The person charging this material is re- sponsible for its return to the library from which it was withdrawn on or before the Latest Date stamped below. Theft, mutilation, and underlining of books are reasons for disciplinary action and may result in dismissal from the University. UNIVERSITY OF ILLINOIS LIBRARY AT URBANA-CHAMPAIGN BUILDING USE ONLY EJUILDING USE ONLY L161 — 0-1096 L’INFLUENCE DE J. J. ROUSSEAU SUR LE MOUVEMENT PEDAGOGIQUE ET PHILOSOPHIQUE EN ALLEMAGNE AU XVIII SIECLE BY RENE GUIET A. B. University of Illinois, 1920 THESIS SUBMITTED IN PARTIAL FULFILLMENT OF THE REQUIREMENTS FOR THE DEGREE OF MASTER OF ARTS IN ROMANCE LANGUAGES IN THE GRADUATE SCHOOL OF THE UNIVERSITY OF ILLINOIS, 1922 URBANA, ILLINOIS . 03 ^ • : - ' ' 'TABLE DES MATIERES Page Introduction I I. Rousseau et Kant 4 E. Les Disciples de Kant: Fichte- Herder 13 3. Basedow 17 4. Pestalozzi 30 5. Goethe 42 6. Schiller 53 Conclusion 57 Digitized by the Internet Archive in 2016 https://archive.org/details/linfluencedejjroOOguie I. L’ IIIFLUEiJCE DE J. J.ROUSSEA.U SUR LE MOIT/EMEHT PEDAGOGIQUE ET PHILOSOPHIQUE ALLEMAND A’J 1ST* SIECLE L’Allemagne fut une des premieres nations qui se lnissa entrainer flans le mouvement universel que Rousseau et son oeuvre ont souleve a la fin du IB^siecle .Les oeuvres de Rousseau re^u- rent en Allemagne un acoeuil enthousiasite de la Dart de 1' elite intellectuelle ; ”L' Allemagne , dit Herder, 1 ' acceuillit comae un en- voye du ciel”.On s’arrachait les premiers volumes parus de la llou- velle iIeloise;de toutes les villes allemandes Rousseau recevait des lettres ferventes dans lesquelles les admirateurs de notre philoso-- phe n'hesitent pas a lui decerner les titres de saint et de prophe- te. Herder salue Jean Jacques corame le guide intellecfcuel du siecle tandis que sa fiancee s'empresse d’apprendre le francais pour etre en etat de lire la Nouvelle Heloi’se et l’Emile.Un des rares orna- ments de la raaison de Kant etait un portrait deRousseau. ”Ses livres, dit Klinger.sont ecrits sous 1 ' inspiration de la verite,^e la vertu' la plus pure;ils contiennent une nouvelle revelation de la nature”. CJ’est partout en Allemagne un debordement d' enthousiasme . Les causes regies de ce succes sont variees : oarmi elles A nous devons considerer en premier lien le caractere allemend et nous . f ! •' 1 / E. remarquons combien 1' oeuvre deRousseau etait appropriate au tempera, ment du peuple alleraand.Lea Allemands sont, comme tous les peuples du norfl.raeditatifs et mystiques , ennemis du scepticisme et ils recon- nurent en quelque sorte leur proore nature en lisant la Nouvelle He' lofse et l'Emile. II ne faut pas oublier non plus que 1' introduction du genie deRousseau coincide aussi avec 1 ' Aufklarung, c ’ es t a dire.une reac- tion artistique et intellect uelle contre le rationalisme alors a la mode: reaction qui fut oaraoterisee par une sorte de glorification tfe la nature 3ous toutes ses formes. II est done tout a fait naturel qu'en de oareilles circonstances Rousseau soit apparu comme le pro- phete de 1’eooque nouvelle qui commentpait. Eniin.une autre cause, et non la moins importante , se trou- ve dans le fait que Rousseau fut en Allemagne lu oar des auteurs de genie. En France, les disciples immediats du grand philosophe sont des auteurs insignif iants comme Dorat .Mercier, Baculard.noms qui.aujourd f hui, passent completement inaper^us dans la litterature. Execution doit , cependant , etre faite pour Bernardin de Saint Pierre. En Allemagne.au oontraire , les olus fervents lecteurs de Rousseau furent des hommes comme Schiller , Goethe .Kant .Herder, tous . ecrivains de genie, rernarquables ohiloso ohes .Ces hommes, etant de nuissants penseurs , ils ne se limiterent pas a imiter servilement les theories Jean Jacques , comme on l'avait fait en France ; ils reflechi rent , ils d ^scuterent l f oeuvre et 1’adapterent a leur genie. 11 est. pour cette raison. souvent difficile^e retracer exactement 1 influence de Rousseau sur ces hommes. Cela est d’autant olus 3 . mnl aiseque , parf ois , ils se sont inspires en meme terries des idees analogues des celebres Anglais contemporains : Kant lisait.en meme temps^ue la IJouvelle Heloise et la Profession de foi du Vicaire Savoyard, les oeuvres de Hume et de Hutchinson; loethe lisait Sha- kespeare et Ossian.Par la , 1 ’ influence de Jean Jacques est sans cesse fuyante et certains critiques allemands en ont profite pour denier a Rousseau toute influence . Pourtant si cette influ- ence semble un peu dispersee elle n’en est pas moins profonde; il suffit,pour s’en rendre compte,de se reoorter aux oropres paroles de quelques uns des olus celebres ecrivains allemands du siecle , paroles que nous avons cite'es plus haut.il se peut que , r / Jean Jacques n ait oas aide au de veloppement direct de leur ge- nie mais il est certain qu’ il a donne h ce meme genie une direct tionrla Nouvelle Heloise et l f Emile,la profession de foi du Vi- caire Savoyard ont ete pour l'Allemagne une revelation .Et c’est ce qui a Dermis a Kant d ' ecrire : "1 ' indignation de ma dignite d'hora- me trouva dans Rousseau une expression, une satisfaction, un hut.’" Uous commencerons par etudier 1' influence de J.J. Rousseau sur 1 ? evolution de la philosophie de Kant ainsi que sur ses theories sur 1' education. 4 . ROUSSEAU ET KANT ) O'est une chose tout a fait surprenante a premiere vue que de voir.parmi lea admirateurs de Rousseau en Allema^jne .Emma- nuel Kant prendre la premiere place. Quel autre contras te , plus frap- oant.en effet , oeut' trouver que celui existant entre ces deux hom- ines , contraste de leur caractere et de leur vie : Kant . austere , vivant une vie stricte et reglee a Koenis berg; Jean- Jacques Rousseau vaga- / bondant a travers 1 ' Eurooe , s ’ abandonnant a sa nature indisciplinee . IT * est- ce -oas un veritable fait paradoxal que l’accord.au sujet de questions philosophiques.de ces deux hommes.si opposes de caractere "Ce vagabond, ecrit . Jules Lemaitre.ee faineant, cet autodidacte , qui , apres trente ans de revasserie , torabe un jour dans le plus brillant Paris du I8 4 ? a siecle et qui y fait 1' effet d’un Huron; qui commence a oublier vers la quarantaine , qui ecrit en dix ans peniblement trois ou quatre livres.puis qui s'enfonce dans une lente folie et qui se trouve.par ces trois ou quatre livres , transformer , apres sa mort.une litterature et une histoire et faire devier toute la I vie d'un peuole dont il n'etait pas. Quelle prodigieuse aventurel” Ce terme ’’prodigieuse a venture"s ’ aoplique , a vant tout.aKant.a l’in- fluence qu’eut Rousseau sar lui. Mais si etonnante qu’elle soit, 1 ’ influence de Jean Jacques / J n'en fut pas moins profonde et decisive . Pour la coraprendre , nous A Jules Lemai tre . "J . J .Rousseau pp.2-3. . • ; 5 . devons voir quel etait l'etat d'esprit de Kant avant l'apoarition en Allemagne des oeuvres du philosoohe gene vois. Kant avait ete eleve par un pere aux raoeurs tres ri- / . i gides et une mere profondement pietiste.La gravite,le respeot N des ohoses morales et religieuses furent le fonds de sa premie- re education. Cette influence ne fit que s'accentuer quand il entr; V ^ t au college de Koenisberg ou son premier maitre , Schulz , etait , lui n / f ' aussi.un ardent pietiste.il fut ainsi eleve dans un milieu d'aus- It f ^ / terite qui lui imoriraa une profonde defiance a l’egard de la na- V / ture humaine.Plus tard,a l'universite de Koenisberg, il s'adonna v / / a 1' etude des mathemathiques , se passionna pour Newton dont il / subit prof onderaent 1 ' influence . Cette influence fit de lui un es- prit abstrait et un brillant disciple du rationalisme le plus strict. Kant ne voyait le raonde qu’a travers sa raison et les abs- Vs / tractions des ohilosophes .Le milieu ou il vivait n* etait pas non plus pour le faire sortir de son rationalisme : les theologiens / et les professeurs qu‘ il frequentait f et plus tard,la haute bour- geoisie et la noblesse parrai lesquelles il vecut,lui donnaient l / / une idee bien fausse et bien etroite de la veritable nature humaine. Kant dedaignait ou olutot ignorait le Deuple ; comrne la plupart de ses contemoorains ; il mettait au dessus de tout, le Vs / , progres intellectuel de 1‘humanite sans considerer le progres social et moral. i'el etait l'etat d'esprit de Kant qnand il se mit a lire en 1764 les oeuvres de Kousseau; il nous rapporte Ini- 6 . me me l’effet que produi3it sur lui la lecture de Jean Jacques: -A ”Je suis un savant par gout,j‘ai soif de connaitre ; je suis tour- I raente oar le besoin de pousser plus loin dans la recherche de la / / *\ verite et gouts une joie infinie a chaque oas que je fais en *\ avant;il fut un temos ou je oensais que tout cela constitue la / V ' dignite de 1'esoece humaine et je meprisais le peuple qui est ignorant de tout .xiousseau nr a tire de mon erreur.Je vois corabien r 1 «. A cette pretendue superiorite est vai ne . J ' aporends a connaitre i le veritable orix de I’homrae et je me croirais beaucouo olus inutile que les travailleurs vulgaires si je ne jugeais que la v A • science aporend a connaitre le veritable prix de tout le reste v, r I et a restituer a l'humanite ses droits.” Housseau, done , a montre a Kant qu’il existait une au- tre classe sociale que la classe intellect uelle et en lui fai- / / / sant decouvrir le oeuole il a .develoope en lui une philosoohie morale et sociale. XI a aussi appris a Kant la part qu'il faut faire aux instincts de 1 ' homme . "Les moralistes du jour suppo- sent beaucoup de maux et veulent nous apprendre a les dominer : A ^ ils pretent a 1' homme des tentations sans norabre de mal faire et prescrivent des raisons pour en triomoher.La methode de Rousseau nous aoprend a ne oas redouter les premiers comrne des v. mauxiet a ne oas nous defier des secondes comrne de tentat ions . . . . I'est qu'il n'y a oas dans le coeur de 1‘ homme une inclination i ; / immediate Dour les mauvaises actions mais bien olutot une oour I. Kant .Oeuvres cornoletes-edit .Hartenste in . t ,8--p . 624 . - ' . ! ■ 7 . v lea bonnes. On voit encore oar la quel changeraent Rousseau ooera dans 1' esprit du philosoohe alleraand:il a appris a Kant a consi- derer dans l'horame,non plus seuleraent sa raison, mais ses instinct et des lors,Xant ne s'egare plus dans des considerat ions pure- ment abstraites mais il se met a decouvrir et a etudier le coear humain.On sait quelle horreur Rousseau, dans 1 : Emile ,raontre pour / le dogma tisme des philosophes et des metaph^siciens , oour les I I I _ A / / idees generales .Le seul moyen de connaitre la verite d'aores Rousseau est de rentrer en soi-meme,de pratiquer 1 ' introspection. C'est cette idee que Kant applique ,i us te ment dans la theorie de u r la connaissance . "Eli q>oi consiste,en eff6t,la revolution cooerni- cienne de Kant? ft' est ce pas dans 1' effort qu* il a fait oour / demontrer qu‘iln‘y a pas d'objet sans sujet.que la connaissance t / que nous avons de la realite est conditionnee par la nature in- / / tellectuelle de l r horame,que pour connaitre la realite nous de- vons aller du dedans au dehors , bref , que la connaissance est I un acte de l'esprit." / dependant c'est dans les "Considerat ions sur le senti- ment du beau et du sublime r, que nous aperce vons , poussee an olus / haut degre 1' influence de Rousseau sur Kant. Cette oeuvre rappel- / A le.non seuleraent les idees, mais encore le ton et le style meraes f / de Rousseau. Ce qui frappe le plus , c ' est .de retrouver , de velopP^e ^-•Annoles J.J. Rousseau- vol. 8 "Rousseau en Allemagne par I.Benrubi. • ‘ ■ 8 /<• / dans le raeme sens la fameuse opposition de l’homme civilise et l’homme a l’etat de nature. Kant a accepte et oommente / la plupart des oonsequences developpees par Rousseau: M 1 ' horarae a l’etat de simplicite a peu de tentations de devenir vicieux; c ' est unique- I raent le luxe qui l’y pousse aveo force.” ’’Dans l’etat de na- 2 ture.on peut etre bon sans vertu et raisonnable sans scienoe.” tf / ’’C'est la difference entre la fausse morale et la saine morale, que la premiere ne recherche que des ressouroes oontre les raaux, tandis que la deuxieme veille u ce que les causes de ces maux 3 n' existent point.” On trouve chez Kant,comme chez Rousseau, la meme confianoe en la bonte primitive de 1’homme.La morale ne servirait a rien si la nature humaine etait originellement mau- vaise:”On dit que le medeoin est le serviteur de la nature-.il en est de meme du raoraliste .Ecartez les mauvaises influences du dehors, la nature saura bien trouver d'elle meme la voie la 4 meilleure.” Kant prend done un gout marque a l'e'tude de cee raorales;nous trouvons enfin une oreuve indisputable de 1' influ- ence de Rousseau sur ce nouveau doveloppement de l’esorit de Kant dans le passage suivant:”Ce qui nous eleve au dessus des s* / / s autres etres, c’est notre faculte de contempler le ciel etoile 5 au dessus de nous et la loi morale au dedans de nous.” I. Kant; Oeuvres corapletes-edit .Hartenstein --t.8--p.6I3 2, Ibid. p.6I2 p.612 3. ibid . o.6I7 4. 5*- Ibid. Kant: p.620 Critique of practical reason transl*by T*.K*Abbott p *.218 9 . Oe massage rapelle beaucouo le passage de Rousseau: ,T Ilest done vr^ que l’homme est le roi de la terre qu’ il habite;oar non seule- raent il dompte les anirnaux,raais lui seul sur ’la terre en sait disposer et il s'approprie encore, par la contemplation, les astres memes dont il ne peut approcher . ” ( I ) Meme idee, presque les memes mots . L f influence de Rousseau ne s' est pas bornee a de -relooper /S / chez Kant le gout de la nature humaine;elle s T est egalement fait V / / sentir,et tpes profondement dans le domaine pedagogique .Les ques- tions pedagogiques avaient tout nat urellement interesse le phi- losophe allemand pendant ses annees de preceptorat a Koenisberg, i: raais e’est surtfout apres la lecture de 1* Emile qu' il s’adonna plus particulierernent au sujet de 1* education. Dans son "Traite de pedagogie” il nous expose ses theories ;nous allons voir cora- bien celles-ci se rapprochent de celles contenues dans l’ouvra- ge de Rousseau. Gomme ROusseau, Kant pense qu' il n’y a qu'une sorte d'edu- / / / oatiohpour l 1 enfant : c' est l’education negative .L' eaucateur doit se borner a aider le developpement des germes qui sont naturel®* ; lement dans 1’ enfant au lieu de lui imposer des methodes artifi* \ cielles.La premiere education, dit Kant,doit etre seulement ne - gative, e’est a dire qu’on ne doit rien ajouter aux precautions qu’ a crises la nature, mais se borner a ne pas detruire son oeuvre ( 2) . - ♦ I- J*-J^Rousoeau: Dhiile *. IJ6 2. The educa t ionnal theory of Emmanuel Kant ftransl.by E.F.Buchn p.141 10 . / ,f Les germes qui sont dans l'homme doivent tou jours se developper davantage car il n'y a pas dans les dispositions naturelles de l'homme de principe du raal.La seule cause du mal c'est qu’ on ne ramene la nature a des regies : il n'y a dans l'hornrne de gerraes que oour le Men." (I) G'est cette confiance en la bonte natu- relle de l'homme-nous l’avons deja notee dIus haut-qui fait que Kant veut que l'on develODpe 1 ' enfant , sans le contraindre a des etudes rationnelles mais ,au contraire.en le laissant , simplement s'abandonner a ses instincts. Gorarae Rousseau, Kant egaleraent se preoccuoe de 1' educa- tion des femmes et se deraande en qaai cette education doit dif- ferer de celle des homines. "Des etudes fatigantes , de penibles re- cherches , quelque loin qu'une femme les pousse , effacent les a van- tages propres a son sexe.Ainsi les femmes n' apprendront pas la georaetrie ; elles ne sauront du principe de la raison suffisante que ce qui leur sera necessaire ,L' ob jet de la science des fem- mes c'est surtout l'esoece humaine et,dans l'esoece humaine, l'horarae en particulier.Leur philosophie n'est pas de raisonner mais de sentir.Les exemples tires de l'antiquite et qui montrent 1' influence que le beau sexe a exercee dans les affaires du mon- de,les diverses conditions que lui ont fait les homines en d'au- tres siecles et en d'autres pays.le gout changeant des plaisirs : voila leur histoire et leur geographie. f 2) Ge passage nous mon- / V tre clairement que Kant fut inspire par le cinquieme livre de / 1 'Emile, ou Houssenu discute 1' education de Soohie t la future com- 1. The educationnal theory of Emmanuel Kant- tranosl.by E.F. Buchner oI4I 2. Kant : Fragments p.627 II. pagne d' Emile . OoraraeRousseau, Kant est loin de oonsiderer la fem- me comine I'egale de l'homme et il ne peat concevoir pour elle la / / / A ✓w meme education. La difference de temperament entraine en meme temps / / /s. y une difference d* education: qu' on laisse de cote les sciences et la philosophie ,mais qu' on apprenne a la femme les choses pour lesquelles elle est naturellement douee:la danse, la musique et les ,T arts agreables" .Kant ajoute a cela, cependant , comme nous l'a- vons vu dans la citation precedente , quelques notions superf icielles de l'histoire. On voit donc,qu’au double point de vue philosophique el pedagogique , Rousseau eut sur Kant une influence indiscutable . IL est a remarquer que cette influence fut cependant temooraire car a partir de 1784 on s'aper^oit que Kant commence a s' eloigner des the6ries deRousseau, il devient des lors un disciple du ohilo- / A sophe anglais Hume qui developpe en lui le gout de la metaph^sique et le ramene ainsi dans le domaine de la pure abstraction. Ceoendar t la lecture des oeuvres de Rousseau a comoletement absorbs 1' es- prit de Kant oendant ores de vingt ans et quoique cette periode de tempd soit relativement courte il est cependant indeniable que 1' influence subie fut intense .itousseau, dans la vie de Kant, joua au point de vue philosophique le meme role qu'avait joue Hew ton au point de vue scientifique quelques annees auoaravant. -A Kant , lui-raeme nous le dit : "Hev/ton, le premier de tous,vit l’ordre et la regularite unis a une grande simplicite , la , ou, avail t lui, il n'y avait a trouver que desordre et que multiplicite mal agen- See .Rousseau, le premier de tous , dec(p6uo?yi t sous la diversite des formes humaines conventionaelles , la nature de l'homme dans les , , 12 w / / profondeurs on elle etait cachee.ainsi que la loi tu de laquelle la providence est justifiee par ses secrete en vep* observations'.’ (I) I. Kant: oeuvres completes t.8 p.630 13 . LES DISCIPLES DE KAIJT: FICHTE HERDER On retrouve chez les disci Pies immediats de Kant, la me- / me admiration pour Rousseau. Les doctrines de ses disciples pre- sentant de nombreux d' analogic avec celles de leur maitre.il nous parait oiseux d' insister sur leurs oeuvres;nous ne parlerons done ici -et tres brieveraent-que de deux des plus faraeux eleves de KantiFichte et Herder. Fichte est certainement celui des discioles de Kant, * qui,au 18‘^siecle subit le plus , 1 T influence de Jean Jacques. De raeme que son celebre maltre .Fichte a lu et admire Pousseau avec passion; il lui doit.lui aussi.l'idee que l'etat de nature est le raeilleur pour I'horarae Et il dit a ceux qui en doutent : "Pourquoi vous obst inez-= vous a chercher vos idees dans le monde reel, l'etat de nature aurait du exister." Plus loin,il donne sa proore inter- pretation de la theorie de Rousseau sur le retour a la nature.' "Q,uand Rousseau parle du retour a la nature, il n'entend pas par la depouiller l'homme de toute culture intellectuelle mais sur- tout le rendre independent des besoins des sens. (I) Ainsi Fichte ne considere pas Rousseau comme un decadent mais au contraire comme un regenerateur . Fichte , comme Kant et Rousseau, croit en la bonte pri- mitive de l'homme et comme Kant egalement il a ete amene^ sous 1' in- fluence de Rousseau a considerer autre chose qu' une civilisation u I,*. Fichte i The vocations of man transl* by Win ►Smith p.,98 14 . purement intellectuelle ; il a ete ainsi araene a s’interesser a l'e> / prit humain an moyen de 1 ? introspection tant pratiquee par Jean- Jacques .C ’ est 1* influence de Rousseau qui a fait de Fichte un philosophe si subjectif : il rapporte tout a lui,il fait de l’idee du ,, raoi ,t le principe de toute verite .Nous trouvons aussi chez lui, 1' idee que l'activite humaine est le seul hut de la vie: M Vi- vre c'est agir"a dit Rousseau et Fichte, lui aussi , dit : "agir, agir, c'est pour cela que nous existons" . Il n’est pas difficile de re- / ✓ tracer 1' influence de Rousseau sur les theories oedagogiques de Fichte , theories qui ne different d'ailleurs que tre's peu de celled de Kant :1a tache de l'educateur consiste a developper simplement les hons instincts de 1' enfant. On ne doit rien aoprendre a 1' en- fant qui ne soit en lui a l’etat latent. II ne faut oas lui donner des connaissances toutes faites,il faut seulement se con- tenter d' exciter ses oroores facultes .Fichte va meme plus loin dans ses theories sur 1 ' education: il veut que l’on tire les en- fant3 de 1' atmosphere viciee de la societe" et qu'on les reunisse ensemble dans des institutions soeciales;il complete, oar la en quelque sorts, les idees plus ou moins socialistes de Rousseau. Herder, qui fut l'eleve de Kant a Koenisberg, de 1762 a I764,apprit par son maitre a connaitre Rousseau.il nous dit lui-meme comment il fut araene a faire la connaissance de Jean- Jacques : " J' ai eu le bonheur de connaitre un philosophe , qui etait mon raai}tre.ll etait alors dans tout 1' eclat de son genie Ses leqons etaient le plus agreable des entretiens .Le meme genie qu' il employait a critiquer Leibnitz , Wolfe et Hume,il 1'aopli- quait au commentaire des oeuvres de Rousseau, qui oaraissaient 15 . alors.a 1' etude de 1’ Emile de la Nouvelle Heloi’se.en meme temps qu'a 1 ' examen de toutes les decouvertes physiques qui arrivaient w - / jusqu'a lui.Toujours il ramena l’auditoire a 1' etude impartiale de la nature et a la connaissanoe de ce qui fait la valeur mo- rale de 1 T homrne . . . . II excitait les esprits et les forcait avec douceur a penser par eux-memes : rien n’etait plus eloigne de son caractere que le despotisme de 1 ’ autorite”?( 1} Sous la direction d’ un maitre tel que Xant.il n'est pas etonnant de voir se deve- looper chez Herder, apres son sejour a Koenisberg, une forte admi- ration Dour tout ce qui a raoport a Rousseau. ,T G 1 est moi-meme que je veux cherbher pour ne plus me perdre dit-il*, viens, Roussea^ et sois mon guide.” Plus tard, Herder devint aussi.comme son maitpS un adversaire acharne de 1' intellect ualisme pur qui regnait alors sur la oensee allfcmande : lui aussi , cherche la source de toute con- naissance hurnaine dans le sentiment interieur. ^es theories d' education sont en tous points sembla- bles a celles de Fichte et de Kant et rappellent indirectement celles de Rousseau.il considere que le veritable enseignement pour les enfants doit consister seulement dans le simple develop- pement des facultes de 1 1 individu. II pensait que l'ecole devait etre ”un jardin et non une prison” suivant en cela de tres pres S' | les principes de Jean- Jacques , qui desirait .nous l’avons vu.fai- I. Philosophie de l’histoire de 1’ human! te transl.par Ed.Quinet- ; I 1 . ■ re de 1’ education un plaisir et non une taohe pour les enfants. Telle fut 1' influence de Rousseau sur le mouvement phi- losoohique dont Kant fut 1 ' instigateur a la fin du 18 siecle : f / / v. Jean Jacques a revele a Kant et a ses disciples, la vraie voie qu'ils devaient suivre,il les a sauves de 1 ' abstract ion dans la- / / / quelle ils s'etaient engages au debut. et nous pouvons dire de Rousseau ce que Kant lui-meme disait de Hume: IL a vrairnent tire ces philosoph.es de leur M somraeil dogmatique” Rous avons.a propos de Kant et de ses discioles,aborde * + y deja en meme temps que la question ohilosophique la question peda- gogique;nous allons maintenant dans le chapitre suivant,nous atta- cher exclusivement a dette derniere question en etudiant deux ce- lebres eleves de Rousseau qui essaye'rent de mettre en pratique les idees contenues dans l*Emile;nous voulons dire : Basedow et Pestalozzi . 17 . BASEDOW Jean Bernard Basedow est 1‘un des plus celebres pedagogues allemands ,non pas partioulierement par son oeuvre elle-meme , qui n'est ni originale ni bien effioace mais par l'e - yiarme influence qu'elle a euesur tout le systeme d' education en Alleraagne : les ouvrages de Basedow, en effet,ne sont souvent que des sortes de reclames charlatanesques dans lesquelles 1* auteur annonce a grand fracas de phrases ronflantes une merveilleuse methode d' education qui ne lui est en rien personnelle ,mais qu* il / / f s - ^ a erapruntee aux divers pedagogues etrangers qui le precederent, a Locke, a La Ghalotais,et surtout , comme nous allons le voir, a ‘ Jacques Housseau.Mais cette propagande peu serieuse de Basedow a eu en Allemagne un r^sultat enorme:elle a donne naissance a un / / ^ t reel mouvemeat de pedagogic, en chassant des ecoles les vieilles raethodes scholastiques et en y introduisant les theories nouvel- les du siecle.C'est a ce seul point de vue que 1‘ oeuvre de Basedww est importante et a etudier. Basedow est l*une des plus curieuses figures de la * X pedagogie allemande : f ils d* un perruquier de Hambourg qui voulait le voir continuer son metier, il s*enfuit de la maison paternelle et s • engage comme domes ti que chez un me dec in, qui , reconnaissant chez 1‘ enfant, un gout tres developpe pour 1* etude le fait entrer 18 . au gymnase de Hambourg pour lui donner une bonne instruct ion. A / v sa sortie de oet etablisseraent ; le jeune Basedow entre a l’univer- / v / Z' site de Leipsig ou il etudie la theologie .Rous le voyons ensuite preoepteur dans une faraille noble , du Holstein ou il commence a mettre en pratique ses idees d* education, puis professeur au gym- nase d’Altona d'ou il se fait chasser pour ses theories pedago- giqnes par trop radicales .Jfinf in il fonde sous le patronage du prince de Dessau, sa fameuse institution, le rT Philantropinura”ou il essaye de mettre en pratique tous ses principes. Nous ne pouvons nous empecher de comparer ici la vie de Basedow avec celle de Rousseau: co.nme Jean Jacques , Basedow tut une sorte d’aventurier manquant quelque peu de dignite^.Rousseau, avec son extreme sensibilite , pousse^ parfois jusqu'a" la folie, • < / ne pouvait mener line vie sedentaire : Basedow, avait lui aussi.un caractere execrable ; remuant et agressif,il se plaisait sT contre- dire tout le monde et a provoquer des discussions .Apres avoir constate tine pareille identite de caractere , nous comprenons faci- lernent que Rousseau ait attire Basedow. Ge fut apres avoir ete chasse du gymnase d’Altona que Basedow connut les oeuvres de Rousseau et particulierement l'Emile .L' enthousiasme que les ouvrages de Jean Jacques soule^ verent en Allemagne gagna aussi Basedow et developpa en lui un gout pour les questions d' education, gout , qai s'etait de ja affir- ms alors qu' il etait preoepteur dans le Hol3tein.Depuis ce mo- ment jusqu'a sa mort, Basedow s’occupa cont inuellement de l'educa- 19. tion &e la jeunesse et obtint an succes considerable .Ge sacces, il ne le dut pas a sa valeur personnelle qui, nous l'avons vu, / / etait plutot mediocre ,raais il le dut ,avant tout^au fait que 4 1* apparition de 1* Emile et de la ITouvelle Heloi'se avait, en quel- f / x / v que sorte , preoare 1' esprit allemand a ses theories .Venue a tout / autre moment ,1a tentative de Basedow n’eut sans doute pas reus- f / ^ si,il etait un auteur trop mediocre pour pouvoir de lui-meme / soulever 1 ' enthousiasme d’un peuple : Rousseau avait cree 1’atmos- phere qui etait necessaire au succes de Basedow. Le succes du / Philantropinum de Dessau vient du fait que cet etablissement mettait en pratique les theories exposees dans l’Emile et cela — / ' / , a on moment , o^ Rousseau etait ecoute corame un veritable oracle ,T Depuis quo 1’ eloquent gene vo is avait demontre qu'en tout et par- t iculierement dans 1' education, on allait a I’encontre de la na- ture, et que pour bien faire il fallait prendre le contre-pied de ce qui se faisait , oersonne ne doutait de la necessite d’une revo- lution dans les systemes d f education. Et c’est a" ce moment -la qu’ - un homme venait au nom de la philanthropic , s ' off rir a faire cet- te revolution, a y consacrer toutes ses forces et toute son exis- tence : comment cet homme n'aurait-il pas ete accueilli avec enthou- siasme, au moins par ceux que la lecture de l'Emile avait si vive** ment impressionnes?. ( I) En realite , c^etait am Basedow qu’on applau; dissait Rousseau. G'est principalement dans le reglement de son institu- tion de Dessau, le Philanthropinum, que Basedow a imite Rousseau. I. La reforme de 1’ education en allemagne au I8 4 ?*siecle P ar A.Pinloche p.70 20 . Hons reproduisons ci-dessous , les parties les plus oaraoterist iques V* / de oe reglement (I) afin de pouvoir les comparer aisement aux passages correspondants de 1' Emile: ”N?4-0haque mois,il y a un jour casuel de vingt-quatre heures. 7 V V . ^ v Les pensionnaires sont aoooiitumes pea a pea a jeuner oe jour la jusqu’a deux heures^puis a se oontenter jusqu'au soir de pain seo et d‘eau,a rester dans des chambres fraiches ou sous un oiel inclement (mais bien vetus)a dormir la nuit sur la terre ou sur la \ 7 ' paille et a s’en trouver contents: car 1 T education doit preparer aux hasards de 1 ' existence'' . ”N? 7--Avant l'age de douze ans,on ne donne rien a apprendre par coeur aux pensionnaires , ni apres cet age a moins qu 1 il n'en ex- prime lui-meme le desir.On fait done en sorte qu’ il apprenne tout avec plaisir autant que ses dons naturels le lui perme ttent . Aussi , recherchons-nous surtout des pensionnaires bien doues,au coeur souple,rnais de venus si malheureux par la contrainte et le degout / et surtout par les maudits exercices de memoire qu’ il reste peu / d’espoir de les pousser plus loin dans leurs etudes”. / 3®9--L’ ernploi du temps quotidien est reparti comme il suit: six heures pour les repas . . . etc . . , trois heures pour les plaisirs re- guliers , comme la danse , 1 ' equitation, 1 ’ escrirne , la rausique ; deux heures de travail manuel proprement dit:ce travail doit etre pro- / pre,un peu penible mais ne doit donner aux membres ni position, ni habitude vicieuse.ni raideur...” ”HiI2--Des qu’ il y a un assez grand nombre d'eleves au-dessus de / t I. La reforme de L* education en Allemagne par A.£inloche PP. 93-99 21 . douze ans,on divise les nuits en veillees de trois heures;car !in genre de vie trop uniforme et trop commode nuit a la jeunesse. C’est pourquoi , tous les pensionnaires sont tenus de veiller une nuit entiere par moiSjinais ils peuvent dormir le jour suivant: c’est ainsi qu’ on les habitue de bonne heure aux hasards et aux devoirs de 1 ’ existence” , ”1I2I8--Le Bhilanthropinum, des que les frais d’ installation seront payes par un bienfaiteur , campera deux mois chaque annee en rase ^ / campagne , sous la tente,a proximite pourtant d’une maison pour la nuit et les cas de mauvais temps. O' est a cette occasion surtout / / qu'on etudie la nature, la geographie , 1 ' agricult ure , la chasse.la peche etc .... / / ”H“l9--On promet en general, de transformer tout le travail de / / / memoire que necessitent l’histoire ,1a geographie , la grammaire, 1’ arithmetique ,etc. . .en autant de jeux ou le plaisir et le mouve- / v raent soient combines jusqu’a ce que les connaissances ainsi acqui- ses aient mis l’eleve en etat de se perfectionner d'une faqon virile . I* \ II n’est pas un effort qui nous tienne plus a coeur que le soin - / que nous apportons a developper le germe naturel de la philantro- pie de la vertu et du contentement innocent .Toute notre atten- tion se porte sur I'ivraie du vice”, / Rous reconnaissons facilement dans les Dassages cites les prin- / / N cipes gene raux de Rousseau: Basedow donne,lui aussi,une place tres 1 * iraportante au developpement physique de qi enfant , faisant meme pla- 28 . oe a certaines pri vations , pour habituer 1' enfant a endurer le V / manque de nourriture ou a oouoher a la belle etoile ; n’ est-oe-pas n 4 * la le principe que Rousseau pose des les premieres* de sonEraile ”L' experience apprend , ecrit-il , qu ? il meurt enoore plus d’enfants / / / eleves delioatement que d ' autres .Pourvu qu'on ne passe la mesure V N / de leurs forces, on risque moins a les employer qu ? a les menager. \ Exercez-les done aux atteintes qu f ils auront a supporter un jour. / Endurcissez leur corps aux intemperies des saisons.des climats.deS / / \ v. \ elements, a la faim,a la soif a la fatigue ; trempez-les dans les eaux du Styx". (I) Et plus loin... ,f Un lit mollet ou l'on s'ense^ velit dans la plume et dans l'edredon fond et dissout le corns pour ainsi dire Le meilleur lit est celui qui procure un meil- leur sommeil . Voila celui que, nous nous preoarons Emile et moi toute la journee En labourant la terre nous remuons notre ma- telas . . . "( 2) > \ Ron seulementBasedow veufc habituer ses eleves au manque de nourri- ture et a la fatigue mais il veut encore les habituer a veiller N / f \ > ' ' des nuits entieres : cette idee cruelle ,de ja,avait ete exposee par Jean Jacques:”La vie civile n'est pas assez simple, assez naturel^ le, assez exempts d' accidents pour qu'on doive accoutumer l'homme a 1' uniformite .h 'allez done pas amollir indiscretement votre ele- ve dans la continuite d'un paisible sommeil, qui ne soit jamais interrorapu.Livrez-le d'abord sans gene, a la loi de la nature, mais 1. J. J.Rousseau;l'Emile — livre I p.I4 2. Ibid, livre 2 p.99 23 . n'oubliez pas qu’il doit pouvoir se coucher tard.se lever matin, , r itujud^s A etre eveille brusquement .passer les^ debout sans en etre incommo- de” . ( I) Un autre point ooramun entre Rousseau et Basedow est la / \ haine pour les exeroioes de memoire.Ces exercices d'apres Basedow ne doivent pas exister pour les enfants au-dessous de douze ans. ’’Emile n'aoprendra jamais rien par coeur.pas meme les fables.... car les mots des fables ne sont pas plus fables que les mots de l‘histoire ne sont de 1 1 2 3 4 histoire . ” (2) La suppression des exercices de meraoire iraplique en meme temps la suppression des / livres:”La lecture est le fleau de l'enfance et presque la seu- le occupation qu'on lui sait donner.A peine a douze ans Emile saura-t-il ce que c’est qu’un livre”. (3) Remarquons ici que Basedow adopte la meme limite d'age que Rousseau. Oomrae Kousseau encore .Basedow veut instruire ses eleves en les amusant.dans 1' Emile, nous lisons:”La gene perpetuelle ou vous tenez vos eleves irrite leur vi vaci te ; plus ils sont contraint : sous vos yeux.plus ils sont turbulents au moment qu* ils s’echap- pent:il faut bien qu‘ ils se dedommagent plus tard quand ils sor- tent de la dure contrainte ou vous les tenez”. (4) 1. J.J. Rousseau ;Eraile livre II p.99 2. Ibid, livre II p.8I 3. Ibid, livre II p.85 4. Ibid, livre II p.59 24 . V / Basedow, dans le reglement oite plus haut , ense igne dans son eoole, / corarae le predisait Housseau, tous les exeroioes physiques.il donne / I aussi une place preponderate aux travaux manuels , se montrant en cela fidele disoiple de Housseau qui dit:"Lonnez a l'horarae un / v s . metier qui convienne a son sexe et au jeune horarne un metier qui V t V convienne a son age;toute profession sedentaire et casaniere qui effemine et ramollit le oorps ne lui plait ni ne lui convient" • f I) Le metier doit etre un peu penible mais propre dit Basedow mais / / / / Jean Jacques avait deja eorit avant lui:”?out bien oonsidere, le metier que j'aimerais le mieux qui fut du gout de mon eleve est oelui de menuisier,il est pro ore , il est utile e tc ...".( 2} ' / Et ailleurs : ,T J’ interdis les metiers malsains mais non pas les if- ^ metiers penlbles .ni meme perilleux" . ( 3) / -N Le pedagogue allemand raontre ses tendances a iraiter de tres pres Rousseau dans les lecons de choses qu T il veut donner a ses eleves:au lieu de les garder en classe et de leur parler 3 implement , il les emmene a la camoagne,en excursion, et fait sur place une lepon objective, en leur montrant les choses dont il f f • v parle.On sait corabien cette methode etait chere a 1 ! auteur de 1 'Emile . ’’Vous voulez apprendre la geographie a cet enfant et vous I. J. J,Rousseau:Emile livre 3 p.I7I 2. Ibid. p.I72 3. Ibid. p.I7I '■ I I 25 . v lui allez chercher des globes, des spheres, des cartes, que de raachi- / nesipourquoi toutes ces representations? que ne commence z-vo us par lui montrer l'objet lui-meme ,af in qu' il saclie au moins de quoi vous parlez?(I) Viennent ensuite les quelques descriptions du soleil levant , expliquant comment 1' enfant a ce spectacle est amene a conclure necessairement que la terre est ronde .Basedow, v / / v possede donc,sinon developpe corame Housseau,du moins jusqu'a un certain point, le culte de la nature.il veut corame Jean Jacques que la nature soit un element d* education. 11 a egalement la convic- tion que 1‘homme est bon et vertueux a 1* origins et il cherche ^ ? / V a developoer ,chez ses eleves les bons sentiments : c ’ est ce qu’il f N nous raontre avec e vidence , dans le paragraphe de son reglement / ci-dessus cite. Ce n l est pas seulement dans son oeuvre pratique du Philanthropinum que Basedow imita Jean Jacques;ses ecrits,eux aussi , donnenll ' impression bien nette qu‘ il s' est profondement I » inspire.il n’y a que "la methode nouvelle , 'qui ne porte pas I'em- preinte de xiousseau.Cet ouvrage , d 1 ailleurs le plus faible (le tous / / / ceux de Basedow, a ete ecrit environ dix ans avant la publication / / < de 1 ‘ Emile .Les autres,"la Philalethie"et "le manuel elementaire" / V sont posterieurs a 1’ apparition de 1* Emile et sont plus ou moins ! ' / / impregnes des theories qu' il cont ient .Bans la"?hilalethie" Basedow / V V ' s'eleve contre les parents qui poussent leurs enfants a etudier le latin ou toute autre langue morte.On sait que Rousseau avait I. J . J .xiousseau :Eraile livre 3 pp.i38-I40 1 26 . / A / deja exp rime la merae idee et avait banni le latin da programme d' education d'Emile.On sait aussi qu' il avait proteste contre ✓ ✓ 1' habitude des parents de oaoher aux enfants la verite au sujet de leur naissanoe et de quelle fa^on un peu bratale.il voudrait apprendre a ses eleves les mysteres de la procreation. Basedow , a son exemple , voudrait qu’ on explique aux enfants ’’par des exp- / V / ressions ohastes,les phenomenes de la procreation ,de la gestation, de la naissance . ”( I) II est a noter qu’il rait cette theorie en pratique et qu' il expliquait en classe e ses eleves.au moyen d’i- raages,les mysteres de leur mise au monde.Ces idees,on peut le voir ne lui sont en rien personnelles mais simplement la reproduction de celles de Rousseau. L’ autre ouvrage de Basedow, certainement le plus impor- tant t le ” Manuel elementaire ” est non rnoins fortement inspire de y 1' Emile .L' auteur traite dans ce livre , purement de 1’ education des enfants.il pose en principe , qu' en gene rallies parents devraient /v s'occuper eux-memes de leurs enfants :1a mere devrait consacrer la moitie de son temps et le oere le quart du sien a leur educa- tion. Il suit en ce sens Rousseau, qui , dans l'Emile se plaint si amerement de 1' indifference des parents ; "Malheureusement , il n’y a pas d’ education privee dans les grandes villes....A force de vivre avec tout le monde.on n'a plus de famille,a peine connaft- on ses parents: on les voit en etrangers et la simolicite des moeus domestiques s'eteint avec la douce familiarite qui en faisait le charme."(2) Basedow, se plaint egalement dans le Manuel elemental”* 1. Basedow: Philale thie p.384 2. J. J. Rousseau -.Emile livre 5 p.360 r i ■ 27 re,de ce que la plupart des eduoateurs n'ont pas pour leur pro - fession de vocation naturelle et qu'il leur manque les qualites requises pour ce genre de travail. La meme ifLee se degage du livre / I de 1' Emile dans lequel Rousseau deplore le manque de conscience des eduoateurs .Comme Jean Jacques .Basedow divise 1' education en trois parties : 1’ enfance , jusqu' a dix ans.la premiere jeunesse jusqu' a seize ans et la deuxieme jeunesse jusqu' au raariage . Bur la question des soins a dormer a 1 ' enfant , 3asedow se contents de reoeter ce qu’a dit Rousseau: la mere doit allaiter elle-meme son petit et n’en confier la garde a personne .L' auteur insiste aussi sur la necessite , plus tard, d'endurcir l'enfant.de l'hsbi- tuer aux interaoeries.de lui donner le plus d'exercice oossible. surtout de lui apprendre a nagerf exercice tres chaudement recom- mande par Rousseau) II conseille aussi de develooper chez 1' enfant /I / V ^ le gout des jeux.des travaux manuels , autre principe deja a vance par Rousseau. kies idees.sur 1’ education en general.ne sont pas plus originales : il affirms que la premiere education doit etre negati- ve et ne consister qu*a N mettre 1’enfant a l f abri des mauvais ins- tincts .Oette Education doit etre aussi tres mo deree : comme Rousseau Basedow professe que "la plus utileregle de toute 1’ education , n’est pas de gagner du temps mais d'en perdre." (l ) II ne veut pas que l’educateur vise a la production de petits prodiges.il veut rendre tout travail agreable a 1' enfant .En ce qui concerne / le de velppperaent physique , les travaux manuels, les lemons de cho- ses.nous ne reviendrons pas sur ce point que nous avons deja trai- I, J. J. Rousseau: Emile -livre2 p.6Q 28 . te a oropos du Philanthropinum de Dessau: en ce qui concerne ces matieres .Basedow ne fait qu’ exprimer les theories qu f il mettait en pratique dans son institution. ii' education religieuse de 1' enfant .selon Rousseau, doit avoir , unique raent pour base, la eontemplat ion de la naturejnous re- trouvons le merne theorie dans 3aseaow?Dans ce manuel.je ne demon- tre rien d’autre que la religion naturelle , c ' est-a-dire , les doc- trines d'un Dieu unique et de sa providence... pour cela.il n’est / *s, / ^ pas necessaire de recourir d’abord a la croyance en une revelation^ la eontemplat ion de la hature et de notre etre suffit," (I) Jusque dans la question d' education des filles . Basedow / / adopte les theories de Rousseau. Ce dernier desirait pour Sophie, une education Men differente de celle d'hmile ; "Cultiver dans / / les femmes les qualites de l’horame et negliger celles qui leur sont propres , c* est vraiment travailler a leur pre judice . " ( 2) L 1 2 instruction des femmes d’apres Basedow, doit etre plus restrein- te:celles-ci doivent surtout se consacrer aux arts d agrement,s la musique.a la danse.au dessin.C 1 etait aussi I’opinion de Rous- seau. (3) .Comrne Jean Jacques encore , Basedow veut avant tout qu'on enseigne aux Jeunes filles les raanieres mondaines : c' est ainsi qu’ il preconise ”le jeu des visites ’’pour les petites filles. (4) 1. Manuel elemental re --tradui t par A.Pinloche livre4--chap. 22 2 . J. J.xlousseau Emile--livre 5 p.335 3. Ibid, p.345 4. Ibid, p.340 29 . II y a un certain point sur lequel Basedow complete Rousseau: c' est qu' il songe,non seulement t a la Jeune fille qui doit se marier,mais aussi a celle qui restera seule dans la vie. Rousseau n'avait trai- te de 1’ education de Sophie que pour faire de cette derniere.une epouse modele pour Emile; il y avait la dans l 1 oeuvre de Jean Jacque A v une lacune que Basedow a heureusement comblee .0 1 est la une de ses / rares originalites . Apres cette etude, nous pouvons dire que son oeuvre toute entiere ,n' est qu'une adaptation des theories # emises par Rous- seau quelques annees aup a ra vant : Basedow n'a fait souvent que repe- ter, dans un style pompeux,ce qut avait deja ete ecrit dans l'Emile d'une fa<^on plus agreable et plus claire. Il ne faut pas oublier non plus que Rousseau a ete t en 1* occurence , le principal facteur du succes de Basedow. Mr. Pinloche , qui fit une etude speciale de la reforrae de 1’ education en Allemagne , dit : "C ' est au milieu de 1* effervescence produite par l'Emile que l'annonce du Manuel ele- mentaire avait ete lancee .Basedow, habile a prof iter des vents fa- rables n'avait eu qu'a suivre le courant provoque par Rousseau pour se faire acclaiper." (I) I. La reforme de 1' education en Allemagne au I8 2 r € siecle--par A. Pinloche Basedow: p.288 30 . PESTALOZZI Quoique Pestalozzi soit suisse d'origine (il est ne a Zurich en 1746) il est impossible de le separer du mouvement pe- dagogique allemand.Outre le fait qu' il est ne Suisse allemand et que tous ses ouvrages sont ecrits en langue alleraande ,son influen- ce s’ est fait sentir le plus fortement en Allemagne.Le mouvement / s It pestalozzien se developpa intensement dans le Wurtemberg et en / x Saxe et le Prussien Herbart recommanda la methode V education de Pestalozzi lors de la reforme des ecoles prussiennes „en 1305, apres la defaite d’lena.Nulle part ailleurs que dans les pays alle- raands,les theories de Pestalozzi ,n’ eurent plus de succes et C'est la raison pour laquelle nous les etudions au meme titre que celles / / de Basedow, comme etant specifiquement allemandes. . / A vivre ; desesperes , ils songent a aller realiser leurs reves dans l'au-- V A. / tre monde et pensent a se suicider.La meme idee de suicide se trou— / / ve dans les deux roraans;si Werther,seul,a execute son pro jet , c ' est / qu'il n'a pas trouve sur son chemin un Lord Edouard pour l'en dis- suader.Tous deux affirment qu'un horame a le droit de se supprimer si la vie lui devient insupportable . ’’En quelque lieu que Dieu me place, ecrit Saint-Preux, c 1 est pour rester autant que j'y suis bien et oour en sortir des que j’y suis mal . . . .Quand je meurs naturelle^* A ment,Dieu ne m'ordonne pas de quitter la vie, II me l’otejc'est en me la rendant insupportable qu’il m'ordonne de la quitter. Dans le / premier cas,je resiste de toute ma force, dans le second, j'ai le merits d’obeir”.(l) Werther,lui aussi , rapproche le suicide de la raort naturelle : ”La nature humaine a ses limites.Elle peut supporter une certaine dose de joie,de peine et de douleur mais elle est an- nihilee des que cette dose est depassee.La souffrance peut etre morale ou physique et a raon avis,il est exactement aussi absurde d'aopeler lache un homme qui se supprime que d’appeler lache un homrae qui meurt de fievre maligne".(2) La vie nous a ete donnee et nous pouvons en disposer a notre gre.C*est la, la raison develop- pee a la fois par Werther et par baint-Preux. Ils ne considerent / A pas le suicide corame une lachete.au contraire,il leur apparait / i 1. J. J. Rousseau: Houvelle Heloise p.263 2. Werther a Guillaume 12 Aout 52 . comme un acte de courage en raison de la quantite d'energie qa'il faut a un homrae,las de la vie, pour se tuer.La lachete consiste ,pour eux,a supporter une vie insipide et cruelle. ?els sont les points de similitude les plus fraopants qui nous montrent avec assez d' evidence , 1 ’ influence de Rousseau sur Goethe .Nous pourrions en citer d' aut res : similitude de style, similitude de certaines descriptions de la nature raais cela nous entrainffrait en dehors du sujet que nous nous sommes propose. L 1 influence de Rousseau sur Goethe a cela de particulier qu'elle s'est fait sentir a un moment ou Goethe n f aimait pas la culture francaise ."Goethe ,dit Mr. A. Bossert , enonce en deux mots son opinion sur la litterature franpaise du 18 „ siecle : il 1’appelle vieille et distinguee ; et il montre , comment selon lui,elle etait arrivee peu a peu,entre les mains d'une societe aristocratique ,a ne plus offrir / ^ > que des raffinements de pensee et des affectations de sentiments . Une pareille critique s'adressait a la culture francaise d'avant Rousseau mais n' etait evidemment pas destinee a Rousseau lui-meme car Goethe, nous I'avons vu,trouva chez Jean Jacques, une inspiration suffisante pour lui en etre reconnaissant . I. Bossert A : Goethe p.I88 53 . SCHILLER I’ influence de J.J. Rousseau sur Schiller, sans etre tn contestable, a un caractere un peu incertain. Hous ne pouvons voir dans les oeuvres de Schiller les evidences que nous avons trouvees / / / / y chez les autres ecrivains etudies precedemment.il fut , cependant , pris comme les autres, dans le mouvement d' enthousiasme que Rousseau / declencha en Allemagne ,L* influence de Jean Jacques ne se manifeste guere que sur le Schiller de la premiere raaniere,sur quelques unes des oeuvres de jeunesse , jusqu' a environ I787,alors que Schiller est encore sous 1' impression de sa jeunesse miserable.il se sent a ce moment revolte contre l'etat de la societe qui I'a force a vivre miserablement et il n'est pas etonnant qu' il ait trouve en Rousseau un guide precieux en cette voie. Son admiration pour 1* auteur de l'Emile,est exprimee dans l*une de ses premieres poesies "Ode a / ^ Rousseau" ecrite a 1’ occasion de la mort du philosophe .Dans cette poesie , Schiller glorifie Rousseau et le compare a Socrate.il est indigne de le voir etre la victime de oersecutions ,lui qui a voulu dit-il"recruter des homines parmi les Chretiens" fl) Le poeme tout entier exprime le degout de 1' auteur pour la societe de son temps "Dans cette sinistre epoque le sage a peu (2) 9e degout pour cette 1. Schiller: Rousseau Gedichte p.259 2. Ibid, p.259 f , ' ’ • 1 f ’ ! , 54 . civilisation, Rousseau n'avait ete sans le lui inspirer profondement L'oeuvre la plus importante ,au point de vue de 1’ influence de Jean Jacques, est son premier drame "Les Brigands” ,L 1 influence se fait sen- v A tir a la fois,dans 1 ' ensemble de ce drame et dans les paroles me me 5 du heros.Karl Moor est le fils d’un comte d'erapire.Il a mene des sa jeunesse,une vie de desordre et de dissipation, aveo une bande de libertins .Son frere, Francis, a l‘aide de sombres machinations, reussit a le faire maudire par le vieux comte, son pere .Karl,alors , re volte , s f insurge contre la societe et devient chef d'une bande de brigands. A la tete de sa bande, il se fait en quelque sorte , champion du droit:il redresse les torts et venge les injustices ; c’ est une sorte de chevalier se posant comme defenseur de la liberte individu— elle et des droits de l’homme.En cela done, nous pouvons considerer les Brigands , comme ecrits sur 1* influence du Discours sur l'inegal>. lite dans lequel Rousseau, lui aussi.maudit notre civilisation. Quelques-unes de tirades du heros de Schiller sont caracteristiques de cet etat d' esprit et nous montrent,en raeme temps, assez nette- / /A /■ ment 1* influence de Rousseau.il s' exprime ainsi;" Je suis degoute de ce siecle d T ecrivassiers raaladifs , quand je lis dans mon Plutar- que la vie des grands hommes.'’ (I) II montrait ainsi,en meme temps que son dedain pour les temps mode rnes, son admiration pour la vie plus vertueuse et plus primitive des Anciens. et plus loin, Karl / / ^ / Moor, nous montre la degenere 3 cence de notre civilisation: n La gene- ration presente , peut etre comparee a des rats rampant autour de la I. Schiller: Les Brigands actel scene2 2 55 . massue d ’Hero ale : un abbe declare qu’ Alexandre etait on ooltron;des t hommes qui s ' evanouissent a tout moment , critiquent la conduite d 1 2 3 4 — Hannibal ... .Honte a ce sieole faible et efferaine ,bon a rien qu’a disouter les actions des temps anciens et a torturer les heros ✓ antiques avec des coraraentaires et a les mutiler dans leurs trage- dies ” (I) Karl Moor comme Jean Jacques se revolte encore contre la violation de la nature par toutes sortes de pre juges ; ” Ils clolN trent la saine nature dans d'absurdes conventions .” f 2) et il ac- centue les bienfaits de la nature fct^le la liberte: "La loi n’a encore jamais forme un seul grand horarne ; c ’ est la liberte qui en- gendre les geants et les heros;” (3) Karl Moor deplore aussi qu* il y ait une si grande desharmonie entre la nature et l’humanite. On croirait entendre Rousseau, quand il s’ eerie: ”11 ya une harmonie / si divine dans la nature inaniraee : pourquoi y aurait-il une telle desharmonie dans la nature raisonnable? ”(4) La re volte de Karl Moor est donc,en quelque 3orte un re tour a la nature et a la liberte primitive et par la,rappelle profondement Jean Jacques. / W. Scherer, dans son”Histoire de la litterature alle- mande” compare avec raison, le caractere de Karl Moor, avec celui de 1. Schiller: Les Brigands actel scene2 2. Ibid. " ’ 3. Ibid. ” ” 4. Ibid# acte4 scene5 ' . > I 56 . Werther:"Il a,ecrit-il, tous les sentiments &e Werther,et comme Wert her,il s'attaque a la societe .Werther, tourne son arme destructive / / contre lui-merae ,raais Moor la dirige contre la societe" . ( I) Le drarae "Les Brigands" est la seule piece de Schiller, ou I'on voie clairement , la trace de 1' influence de Rousseau. "Don Garlos" ecrit quelques annees plus tard, est,lui aussi,un drarae plus ou raoins / o revolutinnaire ;raais il n'y est plus question de la liberte en gene* ral:il s'agit seulement d'une certaine liberte, la liberte de cons- / / K cience violee par l'eglise.Il semble qu'a ce point de vue, Schiller /> ne soit plus un disciple de Rousseau, mais bien plutot de Voltaire qui employs , corame on la sait,tout son genie a combattre l'eglise. Re3umons donc,en disant que 1* influence deRousseau sur Schiller, ne fut pas tres nette;elle ne peut etre trouvee que dans ses oeuvres de jeunesse ,par exemple,dans "Les Brigands" ou le heros preche le retour a la nature et au respect des droits des horames. I. W. Scherer: History of German Litterature, transl.from the German edition p.II7 f r T T 57 CONCLUSION Par les etudes preoedentes ,on peut voir quelle influ- ence enorme Rousseau a exercee sur la pensee alleraande .Cette in - x A ' Iluence apparait surtout dans toute son evidence dans le raouvement pedagogique,; nous avons reconnu en Pestalozzi et Basedow, de fideles disciples de Jean Jacques, et l'Eraile est I'ouvrage du philosophe genevois auquel nous nous somraes particulierement attaches pour etudier cette influence ;raa is celle-ci ne s’arrete pas la. On peut dire que Rousseau fut l'un des initiateurs du / z raouvement "Sturm und Drang” ,ce raouvement de revolution litteraire . ^ qui coramenqa dans la seconde moitie du I8*"”siecle : ”L' es prit qui aniraait le mouveraent du "Sturm und Drang” etait un esprit de revol- te passionnee contre les regies conventionnelles de la vie et de / / / ✓ la litterature .Le mot d'ordre etait : liberte , genie , puissance ,na- turejle genie , c’ est-a-dire 1' insouraission aux lois,et la nature con<^ue a la manie're de Rousseau, comme I'antithese des prejuges de notre civilisation” .( I) Ce mouveraent de liberation s'etendit aussi au domaine philosophique : ”Ce grand raouvement fut le passage du doute et du rationalisrae au sentiment et a la foi”.(2) Nous avons vu,en effet, comment Kant et ses disciples , repudierent leur rationalisrae pour 1. C. Thomas: History of German Litterature pp. 281-282 2. 7/. Scherer: History of German Litterature p.83 I 1 i 58 . une comprehension profonde de la nature humaine. / Au total ,1' influence de Rousseau en Alleraagne fut deci * A / sive.On peut affirmer avec Mr. Merlet que ”c T est de 1 T autre cote du Rhin que Rousseau a produit tous se3 effets,et en ce sens,les Allemands ont raison de pretendre que 1’ influence de cet ecrivain a ete plus grande cliez eux que chez nous”. (I) L' influence sur des horames tels que Kant , Herder , Schiller, Goethe ,n' apparait pas airec I'evidente clarte qu'on trouve chez Bernardin de Saint-Pierre , en Prance, par exeraple;cela tient avant tout,comrae nous l’avons dit dans 1* introduction, au genie des ^crivains allemands , qui ne firent / que s'inspirer des theories de Rousseau sans les imiter servile- ment en tous points 0 I. Gr. Merlet :Etudes litteraires sur les classiques fran^ais vol.2 p.680 BIBLIOGRAPHIE Adamson R - "Fichte" Philadelphia 1881 Andress J.N - "J.G. 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