorce bien nettement et de mettre dans la rainure un greffon de méme grosseur, dont l’écorce soit aussi bien découpée et placée de maniére a s’ajuster exac- tement avec celle du sujet greffé ; ce greffon a deux yeux au moins dans la terre au-dessous de la greffe, qui est maintenue en place par une ligature et un mastic, comme on le voit au-dessus de J. Voir, page 37, les avantages de la greffe en approche. On remarquera que l’on réussit mieux en greffant, non point au-dessus, mais au niveau ou méme un peu au-dessous de la surface du sol, quel que soit d’ailleurs le genre de greffage, et en recouvrant la ligature de terre, ce qui maintient une fraicheur favorabla a la circulation de la séve entre les écorces. ¥ CHAPITRE SEIZIEME. _ 493 Araire cabat. Figures. 5. Coupe de l’araire cabat, charrue employée en Médoc pour dé- chausser les pieds de vigne. — Ce labourage s’exécute le plus souvent a l'aide d’une paire de beeufs. Araire courbe. 6. Charrue a rechausser les pieds de vigne. — Pour plus de détails, voir, page 36, a l’article /adowrs, les charrues vigneronnes modernes. Pingage. 7. Branche a fruit. — a, pineage d'une entre-feuilles; 3, feuil- les. Voir, page 11, les tailles horticoles. PLANCHE 2, PAGE 12. Taille Hooybrenk. 8. Pied en plein rapport. (Voir page 12.) — On voit les bour- geons fructiféres a, a, @, qui se sont développés le long de la branche a fruit, pincée a une ou deux feuilles au-des- sus du dernier raisin. Ce pincage a pour but de faciliter la pousse des branches a bois 4, 4, dont on ne pince que les entre-feuilles et qui sont destinées A asseoir la taille de Yannée suivante, c’est-a-dire & remplacer la branche a fruit que l’on supprime tous les ans. On trouve a Ja suite de la description des ¢azlles horticoles , page 14, quelques observations sur leur conduite selon les sujets et les an- nées. Généralement ces sortes de tailles ne peuvent se maintenir sur les sols maigres que par l’emploi soutenu d’engrais et d’amendements fréquents. 494 CHAPITRE. SEIZIEME. . 2 IS Sats i UR ESS GSD ah Tae se gaara rr ene ee a0 3 e , ~ ae, Taille du D' Guyot. Figures. 9. Les pampres de la branche a fruit J, J, J, sont pincés au- dessus de leur deuxiéme feuille a partir des raisins; les deux branches verticales ¢ ne se pincent pas et servent de bois de remplacement. Ce systéme ne différe de la figure 8, que par la position de la branche a fruit, qui est a peu prés horizontale. PLANCHE 3, PAGE 14, Taille du D" Guyot. 10, Cep de vigne (taille séche avant la végétation). — J, J, J/, bourgeons de la branche a fruit ; c, branche & bois placée le long d’un grand échalas. Systeme Duchéne-Thoureau. 11. Voir la description page 13. — d, point de torsion du sar- ment; c, bois de remplacement; e, e, e, bourgeons fruc- tiféres; a, bout a enfoncer dans la terre. Systeme de piques. 12. Description page 13 — f, bois de remplacement; g, g, 9, 14 bourgeons fructiféres pincés au-dessus de leur deuxiéme feuille. Taille Aubry. . Description pages 13 et 14.— a, a, a, bourgeons fructiféres ; 6, b, bois de remplacement. Pincage Trouillet . Cest un systéme de culture de vignes basses, sans échalas ni fil de fer, qui consiste 4 faire refouler le plus possible la seve, par un pincage régulier de la branche fructifere F _ yg 7 = Sy . — ee i y Pas as 7. te : — aa rte: oY L Wp Soe toe : see TG — ; ve : a ; DESCRIPTION DES PLANCHES. 495. _ Figures. au-dessus de la deuxiéme feuille, a partir du dernier raisin, et de toutes les entre-feuilles a, a, a, au-dessus de leur deuxieme feuille ; on forme ainsi une cosse large et trés-ras du sol que l’on taille ensuite a cots (Voir p. 14). - Systeme Trouillet. 15. Cep de vigne basse, taillé & cots. — On taille ainsi les vignes blanches produisgnt les vins de chaudiére, et surtout la folée blanche, qui donne des pousses fructiferes méme sur le vieux bois ; mais on n’opére pas de pincages réguliers, ce n’est que lorsque les pousses sont bien développées et peu avant la floraison que on détruct les jels mutiles en opérant un premier épamprage ; c’est en cela que la grande culture des vignes a cosse basse differe du systéme Trouillet. PLANCHE 4, PAGE 35. Tailles du Médoc. 16. Jeune plant ayant un bras établi et fixé sur la latte. 17. Plant ayant ses deux bras c, ¢ ; disposition des bras des cépages malbec, verdot et merlot. Palissage a fil de fer. 18. Pour éviter que les boeufs ne s’entravent au raidisseur d, on établit le dernier pied du rang sur des lattes. — a, vue dun pied de cadernet en rapport avec ses astes arquées sur les lattes ; 4, tiret servant a remplacer le bras lorsque celui-ci sera trop allongé. Palissage a la latte. 19. Cep de cabernet taillé et lié sur les lattes ; 4, tiret. A496 . CHAPITRE SEIZIEME. Serpe du canton de Pauillac. Figures. 20. Forme de la serpe a tailler la vigne dans le Médoc. Serpe du canton de Lesparre. 21. Différence de forme de la serpe du bas Médoc. PLANCHE 5, PAGE. 44. Taille des vignes des Graves. 22. a, taille & cots, sarments réunis au méme échalas. 23. Taille a cots (avant la pousse). 24, 0, taille a cots & deux bras, avec échalas verticaux et asfe sur un bras. Palissage sur fil de fer. 25. ¢, taille en éventail. — Pour éviter le trop long develop- pement des bras on ménage en ¢ des cots de retour qui servent a rabattre le pied lorsqu’il est devenu trop haut ; on établit le palissage sur deux fils de fer, dont le plus bas sert a attacher les bras avant la pousse, et le plus élevé a lier les pampres. 25 bis. ¢, 6, pieds & deux bras établis sur fil de fer & cots ou a astes droites et plus ou moins longues selon la vigueur des sujets. ~6. d, cordon a cots. — Cette disposition n’est le plus souvent appliquée qu’aux cépages qui produisent les raisins de table. 21. Sécateur. 28. Cordon a court bois. — e, systéme de taille, A une seule branche a fruit disposée horizontalement sur un fil de fer comme dans le systeme du Dt Guyot, mais en laissant une longueur moindre que dans les tailies horticoles déja décrites ; malgré cette restriction on éprouve de grandes a : DESCRIPTION. DES PLANCHES. 497 Figures, difficultés dans les graves pour maintenir ce genre de taille, & cause du manque de bois de remplacement, c’est- a-dire que les sarments qui ont poussé prés du vieux bois et sur lesquels on comptait pour asseoir la taille sui- vante, n'ont souvent produit que des jets trop chétifs. PLANCHE 6, PAGE 53. Taille des vignes des palus. 29. Ancienne taille des vignes des palus, dite @ crucifix. Le pied est soutenu par trois forts échalas sur lesquels se lient les trois branches-méres. Des branches secondaires d , et des crochets ¢, sont espacés sur chaque branche-mére et servent 4 rabattre les bras devenus trop longs. Pour dompter la vigueur des pieds trop fougueux on laisse des astes arquées, dites é¢ro/es, et repliées sur un des échalas, ou, comme on le voit en 4, en forme de provins provi- soires, 30. Méme taille que la précédente, établie sur fil de fer, ce qui permet d’espacer plus réguliérement les pampres. On laisse en ce cas un développement moins grand a la bran- che centrale. Cette disposition facilite le rabattage des branches trop allongées, et donne d’excellents résultats lorsqu’elle est bien conduite. Eventail sur fil de fer. 31. Cette taille est une modification de la précédente ; au lieu de trois branches-méres, il n’y en a que deux, sur les-_ quelles on établit deux branches secondaires, en a et 4, ce qui forme six branches a fruit. Ce mode de taille ne peut Se maintenir que sur des sols trés riches; beaucoup de vignerons ont modifié l’ancienne taille a crucifix en éta- Dlissant la vigne en éventail, mais en laissant une taille _verticale trés courte, ce qui leur facilite beaucoup la A 32 — 498 CHAPITRE SEIZIEME. Figures, conduite des pieds lorsque les branches de l’éventail sont trop allongées et qu’elles doivent étre rabattues ou supprimées, Cordon sur fil de fer. 32. Ce genre de taille, dont nous avons indiqué, page 53, l’éta- blissement, a ses branches a fruit @ liées sur le fil de fer inférieur; on doit ménager ‘en J des cots de retour, qui plus tard remplaceront les branches a fruit a. Cette taille donne de bons résultats dans les premiéres années, mais le rabattage des branches a fruit ne pouvant se faire que par les cots de retour, et ces cots s’allongeant de plus en plus, il s’ensuit que la taille a besoin d’étre mé- nagée et bien conduite afin d’éviter que la vigne ne s’étende trop. PLANCHE 7, PAGE 182. 33. Egrappoir. — Cette disposition d’égrappoir est tras simple : ce sont des liteaux entre-croisés cloués sous un encadre- ment et sur lesquels on place les raisins que l’on remue avec des fourches. 34. Pressoir Mabille. (Voir page 191.) — Les presses a levier sont figurées planche 12, figure 131, d(page 180, tome II). Cuve en fermentation. 35. La coupe de cette cuve représente le chapeau de la ven- | dange immergé dans le moft, et la disposition du chapeau lorsqwil est retenu au moyen d’un filet. Cuvier moderne. ‘ 36. d, grue a pivot enlevant les douils de dessus les charrettes _ et les hissant au-dessus d’un égrappoir-fouloir mobile 4, — qu'un chemin de fer permet de placer ensuite vis-a-vis — la partie supérieure des cuves a, d, &; C, C, pressoirs. % DESCRIPTION DES PLANCHES e408 PLANCHE 8, PAGE 242, Alambic simple. Figures. 37. a, chaudiére ou cucurbite placée sur son fourneau ; 6, cha- piteau ayant une boule dite drése-mousse, pour empécher ‘les mousses de pénétrer dans le col de cygne ; ¢, réfrigé- rant dans lequel est placé le serpentin ; ¢, bassin servant a rafraichir ; d, récipient, Alambic a chauffe-vin et rectificateur (SIMPLE ET A BAIN-MARIE) 38. a, chaudiére placée dans le fourneau ; /, rectificateur placé sur la chaudiére et renfermant trois plateaux ; 1, brise- mousse placé au-dessus du rectificateur, 4 la base du col de cygne ; 6, chauffe-vin renfermant un serpentin; m, tuyau muni d’un brise-mousse, conduisant les vapeurs du chauffe-vin dans le réfrigérant inférieur ¢ ; d, tuyau de remplissage du chautte-vin ; e, tuyau de remplissage du réfrigérant ; 7, bec du serpentin ; 0, tuyau de trop- plein du chauffe-vin : un second tube placé au niveau de O oméré régle le remplissage du chauffe-vin au niveau de la chaudiére ; f, tuyau de vidange du chauffe-vin dans la chaudiére. Au-dessous de /'se trouvent les deux tuyaux de vidange du réfrigérant; 7, tuyau de rétrogradation des petites eaux condensées dans les trois premiers tours du serpentin, qui retournent sur les plateaux ; 4, petit bain-marie plongé dans la grande chaudiére ; 2, serpentin de condensation des vapeurs du bain-marie ; ¢, petit alambie d’épreuve pour analyser les vapeurs a la fin d’une opération ; 7, tuyau de décharge de la chaudiére, avec tube vertical indicateur du niveau du liquide. , A. 32. 500 CHAPITRE SEIZIEME. PLANCHE 9, PAGE 228. Appareil continu Cellier-Blumenthal. 39. d, a, plateaux de la colonne distillatoire ; 6, chauffe-vin ou cube de vitesse ; ¢, réfrigérant ayant un Serpentin inté- rieur entouré d’eau froide ; d, pompe d’alimentation ; é, manivelle actionnant le piston de la pompe et faisant mouvoir en méme temps, lorsqu’on a a traiter des motits épais, un moulinet agitateur placé au centre du chanffe- vin; f, boule en cuivre placée au-dessus des plateaux et servant de brise-mousse ; f, base de la colonne distilla- toire ; g, tube introduisant le vin chauffé sur les plateaux supérieurs de la colonne ; %, éprouvette. 39 his. Z, disposition des tubes de streté servant a l’évacuation des vinasses épuisées ; 7, tube d’introduction de la vapeur barbotant dans la vinasse ; 7, 7, disposition intérieure des plateaux, forme des capsules et des tubes plongeurs. Prancue 10, pace 297, Appareil Derosne, continu et rectificateur. 40. a, chaudiere inférieure, c’est-a-dire en contact direct avec le foyer ; elle est munie d’un tuhe indicateur de niveau, d'un robinet de décharge, d’un robinet reniflard servant a l’essai des vapeurs qui se dégagent des vinasses ct a l’épuisement de J’alcool qu’elles retiennent, et enfin d’un trou d’homme par lequel s’opére le nettoyage intérieur ; ?, tube recourbé en forme de col de cygne, conduisant les vapeurs de la premiére chaudiére pres du fond de la deuxiéme chaudiére 4, ot elles déhouchent par une sorte de pomme d’arrosoir, en barbotant dans le liquide ; ¢, colonne distillatoire fixée au-dessus de la deuxieme chaudiére. Cette colonne est garnie a l’intérieur de dix- DESCRIPTION DES PLANCHES 501 Figures. neuf capsules maintenues par trois fils de laiton régulié- rement espacés. Cette disposition permet d’enlever les capsules et facilite le nettoyage. Les grandes capsules sont concaves et atteignent presque le diamétre inté- rieur de la colonne; elles ont au centre une ouverture qui sert a l’introduction de la vapeur et au passage du liquide, qui se déverse ainsi au milieu d’une capsule convexe d'un diamétre plus petit et placé au dessous; les petites capsules convexes ont des nervures formées par des fils de cuivre soudés, qui, partant du centre, dé- passent la circonférence. Le vin sortant de la partie supérieure du chauffe-vin se déverse dans un petit réservoir placé au-dessus des cap- sules et dans lequel le niveau du liquide se vérifie a l’aide de Vindicateur en verre placé au-dessus de c; de ce ré- servoir il se déverse sur une capsule convexe qui le dis- tribue en divergeant a la circonférence d’une capsule concave ; le liquide se réunit en convergeant au centre, ott il s’écoule par Vorifice central pour tomber au milieu d’une capsule convexe, et ainsi de suite, jusqu’a ce qui soit arrivé au bas de la colonne. La, sortant de la der- niére capsule, il tombe dans la chaudiere; d, colonne de rectification composée de six plateaux fixes; le plateau supérieur a un indicateur en verre qui permet de consta- ter le niveau du liquide sur ce plateau; e, tuyaux avec robinets de rétrogradation ramenant les petites eaux sur y les plateaux de la colonne de rectification; 4, robinet ré-_ gulateur d’ écoulement du liquide; /, réfrigérant; g, éprou- vette et réservoir a alcool. PLANCHE 11], paGE 312. Rectificateur Savalle. Al, a, chaudiére avec tube indicateur de niveau, trou d’homme et robinet de décharge et de charge; J, colonne de recti- 502 CHAPITRE SEIZIEME, Figures. j ; ; fication; é, condenseur tubulaire renvoyant les petites eaux sur le haut de la colonne a Vaide du siphon re- courbé placé & sa base; la partie inférieure du con- denseur se compose d’un réfrigérant; ¢, régulateur de vapeur réglant & une atmosphere; d, tuyau du régu- lateur; f, éprouvette spéciale. Appareil Egrot. 42. Appareil distillatoire continu d’Egrot fils, de Paris. PLANCHR 12, Paar 340. Alambic rectificateur a plateaux. 43. a, colonne ayant deux plateaux intérieurs; J, cucurbite renfermant le bain-marie; ¢, entonnoir de réfrigéra- tion; d, col de cygne; e, réfrigérant renfermant le ser-— pentin. Alambic a col de cygne. 44, a, chapiteau du bain-marie ; 4, col de cygne simple. Téte de more. 45. a, forme spéciale du col; 4, chapiteau cylindrique; ¢, bain- marie, 46, a, entonnoir fermé servant de bassin au filtre 4; 4, filtre a trois tubulures garnies de leurs manches; ¢, robinet d’écoulement ; d, récipient a couvercle mobile. 47, Armoire a conserves en bois dur, chéne ou ormean, et dou- blée en zinc ou cuivre, servant a la préparation des con- Serves alimentaires et des fruits, sirops, ete. Des ther- mométres au mereure sont placés dans l’intérieur; un regard tormé d'une forte glace incrustée permet d’obser- yer les variations thermométriques qu’ils indiquent. 2s ae TABLE DES MATIERES TABLE DES MATIERES CHAPITRE PREMIER CULTURE DE LA VIGNE ; ‘ Pages. Observations générales, condi- tions climatériques, maniéere Ce Weseter ae a. eet 1 Etat hygrométrique de l’'atmo- SUCH eta gl luk aa goa ak 3 Des sols propres a la culture de PRIA VINE ranking a Stee es Yt ) Plantation de la vigne..... 6 Reproduction par boutures et plants enracinés....... 6 Reproduction par provignage, 8 Reproduction par le couchage. 8 Reproduction parle greflage. . 9 CHAPITRE Il. CONDITIONS INDISPENSABLES A LA PRODUCTION DES VINS FINS. CTimats favorables ....... 15 Gépagesifing.: -. 0... .: 15 Natives detsoles OSs ise. 14 Cépages fins, hatifs, rouges. . 17 Cépages rouges de maturité MGYORNG LAs Whe) e .yde4. Ban fe) Cépages de maturité tardive. . 21 Amélioration des cépages a vins fins rouges par le choix rai- curisen ts yu Ae ee tee 503 5° Pages Reproduction par les semis. . Plantations diverses...... 9 MOF oS ke SS koe 10 Tailles; tailles horticoles, pin- WE a al Sa SE chi rcdlia haste siapl kare wes 11 Systeme de taille Hooybrenck, 12 Systeme de taille Duchéne- Tboureau i atajen suede ane 13 Systéme de taille dit des piques 13 Systeme de taille du Dt Guyot. 13 Systéme de taille dAubry. .. 13 Systéme de taille de Trouillet, 14 sennné des cépages selon la nature du. solo. ge. aaa 22 Cépages blancs hatifs. ..... 23 Cépages blancs de maturité moyenne ...... ‘ ee Tableau récapitulatif des Shah ges fins et des vins quwils pro- 25 TABLE DES MATIERES CHAPITRE III. CULTURE DE LA VIGNE DANS LA GIRONDE Médoc : composition du sol, si- iuation,cépages et production MOYEN HE. ey ek oe hae Préparation et inspection du bo et sous-sol; desséchement;dis- position etlongueurdes réges; renversements; amendements Chenerais.’ 1S Lic iae Plantation ; - conduite des j jeuniés vignes ; époque des planta- LIOAB Cees ols te he eae POUSGa DE as) (3.4 s te eae eee Palissage a fil de fer, Rs. Taille dela vigne; époque et systémes detaille. .... Labours. Rr Se Ebourgeonnement, épamprage et effeuillage. .... . Demi-facons; ; remplacementiles ceps morts; provins; greffe; chasse aux insectes ennemis de la vigne; maladies de la vigne. , Pelt leg ae ees A Insectes ennemis de la vigne; maladies . p aibe. Siew Graves : composition du sol, situation, cépages et produc- tion moyenne, . , Cultures diverses... 2.2, Ancienne culture a bras, Culture Ala charrne, , . ere a6) eo hae, . . . e e J (Na) +1 37 38 40 4] 42 42 Cultures nouvelles... .... Spécimen des diverses tailles des:graves Ga ayiee af Cotes : composition du 01) si- tuation, cépages et produc- tion moyenne os, eee Culture ; plantation sur les cétes & pentes légérés) .. 2 5 Cotes escarpées ; plateaux pier- YOux:*' |, -3pasype eee Culture nouvelle. ....,... Vignes blanches : genres de vins qu’elles donnent; nature du sol, 5) ia ee Cépages blahos? aaa Grands vins blancs; culture. . Cris ordinaires. .. . . Cris inférieurs....... Palus : composition du’sol; si- tuation, cépages et srodag. tion moyenne; genre de vins produits, . Cépages.... <2 G eee eee Culture culture ancienne , plantation, préparation du terrain . . ss rae Nouvelles cultures. .... Tailles diverses des palus. . . Taille a cordonsivaon ene Taille a éventail[. Same: s Taille A crucifix et treillages, . eo here 6 CHAPITRE IY, VIGNES DE LA BOURGOGNE ET DE LA COTE-D’OR Natures du sol; situation, cé- pages. Ca * 8 9 4 Es. Se. ® Analyse des terres de la Bour- gogne d’aprés M. de Ver- BUCO! Ts Se re oe Ge 5G Sa eet Analyse des sols des vignobles de Montrachet, Romanée- Conti et Chambertin, d’aprés M. Rendu, . , Culture... , ov ta "P56 ke. te ata oe Fe 'e: ie hee So ete 43 AA 52 D3 o4 lod 5 38 —— ae PIARCAUIOM Stans tye hs! ghee ,e PAMADOVIT OVE TSA Cece a! Sha tale a: Travaux divers; taille... .. Pratiques spéciales..... De Vinification . . Sigh ee W Ancienne vinification bourgui- SOU OY .co a arm art eta 4 Vinification moderne. ..... CHAPITRE V. HERMITAGE ET COTE-ROTIE Nature du sol, situation ; cépa- ges; culture et vinification. . Analyse des sols des trois mas les plus importants de l'Her- 76 mitage d’aprés M. Rendu. . COpaees a dha aes. ot se aes CURLY Tee es pivot aloft oe ad a Se ed CHAPITRE VI. CULTURE DE LA VIGNE DANS LA CHAMPAGNE Culture; nature du sol; situa- tions, cépages et vinification ; Vins -MOUSSEUK Sos eee Analyse des sous-sols d’aprés M. de Vergnette-Lamothe. . Analyse de la couche végétale d’aprés M. Rendu et le Dr GRY aon en at ob ah hee meds RO AOMCS Le aL o's? en's eueltals VOUURG Gra 8. cre cree SC See Vinification des vins non mous- CEPR ars Ge Oe ae ne RR ERS Vins blancs mousseux et non mousseux faits avec les rai- sions rouges et blancs. ... Vins mousseux, ancienne mé- EN Gr iat ee ote Moe ge ord hal AS Fabrication moderne. ..... Fabrication des vins mousseux. Vins tannifiés; liqueurde tannin 85 85 87 88 OL SoMa reny ys LP. e ee Sears pasar ced vins.0 2s) as ke eee Tirage en houteilles des vins MOMSSCUS.. 2 OR Machines Aboucher....... BOUCKONS oe. F 3 ee eee ene Ficelage et pose des fils de fer. Mise en treilles.. 2 Je... Soins & donner aux vins mous- SOURS. oh 6 Use, PEA are Mise‘ sur pointes... 3... Dégorgementeoyity. 22.0) are Liqueur d’expédition. ..... Dosage. ad WR OAS eee Hxpeditions oe ee se eae Apercu des frais de iabrication. Choix des vins convenables. . Vins mousseux artificiels, ... FAbrICAtON 0 ce case Leek gies CHAPITRE VII. VIGNOBLES PRODUISANT LES VINS ORDINATIRES Vignobles produisant les vins ordinaires; observations. . . 116 Vignobles limitrophes de la Gi- TODGG eof ee, se ae are weal 505 66 Wi 906 Vins chauds: Roussillon; na- TOL BOL s ve sirhtee Me oes = eeO Situation et divers genres de VIN “procuite, 'h Set, Nye state 121 Cnllars yi eae ray ens b4 NIN fiCation wis poe. me ete ee Ba) Languedoc et Provence ; nature TABLE DES MATIERES CHAPITRE VIII. NOTICE SUR LES VINS ETRANGERS Observations.) s.2 Pu et 64s 130 Madeére; situation; nature du 28) DY Ate bien aoe RN BTS rg! 5 |, 131 Divers genres de vins de Madére 132 DOrcial, Gertyshe ki cs) oieunme ee 132 MATL AL eric sets 5 ak Sy |») sea te ieee Mee 182 Merndelho.s 9 133 Vins assimilés aux madéres . , 134 Malaga; situation et nature du BOLTS he win ee che kre ee 134 Pedro-Ximenez.,....... 136 Muscat-Malaga......... 136 ALCOR Fe SADT? Site ab Se, eae A 136 CANLEL es cues . - 136 du sol; ‘situation, . 714%. 122 Culturey, <5 are ee 123 Vins froids : Charentes ; cépages 124 Culture. 3%; 2a ee et des Vins de‘da “Howe: see a ee 126. Ving noblés,s.e5a, 6 eee ; 127 Vins noirg du Cher. ....., 128 Rota). ae. eee aio cecal eine 136 X6res-s-) 4 Ge ee 136 Paxaréte <°. 2 DGS ea oe ee 137 Marsala .°...2:) bullition et titrealcoolique du liquide en ébullition et des vapeurs qui se dézagent . . 246 RSCUICRLEUP Satay ets ace 247 Différences d’emploi des appa- reilssimples ouperfectionnés 248 Accidents de distillation a évi- her incerndies Gow peaks 249 Uoupsiiie teu neces tel. a4 0G 250 Iuite de vapeur ; luts divers, . 250 Défaut de condensation et d’é- puisement!, (varie sie OL Emploi des résidus. . . .-. . . 251 Fruits et jus sucrés : fermenta- tions yicieuses, visqueuses, lactiques, acides; moyen de bes Syiter). (2 ae halal paar Marche normale de la fermen- tation , *, 7aRjaRee here Mee, Kau-de-vie de vin....... 201 Poiresiet pompias a. hn ane. col Figues, dattes, arbouses, ca- roubes: 00h Asst Lda at beet Baies d’arbrisseau et séves d’ar- bre; groseilles, fraises, fram- boises, baies de sureau, hié- ble; séves d’érable, de noyer, dacacia, de bouleau, de fréne ; bourgeons et feuilles de tillenl S23 te ere eos Fruits 4 noyau, cerises ou me- rises, prunes, abricots,péches et mires cultivées ou mires sauvages qui produisent les diverses variétés de kirsch. Alcoolisation de ces fruits a Pétat frais) eee ee cee Kirsch (Notice de MM. Boré et Rendu surlaculture du ceri- sier en Franche-Comté). . . 260 Espéces cultivées spécialement pour le kitsch’ Pi ey eo cee Exposition |. aise cae Altitude, |, 2.97 gee ees Choix des sujets..,..... TABLE DES MATIERES 509 Greffe, traitement... .... . 265 phodéle, garance, dahlia. . . 282 Floraison et cueillette.. . . . . 266 | Substances saccharifiables MOA eHIGNG oc. °e1 ky)